The Writings of Maria Valtorta

545. Le serviteur de Béthanie apporte à Jésus le message de Marthe.

545. The servant from Bethany refers

545.1

La nuit commence déjà à tomber. Le serviteur, remontant les bosquets du fleuve, éperonne son cheval, qui fume de sueur, pour lui faire franchir la dénivellation qui existe à cet endroit entre le fleuve et le chemin du village. Les flancs du pauvre animal palpitent sous la fatigue de cette longue course rapide. La sueur fait luire sa robe noire, et l’écume du mors éclabousse son poitrail de taches blanches. Il halète en cambrant son cou et en secouant sa tête.

Une fois sur le sentier, il a vite fait de rejoindre la maison. Le serviteur saute à terre, attache le cheval à la haie, et appelle.

De derrière la maison se présente la tête de Pierre et, de sa voix un peu rauque, il demande :

« Qui est-ce ? Le Maître est fatigué. Cela fait des heures qu’il n’est pas tranquille. Il fait presque nuit. Revenez demain.

– Je ne veux rien du Maître, moi. Je suis en bonne santé et je n’ai qu’un mot à lui dire. »

Pierre s’approche :

« Et de la part de qui, si on peut le demander ? Si je ne peux reconnaître à coup sûr, je ne laisse passer personne, et surtout pas quelqu’un qui pue Jérusalem comme toi. »

Rendu plus soupçonneux par la beauté du cheval maure richement harnaché, que par l’homme, il s’est avancé lentement. Mais quand ils sont en face l’un de l’autre, il fait un geste étonné :

« Toi ? Mais n’es-tu pas un serviteur de Lazare ? »

Le serviteur ne sait que répondre. Sa maîtresse lui a demandé de ne parler qu’à Jésus, mais l’apôtre semble bien décidé à ne pas le laisser passer. Le nom de Lazare, il le sait, est puissant auprès des apôtres. Il se décide à préciser :

« Oui, je suis Jonas, serviteur de Lazare. Je dois parler au Maître.

– Lazare va mal ? C’est lui qui t’envoie ?

– Il va mal, oui. Mais ne me fais pas perdre de temps. Je dois repartir au plus tôt. » Et, pour convaincre Pierre, il ajoute : « Des membres du Sanhédrin sont venus à Béthanie…

– Des membres du Sanhédrin ! Passe donc, passe ! » et il ouvre le portail en disant : «Détache le cheval. Nous allons le faire boire et lui donner de l’herbe, si tu veux.

– J’ai de l’avoine, mais un peu d’herbe serait la bienvenue. Pour l’eau, il vaut mieux attendre ; tout de suite, ça lui ferait du mal. »

545.2

Ils entrent dans la pièce où se trouvent les couchettes et attachent l’animal dans un coin pour le garder à l’abri de l’air ; le serviteur lui met une couverture qui était attachée à la selle, lui donne de l’avoine et de l’herbe que Pierre a trouvée je ne sais où. Une fois dehors, Pierre conduit Jonas dans la cuisine et lui offre une tasse de lait chaud, qu’il prend dans un petit chaudron qui se trouve près du feu allumé, au lieu de l’eau que le serviteur avait demandée. Pendant que ce dernier boit et se réchauffe auprès du foyer, Pierre, qui s’abstient héroïquement de poser des questions, dit :

« Le lait vaut mieux que l’eau que tu voulais. Et puisque nous en avons… Tu as fait tout ce chemin en une étape ?

– En une étape, oui, et je ferai de même au retour.

– Tu seras fatigué. Et le cheval va tenir le coup ?

– Je l’espère. Et puis, au retour, je ne galoperai pas comme à l’aller.

– Mais il va bientôt faire nuit. La lune commence déjà à se lever… Comment vas-tu faire au fleuve ?

– J’espère y arriver avant qu’elle ne se couche, sinon je resterai dans le bois jusqu’à l’aube. Mais j’y serai à temps.

– Et après ? La route est longue du fleuve à Béthanie, et la lune se couche de bonne heure. Elle en est à ses premiers jours.

