The Writings of Maria Valtorta

550. Les apôtres sont euphoriques.

550. Elation among the apostles. A mission of love

550.1

Il fait bon rester ainsi, sans rien faire, entourés de l’amour de ses amis et près du Maître, dans les journées ensoleillées qui annoncent déjà un précoce sourire de printemps ! Le regard se pose sur les champs qui ouvrent leurs sillons à un verdoiement innocent du blé en herbe, sur les prés dont les premières fleurs multicolores rompent le vert uniforme de l’hiver, sur les haies qui, aux endroits les plus ensoleillés, présentent déjà le sourire des boutons qui s’ouvrent, sur les amandiers dont les premières fleurs éclosent à leur sommet en formant une sorte de mousse.

Jésus, les apôtres, et les trois amis de Béthanie s’émerveillent. Combien semblent loin, la malveillance, la douleur, la tristesse, la maladie, la mort, la haine, l’envie, tout ce qui est peine, tourment, préoccupation sur la terre !

Les apôtres jubilent, et ils le manifestent. Ils expriment leur conviction — si sûre, si triomphante ! — que Jésus a d’ores et déjà vaincu tous ses ennemis, que sa mission continuera désormais sans obstacles, qu’il sera reconnu comme Messie même par ceux qui s’obstinaient davantage à le nier. Ils parlent avec un peu d’exaltation, comme rajeunis, tant ils sont heureux, en faisant des projets pour l’avenir, en rêvant… en rêvant tellement… et si humainement…

550.2

Le plus enthousiaste, à cause de son caractère qui le porte aux extrêmes, c’est Judas. Il se félicite d’avoir su attendre et d’avoir su agir, il se félicite de sa longue foi dans le triomphe du Maître, il se félicite d’avoir défié les menaces du Sanhédrin… Il est tellement euphorique qu’il finit par révéler ce qu’il a toujours tenu caché jusqu’ici, au grand étonnement de ses compagnons :

« Oui, ils voulaient m’acheter, ils voulaient me séduire par des flatteries, et, voyant qu’elles ne servaient pas, par des menaces. Si vous saviez ! Mais moi, je les ai payés de la même monnaie. J’ai feint de ressentir de la sympathie pour eux, comme eux pour moi. Je les ai flattés comme eux me flattaient, et je les ai trahis comme eux voulaient me trahir… Car c’est bien ce qu’ils voulaient ! Me faire croire que c’était dans une bonne intention qu’ils éprouvaient le Maître pour pouvoir le proclamer solennellement le Saint de Dieu. Mais moi, je les connais ! Je les connais ! Et dans toutes les manigances qu’ils m’annonçaient, je m’y prenais de façon telle que la sainteté de Jésus se manifeste avec plus d’éclat que le soleil de midi dans un ciel sans nuages… J’ai joué un jeu dangereux! S’ils l’avaient compris ! Mais j’étais prêt à tout, même à mourir, pour servir Dieu dans mon Maître. Et ainsi je savais tout… J’ai dû parfois vous paraître fou, mauvais, sauvage. Si vous aviez su ! Moi seul, je connais mes nuits, les précautions que je devais prendre pour faire du bien sans attirer l’attention de personne ! Vous me suspectiez tous quelque peu, j’en suis conscient, mais je ne vous en garde pas rancune. Ma manière de faire… oui… pouvait susciter des soupçons, mais mon but était bon et je ne me préoccupais que de cela. Jésus ne sait rien, ou plutôt je crois que lui aussi me suspecte. Mais je saurai me taire sans exiger de lui le moindre éloge. Et taisez-vous, vous aussi. Un jour, dans les premiers temps où j’étais avec lui — toi, Simon le Zélote, et toi, Jean, vous étiez avec moi —, il m’a reproché de m’être vanté d’avoir le sens pratique. Depuis lors… je ne lui ai jamais fait ressortir cette qualité, mais j’ai continué à m’en servir, pour son bien. J’ai agi comme une mère pour son enfant inexpérimenté : elle écarte les obstacles de son chemin, elle plie pour lui la branche sans épines et lève celle qui peut le blesser, ou bien, par des gestes avisés, elle l’amène à son insu à faire ce qu’il doit savoir faire et à éviter ce qui est mal. Ainsi le fils croit être arrivé de lui-même à marcher sans trébucher, à cueillir une belle fleur pour sa mère, à faire ceci ou cela spontanément. C’est ainsi que je me suis comporté envers le Maître, car la sainteté ne suffit pas dans un monde d’hommes et de satans. Il faut aussi combattre à armes égales, au moins en hommes… et parfois… même un rien de fourberie d’enfer n’est pas de trop. C’est mon idée. Mais lui ne veut pas en entendre parler… Il est trop saint… Violà ! Moi, je comprends tout et tout le monde, et je ne vous tiens pas rigueur des mauvaises pensées que vous avez pu avoir sur mon compte. Maintenant, vous voilà au courant. Aimons-nous en bons compagnons, et faisons tout pour son amour et sa gloire. »

Et il désigne Jésus, qui se promène beaucoup plus loin dans une allée ensoleillée en devisant avec Lazare, qui l’écoute avec un sourire extasié sur le visage.

550.3

Les apôtres s’éloignent vers la maison de Simon. Inversement, Jésus s’approche avec son ami. Je les écoute. Lazare dit :

« Oui : j’avais compris que, si tu me laissais mourir, c’est que tu avais une bonne raison, certainement. Je pensais que c’était pour m’épargner la vue de la persécution qu’ils te font subir. Et — tu sais que je dis la vérité — j’étais content de mourir pour ne pas la voir. Elle m’aigrit, elle me trouble. Vois-tu, Maître, j’ai pardonné tant de choses à ceux qui sont les chefs de notre peuple. J’ai dû pardonner jusqu’aux derniers jours… Elchias… Mais ma mort et ma résurrection ont annulé tout ce qui s’y rapportait. A quoi bon me rappeler leurs dernières actions pour m’en affliger ? J’ai tout pardonné à Marie. Elle semble en douter. Et même, depuis que je suis ressuscité, elle a adopté à mon égard une attitude que… je ne sais comment définir. J’ignore la raison de ce changement. Elle est d’une douceur et d’une soumission si étranges chez ma Marie… Même dans les premiers moments où, rachetée par toi, elle est revenue ici, elle n’était pas ainsi… Comme Marie te dit tout, peut-être en sais-tu quelque chose, peut-être peux-tu m’en parler… J’ignore si ceux qui sont venus ici lui ont fait trop de reproches. J’ai toujours cherché à amoindrir le souvenir de sa faute quand je la voyais absorbée dans le souvenir de son passé, pour guérir sa souffrance. Elle n’arrive pas à trouver la paix. Elle semble tellement… au-dessus de ce qui pourrait être de l’avilissement. A certains, elle pourrait paraître même peu repentie… Mais moi, je comprends… Je sais. Elle fait tout pour expier. Je crois qu’elle fait de grandes pénitences, de toutes sortes. Je ne m’étonnerais pas que sous ses vêtements, elle porte un cilice et que sa chair connaisse la morsure des fouets… Mais l’amour fraternel que je lui porte, et qui veut la soutenir en mettant un voile entre le passé et le présent, les autres n’en font pas preuve… Sais-tu si, peut-être, elle a été maltraitée par ceux qui ne savent pas pardonner… elle qui a tant besoin de pardon ?

– Je l’ignore, Lazare. Marie ne m’en a pas parlé. Elle m’a seulement confié qu’elle a beaucoup souffert en entendant les pharisiens insinuer que je n’étais pas le Messie sous prétexte que je ne te guérissais pas ou que je ne te ressuscitais pas.

