The Writings of Maria Valtorta

54. La rencontre de Judas Iscariote et de Thomas.

54. The meeting with Judas of Kerioth and Thomas.

54.1

Jésus se trouve avec ses six disciples. Aussi bien la veille qu’aujourd’hui, je ne vois plus Jude qui avait dit qu’il voulait venir à Jérusalem avec Jésus.

Ce doit être encore les fêtes pascales, parce qu’il y a toujours grande affluence dans la ville. Le soir approche et beaucoup se dépêchent de rentrer chez eux.

Jésus lui aussi se dirige vers la maison dont il est l’hôte. Ce n’est pas la maison du Cénacle. Cette dernière se trouve à l’intérieur de la ville, mais à la limite. Celle-ci est déjà une vraie maison de campagne au milieu d’une oliveraie. De la petite cour qui la précède, on voit les arbres descendre en terrasses sur les collines. Ils s’arrêtent à l’endroit où un petit torrent, qui charrie très peu d’eau, coule à travers la faille qui se trouve entre deux collines peu élevées. Le Temple est au sommet de l’une des deux ; sur l’autre se trouvent des oliviers à perte de vue. Jésus se tient tout en bas de cette agréable colline, qui s’élève en pente douce, avec tout l’agrément de ces arbres paisibles.

« Jean, il y a deux hommes qui attendent ton ami » dit un homme âgé qui doit être le fermier ou le propriétaire de l’oliveraie. On dirait que Jean le connaît.

« Où sont-ils ? Qui sont-ils ?

– Je ne sais, l’un est sûrement juif. L’autre… je ne saurais… Je ne le lui ai pas demandé.

–Où sont-ils ?

–Ils attendent dans la cuisine et… et… oui… voilà, il y en a encore un qui est couvert de plaies… Je l’ai fait s’arrêter là parce que… je ne voudrais pas qu’il soit lépreux… Il dit qu’il veut voir le prophète qui a parlé au Temple. »

Jésus, qui jusque là s’était tu, dit :

« Allons d’abord trouver ce dernier. Dis aux autres de venir s’ils veulent, je leur parlerai ici, dans l’oliveraie. »

Et il se dirige vers l’endroit indiqué par l’homme.

« Et nous, que faisons-nous ? demande Pierre.

–Venez si vous voulez. »

54.2

Un homme tout emmitouflé est adossé au vieux muret qui soutient une corniche, tout à côté de la limite du domaine. Il a dû monter par un sentier qui le borde, en côtoyant le petit torrent.

Lorsqu’il voit Jésus venir à lui, il crie :

« Arrière, arrière ! Mais pitié aussi ! »

Et il se découvre le torse en laissant tomber son vêtement. Si son visage est déjà couvert de croûtes, son torse n’est qu’une mosaïque de plaies. Certaines sont profondément creusées, d’autres ressemblent à des brûlures rouges, d’autres encore sont blanchâtres et translucides, comme si elles étaient recouvertes de verre blanc.

« Tu es lépreux ! Que veux-tu de moi ?

– Ne me maudis pas ! Ne me lapide pas ! On m’a dit qu’hier soir tu t’es manifesté comme la Voix de Dieu et le Porteur de la grâce. On m’a dit que tu as certifié qu’en élevant ton signe, tu guéris tout mal. Elève-le sur moi. Je viens des tombeaux… là… J’ai rampé comme un serpent parmi les ronces du torrent pour arriver ici sans être vu. J’ai attendu le soir pour le faire, parce que dans la pénombre, on distingue moins bien ce que je suis. J’ai osé… j’ai trouvé cet homme de la maison, qui est assez bon. Il ne m’a pas tué. Il m’a dit seulement : “ Attends contre le muret. ” Toi aussi, aie pitié. »

Jésus s’avance – lui seul, car les six disciples et le propriétaire en compagnie des deux inconnus restent loin et manifestent clairement leur dégoût. Le lépreux dit encore :

« N’avance pas davantage ! N’avance plus ! Je suis infecté ! »

Mais Jésus s’avance. Il le regarde avec une telle pitié que l’homme se met à pleurer. Il s’agenouille, le visage presque à terre, et gémit :

« Ton signe ! Ton signe !

