Gli Scritti di Maria Valtorta

487. Au Temple pour la fête des Tentes.

487. Al Tempio per la festa dei Tabernacoli.

487.1

Le Temple est encore plus bondé que la veille. Et dans la foule qui l’emplit et s’agite dans la première cour, je vois beaucoup de païens, beaucoup plus qu’hier. Ils sont tous dans une attente anxieuse, tant les juifs que les païens. Et ils discutent, les païens avec les païens, les Hébreux avec les Hébreux, en groupes disséminés çà et là, sans perdre de vue les portes.

Les docteurs, sous les portiques, se fatiguent à élever la voix pour attirer le public et faire étalage d’éloquence. Mais ils s’adressent à des élèves peu nombreux, car les gens sont distraits.

Gamaliel est là, à sa place. Mais il ne parle pas. Il va et vient sur son somptueux tapis, les bras croisés, la tête penchée, méditant, et son long vêtement, son manteau encore plus long qu’il a ouvert et qui pend, retenu aux épaules par deux agrafes d’argent, lui font par derrière une traîne qu’il repousse du pied quand il revient sur ses pas. Craintifs et respectueux de la méditation de leur maître, ses plus fidèles disciples, adossés au mur, le regardent en silence.

Des pharisiens, des prêtres, font semblant d’avoir beaucoup à faire, et ils vont et viennent… Les gens, qui comprennent leurs véritables intentions, se les montrent du doigt, et des commentaires partent comme autant de fusées allumées pour cibler leur hypocrisie. Mais ils font mine de ne pas entendre. Ils sont peu nombreux par rapport à ceux qui ne haïssent pas Jésus et qui, en revanche, les détestent, eux. Aussi trouvent-ils prudent de ne pas réagir.

487.2

« Le voilà ! Le voilà ! Il arrive par la Porte Dorée, aujourd’hui !

– Courons !

– Moi, je reste ici. C’est ici qu’il viendra parler. Je garde ma place.

– Moi aussi. Et tant mieux : ceux qui partent nous font place, à nous qui restons.

– Mais le laisseront-ils parler ?

– S’ils l’ont laissé entrer !

– Oui, mais c’est autre chose. Comme fils de la Loi, ils ne peuvent l’en empêcher, mais en tant que rabbi, ils peuvent le chasser, s’ils le veulent. »

Un païen intervient :

« Que de différences ! S’ils le laissent venir pour parler à Dieu, pourquoi ne devraient-ils pas le laisser parler à des hommes ?

– C’est vrai » dit un autre païen. « Nous, parce que nous sommes impurs, vous ne nous laissez pas aller là-bas, mais ici, oui, dans l’espoir que nous devenions circoncis…

– Tais-toi, Quintus. C’est pour cela qu’ils le laissent nous parler, dans l’espoir qu’il va nous tailler comme si nous étions des arbres. Au contraire, nous venons prendre ses idées comme des greffes pour les sauvageons que nous sommes.

– Tu as raison. C’est le seul qui ne nous dédaigne pas !

– Ah ça ! Quand nous allons faire des achats avec une bourse pleine, les autres aussi ne nous dédaignent pas.

– Regarde ! Nous, les païens, nous sommes restés maîtres de la place. Nous entendrons bien ! Et nous verrons mieux ! Cela m’amuse de voir la tête de ses ennemis. Par Jupiter ! Un combat de tronches…

– Tais-toi ! Et qu’on ne t’entende pas invoquer Jupiter. C’est défendu ici.

– Oh ! entre Jupiter et Yahvé, il n’y a que peu de différence. Et entre dieux, on ne s’en offense pas… Je suis venu avec un vrai désir de l’entendre, pas pour me moquer. On en parle tant, partout, de ce Nazaréen ! Je me suis dit : la saison est bonne, et je vais l’écouter. Il y en a qui vont plus loin pour entendre les oracles…

– D’où viens-tu ?

– De Pergé.

– Et toi ?

– De Tarse.

– Je suis presque juif. Mon père était un helléniste d’Iconium. Mais il a épousé une Romaine à Antioche de Cilicie, et il est mort avant ma naissance. Mais la semence est hébraïque.

– Il tarde à venir… L’auraient-ils pris ?

– Ne crains rien. Les cris de la foule nous le diraient. Ces Hébreux poussent toujours des cris d’orfraie…

– Ah ! le voilà, justement. Va-t-il vraiment venir ici ?

– Tu ne vois pas qu’ils ont occupé exprès tous les endroits, sauf ce coin ? Entends-tu toutes ces grenouilles qui coassent pour faire croire qu’elles sont les maîtresses ?

– Celui-là se tait, cependant. Est-il vrai que c’est le plus grand docteur d’Israël ?

– Oui, mais… quel ponte ! Je l’ai écouté un jour et, pour digérer sa science, j’ai dû boire plusieurs coupes de falerne de Titus à Bézéta. »

Ils s’esclaffent.

487.3

Jésus s’approche lentement. Il passe devant Gamaliel, qui ne lève même pas la tête, et se rend à sa place de la veille.

La foule, où se mêlent désormais juifs, prosélytes et païens, comprend qu’il va prendre la parole. On entend :

« Voilà qu’il parle en public, et ils ne lui disent rien !

– Peut-être que les princes et les chefs ont reconnu en lui le Christ. Hier, Gamaliel, après le départ du Galiléen, a parlé longuement avec des Anciens.

– Est-ce possible ? Comment ont-ils fait pour le reconnaître subitement, alors qu’il y a peu de temps, ils le considéraient comme méritant la mort ?

– Peut-être que Gamaliel possédait des preuves…

– Et quelles preuves ? Quelles preuves voulez-vous qu’il ait en faveur de cet homme ? réplique quelqu’un.

– Tais-toi, espèce de chacal. Tu n’es que le dernier des copistes. Qui t’a interrogé ? »

Ils se moquent de lui, si bien qu’il s’en va.