– J’ai une bonne lanterne, je l’allumerai et j’avancerai lentement. Même à petite allure, je me rapprocherai toujours de la maison.

– Veux-tu du pain et du fromage ? Nous en avons, et aussi du poisson. C’est moi qui l’ai pêché. Parce qu’aujourd’hui je suis resté ici avec Thomas. Mais maintenant, Thomas est allé demander du pain à une femme qui nous rend service.

– Non, ne te prive de rien. J’ai mangé en route, mais j’avais soif et besoin aussi de quelque chose de chaud. Maintenant, je me sens bien. Mais veux-tu aller chercher le Maître ? Est-il ici ?

– Oui, oui. S’il avait été absent, je te l’aurais dit tout de suite. Il se repose à côté, car il vient tant de monde ici… J’ai même peur que cela ne fasse du bruit et n’alarme les pharisiens. Prends encore un peu de lait. D’ailleurs, tu devras laisser manger le cheval… et le faire se reposer. Ses flancs battaient comme une voile mal tendue…

– Non. Le lait, vous en avez besoin. Vous êtes si nombreux…

– Oui, mais à l’exception de Jésus, qui parle tant, qu’il en a la poitrine fatiguée, et des plus âgés, nous qui sommes robustes, nous mangeons des aliments qui font travailler les dents. Prends. C’est celui des brebis laissées par le vieillard. Quand nous sommes ici, la femme nous l’apporte, mais si nous en désirons davantage, tous nous en donnent. Ils nous aiment bien, et ils nous aident.

545.3

Et… dis-moi un peu : ils étaient tellement nombreux, les membres du Sanhédrin ?

– Presque tous étaient là, et d’autres avec eux : sadducéens, scribes, pharisiens, juifs de grande fortune, et même quelques hérodiens…

– Et qu’est-ce que ces gens sont venus faire Béthanie ? Est-ce que Joseph et Nicodème étaient là ?

– Non : ils étaient passés les jours d’avant, et Manahen aussi. Mais ceux qui sont venus dernièrement n’étaient pas de ceux qui aiment le Seigneur.

– Je le crois bien ! Il y en a tellement peu au Sanhédrin qui l’aiment ! Que voulaient-ils exactement ?

– Saluer Lazare, ont-ils dit en entrant…

– Hum ! Quel amour étrange ! Ils l’ont toujours écarté pour tant de raisons… Bien !… Croyons-le aussi… Ils sont restés longtemps ?

– Assez longtemps, oui. Et ils sont repartis contrariés. Moi, je ne sers pas à la maison, par conséquent je ne faisais pas le service des tables, mais ceux qui en étaient chargés rapportent qu’ils ont parlé avec les maîtresses et qu’ils ont voulu voir Lazare. C’est Elchias qui est allé voir Lazare et…

– Cette peau de vache !… siffle Pierre entre ses dents.

– Qu’est-ce que tu dis ?

– Rien, rien ! Continue. Et il a parlé avec Lazare ?

– Je crois. Il est allé dans sa chambre avec Marie. Mais ensuite, je ne sais pourquoi… Marie s’est agitée et les serviteurs, prêts à accourir des pièces voisines, racontent qu’elle les a chassés comme des chiens…

– Bravo ! Voilà ce qu’il fallait faire ! Et elles t’ont envoyé le dire à Jésus ?

– Ne me fais pas perdre plus de temps, Simon.

– Tu as raison, viens. »

545.4

Il le conduit à une porte, frappe, et annonce :

« Maître, il y a là un serviteur de Lazare qui veut te parler.

– Entre » dit Jésus.

Pierre ouvre la porte, fait entrer le serviteur, ferme et se retire, méritoirement, près du feu pour mortifier sa curiosité.

Jésus est assis sur le bord de son lit, dans une pièce si exigüe qu’il y a tout juste de la place pour la couche et pour la personne qui l’habite. Ce devait être auparavant un local pour les vivres car on voit encore des crochets aux murs et des planches sur des chevilles. Jésus regarde en souriant le serviteur qui s’est agenouillé, et il le salue :

« Que la paix soit avec toi. »

Puis il ajoute :

« Quelles nouvelles m’apportes-tu ? Relève-toi et parle.