– Il s’élèvera en son heure. Mais à toi, je te dis : relève-toi. Sois guéri. Je le veux. Et sois pour moi un signe dans cette cité qui doit me connaître. Lève-toi, je te le dis ! Et ne pèche plus, par reconnaissance pour Dieu ! »

L’homme se lève très lentement. On dirait qu’il émerge des herbes hautes et fleuries comme s’il se dégageait d’un linceul… Il est guéri. Il se regarde aux dernières clartés du jour. Il est guéri. Il crie :

« Je suis pur ! Oh ! Que dois-je faire maintenant pour toi ?

– Obéir à la Loi. Va trouver le prêtre. Sois bon désormais. Va. »

L’homme esquisse un mouvement pour se jeter aux pieds de Jésus, mais il se rappelle qu’il est encore impur aux yeux de la Loi ; et il se retient. Mais il se baise les mains et envoie le baiser à Jésus. Il pleure de joie.

54.3

Les autres sont pétrifiés. Jésus tourne le dos au lépreux guéri et en souriant les secoue :

« Mes amis, ce n’était qu’une lèpre de la chair, mais vous verrez s’effacer la lèpre des cœurs. C’est vous qui voulez me voir ? » demande-t-il aux deux inconnus. « Me voici. Qui êtes-vous ?

– Nous t’avons entendu, l’autre soir… au Temple. Nous t’avons cherché dans toute la ville. Quelqu’un qui se dit ton parent nous a dit que tu étais ici.

– Pourquoi me cherchez-vous ?

– Pour te suivre, si tu veux de nous, parce que tu as des pa­roles de vérité.

– Me suivre ? Savez-vous seulement où je me dirige ?

– Non, Maître, mais certainement vers la gloire.

– Oui, mais vers une gloire qui n’est pas de cette terre, vers une gloire qui réside au Ciel et qui se conquiert par la vertu et le sacrifice. Pourquoi voulez-vous me suivre ? demande-t-il de nouveau.

– Pour avoir part à ta gloire.

– Selon le Ciel ?

– Oui, selon le Ciel.

– Ce n’est pas tout le monde qui peut y arriver. Mammon tend des pièges à ceux qui désirent le Ciel plus qu’aux autres. Seul résiste celui dont la volonté est forte. Pourquoi me suivre, si me suivre implique une lutte continuelle avec l’ennemi qui est en nous, avec le monde ennemi, avec l’Ennemi qui est Satan ?

– Parce que c’est notre âme qui nous y porte, notre âme qui est restée ta conquête. Tu es saint et puissant, nous voulons être tes amis.

– Mes amis ! ! ! »

Jésus se tait et soupire. Puis il regarde fixement celui qui a toujours parlé et qui a maintenant laissé tomber le manteau qui lui couvrait la tête, restant tête nue. C’est Judas de Kérioth.

« Qui es-tu, toi qui parles mieux qu’un homme du peuple ?

– Je suis Judas, fils de Simon. Je suis de Kérioth, mais je suis du Temple. J’attends le Roi des juifs, c’est mon rêve. J’ai reconnu à ta parole que tu étais roi, je l’ai reconnu à ton geste. Prends-moi avec toi.

– Te prendre ? Maintenant ? Tout de suite ? Non.

– Pourquoi, Maître ?

– Parce qu’il vaut mieux se jauger soi-même, avant de prendre une route très escarpée.

– Tu ne crois pas à ma sincérité ?

– Tu l’as dit. De ta part, je crois à une impulsion, mais je ne crois pas à ta constance. Réfléchis, Judas. Maintenant je pars et je reviendrai pour la Pentecôte. Si tu es au Temple, tu me verras.

Rends-toi compte de ce dont tu es capable…

54.4

Et toi, qui es-tu ? demande-t-il au second inconnu.

– Un autre qui t’a vu. Je voudrais être avec toi. Mais maintenant, cela m’effraie.

– Non, la présomption, c’est la ruine. La crainte peut être un obstacle, mais si elle vient de l’humilité, elle est une aide. Ne crains pas. Toi aussi, réfléchis et quand je viendrai…

– Maître, tu es tellement saint ! J’ai peur de n’être pas digne. Rien d’autre. Parce que, pour ce qui est de mon amour, je n’ai pas de crainte…

– Comment t’appelles-tu ?