– Et… elle ne t’a rien dit de moi ? Tu sais… j’avais si mal… Je me rappelle que ma mère, à ses derniers moments, révéla des choses qui nous étaient passées inaperçues, à Marthe et à moi. Ce fut comme si le fond de son âme et de son passé était revenu à la surface dans les derniers soulèvements du cœur. Moi, je ne voudrais pas… Mon cœur a tant souffert pour Marie… et s’est tant efforcé de ne jamais lui laisser comprendre à quel point cela m’a meurtri… Je ne voudrais pas l’avoir affligée, maintenant qu’elle est bonne, alors que par amour fraternel d’abord, par amour pour toi ensuite, je ne l’ai jamais frappée au temps infâme où elle était un opprobre. Que t’a-t-elle dit à mon sujet, Maître ?

– Sa douleur d’avoir eu trop peu de temps pour te manifester son saint amour de sœur et de condisciple. En te perdant, elle a mesuré l’étendue des trésors d’affection qu’elle avait piétinés autrefois… et maintenant, elle est heureuse de pouvoir te montrer tout l’amour qu’elle veut, pour te dire que, à ses yeux, tu es son saint et bien-aimé frère.

– Ah ! voilà ! J’en avais l’intuition ! Je m’en réjouis, mais je craignais de l’avoir offensée… Depuis hier, je pense, je pense… j’essaie de me souvenir… mais je n’y arrive pas…

– Mais pourquoi veux-tu te le remettre en mémoire ? Tu as l’avenir devant toi. Le passé est resté dans la tombe, ou plutôt il n’y est même pas resté : il a brûlé en même temps que les bandelettes funèbres, mais si cela doit t’apaiser, je vais te rapporter les derniers mots que tu as adressés à tes sœurs, en particulier à Marie : tu as dit que c’était grâce à Marie que je suis venu ici et que j’y viens encore, parce que Marie sait aimer mieux que quiconque. C’est vrai. Tu as ajouté qu’elle t’a aimé plus que tous ceux qui t’ont aimé. Cela aussi est vrai, car elle t’a aimé en se renouvelant par amour pour Dieu et pour toi. Tu lui as confié précisément que toute une vie de délices ne t’aurait pas donné la joie qu’elle t’a procurée. Et tu les as bénies comme un patriarche bénissait ses enfants préférés. Tu as pareillement béni Marthe que tu appelais : ta paix, et Marie que tu appelais : ta joie. As-tu retrouvé ta sérénité, maintenant ?

– Maintenant, oui, Maître.

– Dans ce cas, puisque la paix permet la miséricorde, pardonne aussi aux chefs du peuple qui me persécutent. Car tu voulais dire que tu peux tout pardonner, sauf le mal qu’ils me font.

– C’est cela, Maître.

– Non, Lazare. Moi, je leur pardonne. Tu dois aussi leur pardonner si tu veux être semblable à moi.

– Semblable à toi ! Cela m’est impossible, je suis un simple homme !

– L’homme est resté là-dessous. L’homme ! Ton esprit…

550.4

Tu sais ce qui arrive à la mort de l’homme…

– Non, Seigneur, je ne me souviens de rien[1] de ce qui m’est arrivé » interrompt vivement Lazare.

Jésus sourit et répond :

« Je ne parlais pas de ton savoir personnel, de ton expérience particulière, mais de ce que tout croyant connaît sur ce qui lui arrive après sa mort.

– Ah ! le jugement particulier ! Je sais. Je crois. L’âme se présente à Dieu, et Dieu la juge.

– C’est cela. Et le jugement de Dieu est juste et inviolable, sa valeur est infinie. Si l’âme jugée est coupable mortellement, elle devient une âme damnée. Si elle est légèrement coupable, elle est envoyée au purgatoire. Si elle est juste, elle va dans la paix des limbes en attendant que j’ouvre la porte des Cieux. J’ai donc rappelé ton esprit après qu’il était déjà jugé par Dieu. Si tu avais été damné, je n’aurais pas pu te rappeler à la vie, car j’aurais annulé le jugement de mon Père. Pour les damnés, il n’y a plus de changement possible. Ils sont jugés pour toujours. Tu étais donc au nombre de ceux qui n’étaient pas damnés. Tu faisais partie de la classe des bienheureux ou de la classe de ceux qui le seront après leur purification. Mais réfléchis, mon ami : la volonté sincère de repentir que l’homme peut avoir alors qu’il est encore homme, c’est-à-dire chair et âme, a valeur de purification ; un rite symbolique de baptême dans l’eau, voulu par esprit de contrition des souillures contractées dans le monde et à cause de la chair, a, pour nous autres juifs, valeur de purification ; par conséquent, imagine quelle valeur aura le repentir plus réel et plus parfait, beaucoup plus parfait, d’une âme libérée de la chair, consciente de ce qu’est Dieu, instruite de la gravité de ses erreurs, éclairée sur l’immensité de la joie qui s’est éloignée pendant des heures, pendant des années ou pendant des siècles — la joie de la paix des limbes, qui bientôt sera la joie de la possession de Dieu enfin atteinte — ; imagine ce que sera la purification double, triple, du repentir parfait, de l’amour parfait, du bain dans l’ardeur des flammes allumées par l’amour de Dieu et par l’amour des âmes, dans lequel et par lequel les esprits se dépouillent de toute impureté et d’où ils sortent beaux comme des séraphins, couronnés de ce qui ne couronne même pas les séraphins : leur martyre d’ici-bas et dans l’au-delà contre les vices et grâce à l’amour. Qu’est-ce que cela sera ? Dis-le donc, mon ami.

– Mais… je ne sais pas… une perfection. Ou plutôt… une nouvelle création.

– Exactement. C’est le mot juste. L’âme en est comme créée à nouveau, elle devient semblable à celle d’un enfant. Elle est neuve. Tout son passé d’homme n’existe plus. Une fois le péché originel disparu, l’âme, exempte de toute ombre de taches, sera digne du Paradis. J’ai rappelé ton âme qui déjà s’était recréée par son attachement au Bien, par l’expiation de la souffrance et de la mort, et grâce au parfait repentir et au parfait amour que tu avais atteints au-delà de la mort. Tu as donc l’âme tout à fait innocente d’un bébé né depuis quelques heures. Et si tu es un nouveau-né, pourquoi veux-tu endosser sur cette enfance spirituelle les vêtements lourds, accablants de l’homme adulte ? Les âmes joyeuses des petits enfants ont des ailes et non des chaînes. Eux m’imitent facilement, parce qu’ils n’ont pas encore construit leur personnalité. Ils deviennent comme je suis, car ma figure et mon enseignement peuvent s’imprimer, sur leur âme vierge de toute empreinte, sans confusion de lignes. Ils ont l’âme exempte de souvenirs humains, de ressentiments, de préjugés. Il ne s’y trouve rien. Et je puis y être, moi qui suis parfait, absolu comme je suis dans le Ciel. Toi qui es comme re-né, nouvellement né — puisque dans ta vieille chair, la puissance motrice est nouvelle, sans passé, pure, sans traces de ce qui a été —, toi qui es revenu pour me servir et seulement pour cela, tu dois être comme je suis, plus que tous. Regarde-moi. Regarde-moi bien. Mire-toi en moi, reflète-toi en moi. Soyons deux miroirs qui se regardent pour réfléchir l’un dans l’autre la figure de ce qu’ils aiment. Tu es un homme et tu es un enfant. Tu es homme quant à l’âge, tu es enfant quant à la pureté du cœur. Tu as sur les enfants l’avantage de connaître déjà le bien et le mal, et d’avoir déjà su choisir le bien, avant même d’être baptisé dans les flammes de l’amour. Eh bien ! je te dis, à toi dont l’âme a été purifiée : “ Sois parfait comme l’est notre Père des Cieux et comme je le suis. Sois parfait, c’est-à-dire sois semblable à moi qui t’ai aimé au point d’aller contre toutes les lois de la vie et de la mort, du ciel et de la terre pour avoir de nouveau sur la terre un serviteur de Dieu, pour moi un véritable ami, et au Ciel un bienheureux, un grand bienheureux. ” Je le dis à tous : “ Soyez parfaits. ” Eux, pour la plupart, n’ont pas le cœur que tu avais : digne du miracle, digne d’être pris comme instrument pour rendre gloire à Dieu en son Fils bien-aimé. Et eux n’ont pas tes dettes d’amour envers Dieu… Je puis le dire, je peux l’exiger de toi. Et en premier lieu, j’exige que tu n’éprouves aucune rancœur à l’égard de ceux qui m’ont offensé et m’offensent encore. Pardonne, pardonne, Lazare. Tu as été plongé dans les flammes allumées par l’amour. Tu dois être “ amour ”, pour ne plus jamais connaître autre chose que l’étreinte amoureuse de Dieu.