– Mes maîtresses m’envoient te prier de venir tout de suite à Béthanie, car Lazare est très malade et le médecin nous avertit de sa mort prochaine. Marthe et Marie t’en supplient et elles m’ont envoyé te dire : “ Viens, car toi seul peux le guérir. ”

– Conseille-leur de rester tranquilles : ce n’est pas une maladie mortelle, mais c’est la gloire de Dieu pour que sa puissance soit glorifiée en son Fils.

– Mais il est au plus mal, Maître ! Sa chair est gangrenée, et il ne se nourrit plus. J’ai éreinté le cheval pour arriver plus tôt…

– Peu importe. C’est comme je te le dis.

– Mais viendras-tu ?

– Je viendrai. Dis-leur que je viendrai et que je leur demande d’avoir foi, une foi absolue. Tu as compris ? Va. Paix à toi et à celles qui t’envoient. Je te répète : qu’elles aient foi absolue. Va. »

Le serviteur salue et se retire.

545.5

Pierre court à sa rencontre :

« Tu as fait vite! Je m’attendais à un long discours… »

Il le regarde, le regarde… Le désir de savoir transpire par tous les pores de son visage, mais il se retient…

« Je pars. Veux-tu me donner de l’eau pour mon cheval ? Après, je m’en irai.

– Viens. Nous avons tout un fleuve à te proposer, en plus du puits pour nous. »

Et Pierre, muni d’une lampe, le précède et donne l’eau demandée.

Ils font boire le cheval. Jonas soulève la couverture, examine les fers, la sous-ventrière, les rênes, les étriers. Il explique :

« Il a tant couru ! Mais tout est en bon état. Adieu, Simon-Pierre, et prie pour nous. »

Il conduit le cheval dehors, sort sur la route en le tenant par la bride, met un pied dans l’étrier, et s’apprête à monter en selle. Mais Pierre le retient en lui posant une main sur le bras :

« Tout ce que je veux savoir, c’est cela : y a-t-il danger pour lui à rester ici ? Ont-ils fait cette menace ? Voulaient-ils apprendre par les deux sœurs où nous étions ? Réponds, au nom de Dieu !

– Non, Simon, non. Il n’en a pas été question. C’est pour Lazare qu’ils sont venus… Entre nous, nous soupçonnons que c’était pour voir si le Maître était là et si Lazare était lépreux, car Marthe criait très fort qu’il n’est pas lépreux, et elle pleurait… Adieu, Simon, paix à toi.

– Ainsi qu’à toi et à tes maîtresses. Que Dieu t’accompagne sur le chemin du retour… »

Il le regarde partir… et disparaître bientôt au bout de la rue — en effet, le serviteur préfère prendre la grande route éclairée par la lumière de la lune plutôt que le sentier obscur du bois le long du fleuve —. Il reste pensif, puis referme la grille et revient à la maison.

545.6

Il va trouver Jésus qui est toujours assis sur sa couche, les mains appuyées sur le bord, l’air songeur. Mais il se secoue en sentant près de lui Pierre qui le dévisage comme pour l’interroger. Il sourit.

« Tu souris, Maître ?

– Je te souris, Simon. Assieds-toi près de moi. Les autres sont-ils revenus ?

– Non, pas même Thomas. Il aura trouvé des personnes à qui parler.

– C’est bien.

– Bien qu’il parle ? Bien que les autres tardent ? Lui, il ne parle que trop. Il est toujours gai ! Et les autres ? Je suis toujours inquiet tant qu’ils ne sont pas de retour. J’ai toujours peur, moi.

– Et de quoi, mon Simon ? Il n’arrive rien de mal pour le moment, crois-moi. Apaise-toi et imite Thomas qui est toujours gai. Toi, au contraire, tu es bien triste depuis quelque temps !

