The Writings of Maria Valtorta

511. Chez Jean de Nobé, nouvel éloge de la Corédemptrice.

511. In the home of John of Nob. More praise

511.1

Jésus est à Nobé. Ce doit être récent, car il est en train de s’organiser et de séparer les apôtres en trois groupes de quatre personnes pour les répartir dans les maisons. Il garde avec lui Pierre, Jean, Judas et Simon le Zélote, tandis que Jacques, fils de Zébédée, est à la tête du groupe composé de Matthieu, Jude et Philippe, et qu’au troisième est préposé Barthélemy, avec Jacques, fils d’Alphée, André et Thomas.

« Après le dîner, allez là où on vous a offert l’hospitalité ; vous reviendrez ici demain matin, et je vous dirai ce que vous devrez faire. Aux heures des repas, nous resterons ensemble. Rappelez-vous ce que je vous ai dit maintes fois : vous devez faire connaître ma Doctrine par votre manière de vivre, entre vous, et à l’égard de ceux qui vous accueillent. Soyez donc sobres, patients, honnêtes dans vos conversations, dans vos actes et vos regards, de manière que la justice rayonne de vous comme un parfum. Vous voyez comme les yeux du monde sont toujours sur nous, pour nous calomnier ou nous étudier, ou encore pour nous vénérer. Ces derniers ont beau former le petit nombre, c’est d’eux que nous devons prendre le plus grand soin, car c’est sur leur foi que se braque l’étude du monde pour l’effriter ; or tout lui est utile comme arme pour détruire l’amour des bons envers moi, et envers vous par conséquent. N’aidez donc pas le monde par une manière de vivre qui ne serait pas sainte, et n’augmentez pas la peine de ceux qui doivent défendre leur foi contre les pièges de mes adversaires en étant pour eux un objet de scandale. Le scandale rend les âmes perplexes, il les éloigne, les affaiblit. Malheur à l’apôtre qui scandalise les âmes. Il pèche contre son Maître et contre son prochain, contre Dieu et le troupeau de Dieu. Je me fie à vous. Ne faites pas en sorte qu’à ma douleur, qui est si grande, il s’en ajoute une autre, causée par vous.

– Ne crains rien, Maître. Aucun de nous ne te fera souffrir, à moins que Satan ne nous dévoie tous » dit Barthélemy.

511.2

Anastasica, qui est dans la cuisine avec Elise, entre pour dire :

« Le dîner est prêt, Maître. Descends pendant qu’il est chaud. Tu te restaureras.

– Allons-y. »

Jésus se lève pour suivre la femme qui prend le petit escalier qui, de la chambre du haut où l’on a déjà préparé des lits, descend dans le petit jardin et de là, arrive dans la cuisine égayée par un feu pétillant.

Le vieux Jean se tient auprès du feu. Elise s’affaire autour des plats et se retourne avec un sourire maternel pour regarder Jésus entrer. Elle s’empresse de verser sur un grand plateau les grains d’orge cuit dans le lait, comme je l’ai déjà vu faire[1] par Marie, femme d’Alphée, à Nazareth avant le départ de Jean et de Syntica.

« Voilà. Je me suis rappelée que Marie, femme de Cléophas, m’a dit que tu aimes cela, et j’avais gardé le plus beau miel pour le faire, et pour Marziam aussi… Je regrette que l’enfant ne soit pas venu…

– Nikê l’a retenu avec Isaac, puisqu’ils partent demain à l’aurore et qu’elle profite du char jusqu’à Jéricho pour accomplir la mission que tu sais…

– Quelle mission, Maître ? demande Judas, soudain intéressé.

– Une mission très féminine : élever un enfant. Seulement, c’est un enfant qui n’a pas besoin de lait, mais de foi, car son esprit est infantile. Mais la femme est toujours mère et elle sait faire ces choses-là. Et quand elle a compris !… Elle vaut bien l’homme, avec en plus la force de la douceur maternelle.

– Comme tu es bon pour nous, Maître ! dit Elise avec un regard caressant.

– Je suis sincère, Elise.

