The Writings of Maria Valtorta

487. Au Temple pour la fête des Tentes.

487. At the Temple for the feast of the Tabernacles.

487.1

Le Temple est encore plus bondé que la veille. Et dans la foule qui l’emplit et s’agite dans la première cour, je vois beaucoup de païens, beaucoup plus qu’hier. Ils sont tous dans une attente anxieuse, tant les juifs que les païens. Et ils discutent, les païens avec les païens, les Hébreux avec les Hébreux, en groupes disséminés çà et là, sans perdre de vue les portes.

Les docteurs, sous les portiques, se fatiguent à élever la voix pour attirer le public et faire étalage d’éloquence. Mais ils s’adressent à des élèves peu nombreux, car les gens sont distraits.

Gamaliel est là, à sa place. Mais il ne parle pas. Il va et vient sur son somptueux tapis, les bras croisés, la tête penchée, méditant, et son long vêtement, son manteau encore plus long qu’il a ouvert et qui pend, retenu aux épaules par deux agrafes d’argent, lui font par derrière une traîne qu’il repousse du pied quand il revient sur ses pas. Craintifs et respectueux de la méditation de leur maître, ses plus fidèles disciples, adossés au mur, le regardent en silence.

Des pharisiens, des prêtres, font semblant d’avoir beaucoup à faire, et ils vont et viennent… Les gens, qui comprennent leurs véritables intentions, se les montrent du doigt, et des commentaires partent comme autant de fusées allumées pour cibler leur hypocrisie. Mais ils font mine de ne pas entendre. Ils sont peu nombreux par rapport à ceux qui ne haïssent pas Jésus et qui, en revanche, les détestent, eux. Aussi trouvent-ils prudent de ne pas réagir.

487.2

« Le voilà ! Le voilà ! Il arrive par la Porte Dorée, aujourd’hui !

– Courons !

– Moi, je reste ici. C’est ici qu’il viendra parler. Je garde ma place.

– Moi aussi. Et tant mieux : ceux qui partent nous font place, à nous qui restons.

– Mais le laisseront-ils parler ?

– S’ils l’ont laissé entrer !

– Oui, mais c’est autre chose. Comme fils de la Loi, ils ne peuvent l’en empêcher, mais en tant que rabbi, ils peuvent le chasser, s’ils le veulent. »

Un païen intervient :

« Que de différences ! S’ils le laissent venir pour parler à Dieu, pourquoi ne devraient-ils pas le laisser parler à des hommes ?

– C’est vrai » dit un autre païen. « Nous, parce que nous sommes impurs, vous ne nous laissez pas aller là-bas, mais ici, oui, dans l’espoir que nous devenions circoncis…

– Tais-toi, Quintus. C’est pour cela qu’ils le laissent nous parler, dans l’espoir qu’il va nous tailler comme si nous étions des arbres. Au contraire, nous venons prendre ses idées comme des greffes pour les sauvageons que nous sommes.

– Tu as raison. C’est le seul qui ne nous dédaigne pas !

– Ah ça ! Quand nous allons faire des achats avec une bourse pleine, les autres aussi ne nous dédaignent pas.

– Regarde ! Nous, les païens, nous sommes restés maîtres de la place. Nous entendrons bien ! Et nous verrons mieux ! Cela m’amuse de voir la tête de ses ennemis. Par Jupiter ! Un combat de tronches…

– Tais-toi ! Et qu’on ne t’entende pas invoquer Jupiter. C’est défendu ici.

– Oh ! entre Jupiter et Yahvé, il n’y a que peu de différence. Et entre dieux, on ne s’en offense pas… Je suis venu avec un vrai désir de l’entendre, pas pour me moquer. On en parle tant, partout, de ce Nazaréen ! Je me suis dit : la saison est bonne, et je vais l’écouter. Il y en a qui vont plus loin pour entendre les oracles…

– D’où viens-tu ?

– De Pergé.

– Et toi ?

– De Tarse.

– Je suis presque juif. Mon père était un helléniste d’Iconium. Mais il a épousé une Romaine à Antioche de Cilicie, et il est mort avant ma naissance. Mais la semence est hébraïque.

– Il tarde à venir… L’auraient-ils pris ?

– Ne crains rien. Les cris de la foule nous le diraient. Ces Hébreux poussent toujours des cris d’orfraie…

– Ah ! le voilà, justement. Va-t-il vraiment venir ici ?

– Tu ne vois pas qu’ils ont occupé exprès tous les endroits, sauf ce coin ? Entends-tu toutes ces grenouilles qui coassent pour faire croire qu’elles sont les maîtresses ?

– Celui-là se tait, cependant. Est-il vrai que c’est le plus grand docteur d’Israël ?

– Oui, mais… quel ponte ! Je l’ai écouté un jour et, pour digérer sa science, j’ai dû boire plusieurs coupes de falerne de Titus à Bézéta. »

Ils s’esclaffent.

487.3

Jésus s’approche lentement. Il passe devant Gamaliel, qui ne lève même pas la tête, et se rend à sa place de la veille.

La foule, où se mêlent désormais juifs, prosélytes et païens, comprend qu’il va prendre la parole. On entend :

« Voilà qu’il parle en public, et ils ne lui disent rien !

– Peut-être que les princes et les chefs ont reconnu en lui le Christ. Hier, Gamaliel, après le départ du Galiléen, a parlé longuement avec des Anciens.

– Est-ce possible ? Comment ont-ils fait pour le reconnaître subitement, alors qu’il y a peu de temps, ils le considéraient comme méritant la mort ?

– Peut-être que Gamaliel possédait des preuves…

– Et quelles preuves ? Quelles preuves voulez-vous qu’il ait en faveur de cet homme ? réplique quelqu’un.

– Tais-toi, espèce de chacal. Tu n’es que le dernier des copistes. Qui t’a interrogé ? »

Ils se moquent de lui, si bien qu’il s’en va.

