Gli Scritti di Maria Valtorta

54. La rencontre de Judas Iscariote et de Thomas.

54. L’incontro con Giuda di Keriot e con Tommaso.

54.1

Jésus se trouve avec ses six disciples. Aussi bien la veille qu’aujourd’hui, je ne vois plus Jude qui avait dit qu’il voulait venir à Jérusalem avec Jésus.

Ce doit être encore les fêtes pascales, parce qu’il y a toujours grande affluence dans la ville. Le soir approche et beaucoup se dépêchent de rentrer chez eux.

Jésus lui aussi se dirige vers la maison dont il est l’hôte. Ce n’est pas la maison du Cénacle. Cette dernière se trouve à l’intérieur de la ville, mais à la limite. Celle-ci est déjà une vraie maison de campagne au milieu d’une oliveraie. De la petite cour qui la précède, on voit les arbres descendre en terrasses sur les collines. Ils s’arrêtent à l’endroit où un petit torrent, qui charrie très peu d’eau, coule à travers la faille qui se trouve entre deux collines peu élevées. Le Temple est au sommet de l’une des deux ; sur l’autre se trouvent des oliviers à perte de vue. Jésus se tient tout en bas de cette agréable colline, qui s’élève en pente douce, avec tout l’agrément de ces arbres paisibles.

« Jean, il y a deux hommes qui attendent ton ami » dit un homme âgé qui doit être le fermier ou le propriétaire de l’oliveraie. On dirait que Jean le connaît.

« Où sont-ils ? Qui sont-ils ?

– Je ne sais, l’un est sûrement juif. L’autre… je ne saurais… Je ne le lui ai pas demandé.

–Où sont-ils ?

–Ils attendent dans la cuisine et… et… oui… voilà, il y en a encore un qui est couvert de plaies… Je l’ai fait s’arrêter là parce que… je ne voudrais pas qu’il soit lépreux… Il dit qu’il veut voir le prophète qui a parlé au Temple. »

Jésus, qui jusque là s’était tu, dit :

« Allons d’abord trouver ce dernier. Dis aux autres de venir s’ils veulent, je leur parlerai ici, dans l’oliveraie. »

Et il se dirige vers l’endroit indiqué par l’homme.

« Et nous, que faisons-nous ? demande Pierre.

–Venez si vous voulez. »

54.2

Un homme tout emmitouflé est adossé au vieux muret qui soutient une corniche, tout à côté de la limite du domaine. Il a dû monter par un sentier qui le borde, en côtoyant le petit torrent.

Lorsqu’il voit Jésus venir à lui, il crie :

« Arrière, arrière ! Mais pitié aussi ! »

Et il se découvre le torse en laissant tomber son vêtement. Si son visage est déjà couvert de croûtes, son torse n’est qu’une mosaïque de plaies. Certaines sont profondément creusées, d’autres ressemblent à des brûlures rouges, d’autres encore sont blanchâtres et translucides, comme si elles étaient recouvertes de verre blanc.

« Tu es lépreux ! Que veux-tu de moi ?

– Ne me maudis pas ! Ne me lapide pas ! On m’a dit qu’hier soir tu t’es manifesté comme la Voix de Dieu et le Porteur de la grâce. On m’a dit que tu as certifié qu’en élevant ton signe, tu guéris tout mal. Elève-le sur moi. Je viens des tombeaux… là… J’ai rampé comme un serpent parmi les ronces du torrent pour arriver ici sans être vu. J’ai attendu le soir pour le faire, parce que dans la pénombre, on distingue moins bien ce que je suis. J’ai osé… j’ai trouvé cet homme de la maison, qui est assez bon. Il ne m’a pas tué. Il m’a dit seulement : “ Attends contre le muret. ” Toi aussi, aie pitié. »

Jésus s’avance – lui seul, car les six disciples et le propriétaire en compagnie des deux inconnus restent loin et manifestent clairement leur dégoût. Le lépreux dit encore :

« N’avance pas davantage ! N’avance plus ! Je suis infecté ! »

Mais Jésus s’avance. Il le regarde avec une telle pitié que l’homme se met à pleurer. Il s’agenouille, le visage presque à terre, et gémit :

« Ton signe ! Ton signe !