511.3

Nous autres, en Israël — et pas nous seulement —, nous sommes habitués à voir dans la femme un être inférieur et à penser qu’elle l’est. Non. Si elle est soumise à l’homme, comme il est juste, si elle est davantage atteinte par le châtiment à cause du péché d’Eve, si sa mission est destinée à s’exercer dans les voiles et la pénombre, sans actes et sans cris éclatants, si tout en elle se trouve comme étouffé par un voile, elle n’en est pas moins forte ni moins capable que les hommes. Sans rappeler les grandes femmes d’Israël, je vous dis qu’il y a beaucoup de force dans le cœur de la femme : dans le cœur, comme pour nous, les hommes, dans l’intelligence. Et je vous assure que la place de la femme, par rapport aux coutumes comme par rapport à bien d’autres conditons, va changer. Et ce sera juste parce que, comme moi pour tous les hommes, une Femme obtiendra pour les femmes, d’une manière spéciale, grâce et rédemption[2].

– Une femme ? Et comment veux-tu qu’une femme rachète ? dit Judas en riant.

– En vérité, je te dis qu’elle est déjà en train de racheter. Sais-tu ce que c’est que racheter ?

– Bien sûr que je le sais ! C’est soustraire quelqu’un au péché.

– Oui, mais soustraire au péché pourrait ne pas servir à grand chose, car l’Adversaire est éternel et il reviendrait tendre des pièges. Mais du Jardin terrestre une voix est venue, la voix de Dieu, pour déclarer : “ Je mettrai une inimitié entre toi et la Femme… Elle t’écrasera la tête et toi, tu l’atteindras au talon. ” Rien de plus que des embûches, car la Femme possédera, possède en elle-même, ce qui vainc l’Adversaire. Elle rachète donc à partir du moment où elle existe. Elle est la Rédemption en acte, bien que cachée. Mais bientôt, elle sortira à la face du monde, et les femmes se fortifieront en elle.

– Que tu rachètes… c’est bien. Mais qu’une femme le puisse… je ne l’accepte pas, Maître.

– Tu ne te rappelles pas Tobie ? Son cantique[3] ?

– Si. Mais c’est de Jérusalem qu’il parle.

– Est-ce que par hasard Jérusalem possède un Tabernacle où Dieu réside ? Dieu peut-il être présent par sa gloire aux péchés qui se commettent dans les murs du Temple ? Un autre Tabernacle était nécessaire, et qui soit saint, et qui soit une étoile pour ramener au Très-Haut ceux qui sont perdus. C’est ce qu’on a dans la Corédemptrice qui, dans les siècles des siècles, aura la joie d’être la Mère des sauvés. “ Tu brilleras d’un éclat splendide. Tous les peuples de la terre se prosterneront devant toi. Les nations viendront de loin pour te porter des présents et elles adoreront en toi le Seigneur… Elles invoqueront ton grand nom… Ceux qui ne t’écouteront pas seront comptés au nombre des maudits, et bénis seront ceux qui se presseront contre toi… Tu te réjouiras dans tes enfants, car ils seront les bénis, réunis auprès du Seigneur. ” Voilà le vrai cantique de la Corédemptrice. Et déjà dans le Ciel les anges qui voient le chantent… C’est en elle que commence la Jérusalem nouvelle et céleste. Oh ! Oui, voilà la vérité. Et le monde l’ignore tout comme les rabbins d’Israël plongés dans les ténèbres… »

Jésus se plonge dans ses pensées…

511.4

« Mais de qui parle-t-il ? » demande Judas à Philippe, qui se tient à côté.

Avant même que ce dernier ait pu répondre, Elise, qui est en train de mettre sur la table du fromage et des olives noires, lui répond assez rudement :

« C’est de sa Mère qu’il parle. Tu ne comprends pas ?

– Mais je n’ai jamais entendu dire que les prophètes voient en elle une martyre… Ils mentionnent uniquement le Rédempteur, et…

– Tu crois qu’il n’existe que la torture de la chair ? Tu ne sais pas que, pour une mère, ce n’est rien en comparaison de celle de voir mourir un enfant ? Ton intelligence — je ne parle pas de ton cœur, je ne connais pas ses battements — ton intelligence, dont tu te vantes, ne t’apprend-elle pas qu’une mère se soumettrait mille fois à la torture et à la mort, plutôt que d’entendre un gémissement de son fils ? Homme, tu es homme, et tu connais le savoir. Moi, je ne sais qu’être femme et mère, mais je t’assure que tu es plus ignorant que moi, car tu ne connais même pas le cœur de ta mère…

– Oh ! tu m’offenses !

– Non. Je suis vieille, et je te conseille. Rends ton cœur clairvoyant, ainsi tu éviteras les pleurs et le châtiment. Fais-le, si tu peux. »

Les apôtres, en particulier Jude, Jacques, fils de Zébédée, Barthélemy et Simon le Zélote, se regardent par en dessous et baissent la tête pour dissimuler le sourire qui pointe sur leurs lèvres, devant la franchise de l’observation d’Elise à l’apôtre qui se croit parfait. Jésus, toujours pensif, n’entend rien.

