The Writings of Maria Valtorta

55. Une tâche confiée à Thomas.

55. A task entrusted to Thomas.

55.1

Ce matin, au sortir d’une très lourde torpeur de plusieurs heures, j’étais en train de prier en attendant qu’il fasse jour, quand la vision reprend.

Je dis “ reprend ” car nous nous trouvons au même endroit : dans la cuisine, large et basse, sombre à cause de ses murs tout enfumés, à peine éclairée par une petite lampe à huile posée sur la table rustique, longue et étroite à laquelle sont assises huit personnes : Jésus et ses disciples, plus le maître de maison – soit quatre de chaque côté.

Jésus est encore tourné sur son tabouret. Il n’y a en effet que des tabourets à trois pieds et sans dossier, de vrais meubles de la campagne. Il parle toujours avec Thomas. La main de Jésus est passée de la tête de Thomas à son épaule. Jésus lui dit :

« Lève-toi, mon ami. Tu as dîné ?

– Non, Maître. J’ai fait quelques mètres avec l’autre homme qui m’accompagnait puis je l’ai laissé pour revenir sur mes pas, en prétextant que je voulais parler au lépreux guéri… Je lui ai dit cela car je pensais qu’il n’aurait pas daigné s’approcher d’un homme impur. J’avais deviné juste. Mais c’était toi que je cherchais, pas le lépreux… Je voulais te demander : “ Prends-moi ! ”… J’ai tourné autour de l’oliveraie jusqu’à ce qu’un jeune homme me demande ce que je faisais. Il a dû me prendre pour un individu mal intentionné… Il était près d’une borne, là où commence la propriété. »

Le maître de maison sourit.

« C’est mon fils » explique-t-il ensuite, et il ajoute : « Il monte la garde au pressoir. Nous avons dans des caves, sous le pressoir, presque toute la récolte de l’année. Elle a été excellente. Elle a produit beaucoup d’huile. Quand il y a foule, il s’y mêle des brigands qui cambriolent les endroits qui ne sont pas gardés. Il y a huit ans, exactement à la Parascève, ils nous ont tout volé. Depuis lors, chacun à notre tour nous prenons la garde de nuit. Sa mère est allée lui porter de quoi dîner.

– Eh bien, il m’a demandé : “ Que veux-tu ? ”, mais il me l’a dit sur un tel ton que, pour me protéger les épaules des coups de bâton, je me suis vite expliqué : “ Je cherche le Maître qui habite ici. ” Il m’a alors répondu : “ Si tu dis vrai, viens à la maison. ” Et il m’a accompagné jusqu’ici. C’est lui qui a frappé à la porte et il s’en est allé quand il a entendu mes premiers mots.

– Tu habites loin ?

– Je loge de l’autre côté de la ville, tout près de la Porte Orientale.

– Tu es seul ?

– J’étais avec mes parents. Mais ils sont allés chez d’autres parents sur la route de Bethléem. Je suis resté pour te chercher jour et nuit, jusqu’à ce que je te trouve. »

Jésus sourit et dit :

« Alors, personne ne t’attend ?

– Non, Maître.

– La route est longue, la nuit est noire. Les patrouilles ro­maines sillonnent la ville. Je te propose, si tu veux, de rester avec nous.

– Oh ! Maître ! »

Thomas est heureux.

« Faites-lui place, vous autres. Et donnez tous quelque chose à notre frère. »

Sur sa part, Jésus prélève la portion de fromage qui était devant lui. Il explique à Thomas :

« Nous sommes pauvres, et le repas est presque fini, mais c’est de tout cœur que tout le monde t’offre ce qu’il a. »

A Jean, assis à côté de lui, il dit :

« Cède ta place à notre ami. »

Aussitôt, Jean se lève et va s’asseoir au bout de la table, à côté du maître de maison.

« Assieds-toi, Thomas, mange. »

55.2

Puis, s’adressant à tous :

« Vous agirez toujours de cette manière, mes amis, pour pratiquer la loi de charité. Le pèlerin est déjà protégé par la Loi de Dieu. Mais désormais, en mon nom, vous devrez l’aimer encore davantage. Quand quelqu’un vient vous demander un pain, une gorgée d’eau, un abri au nom de Dieu, donnez-le, au nom de Dieu aussi. Dieu vous en récompensera. Vous devez agir ainsi avec tout le monde, même avec les ennemis. C’est la Loi nouvelle. Jusqu’ici, il vous était dit : “ Aimez ceux qui vous aiment et haïssez vos ennemis. ” Mais moi je vous dis : “ Aimez même ceux qui vous haïssent. ” Ah, si vous saviez comme vous serez aimés de Dieu si vous aimez comme je vous dis ! Quand quelqu’un vous dit ensuite : “ Je veux être votre compagnon pour servir le vrai Dieu et suivre son Agneau ”, il doit alors vous être plus cher qu’un frère de même sang, parce que vous serez unis par un lien éternel : celui du Christ.