– Thomas, surnommé Didyme.

– Je me souviendrai de ton nom. Va en paix. »

Jésus les congédie et rentre dans la maison de ses hôtes pour le souper.

54.5

Les six hommes qui sont avec lui veulent lui poser beaucoup de questions.

« Pourquoi, Maître, as-tu fait une différence entre les deux ?… Parce qu’il y a eu une différence. Tous deux obéissaient pourtant à une même impulsion, demande Jean.

– Mon ami, parce que la même impulsion peut ne pas avoir la même cause et produire un effet bien différent. Bien sûr que les deux ont eu la même impulsion, mais elle ne tend pas au même but. C’est celui qui a paru moins parfait qui l’est davantage car il n’a pas en lui un désir fiévreux de gloire humaine. Il m’aime parce qu’il m’aime.

– Moi aussi !

– Moi de même.

– Et moi aussi.

– Moi aussi.

– Moi aussi.

– Moi aussi.

– Je le sais. Je vous connais pour ce que vous êtes.

– Nous sommes donc parfaits ?

– Oh non ! Mais, comme Thomas, vous le deviendrez si vous persistez dans votre volonté d’amour. Parfaits ? ! Oh, mes amis ! Qui donc est parfait hormis Dieu ?

– Toi, tu l’es !

– En vérité, je vous dis que ce n’est pas pour moi que je suis parfait, si vous ne voyez en moi qu’un prophète. Aucun homme n’est parfait. Mais je suis parfait, moi, car, moi qui vous parle, je suis le Verbe du Père. Etant une partie[1] de Dieu, sa Pensée qui se fait Parole, j’ai la perfection en moi. Vous devez le croire si vous croyez que je suis le Verbe du Père. Et pourtant, vous le voyez, mes amis, je veux qu’on m’appelle le Fils de l’homme[2], car je m’anéantis moi-même, en prenant sur moi toutes les misères de l’homme, pour les porter – c’est ma première croix – et les effacer après les avoir portées, mais sans qu’elles m’aient atteint. Quel poids, mes amis ! Mais je le porte avec joie. C’est ma joie de le porter car, étant le Fils de l’humanité, je rendrai l’humanité fille de Dieu, comme au premier jour. »

Jésus parle doucement, assis à la pauvre table, ses mains faisant des gestes paisibles, le visage légèrement penché, éclairé par-dessous par la petite lampe à huile posée sur la table. Il sourit légèrement. C’est déjà le Maître qui s’impose et dont les traits respirent une forte amitié. Les disciples l’écoutent attentivement.

54.6

« Maître… pourquoi ton cousin, qui savait pourtant où tu habites, n’est-il pas venu ?

– Mon Pierre !… Tu seras une de mes pierres, la première. Mais toutes les pierres ne se prêtent pas facilement à l’emploi. Tu as vu les marbres du palais du prétoire ? Arrachés péniblement aux flancs de la montagne, ils font maintenant partie du prétoire. Regarde en revanche ces cailloux qui brillent sous les rayons de la lune, là-bas, au fond des eaux du Cédron. Ils sont arrivés d’eux-mêmes dans le lit du torrent et si on les veut, ils se laissent aussitôt prendre. Mon cousin est comme les premières pierres dont je parle… Le flanc de la montagne, sa famille, me le dispute.

– Moi, je veux ressembler aux pierres du torrent. Je suis prêt à tout laisser pour toi : maison, épouse, pêche, frères, tout, mon Maître, pour toi.

– Je le sais, Pierre, c’est pour cela que je t’aime, mais Judas viendra lui aussi.

– Qui ? Judas Iscariote ? Je n’y tiens pas, c’est un beau monsieur, mais… Je préfère… Oui, je me préfère moi-même… »

Tout le monde rit de la sortie de Pierre.

« Il n’y a pas de quoi rire. Je veux dire que je préfère un simple Galiléen, un pêcheur nature mais franc, à … aux citadins qui… Je ne sais pas… Voilà, mais le Maître comprend ce que je veux dire.