– Et en agissant ainsi, j’accomplirai la mission pour laquelle tu m’as ressuscité ?

– En agissant ainsi, tu l’accompliras.

– Cela me suffit, Seigneur. Je n’ai pas besoin d’en demander et d’en savoir davantage. Te servir était mon rêve. Si je t’ai servi même dans le peu de chose que peut faire un homme malade et mort, et si je peux te servir avec les pauvres moyens de cet homme qui a recouvré la santé, mon rêve est réalisé et je ne demande rien de plus. Sois béni, Jésus, mon Seigneur et mon Maître ! Et qu’avec toi soit béni Celui qui t’a envoyé.

– Béni soit toujours le Seigneur Dieu tout-puissant. »

550.5

Ils se dirigent vers la maison, mais s’arrêtent de temps à autre pour observer le réveil des arbres. Jésus lève un bras et, grand comme il est, cueille un petit bouquet de fleurs sur un amandier qui se chauffe au soleil contre le mur méridional de la demeure.

Marie sort et, à leur vue, s’approche pour entendre ce que dit Jésus :

« Tu vois, Lazare ? A eux aussi, le Maître a dit : “ Sortez. ” Et ils ont obéi pour servir le Seigneur.

– Quel mystère que la germination ! Il paraît impossible que, d’un tronc dur et d’une semence résistante puissent sortir des pétales si fragiles et des tiges si tendres, pour se changer en fruits ou en arbres. Est-ce une erreur, Maître, de dire que la sève ou le germe correspondent à l’âme de la plante ou de la semence ?

– Ce n’est pas une erreur puisque c’en est la partie vitale. Chez eux, elle n’est pas éternelle, créée pour chaque espèce au premier jour de l’existence des arbres ou des blés. Chez l’homme, elle est éternelle, ressemblant à son Créateur, créée chaque fois pour chaque nouvel être conçu. Mais c’est par elle que la matière vit. C’est pourquoi j’affirme que c’est seulement par son âme qu’un homme vit, non seulement ici, mais dans l’au-delà. Il vit par son âme.

Nous autres Hébreux, nous ne traçons pas de dessins sur les tombeaux comme les font les païens. Mais si nous en faisions, il nous faudrait toujours représenter, non pas le flambeau éteint, la clepsydre vide ou quelque autre symbole de fin, mais bien la semence jetée dans le sillon qui fleurit en épi. C’est en effet la mort de la chair qui libère l’âme de son écorce et la fait fructifier dans les parterres du Seigneur. La semence, c’est l’étincelle de vie que Dieu a déposée dans notre poussière et qui devient épi si nous savons par la volonté — mais aussi par la douleur — rendre fertile la motte qui l’enserre. La semence, le symbole de la vie qui se perpétue… Mais Maximin t’appelle…

– J’y vais, Maître. Il sera venu des régisseurs. Tout était arrêté ces derniers mois. Ils s’empressent maintenant de me rendre leurs comptes…

– Que tu approuves d’avance, car tu es un bon maître.

– Et parce que ce sont de bons serviteurs.

– Le bon maître fait les bons serviteurs.

– Dans ce cas, je deviendrai certainement un bon serviteur, car j’ai en toi un Maître parfait. »

A ces mots, il s’éloigne en souriant, agile, bien différent du pauvre Lazare qu’il était depuis des années.

550.6

Marie reste avec Jésus.

« Et toi, Marie, deviendras-tu une bonne servante de ton Seigneur ?

– C’est toi qui peux le savoir, Rabbouni. Moi… moi, je sais seulement que j’ai été une grande pécheresse. »

Jésus sourit :

« Tu as vu Lazare ? Lui aussi était un grand malade, or ne te semble-t-il pas qu’il est maintenant en excellente santé ?

– C’est exact, Rabbouni. Tu l’as guéri. Ce que tu fais est toujours parfait. Lazare n’a jamais été aussi fort et joyeux que depuis qu’il est sorti du tombeau.

– Tu l’as dit, Marie. Ce que je fais est toujours parfait. C’est pour cela aussi que ta rédemption l’est, car c’est moi qui l’ai accomplie.

– C’est vrai, mon Sauveur bien-aimé, mon Rédempteur, mon Roi, mon Dieu. C’est vrai. Et si tu le veux, je serai, moi aussi, une bonne servante de mon Seigneur. Moi, de mon côté, je le désire. Je ne sais pas si toi tu le veux.

– Oui, Marie, sois une bonne servante pour moi. Aujourd’hui plus qu’hier, demain plus qu’aujourd’hui, jusqu’à ce que je te dise : “ Cela suffit, Marie. Voici venue l’heure de ton repos. ”

– D’accord, Seigneur. Alors je voudrais que tu m’appelles, comme tu as appelé mon frère à sortir du tombeau. Oh ! appelle-moi, toi, hors de la vie !

– Non, pas hors de la vie. Je t’appellerai à la Vie, à la vraie Vie. Je t’appellerai à quitter ce tombeau qu’est la chair et la terre. Je t’appellerai aux noces de ton âme avec ton Seigneur.

– Mes noces ! Tu aimes les vierges, Seigneur…

– J’aime ceux qui m’aiment, Marie.

– Tu es divinement bon, Rabbouni ! C’est pour cela que j’étais bouleversée d’entendre dire que tu étais mauvais parce que tu ne venais pas. C’était comme si tout s’écroulait. Je me répétais, non sans peine : “ Non. Non ! Tu ne dois pas accepter cette évidence. Ce qui te paraît flagrant est un rêve. La réalité, c’est la puissance, la bonté, la divinité de ton Seigneur. ” Ah ! combien j’ai souffert ! Autant que de la mort de Lazare et de ses paroles… Ne t’en a-t-il rien dit ? Ne se souvient-il pas ? Dis-moi la vérité…

– Je ne mens jamais, Marie. Il craint d’avoir trop parlé et d’avoir révélé ce qui avait été la douleur de sa vie. Mais je l’ai rassuré, sans mentir, de sorte qu’il est maintenant tranquillisé.

– Merci, Seigneur. Tes paroles… m’ont fait du bien, comme les soins d’un médecin qui met à nu les racines d’un mal et les brûle. Elles ont fini de détruire la Marie d’autrefois. J’avais encore une trop haute idée de moi. Désormais… je mesure le fond de mon abjection et je sais que je dois faire une longue route pour en remonter. Mais je la ferai, si tu m’aides.

550.7

– Je t’aiderai, Marie, même quand je serai parti.

– Comment, mon Seigneur ?

– En accroissant ton amour dans une mesure incalculable. Pour toi, il n’y a pas d’autre voie que celle-là.

– Elle est encore trop douce pour ce que j’ai à expier ! C’est par leur amour que les hommes sont sauvés. C’est comme cela qu’ils méritent le Ciel. Mais ce qui suffit pour les purs, les justes, n’est pas suffisant pour la grande coupable que je suis.