– Je défie quiconque t’aime de ne pas l’être ! Je suis vieux à présent, et je réfléchis plus que les jeunes. Car eux aussi t’aiment, mais ils sont vifs et se concentrent moins… Si tu désires que je sois plus gai, je le serai, je m’efforcerai de l’être. Mais pour que ce soit possible, donne-moi au moins une raison de l’être. Dis-moi la vérité, mon Seigneur, je te le demande à genoux (effectivement, il glisse à genoux). Que t’a dit le serviteur de Lazare ? Qu’ils te cherchent ? Qu’ils veulent te nuire ? Que… »

Jésus pose sa main sur la tête de Pierre :

« Mais non, Simon ! Rien de tout cela. Il est venu m’informer que l’état de Lazare s’est beaucoup aggravé, et nous avons parlé seulement de Lazare.

– Vraiment, vraiment ?

– Vraiment, Simon. Et j’ai répondu que ses sœurs doivent avoir foi.

– Mais les membres du Sanhédrin sont allés à Béthanie, tu le sais ?

– C’est bien naturel ! La maison de Lazare est une grande maison, et nos usages demandent que l’on rende ces honneurs à un homme puissant qui meurt. Ne t’agite pas, Simon.

– Mais tu crois vraiment qu’ils n’ont pas profité de cette excuse pour…

– Pour voir si j’étais là. Eh bien, ils ne m’auront pas trouvé. Allons, ne t’effraie pas ainsi, comme s’ils m’avaient déjà pris. Reviens près de moi, pauvre Simon, qui ne veut absolument pas se laisser convaincre que rien ne peut m’arriver de mal jusqu’au moment décrété par Dieu, et que, alors… rien ne pourra me défendre du Mal… »

Pierre s’accroche à son cou et lui ferme la bouche en y déposant un baiser et en disant :

« Tais-toi ! Tais-toi ! Ne me parle pas de telles horreurs ! Je ne veux pas les entendre ! »

Jésus réussit à se dégager assez pour pouvoir parler, et il murmure :

« Tu ne veux pas les entendre, et c’est une erreur ! Mais je t’excuse…

545.7

Ecoute, Simon, Puisque tu étais seul ici, toi et moi seuls nous devons savoir ce qui est arrivé. Tu m’as bien compris ?

– Oui, Maître, je n’en parlerai à aucun des compagnons.

– Que de sacrifices, n’est-ce pas, Simon ?

– Des sacrifices ? Lesquels ? On est bien, ici. Nous avons tout ce qu’il nous faut.

– Ne pas questionner, ne pas parler, supporter Judas… être loin de ton lac… ce sont des sacrifices ! Mais Dieu te récompensera de tout.

– Oh ! si c’est de cela que tu veux parler !… Au lieu du lac, j’ai le fleuve et… je m’en contente. Pour Judas… je t’ai toi, et tu es une large compensation… Et pour le reste… bagatelles ! Cela me sert à devenir moins rustre et plus semblable à toi. Comme je suis heureux d’être ici avec toi ! Dans tes bras ! Le palais de César ne me paraîtrait pas plus beau que cette maison, si je pouvais rester toujours ainsi, dans tes bras.

– Que sais-tu du palais de César ? L’aurais-tu donc vu ?

– Non, et je ne le verrai jamais. Mais je n’y tiens pas. Pourtant, j’imagine qu’il est grand, beau, rempli de merveilles… et d’ordures, comme Rome tout entière, je suppose. Je n’y resterais pas même si on me couvrait d’or !

– Où ? Dans le palais de César, ou à Rome ?

– Aux deux endroits. Anathème !

– Mais c’est justement parce qu’ils sont tels qu’il faut les évangéliser.

– Et que veux-tu faire à Rome ?! Ce n’est qu’un lupanar ! Il n’y a rien à faire, là-bas, à moins que tu y viennes, toi. Alors !…

– J’y viendrai. Rome est la capitale du monde. Conquérir Rome, c’est conquérir le monde.