– Il s’élèvera en son heure. Mais à toi, je te dis : relève-toi. Sois guéri. Je le veux. Et sois pour moi un signe dans cette cité qui doit me connaître. Lève-toi, je te le dis ! Et ne pèche plus, par reconnaissance pour Dieu ! »

L’homme se lève très lentement. On dirait qu’il émerge des herbes hautes et fleuries comme s’il se dégageait d’un linceul… Il est guéri. Il se regarde aux dernières clartés du jour. Il est guéri. Il crie :

« Je suis pur ! Oh ! Que dois-je faire maintenant pour toi ?

– Obéir à la Loi. Va trouver le prêtre. Sois bon désormais. Va. »

L’homme esquisse un mouvement pour se jeter aux pieds de Jésus, mais il se rappelle qu’il est encore impur aux yeux de la Loi ; et il se retient. Mais il se baise les mains et envoie le baiser à Jésus. Il pleure de joie.

54.3

Les autres sont pétrifiés. Jésus tourne le dos au lépreux guéri et en souriant les secoue :

« Mes amis, ce n’était qu’une lèpre de la chair, mais vous verrez s’effacer la lèpre des cœurs. C’est vous qui voulez me voir ? » demande-t-il aux deux inconnus. « Me voici. Qui êtes-vous ?

– Nous t’avons entendu, l’autre soir… au Temple. Nous t’avons cherché dans toute la ville. Quelqu’un qui se dit ton parent nous a dit que tu étais ici.

– Pourquoi me cherchez-vous ?

– Pour te suivre, si tu veux de nous, parce que tu as des pa­roles de vérité.

– Me suivre ? Savez-vous seulement où je me dirige ?

– Non, Maître, mais certainement vers la gloire.

– Oui, mais vers une gloire qui n’est pas de cette terre, vers une gloire qui réside au Ciel et qui se conquiert par la vertu et le sacrifice. Pourquoi voulez-vous me suivre ? demande-t-il de nouveau.

– Pour avoir part à ta gloire.

– Selon le Ciel ?

– Oui, selon le Ciel.

– Ce n’est pas tout le monde qui peut y arriver. Mammon tend des pièges à ceux qui désirent le Ciel plus qu’aux autres. Seul résiste celui dont la volonté est forte. Pourquoi me suivre, si me suivre implique une lutte continuelle avec l’ennemi qui est en nous, avec le monde ennemi, avec l’Ennemi qui est Satan ?

– Parce que c’est notre âme qui nous y porte, notre âme qui est restée ta conquête. Tu es saint et puissant, nous voulons être tes amis.

– Mes amis ! ! ! »

Jésus se tait et soupire. Puis il regarde fixement celui qui a toujours parlé et qui a maintenant laissé tomber le manteau qui lui couvrait la tête, restant tête nue. C’est Judas de Kérioth.

« Qui es-tu, toi qui parles mieux qu’un homme du peuple ?

– Je suis Judas, fils de Simon. Je suis de Kérioth, mais je suis du Temple. J’attends le Roi des juifs, c’est mon rêve. J’ai reconnu à ta parole que tu étais roi, je l’ai reconnu à ton geste. Prends-moi avec toi.

– Te prendre ? Maintenant ? Tout de suite ? Non.

– Pourquoi, Maître ?

– Parce qu’il vaut mieux se jauger soi-même, avant de prendre une route très escarpée.

– Tu ne crois pas à ma sincérité ?

– Tu l’as dit. De ta part, je crois à une impulsion, mais je ne crois pas à ta constance. Réfléchis, Judas. Maintenant je pars et je reviendrai pour la Pentecôte. Si tu es au Temple, tu me verras.

Rends-toi compte de ce dont tu es capable…

54.4

Et toi, qui es-tu ? demande-t-il au second inconnu.

– Un autre qui t’a vu. Je voudrais être avec toi. Mais maintenant, cela m’effraie.