Elise se tourne vers Anastasica et lui dit :

« Viens : pendant qu’ils achèvent leur repas, allons préparer deux autres lits, car trois, c’est peu. »

Elle s’apprête à sortir.

« Elise, vous n’allez pas nous donner le vôtre ! s’écrie Pierre. Cela ne va pas ! Jean et moi, nous pouvons dormir sur des tables. Nous y sommes habitués.

– Non, Simon. Il y a des treillis et des nattes, mais c’est rangé. Nous allons les monter sur des chevalets. »

Les femmes sortent. Fatigués, les apôtres somnolent presque dans la tiédeur de la cuisine. Jésus réfléchit, le coude appuyé sur la table et la tête soutenue par sa main.

511.5

On frappe. Thomas, qui en est le plus près, se lève pour ouvrir et s’écrie :

« Toi, Joseph ?! Et avec Nicodème ?! Entrez ! Entrez !

– Paix à toi, Maître, et à ceux qui sont dans cette maison. Nous allons à Rama, Maître ; c’est Nicodème qui m’y a invité. En passant, nous nous sommes dit : “ Arrêtons-nous pour saluer le Maître. ” Nous voulions savoir si… si tu avais été encore importuné, puisqu’ils sont allés te chercher chez Joseph. Déjà, ils t’ont cherché partout depuis que tu as guéri cet aveugle. Ils n’ont pas franchi les murs, c’est vrai. Ils n’ont pas déplacé un siège pour ne pas profaner le sabbat ; pour cette raison, ils se croient purs, mais pour te trouver, pour suivre Bartolmaï, ils ont fait bien plus que le chemin permis !

– Et comment l’ont-ils appris, puisque le Maître n’a rien fait en chemin ? demande Matthieu.

– Voilà : nous ne savions pas même qu’il était guéri. Nous sommes allés prier à la synagogue, puis saluer Nikê, ainsi qu’Isaac et Marziam qui étaient chez elle. Enfin, après le coucher du soleil, nous sommes vite venus ici, dit Pierre.

– Vous ne saviez pas, mais les envoyés des pharisiens l’ont su. Vous n’avez pas vu, mais moi, j’ai vu. Deux d’entre eux étaient présents quand le Maître a touché les yeux de l’aveugle. Ils attendaient depuis des heures.

– Comment donc ? demande Judas d’un air innocent.

– C’est à moi que tu poses cette question ?

– C’est une chose étrange, c’est pour cela que je le demande.

– Le plus étrange, c’est que, depuis quelque temps, il y a toujours des espions là où se trouve le Maître.

– Les vautours se rendent là où est la proie, et les loups près du troupeau.

– Et les voleurs, là où un complice a signalé une caravane. Tu as raison.

– Que veux-tu insinuer ?

– Rien. Je complète ton proverbe en l’appliquant aux hommes. Jésus est un homme, et ce sont des hommes qui lui tendent des pièges.

511.6

– Raconte, Joseph, raconte… insistent plusieurs.

– Si le Maître le veut, je suis venu pour en faire le récit.

– Parle » dit Jésus.

Et Joseph expose minutieusement tout ce qu’il a noté, toutefois sans préciser que c’est Judas qui a indiqué à l’aveugle le domicile de Jésus. Les commentaires sont nombreux, haineux, affligés, selon les cœurs, et Judas est (en apparence) le plus affligé et le plus fâché, contre tout le monde, et spécialement contre l’aveugle imprudent qui est venu se placer sur la route de Jésus un jour de sabbat, en se fiant à la bonté notoire du Maître…

« Oh ! c’est toi qui le lui as indiqué ! J’étais à côté de toi, et j’ai entendu, s’étonne Philippe.

– Indiquer ne veut pas dire ordonner de faire.

– Je crois bien aussi que tu ne te serais pas permis de commander au Maître d’agir… intervient Jude.

– Moi ? Mais bien au contraire ! Je l’ai seulement indiqué pour demander au Maître une explication.

– Oui. Mais indiquer, c’est parfois aussi engager à agir, et cela, tu l’as fait, réplique Jude.

– C’est toi qui le dis, mais ce n’est pas vrai, affirme effrontément Judas.