– Mais si ensuite on s’aperçoit qu’il n’est pas sincère ? Dire : “ Je veux faire ceci et cela ”, c’est facile. Mais les mots ne correspondent pas toujours à la réalité » dit Pierre, plutôt fâché.

Je ne sais pas, il n’a pas sa jovialité habituelle.

« Pierre, écoute. Tu parles avec bon sens et justice. Mais vois : il vaut mieux pécher par bonté d’âme et par confiance que par défiance et dureté. Si tu fais du bien à un indigne, quel mal en résultera pour toi ? Aucun. Au contraire, la récompense de Dieu sera toujours fidèle pour toi, alors que l’autre aura le démérite d’avoir trahi ta confiance.

– Aucun mal ? Eh ! Il arrive quelquefois qu’un homme in­digne ne s’arrête pas à l’ingratitude, mais qu’il aille plus loin et en vienne même à nuire à la réputation, au patrimoine, si ce n’est à la vie elle-même.

– C’est vrai. Mais cela diminuerait-il ton mérite ? Non. Même si tout le monde ajoutait foi aux calomnies, même si tu en étais réduit à devenir plus pauvre que Job, même si un homme cruel t’enlevait la vie, qu’est-ce qui serait changé aux yeux de Dieu ? Rien. Il y aurait pour toi un changement, mais en mieux, car au mérite de la bonté s’ajouteraient les mérites d’un martyre d’ordre intellectuel, financier ou physique.

– Bien, bien ! Ce sera comme ça ! »

Pierre ne parle plus. Boudeur, il reste la tête appuyée sur sa main.

55.3

Jésus se tourne vers Thomas :

« Mon ami, je t’ai dit tout à l’heure dans l’oliveraie : “ Quand je reviendrai de ces régions, si tu le veux encore, tu seras mon disciple. ” Maintenant, je te dis : “ Es-tu disposé à faire plaisir à Jésus ?»

– Sans aucun doute.

– Mais si ce plaisir peut te demander un sacrifice ?

– Te servir n’aura rien d’un sacrifice. Que veux-tu ?

– Je voulais te dire… mais si tu as des relations, des affections…

– Rien, rien du tout ! Je t’ai, toi ! Parle.

– Ecoute. Demain, dès l’aube, le lépreux quittera les tombeaux pour trouver quelqu’un qui avertisse le prêtre. Tu commenceras par aller aux tombeaux. C’est charité. Tu y diras à haute voix : “ Toi, qui as été purifié hier, sors. C’est Jésus de Nazareth, le Messie d’Israël qui m’envoie vers toi, celui qui t’a guéri. ” Fais en sorte que le monde des “ morts-vivants ” connaisse mon Nom et frémisse d’espérance. Que celui qui a l’espérance, jointe à la foi, vienne à moi pour que je le guérisse. C’est la première manifestation de la pureté que j’apporte, de la résurrection dont je suis maître. Un jour, je donnerai une pureté plus profonde… Un jour, les tombeaux scellés vomiront les vrais morts qui apparaîtront pour rire, de leurs yeux vides, de leurs mâchoires décharnées pour la joie lointaine, et pourtant ressentie par les squelettes, des esprits libérés de l’attente des limbes. Ils apparaîtront pour rire de joie à cette libération et pour frémir en sachant à quoi ils la doivent… Toi, va. Il viendra vers toi. Tu feras ce qu’il te demandera de faire, tu l’aideras en tout comme si c’était ton frère. Et tu lui diras aussi : “ Quand tu seras totalement purifié, nous irons ensemble sur la route du fleuve au-delà de Docco et d’Ephraïm. Le Maître Jésus nous y attend toi et moi pour nous dire de quelle manière nous devons le servir. ”

– Je le ferai. Et l’autre ?

– Qui ? Judas Iscariote ?

– Oui, Maître.

– Pour lui, mon conseil reste le même. Laisse-le se décider tout seul et prendre tout son temps. Evite même de le rencontrer.