– Il n’y a pas d’autre voie pour toi, Marie : quelle que soit celle que tu prendras, elle sera toujours amour. Amour si tu rends service en mon nom. Amour si tu évangélises. Amour si tu t’isoles. Amour si tu deviens martyre. Amour si tu te fais martyriser. Tu ne sais qu’aimer, Marie. C’est ta nature. Les flammes ne peuvent que brûler, soit qu’elles rampent sur le sol pour consumer des herbes, soit qu’elles s’élèvent en une merveilleuse étreinte autour d’un tronc, d’une maison, ou d’un autel pour s’élancer vers le ciel. A chacun sa nature. La sagesse des maîtres spirituels consiste à savoir faire fructifier les tendances de l’homme en le conduisant à la voie par laquelle il peut le mieux se développer. Cette loi existe même chez les plantes et les animaux, et il serait sot de vouloir prétendre qu’un arbre fruitier ne donne que des fleurs ou des fruits différents de ceux qui correspondent à sa nature, ou qu’un animal joue un rôle propre à une autre espèce. Pourrais-tu demander à cette abeille, dont le destin est de faire du miel, de devenir un oiseau qui chante dans le feuillage des haies ? Ou à ce rameau d’amandier que je tiens dans les mains, ainsi qu’à tout l’arbuste d’où il provient, de laisser suinter de son écorce des résines odoriférantes au lieu de produire des amandes? L’abeille travaille, l’oiseau chante, l’amandier donne son fruit, l’arbre résineux ses résines aromatiques, et tous remplissent leur office. Il en est ainsi des âmes. Ton rôle à toi, c’est d’aimer.

– Alors, brûle-moi, Seigneur. Je te le demande comme une grâce.

– La force d’amour que tu possèdes ne te suffit-elle pas ?

– C’est trop peu, Seigneur. Elle pouvait servir pour aimer des hommes, pas pour toi qui es le Seigneur infini.

– Mais, justement parce que je le suis, il conviendrait d’avoir un amour sans limites…

– Oui, mon Seigneur. C’est cela que je veux : que tu mettes en moi un amour sans limites.

– Marie, le Très-Haut, qui sait ce qu’est l’amour, a dit à l’homme : “ Tu m’aimeras de toutes tes forces. ” Il n’exige pas davantage, car il sait quel martyre c’est d’aimer de toutes ses forces…

– Peu importe, mon Seigneur. Donne-moi un amour infini pour t’aimer comme tu dois être aimé, pour t’aimer comme je n’ai aimé personne.

– Tu me demandes une souffrance semblable à un bûcher qui brûle et consume, Marie. Il brûle et se consume lentement… Réfléchis bien.

– Il y a longtemps que j’y pense, mon Seigneur, mais je n’osais te le demander. Maintenant, je sais vraiment à quel point tu m’aimes, et j’ose le faire. Donne-moi cet amour infini, Seigneur. »

Jésus la regarde. Elle se tient devant lui, encore amaigrie par les veilles et la souffrance, avec un vêtement modeste, une coiffure simple, comme une petite fille sans malice ; elle a un visage pâle où s’allume le désir, les yeux suppliants et pourtant déjà étincelants d’amour ; en un mot, elle est déjà plus séraphin que femme. C’est vraiment la contemplatrice qui demande le martyre de la contemplation absolue.

Après l’avoir bien regardée, comme pour mesurer sa volonté, Jésus lui dit un seul mot :

« Oui.

– Ah ! mon Seigneur ! Quelle grâce de mourir d’amour pour toi ! »

Elle tombe à genoux pour baiser les pieds de Jésus.

« Lève-toi, Marie, prends ces fleurs. Ce seront celles de tes noces spirituelles. Sois douce comme le fruit de l’amandier, pure comme sa fleur, lumineuse comme l’huile que l’on extrait de son fruit quand on l’allume, et parfumée comme cette huile saturée d’essences quand on la fait couler dans les banquets ou sur la tête des rois, parfumée par tes vertus. Alors, tu verseras vraiment sur ton Seigneur le baume qui lui sera infiniment agréable. »

Marie prend les fleurs mais, au lieu de se lever, elle anticipe les baumes de l’amour par ses baisers et ses larmes qu’elle répand sur les pieds de son Maître.

550.8

Lazare les rejoint :

« Maître, il y a un petit garçon qui te demande. Il était allé chez Simon pour te chercher et n’y a trouvé que Jean, qui l’a conduit ici. Mais il ne veut parler à personne d’autre que toi.

– C’est bien, amène-le-moi. Je vais sous la tonnelle des jasmins. »

Marie rentre dans la maison avec Lazare. Jésus va sous la tonnelle. Lazare revient en tenant par la main cet enfant que j’ai vu[2] chez Joseph de Séphoris. Jésus le reconnaît tout de suite et le salue :

« Toi, Martial ? Que la paix soit avec toi. Pourquoi es-tu ici ?

– On m’envoie te dire quelque chose… »

Et il jette un coup d’œil à Lazare, qui comprend et s’apprête à s’éloigner.

« Reste, Lazare. C’est Lazare, mon ami. Tu peux parler devant lui, mon enfant, car je n’ai pas d’ami plus fidèle que lui. »

Rassuré, le garçon reprend :

« C’est Joseph l’Ancien qui m’envoie — car j’habite maintenant avec lui — te demander de te rendre immédiatement à Bethphagé, chez Cléonte. Il doit te parler tout de suite, mais vraiment tout de suite. Et il te prie de venir seul, parce que ce doit être en grand secret.

– Maître ! Qu’arrive-t-il ? questionne Lazare, impressionné.

– Je l’ignore, Lazare. Il nous suffit d’y aller. Viens avec moi.

– Tout de suite, Seigneur. Nous pouvons faire chemin avec l’enfant.

– Non, Seigneur. J’y vais tout seul. Joseph me l’a recommandé. Il a dit : “ Si tu sais te débrouiller seul, je t’aimerai comme un père ”, or moi, je veux que Joseph m’aime comme un fils. Je pars au pas de course. Toi, viens après. Salut, Seigneur. Salut, homme.

– Paix à toi, Martial. »

Le petit garçon s’envole comme une hirondelle.

« Allons-y, Lazare. Apporte-moi mon manteau. Moi, je me mets déjà en chemin car, comme tu le vois, l’enfant n’arrive pas à ouvrir la grille, et il ne veut sûrement appeler personne. »

Jésus se hâte vers la grille, Lazare vers la maison. Le premier ouvre les fermetures de fer à l’enfant, qui file comme une flèche. Le second apporte son manteau à Jésus, puis tous deux prennent la direction de Bethphagé.

550.9

« Que peut bien vouloir Joseph, pour envoyer si secrètement un enfant ?

– Un enfant échappe à ceux qui peuvent surveiller, répond Jésus.

– Tu crois que… Tu soupçonnes que… Tu te sens en danger, Seigneur ?

– J’en suis certain, mon ami.

– Comment ? Même maintenant ? Mais tu ne pouvais pas donner une preuve plus grande !…

– La haine croît sous l’aiguillon de la réalité.

– Oh ! c’est à cause de moi, alors ! Je t’ai porté tort !… Ma peine est sans pareille ! s’exclame Lazare, qui est manifestement accablé.

– Ce n’est pas à cause de toi. Ne t’afflige pas sans raison. Tu as été le moyen, mais la cause a été la nécessité, tu comprends, la nécessité de donner au monde la preuve de ma nature divine. Si ce n’avait pas été toi, cela aurait été un autre, car je devais prouver au monde que, en Dieu que je suis, je peux tout ce que je veux. Or ramener à la vie un homme mort depuis plusieurs jours et déjà décomposé, ce ne peut être que l’œuvre de Dieu.

– Ah ! Tu veux me consoler. Mais ma joie, toute ma joie, est dissipée… Je souffre, Seigneur. »

Jésus fait un geste comme pour dire : “ Qu’y faire ! ” puis tous deux gardent le silence.

Ils marchent à vive allure. La distance est courte entre Béthanie et Bethphagé, et ils ont tôt fait d’arriver.

550.10

Joseph fait les cent pas sur la route à l’entrée du village. Il a le dos tourné quand Jésus et Lazare débouchent d’un sentier caché par une haie. Lazare le hèle.

« Oh ! paix à vous ! Viens, Maître. Je t’ai attendu ici pour te voir tout de suite, mais allons dans l’oliveraie. Je ne veux pas qu’on nous remarque… »

Il les conduit derrière les maisons, dans un bosquet d’oliviers dont les frondaisons touffues et ébouriffées qui cachent les pentes, sont un refuge commode pour parler discrètement.