Mais d’autres surviennent, qui n’appartiennent pas au Temple, mais sont certainement des juifs incrédules :

« Les preuves, nous les avons, nous. Nous savons d’où il est, lui. Or quand le Christ viendra, personne ne saura d’où il vient. Nous n’en connaîtrons pas l’origine. Mais lui ! C’est le fils d’un menuisier de Nazareth, et tout son village peut apporter ici son témoignage contre nous, si nous mentons… »

A ce moment la voix d’un païen s’élève :

« Maître, parle-nous un peu, aujourd’hui. On a dit que tu affirmes que tous les hommes sont venus d’un seul Dieu, le tien, au point que tu les appelles fils du Père. Des poètes stoïciens de chez nous ont eu cette même idée. Ils ont dit : “ Nous sommes de la race de Dieu. ” Tes compatriotes nous disent plus impurs que des bêtes. Comment concilies-tu ces deux tendances ? »

La question est posée conformément aux coutumes des débats philosophiques, du moins à ce que je crois. Jésus s’apprête à répondre, lorsque la discussion entre les juifs incrédules et ceux qui croient s’anime, et qu’une voix perçante répète :

« Lui, c’est un homme ordinaire. Le Christ ne sera pas comme cela. Tout sera exceptionnel en lui : forme, nature, origine… »

487.4

Jésus se tourne dans cette direction et dit d’une voix forte :

« Vous me connaissez donc et vous savez d’où je viens ? En êtes-vous bien sûrs ? Et même ce peu que vous savez ne vous dit rien ? Il ne vous confirme pas les prophéties ? Mais vous ne connaissez pas tout de moi. En vérité, en vérité je vous dis que je ne suis pas venu de moi-même, et d’où vous croyez que je suis venu. C’est la Vérité elle-même, que vous ne connaissez pas, qui m’a envoyé. »

Un cri d’indignation s’élève du côté des adversaires.

« La Vérité elle-même. Mais vous ne connaissez pas ses œuvres, vous ne connaissez pas ses chemins, les chemins par lesquels je suis venu. La haine ne peut connaître les voies et les œuvres de l’Amour. Les ténèbres ne peuvent supporter la vue de la Lumière. Mais moi, je connais Celui qui m’a envoyé parce que je suis sien, je fais partie de lui, et je suis un Tout avec lui. Et il m’a envoyé, pour que j’accomplisse ce que veut sa Pensée. »

Un tumulte se produit. Les ennemis se précipitent pour mettre la main sur lui, s’emparer de lui, le frapper. Les apôtres, les disciples, le peuple, les païens, les prosélytes réagissent pour le défendre. D’autres assaillants accourent à l’aide des premiers et y parviendraient peut-être, mais Gamaliel, qui jusqu’à ce moment paraissait étranger à tout, quitte son tapis et vient vers Jésus, poussé sous le portique par ses défenseurs.

Il crie :

« Laissez-le tranquille. Je veux entendre ce qu’il dit. »

La voix de Gamaliel agit avec plus de force que le détachement de légionnaires qui accourent de l’Antonia pour apaiser les troubles. Le tumulte retombe comme un tourbillon qui se brise, et les cris s’apaisent pour devenir simple bourdonnement. Les légionnaires, par prudence, restent près de l’enceinte extérieure, mais ils sont désormais inutiles.

« Parle » ordonne Gamaliel à Jésus. « Réponds à ceux qui t’accusent. »

Le ton est impérieux, mais pas méprisant.

487.5

Jésus s’avance vers la cour. Tranquillement, il reprend la parole. Gamaliel reste là où il est, et ses disciples s’affairent à lui apporter son tapis et son siège pour qu’il soit plus à l’aise ; mais il reste debout, les bras croisés, la tête penchée, les yeux clos, tout concentré pour mieux écouter.

« Vous m’avez accusé sans raison, comme si j’avais blasphémé au lieu de dire la vérité. Or, si je parle, ce n’est pas pour me défendre, mais pour vous donner la lumière, afin que vous puissiez connaître la vérité. Et ce n’est pas pour moi-même, mais pour vous rappeler les paroles auxquelles vous croyez et sur lesquelles vous jurez. Elles témoignent de moi. Vous, je le sais, vous ne voyez en moi qu’un homme qui vous ressemble, qui vous est même inférieur. Et il vous paraît impossible qu’un homme puisse être le Messie. Vous pensez qu’il devrait au moins être un ange, et d’une origine tellement mystérieuse qu’il ne pourrait être roi qu’en raison de l’autorité que le mystère de son origine lui donne. Mais où donc, dans les livres qui renferment l’histoire de notre peuple — et ce seront des livres éternels autant que le monde, car c’est à eux que les docteurs de tous les pays et de tous les temps s’adresseront pour fortifier leur science et leurs recherches sur le passé à l’aide des lumières de la vérité —, où donc est-il écrit que Dieu a parlé à l’un de ses anges pour lui dire[1] : “ Tu seras dorénavant pour moi un Fils, parce que je t’ai engendré ? ” »

Je vois que Gamaliel se fait donner une petite table et des parchemins et qu’il s’assied pour écrire…

487.6

« Les anges, créatures spirituelles, serviteurs du Très-Haut et ses messagers, ont été créés par lui, tout comme l’homme, les animaux et tout ce qui fut créé. Mais ils n’ont pas été engendrés par lui. Car Dieu engendre uniquement un autre lui-même : le Parfait ne peut engendrer qu’un Parfait, un autre être semblable à lui, pour ne pas avilir sa perfection par la génération d’une créature qui lui soit inférieure.