– Nous allons à Rome ? Tu te proclames roi, là-bas ! Miséricorde et puissance de Dieu ! Cela, c’est un miracle ! »

Pierre s’est levé et il reste les bras tendus devant Jésus, qui lui répond en souriant :

« J’y serai dans la personne de mes apôtres. Vous me la conquerrez et je vous aiderai. Mais j’entends quelqu’un à côté. Allons, Pierre. »

545.1

It is already nightfall when the servant, who is proceeding through the brushwood near the river, spurs his horse, steaming with perspiration, to overcome the difference in level between the river and the road leading to the village. The poor animal’s sides are heaving because of the long fast run. Its dark coat is all veined with perspiration and its breast is spread with the white foam of the bit. It puffs arching its neck and shaking its head.

They are now on the narrow road and they soon reach the house. The servant jumps to the ground, ties the horse to a hedge and gives a shout.

From the rear of the house the head of Peter appears and in his harsh voice he asks: «Who is calling? The Master is tired. He has not had any peace for many hours. It is almost dark. Come back tomorrow.»

«I do not want anything of the Master. I am healthy and I have only to speak a few words to Him.»

Peter comes forward saying: «From whom, if you do not mind me asking you? I will not let anybody pass without safe identification, particularly those who stink of Jerusalem, as you do.» He has come slowly forward as his suspicion has been aroused more by the beauty of the richly harnessed dark horse than by the man. But when he is in front of him, he is amazed: «You? Are you not one of Lazarus’ servant?»

The servant does not know what to say. His mistress told him to speak only to Jesus. But the apostle seems to be quite determined not to let him pass. As he knows that Lazarus’ name has great influence over the apostles, he makes up his mind and says: «Yes, I am Jonah, Lazarus’ servant. I must speak to the Master.»

«Is Lazarus not well? Has he sent you?»

«No, he is not well. But don’t make me waste time. I must go back as soon as possible.» And to convince Peter he says: «The members of the Sanhedrin came to Bethany…»

«The members of the Sanhedrin!!! Come in! Come in!» and he opens the gate saying: «Bring the horse in. We will water it and give it some grass, if you wish so.»

«I have some fodder, but some grass will not do it any harm. We will give it some water later, it may be harmful now.»

545.2

They go into the large room where the beds are and they tie the horse in a corner to protect it from draughts; the servant covers it with a blanket that was tied to the saddle, he gives it some fodder and the grass that Peter has brought from I do not know where. They go out again and Peter takes the servant into the kitchen and gives him a cup of warm milk that he takes from a pot near the fire, instead of the water that the servant had asked for. While the servant drinks it and warms himself near the fire, Peter, who is heroic in not asking curious questions, says: «Milk is better than the water you wanted. And since we have it! Did you come all the way without a stop?»

«Without a stop. And I’ll do the same going back.»

«You must be tired. And can the horse stand it?»

«I hope so. In any case, on my way back, I shall not gallop as I did coming.»

«It will soon be dark. The moon is already rising… How will you manage at the river?»

«I hope to arrive there before the moon sets. Otherwise I shall stop in the wood until dawn. But I shall get there before.»

«And then? It’s a long way from the river to Bethany. And the moon sets early. She is in her first days.»

«I have a good lamp. I will light it and go slow. No matter how slow I may go, I shall be approaching home.»

«Would you like some bread and cheese? We have some. We have also some fish, I caught it. Because I remained here with Thomas. But Thomas has now gone to get some bread from a woman who helps us.»

«No, don’t deprive yourself of anything. I had some food on the way, but I was thirsty and I needed something warm. I am all right now. But will you go to the Master? Is He in?»

«Yes, He is. If He had not been here, I would have told you at once. He is in that room, resting. Because so many people come here… I am even afraid that the news may spread and that the Pharisees may come and disturb. Take some more milk. You have to let the horse eat… and rest. Its sides were beating like a badly secured sail…»

«No, you need the milk. You are so many.»

«Yes. But with the exception of the Master, Who speaks so much that His chest aches, and of the older ones, we, who are sturdy, prefer food that keeps our teeth busy. Take some. It’s the milk of the sheep left by the old man. When we are here, the woman brings it to us. But, if we want more, everybody is willing to give it to us. They like us, here, and they help us.