– Non, la présomption, c’est la ruine. La crainte peut être un obstacle, mais si elle vient de l’humilité, elle est une aide. Ne crains pas. Toi aussi, réfléchis et quand je viendrai…

– Maître, tu es tellement saint ! J’ai peur de n’être pas digne. Rien d’autre. Parce que, pour ce qui est de mon amour, je n’ai pas de crainte…

– Comment t’appelles-tu ?

– Thomas, surnommé Didyme.

– Je me souviendrai de ton nom. Va en paix. »

Jésus les congédie et rentre dans la maison de ses hôtes pour le souper.

54.5

Les six hommes qui sont avec lui veulent lui poser beaucoup de questions.

« Pourquoi, Maître, as-tu fait une différence entre les deux ?… Parce qu’il y a eu une différence. Tous deux obéissaient pourtant à une même impulsion, demande Jean.

– Mon ami, parce que la même impulsion peut ne pas avoir la même cause et produire un effet bien différent. Bien sûr que les deux ont eu la même impulsion, mais elle ne tend pas au même but. C’est celui qui a paru moins parfait qui l’est davantage car il n’a pas en lui un désir fiévreux de gloire humaine. Il m’aime parce qu’il m’aime.

– Moi aussi !

– Moi de même.

– Et moi aussi.

– Moi aussi.

– Moi aussi.

– Moi aussi.

– Je le sais. Je vous connais pour ce que vous êtes.

– Nous sommes donc parfaits ?

– Oh non ! Mais, comme Thomas, vous le deviendrez si vous persistez dans votre volonté d’amour. Parfaits ? ! Oh, mes amis ! Qui donc est parfait hormis Dieu ?

– Toi, tu l’es !

– En vérité, je vous dis que ce n’est pas pour moi que je suis parfait, si vous ne voyez en moi qu’un prophète. Aucun homme n’est parfait. Mais je suis parfait, moi, car, moi qui vous parle, je suis le Verbe du Père. Etant une partie[1] de Dieu, sa Pensée qui se fait Parole, j’ai la perfection en moi. Vous devez le croire si vous croyez que je suis le Verbe du Père. Et pourtant, vous le voyez, mes amis, je veux qu’on m’appelle le Fils de l’homme[2], car je m’anéantis moi-même, en prenant sur moi toutes les misères de l’homme, pour les porter – c’est ma première croix – et les effacer après les avoir portées, mais sans qu’elles m’aient atteint. Quel poids, mes amis ! Mais je le porte avec joie. C’est ma joie de le porter car, étant le Fils de l’humanité, je rendrai l’humanité fille de Dieu, comme au premier jour. »

Jésus parle doucement, assis à la pauvre table, ses mains faisant des gestes paisibles, le visage légèrement penché, éclairé par-dessous par la petite lampe à huile posée sur la table. Il sourit légèrement. C’est déjà le Maître qui s’impose et dont les traits respirent une forte amitié. Les disciples l’écoutent attentivement.

54.6

« Maître… pourquoi ton cousin, qui savait pourtant où tu habites, n’est-il pas venu ?

– Mon Pierre !… Tu seras une de mes pierres, la première. Mais toutes les pierres ne se prêtent pas facilement à l’emploi. Tu as vu les marbres du palais du prétoire ? Arrachés péniblement aux flancs de la montagne, ils font maintenant partie du prétoire. Regarde en revanche ces cailloux qui brillent sous les rayons de la lune, là-bas, au fond des eaux du Cédron. Ils sont arrivés d’eux-mêmes dans le lit du torrent et si on les veut, ils se laissent aussitôt prendre. Mon cousin est comme les premières pierres dont je parle… Le flanc de la montagne, sa famille, me le dispute.

– Moi, je veux ressembler aux pierres du torrent. Je suis prêt à tout laisser pour toi : maison, épouse, pêche, frères, tout, mon Maître, pour toi.

– Je le sais, Pierre, c’est pour cela que je t’aime, mais Judas viendra lui aussi.

– Qui ? Judas Iscariote ? Je n’y tiens pas, c’est un beau monsieur, mais… Je préfère… Oui, je me préfère moi-même… »

Tout le monde rit de la sortie de Pierre.