– Ce n’est pas vrai ? demande Joseph d’Arimathie. En es-tu bien sûr ? Sûr comme de vivre, de n’avoir jamais parlé de Jésus à l’aveugle, de ne pas lui avoir suggéré de s’adresser à Jésus, et encore moins de l’avoir poussé à le faire immédiatement, avant que Jésus ne quitte la ville ?

– Mais certainement ! Et qui a jamais parlé avec cet homme ? Pas moi, en tout cas ! Je suis constamment avec le Maître, jour et nuit, et quand ce n’est pas avec lui, c’est avec mes compagnons…

– Je croyais que tu l’avais fait hier, quand tu es parti avec les femmes, intervient Barthélemy.

– Hier ! J’ai mis moins de temps à aller et revenir qu’une hirondelle en vol. Comment aurais-je pu chercher l’aveugle, le trouver et lui parler en aussi peu de temps ?

– Tu pouvais l’avoir rencontré…

– Jamais vu !

– Alors cet homme est un menteur, puisqu’il a affirmé que c’est toi qui l’avais incité à venir et où, et comment faire, et que tu lui avais assuré que Jésus allait t’écouter et… » reprend Joseph d’Arimathie.

Judas l’interrompt violemment :

« Assez ! Assez ! Il mérite de redevenir aveugle à cause de tous les mensonges qu’il profère ! Moi, je peux le jurer sur le Saint, je ne le connais que de vue, et je ne lui ai jamais parlé.

– En voilà vraiment assez ! Ton âme est en règle, Judas de Kérioth qui ne crains pas Dieu puisque tu sais que tes actions sont saintes. Heureux es-tu de n’avoir rien à craindre ! lui lance Joseph en le regardant d’un œil sévère, un œil qui le transperce comme une vrille.

– Je ne crains rien, non, car je suis sans péché.

– Nous péchons tous, Judas. Et c’est encore peu si nous savons nous repentir après les premiers péchés et ne pas accroître leur nombre et leur perversité ! » intervient Nicodème, qui jusque là avait gardé le silence.

511.7

Puis il se tourne vers le Maître et poursuit :

« L’ennui, c’est que Joseph de Séphoris a été menacé d’expulsion de la synagogue, s’il t’accueille encore, et Bartolmaï en a été chassé. Il s’y était rendu avec son père et sa mère, mais des pharisiens les attendaient à leur synagogue, lui en ont refusé l’entrée et ont crié sur lui l’anathème.

– Mais c’en est trop ! Jusqu’à quand, Seigneur… s’écrient plusieurs.

– Paix ! Paix ! Ce n’est rien. Bartolmaï est sur le chemin du Royaume. Qu’a-t-il donc perdu ? Il est dans la Lumière. N’est-il donc pas fils de Dieu plus qu’auparavant ? Ne confondez pas les valeurs ! Paix ! Paix ! Nous n’irons plus chez Joseph… Je regrette qu’Isaac doive y conduire ma Mère et Marie, femme d’Alphée… Mais cela n’aurait été que pour quelques heures, car quelqu’un y a déjà pourvu. »

Il s’adresse à Jean de Nobé :

« Père, as-tu peur du Sanhédrin ? Tu vois ce qu’il en coûte d’héberger le Fils de l’homme… Tu es âgé. Tu es un fidèle israélite. Tu pourrais être chassé de la synagogue pour tes derniers sabbats. Serais-tu capable de le supporter ? Réponds sincèrement. Et si tu le redoutes, je m’en irai. Il y aura bien encore dans les monts d’Israël une grotte pour le Fils de Dieu…

– Moi, Seigneur ? Mais que veux-tu que je craigne, sinon Dieu ? Je ne crains pas la bouche du tombeau. Je la regarde, au contraire, comme une amie ; et tu voudrais que j’aie peur de la bouche des hommes ? Je craindrais seulement le jugement de Dieu si, par crainte des hommes, je chassais de chez moi Jésus, le Christ de Dieu !

– C’est bien. Tu es un juste… Je resterai ici… quand je ne serai pas dans les villes voisines, comme je compte le faire encore une fois.

– Viens à Rama, chez moi, Seigneur, propose Nicodème.

– Et si cela te fait du tort ?

– Est-ce que les pharisiens ne t’invitent pas dans une mauvaise intention ? Ne pourrais-je le faire pour étudier ton cœur ?

– Oui, Maître. Allons à Rama. Mon père en sera si heureux, s’il est à la maison ! Et sinon, comme cela arrive souvent, il trouvera ta bénédiction à son retour, supplie Thomas.