« Maître, je t’ai envoyé l’enfant, qui est éveillé et obéissant et qui m’aime beaucoup, parce que je devais te parler et que je ne devais pas être vu. J’ai longé le Cédron pour venir ici… Maître, tu dois partir sur-le-champ. Le Sanhédrin a décrété ton arrestation et demain, dans les synagogues, on lira le décret. Quiconque sait où tu te trouves, a le devoir de l’indiquer. Je n’ai pas besoin de te dire, Lazare, que ta maison sera la première perquisitionnée. Je suis sorti à sexte du Temple et je me suis hâté ; car pendant qu’ils parlaient, j’avais déjà fait mon plan. Je suis allé à la maison, j’ai pris l’enfant. Je suis sorti à cheval par la Porte d’Hérode comme pour quitter la ville, puis j’ai traversé le Cédron et je l’ai suivi. J’ai laissé l’animal à Gethsémani, j’ai envoyé en vitesse l’enfant qui connaissait déjà la route pour être venu avec moi à Béthanie. Maître, pars immédiatement en lieu sûr. Sais-tu où te rendre ? As-tu un endroit où t’abriter ?

– Mais ne suffit-il pas qu’il s’éloigne d’ici ? De la Judée, tout au plus ?

– Non, Lazare, ce n’est pas assez : ils sont furieux. Il faut qu’il aille là où eux n’iront pas le trouver…

– Mais ils fouinent partout ! Tu ne voudrais pas que le Maître quitte la Palestine !… s’exclame Lazare, tout agité.

– Mais que dois-je te dire ? ! Le Sanhédrin le veut…

– C’est à cause de moi, n’est-ce pas ? Dis-le !

– Hum ! Oui… ! A cause de toi… mais plutôt parce que tous se convertissent à lui, or eux… ne veulent pas de cela.

– Mais c’est un crime ! C’est un sacrilège… C’est… »

Jésus, pâle mais calme, lève la main pour imposer le silence :

« Tais-toi, Lazare. Chacun fait son travail. Tout est écrit. Je te remercie, Joseph, et je t’assure que je vais m’éloigner. Va, va, Joseph. Qu’ils ne remarquent pas ton absence… Que Dieu te bénisse. Par Lazare, je te ferai savoir où je suis. Va ! Je te bénis toi, Nicodème et tous ceux qui ont le cœur droit. »

Il l’embrasse, puis ils se séparent. Jésus et Lazare passent par l’oliveraie pour rentrer à Béthanie, tandis que Joseph se dirige vers la ville.

550.11

« Que vas-tu faire, Maître ? demande Lazare avec angoisse.

– Je ne sais pas. Les femmes disciples doivent arriver ces jours-ci avec ma Mère. J’aurais voulu les attendre…

– Je pourrais les accueillir en ton nom, et te les amener. Mais, toi, en attendant où vas-tu ? Je ne pense pas que ce soit dans la maison de Salomon… ni chez des disciples connus. Demain ! C’est immédiatement que tu dois partir !

– J’aurais bien un endroit où aller, mais je voudrais attendre ma Mère. Son angoisse commencerait trop tôt si elle ne me trouvait pas…

– Où iras-tu, Maître ?

– A Ephraïm.

– En Samarie ?

– En Samarie. Les Samaritains sont moins samaritains que beaucoup d’autres, et ils m’aiment. Ephraïm se trouve à la frontière…

– Ah ! c’est pour s’opposer aux juifs qu’ils te feront honneur et qu’ils te défendront ! Mais… attends ! Pour venir, ta Mère est obligée de passer par la route de la Samarie ou par celle du Jourdain. J’irai avec des serviteurs par l’une, et Maximin avec d’autres serviteurs par l’autre, et l’un de nous la rencontrera. Nous ne reviendrons qu’avec elles. Tu sais que personne de la maison de Lazare ne peut trahir. Tu vas te rendre pendant ce temps à Ephraïm, en partant tout de suite. Ah ! il était dit que je ne pourrais pas profiter de ta présence ! Mais j’arriverai par les monts d’Hadomim. Je suis en bonne santé, désormais. Je peux faire ce que je veux. Et même, oui ! Je ferai croire que je prends la route de la Samarie pour aller à Ptolémaïs afin de m’embarquer pour Antioche. Tout le monde sait que j’y possède des terres… Mes sœurs resteront à Béthanie… Toi… Oui, je vais faire préparer deux chars et vous vous en servirez pour aller à Jéricho. Puis, demain, à l’aube, vous continuerez à pied. Oh ! Maître ! Mon Maître ! Sauve-toi ! Sauve-toi ! »

Après l’excitation du premier moment, Lazare tombe dans la tristesse et pleure. Jésus soupire, mais ne dit mot. D’ailleurs, que pourrait-il dire ?

550.12

Parvenus à la maison de Simon, ils se séparent. Jésus entre. Les apôtres, déjà étonnés que le Maître soit parti sans rien dire, se serrent autour de Jésus, qui leur ordonne :

« Prenez les vêtements et faites les sacs. Il nous faut partir sur-le-champ. Dépêchez-vous, et rejoignez-moi chez Lazare.

– Même les vêtements mouillés ? Ne pouvons-nous les reprendre à notre retour ? demande Thomas.

– Nous ne reviendrons pas. Emportez tout. »

Les apôtres s’éloignent en se lançant des coups d’œil expressifs. Jésus va chercher ses affaires chez Lazare et salue les sœurs, consternées…

Les chars sont vite prêts, des chars lourds, couverts, tirés par des chevaux robustes. Jésus prend congé de Lazare, de Maximin, des serviteurs qui sont accourus.

Ils montent dans les véhicules, qui attendent à une sortie de derrière la maison. Les cochers fouettent les animaux et le voyage commence, par la même route que Jésus a empruntée pour ressusciter Lazare quelques jours plus tôt.

550.1

It is pleasant to rest among loving friends and near the Master in sunny days that show the early charms of springtime, contemplating the fields growing verdant with the tender sprouts of corn, admiring the meadows that break the even green winter shade with the first little many-coloured flowers, gazing at the hedges displaying gems that begin to open smiling in the more sunny spots, looking at almond-trees the tops of which are covered with early foam-like flowers. And Jesus rejoices at the sight, as well as the apostles and the three friends at Bethany. And everything seems far and remote: malevolence, sorrow, sadness, illness, death, hatred, envy, all the painful, tormenting, worrying things on the Earth.

All the apostles are overjoyed and they say so. They express their conviction – that is so certain, so triumphant – that Jesus has now defeated all His enemies, that His mission will now proceed without any obstacle, that He will be acknowledged as the Messiah also by those who have been most tenacious in opposing Him. And they speak, somewhat elated, rejuvenated, happy as they are, making plans for the future, dreaming… dreaming so much… and so humanly.

550.2

The most elated, also because of his psyche that carries him to extremes, is Judas of Kerioth. He congratulates himself on having waited, on his ability in acting, on his lasting faith in the Master’s triumph, on defying the threats of the Sanhedrin… He is so elated that he ends up by telling what he has concealed so far, amid the utter astonishment of his companions: «Yes, they wanted to bribe me, they wanted to entice me with blandishments, and when they saw that they were of no avail, with threats. If you only knew! But I gave them a taste of their own medicine. I pretended to love them as they feigned to love me. I allured them as they allured me, I betrayed them as they wanted to betray me… Because that is what they wanted to do. They wanted to make me believe that they were testing the Master to be able to proclaim Him the Holy Man of God solemnly. But I know them, I know them very well. And in all their plans of which they informed me, I contrived to make Jesus’ holiness shine more brightly than the sun at midday in a cloudless sky… It was a dangerous game! If they had realised that! But I was prepared for every eventuality, even to die, to serve God in my Master. And thus I was informed of everything… Eh! at times I must have seemed to be mad, wicked, bad-tempered. If you had known what the situation was like! I alone know what I suffered at night, the precautions I had to take to do a good turn without attracting anybody’s attention! You were somewhat suspicious of me. I know. But I bear you no grudge. My behaviour could have roused suspicion. But my purpose was good and that was all I worried about. Jesus is not aware of anything. That is, I think that He also suspects me. But I will keep quiet without wishing to be praised by Him. And I ask you not to say anything either. One day, one of the first times I was with Him – and you, Simon Zealot, and you, John of Zebedee, were with me – He reproached me because I boasted of having a practical sense. Since then… I never enhanced this quality of mine in His presence, but I continued to make use of it, for His own good. I did what a mother does for her inexpert child. She removes obstacles from his way, she bends a thornless branch towards him, she pushes aside one that may hurt him, or with shrewd acts she gets him to do what he must learn to do and to avoid what is bad, without the child being aware of it. On the contrary, the son believes that he succeeded by himself in walking without stumbling, in picking a lovely flower for his mother, in doing this and that thing spontaneously. I did the same with the Master. Because holiness is not sufficient in a world of men and demons. It is necessary to fight with equal weapons, at least as men… and at times… it is not a bad thing to add a pinch of infernal cunning to the other weapons. That is my idea. But He will not listen to me… He is too good… Well. I understand everything and everybody, and I excuse everybody for the evil thoughts you might have had about me. You now know. And now we love one another as good companions, and we do everything for His love and His glory» and he points at Jesus Who is walking farther away in a sunny alley speaking to Lazarus, who listens to Him smiling ecstatically.