Mais d’autres surviennent, qui n’appartiennent pas au Temple, mais sont certainement des juifs incrédules :

« Les preuves, nous les avons, nous. Nous savons d’où il est, lui. Or quand le Christ viendra, personne ne saura d’où il vient. Nous n’en connaîtrons pas l’origine. Mais lui ! C’est le fils d’un menuisier de Nazareth, et tout son village peut apporter ici son témoignage contre nous, si nous mentons… »

A ce moment la voix d’un païen s’élève :

« Maître, parle-nous un peu, aujourd’hui. On a dit que tu affirmes que tous les hommes sont venus d’un seul Dieu, le tien, au point que tu les appelles fils du Père. Des poètes stoïciens de chez nous ont eu cette même idée. Ils ont dit : “ Nous sommes de la race de Dieu. ” Tes compatriotes nous disent plus impurs que des bêtes. Comment concilies-tu ces deux tendances ? »

La question est posée conformément aux coutumes des débats philosophiques, du moins à ce que je crois. Jésus s’apprête à répondre, lorsque la discussion entre les juifs incrédules et ceux qui croient s’anime, et qu’une voix perçante répète :

« Lui, c’est un homme ordinaire. Le Christ ne sera pas comme cela. Tout sera exceptionnel en lui : forme, nature, origine… »

487.4

Jésus se tourne dans cette direction et dit d’une voix forte :

« Vous me connaissez donc et vous savez d’où je viens ? En êtes-vous bien sûrs ? Et même ce peu que vous savez ne vous dit rien ? Il ne vous confirme pas les prophéties ? Mais vous ne connaissez pas tout de moi. En vérité, en vérité je vous dis que je ne suis pas venu de moi-même, et d’où vous croyez que je suis venu. C’est la Vérité elle-même, que vous ne connaissez pas, qui m’a envoyé. »

Un cri d’indignation s’élève du côté des adversaires.

« La Vérité elle-même. Mais vous ne connaissez pas ses œuvres, vous ne connaissez pas ses chemins, les chemins par lesquels je suis venu. La haine ne peut connaître les voies et les œuvres de l’Amour. Les ténèbres ne peuvent supporter la vue de la Lumière. Mais moi, je connais Celui qui m’a envoyé parce que je suis sien, je fais partie de lui, et je suis un Tout avec lui. Et il m’a envoyé, pour que j’accomplisse ce que veut sa Pensée. »

Un tumulte se produit. Les ennemis se précipitent pour mettre la main sur lui, s’emparer de lui, le frapper. Les apôtres, les disciples, le peuple, les païens, les prosélytes réagissent pour le défendre. D’autres assaillants accourent à l’aide des premiers et y parviendraient peut-être, mais Gamaliel, qui jusqu’à ce moment paraissait étranger à tout, quitte son tapis et vient vers Jésus, poussé sous le portique par ses défenseurs.

Il crie :

« Laissez-le tranquille. Je veux entendre ce qu’il dit. »

La voix de Gamaliel agit avec plus de force que le détachement de légionnaires qui accourent de l’Antonia pour apaiser les troubles. Le tumulte retombe comme un tourbillon qui se brise, et les cris s’apaisent pour devenir simple bourdonnement. Les légionnaires, par prudence, restent près de l’enceinte extérieure, mais ils sont désormais inutiles.

« Parle » ordonne Gamaliel à Jésus. « Réponds à ceux qui t’accusent. »

Le ton est impérieux, mais pas méprisant.

487.5

Jésus s’avance vers la cour. Tranquillement, il reprend la parole. Gamaliel reste là où il est, et ses disciples s’affairent à lui apporter son tapis et son siège pour qu’il soit plus à l’aise ; mais il reste debout, les bras croisés, la tête penchée, les yeux clos, tout concentré pour mieux écouter.

« Vous m’avez accusé sans raison, comme si j’avais blasphémé au lieu de dire la vérité. Or, si je parle, ce n’est pas pour me défendre, mais pour vous donner la lumière, afin que vous puissiez connaître la vérité. Et ce n’est pas pour moi-même, mais pour vous rappeler les paroles auxquelles vous croyez et sur lesquelles vous jurez. Elles témoignent de moi. Vous, je le sais, vous ne voyez en moi qu’un homme qui vous ressemble, qui vous est même inférieur. Et il vous paraît impossible qu’un homme puisse être le Messie. Vous pensez qu’il devrait au moins être un ange, et d’une origine tellement mystérieuse qu’il ne pourrait être roi qu’en raison de l’autorité que le mystère de son origine lui donne. Mais où donc, dans les livres qui renferment l’histoire de notre peuple — et ce seront des livres éternels autant que le monde, car c’est à eux que les docteurs de tous les pays et de tous les temps s’adresseront pour fortifier leur science et leurs recherches sur le passé à l’aide des lumières de la vérité —, où donc est-il écrit que Dieu a parlé à l’un de ses anges pour lui dire[1] : “ Tu seras dorénavant pour moi un Fils, parce que je t’ai engendré ? ” »

Je vois que Gamaliel se fait donner une petite table et des parchemins et qu’il s’assied pour écrire…

487.6

« Les anges, créatures spirituelles, serviteurs du Très-Haut et ses messagers, ont été créés par lui, tout comme l’homme, les animaux et tout ce qui fut créé. Mais ils n’ont pas été engendrés par lui. Car Dieu engendre uniquement un autre lui-même : le Parfait ne peut engendrer qu’un Parfait, un autre être semblable à lui, pour ne pas avilir sa perfection par la génération d’une créature qui lui soit inférieure.

Si donc Dieu ne peut engendrer les anges, ni les élever à la dignité de fils, quel peut être le Fils auquel il dit : “ Tu es mon Fils. Aujourd’hui je t’ai engendré ? ” Et de quelle nature est ce Fils, s’il dit[2] à ses anges à son propos : “ Que tous les anges de Dieu l’adorent ” ? Et comment est ce Fils, pour mériter de s’entendre dire par le Père, par la grâce de qui les hommes peuvent le nommer avec un cœur qui s’anéantit dans l’adoration : “ Siège à ma droite, jusqu’à ce que j’aie fait de tes ennemis l’escabeau de tes pieds ” ? Ce Fils ne peut être que Dieu comme le Père, dont il partage les attributs et la puissance, et avec qui il jouit de la Charité qui les ravit dans les ineffables et inconnaissables amours de la Perfection pour elle-même.

Mais, si Dieu n’a pas jugé convenable d’élever un ange au rang de Fils, aurait-il pu dire d’un simple homme ce qu’il a dit de Celui qui ici vous parle, lorsqu’il se trouvait au gué de Béthabara après trois ans ? Plusieurs d’entre vous qui me combattez, étiez alors présents. Vous l’avez entendu, et vous avez tremblé. Car la voix de Dieu ne peut se confondre avec nulle autre, et sans une grâce spéciale de sa part, elle terrasse celui qui l’entend et ébranle son cœur.