– Nous irons à Rama, comme première destination. Demain…

511.8

– Maître nous te quittons. Nous avons dehors nos montures et nous arriverons à Rama avant la fin de la seconde veille. La lune blanchit les chemins comme un pâle soleil. Adieu, Maître, que la paix soit avec toi, dit Nicodème.

– Paix à toi, Maître… et, écoute un bon conseil de Joseph l’Ancien. Sois un peu rusé. Regarde autour de toi. Ouvre les yeux et serre les lèvres. Agis, sans jamais annoncer d’avance ce que tu comptes faire… Ne viens pas à Jérusalem pendant quelque temps, et si tu y viens, ne t’arrête au Temple que le temps nécessaire pour prier. Tu me comprend ? Adieu, Maître. Paix à toi. »

Joseph a marqué très nettement les paroles que je souligne et, en les disant, il fixait intensément Jésus. Son seul regard était un avertissement.

Ils sortent dans le petit jardin sous les rayons blancs de la lune, détachent leurs robustes montures attachées au tronc du noyer, montent en selle et s’éloignent sur la route déserte et blanche…

Jésus rentre dans la cuisine avec ses apôtres.

« Mais qu’aura-t-il voulu dire, au fond ?

– Et comment ont-ils fait pour savoir ?

– Que vont-ils faire à Joseph de Séphoris ?

– Rien. Ce ne sont que des mots, rien de plus. N’y pensez plus. Des histoires passées et sans conséquences. Allons. Disons la prière et séparons-nous pour la nuit. “ Notre Père… ” »

Il les bénit, les regarde partir, puis monte avec les quatre apôtres qu’il a retenus dans la pièce où se trouvent les lits.

511.1

Jesus is at Nob and He must have been there only for a short time as He is organizing Himself, dividing the twelve apostles into three groups of four persons each, to distribute them in houses. He keeps Peter, John, Judas Iscariot and Simon Zealot with Himself, while James of Zebedee is the head of the group consisting of Matthew, Judas of Alphaeus and Philip, and Bartholomew is put at the head of the third group with James of Alphaeus, Andrew and Thomas subjected to him.

«After supper you will go where you have been offered hospital­ity, and you will come back here in the morning, and I will tell you what you have to do. We shall be all together at meal times. Remember what I have told you many times: that you must preach My Doctrine also through your way of living, your way of living together with one another and with those who receive you in their houses. So be sober, patient, honest in speaking, acting, in looking, so that justice may issue from you like a perfume. You know how the eyes of the world are always watching us, to slander us or to study us, and also out of veneration. But those respecting us are the least of the many eyes watching us. And yet we must take the greatest care of those few, because the study of the world is pointed at their faith to pound it, and everything serves as a weapon to destroy the love of good people for Me and consequently for you. So do not lend a hand to the world with an unholy way of living and do not increase the burden of those who have to defend their faith from the snares of My opponents by scandalising them. Scandal perplexes souls, turns them away, weakens them. Woe to the apostle who scandalises souls. He sins against his Master and against his neighbour, against God and the flock of God. I trust you. Ensure that My grief, which is so deep, is not increased by more grief originating from you.»

«Be not afraid, Master. No sorrow will be caused to You by us, unless Satan leads us all astray» says Bartholomew.

511.2

Anastasica, who is in the kitchen with Eliza, comes in and says: «Supper is ready, Master. Come down while the food is still warm. You will refresh Yourself.»

«Let us go.» And Jesus stands up following the woman down the little staircase which from the upper room, where some beds have already been prepared, descends to the little kitchen garden. He then enters the kitchen, which is made pleasant by a lively fire.

Old John is near the fireside with Eliza who is busy with the food and turns around to look with a maternal smile at Jesus com­ing in. She then hastens to pour into a large tureen the wheat or barley cooked in milk, which I already saw[1] Mary of Alphaeus serve at Nazareth before the departure of John and Syntyche.

«Well. I have always remembered that Mary Clopas told me that You like it. And I had kept the best honey to make it also for Marjiam… I am sorry that the boy has not come…»

«Nike kept him with Isaac, as they are leaving tomorrow at dawn, and she is taking advantage of the wagon as far as Jericho to fulfil the mission of which you are aware…»

«Which mission, Master?» asks the Iscariot with interest.

«A very womanly mission. To bring up an infant. But the infant does not need milk, but faith, because he is an infant in spirit. But a woman is always a mother, and she knows how to do such things. And once she has understood!… She is as good as a man, with the power of her maternal kindness over and above.»