– Je resterai près du lépreux. Dans la vallée des tombeaux, il n’y a que les impurs qui se déplacent ou ceux qui s’en approchent par pitié. »

55.4

Pierre bougonne quelque chose. Jésus l’entend.

« Pierre, qu’est-ce que tu as ? Tu te tais ou tu murmures. Tu sembles mécontent. Pourquoi ?

– Je le suis. Nous sommes les premiers et toi, tu ne nous fais pas cadeau d’un miracle. Nous sommes les premiers et toi, tu fais asseoir près de toi un étranger. Nous sommes les premiers, mais c’est à lui que tu confies des charges, et pas à nous. Nous sommes les premiers et… oui, vraiment, on dirait que nous sommes les derniers. Pourquoi les attends-tu sur le chemin du fleuve ? Sûrement pour leur confier quelque mission. Pourquoi à eux et pas à nous ? »

Jésus le regarde. Il n’est pas fâché. Il lui sourit même, comme on sourit à un enfant. Il se lève, va lentement vers Pierre, lui pose la main sur l’épaule et lui dit en souriant :

« Pierre, Pierre ! Tu es un grand enfant, un vieil enfant ! »

Puis il se tourne vers André, assis près de son frère :

« Va à ma place » lui dit-il.

Il s’assied à côté de Pierre, lui passe un bras sur les épaules et lui parle en le tenant ainsi contre son épaule :

« Pierre, tu as l’impression que je commets une injustice, mais ce n’en est pas une. C’est au contraire la preuve que je connais votre valeur. Regarde : qui a besoin d’être mis à l’épreuve ? Celui qui n’est pas encore sûr. Eh bien ! Je vous savais si sûrs de moi que je n’ai pas éprouvé le besoin de vous donner des preuves de ma puissance. Ici, à Jérusalem, il faut des preuves là où le vice, l’irréligion, la politique, tant de choses du monde obscurcissent les esprits au point qu’ils ne peuvent voir la Lumière qui passe. Mais là-bas, sur notre beau lac, si pur, sous un ciel si pur lui aussi, parmi des gens honnêtes et désireux de faire le bien, les preuves ne sont pas nécessaires. Vous les aurez, les miracles. C’est à flots que je déverserai sur vous les grâces. Mais regarde comme je vous ai estimés : je vous ai pris sans exiger de preuves et sans éprouver le besoin de vous en donner, parce que je sais qui vous êtes : chers, très chers, et très fidèles ! »

Pierre retrouve sa sérénité :

« Pardonne-moi, Jésus.

– Oui, je te pardonne, car ta bouderie, c’est de l’amour. Mais ne sois plus envieux, Simon, fils de Jonas. Sais-tu ce qu’est le cœur de ton Jésus ? Tu n’as jamais vu la mer, la vraie mer ? Si ? Eh bien ! Mon cœur est bien plus vaste que son étendue. Il y a de la place pour tous. Pour toute l’humanité. Le plus petit y a place comme le plus grand. Et le pécheur y trouve l’amour comme l’innocent. Je donne à ceux-ci une mission, bien sûr. Veux-tu m’empêcher de la leur donner ? C’est moi qui vous ai choisis, pas vous. Je suis donc libre de juger comment je dois vous employer. Si donc je les laisse ici avec une mission – qui peut être aussi une épreuve comme peut être miséricorde le laps de temps laissé à Judas Iscariote – peux-tu m’en faire reproche ? Sais-tu si, à toi, je n’en réserve pas une plus importante ? Et n’est-ce pas la plus belle que de t’entendre dire : “ Tu viendras avec moi ” ?

– C’est vrai, c’est vrai. Je suis bête ! Pardon…

– Oui. Je pardonne tout. Ah, Pierre… Mais, je vous en prie tous : ne discutez jamais sur les mérites et sur les places. J’aurais pu naître roi. Je suis né pauvre, dans une étable. J’aurais pu être riche. J’ai vécu de mon travail et maintenant de charité. Et pourtant, croyez-le, mes amis, personne n’est plus grand aux yeux de Dieu que moi, qui suis ici : serviteur de l’homme.

– Toi, serviteur ? Jamais !

– Pourquoi, Pierre ?

– Parce que c’est moi qui te servirai.

– Même si tu me servais comme une mère soigne son enfant, je suis venu pour servir l’homme. Pour lui je serai le Sauveur. Quel service est comparable à celui-là ?

– Oh Maître ! Tu expliques tout. Et ce qui était obscur se fait tout à coup lumineux !