Qui est donc l’Homme qui vous parle ? Serait-il né de la semence et de la volonté d’un homme comme vous tous ? Et le Très-Haut pourrait-il avoir placé son Esprit pour habiter une chair, privée de la grâce comme l’est celle des hommes nés d’une volonté charnelle ? Pourrait-il, pour payer la grande Faute, se satisfaire du sacrifice d’un homme ? Réfléchissez : s’il n’a pas choisi un ange pour être Messie et Rédempteur, pourrait-il choisir un homme ? Et le Rédempteur pouvait-il être seulement Fils du Père sans assumer la nature humaine, mais avec des moyens et des pouvoirs qui surpassent les raisonnements humains ? Et le Premier-né de Dieu pouvait-il avoir des parents, s’il est le Premier-né éternel ?

Votre pensée orgueilleuse n’est-elle pas bouleversée devant ces interrogations qui s’élèvent toujours plus près des royaumes de la Vérité, et qui ne trouvent une réponse que dans un cœur humble et plein de foi ?

Qui doit être le Christ ? Un ange ? Plus qu’un ange. Un homme ? Plus qu’un homme. Un Dieu ? Oui, un Dieu, mais avec une chair qui lui soit unie, pour pouvoir accomplir l’expiation de la chair coupable. Toute chose doit être rachetée par la matière avec laquelle elle a péché. Dieu aurait pu par conséquent envoyer un ange pour expier les fautes des anges déchus, pour Lucifer et pour ses disciples angéliques. Car, vous le savez, Lucifer aussi a péché. Mais Dieu n’envoie pas un esprit angélique pour racheter les anges des Ténèbres. Ils n’ont pas adoré le Fils de Dieu, et Dieu ne pardonne pas le péché contre son Verbe engendré par son Amour. Pourtant, Dieu aime les hommes et il envoie l’Homme, l’unique parfait, pour racheter l’homme et faire la paix avec Dieu. Et il est juste que seul un Homme-Dieu puisse accomplir la rédemption de l’homme et apaiser Dieu.

487.7

Le Père et le Fils se sont aimés et compris. Le Père a dit : “ Je veux. ” Et le Fils a répondu : “ Je veux. ” Puis le Fils a dit : “ Donne-moi. ” Et le Père a répondu : “ Prends ”, et le Verbe eut une chair dont la formation est mystérieuse, et cette chair s’appela Jésus-Christ, le Messie, celui qui doit racheter les hommes, les amener au Royaume, vaincre le démon, briser les esclavages.

Vaincre le démon ! Un ange ne pouvait pas, ne peut pas accomplir ce que le Fils de l’homme peut accomplir. C’est pourquoi Dieu appelle pour cette grande œuvre non pas les anges, mais l’Homme. Voici l’Homme dont vous ignorez ou falsifiez l’origine, ou bien ne savez pas quoi en penser. Voici l’Homme, l’Homme que Dieu accepte, l’Homme qui représente tous ses frères. Il est comme vous quant à la ressemblance, mais différent de vous et supérieur quant à la provenance : ce n’est pas un homme, mais Dieu qui l’a engendré et consacré pour son ministère, et il se tient devant l’autel divin afin d’être Prêtre et Victime pour les péchés du monde, Pontife éternel et suprême, souverain Prêtre selon l’ordre de Melchisédech.

Ne tremblez pas ! Je ne tends pas les mains vers la tiare pontificale. Un autre diadème m’attend. Ne tremblez pas ! Je ne vous enlèverai pas le rational. Un autre est déjà prêt pour moi. Mais redoutez seulement que le sacrifice de l’Homme et la miséricorde du Christ ne vous servent pas. Je vous ai tant aimés, je vous aime tant, que j’ai obtenu du Père de m’anéantir moi-même. Je vous ai tant aimés, je vous aime tant, que j’ai demandé de consumer en moi toute la douleur du monde pour vous obtenir le salut éternel.

487.8

Pourquoi refusez-vous de me croire ? Ne pouvez-vous croire encore ?

N’est-il pas dit[3] du Christ : “ Tu es Prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech ” ? Mais quand le sacerdoce a-t-il commencé ? Au temps d’Abraham ? Non, et vous le savez. Le roi de justice et de paix qui apparaît pour m’annoncer, par une figure prophétique, à l’aurore de notre peuple, ne vous révèle-t-il pas qu’il y a un sacerdoce plus parfait, qui vient directement de Dieu, de même que Melchisédech dont personne n’a jamais pu donner l’origine, que l’on appelle “ le prêtre ” et qui demeurera prêtre éternellement ? Ne croyez-vous plus aux paroles inspirées ? Et si vous y croyez, comment donc, vous les docteurs, ne savez-vous pas fournir une explication acceptable aux paroles qui disent, à mon sujet : “ Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech ” ?

Il y a donc un autre sacerdoce, antérieur à celui d’Aaron. Et de ce sacerdoce, il est dit “ tu es ”, non pas “ tu as été ” ou “ tu seras ”. Tu es prêtre pour l’éternité. Cette phrase annonce que le Prêtre éternel ne sera pas de la souche connue d’Aaron, ni d’aucune souche sacerdotale, mais d’une provenance nouvelle, aussi mystérieuse que celle de Melchisédech. Il appartient à cette provenance. Et si la puissance de Dieu l’envoie, c’est le signe qu’il veut rénover le sacerdoce et le rite pour qu’il devienne utile à l’humanité.

Connaissez-vous mon origine ? Non. Connaissez-vous mes œuvres ? Non. Voyez-vous leurs fruits ? Non. Vous ne savez rien de moi. Vous voyez donc qu’en cela aussi, je suis le “ Christ ”, dont l’origine, la nature et la mission doivent rester inconnues jusqu’au moment où il plaira à Dieu de les révéler aux hommes. Bienheureux ceux qui sauront, qui savent croire avant que la Révélation terrible de Dieu ne les écrase de son poids contre le sol et ne les y cloue, ne les brise, sous la fulgurante et puissante vérité tonnée par les Cieux, criée par la terre : “ Il était, lui, le Christ de Dieu. ”

Vous dites : “ Il vient de Nazareth. Son père, c’était Joseph. Sa Mère, c’est Marie. ” Non, je n’ai pas de père qui m’ait engendré comme homme. Je n’ai pas de mère qui m’ait engendré comme Dieu. Et pourtant j’ai une chair et je l’ai assumée par l’opération mystérieuse de l’Esprit, et je suis venu parmi vous en passant par un tabernacle saint. Et je vous sauverai, après m’être formé moi-même par la volonté de Dieu, je vous sauverai, en faisant sortir ma véritable personne du tabernacle de mon corps pour consommer le grand sacrifice d’un Dieu qui s’immole pour le salut de l’homme.