« Il n’y a pas de quoi rire. Je veux dire que je préfère un simple Galiléen, un pêcheur nature mais franc, à … aux citadins qui… Je ne sais pas… Voilà, mais le Maître comprend ce que je veux dire.

– Oui, je comprends, mais ne juge pas. Nous avons besoin les uns des autres sur la terre, et les bons sont mélangés aux mauvais comme les fleurs dans un champ : la ciguë y côtoie la mauve bienfaisante.

54.7

– Je voudrais poser une question…

– Quoi, André ?

– Jean m’a raconté le miracle que tu as fait à Cana… Nous espérions tant que tu en ferais un à Capharnaüm… Or tu nous as dit que tu ne faisais pas de miracle sans avoir auparavant accompli la Loi. Pourquoi alors à Cana ? Pourquoi là et pas dans ta patrie ?

– Toute obéissance à la Loi est union à Dieu et donc accroissement de notre capacité. Le miracle est la preuve de l’union à Dieu, de la présence bienveillante et consentante de Dieu. C’est pour cela que j’ai voulu remplir mon devoir d’israélite avant de commencer la série des prodiges.

– Mais tu n’étais pas tenu d’observer la Loi.

– Pourquoi ? Comme Fils de Dieu, non. Mais comme fils de la Loi, si. Israël, pour le moment, ne me connaît que comme tel… Et même après, presque tout Israël me connaîtra comme tel, comme moins encore. Mais je ne veux pas scandaliser Israël et j’obéis à la Loi.

– Tu es saint.

– La sainteté n’exclut pas l’obéissance, elle la perfectionne au contraire. Il y a l’exemple à donner, en plus du reste. Que dirais-tu, d’un père, d’un frère aîné, d’un maître, d’un prêtre qui ne donneraient pas le bon exemple ?

– Et Cana alors ?

– Cana, c’était la joie qu’il fallait faire à ma Mère. Cana, c’est un acompte de ce qui est dû à Ma mère. C’est elle qui, la pre­mière, a apporté la grâce. Ici, j’honore la ville sainte en inaugurant publiquement ma puissance de Messie, mais là-bas, à Cana, je devais rendre honneur à la Sainte de Dieu, à la Toute-Sainte. C’est par elle que le monde m’a eu. Il est juste que ce soit à elle qu’aille mon premier prodige en ce monde. »

54.8

On frappe à la porte. C’est Thomas, de nouveau. Il entre et se jette aux pieds de Jésus.

« Maître… je ne peux attendre ton retour. Laisse-moi venir avec toi. Je suis plein de défauts, mais j’ai cet amour, seul, grand, vrai, mon trésor. Il est à toi. Il est pour toi. Garde-moi, Maître… »

Jésus lui pose la main sur la tête.

« Reste, Didyme. Suis-moi. Bienheureux ceux qui sont sincères et ont une volonté tenace. Vous êtes bénis. Vous êtes pour moi plus que des parents : vous m’êtes des fils et des frères non selon le sang qui est mortel, mais selon la volonté de Dieu et la volonté de votre âme. Je vous assure qu’il n’y a pas de parenté plus étroite que celle de ceux qui font la volonté de mon Père ; or vous la faites, parce que vous cherchez le bien. »

Ainsi se termine la vision.

54.9

Il est 16 h et déjà tombent sur moi les ombres du sommeil qui, je le sens, sera agité, conséquence logique de mon heure de souffrance d’hier…

Mais le 24 octobre aussi, j’allais très mal, à tel point qu’après la fin de la vision décrite avec un mal de tête fort comme une méningite, je n’ai pas eu le courage d’ajouter que j’ai finalement vu Jésus, habillé comme il m’apparaît quand il vient entièrement pour moi : il portait un vêtement délicat de laine blanche tendant légèrement vers l’ivoire et un manteau assorti. C’est l’habit qu’il portait[3] lors de sa première manifestation à Jérusalem comme Messie.

54.1

Gesù è insieme ai suoi sei discepoli. Tanto l’altro giorno che oggi non vedo Giuda Taddeo, che pure aveva detto di voler venire a Gerusalemme con Gesù.