– Content, maintenant, Pierre ?

55.5

Alors laisse-moi finir de parler à Thomas. Es-tu certain de reconnaître le lépreux ? Il n’y a que lui de guéri. Mais il pourrait bien être déjà parti à la lueur des étoiles pour trouver un voyageur complaisant. Et un autre, désirant entrer dans la ville pour voir des parents, pourrait peut-être se substituer à lui. Voici donc son portrait. J’étais tout à côté, de lui, et au crépuscule, je l’ai bien observé. Il est grand et maigre. Il a le teint foncé d’un sang mêlé, des yeux profonds et très noirs sous des sourcils blancs comme la neige, des cheveux blancs comme le lin et plutôt frisés, un nez long épaté à l’extrémité, comme les Libyens, des lèvres épaisses, surtout l’inférieure, et proéminentes. Il est tellement olivâtre que ses lèvres tirent sur le violet. Au front, une vieille cicatrice est restée et ce sera son unique tache, maintenant qu’il est purifié des croûtes et des saletés.

– C’est un vieux, s’il est tout blanc.

– Non, Philippe, il en donne l’impression, mais il ne l’est pas. C’est la lèpre qui l’a blanchi.

– Qu’est-ce qu’il est ? Un sang mêlé ?

– Peut-être, Pierre. Il ressemble aux peuples d’Afrique.

– Sera-t-il israélite, alors ?

– Nous le saurons, mais s’il ne l’était pas ?

– Eh bien ! S’il ne l’était pas, il pourrait s’en aller. C’est déjà beaucoup d’avoir eu la chance d’être guéri.

– Non, Pierre. Même s’il était idolâtre, moi, je ne le chasserais pas. Jésus est venu pour tout le monde. Et en vérité je te dis que les peuples des ténèbres surpasseront les fils du peuple de la Lumière… »

Jésus soupire. Puis il se lève. Il rend grâce au Père en récitant une hymne et il bénit.

La vision cesse ainsi.

55.6

Je fais remarquer en passant que mon conseiller intérieur m’a dit, dès hier soir, quand je regardais le lépreux :

« C’est Simon, l’apôtre. Tu verras son arrivée et celle de Jude auprès du Maître. »

Ce matin, après la communion (c’est vendredi) j’ouvre le missel et je vois que c’est justement aujourd’hui la vigile de la fête des saints Simon et Jude, et l’Evangile de demain parle précisément de la charité en répétant presque les paroles que j’ai entendues à la première vision. Quant à Jude, cependant, je ne l’ai pas encore vu.

55.1

This morning, as I recovered my senses after a very heavy torpor which had lasted many hours, while I was praying awaiting daylight, I saw the resumption of the vision.

I say resumption because we are still in the same place: the low, wide kitchen, with its dark, smoky walls, dimly lit up by the small flame of an oil lamp on the rustic table. It is a long narrow table at which eight people are sitting: Jesus and His six disciples, and the landlord, four on each side.

Jesus, sitting on a stool — the only seats here are three-legged stools, real country furniture — is still turned around speaking to Thomas. Jesus’ hand has fallen from Thomas’ head onto his shoulder. Jesus says: «Stand up, My friend. Have you had any supper yet?»

«No, Master. I walked a few yards with the other fellow who was with me, then I left him and I came back saying that I wanted to speak to the healed leper… I said that because I thought he would disdain approaching an impure man. I guessed right. But I wanted to see You, not the leper… I wanted to say to You: “Please take me”… I wandered up and down the olive-grove until a young man asked me what I was doing. He must have thought I was ill-disposed. He was near a pillar, at the boundary of the olive-grove.»

The landlord smiles. «It’s my son» he explains and adds: «He is on guard at the oil-mill. In the caves under the mill, we still have almost all the crop of the year. It was a very good one and we made a lot of oil. And when there are large crowds about, robbers always get together to plunder unguarded places. Eight years ago, just at Parasceve, they robbed us of everything. Since then we keep a good watch one night each. His mother has gone to take him his supper.»

«Well, he asked me: “What do you want?”, and he spoke in such a tone that to save my back from his stick, I answered at once: “I am looking for the Master Who lives here”. He then replied: “If what you say is true, come to the house”. And he brought me here. It was he who knocked at the door and he did not go away until he heard my first words.»

«Do you live far away?»

«I live on the other side of the town, near the Eastern Gate.»

«Are you alone?»

«I was with some relatives. But they have gone to stay with other relatives on the road to Bethlehem. I stayed here to look for You day and night, until I found You.»