487.9

Père, mon Père ! Je te l’ai dit au commencement des jours : “ Me voici pour faire ta volonté. ” Je te l’ai dit à l’heure de grâce avant de te quitter pour me revêtir de chair afin de pouvoir souffrir : “ Me voici pour faire ta volonté. ” Je te le redis pour sanctifier ceux pour qui je suis venu : “ Me voici pour faire ta volonté. ” Et je te le dirai encore, toujours, jusqu’à ce que ta volonté soit accomplie… »

Jésus, qui a levé les bras vers le ciel pour prier, les abaisse maintenant, les croise sur sa poitrine et incline la tête, ferme les yeux et s’abîme en une prière secrète.

Les gens chuchotent. La plupart (et je suis du nombre) n’ont pas compris. Nous sommes trop ignorants. Mais nous avons l’intuition qu’il a exprimé de grands mystères, et nous nous taisons, pleins d’admiration.

Les malveillants, qui n’ont pas compris ou n’ont pas voulu comprendre, raillent :

«Il délire ! »

Mais ils n’osent en dire davantage, et ils s’écartent ou se dirigent vers les portes en secouant la tête. Je suppose que cette prudence est due aux lances et aux dagues romaines qui luisent au soleil au bout du mur.

487.10

Gamaliel se fraie un passage parmi ceux qui sont restés. Il arrive près de Jésus, qui est encore plongé dans sa prière, loin de la foule et de cet endroit, et il l’appelle :

« Rabbi Jésus !

– Que veux-tu, rabbi Gamaliel ? demande Jésus en levant la tête, les yeux encore absorbés dans une vision intérieure.

– Une explication de toi.

– Parle.

– Retirez-vous tous ! » ordonne Gamaliel, sur un tel ton que les apôtres, les disciples, les partisans, les curieux et même ses propres disciples s’écartent en vitesse.

Ils restent seuls, l’un en face de l’autre, et ils se regardent, Jésus toujours plein d’une suave douceur, l’autre autoritaire sans le vouloir, et l’air involontairement orgueilleux. C’est une expression qui lui est certainement venue d’années d’obséquiosité exagérée.

« Maître… on m’a rapporté certaines de tes paroles prononcées lors d’un banquet… que j’ai désapprouvé parce qu’il manquait de sincérité. Moi, je combats ou je ne combats pas, mais c’est toujours ouvertement… J’ai médité sur ces mots. Je les ai confrontés aux paroles qui me restent en mémoire… Et je t’ai attendu, ici, pour t’interroger à ce sujet… Mais auparavant, j’ai voulu t’écouter parler… Eux n’ont pas compris. Moi, j’espère pouvoir comprendre. J’ai écrit tes paroles pendant que tu les disais. Pour les méditer, non pas pour te nuire. Me crois-tu ?

– Je te crois. Et veuille le Très-Haut les faire flamboyer à ton esprit.

– Qu’il en soit ainsi. Ecoute : les pierres qui doivent frémir, sont peut-être celles de nos cœurs ?

– Non, rabbi. Celles-ci (et en un geste circulaire, il indique les murailles du Temple). Pourquoi me poses-tu cette question ?

– Parce que mon cœur a frémi quand m’ont été rapportées tes paroles au banquet et tes réponses aux tentateurs. Je croyais que ce frémissement était le signe…

– Non, rabbi. C’est trop peu que le frémissement de ton cœur et celui de quelques autres pour être le signe qui ne laisse pas de doutes… même si toi, grâce à un rare jugement d’humble connaissance de toi-même, tu qualifies ton cœur de pierre. Oh ! Rabbi Gamaliel, ne peux-tu vraiment pas faire de ton cœur de pierre un lumineux autel pour accueillir Dieu ? Ce n’est pas dans mon intérêt, rabbi, mais pour que ta justice soit complète… »

Jésus regarde avec douceur l’ancien maître qui triture sa barbe et passe ses doigts sous son couvre-chef en serrant son front et en murmurant. Puis Gamaliel baisse la tête pour avouer :

« Je ne puis… C’est trop tôt… Mais j’espère… Ce signe, est-ce que tu le donneras toujours ?

– Je le donnerai.

– Adieu, rabbi Jésus.

– Que le Seigneur vienne à toi, rabbi Gamaliel. »

Ils se séparent. Jésus fait signe à ses disciples, et avec eux sort du Temple.

487.11

Scribes, pharisiens, prêtres, disciples de rabbis se précipitent comme autant de vautours autour de Gamaliel, qui est en train de passer dans sa large ceinture les feuilles qu’il a écrites.

« Eh bien ? Qu’en penses-tu ? C’est un fou ? Tu as bien fait d’écrire ces divagations. Elles nous serviront. As-tu décidé ? Es-tu convaincu ? Hier… aujourd’hui… Tu en as entendu plus qu’il n’en faut pour te convaincre. »

C’est un vrai tumulte ! Gamaliel, lui, rajuste sa ceinture en silence, referme l’encrier qu’il y a suspendu, rend à son disciple la petite table sur laquelle il s’est appuyé pour écrire sur les parchemins.

« Tu ne réponds rien ? Depuis hier, tu ne parles pas… lui dit, pour le décider, un de ses collègues.

– J’écoute. Pas vous, mais lui. Et je cherche à reconnaître, dans les mots de maintenant, la parole qui m’a été adressée un jour, à ce même endroit.

– Et tu y parviens, peut-être ? lancent plusieurs en riant.

– C’est comme le tonnerre, dont le son est différent selon que l’on est plus proche ou plus loin. Mais c’est toujours le bruit de l’orage.

– Un bruit qui ne permet pas de conclure, alors, plaisante quelqu’un.

– Ne ris pas, Lévi. Dans le tonnerre peut se trouver aussi la voix de Dieu et nous pouvons être assez bornés pour croire que c’est le bruit de nuages qui se déchirent… Ne ris pas non plus toi, Elchias, ni toi, Simon, de peur que le tonnerre ne vienne à se changer en foudre et ne vous réduise en cendres…

– Alors… toi… tu dis plus ou moins que le Galiléen est cet enfant qu’avec Hillel vous croyiez prophète, et que cet enfant et cet homme, c’est le Messie… demandent des railleurs, bien qu’en sourdine, car Gamaliel se fait respecter.

– Je n’affirme rien. Je dis seulement que le bruit du tonnerre est toujours le bruit du tonnerre.

– Plus proche ou plus lointain ?