– Oui, je comprends, mais ne juge pas. Nous avons besoin les uns des autres sur la terre, et les bons sont mélangés aux mauvais comme les fleurs dans un champ : la ciguë y côtoie la mauve bienfaisante.

54.7

– Je voudrais poser une question…

– Quoi, André ?

– Jean m’a raconté le miracle que tu as fait à Cana… Nous espérions tant que tu en ferais un à Capharnaüm… Or tu nous as dit que tu ne faisais pas de miracle sans avoir auparavant accompli la Loi. Pourquoi alors à Cana ? Pourquoi là et pas dans ta patrie ?

– Toute obéissance à la Loi est union à Dieu et donc accroissement de notre capacité. Le miracle est la preuve de l’union à Dieu, de la présence bienveillante et consentante de Dieu. C’est pour cela que j’ai voulu remplir mon devoir d’israélite avant de commencer la série des prodiges.

– Mais tu n’étais pas tenu d’observer la Loi.

– Pourquoi ? Comme Fils de Dieu, non. Mais comme fils de la Loi, si. Israël, pour le moment, ne me connaît que comme tel… Et même après, presque tout Israël me connaîtra comme tel, comme moins encore. Mais je ne veux pas scandaliser Israël et j’obéis à la Loi.

– Tu es saint.

– La sainteté n’exclut pas l’obéissance, elle la perfectionne au contraire. Il y a l’exemple à donner, en plus du reste. Que dirais-tu, d’un père, d’un frère aîné, d’un maître, d’un prêtre qui ne donneraient pas le bon exemple ?

– Et Cana alors ?

– Cana, c’était la joie qu’il fallait faire à ma Mère. Cana, c’est un acompte de ce qui est dû à Ma mère. C’est elle qui, la pre­mière, a apporté la grâce. Ici, j’honore la ville sainte en inaugurant publiquement ma puissance de Messie, mais là-bas, à Cana, je devais rendre honneur à la Sainte de Dieu, à la Toute-Sainte. C’est par elle que le monde m’a eu. Il est juste que ce soit à elle qu’aille mon premier prodige en ce monde. »

54.8

On frappe à la porte. C’est Thomas, de nouveau. Il entre et se jette aux pieds de Jésus.

« Maître… je ne peux attendre ton retour. Laisse-moi venir avec toi. Je suis plein de défauts, mais j’ai cet amour, seul, grand, vrai, mon trésor. Il est à toi. Il est pour toi. Garde-moi, Maître… »

Jésus lui pose la main sur la tête.

« Reste, Didyme. Suis-moi. Bienheureux ceux qui sont sincères et ont une volonté tenace. Vous êtes bénis. Vous êtes pour moi plus que des parents : vous m’êtes des fils et des frères non selon le sang qui est mortel, mais selon la volonté de Dieu et la volonté de votre âme. Je vous assure qu’il n’y a pas de parenté plus étroite que celle de ceux qui font la volonté de mon Père ; or vous la faites, parce que vous cherchez le bien. »

Ainsi se termine la vision.

54.9

Il est 16 h et déjà tombent sur moi les ombres du sommeil qui, je le sens, sera agité, conséquence logique de mon heure de souffrance d’hier…

Mais le 24 octobre aussi, j’allais très mal, à tel point qu’après la fin de la vision décrite avec un mal de tête fort comme une méningite, je n’ai pas eu le courage d’ajouter que j’ai finalement vu Jésus, habillé comme il m’apparaît quand il vient entièrement pour moi : il portait un vêtement délicat de laine blanche tendant légèrement vers l’ivoire et un manteau assorti. C’est l’habit qu’il portait[3] lors de sa première manifestation à Jérusalem comme Messie.

54.1

Jesus is together with His six disciples. Neither the other day nor today have I seen Judas Thaddeus, who said he wanted to come to Jerusalem with Jesus.

It must still be Passover time, because there is always a lot of people in town.