545.3

And… tell me: were there many members of the Sanhedrin?»

«Oh! they were almost all there and other people with them: Sadducees, scribes, Pharisees, wealthy Judaeans, some Herodians….»

«And why did all those people come to Bethany? Was Joseph with them? And Nicodemus?»

«No. They had come previously, Manaen also had come. The others were not friends of the Lord.»

«Eh! I believe that! They are so few the members of the Sanhedrin who love Him! But what did they want exactly?»

«To greet Lazarus, so they said coming in…»

«H’m! How strange their love is! They have always shunned Him for so many reasons!… Well!… Let us believe it… Did they stay long?»

«Quite a long time. And they were upset when they left. I do not work in the house, so I was not serving at the tables. But the other servants who were serving in the house say that they spoke with the mistresses and they wanted to see Lazarus. Helkai went into Lazarus’ room and…»

«A fine crook!…» whispers Peter between his teeth.

«What did you say?»

«Oh! nothing! Go on. And did he speak to Lazarus?»

«I think so. He went with Mary. But later, I do not know why… Mary became irritated and the servants, who rushed there from the nearby rooms, say that she turned them out ruthlessly…»

«Well done! Just what is needed! And have they sent you to tell us?»

«Don’t make me waste more time, Simon of Jonah.»

«You are right. Come.»

545.4

He takes him towards a door and knocks saying: «Master, there is one of Lazarus’ servants who wants to speak to You.»

«Let him come in» says Jesus.

Peter opens the door, lets the servant enter, closes the door and withdraws, meritoriously, to the fireplace, to mortify his curiosity.

Jesus, sitting on the edge of His little bed in the small room where there is hardly space for the bed and the person who lives in it, and which previously was certainly a store-room as there are still hooks on the walls and shelves, looks smiling at the servant who has knelt down and He greets him: «Peace be with you.» And He then adds: «What news do you bring Me? Stand up and speak.»

«My mistresses have sent me to tell You to go to them at once, because Lazarus is very ill and the doctor says that he will die. Martha and Mary implore You and they have sent me to say to You: “Come, because You alone can cure him”.»

«Tell them not to worry. This is not a disease that will cause his death, but it is for the glory of God, that His power may be glorified in His Son.»

«But his condition is very serious, Master! His body is affected with gangrene and he no longer takes any food. I have worn out my horse to arrive here in the shortest possible time…»

«It does not matter. It is as I say.»

«But will You come?»

«I will come. Tell them that I will come and to have faith. Tell them to have faith. Absolute faith. Have you understood? Go. Peace to you and to those who sent you. I tell you once again: “They must have faith. Absolute faith”. Go.»

The servant greets Him and withdraws.

545.5

Peter rushes towards him saying: «You were quick in telling Him. I thought that it was a long speech…» He looks at him intently… His face is shot through with the anxiety to be informed. But he checks himself…

«I am going. Will you give me some water for the horse? Then I will leave.»

«Come. Some water!… We have a whole river to give you some, in addition to our well» and Peter, holding a lamp, walks before him and gives him the water he asked for.

They water the horse. The servant removes the blanket, he checks its shoes, the belly-band, the reins, the stirrups. He explains: «It has run so much and so fast! But everything is in order. Goodbye, Simon Peter, and pray for us.»

He leads the horse out. Holding it by the bridle he goes out on to the road, puts one foot in the stirrup and is about to mount.

Peter holds him back putting one hand on his arms saying: «There is only one thing I wish to know: is there any danger for Him to stay here? Have they made threats? Did they want to learn from the sisters where we were? Tell me, in the name of God!»

«No, Simon. No. They never said that. They came for Lazarus… We suspect that they came to see whether the Master was there and whether Lazarus was leprous, because Martha was shouting out loud that he is not leprous and she was weeping… Goodbye, Simon. Peace be with you.»