– Hélas ! Les paroles sont plus fortes, comme c’est nécessaire à mon âge. Mais les vingt années écoulées ont rendu mon intelligence vingt fois plus fermée sur le trésor qu’elle possède. Et le son pénètre plus faiblement… »

Pensif, Gamaliel laisse retomber son menton sur sa poitrine.

« Ha ! Ha ! Ha ! Tu vieillis et tu perds la tête, Gamaliel ! Tu prends des fantômes pour des réalités. Ha ! Ha ! Ha ! »

Et tous se mettent à rire.

Gamaliel hausse dédaigneusement les épaules. Puis relève son manteau qui pendait de ses épaules, s’en enveloppe à plusieurs tours tant il est ample, et tourne le dos à tout le monde sans répliquer, dans un silence plein de mépris.

487.1

Il Tempio è ancor più affollato del giorno avanti. E nella folla che empie e si agita nel primo cortile vedo molti gentili, molti più di ieri. Sono tutti in viva attesa, tanto gli israeliti come i gentili. E parlano, gentili con gentili, ebrei con ebrei fra di loro, a capannelli sparsi qua e là, senza perdere d’occhio le porte.

I dottori, sotto i portici, si affannano ad alzare la voce per attirare e fare sfoggio di eloquenza. Ma la gente è distratta ed essi predicano a pochi allievi.

Gamaliele c’è. Al suo posto. Ma non parla. Passeggia avanti e indietro sul suo sontuoso tappeto, con le braccia conserte, il capo chino, meditando, e la lunga veste, l’ancor più lungo mantello, che ha disciolto e che pende trattenuto da due rosoni d’argento alle spalle, gli fanno dietro uno strascico che egli respinge col piede quando torna sui suoi passi. I suoi discepoli, i più fedeli, addossati al muro, lo guardano in silenzio, intimoriti, e rispettano la meditazione del loro maestro.

Dei farisei, dei sacerdoti, mostrano di avere un gran da fare, e vanno e vengono… La gente, che capisce le loro vere intenzioni, se li addita e qualche commento parte come un razzo bruciante a bruciare la loro ipocrisia. Ma essi fingono di non sentire. Sono pochi rispetto ai molti che non odiano Gesù e che invece odiano loro, e trovano perciò prudente non reagire.

487.2

«Eccolo! Eccolo! Viene dalla porta Dorata, oggi!».

«Corriamo!».

«Io resto qua. Verrà qua a parlare. Non perdo il posto».

«Neppure io, anzi quelli che se ne vanno fanno posto a noi che restiamo».

«Ma lo lasceranno parlare?».

«Se lo hanno lasciato entrare!…».

«Sì, ma è un’altra cosa. Come figlio della Legge non possono impedirgli di entrare. Ma come rabbi possono cacciarlo se vogliono».

«Quante differenze! Se lo lasciano andare a parlare al Dio, perché non lo devono lasciar parlare a degli uomini?» (questo è un gentile che parla).

«È vero», dice un altro gentile. «Noi perché siamo impuri non ci lasciate andare là, ma qui sì, sperando che si diventi circoncisi…».

«Taci, Quinto. È per questo che lo lasciano parlare a noi. Sperando di potarci come fossimo alberi. Noi invece veniamo per mettere le sue idee come rami d’innesto in noi selvatici».

«Dici bene. L’unico che non ci sdegni!».

«Oh! per questo! Quando si va con una borsa di monete a comperare non ci sdegnano neanche gli altri».

«Guarda! Noi gentili siamo rimasti padroni del luogo. Sentiremo bene! E vedremo meglio! Mi piace vedere i visi dei suoi nemici. Per Giove! Un combattimento di volti…».

«Taci! Non ti far sentire a nominare Giove. È proibito qui».

«Oh! fra Giove e Jeové non c’è che poca differenza. E fra dèi non si offenderanno… Io sono venuto per buon desiderio di ascolto. Non per deridere. Se ne parla tanto da per tutto di questo Nazareno! Ho detto: è buona la stagione e vado a sentirlo. C’è chi va più lontano a sentire gli oracoli…».

«Da dove vieni?».

«Da Perge. E tu?».

«Da Tarso».

«Io sono quasi ebreo. Mio padre era un ellenista di Iconio. Ma sposò ad Antiochia di Cilicia una romana e poi morì prima che io nascessi. Ma il seme è ebreo».

«Tarda a venire… Che lo abbiano preso?».

«Non temere. Ce lo direbbero gli urli della folla. Questi ebrei strillano come gazze inquiete, sempre…».

«Oh! eccolo proprio. Verrà proprio qui?».

«Non vedi che ad arte hanno occupato tutti i luoghi meno quest’angolo? Senti quanti ranocchi gracidano per fingersi mae­stri?».

«Quello là tace, però. È vero che è il più grande dottore d’Israele?».

«Sì, ma… che pedante! Lo ascoltai un giorno e per digerire la sua scienza ho dovuto bere molte coppe di falerno da Tito a Bezeta». Ridono fra loro[1].

487.3

Gesù si avvicina lentamente. Passa davanti a Gamaliele, il quale non alza neppure la testa, e poi va al posto di ieri.

La gente, ora mista di israeliti, proseliti e gentili, capisce che sta per parlare e sussurra: «Ecco che parla pubblicamente e non gli dicono niente».

«Forse i principi e i capi hanno riconosciuto in Lui il Cristo. Ieri Gamaliele, andato via il Galileo, ha parlato molto con degli Anziani».

«Possibile? Come hanno fatto a riconoscerlo di un subito, se solo poco prima lo ritenevano un degno di morte?».

«Forse Gamaliele possedeva delle prove…».

«E che prove? Che prove volete che abbia in favore di quel­l’uomo?», investe uno.

«Sta’ zitto, sciacallo. Non sei che l’ultimo degli scrivani. Chi ti ha interrogato?», e gli danno la baia. Egli si allontana.

Ma ne subentrano altri, non appartenenti al Tempio, ma certo agli increduli giudei: «Le prove le abbiamo noi. Noi sappiamo di dove è costui. Ma il Cristo, quando verrà, nessuno saprà di dove sia. Di Quello non sapremo l’origine. Ma di questo!!! È figlio di un falegname di Nazaret, e tutto il suo paese può portare qui testimonianza contro noi se mentiamo…».