It is evening and many people are hurrying home. Jesus also goes towards the house where He is a guest. It is not the house of the last Supper, which is in town, although not far from its walls. This house, instead, is a real country house, amongst thick olive-trees. From the rustic open space in front of the house one can see the olive-trees down the terraces of the hill, right down to a little torrent, with very little water, which flows away along the valley formed by two hills: on the top of one there is the Temple, on the other hill there are only olive-trees. Jesus is at the first slopes of the latter hill, which rises smoothly, completely covered with peaceful trees.

«John, there are two men awaiting your friend» says an elderly man, who must be the farmer or the owner of the olive-grove. I would say that John knows him.

«Where are they? Who are they?»

«I don’t know. One is certainly a Judaean. The other… I don’t know. I didn’t ask him.»

«Where are they?»

«In the kitchen, waiting, and… and… yes… there is another man who is all covered with sores. I made him stay over there, because I am afraid he may be a leper. He says he wants to see the Prophet Who spoke in the Temple.»

Jesus, Who up to this moment had been silent, says: «Let us go to him first. Tell the others to come if they so wish. I will speak to them there, in the olive-grove.» And He makes for the place indicated by the man.

«And what about us? What shall we do?» asks Peter.

«Come, if you want.»

54.2

A man, muffled up, is leaning against the rustic wall supporting a terrace, the nearest to the boundary of the property. He must have climbed up there along a path coasting the torrent.

When he sees Jesus approaching him, he shouts: «Go back. Back! Have mercy on me!» And he uncovers his trunk dropping his tunic to the ground. If his face is covered with scabs, his trunk is one big sore. Some of the sores have already become deep wounds, some are like burns, some are whitish and glossy, as if there was a thin white pane of glass on them.

«Are you a leper? What do you want of Me?»

«Don’t curse me! Don’t stone me. I have been told that the other evening You revealed Yourself as the Voice of God and the Bearer of Grace. I was also told that You gave assurance that by raising Your Sign, You will cure all diseases. Please raise it on me. I have come from the sepulchres… over there… I crept like a snake amongst the bushes near the torrent to reach here without being seen. I waited until evening before leaving because at dusk it is more difficult to see who I am. I dared… I found this man, the man of the house, he is good. He did not kill me. He only said: “Wait over there, near the little wall”. Have mercy on me” and as Jesus is going near him, all by Himself, because the six disciples and the landlord, as well as the two strangers, are far away and are evidently disgusted, he adds: «Don’t come nearer. Don’t! I am infected!» But Jesus proceeds. He looks at him so mercifully, that the man starts crying and kneels down almost touching the ground with his face, moaning: «Your Sign! Your Sign!»

«It will be raised when it is time. But now I say to you: Stand up. Be healed. I want it. And be the sign in this town that must recognise Me. Rise, I say. And do not sin, out of gratitude to God!»

The man rises slowly. He seems to emerge from the long flowery grass as from a shroud… and is healed. He looks at himself in the last dim light of the day. He is healed. He shouts: «I am clean! Oh! What shall I do for You now?»

«You must comply with the Law. Go to the priest. Be good in future. Go.»

The man is on the point of throwing himself at Jesus’ feet, but he remembers he is still impure, according to the Law, and he restrains himself. But he kisses his own hand, and throws a kiss to Jesus and weeps. He weeps out of joy.

54.3

The others are dumbfounded. Jesus turns away from the healed man and rouses them smiling. «My friends, it was only a leprosy of the flesh. But you will see leprosy fall from hearts. Is it you that wanted Me?» He asks the two strangers. «Here I am. Who are you?»

«We heard You the other evening… in the Temple. We looked for You in town. A man, who said he is a relative of Yours, told us You stay here.»

«Why are you looking for Me?»

«To follow You, if You will allow us, because You have words of truth.»

«Follow Me? But do you know where I am going?»

«No, Master, but certainly to glory.»

«Yes. But not to a glory of this world. I am going to a glory which is in Heaven and is conquered by virtue and sacrifice. Why do you want to follow Me?» He asks them again.

«To take part in Your glory.»

«According to Heaven?»

«Yes, according to Heaven.»

«Not everybody is able to go there. Because Mammon lays more snares for those yearning for Heaven than for the others. And only he who has strong willpower can resist. Why follow Me, if to follow Me implies a continuous struggle against the enemy, which is in us, against the hostile world, and against the Enemy who is Satan?»