Devono ancora essere le feste pasquali, perché c’è sempre molta folla per la città. È verso sera, e molti si affrettano alle case.

Anche Gesù va verso la casa dove è ospitato. Non è la casa del Cenacolo. Quella è più nella città, per quanto prossima ai confini di essa. Questa è una vera casa già di campagna, fra folti ulivi. Dal rustico piazzaletto che ha sul davanti si vedono le piante scendere a balzi giù dal colle, fermandosi là dove è un torrentello poco ricco d’acque, che se ne va fra l’insenatura che è fra due colli, poco alti: sulla cima di un colle è il Tempio, sull’altro colle solo ulivi e ulivi. Gesù è alle prime pendici di questo morbido colle, che sale senza asprezza, tutto mite di piante pacifiche.

«Giovanni, vi sono due uomini che aspettano il tuo amico», dice un uomo anziano, che deve essere il contadino o il proprietario dell’uliveto. Direi che Giovanni lo conosce.

«Dove sono? Chi sono?».

«Non so. Uno certo è giudeo. L’altro… non saprei. Non gliel’ho chiesto».

«Dove sono?».

«Nella cucina in attesa e… e… sì… ecco… c’è anche uno tutto piaghe… Là l’ho fatto stare, perché… non vorrei fosse lebbroso… Dice che vuole vedere il Profeta che ha parlato al Tempio».

Gesù, che sino a quel momento aveva taciuto, dice: «Andiamo prima da questo. Di’ agli altri di venire, se vogliono. Parlerò qui, nell’uliveto, con loro». E si dirige verso il punto indicato dall’uomo.

«E noi? Che facciamo?», chiede Pietro.

«Venite, se volete».

54.2

Un uomo tutto imbacuccato è addossato al muretto rustico che sostiene un balzo, il più prossimo al limite del podere. Deve esser salito lì da un viottoletto che conduce lì costeggiando il torrentello.

Quando vede venire verso di lui Gesù, grida: «Indietro, indietro! Ma anche pietà!». E scopre il suo tronco, lasciando cadere la veste. Se il viso è già coperto di croste, il tronco è un ricamo di piaghe. Quali già ridotte a buchi fondi, quali semplicemente come bruciature rosse, quali biancastre e lucide come se sopra avessero un vetrino bianco.

«Sei lebbroso! Che vuoi da Me?».

«Non mi maledire! Non mi lapidare! Mi han detto che l’altra sera ti sei manifestato come Voce di Dio e Portatore della Grazia. Mi han detto che Tu hai assicurato che, alzando il tuo segno, sani ogni male. Alzalo su me. Vengo dai sepolcri… là… Ho strisciato come una serpe fra i rovi del torrente per giungere qui non visto. Ho aspettato la sera a farlo, perché nella penombra meno si vede chi sono. Ho osato… ho trovato costui, della casa, abbastanza buono. Non mi ha ucciso. Mi ha detto solo: “Attendi contro il muretto”. Abbi Tu pure pietà», e poiché Gesù si avvicina (Lui solo, perché i sei discepoli e il padrone del luogo, con i due sconosciuti, sono lontani e mostrano chiaramente ribrezzo) dice ancora: «Non più avanti! Non più! Sono infetto!». Ma Gesù procede. Lo guarda con tanta pietà che l’uomo si pone a piangere e si inginocchia col volto quasi a terra, e geme: «Il tuo segno! Il tuo segno!».

«Sarà alzato nella sua ora. Ma a te dico: alzati! Sii sanato. Lo voglio. E siimi tu segno in questa città che deve conoscermi. Sorgi, dico! E non peccare, per riconoscenza a Dio!».

L’uomo si alza piano piano. Pare che emerga di fra le erbe alte e fiorite come da un lenzuolo di tomba… ed è guarito. Si guarda all’ultima luce. È guarito. Grida: «Mondo sono! Oh! che devo fare ora per Te?».

«Ubbidire alla Legge. Vai dal sacerdote. Sii buono in futuro. Va’».