Si donc Dieu ne peut engendrer les anges, ni les élever à la dignité de fils, quel peut être le Fils auquel il dit : “ Tu es mon Fils. Aujourd’hui je t’ai engendré ? ” Et de quelle nature est ce Fils, s’il dit[2] à ses anges à son propos : “ Que tous les anges de Dieu l’adorent ” ? Et comment est ce Fils, pour mériter de s’entendre dire par le Père, par la grâce de qui les hommes peuvent le nommer avec un cœur qui s’anéantit dans l’adoration : “ Siège à ma droite, jusqu’à ce que j’aie fait de tes ennemis l’escabeau de tes pieds ” ? Ce Fils ne peut être que Dieu comme le Père, dont il partage les attributs et la puissance, et avec qui il jouit de la Charité qui les ravit dans les ineffables et inconnaissables amours de la Perfection pour elle-même.

Mais, si Dieu n’a pas jugé convenable d’élever un ange au rang de Fils, aurait-il pu dire d’un simple homme ce qu’il a dit de Celui qui ici vous parle, lorsqu’il se trouvait au gué de Béthabara après trois ans ? Plusieurs d’entre vous qui me combattez, étiez alors présents. Vous l’avez entendu, et vous avez tremblé. Car la voix de Dieu ne peut se confondre avec nulle autre, et sans une grâce spéciale de sa part, elle terrasse celui qui l’entend et ébranle son cœur.

Qui est donc l’Homme qui vous parle ? Serait-il né de la semence et de la volonté d’un homme comme vous tous ? Et le Très-Haut pourrait-il avoir placé son Esprit pour habiter une chair, privée de la grâce comme l’est celle des hommes nés d’une volonté charnelle ? Pourrait-il, pour payer la grande Faute, se satisfaire du sacrifice d’un homme ? Réfléchissez : s’il n’a pas choisi un ange pour être Messie et Rédempteur, pourrait-il choisir un homme ? Et le Rédempteur pouvait-il être seulement Fils du Père sans assumer la nature humaine, mais avec des moyens et des pouvoirs qui surpassent les raisonnements humains ? Et le Premier-né de Dieu pouvait-il avoir des parents, s’il est le Premier-né éternel ?

Votre pensée orgueilleuse n’est-elle pas bouleversée devant ces interrogations qui s’élèvent toujours plus près des royaumes de la Vérité, et qui ne trouvent une réponse que dans un cœur humble et plein de foi ?

Qui doit être le Christ ? Un ange ? Plus qu’un ange. Un homme ? Plus qu’un homme. Un Dieu ? Oui, un Dieu, mais avec une chair qui lui soit unie, pour pouvoir accomplir l’expiation de la chair coupable. Toute chose doit être rachetée par la matière avec laquelle elle a péché. Dieu aurait pu par conséquent envoyer un ange pour expier les fautes des anges déchus, pour Lucifer et pour ses disciples angéliques. Car, vous le savez, Lucifer aussi a péché. Mais Dieu n’envoie pas un esprit angélique pour racheter les anges des Ténèbres. Ils n’ont pas adoré le Fils de Dieu, et Dieu ne pardonne pas le péché contre son Verbe engendré par son Amour. Pourtant, Dieu aime les hommes et il envoie l’Homme, l’unique parfait, pour racheter l’homme et faire la paix avec Dieu. Et il est juste que seul un Homme-Dieu puisse accomplir la rédemption de l’homme et apaiser Dieu.

487.7

Le Père et le Fils se sont aimés et compris. Le Père a dit : “ Je veux. ” Et le Fils a répondu : “ Je veux. ” Puis le Fils a dit : “ Donne-moi. ” Et le Père a répondu : “ Prends ”, et le Verbe eut une chair dont la formation est mystérieuse, et cette chair s’appela Jésus-Christ, le Messie, celui qui doit racheter les hommes, les amener au Royaume, vaincre le démon, briser les esclavages.

Vaincre le démon ! Un ange ne pouvait pas, ne peut pas accomplir ce que le Fils de l’homme peut accomplir. C’est pourquoi Dieu appelle pour cette grande œuvre non pas les anges, mais l’Homme. Voici l’Homme dont vous ignorez ou falsifiez l’origine, ou bien ne savez pas quoi en penser. Voici l’Homme, l’Homme que Dieu accepte, l’Homme qui représente tous ses frères. Il est comme vous quant à la ressemblance, mais différent de vous et supérieur quant à la provenance : ce n’est pas un homme, mais Dieu qui l’a engendré et consacré pour son ministère, et il se tient devant l’autel divin afin d’être Prêtre et Victime pour les péchés du monde, Pontife éternel et suprême, souverain Prêtre selon l’ordre de Melchisédech.

Ne tremblez pas ! Je ne tends pas les mains vers la tiare pontificale. Un autre diadème m’attend. Ne tremblez pas ! Je ne vous enlèverai pas le rational. Un autre est déjà prêt pour moi. Mais redoutez seulement que le sacrifice de l’Homme et la miséricorde du Christ ne vous servent pas. Je vous ai tant aimés, je vous aime tant, que j’ai obtenu du Père de m’anéantir moi-même. Je vous ai tant aimés, je vous aime tant, que j’ai demandé de consumer en moi toute la douleur du monde pour vous obtenir le salut éternel.

487.8

Pourquoi refusez-vous de me croire ? Ne pouvez-vous croire encore ?

N’est-il pas dit[3] du Christ : “ Tu es Prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech ” ? Mais quand le sacerdoce a-t-il commencé ? Au temps d’Abraham ? Non, et vous le savez. Le roi de justice et de paix qui apparaît pour m’annoncer, par une figure prophétique, à l’aurore de notre peuple, ne vous révèle-t-il pas qu’il y a un sacerdoce plus parfait, qui vient directement de Dieu, de même que Melchisédech dont personne n’a jamais pu donner l’origine, que l’on appelle “ le prêtre ” et qui demeurera prêtre éternellement ? Ne croyez-vous plus aux paroles inspirées ? Et si vous y croyez, comment donc, vous les docteurs, ne savez-vous pas fournir une explication acceptable aux paroles qui disent, à mon sujet : “ Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech ” ?