Intanto si sente la voce di un gentile che dice: «Maestro, parla un poco a noi, oggi. Ci è stato detto che Tu asserisci essere tutti gli uomini venuti da un solo Dio, il tuo. Tanto che li chiami figli del Padre. Una simile idea ebbero anche dei poeti stoici nostri. Dissero: “Noi siamo progenie di Dio”. I tuoi connazionali ci dicono più impuri di bestie. Come concili le due tendenze?».

La questione è posta secondo le consuetudini delle dispute filosofiche, almeno credo. E Gesù sta per rispondere, quando più forte si alza la disputa fra i giudei increduli e quelli credenti, e una voce stridula ripete: «Egli è un semplice uomo. Il Cristo non sarà tale. Tutto sarà di eccezione in Lui. Forma, natura, origine…».

487.4

Gesù si volge in quella direzione e dice forte: «Dunque conoscete Me e conoscete da dove vengo? Ne siete ben sicuri? E anche quel poco che sapete non vi dice nulla? Non vi è conferma alle profezie? Ma voi tutto di Me non conoscete. In verità, in verità vi dico che Io non sono venuto da Me e da dove voi credete che Io sia venuto. È la stessa Verità, che voi non conoscete, quella che mi ha mandato».

Un urlo di sdegno si alza dai nemici.

«La stessa Verità. Voi non sapete le sue opere. Voi non sapete le sue vie. Quelle vie per le quali Io sono venuto. L’odio non può conoscere le vie e le opere dell’Amore. Le tenebre non possono sostenere la vista della Luce. Ma Io conosco Colui che mi ha mandato perché Io sono suo, sua parte e un Tutto con Lui. Ed Egli mi ha mandato perché Io compia ciò che il suo Pensiero vuole».

Avviene un tumulto. I nemici si avventano per mettergli addosso le mani, catturarlo, percuoterlo. Apostoli, discepoli, popolo, gentili, proseliti, reagiscono per difenderlo. Accorrono altri in soccorso dei primi e forse riuscirebbero, ma Gamaliele, che fino a quel momento pareva estraneo ad ogni cosa, lascia il suo tappeto e viene verso Gesù, respinto da chi lo vuole difendere sotto il porticato, e grida: «Lasciatelo stare. Voglio sentire ciò che dice». Più del drappello di legionari, che dall’Antonia accorrono a sedare il tumulto, fa la voce di Gamaliele. Il tumulto cade come un turbine che si spezza, e si cheta il clamore in un brusio. I legionari, per prudenza, restano presso la cinta esterna, ma inutili ormai.

«Parla», ordina Gamaliele a Gesù. «Rispondi a chi ti accu­sa». Il tono è imperioso, ma non schernitore.

487.5

Gesù si fa avanti, verso il cortile. Pacato, riprende a parlare. Gamaliele resta dove è, e i suoi discepoli si affannano a portargli tappeto e sgabello perché stia comodo. Ma egli rimane in piedi, con le sue braccia conserte, il capo chino, gli occhi chiusi, concentrato ad ascoltare.

«Mi avete accusato senza ragione come se avessi bestemmiato in luogo di aver detto la verità. Io, non per difendermi, ma per darvi la luce acciò possiate conoscere la Verità, parlo. E non parlo per Me stesso. Ma parlo ricordando le parole nelle quali credete e sulle quali giurate. Esse testimoniano di Me. Voi, lo so, non vedete in Me che un uomo simile a voi, inferiore a voi. E vi pare che sia impossibile che un uomo possa essere il Messia. Almeno pensate che avesse ad essere un angelo, questo Messia, che deve essere di un’origine talmente misteriosa da poter essere re solo per l’autorità che il mistero della sua origine suscita. Ma quando mai nella storia del nostro popolo, nei libri che formano questa storia e che saranno libri eterni quanto il mondo, perché ad essi dottori di ogni paese e di ogni tempo attingeranno per corroborare la loro scienza e le loro ricerche sul passato con le luci della verità, quando mai in questi libri è detto che Dio abbia parlato ad un suo angelo per dirgli[2]: “Tu mi sarai d’ora in poi Figlio perché Io ti ho generato”?».

Vedo Gamaliele che si fa dare una tavoletta e delle pergamene e si siede scrivendo…

487.6

«Gli angeli, creature spirituali, serve dell’Altissimo e sue messaggere, sono state create da Lui come l’uomo, come gli animali, come tutto ciò che fu creato. Ma non sono state generate da Lui. Perché Dio genera unicamente un altro Se stesso, non potendo il Perfetto generare altro che un Perfetto, un altro Essere pari a Se stesso, per non avvilire la sua perfezione col generare una creatura di Sé inferiore. Or dunque, se Dio non può generare gli angeli e neppure elevarli alla dignità di suoi figli, quale sarà il Figlio al quale Egli dice[119]: “Tu sei mio Figlio. Oggi ti ho generato”? E di che natura sarà se, generandolo, Egli dice indicandolo ai suoi angeli: “E Lui adorino tutti gli angeli di Dio”? E come sarà questo Figlio, per meritare di sentirsi dire dal Padre, da Colui che è per sua grazia se gli uomini lo possono nominare col cuore che si annichila adorando: “Siedi alla mia destra finché Io faccia dei tuoi nemici sgabello ai tuoi piedi”? Quel Figlio non potrà essere che Dio come il Padre, del quale divide gli attributi e le potenze, e col quale gode della Carità che li letifica negli ineffabili e inconoscibili amori della Perfezione per Se stessa.

Ma, se Dio non ha giudicato conveniente elevare al grado di Figlio un angelo, avrebbe mai potuto dire di un uomo ciò che disse di Colui che qui vi parla — e molti fra voi che mi combattete eravate presenti quando lo disse — là al guado di Betabara, al finire di tre anni da questo? Voi lo udiste e tremaste. Perché la voce di Dio è inconfondibile, e senza una sua speciale grazia atterra chi la ode e ne scrolla il cuore.

Cosa è dunque l’Uomo che vi parla? È forse uno nato da seme e da volere d’uomo come tutti voi? E potrebbe l’Altissimo aver posto lo Spirito suo ad abitare una carne priva di grazia, quale è quella degli uomini nati da voler carnale? E potrebbe l’Altissimo, a soddisfare la gran Colpa, essere pago del sacrificio di un uomo? Pensate. Egli non elegge un angelo ad esser Messia e Redentore, può mai allora eleggere un uomo ad esserlo? E poteva il Redentore essere soltanto Figlio del Padre senza assumere natura umana, ma con mezzi e poteri che superano le umane deduzioni? E il Primogenito di Dio poteva mai aver dei genitori, se Egli è il Primogenito eterno? Non vi si sconvolge il superbo pensiero davanti a questi interrogativi, che salgono verso i regni della Verità, sempre più vicini ad essa, e che trovano risposta solo in un cuore umile e pieno di fede?