L’uomo ha un moto per gettarsi ai piedi di Gesù, ma si ricorda d’esser ancora impuro, secondo la Legge, e si trattiene. Ma si bacia le mani e getta il bacio a Gesù e piange. Di gioia.

54.3

Gli altri sono di pietra. Gesù volge le spalle al guarito e sorridendo li riscuote. «Amici, non era che una lebbra della carne. Ma voi vedrete cadere la lebbra dai cuori. Siete voi che mi volete?», dice ai due sconosciuti. «Eccomi. Chi siete?».

«Ti abbiamo udito l’altra sera… nel Tempio. Ti abbiamo cercato per la città. Un che si dice tuo parente ci ha detto che qui stai».

«Perché mi cercate?».

«Per seguirti, se ci vuoi, perché Tu hai parole di verità».

«Seguirmi? Ma sapete dove sono diretto?».

«No, Maestro, ma certo alla gloria».

«Sì. Ma ad una gloria non della Terra. Ad una gloria che ha sua sede nel Cielo e che si conquista con virtù e sacrificio. Perché volete seguirmi?», torna a chiedere.

«Per avere parte della tua gloria».

«Secondo il Cielo?».

«Sì, secondo il Cielo».

«Non tutti possono arrivarvi. Perché Mammona insidia i desiderosi di Cielo più degli altri. E solo chi sa fortemente volere resiste. Perché seguirmi, se seguire Me vuole dire lotta continua con il nemico che è in noi, col mondo nemico, e col Nemico che è Satana?».

«Perché così vuole il nostro spirito, che è rimasto conquistato da Te. Tu sei santo e potente. Noi vogliamo esser tuoi amici ».

«Amici!!!». Gesù tace e sospira. Poi guarda fisso quello che ha sempre parlato e che ora ha lasciato cadere il mantello dal capo, apparendo a testa nuda. È Giuda di Keriot. «Chi sei, tu che parli meglio di un popolano?».

«Giuda sono, di Simone. Di Keriot sono. Ma son del Tempio (o nel Tempio). Attendo e sogno il Re dei giudei. Re ti ho sentito nella parola. Re ti ho visto nel gesto. Prendimi con Te».

«Prenderti? Ora? Subito? No».

«Perché, Maestro?».

«Perché è meglio pesare sé stessi prima di prendere vie molto erte».

«Non credi alla mia sincerità?».

«L’hai detto. Credo al tuo impulso. Ma non credo alla tua costanza. Pensaci, Giuda. Io ora andrò via e tornerò per la Pentecoste. Se stai nel Tempio, mi vedrai. Pesa te stesso.

54.4

E tu chi sei?».

«Un altro che ti vide. Vorrei esser teco. Ma ora ne ho sgomento».

«No. La presunzione è rovina. Il timore può esser ostacolo, ma se viene da umiltà è aiuto. Non temere. Anche tu pensa, e quando verrò…».

«Maestro, sei tanto santo! Ho paura di non esser degno. Non d’altro. Perché sul mio amore non temo…».

«Come ti chiami?».

«Tommaso, detto Didimo».

«Ricorderò il tuo nome. Va’ in pace».

Gesù li congeda e si ritira nella casa ospitale per la cena.

54.5

I sei che sono con Lui vogliono sapere molte cose. «Perché, Maestro, hai fatto differenza fra i due?… Perché una differenza ci fu. Tutti e due avevano lo stesso impulso…», chiede Giovanni.

«Amico, anche lo stesso impulso può avere diverso succo e fare diverso effetto. Certo che i due hanno lo stesso impulso. Ma uno non è uguale all’altro nel fine. E quello che pare il meno perfetto è il più perfetto, perché non ha fomite di gloria umana. Mi ama perché mi ama».

«Anche io!».

«Ed io pure».

«Ed io».

«Ed io».

«Ed io».

«Ed io».

«Lo so. Vi conosco per quel che siete».

«Siamo dunque perfetti?».

«Oh! no! Ma, come Tommaso, lo diverrete se permarrete nella vostra volontà d’amore. Perfetti?! Oh! amici! E chi perfetto se non Dio?».

«Tu lo sei!».