Il y a donc un autre sacerdoce, antérieur à celui d’Aaron. Et de ce sacerdoce, il est dit “ tu es ”, non pas “ tu as été ” ou “ tu seras ”. Tu es prêtre pour l’éternité. Cette phrase annonce que le Prêtre éternel ne sera pas de la souche connue d’Aaron, ni d’aucune souche sacerdotale, mais d’une provenance nouvelle, aussi mystérieuse que celle de Melchisédech. Il appartient à cette provenance. Et si la puissance de Dieu l’envoie, c’est le signe qu’il veut rénover le sacerdoce et le rite pour qu’il devienne utile à l’humanité.

Connaissez-vous mon origine ? Non. Connaissez-vous mes œuvres ? Non. Voyez-vous leurs fruits ? Non. Vous ne savez rien de moi. Vous voyez donc qu’en cela aussi, je suis le “ Christ ”, dont l’origine, la nature et la mission doivent rester inconnues jusqu’au moment où il plaira à Dieu de les révéler aux hommes. Bienheureux ceux qui sauront, qui savent croire avant que la Révélation terrible de Dieu ne les écrase de son poids contre le sol et ne les y cloue, ne les brise, sous la fulgurante et puissante vérité tonnée par les Cieux, criée par la terre : “ Il était, lui, le Christ de Dieu. ”

Vous dites : “ Il vient de Nazareth. Son père, c’était Joseph. Sa Mère, c’est Marie. ” Non, je n’ai pas de père qui m’ait engendré comme homme. Je n’ai pas de mère qui m’ait engendré comme Dieu. Et pourtant j’ai une chair et je l’ai assumée par l’opération mystérieuse de l’Esprit, et je suis venu parmi vous en passant par un tabernacle saint. Et je vous sauverai, après m’être formé moi-même par la volonté de Dieu, je vous sauverai, en faisant sortir ma véritable personne du tabernacle de mon corps pour consommer le grand sacrifice d’un Dieu qui s’immole pour le salut de l’homme.

487.9

Père, mon Père ! Je te l’ai dit au commencement des jours : “ Me voici pour faire ta volonté. ” Je te l’ai dit à l’heure de grâce avant de te quitter pour me revêtir de chair afin de pouvoir souffrir : “ Me voici pour faire ta volonté. ” Je te le redis pour sanctifier ceux pour qui je suis venu : “ Me voici pour faire ta volonté. ” Et je te le dirai encore, toujours, jusqu’à ce que ta volonté soit accomplie… »

Jésus, qui a levé les bras vers le ciel pour prier, les abaisse maintenant, les croise sur sa poitrine et incline la tête, ferme les yeux et s’abîme en une prière secrète.

Les gens chuchotent. La plupart (et je suis du nombre) n’ont pas compris. Nous sommes trop ignorants. Mais nous avons l’intuition qu’il a exprimé de grands mystères, et nous nous taisons, pleins d’admiration.

Les malveillants, qui n’ont pas compris ou n’ont pas voulu comprendre, raillent :

«Il délire ! »

Mais ils n’osent en dire davantage, et ils s’écartent ou se dirigent vers les portes en secouant la tête. Je suppose que cette prudence est due aux lances et aux dagues romaines qui luisent au soleil au bout du mur.

487.10

Gamaliel se fraie un passage parmi ceux qui sont restés. Il arrive près de Jésus, qui est encore plongé dans sa prière, loin de la foule et de cet endroit, et il l’appelle :

« Rabbi Jésus !

– Que veux-tu, rabbi Gamaliel ? demande Jésus en levant la tête, les yeux encore absorbés dans une vision intérieure.

– Une explication de toi.

– Parle.

– Retirez-vous tous ! » ordonne Gamaliel, sur un tel ton que les apôtres, les disciples, les partisans, les curieux et même ses propres disciples s’écartent en vitesse.

Ils restent seuls, l’un en face de l’autre, et ils se regardent, Jésus toujours plein d’une suave douceur, l’autre autoritaire sans le vouloir, et l’air involontairement orgueilleux. C’est une expression qui lui est certainement venue d’années d’obséquiosité exagérée.

« Maître… on m’a rapporté certaines de tes paroles prononcées lors d’un banquet… que j’ai désapprouvé parce qu’il manquait de sincérité. Moi, je combats ou je ne combats pas, mais c’est toujours ouvertement… J’ai médité sur ces mots. Je les ai confrontés aux paroles qui me restent en mémoire… Et je t’ai attendu, ici, pour t’interroger à ce sujet… Mais auparavant, j’ai voulu t’écouter parler… Eux n’ont pas compris. Moi, j’espère pouvoir comprendre. J’ai écrit tes paroles pendant que tu les disais. Pour les méditer, non pas pour te nuire. Me crois-tu ?

– Je te crois. Et veuille le Très-Haut les faire flamboyer à ton esprit.

– Qu’il en soit ainsi. Ecoute : les pierres qui doivent frémir, sont peut-être celles de nos cœurs ?

– Non, rabbi. Celles-ci (et en un geste circulaire, il indique les murailles du Temple). Pourquoi me poses-tu cette question ?

– Parce que mon cœur a frémi quand m’ont été rapportées tes paroles au banquet et tes réponses aux tentateurs. Je croyais que ce frémissement était le signe…

– Non, rabbi. C’est trop peu que le frémissement de ton cœur et celui de quelques autres pour être le signe qui ne laisse pas de doutes… même si toi, grâce à un rare jugement d’humble connaissance de toi-même, tu qualifies ton cœur de pierre. Oh ! Rabbi Gamaliel, ne peux-tu vraiment pas faire de ton cœur de pierre un lumineux autel pour accueillir Dieu ? Ce n’est pas dans mon intérêt, rabbi, mais pour que ta justice soit complète… »

Jésus regarde avec douceur l’ancien maître qui triture sa barbe et passe ses doigts sous son couvre-chef en serrant son front et en murmurant. Puis Gamaliel baisse la tête pour avouer :

« Je ne puis… C’est trop tôt… Mais j’espère… Ce signe, est-ce que tu le donneras toujours ?