Chi deve essere il Cristo? Un angelo? Più che un angelo. Un uomo? Più che un uomo. Un Dio? Sì, un Dio. Ma con unita una Carne, perché essa possa compiere l’espiazione della carne colpevole. Ogni cosa va redenta attraverso la materia con cui peccò. Dio avrebbe perciò dovuto mandare un angelo per espiare le colpe degli angeli decaduti, e che espiasse per Lucifero e i suoi seguaci angelici. Perché, lo sapete, anche Lucifero peccò. Ma Dio non manda uno spirito angelico a redimere gli angeli tenebrosi. Essi non hanno adorato il Figlio di Dio, e Dio non perdona il peccato contro il suo Verbo generato dal suo Amore. Però Dio ama l’uomo e manda l’Uomo, l’Unico perfetto, a redimere l’uomo e a ottenere pace con Dio. E giusto è che solo un Uomo-Dio possa compiere la redenzione dell’uomo e placare Dio.

487.7

Il Padre e il Figlio si sono amati e compresi. E il Padre ha detto: “Voglio”. E il Figlio ha detto: “Voglio”. E poi il Figlio ha detto: “Dammi”. E il Padre ha detto: “Prendi”, e il Verbo ebbe una Carne la cui formazione è misteriosa, e questa Carne si chiamò Gesù Cristo, Messia, Colui che deve redimere gli uomini, portarli al Regno, vincere il demonio, infrangere le schiavitù.

Vincere il demonio! Non poteva un angelo, non può compiere ciò che il Figlio dell’uomo può. E per questo, alla grande opera ecco che Dio non chiama gli angeli ma l’Uomo. Ecco l’Uomo della cui origine voi siete incerti, negatori o pensosi. Ecco l’Uomo. L’Uomo accettevole a Dio. L’Uomo rappresentante di tutti i suoi fratelli. L’Uomo come voi nella somiglianza, l’Uomo superiore e diverso a voi per la provenienza, il quale, non da uomo ma da Dio generato e consacrato al suo ministero, sta davanti all’eccelso altare per essere Sacerdote e Vittima per i peccati del mondo, eterno e supremo Pontefice, Sommo Sacerdote secondo l’ordine di Melchisedecco.

Non tremate! Io non tendo le mani alla tiara ponteficale. Un altro serto mi aspetta. Non tremate! Io non vi toglierò il razionale. Un altro è già pronto per Me. Ma tremate soltanto che per voi non serva il sacrificio dell’Uomo e la misericordia del Cristo. Vi ho tanto amati, vi amo tanto che ho ottenuto dal Padre di annichilire Me stesso. Vi ho tanto amati e vi amo tanto che ho chiesto di consumare tutto il dolore del mondo per darvi la salute eterna.

487.8

Perché non mi volete credere? Non potete credere ancora? Non è detto[3] del Cristo: “Tu sei Sacerdote in eterno secondo l’ordine di Melchisedecco”? Ma quando si è iniziato il sacerdozio? Forse ai tempi di Abramo? No. E voi lo sapete. Il re di giustizia e di pace che appare ad annunciarmi, con figura profetica, all’aurora del nostro popolo, non vi ammonisce che c’è un sacerdozio più perfetto, che viene direttamente da Dio, così come Melchisedec di cui nessuno poté mai dare le origini e che viene chiamato “il sacerdote” e sacerdote rimarrà in eterno? Non credete più alle parole ispirate? E, se ci credete, come mai, o dottori, non sapete dare una spiegazione accettabile alle parole che dicono, e di Me parlano: “Tu sei Sacerdote in eterno secondo l’ordine di Melchisedech”? Vi è dunque un altro sacerdozio, oltre, prima di quello di Aronne. E di questo è detto “sei”. Non “fosti”. Non “sarai”. Sei sacerdote in eterno. Ecco allora che questa frase preannuncia che l’eterno Sacerdote non sarà della nota stirpe di Aronne, non sarà di nessuna stirpe sacerdotale. Ma sarà di provenienza nuova, misteriosa come Melchisedec. È di questa provenienza. E se la potenza di Dio lo manda, segno è che vuole rinnovare il Sacerdozio e il rito perché divenga giovevole all’Umanità.

Conoscete voi la mia origine? No. Sapete voi le mie opere? No. Intuite voi i frutti di esse? No. Nulla conoscete di Me. Vedete dunque che anche in questo sono il “Cristo”, la cui origine e natura e missione devono essere sconosciute fin quando a Dio non piaccia svelarle agli uomini. Beati quelli che sapranno, che sanno credere prima che la rivelazione tremenda di Dio non li schiacci col suo peso al suolo e ve li inchiodi e stritoli sotto la folgorante, potente verità tuonata dai Cieli, urlata dalla terra: “Costui era il Cristo di Dio”.

Voi dite: “Egli è di Nazaret. Suo padre era Giuseppe. Sua madre è Maria”. No. Io non ho padre che mi abbia generato uomo. Io non ho madre che mi abbia generato Dio. Eppure ho una carne e l’ho assunta per misteriosa opera dello Spirito, e sono venuto fra voi passando per un tabernacolo santo. E vi salverò, dopo avere formato Me stesso per volere di Dio, vi salverò facendo uscire il vero Me stesso dal tabernacolo del mio Corpo per consumare il grande Sacrificio di un Dio che si immola per la salvezza dell’uomo.

487.9

Padre, Padre mio! Io te l’ho detto all’inizio dei giorni: “Eccomi a fare la tua volontà”. Io te l’ho detto all’ora di grazia prima di lasciarti per rivestirmi di carne onde patire: “Eccomi a fare la tua volontà”. Io te lo dico ancora una volta per santificare coloro per i quali sono venuto: “Eccomi a fare la tua volontà”. E te lo dirò ancora, sempre, sinché la tua volontà sia compiuta…».

Gesù, che ha alzato le braccia verso il cielo, pregando, ora le abbassa e le raccoglie sul petto e china la testa, chiude gli occhi e si sprofonda in una orazione segreta.

La gente bisbiglia. Non tutti hanno capito, anzi i più (e io con loro) non hanno capito. Siamo troppo ignoranti. Ma intuiamo che Egli ha enunciato delle grandi cose. E tacciamo ammirati.