Jesus smiles and says: «So no one is waiting for you?»

«No, Master.»

«It is a long way, it is a dark night, the Roman patrols are around the town. I say: stay with us, if you wish.»

«Oh! Master!» Thomas is happy.

«Make room for him. And each of us will give something to our brother.» Jesus gives him the portion of cheese He had in front of Him. He explains to Thomas: «We are poor and our supper is almost over. But there is so much heart in those who offer.» And He says to John who is sitting beside Him: «Give your seat to our friend.»

John gets up at once and sits down at the end of the table near the landlord.

«Sit down, Thomas, and eat.»

55.2

And then He says to them all: «You will always behave like that, My friends, according to the law of charity. A pilgrim is already protected by the law of God. But now, in My name, you must love him even more. When anyone asks you for some bread, a drop of water or a shelter in the name of God, you must give it in the same name. And you will receive your reward from God. You must behave so with everybody. Even with your enemies. And that is the new Law. Up until now you were told:

“Love those who love you and hate your enemies”. I say: “Love also those who hate you”. Oh! if you only knew how much you will be loved by God, if you love as I am telling you! And when anyone says: “I want to be your companion in serving the true Lord God and following His Lamb”, then he must be dearer to you than a brother by blood, because you will be joined by an eternal bond: the bond of Christ.»

«But if someone comes who is not sincere? It is easy to say: “I want to do this or that”. But words do not always correspond to the truth» says Peter, rather irritated. I do not know why, but he is not in his usual jovial mood.

«Peter, listen. What you say is sensible and fair. But, see: it is better to exceed in bounty and trust rather than exceed in distrust and hardness. If you help an undeserving person, what harm will befall you? None. In fact, God’s reward will always be active for you, whereas the person will be guilty of betraying your trust.»

«No harm? Eh! Very often a worthless person is not satisfied with ingratitude, but goes much further, even to the extreme of ruining one’s reputation, wealth and one’s very life.»

«True. But would that diminish your merit? No, it would not. Even if the whole world should believe in slander, even if you became poorer than Job, even if the cruel person should take your life, what would change in the eyes of God? Nothing. Or rather, something would change. But to your advantage. God, to the merits of your bounty, would add the merits of your intellectual, financial, physical martyrdom.»

«Alright! Perhaps it is so.» Peter does not speak any more. He sulkily rests his head on his hand.

55.3

Jesus addresses Thomas: «My friend, before, in the olive-grove I said to you: “When I come back here, if you are still willing, you will be one of My disciples”. Now I say to you: “Are you willing to do Jesus a favour?”»

«Most certainly.»

«And if this favour should cost you some sacrifice?»

«There is no sacrifice in serving You. What is it You want?»

«I wanted to say… but you may have some business, some affections…»

«None, none! I have You! Tell me.»

«Listen. Tomorrow at daybreak the leper will leave the sepulchres to find someone who will inform the priest. You will be the first to go to the sepulchres. It is charity. And you will shout: “Come out, you, the one who was cleansed yesterday. I have been sent by Jesus of Nazareth, the Messiah of Israel, He who cleansed you”. Let the world of the “living dead” know My name, let them throb with hope, and let those come to Me, who will have faith in addition to hope, that I may heal them. It is the first form of purity that I am bringing, the first form of the resurrection, of which I am the lord. One day I will grant a greater purity… One day the sealed tombs will violently expel those who are really dead, and they will appear and laugh with their empty eye sockets, with their bare jaws, because of the rejoicing of the souls freed from Limbo, a remote rejoicing and yet perceived even by skeletons. They will appear to laugh because of this liberation and to throb knowing it is due to… Go! He will come to you. You will do what he asks you to do. You will assist him in everything, as if he were your brother. And you will also say to him: “When you are completely purified, we will go together along the road of the river, beyond Doco and Ephraim. Jesus, the Master, will be waiting for us to tell us in what we have to serve him”.»

«I will do that. And what about the other one?»

«Who? The Iscariot?»

«Yes, Master.»

«The advice I gave him still stands. Let him decide by himself and let him take a long time. Even better, avoid seeing him.»

«I will be with the leper. Only lepers wander about in the valley of the sepulchres and those who pitifully are in touch with them.»

55.4

Peter mumbles something. Jesus hears him.

«What is the matter with you, Peter? You either grumble or are silent. You seem to be discontented. Why?»