«Because that is the desire of our souls, which have been conquered by You. You are holy and powerful. We want to be Your friends.»

«Friends!!!» Jesus is silent and sighs. Then He stares at the one who has spoken all the time and who has now removed the mantle-hood from his head, and is bareheaded. He is Judas of Kerioth. «Who are you? You speak better than a man of the people.»

«I am Judas, the son of Simon. I come from Kerioth. But I am of the Temple. I am waiting for and dreaming of the King of the Jews. I heard You speak like a king. I saw Your kingly gestures. Take me with You.»

«Take you? Now? At once? No.»

«Why not, Master?»

«Because it is better to examine ourselves carefully before venturing on very steep roads.»

«Do You not believe I am sincere?»

«You have said it. I believe in your impulsiveness. But I do not believe in your perseverance. Think about it, Judas. I am going away now and I will be back for Pentecost. If you are in the Temple, you will see Me. Examine yourself.

54.4

And who are you?».

«I am another one who saw You. I would like to be with You. But now I am frightened.»

«No. Presumption ruins people. Fear may be an impediment, but it is a help when it originates from humbleness. Do not be afraid. Think about it, too, and when I come back…»

«Master, You are so holy! I am afraid of not being worthy. Nothing else. Because I do not doubt my love…»

«What is your name?»

«Thomas, also known as Didymus.»

«I will remember your name. Go in peace.»

Jesus dismisses them and He goes into the hospitable house for supper.

54.5

The six disciples who are with Him want to know many things.

«Why, Master, why did You treat them differently? Because there was a difference. Both of them had the same impulsiveness…» asks John.

«My friend, also the same impulsiveness may have a different taste and bring about a different effect. They both certainly had the same impulsiveness. But they were not the same in their purposes. And the one who appears less perfect is, in fact, more perfect, because he has no incentive to human glory. He loves Me because he loves Me.»

«And so do I.»

«And I, too.»

«And I.»

«And I.»

«And I.»

«And I.»

«I know. I know you for what you are.»

«Are we therefore perfect?»

«Oh! No! But, like Thomas, you will become perfect if you persevere in your desire to love. Perfect?! Oh! My friends! And who is perfect but God?»

«You are!»

«I solemnly tell you that I am not perfect by Myself, if you think I am prophet. No man is perfect. But I am perfect because He Who is speaking to you is the Word of the Father: part of God. His thought that becomes Word. I have Perfection in Myself. And you must believe Me to be such if you believe that I am the Word of the Father. And yet, see, My friends, I want to be called the Son of man because I lower Myself taking upon Myself all the miseries of man, to bear them as My first scaffold, and cancel them, after bearing them, without suffering from them Myself. What a burden, My friends! But I bear it with joy. It is a joy for Me to bear it, because, since I am the Son of mankind, I will make mankind once again the child of God. As it was on the first day.»

Jesus is speaking very gently, sitting at the poor table, gesticulating calmly with His hands on the table, His head slightly inclined to one side, His face lit up from below by a small oil lamp on the table. He smiles gently, He Who formerly was so majestic a Master in His bearing, is now so friendly in His gestures. His disciples are listening to Him carefully.

54.6

«Master… why did Your cousin not come, although he knows where You live?»

«My Peter!… You will be one of My stones, the first one. But not all the stones can be easily used. Have you seen the marble blocks in the Praetorium building? With hard labour they have been torn away from the bosom of the mountain side, and are now part of the Praetorium. Look instead at those stones down there shining in the moonlight, in the water of the Kidron. They reached the riverbed by themselves, and if anyone wants to take them, they do not put up any resistance. My cousin is like the first stones I am speaking of… The bosom of the mountain side: his family, they contend for him with Me.»

«But I want to be exactly like the stones in the torrent. I am quite prepared to leave everything for You: home, wife, fishing, brothers. Everything, Rabboni, for You.»

«I know, Peter. That is why I love you. Also Judas will come.»

«Who? Judas of Kerioth? I don’t care for him. He is a dandy young man, but… I prefer… I prefer myself…» They all laugh at Peter’s witty remark. «There is nothing to laugh at. I mean that I prefer a sincere Galilean, a rough fisherman, but without any fraud to… to townsfolk who… I don’t know… here: the Master knows what I mean.»