«In verità vi dico che non per Me perfetto sono, se voi credete essere Io un profeta. Niun uomo è perfetto. Ma perfetto Io sono perché Quel che vi parla è il Verbo del Padre. Parte[1] di Dio, il suo Pensiero che si fa Parola, Io ho la Perfezione in Me. E tale credere mi dovete, se credete essere Io il Verbo del Padre. Eppure lo vedete, amici. Io voglio esser chiamato il Figlio dell’uomo[2], perché annichilo Me stesso addossandomi dell’uomo tutte le miserie, per portarle, mio primo patibolo, e annullarle dopo averle portate, ma non avute. Che peso, amici! Ma lo porto con gioia. È la mia gioia il portarlo perché, essendo il Figlio dell’umanità, renderò l’umanità figlia di Dio. Come il primo giorno».

Gesù parla dolcemente, seduto alla povera mensa con le mani che gestiscono pacatamente sulla tavola, il volto un poco inclinato, illuminato da sotto in su dalla lampadetta ad olio posata sulla tavola. Sorride lievemente, già Maestro nell’imponenza e tanto amico nel tratto. I discepoli lo ascoltano attenti.

54.6

«Maestro… perché tuo cugino, pur sapendo dove Tu abiti, non è venuto?».

«Pietro mio!… Tu sarai una delle mie pietre, la prima. Ma non tutte le pietre sono facili ad usarsi. Hai visto i marmi del palazzo Pretorio? Strappati a fatica al seno montano, ora sono parte del Pretorio. Guarda invece quei sassi che splendono là, al raggio di luna, fra le acque del Cedron. Da loro sono venuti nell’alveo e, se uno li vuole, ecco, subito si lasciano prendere. Il cugino mio è come le prime pietre di cui parlo… Il seno del monte, la famiglia, lo contende a Me».

«Ma io voglio essere in tutto come i sassi del torrente. Per Te sono pronto a lasciare tutto: casa, sposa, pesca, fratelli. Tutto, Rabbomi, per Te».

«Lo so, Pietro. Per questo ti amo. Ma anche Giuda verrà».

«Chi? Giuda di Keriot? Non ci tengo. È un bel signorino, ma… preferisco… me stesso preferisco…». Ridono tutti del­l’uscita di Pietro. «Non c’è niente da ridere. Voglio dire che preferisco un galileo schietto, rozzo, pescatore, ma senza frode a… ai cittadini che… non so… Ecco, il Maestro capisce ciò che mi intendo».

«Sì, capisco. Ma non giudicare. Abbiamo bisogno l’uno dell’altro sulla Terra, e i buoni sono mescolati ai malvagi come i fiori su un campo. La cicuta è a fianco della salutifera malva».

54.7

«Io vorrei chiedere una cosa…».

«Quale, Andrea?».

«Giovanni mi ha raccontato del miracolo fatto a Cana… Era in noi tanta speranza che Tu ne facessi uno a Cafarnao… e Tu hai detto che non facevi miracolo se prima non avevi adempito la Legge. Perché allora a Cana? E perché qui e non nella patria tua?».

«Ogni ubbidienza alla Legge è unione con Dio e perciò aumento della capacità nostra. Il miracolo è la prova dell’unione con Dio, della presenza benevola e consenziente di Dio. Per questo Io ho voluto fare il mio dovere di israelita prima di iniziare la serie dei prodigi».

«Ma Tu non eri tenuto alla Legge».

«Perché? Come Figlio di Dio, no. Ma come figlio della Legge, sì. Israele, per ora, non mi conosce che come tale… E, anche dopo, quasi tutto Israele mi conoscerà come tale, anzi come meno ancora. Ma Io non voglio dare scandalo a Israele e ubbidisco alla Legge».

«Sei santo».

«La santità non esclude dall’ubbidienza. Anzi la perfeziona. Vi è l’esempio da dare, oltre al resto. Che diresti di un padre, di un maggior fratello, di un maestro, di un sacerdote che non dessero buon esempio?».

«E Cana, allora?».