«How kind You are to us, Master!» says Eliza looking at Jesus so lovingly as if she were caressing Him.

«I am truthful, Eliza.

511.3

We people of Israel, and we are not the on­ly ones, are accustomed to look at and consider woman an inferior being. No. If she is subjected to man, which is just, if she has been struck more severely by punishment for Eve’s sin, if her mission is destined to be carried out among veils and in dim light, without showy deeds or words, if everything takes place in her as if it were choked by a curtain, she is not less strong or less capable than men. Even without remembering the great women of Israel, I tell you that there is great strength in the heart of a woman. In her heart. As in the intelligence of us men. And I tell you that the situation of women is about to change with regard to customs as well as with regard to many other things. And it will be just because a Woman will obtain grace and redemption particularly for women as I will do for all men.»

«A woman? And how can You expect a woman to redeem?» remarks Judas of Kerioth with a mocking laugh.

«I solemnly tell you that She is already redeeming. Do you know what to redeem means?»

«Of course I do. It is to remove from Sin.»

«Yes, but to remove from Sin would not help much, because the Opponent is eternal and he would begin to lay snares all over again. But a voice came from the Earthly Paradise, the Voice of God, saying: “I will create enmity between you and the Woman… She will crush your head and you will lay snares for Her heel”. Nothing but snares, because the Woman will have, She has in Herself, what defeats the Enemy. So She has been redeeming since She existed. An active, although concealed redemption. But She will soon come out in the presence of the world, and women will be fortified in Her.»

«That You redeem… all right. But a woman who can… I cannot accept it, Master.»

«Do you not remember Tobit? His hymn[2]

«Yes. But it deals with Jerusalem.»

«Has Jerusalem any longer a Tabernacle in which God is? Can God from His glory be present at the sins consumed within the walls of the Temple? Another Tabernacle was necessary, a holy one, to be a star leading errant people back to the Most High. And that is accomplished in the Co-Redeemer Who throughout ages will rejoice at being the Mother of the redeemed. “You shall shine with a bright light. All the peoples of the Earth will prostrate them­selves before You. The nations will come to You from afar bring­ing gifts and will worship the Lord in You… They will invoke Your great name… Those who will not listen to You will be among those cursed, and blessed will be those who gather around You… You will be happy in Your children because they will be the blessed ones gathered near the Lord”. The true hymn of the Co-Redeemer. And the angels who see are already singing in Heaven… The new heavenly Jerusalem begins in Her. Oh! Yes, that is the truth. And the world is unaware of Her. And the dull-minded rabbis of Israel do not know Her…» Jesus is engrossed in His thoughts…

511.4

«But who is He speaking of?» the Iscariot asks Philip who is beside him.

Before the latter replies, Eliza, who is putting some cheese and black olives on the table, says rather harshly: «He is speaking of His Mother. Don’t you understand that?»

«I never knew that She is mentioned by the prophets as a mar­tyr… Only the Redeemer is mentioned, and…»

«And do you think that there is only the torture of the flesh? And don’t you know that that is nothing, for a mother, in comparison with the torture of seeing her son die? Your mind – I am not speaking of your heart, for I don’t know what it throbs with – does our mind, of which you are so proud, not tell you that a mother would suffer torture and death ten times, rather than hear her son moan? Man, you are a man and you are learned. I am only a woman and a mother. But I tell you that you are more ignorant than I am, because you do not even know the heart of your mother…»

«Oh! You are offending me!»

«No. I am old and I am giving you advice. Let your heart be wise and you will avoid tears and punishment. Do that, if you can.»

The apostles, in particular Judas of Alphaeus, James of Zebedee, Bartholomew and the Zealot, cast sidelong glances at one another stealthily, and lower their heads to conceal the derisive smiles ap­pearing on their lips, because of the frank words of Eliza to the apostle who thinks he is perfect. Jesus, still engrossed, does not hear anything.

Eliza addresses Anastasica saying: «Come, while they finish their meal let us go and prepare two more beds, because three are not enough» and she is on the point of going out.

«Eliza, you are certainly not giving us your beds!» exclaims Peter.

«That’s not right. John and I can sleep on boards. We’re used to that.»

«No, Simon. There are hurdles and mats. They have been laid aside. We will now place them on trestles.» And she goes out with the other woman.

The apostles, tired as they are, are almost dozing in the warmth of the kitchen. Jesus is pensive, His elbow resting on the table, His head on His hand.