– Je le donnerai.

– Adieu, rabbi Jésus.

– Que le Seigneur vienne à toi, rabbi Gamaliel. »

Ils se séparent. Jésus fait signe à ses disciples, et avec eux sort du Temple.

487.11

Scribes, pharisiens, prêtres, disciples de rabbis se précipitent comme autant de vautours autour de Gamaliel, qui est en train de passer dans sa large ceinture les feuilles qu’il a écrites.

« Eh bien ? Qu’en penses-tu ? C’est un fou ? Tu as bien fait d’écrire ces divagations. Elles nous serviront. As-tu décidé ? Es-tu convaincu ? Hier… aujourd’hui… Tu en as entendu plus qu’il n’en faut pour te convaincre. »

C’est un vrai tumulte ! Gamaliel, lui, rajuste sa ceinture en silence, referme l’encrier qu’il y a suspendu, rend à son disciple la petite table sur laquelle il s’est appuyé pour écrire sur les parchemins.

« Tu ne réponds rien ? Depuis hier, tu ne parles pas… lui dit, pour le décider, un de ses collègues.

– J’écoute. Pas vous, mais lui. Et je cherche à reconnaître, dans les mots de maintenant, la parole qui m’a été adressée un jour, à ce même endroit.

– Et tu y parviens, peut-être ? lancent plusieurs en riant.

– C’est comme le tonnerre, dont le son est différent selon que l’on est plus proche ou plus loin. Mais c’est toujours le bruit de l’orage.

– Un bruit qui ne permet pas de conclure, alors, plaisante quelqu’un.

– Ne ris pas, Lévi. Dans le tonnerre peut se trouver aussi la voix de Dieu et nous pouvons être assez bornés pour croire que c’est le bruit de nuages qui se déchirent… Ne ris pas non plus toi, Elchias, ni toi, Simon, de peur que le tonnerre ne vienne à se changer en foudre et ne vous réduise en cendres…

– Alors… toi… tu dis plus ou moins que le Galiléen est cet enfant qu’avec Hillel vous croyiez prophète, et que cet enfant et cet homme, c’est le Messie… demandent des railleurs, bien qu’en sourdine, car Gamaliel se fait respecter.

– Je n’affirme rien. Je dis seulement que le bruit du tonnerre est toujours le bruit du tonnerre.

– Plus proche ou plus lointain ?

– Hélas ! Les paroles sont plus fortes, comme c’est nécessaire à mon âge. Mais les vingt années écoulées ont rendu mon intelligence vingt fois plus fermée sur le trésor qu’elle possède. Et le son pénètre plus faiblement… »

Pensif, Gamaliel laisse retomber son menton sur sa poitrine.

« Ha ! Ha ! Ha ! Tu vieillis et tu perds la tête, Gamaliel ! Tu prends des fantômes pour des réalités. Ha ! Ha ! Ha ! »

Et tous se mettent à rire.

Gamaliel hausse dédaigneusement les épaules. Puis relève son manteau qui pendait de ses épaules, s’en enveloppe à plusieurs tours tant il est ample, et tourne le dos à tout le monde sans répliquer, dans un silence plein de mépris.

487.1

The Temple is even more crowded than on the previous day.

And among the excited crowd filling the first court I see many Gentiles, many more than yesterday. They are all waiting anxiously, both the Israelites and the Gentiles. And the Gentiles are speaking to Gentiles, and the Hebrews to Hebrews, in small groups, scattered here and there, without losing sight of the doors.

The doctors under the porches are busy raising their voices to draw the attention of people and show off their eloquence. But the people are not paying attention and they are preaching to few pupils. Gamaliel is there, in his usual place. But he is not speaking. He is walking up and down on his magnificent carpet, with folded arms, lowered head, meditating, and his long tunic and longer mantle which he has unfastened and is hanging held by two silver rosettes, form a train which he pushes aside with his foot every time he retraces his steps. His disciples, the most faithful ones leaning against the wall, look at him in silence, intimidated as they are, and they respect the meditation of their master.

Some Pharisees and priests seem to be very busy and they come and go… The people, who are aware of their real intentions, point them out and an occasional remark goes off like a rocket on fire to burn their hypocrisy. But they feign they do not hear. They are few in number compared with the many who do not hate Jesus and on the contrary hate them, so they deem it wise not to react.

487.2

«There He is! There He is! He is coming from the Golden Gate to­day!»

«Let us run!»

«I am staying here. He will come and speak here. I am not going to lose my place.»

«Neither am I, nay, those who are going away are making room for us.»

«But will they let Him speak?»

«If they have allowed Him to come in!…»

«Yes, but it is a different matter. As a son of the Law, they can­not prevent Him from entering. But as a rabbi, they can drive Him out if they wish so.»

«How many discriminations! If they let Him speak to God, why should they not let Him speak to men?» says a Gentile.

«That is true» replies another Gentile. «As we are impure, you do not let us go there, but we can stay here, as you hope that we will become circumcised…»

«Be quiet, Quintus. That is why they let Him speak to us. They hope to prune us as if we were trees. Instead we come here to graft His ideas like scions into our wild minds.»

«You are quite right. He is the only one who does not loathe us!» «Oh! When we go shopping with purses full of money, the others do not loathe us either.»

«Look! We Gentiles are the only ones left here. We shall hear Him well and see Him better! I like to see the faces of His enemies. By Jove! A battle of faces…»

«Be quiet! Don’t let anyone hear you mentioning Jupiter. It is forbidden here.»