«Yes, I know. But do not judge. We need one another in this world, the good are mixed with the wicked, just like flowers in a field. Hemlock grows beside the salutary mallow.»

54.7

«I would like to ask one thing…»

«What, Andrew?»

«John told me about the miracle You performed at Cana… We were hoping so much that You would perform one at Capernaum… and You said that You would not perform any miracles before fulfilling the Law. Why Cana then? And why here and not in Your own fatherland?»

«To obey the Law is to be united to God and that increases our capabilities. A miracle is the proof of the union with God, as well as of God’s benevolent and assenting presence. That is why I wanted to perform My duty as an Israelite, before starting the series of miracles.»

«But You were not bound to fulfil the Law.»

«Why? As the Son of God, I was not. But as a son of the Law, yes, I was. For the time being, Israel knows Me only as such… and, even later, almost everyone in Israel will know Me as such, in fact, even less. But I do not want to scandalise Israel and therefore I obey the Law.»

«You are holy.»

«Holiness does not bar obedience. On the contrary, it makes obedience perfect. Besides everything else, there is a good example to be given. What would you say of a father, of an elder brother, of a teacher, of a priest who did not give good examples?»

«And what about Cana?»

«Cana was to make My Mother happy. Cana is the advance due to My Mother. She anticipates Grace. Here I honour the Holy City, making her, in public, the starting point of My power as Messiah. But there, at Cana, I paid honour to the Holy Mother of God, Full of Grace. The world received Me through Her. It is only fair that My first miracle in the world should be for Her.»

54.8

There is a knocking at the door. It is Thomas once again. He goes in and throws himself at Jesus’ feet. «Master… I cannot wait until You come back. Let me come with You. I am full of faults, but I have my love, my only real great treasure. It is Yours, it’s for You. Let me come, Master…»

Jesus lays His hand on Thomas’ head. «You may stay, Didymus. Follow Me. Blessed are those who are sincere and persistent in their will. You are all blessed. You are more than relatives to Me, because you are My children and My brothers, not according to the blood, that dies, but according to the will of God and to your spiritual wishes. Now I tell you that I have no closer relative than those who do the will of My Father, and you do it, because you want what is good.»

The vision ends in this way.

54.9

It is 4 p.m. and the shadows of torpor are already falling upon me: a torpidity I perceive will be violent, a logical consequence of yesterday’s painful hour…

But I was very ill also on October the 24th. So much so, that when the vision was over — I wrote it suffering from a headache almost as bad as meningitis — I did not have enough strength to add that at last I saw Jesus dressed as He appears to me when the vision is entirely for me: wearing a soft tunic of white wool just verging to ivory and a mantle of the same shade. The garments He was wearing the first time He revealed Himself as Messiah in Jerusalem.


Notes

  1. partie ne doit pas s’entendre comme “ portion ”, mais comme “ appartenance ”. A la différence de l’homme, qui appartient à Dieu non par nature, mais par ressemblance (note de 167.9), Jésus appartient à Dieu par nature : en d’autres termes, il est Dieu comme le Père (il dira en 487.4 : “ Je suis à lui, à la fois partie et tout avec lui ”). Toujours par nature, Jésus est aussi homme, puisqu’il est le Verbe incarné du Père. C’est pourquoi sa perfection ne réside pas dans le fait qu’il est pro­phète (comme il l’a dit plus haut), mais qu’il est Homme-Dieu. La partie humaine de l’Homme-Dieu fut complétée de manière exhaustive par sa victoire sur les tentations (comme il le dira lui-même en 80.10 et comme cela ressort de la fin de la note de 174.9). Les discours de Jésus des chapitres 487 et 506 sur les deux natures, di­vine et humaine, sont fondamentaux.
  2. Fils de l’homme est le plus fréquent des titres donnés à Jésus et que Jésus se donne à lui-même. Son sens général est donné en 343.4 ; mais sa signification messia­nique se trouve ici ainsi que, par exemple, en 126.3 et en 603.1.
  3. l’habit qu’il portait en 53.3.