511.5

There is a knock at the door. Thomas, being nearest to it, gets up to open and he exclaims: «You, Joseph?! And with Nicodemus?! Come in! Come in!»

«Peace to You, Master, and to everybody in this house. We are going to Ramah, Master; Nicodemus invited me there. As we were passing here, we said: “Let us stop to greet the Master”. We were anxious to hear whether… You had been bothered again, as they went looking for You at Joseph’s. Actually, they have been look­ing for You everywhere, after You cured that blind man. They did not walk out of the walls, that is true. They did not move a chair, to avoid infringing the Sabbath, and thus they think they are pure. But to look for You, to follow Bartholmai, oh! they went well beyond the limit!»

«How did they know if the Master did not do anything in the street?» asks Matthew.

«True, we did not know either whether he had been cured. We went to the synagogue and then to say goodbye to Nike, Isaac and Marjiam, who were staying with her. Then, after sunset, we came straight here» says Peter.

«You did not know. But the messengers of the Pharisees did.

You did not see. But I did. Two of them were present when the Master touched the eyes of the blind fellow. They had been waiting for hours.»

«Why?» asks Judas of Kerioth with an innocent look.

«Are you asking me?»

«It’s strange, that’s why I am asking.»

«It’s even more strange that for some time there are always spies wherever the Master is.»

«Vultures go where there is a prey and wolves approach herds.»

«And thieves where their accomplices say there is a caravan. You are right.»

«What are you insinuating?»

«Nothing. I was completing your proverb applying it to men. Because Jesus is a man; and men are those who lay snares for Him.»

511.6

«Tell us, Joseph, tell us…» many of them say.

«If the Master wishes, I came to tell you.»

«Speak up» says Jesus.

And Joseph tells in detail what he had noticed, omitting, however, one in particular, that it was Judas who informed the blind man of where Jesus was staying.

Comments are manifold, resentful, sorrowful, according to hearts, and Judas of Kerioth is the most (apparently) afflicted and upset, he is against everybody and in particular against the impru­dent blind man, who had come and placed himself in Jesus’ way on a Sabbath, confiding in the well known kindness of the Master…

«Or was it you who pointed out the man to Him! I was near you and I heard» says Philip full of amazement.

«To point out does not mean to give an order to do something.»

«Oh! I am sure, as I am also sure that you would not have taken the liberty of ordering the Master to work…» says Thaddeus.

«Me? Far from it. I pointed him out only to ask for a clarifica­tion.»

«Yes. But the action of pointing out is at times an invitation to act. And that is what you did» replies Thaddeus.

«You say so, but it is not true» asserts Judas impudently.

«Is it not true? Are you really sure? As sure as you are alive, that you never spoke to the blind man about Jesus, that you did not in­fluence him to apply to Jesus, and, what is more, that you did not encourage him to do so at once, before Jesus left the town?» asks Joseph of Arimathea.

«Of course I am sure. Who ever spoke to that man? I certainly did not. I am always with the Master, day and night, and when I am not with Him, I am with my companions…»

«I thought you had done that yesterday, when you went away with the women» says Bartholomew.

«Yesterday! I went and came back faster than a swallow. How could I look for the blind fellow, find him and speak to him in such a short time?»

«You might have met him…»

«I never saw him!»

«Then that man is a liar because he stated that you told him to come, and where and what to do; and you had assured him that Jesus would listen to you and…» says Joseph of Arimathea.

Judas interrupts him violently: «That’s enough! He deserves to be blinded again for all the lies he tells! I, I can swear it on the Sanctuary, I only know him by sight, and I have never spoken to him.»

«Yes, it’s really enough. Your soul is in order, Judas of Kerioth, who do not fear God because you know that your actions are holy. You… happy fellow who are afraid of nothing» Joseph says to him, looking at him severely, with piercing eyes.

«No, I am not afraid, because I am without sin.»

«We all sin, Judas. And it is not so bad if we do repent after our first sins, and we do not increase them in number and wickedness!» says Nicodemus who had never spoken so far.

511.7

He then addresses the Master saying: «It is sad that Joseph of Sephoris has been threatened with being banished from the synagogue, if he gives You hospitality again and Bartholmai has already been ejected from it. He had gone there with his father and mother; but the Pharisees were waiting for him at his synagogue, they refused to let him go in and they cried anathema on him.»

«That is too much! For how long, O Lord…» shout many.