«Oh! Between Jove and Jehovah there is only a tiny difference. And between gods there will be no ill-feeling… I have come urged by a good desire to hear Him. Not to laugh at Him. They speak highly of the Nazarene everywhere! So I said: the weather is fine and I will go and listen to Him. Many people go farther to hear the oracles…»

«Where have you come from?»

«From Perga. And you?»

«From Tarsus.»

«I am almost Jewish. My father was a Hellenist from Iconium. But he married a Roman from Antioch in Cilicia and he died before I was born. But the seed is Hebrew.»

«He is late… Will they have caught Him?»

«Be not afraid. The shouts of the crowd would tell us. These Jews shout like restless magpies, always…»

«Oh! there He is, over there. Will He really come here?»

«Don’t you see that they have taken all the places on purpose, ex­cept this corner? Can’t you hear how many frogs are croaking pretending to teach?»

«But that one over there is silent. Is it true that he is the greatest doctor in Israel?»

«Yes, but… how pedantic he is! I listened to him one day, but to digest his science I had to drink many goblets of Falernian wine at Titus’ in Bezetha.» They both laugh.

487.3

Jesus approaches slowly. He passes before Gamaliel, who does not even raise his head, and then He goes to the same place as yesterday.

The crowd, now a mixture of Israelites, proselytes and Gentiles, understand that He is about to speak and they whisper: «He is now going to speak in public, and no one says anything to Him.»

«Perhaps the Princes and the Chiefs have recognised Him as the Christ. After the Galilean went away yesterday, Gamaliel spoke to the Elders for a long time.»

«Is it possible? How could they recognise Him all of a sudden, if only a short time ago they considered that He deserved to be put to death?»

«Perhaps Gamaliel had some proof…»

«What proof? What proof do you expect him to have in favour of that man?» asks a man angrily.

«Be quiet, jackal. You are only the last of the scriveners. Who spoke to you?» and they make fun of him.

He goes away. But others take his place, they do not belong to the Temple, but they are certainly incredulous Jews: «We have the proof. We know where He is from. But when the Christ comes no one will know where He comes from. We will not know His origin. But this one!!! He is the son of a carpenter of Nazareth, and the whole village can witness against us if we are telling lies…»

In the meantime the voice of a Gentile is heard saying: «Master, speak a little to us today. We have been told that You say that all men come from one God only, Yours. So much so, that You call them the children of the Father. Some of our Stoic poets had a similar idea. They said: “We are descendants of God”. Your fellow-countrymen say that we are more impure than animals. How can You reconcile the two trends?»

The question is put according to the custom of philosophical debates, at least I think so. And Jesus is about to reply, when the incredulous Jews and the believing ones begin to dispute more furiously and a shrill voice repeats: «He is a common man. The Christ will not be like him. Everything will be exceptional in Him: His figure, nature, origin…»

487.4

Jesus looks in that direction and says in a loud voice: «So you know Me and you know where I come from? Are you sure? And the little you know, does it not mean anything to you? Does it not con­firm the prophecies? But you do not know everything about Me, I solemnly tell you that I did not come by Myself and from where you think that I came. It is the very Truth, Whom you do not know, Who sent Me.»

A cry of indignation rises from the enemies.

«The very Truth, Whose deeds you do not know. Neither do you know His way, along which I came. Hatred cannot be acquainted with the ways and deeds of Love. Darkness cannot stand the sight of Light. But I know Him Who sent Me because I belong to Him, I am part of Him and one Whole with Him. And He sent Me to fulfil what His Thoughts yearn.»

There is an uproar. His enemies rush upon Him to lay hands on Him, to capture and hit Him. The apostles, disciples, people, Gen­tiles, proselytes react to defend Him. Some rush to help the former and would perhaps succeed in doing so, but Gamaliel, who so far seemed remote from everything around him, departs from his carpet and comes towards Jesus, and as he is driven back by those defending Him under the porch, he shouts: «Leave Him. I want to hear what He says.»

Gamaliel’s voice achieves more than the squad of legionaries who have come from the Antonia to put down the riot. The tumult drops like a whirl that breaks and the outcry abates to a whisper. The legionaries remain as a precaution – quite unnecessary now ­near the external enclosure.

«Speak» Gamaliel orders Jesus. «Reply to those accusing You.» His tone is peremptory, but not mocking.

487.5

Jesus moves forward, towards the Court. He calmly resumes speaking. Gamaliel remains where he is and his disciples are busy taking the carpet and stool to him, so that he may be comfortable. But he remains standing, with his arms folded, his head lowered, his eyes closed, engrossed in listening.

«You have accused Me unfairly, as if I had blasphemed instead of speaking the truth. I am speaking, not to defend Myself, but to give you Light, so that you may know the Truth. And I am not speaking on My own behalf, but recalling the words in which you believe and on which you swear. They bear witness to Me. I know that you see in Me nothing but a man like yourselves, inferior to yourselves. And you think that it is impossible for a man to be the Messiah. Or at least you think that the Messiah ought to be an angel, that his origin should be so mysterious that he should king only by the authority excited by the mystery of his origin. But whenever in the history of our people, in the books forming that history, and which will last as long as the world, because doc­tors of all countries and all times will draw from them corrobora­tion for their science and their researches into the past by means of the enlightenment of truth, whenever in those books is it said that God spoke to one of His Angels to say to him[1]: “From now on you will be My Son because I begot you”?»