I malevoli, che non hanno capito o non hanno voluto capire, ghignano: «È un delirante!». Ma non osano dire di più e si scostano o si avviano alle porte scuotendo il capo. Tanta prudenza io credo sia il frutto delle lance e daghe romane che brillano al sole contro la muraglia estrema.

487.10

Gamaliele si fa largo fra i rimasti. Giunge presso Gesù, che prega ancora, assorto, lontano dalla folla e dal luogo, e lo chiama: «Rabbi Gesù!».

«Che vuoi, rabbi Gamaliele?», chiede Gesù alzando il capo, con gli occhi ancora assorti in un’interna visione.

«Una spiegazione da Te».

«Parla».

«Ritiratevi tutti!», ordina Gamaliele e con un tale tono che apostoli, discepoli, seguaci, curiosi, e gli stessi discepoli di Gamaliele, si scostano alla svelta.

Restano soli l’uno di fronte all’altro. E si guardano. Gesù sempre mite e dolce, l’altro autoritario senza volere e involontariamente superbo nell’aspetto. Espressione venutagli certo da anni di ossequio esagerato.

«Maestro… Mi sono state riportate delle tue parole. Dette ad un convito… che io ho disapprovato perché insincero. Io combatto o non combatto, ma sempre apertamente… Ho meditato quelle parole. Le ho confrontate a quelle che sono nel mio ricordo… E ti ho atteso, qui, per interrogarti su esse… E prima ho voluto sentirti parlare… Essi non hanno capito. Io spero di poter capire. Ho scritto le tue parole mentre le dicevi. Per meditarle. E non per nuocerti. Mi credi?».

«Ti credo. E voglia l’Altissimo farle fiammeggiare al tuo spirito».

«Così sia. Odi. Le pietre che devono fremere sono forse quelle dei nostri cuori?».

«No, rabbi. Queste (e indica le muraglie del Tempio con atto circolare). Perché lo chiedi?».

«Perché il mio cuore ha fremuto quando mi furono riportate le tue parole del convito e le tue risposte ai tentatori. Credevo che quel fremito fosse il segno…».

«No, rabbi. È troppo poco il fremito del tuo cuore e quello di pochi altri per essere il segno che non lascia dubbi… Anche se tu, con raro giudizio di umile conoscimento di te, definisci il tuo cuore: pietra. Oh! Rabbi Gamaliele, proprio non puoi far del tuo impietrito cuore un luminoso altare accogliente Iddio? Non per mio utile, rabbi. Ma perché la tua giustizia sia completa…».

E Gesù guarda dolcemente l’anziano maestro, che si tormenta la barba e insinua le dita sotto il copricapo stringendosi la fronte e mormorando, e curva il capo per dirlo: «Non posso… Non posso ancora… Ma spero… Quel segno lo darai sempre?».

«Lo darò».

«Addio, rabbi Gesù».

«Il Signore venga a te, rabbi Gamaliele».

Si separano. Gesù fa un cenno ai suoi e con essi si avvia fuori del Tempio.

487.11

Scribi, farisei, sacerdoti, discepoli di rabbi si precipitano come tanti avvoltoi intorno a Gamaliele, che sta mettendosi nell’alta cintura i fogli che ha scritto. «Ebbene? Che te ne pare? Un pazzo? Hai fatto bene a scrivere quei deliri. Ci serviranno. Hai deciso? Sei persuaso? Ieri… oggi… Più che non occorra per persuaderti». Parlano tumultuariamente e Gamaliele tace mentre si assetta la cintura, chiude il calamaio che vi ha appeso, rende al suo discepolo la tavoletta su cui si è appoggiato per scrivere sulle pergamene.

«Non rispondi? Da ieri non parli…», incalza un suo collega.

«Ascolto. Non voi. Lui. E cerco di riconoscere nelle parole di ora la parola che mi ha parlato un giorno. Qui».

«E la trovi forse?», ridono in molti.

«Così come un tuono, che ha diversa voce a seconda se è più vicino o più lontano. Ma è sempre rumore di tuono».

«Suono inconcludente, allora», beffeggia uno.

«Non ridere, Levi. Nel tuono può essere anche la voce di Dio, e noi essere tanto stolti da crederla rumor di nubi lacerate… Non ridere neppur tu, Elchia, e tu Simone, che il tuono non si abbia a cangiare in fulmine e incenerirvi…».

«Allora… tu… quasi dici che il Galileo è quel fanciullo che con Illele credeste profeta, e che quel fanciullo e quell’uomo sono il Messia…», chiedono motteggiatori, per quanto in sordina, perché Gamaliele si fa rispettare.

«Non dico nulla. Dico che il rumore del tuono è sempre rumore di tuono».

«Più vicino o più lontano?».

«Ahimè! Le parole sono più forti, come l’età lo importa. Ma i venti anni passati hanno fatto venti volte più chiuso il mio intelletto sul tesoro che possiede. E il suono penetra più debolmente…». E Gamaliele lascia cadere la testa sul petto, meditabondo.

«Ah! Ah! Ah! Invecchi e ti fai stolto, Gamaliele! Prendi per realtà i fantasmi. Ah! Ah! Ah!», ridono tutti.

Gamaliele ha una sdegnosa alzata di spalle. Poi raccoglie il suo manto, che gli pendeva dalle spalle, vi si avvolge a più giri tanto è ampio, e volta le spalle a tutti senza ribattere parola, sprezzante nel suo silenzio.


Notes

  1. pour lui dire, comme dans Ps 2, 7.
  2. s’il dit, dans le Ps 97, 7 (Vulgate : vous tous, ses anges ; Néo-Vulgate : “ Prosternez-vous devant lui, tous les dieux) ; s’entendre dire, comme dans le Ps 110, 1.
  3. N’est-il pas dit, dans le Ps 110, 4 ; roi de justice et de paix se rapporte à Melchisédec, comme le note Maria Valtorta sur une copie dactylographiée, où elle ajoute le renvoi à Gn 14, 18-20.

Note

  1. Ridono fra loro. Sul manoscritto originale, tutte le battute del dialogo che precede sono scritte in continuazione e senza le virgolette, ma separate dal segno =. E a questo punto MV annota: (Per non sciupare troppa carta, ho diviso col segno: = le diverse frasi fra Gentili (nota mia). Tenerne nota nel copiare). Analoghe annotazioni in 3.3 e 133.5.
  2. per dirgli, come nel Salmo 2, 7.
  3. è detto nel Salmo 110, 4; re di giustizia e di pace è Melchisedec, come annota MV su una copia dattiloscritta, dove aggiunge il rinvio a Genesi 14, 18-20.