«I am discontented. We were the first and You did not work a miracle for us. We were the first and You let a stranger sit beside You. We were the first and You entrust him, not us, with a task. We were the first and… yet, yes, we seem to be the last ones. Why are You going to wait for them on the road near the river? Certainly to entrust them with some mission. Why them, and not us?»

Jesus looks at him. He is not angry. On the contrary He smiles as one smiles at a child. He gets up, goes slowly over to Peter and, smiling, says to him: «Peter! Peter! You are a big, old baby!» And He says to Andrew, who is sitting beside his brother: «Go and take My seat» and He sits beside Peter, clasping his shoulders with His arm, and He speaks to him, holding him thus against His own shoulder: «Peter, you think I am being unfair, but I am not. On the contrary it is a proof that I know what you are worth. Look. Who needs proof? He who is not yet certain. I knew you were so certain about Me, that I did not feel any need to give you evidence of My power. Proof is required here in Jerusalem, where vices, lack of religion, politics and many worldly things dim souls to such an extent that they can no longer see the Light passing by. But up there, on our beautiful lake, so clear under a clear sky, amongst honest and good willing people, no proof is required. You will have miracles. I will pour torrents of graces upon you. But consider how I valued you, I took you without demanding any proof and without finding it necessary to give you any, because I know who you are. You are dear to Me, so dear, and so faithful.»

Peter cheers up: «Forgive me, Jesus.»

«Yes, I forgive you because your sulkiness is a sign of love. But do not be envious any more, Simon of Jonas. Do you know what the heart of your Jesus is? Have you ever seen the sea, the real sea? You have? Well, My heart is bigger than the immense sea! And there is room for everybody. For the whole of mankind. And the smallest person has a place just like the greatest. And a sinner finds love just like an innocent. I am entrusting these with a mission. Certainly. Do you want to forbid Me? I chose you. You did not choose yourselves. I am therefore free to decide how I want to employ you. And if I leave them here with a mission — which might well be a test, as the lapse of time granted to the Iscariot may be due to mercy — can you reproach Me? How do you know that I am not keeping a greater mission for you? And is not the nicest mission to be told: “You will come with me”?»

«It is true. I am a blockhead! Forgive me…»

«Yes. I forgive everything. Oh! Peter!… But I beg you all never to discuss merits and positions. I could have been born a king. I was born poor, in a stable. I could have been rich. I lived with My work and now I live out of charity. And yet, believe Me, My friends, there is no one greater than I in the eyes of God. Greater than I am, Who am here: the servant of man.»

«You a servant? Never!»

«Why not, Peter?»

«Because I will serve You.»

«Even if You served Me as a mother serves her child, I have come to serve man. I will be a Saviour for him. What service is there like that?»

«Oh! Master! You explain everything. And what seemed dark becomes clear at once!»

«Are you happy now, Peter?

55.5

Now let Me finish talking to Thomas. Are you sure you will recognise the leper? He is the only one healed; but he may already have left by starlight, to find an early wayfarer. And someone, anxious to enter the town and see his relatives, might perhaps take his place. Listen to his description. I was near him and I saw him well in the twilight. He is tall and thin. Of a dark complexion, like a cross-breed, very deep and dark eyes with snow-white eyebrows, hair as white as linen and somewhat curly, and a long snubbed nose like the Lybians’, two thick protruding lips particularly the lower one. He is so olive-coloured that his lips verge on violet. He has an old scar on his forehead and it will be the only stain, now that he has been cleaned from scabs and dirt.»

«He must be old, if he is all white.»

«No, Philip, he looks old, but he is not. Leprosy made him white.»

«What is he? A cross-breed?»

«Perhaps, Peter. He resembles African people.»

«Will he be an Israelite, then?»

«We will find out. But suppose he is not?»

«Eh! If he were not, he would go away. He is already lucky that he deserved to be healed.»

«No, Peter. Even if he is an idolater, I will not send him away. Jesus has come for everybody. And I solemnly tell you that people living in darkness will overcome the children of the people of Light…»

Jesus sighs. He then stands up. He thanks the Father with a hymn and blesses everyone.

The vision ends in this way.

55.6

I point out incidentally that my internal adviser said to me, since yesterday evening when I saw the leper: «It is Simon, the apostle. You will see him and Thaddeus coming to the Master.» This morning, after Holy Communion (today is Friday) I opened my missal and I saw that this is the eve of the feast of Saints Simon and Judas, and tomorrow’s Gospel deals with charity, almost repeating the very words I heard before the vision. However, I have not seen Judas Thaddeus so far.