550.3

The apostles go away towards Simon’s house. Jesus instead comes closer with His friend. I listen to them.

Lazarus says: «Yes. I had understood that there was some great purpose, certainly a good one, in letting me die. I thought it was to spare me the sight of their persecution against You. And, You know whether I am telling the truth, I was glad to die so that I would not see it. It embitters me. It upsets me. See, Master. I have forgiven those who are the chiefs of our people many things. I had to forgive up to my last days… Helkai… But death and resurrection have cancelled all previous things. Why remember their last efforts to grieve me? I have forgiven Mary everything. She seems to doubt it. And more than that, I do not know why, since I came to life again she has taken an attitude that is so… I do not know how to define it. She is so mild and submissive, which is so strange with my Mary… Not even during the first days when she came here, after being redeemed by You, was she like that… Perhaps You know something and You can tell me, because Mary tells You everything… Do You know whether those who came here have reproached her too severely? I have always tried to weaken the memory of her fault when I saw her engrossed in the thought of her past, in order to alleviate her suffering. She cannot set her mind at rest over it. She seems so… above what might be dejection. Some people may even think that she does not show much regret… But I understand… I know. Everything makes one expiate. I think she does a great deal of penance, of all kinds. I would not be surprised if she wore a cilice under her dresses and if her flesh were familiar to the blows of the scourge… But the brotherly love I have for her and that aims at supporting her by laying a veil between past and present, is not shared by anybody else… Do you know, by any chance, whether she was ill-treated by someone who is not capable of forgiving… and who needs to be forgiven?»

«I do not know, Lazarus. Mary has not mentioned it to Me. She only told Me that she suffered very much on hearing the Pharisees insinuate that I was not the Messiah because I was not curing you or raising you from the dead.»

«And… has she not said anything to You about me? You know… I was suffering so much… I remember that my mother in her last hours revealed things that had escaped Martha’s notice and mine. It was as if the depths of her soul and of her past surfaced again with the last agitations of her heart. I hope that… My heart has suffered so much because of Mary… and it has striven in every way not to give her the sensation of what I suffered because of her… I would not like to have struck her now that she is good, whilst out of brotherly love first, and then for Your sake, I never struck her in infamous days when she was a disgrace. What did she say to You about me, Master?»

«Her grief for having had too short a time to give you her holy love as your sister and fellow-disciple. Your loss made her measure the extent of the treasures of love that she had crushed under her feet once… and now she is happy to be able to give all the love that she wishes to give you, to tell you that you are her holy beloved brother.»

«Ah! that is it! I realised that! I am glad of that. But I was afraid I might have offended her… Since yesterday I have been thinking over and over again… I have been trying to remember… but I cannot…»

«But why do you want to remember? There is your future in front of you. Your past was left in the sepulchre. Nay, it was not even left there. It was burnt with the funeral bandages. But if it serves to give you peace, I will tell you your last words to your sisters. To Mary in particular. You said that it was because of Mary that I came and I come here, because Mary knows how to love more than anybody else. That is true. You said that she has loved you more than all the others who have loved you. That is also true, because she has loved you renovating herself for God’s sake and for yours. You said to her, and quite rightly, that a whole life of delights would not have given you the joy that you received through her. And you blessed your sisters as a patriarch used to bless his dearest creatures. You equally blessed Martha, whom you called your peace; and Mary, whom you called your joy. Are you happy now?»

«Yes, Master, my mind is at peace now.»

«Then, as peace gives mercy, forgive also the chiefs of the people who are persecuting Me. Because that is what you wanted to say: that you can forgive everything, except the evil they do Me.»

«It is so, Master.»

«No, Lazarus, I forgive them. You must forgive them if you want to be like Me.»

«Oh! Like You! I cannot! I am only a man!»

«The man was left down there. The man! Your spirit…

550.4

You know what happens at the death of a man…»

«No, Lord. I remember nothing[1] of what happened to me» interrupts Lazarus vehemently.

Jesus smiles and replies: «I was not referring to your personal knowledge, to your particular experience. I was speaking of what every believer knows will happen to him when he dies.»

«Ah! The particular Judgement. I know. I believe. The soul presents itself to God, and God judges it.»

«It is so. And the judgement of God is just and inviolable. And it has infinite value. If the soul is judged mortally guilty it becomes a damned soul. If it is lightly guilty it is sent to Purgatory. If it is just it goes to the peace of Limbo awaiting Me to open the gates of Heaven. So I called your soul back after it had been judged by God. If you had been damned I could not have called you back to life, because by doing so I would have cancelled my Father’s judgement. For damned souls no further changes are possible. They are judged forever. So you belonged to the number of those who were not damned. So you either belonged to the class of the blessed souls, or to the class of those who will be blessed after being purified. But consider this, my dear friend. If the sincere will of repentance that man can have while being still a man, that is, body and soul, is valid as purification; if the symbolical rite of baptism in water, that one wants out of spirit of contrition to be cleansed of the foulness contracted in the world and because of one’s flesh, has the value of purification for us Hebrews; what value will repentance have, a more real and perfect repentance, a much more perfect repentance of a soul freed from the body, aware of what God is, enlightened on the gravity of its errors, enlightened on the extent of the joy that had moved away for hours, for years, for ages: the joy of the peace of Limbo that will soon be the joy of the achieved possession of God: the double, triple purification of perfect repentance, of perfect love, of the bath in the ardour of the flames lit by the love of God and by the love of spirits, in which and by which the spirits are stripped of all impurity and emerge as beautiful as seraphim, crowned with what does not even crown seraphim: their earthly and ultra-earthly martyrdom against vices and for the sake of love? What will it be? Tell Me, My dear friend.»

«Well… I do not know… perfection. Better still… a new creation.»

«There you are: you have said the right word. The soul becomes as if it were created again. It becomes like the soul of an infant. It is new. The past no longer exists. Its past of man. When the original Sin falls, the soul without stain and the shadow of stain, will be super-created and worthy of Paradise. I called back your soul that had been re-created through your willing attachment to Good, through the expiation of pain and death, and through your perfect repentance and your perfect love, achieved beyond death. So your soul is as innocent as the soul of a baby a few hours old. And if you are a new-born baby, why do you want to put on your spiritual childhood the heavy cumbersome clothes of an adult? The cheerful spirit of a child has wings, not chains. They imitate Me quite easily as they have not yet assumed any personality. They become like Me, because my figure and my doctrine can be impressed on their souls devoid of all traces without any confusion of lines. Their souls are free from human memories, from resentment, from prejudice. There is nothing in them, so I can be there, perfect and absolute as I am in Heaven. You, who are born again, a new-born, because in your old flesh the driving power is new, clean, without past and without traces of what it was, you, who have come back to serve Me, and only for that purpose, you must be as I am, more than anybody else. Look at Me. Look at Me carefully. Look at yourself in Me, and mirror Me in yourself. Two mirrors that look at each other to reflect in each other the figure of what they love. You are a man and a child. A man by age, a child by the purity of your heart. You have the advantage over children of being already acquainted with Good and Evil, and of choosing Good even before your Baptism in the fire of love. Well, I say to you, to the man whose spirit has been cleansed by the purification received: “Be as perfect as our Father in Heaven is perfect and as I am. Be perfect, that is, be like Me Who have loved you so much as to go against all the laws of life and death, of heaven and the earth, in order to have once again on the Earth a servant of God and a true friend of mine, and a blessed soul, a great blessed soul in Heaven”. I say that to everybody: “Be perfect”. And they, the majority, do not have the heart that you had, worthy of the miracle, worthy of being used as an instrument to glorify God in His Son. And they do not have your debt of love with God… I can say that, I can exact it from you. And first of all I exact it by asking you to bear no grudge on those who offended you and now offend Me. Forgive, Lazarus, forgive. You have been immersed in the burning flames of love. You must be “love”, so that you may no longer know anything but the embrace of God.»