«Peace! Peace! It is nothing. Bartholmai is already on the way to the Kingdom. So what has he lost? He is in the Light. So is he not a child of God more than he was previously? Oh! Do not confuse values! Peace! Peace! We will no longer go to Joseph’s either… I am sorry that Isaac knows that he has to take My Mother and Mary of Alphaeus there… But it would have been for a few hours only, because there is one who has already done what is necessary.»

He turns to John of Nob and says: «Father, are you afraid of the Sanhedrin? You can see how much it costs to give hospitality to the Son of man… You are old. You are a faithful Israelite. You may be driven out of the synagogue on your last Sabbaths. Could you put up with that? Speak frankly, and if you are afraid, I will go away. There must be still a den in the mountains in Israel for the Son of God…»

«I, Lord? But of whom shall I be afraid but of God? I do not fear the mouth of the sepulchre, on the contrary I look at it as a friendly thing. And shall I be afraid of the mouths of men? I would be afraid only of the judgement of God, if for fear of men, I should drive away from me Jesus, the Christ of God!»

«All right. You are a just man… I will stay here… when I am not in the nearby villages, as I intend to do once again.»

«Come to Ramah, to my house, Lord» says Nicodemus. «And if that should harm you?»

«Do the Pharisees not invite you with evil intentions? Could I not do it to study Your heart?»

«Yes, Master. Let us go to Ramah. My father will be so happy, if he is at home. And if he is not there, as often is the case, he will find Your blessing when he comes back» says Thomas imploringly. «We will go to Ramah, as the first place. Tomorrow…»

511.8

«Master, we are going. Our mounts are outside and we shall be at Ramah before the end of the second vigil. The roads are white in the moonlight as if a pale sun were shining on them. Goodbye, Master. Peace be with You» says Nicodemus.

«Peace to You, Master… and, listen to a good piece of advice from Joseph the Elder. Be somewhat shrewd. Look around Yourself. Open Your eyes and keep Your lips closed. Act, but never say beforehand what You are going to do… And do not come to Jerusalem for some time, and if You come, do not stop at the Temple except for the time necessary to pray. Do You understand me? Goodbye, Master. Peace to You.» say Nicodemus.

«Peace to You, master… and, listen to a good piece of advice from Joseph the Elder. Be somewhat shrewd. Look around Yourself. Open your eyes and keep Your lips closed. Act, but never say beforehand what You are going to do… And do not come to Jerusalem for some time, and if You come, do not come to Jerusalem for some time, and if You come, do not stop at the Temple except for the time necessary to pray. Do You understand me? Goodbye, Master. Peace to You.» Joseph has put much stress on the words that I have underlined, and while saying them he was gazing intensely at Jesus. His very eyes were a warning.

They go out into the little kitchen garden, white in the moonlight. They untie two strong donkeys, which were tied to the trunk of a walnut tree, they mount and depart along the solitary white road…

Jesus goes back into the kitchen with His apostles.

«But what did he mean, after all?»

«And how did the Pharisees find out?»

«What will they do to Joseph of Sephoris?»

«Nothing. Just words. Nothing but words. Forget about it. It is all over and without any consequence. Let us go. Let us say our prayer and part for the night. “Our Father…”.»

He blesses them, He looks at them go away, then with the four whom He has kept, He goes up to the room where the beds are.


Notes

  1. comme je l’ai déjà vu faire, en 314.2.
  2. obtiendra… grâce et rédemption, non par mérite personnel et exclusif, mais parce que, comme on le lira plus bas, “ elle possède en elle-même ce qui vainc l’Adversaire ”, c’est-à-dire Jésus Rédempteur, comme un Tabernacle dans lequel Dieu se trouve. Le tabernacle rend bien l’image de la Mère qui contient le Fils (“ qui entre en elle trouve le Seigneur ”, sera-t-il dit en 525.7) dont elle devient — cette fois par mérite personnel et exclusif — associée, et tout particulièrement dans la douleur, comme le montrent bien les notes du texte de 242.6 et de 612.7 ; c’est mis en évidence en 23.9, 346.4, 436.4/6, 455.4, 568.4/5 avec sa note, 587.7/8, 603.2, 610.16, 642.9, 649.4.7). C’est ainsi qu’elle peut être appelée Corédemptrice et Mère des rachetés.
  3. cantique, qui se trouve en Tb 13. La partie citée commence au verset 13.

Notes

  1. I already saw, in 314.2.
  2. hymn, which is in: Tobit 13, the part quoted begins with verse 13.