I see that Gamaliel has a tablet and some parchments given to him and he sits down writing…

487.6

«The angels, spiritual creatures, servants of the Most High and His messengers, were created by Him, as man, as animals and everything that was created. But they were not begotten by Him. Because God begets only another Himself, as the Perfect One could but beget another Perfect One, another being like Himself, in order not to lower His perfection by begetting a creature in­ferior to Himself. Now, if God cannot beget the angels or elevate them to the dignity of sons of His, what will the Son be to Whom He says: “You are My Son. I begot You today” And of what nature will He be, if begetting Him, He says[2] pointing Him out to His angels: “And let all the angels of God adore Him”? And what will this Son be like to deserve to hear the Father say to Him[3], the Father by Whose grace men can mention His name with their hearts humbled in adoration: “Sit at My right hand and I will make Your enemies a footstool for You”? That Son can but be God like His Father, with Whom He shares attributes and power, and with Whom He enjoys the Charity which gladdens them in the in­effable and unknowable love of Perfection itself.

But if God did not find it appropriate to elevate an angel to the rank of Son, could He ever have said of a man what He said of Him Who is now speaking to you here – and many of you who now op­pose Me were present when He said so – at the ford of Betharabah two years go? You heard Him and trembled. Because the voice of God is unmistakable, and without His special grace it crushes those who hear it and shakes their hearts. What is therefore the Man Who is speaking to you? Is He perhaps one born of human seed and by the will of man like all of you? And could the Most High have placed His Spirit to dwell in a body, devoid of grace, like those of men born of carnal will? And could the Most High be satisfied with the sacrifice of a man to make amends for the great Sin? Consider this: He does not choose an angel to be the Messiah and Redeemer, can He therefore elect a man? And could the Redeemer be only the Son of the Father-without assuming human nature, but with means and power exceeding human limitations? And could the First-Born of the Father have parents if He is the eternal First-Born? Are your proud thoughts not upset by such questions which rise towards the realms of Truth, closer and closer to it, and find a reply only in a humble heart full of faith?

Who is to be the Christ? An angel? More than an angel. A man? More than a man. A God? Yes, a God. But joined to human flesh that it may complete the expiation of the guilty flesh. Everything is to be redeemed through the same matter by which it sinned. So God should have sent an angel to expiate the sins of the fallen angels, to expiate on behalf of Lucifer and his angelic followers. Because, as you are aware, Lucifer also sinned. But God did not send an angelic spirit to redeem the angels of darkness. They did not worship the Son of God, and God does not forgive the sin against His Word begotten of His Love. But God loves man and He sends the Man, the only perfect Man, to redeem man and obtain peace with God. And it is according to justice that only a Man-God may fulfil the redemption of man and appease God.

487.7

And the Father and the Son loved and understood each other.

And the Father said: “I want”. And the Son said: “I want”. And then the Son said: “Give Me”. And the Father said: “Take”, and the Word was made flesh, the formation of which is mysterious and this flesh was named Jesus Christ, the Messiah, He Who is to redeem men, lead them to the Kingdom, defeat the demon, crush slavery.

To defeat the demon! An angel could not, cannot accomplish what the Son of man can do. That is why God does not call angels but the Man to accomplish the great work. Here is the Man Whose origin you doubt, you deny or are worried about. Here is the Man. The Man acceptable to God. The Man representing all His brothers. The Man like you in appearance, superior to and different from you by origin, begotten not of man but of God and consecrated to His ministry, is in front of the high altar to be Priest and Victim for the sins of the world, supreme eternal Pontiff, High Priest of the order of Melchizedek. Be not afraid! I am not stretching out My hand toward the pontifical tiara. Another crown is awaiting Me. Do not worry! I will not take the Rational away from you. Another one is ready for Me. Fear only that the Sacrifice of the Man and the Mercy of the Christ be of no avail to you. I have loved you so much, I love you so much that I obtained from the Father to annihilate Myself. I have loved you and I love you so much that I asked to con­sume all the Sorrow of the world in order to give you eternal salva­tion.

487.8

Why do you not want to believe Me? Can you not believe yet? Is it not said[4] of the Christ: “You are Priest of the order of Melchizedek forever”? But when did priesthood begin? Perhaps in the days of Abraham? No. And you know. Does the King of Justice and Peace, who appears to announce Me, with prophetical figure, at the dawn of our people, not warn you that there is a more perfect priesthood coming directly from God, just as Melchizedek, whose origin was never ascertained by anybody and who is called “the priest” and priest he will remain forever? Do you no longer believe inspired words? And if you believe that, why, doctors, can you not give an acceptable explanation of the words which say, and they refer to Me: “You are Priest forever after the order of Melchizedek”? There is, therefore, another priesthood, before and beside Aaron’s. And it is said of it “you are”. Not “you were”. Not “you will be”. You are priest forever. So this sentence announces that the eternal Priest will not belong to the well known stock of Aaron or to any other sacerdotal stock. But it will be of new origin, as mysterious as Melchizedek’s. It is of such origin. And if the power of God sends it, it means that He wants to renew the Priesthood and the rite so that they may become useful to Mankind.

Do you know My origin? No. Do you know My deeds? No. Do you realise which effects they will produce? No. You know nothing of Me. So you can see that also thus I am the “Christ” Whose Origin, Nature and Mission are not to be known until it pleases God to reveal them to men. Blessed are those who will be able to believe and do believe before the dreadful Revelation of God crushes them on the ground with its weight, and nails them there, striking them with the dazzling powerful truth thundered from Heaven, howled from the Earth: “He was the Christ of God”. You say: “He is from Nazareth. Joseph was His father. Mary was His Mother”. I have no father who begot Me as man. I have no mother who gave birth to Me as God. And yet I have a body which I as­sumed through the mysterious deed of the Spirit, and I came among you passing through a holy tabernacle. And I will save you, after forming Myself according to the will of God, I will save you, by letting My true self come out from the Tabernacle of My Body to consume the great Sacrifice of a God Who immolates Himself to save men.