«And by doing so shall I fulfil the mission for which You have raised me from the dead?»

«By doing so you will fulfil it.»

«That is enough, Lord. I need not ask or know more. It was my dream to serve You. If I served You by doing nothing, as a sick man and a dead body, and if I shall be able to serve You by doing much, as a man who has recovered, my dream has come true and I do not ask for anything else. May You be blessed, my Jesus, Lord and Master! And may He Who sent You be blessed with You.»

«May the Almighty Lord God be always blessed.»

550.5

They go towards the house stopping now and again to watch the reawakening of trees and Jesus, tall as He is, lifts one arm and picks a little bunch of flowers from an almond-tree that is getting warm in the sun, against the southern wall of the house.

Mary comes out and sees them and she approaches them to hear what Jesus is saying: «See, Lazarus? Also to these flowers the Lord said: “Come out”. And they obeyed to serve the Lord.»

«What a mystery germination is! It seems impossible for such fragile petals and such tender stems to sprout from a hard trunk or hard seeds and to change into fruit or plants. Is it wrong, Master, to say that the lymph or the germ is like the soul of the plant or of the seed?»

«It is not wrong because it is the vital part. It is not eternal in them, but was created for each species on the first day that plants and cereals existed. In man it is eternal, like its Creator, created each time a new man is conceived. But matter is alive through it. That is why I say that only through his soul man is alive. And he does not live only here. But also in the beyond. He lives because of his soul. We Hebrews do not draw designs on sepulchres as the Gentiles do. But if we did, we should not design an extinguished torch, an empty sand-glass or any other item symbolising the end, but the seed that is thrown into the furrow and grows into an ear. Because it is the death of the body that frees the soul from the bark and makes it fructify in the flower-beds of God. The seed. The vital spark that God put into our dust and becomes an ear if through our goodwill and also through sorrow we can fertilise the clod that encloses it. The seed. The symbol of life that lasts forever… But Maximinus is calling you…»

«I will go, Master. Some of the stewards have probably come. Everything came to a standstill these last months. They are now making haste to show me their accounts…»

«That you approve in advance because you are a good master.»

«And because they are good servants.»

«A good master makes servants good.»

«So I shall certainly become a good servant because I have You as a perfect Master» and he goes away smiling, walking nimbly, so different from the poor Lazarus as he had been for years.

550.6

Mary remains with Jesus.

«And what about you, Mary, will you become a good servant of your Lord?»

«You only know, Rabboni. I… only know that I was a big sinner.»

Jesus smiles: «Have you seen Lazarus? He, too, was seriously ill, and yet do you not think that he is quite well?»

«It is so, Rabboni. You have cured him. What You do is always complete. Lazarus has never been so strong and cheerful as he has been since he came out of the sepulchre.»

«You are right, Mary. What I do is always complete. Thus also your redemption is complete because I worked it.»

«That is true, my beloved Saviour and Redeemer, my King and God. It is true. And, if You want it, I also shall be a good servant of my Lord. As for me, I want it, Lord. I do not know whether you do.»

«I want it, Mary. A good servant of mine. Today more than yesterday. Tomorrow more than today. Until I will say to you: “Enough, Mary. It is time for you to rest”.»

«Agreed, Lord. I would like You to call me, then. As You called my brother out of the sepulchre. Oh! call me out of this life!»

«No, not out of this life. I will call you to the Life, to the true Life. I will call you out of the sepulchre that is the flesh and the Earth. I will call you to the wedding of your soul with your Lord.»

«My wedding! You love virgins, Lord…»

«I love those who love Me, Mary.»

«You are divinely good, Rabboni! That is why I could not set my mind at rest when I heard people say that You were bad because You were not coming. Everything seemed to be collapsing around me. How hard it was to say to myself: “No. You must not accept this evidence. What seems to you to be obvious is only a dream. The real fact is the power, the goodness, the divinity of your Lord”. Ah! How much I suffered! So much grief for Lazarus’ death and for his words… Did he say anything to You? Does he not remember? Tell me the truth…»

«I never lie, Mary. He is afraid that he may have spoken and said what had grieved his life. But I reassured him, without lying, and he is now tranquil.»

«Thank You, Lord. Those words… have done me good. Yes. Just like the cure of a doctor who lays bare the roots of a disease and burns them. They finished destroying the old Mary. I still had too high an opinion of myself. Now… I measure the bottom of my abjection and I know that I must go a long way to climb out of it. But I will do it, if You help me.»

«I will help you, Mary.

550.7

I will help you also when I have gone away.»

«How, my Lord?»

«By increasing your love in an immeasurable way. There is not other way for you.»

«Too mild when compared with what I have to expiate! Everybody is saved through love. Everybody obtains Heaven. But what is sufficient for the pure, the just, is not sufficient for the great sinner.»

«There is no other way for you, Mary. Because, whatever way you may take, it will still be love. Love if you help people in My name. Love if you evangelize. Love if you live in isolation. Love if you martyrise yourself. Love if you will make people martyrise you. You can but love, Mary. It is your nature. Flames can but burn whether they creep on the ground, burning straw, or they arise like a bright embrace around a trunk, a house or an altar to ascend towards the sky. Everyone has his nature. The wisdom of the masters of the spirit rests in the ability to exploit the inclinations of men directing them along the way where they can develop profitably. Such a law exists also among plants and animals and it would be silly to pretend that a fruit-tree should yield flowers only, or should bear other fruit than its natural ones, or that an animal should fulfil the functions typical of another species. Could you pretend that a bee, destined to make honey, should become a little bird that sings among the leafy branches of a hedge? Or that this little branch of an almond-tree that I am holding in m hands, with all the tree from which I picked it, instead of yielding almonds should exude sweet-smelling resins from its bark? A bee works, a bird sings, an almond-tree bears fruit, a resiniferous plant secretes resins. And each fulfils its task. Souls do the same. Your task is to love.»

«Then inflame me, Lord. Grant me it as a grace.»

«Is the power of love that you possess not sufficient for you?»

«It’s too little, Lord. It could have served to love men. Not to love You Who are the infinite Lord.»

«And just because I am such, a limitless love would be required…»

«Yes, my Lord. That is what I want: that You give me a limitless love.»

«Mary, the Most High Who knows what love is, said to man: “You shall love Me with all your strength”. He does not exact more than that. Because He is aware that it is already a martyrdom to love with all one’s strength…»

«It does not matter, my Lord. Give me an infinite love that I may love You as You deserve to be loved, that I may love You as I have not loved anybody else.»

«You are asking Me for a suffering that is like a fire that burns and consumes, Mary. It burns and consumes slowly… Think about it.»

«I have been thinking about it for such a long time, my Lord. But I dared not ask You. Now I know how much You love me. Just now I am aware of how much You love me and I dare to ask You. Give me that infinite love, Lord.»

Jesus looks at her. She is in front of Him, still thin after so many long hours of watch and so much grief, wearing a modest dress and with her hair arranged in a simple way, like a girl without malice, her pale face full of eagerness, her imploring eyes already shining with love, looking more like a seraph than a woman. She is really the contemplator asking for the martyrdom of absolute contemplation.