«And with you and your mistresses. May God accompany you back home…» He watches him depart… and soon disappear at the end of the street, because the servant prefers to take the main road, clear in the moonlight, rather than the dark path in the wood along the river. He remains thoughtful. Then he closes the gate and goes back into the house.

545.6

He goes to Jesus, Who is still sitting on the little bed, leaning His hands on its edge, engrossed in thought. But He rouses Himself when He hears Peter come close to Him and look at Him inquisitively. He smiles at the apostle.

«Are You smiling, Master?»

«I am smiling at you, Simon of Jonah. Sit down here, near Me. Have the others come back?»

«No, Master. Not even Thomas. He must have found someone to speak to.»

«That is all right.»

«All right that he should speak? All right that the others should be late? He speaks even too much. He is always cheerful! And the others? I am always worried until they come back. I am always afraid.»

«Of what, My dear Simon? No harm will befall us for the time being, believe Me. Set your mind at rest and imitate Thomas who is always cheerful. You, on the contrary, have been very sad for some time.»

«I defy anyone who loves You not to be so! I am old now and I ponder more than the younger ones. Because they also love you, but they are young and less thoughtful… But if You like me more when I am happy, I will be so, I will strive to be so. But in order to be able to be so, give me a reason for it. Tell me the truth, my Lord. I am asking You on my knees (he in fact kneels down). What did Lazarus’ servant tell You? That they are looking for You? That they want to harm You? That…»

Jesus lays His hand on Peter’s head saying: «No, Simon! Nothing of the kind. He came to tell Me that Lazarus has got worse, and we spoke only of Lazarus.»

«Really?»

«Really, Simon. And I told them to have faith.»

«But do You know that those of the Sanhedrin have been to Bethany?»

«Which is natural! Lazarus’ household is a great one. And according to our custom such honours are to be given to a powerful man who is dying. Do not distress yourself, Simon.»

«But do You really think that they did not use that as an excuse to…»

«To see whether I was there. Well, they did not find Me. Cheer up, do not be so frightened as if they had already captured Me. Come here, beside Me, poor Simon, who on no account will be convinced that no harm can befall Me until the moment decreed by God, and that then… nothing will be able to defend Me from Evil…»

Peter throws his arms around Jesus’ neck and keeps Him quiet by kissing His lips and saying: «Be quiet! Be quiet! Don’t tell me such things! I don’t want to hear them!»

Jesus succeeds in releasing Himself so that He can speak and He whispers: «You do not want to hear them! That is the error!

But I pity you…

545.7

Listen, Simon. Since you were the only one to be here, only you and I are to know what happened. Do you understand Me?»

«Yes, Master. I will not mention it to any of my companions.»

«How many sacrifices, is that right, Simon?»

«Sacrifices? Which? It is pleasant to be here. We have what is necessary.»

«The sacrifice of not asking questions, of not speaking, of putting up with Judas… of being away from your lake… But God will reward you for everything.»

«Oh! if that is what You mean!… In place of the lake I have the river and… I make it suffice. With regard to Judas… I have You Who make up for him fully… And with regard to the other things!… Trifles! And they help me to become less coarse and more like You. How happy I am to be here with You! In Your arms! Caesar’s palace would not seem more beautiful than this house, if I could always be in it thus, in Your arms.»

«What do you know of Caesar’s palace? Have you seen it?»

«No, and I shall never see it. And I do not care. But I imagine it large, beautiful, full of lovely things… and of filth. Like the whole of Rome, I suppose. I would not stay there even if they covered me with gold!»

«Where? In Caesar’s palace or in Rome?»

«In neither. Anathema!»

«But because they are like that, they are to be evangelized.»

«And what do You expect to do in Rome?! It is a brothel! There is nothing to be done there, unless You come. Then!…»

«I will come. Rome is the capital of the world. Once Rome is conquered, the world is conquered.»

«Are we going to Rome? You are proclaiming Yourself king, there! Mercy and power of God! That is a miracle!»

Peter has stood up and with raised arms he is standing before Jesus Who smiles and replies to him: «I will go there in My apostles. You will conquer it for Me. And I shall be with you. But there is someone out there. Let us go, Peter.»