487.9

Father, My Father! I told You at the beginning of time: “Here I am to obey Your Will”. And I told You at the hour of grace before departing from You to take on a body to be able to suffer: “Here I am to obey Your Will”. And I tell You once again to sanctify those for whom I came: “Here I am to obey Your Will”. And I will always tell You until Your Will is accomplished…»

Jesus, Who had raised His arms towards heaven, praying, now lowers them and folds them across His chest, He bends His head, closes His eyes and becomes engrossed in secret prayer.

The people whisper. Not everybody has understood, nay most of them (including myself) have not understood. We are too ig­norant. But we realise that He has enunciated great things. And we are silent, full of admiration.

The evil-minded people, who have not understood or did not want to understand, sneer: «He is raving!» But they dare not say more and they move aside or go to the gates shaking their heads. I think that so much prudence is due to the Roman lances and dag­gers shining in the sunshine against the outer walls.

487.10

Gamaliel elbows his way through those who have stayed. He ar­rives near Jesus, Who is still absorbed in prayer, far from the crowd and the place, and calls Him: «Rabbi Jesus!»

«What do you want, rabbi Gamaliel?» asks Jesus looking up, His eyes still absorbed in an internal vision.

«An explanation from You.»

«Tell Me.»

«Go away, all of you!» orders Gamaliel, and in such a tone that apostles, disciples, followers, curious people and Gamaliel’s very disciples, move aside quickly. Jesus and Gamaliel are alone, fac­ing each other. And they look at each other. Jesus is, as usual, meek and kind, Gamaliel unintentionally authoritative and proud looking. A countenance certainly due to years of exaggerated homage.

«Master… Some words of Yours have been related to me. You spoke them at a banquet… of which I disapproved because it was not a genuine one. I fight or I do not fight, but always openly… I meditated on those words. I compared them with the ones which are in my memory… And I have been waiting for You, here, to ask You about them… But first I wanted to hear You speak… They have not understood. I hope I will be able to understand. I wrote Your words while You were speaking, so that I may meditate on them, not to injure You. Do You believe me?»

«Yes, I do. And may the Most High make them blaze in your spirit.»

«Let it be so. Listen. The stones which are to vibrate, are they perhaps those of our hearts?»

«No rabbi. These (and He points at the walls of the Temple with a rotary motion of His hand). Why are you asking Me.»

«Because my heart vibrated when the words You spoke at the banquet and Your replies to the tempters were related to me. I thought that throbbing was the sign…»

«No rabbi. The throbbing of your heart and of the hearts of a few more people is too little to be the sign which leaves no doubts… Even if you, with rare judgement of humble knowledge of yourself, define your heart: stone. Oh! Rabbi Gamaliel, can you really not make of your petrified heart a bright altar receiving God? Not for My benefit, rabbi. But that your Justice may be complete…»

And Jesus looks kindly at the elderly master who ruffles his beard and inserts his fingers under his head-dress pressing his forehead and whispering with his head lowered: «I cannot… Not yet… But I hope… Will You still give that sign?»

«Yes, I will.»

«Goodbye, Rabbi Jesus.»

«May the Lord come to you, rabbi Gamaliel.»

They part. Jesus nods to His disciples and leaves the Temple with them.

487.11

Scribes, Pharisees, Sadducees, disciples, rabbis rush like vultures around Gamaliel who is putting into his large belt the sheets he has written.

«Well? What do you think of Him? Is He mad? You did the right thing in writing His follies. We will need them. Have you made up your mind? Yesterday… today… More than is needed to convince you.» They are speaking in an uproar and Gamaliel is silent while he adjusts his belt, he taps the ink-pot hanging from it, he hands back to his disciple the tablet on which he leaned to write on the parchments.

«Are you not answering? You have not spoken since yesterday…» insists one of his colleagues.

«I am listening, not to you, to Him. And I am trying to recognise in His present words the word which He spoke to me one day, here.»

«And are you successful?» many of them say laughing.

«Like a thunder, which sounds differently, according to whether it is closer or farther away. But still the roar of thunder.»

«So, an inconclusive sound» jeers one.

«Do not laugh, Levi. The voice of God may be found also in thunder, and we may be so stupid as to think that it is the noise of clouds being rent… And you, Helkai, and you, Simon, stop laughing, lest the thunder should change into a thunderbolt and reduce you to ashes…»

«So… you… are almost saying that the Galilean is that boy whom you and Hillel thought a prophet, and that the boy and the man are the Messiah…» some of them ask scoffingly, although sly­ly, because Gamaliel commands respect.

«I am not saying anything. I am saying that the roar of thunder is always the roar of thunder.»

«Closer or farther away?»

«Alas! The words are stronger, as befits His age. But the twenty years which have gone by have made my intellect twenty times more closed on the treasure which it possesses. And the sound penetrates more weakly…» And Gamaliel droops his head on his chest, meditating.

«Ha! Ha! Ha! You are getting old and foolish, Gamaliel! You are mistaking phantoms for realities. Ha! Ha! Ha!» they all say laughing.

Gamaliel shrugs his shoulders scornfully. He gathers his mantle which was hanging from his shoulders, he wraps himself in it several times, so large it is, he turns his back on everybody, without replying one word, full of contempt in his silence.


Notes

  1. pour lui dire, comme dans Ps 2, 7.
  2. s’il dit, dans le Ps 97, 7 (Vulgate : vous tous, ses anges ; Néo-Vulgate : “ Prosternez-vous devant lui, tous les dieux) ; s’entendre dire, comme dans le Ps 110, 1.
  3. N’est-il pas dit, dans le Ps 110, 4 ; roi de justice et de paix se rapporte à Melchisédec, comme le note Maria Valtorta sur une copie dactylographiée, où elle ajoute le renvoi à Gn 14, 18-20.

Notes

  1. to say to him, as in Psalm 2,7.
  2. says, in Psalm 97,7.
  3. say to Him, in Psalm 110,1.
  4. said in Psalm 110,4.