«Cana era la gioia di mia Madre da farsi. Cana è l’anticipo che si deve a mia Madre. Ella è l’Anticipatrice della Grazia. Qui do onore alla Città santa, facendo di essa, pubblicamente, l’iniziatrice del mio potere di Messia. Ma là, a Cana, Io davo onore alla Santa di Dio, alla Tutta Santa. Il mondo mi ha per Essa. È giusto che ad Essa vada il mio primo prodigio nel mondo».

54.8

Bussano alla porta. È Tommaso da capo. Entra e si butta ai piedi di Gesù. «Maestro… io non posso attendere il tuo ritorno. Lasciami con Te. Sono pieno di difetti, ma ho questo amore, solo, grande, vero, il mio tesoro. È tuo, è per Te. Lasciami, Maestro…».

Gesù gli pone la mano sul capo. «Resta, Didimo. Seguimi. Beati quelli che sono sinceri e tenaci nel volere. Voi benedetti. Più che parenti mi siete, perché mi siete figli e fratelli non secondo il sangue che muore ma secondo il volere di Dio e il vostro volere spirituale. Ora Io dico che non ho più stretto parente di colui che fa la volontà del Padre mio, e voi la fate perché volete il bene».

La visione ha termine così.

54.9

Sono le ore 16 e già cadono su me le ombre del sopore che sento sarà violento, logica conseguenza della penosa ora di ieri…

Ma anche il 24 ottobre stavo molto male. Tanto che, finita la visione, scritta con un dolore di capo da meningite addirittura, non ho avuto coraggio di aggiungere che ho finalmente visto Gesù vestito come mi appare quando è tutto per me: di una morbida veste di lana bianca appena tendente all’avorio e col mantello uguale. La veste che aveva[3] nella sua prima manifestazione a Gerusalemme come Messia.


Notes

  1. partie ne doit pas s’entendre comme “ portion ”, mais comme “ appartenance ”. A la différence de l’homme, qui appartient à Dieu non par nature, mais par ressemblance (note de 167.9), Jésus appartient à Dieu par nature : en d’autres termes, il est Dieu comme le Père (il dira en 487.4 : “ Je suis à lui, à la fois partie et tout avec lui ”). Toujours par nature, Jésus est aussi homme, puisqu’il est le Verbe incarné du Père. C’est pourquoi sa perfection ne réside pas dans le fait qu’il est pro­phète (comme il l’a dit plus haut), mais qu’il est Homme-Dieu. La partie humaine de l’Homme-Dieu fut complétée de manière exhaustive par sa victoire sur les tentations (comme il le dira lui-même en 80.10 et comme cela ressort de la fin de la note de 174.9). Les discours de Jésus des chapitres 487 et 506 sur les deux natures, di­vine et humaine, sont fondamentaux.
  2. Fils de l’homme est le plus fréquent des titres donnés à Jésus et que Jésus se donne à lui-même. Son sens général est donné en 343.4 ; mais sa signification messia­nique se trouve ici ainsi que, par exemple, en 126.3 et en 603.1.
  3. l’habit qu’il portait en 53.3.

Note

  1. Parte, da intendersi non come “porzione”, ma come “appartenenza”. A differenza dell’uomo, che appartiene a Dio non per natura ma per somiglianza (nota in 167.9), Gesù appartiene a Dio per natura, cioè è Dio come il Padre (Egli dirà in 487.4: “Io sono suo, sua parte e un Tutto con Lui”). Sempre per natura Gesù è anche Uomo, essendo Egli l’incarnata Parola del Padre. Perciò, non nell’essere un profeta (come ha detto sopra) sta la sua perfezione, ma nell’essere l’Uomo-Dio, il quale per la parte umana ebbe completezza nel superamento delle tentazioni (come dirà in 80.10 e come risulta alla fine della nota messa in 174.9). Sulle due nature, divina e umana, di Gesù sono fondamentali i discorsi dei capitoli 487 e 506.
  2. Figlio dell’uomo è forse il più ricorrente dei titoli dati a Gesù e che Gesù dà a Se stesso. Il suo significato generico è illustrato in 343.4; ma il suo significato messianico si trova qui e, per esempio, in 126.3 e in 603.1.
  3. veste che aveva, in 53.3.