Jesus says one word only after looking at her carefully, as if He wanted to weigh her will: «Yes.»

«Ah! my Lord! What a grace to die out of love for You!» she says falling on her knees and kissing Jesus’ feet.

«Stand up, Mary. Take these flowers. They are those of your spiritual wedding. Be as sweet as the fruit of the almond-tree, as pure as its flower and as bright as the oil that is extracted from its fruit, when it is lit, and as sweet smelling as this oil when sated with essences it is spread in banquets or on the heads of kings, scented with your virtues. Then you will really spread on your Lord the balm that He will appreciate infinitely.»

Mary takes the flowers but she does not stand up and in advance of her balms of love she kisses and sheds tears on the feet of her Master.

550.8

Lazarus joins them and says: «Master, there is a little boy who wants You. He had gone to Simon’s house looking for You and found only John who brought him here. But he does not want to speak to anybody but You.»

«All right. Bring him here. I shall go under the jasmine pergola.»

Mary goes back into the house with Lazarus. Jesus goes under the pergola. Lazarus comes back holding by the hand the boy whom I saw[2] in the house of Joseph of Sephoris. Jesus recognises him at once and greets him: «You, Martial! Peace be with you. How come you are here?»

«They have sent me to tell You something…» and he looks at Lazarus who understands and is about to go away.

«Stay, Lazarus. This is Lazarus, a friend of Mine. You can speak before him, My boy, because I have no other friend more faithful than he is.»

The boy is reassured. He says: «Joseph the Elder has sent me, because I live with him now, to tell You to go at once to Bethphage, to the house of Cleanthes. He must speak to You at once. But it must be at once. And he said that You are to come by Yourself. Because he must speak to You in all secrecy.»

«Master! What is happening?» asks Lazarus worriedly.

«I do not know, Lazarus. There is only one thing to do: to go there. Come with Me.»

«At once, Lord. We can go with the boy.»

«No, Lord. I am going alone. Joseph insisted on that. He said: “If you can do it properly and by yourself, I will love you as if I were your father”, and I want to be loved as a son by Joseph. I am going away at once, and I will run. Come after I have gone. Hail, Lord. Hail, sir.»

«Peace to you, Martial.»

The boy runs away as swift as a swallow.

«Let us go, Lazarus. Bring Me my mantle. I will proceed because, as you can see, the little boy cannot open the gate, and he certainly does not wish to call anybody.»

Jesus walks fast towards the gate, Lazarus hastens towards the house. The former releases the iron lock of the gate for the boy, who runs away. The latter brings Jesus’ mantle to Him and walks beside Him on the road towards Bethphage.

550.9

«I wonder what Joseph wants? If he sent a boy with so much secrecy…»

«A boy escapes the notice of anyone who may be watching» replies Jesus.

«Do You think that… do You suspect… Do You feel that You are in danger, Lord?»

«I am certain, my dear friend.»

«What? Even now? But You could not have given a greater proof!…»

«Hatred becomes more furious when urged by facts.»

«Oh! it’s because of me, then! I have harmed You!… My grief is incomparable!» exclaims Lazarus who is deeply grieved.

«Not because of you. Do not be distressed without reason. You have been the means, but you must understand that the cause was the necessity to give the world the proof of my divine nature. If it had not been you, it would have been somebody else, because I had to prove to the world that I, being God, can do anything I want. And to bring back to life a body that has been dead for days and is already decomposed, can only be the work of God.»

«Ah! You want to comfort me. But my joy, all my joy has vanished… I am distressed, Lord.»

Jesus makes a gesture as if He wanted to say «Who knows!» and then they both become silent.

They walk fast. The distance between Bethany and Bethphage is a short one, and they soon arrive there.

550.10

Joseph is walking up and down the street at the beginning of the village. He has his back turned when Jesus and Lazarus come out of a path concealed by a hedge. Lazarus calls him.

«Oh! Peace to you. Come, Master. I waited for You here so that I might see You at once, but let us go into the olive-grove. I do not want anybody to see us…»

He takes them behind the houses into a thick olive-grove that is a comfortable shelter where they can speak without being noticed, as the ruffled leafy branches of the trees conceal the slopes.

«Master, I sent the boy who is smart and obedient and very fond of me, because I had to speak to You but I was not to be seen. I came along the Kidron to get here… Master, You must go away, at once. The Sanhedrin has ordained Your arrest and the announcement will be read in the synagogues tomorrow. Whoever knows where You are, must denounce You. I need not tell you, Lazarus, that your house will be the first one to be watched. I came out of the Temple at the sixth hour and I acted at once, because while they were discussing I had already planned what to do. I went home and I took the boy. I came out through Herod’s Gate on horseback, as if I were leaving the town. Then I crossed the Kidron and followed it. I left my mount at Gethsemane and I sent the boy who knew the way as he had already been to Bethany with me. Go away at once, Master. To a safe place. Do You know where to go? Have You got a place where to go?»

«But is it not enough for Him to go away from here? At the most from Judaea?»

«It is not enough, Lazarus. They are furious. He must go where they do not go…»

«But they go everywhere, they do! You surely do not want the Master to leave Palestine!…» says Lazarus excitedly.

«Well! What can I tell you?! That’s what the Sanhedrin wants…»

«Because of me, is that right? Tell me!»

«H’m! Well… yes. Because of you… that is, because everybody is being converted to Him, and they… they do not want that.»

«But it is a crime! It’s a sacrilege… It’s…»

Jesus, pale but calm, lifts His hand imposing silence and He says: «Be silent, Lazarus. Everybody is doing their work. Everything is written. I thank you, Joseph, and I assure you that I will go away. Go, you may go, Joseph. So that your absence may not be noticed… May God bless you. I will get Lazarus to let you know where I am. Go. I bless you, Nicodemus and all righteous-hearted people.» He kisses him and they part. Through the olive-grove Jesus goes towards Bethany with Lazarus, while Joseph goes towards the town.

550.11

«What will You do, Master?» asks Lazarus who is anguished.

«I do not know. In a few days’ time the women disciples will be coming with my Mother. I would have liked to wait for them…»

«With regard to that. I could receive them in Your name and then I would bring them to You. But, in the meantime, where are You going? I don’t think You can go to Solomon’s house… nor to any of the well-known disciples. Tomorrow!… You must go away at once!»

«I have a place. But I would like to wait for my Mother. Her anguish would begin too early if She did not find Me…»

«Where would You go, Master?»

«To Ephraim.»

«To Samaria?»

«To Samaria. The Samaritans are less samaritans than many people and they love Me. Ephraim is at the border…»

«Oh! and to spite the Judaeans they honour and defend You! But… wait! Your Mother will either come via Samaria or along the Jordan. I will go with some servants along one route, Maximinus with other servants along the other, and either one or the other will find Her. We will come back only when we meet them. You know that no one in Lazarus’ house will betray You. In the meantime You will go to Ephraim. At once. Ah! it was my destiny that I should not enjoy Your company! But I will come. Across the Adummim mountains. I am sound now. I can do what I like. Nay! Yes. I will make them believe that I am going to Ptolemais via Samaria to sail to Antioch. Everybody knows that I own land there… My sisters will remain at Bethany… You… Yes. I will now have two carts equipped for You and you can all go to Jericho in them. Then tomorrow at dawn you will resume the journey on foot. Oh! Master! My Master! Take care of Yourself!» After the excitement of the first moment Lazarus becomes sad and weeps.

Jesus sighs, but does not say anything. What can He say?…

550.12

They are now in Simon’s house. They part. Jesus goes into the house. The apostles, who are surprised that the Master had gone away without saying anything, press around Him as He says: «Take your garments. Prepare your bags. We must depart from here at once. Be quick. And join Me in Lazarus’ house.»

«Also the clothes that are damp? Can we not get them when we come back?» asks Thomas.

«We shall not come back. Take everything.»

The apostles go away casting meaningful glances at one another.

Jesus goes to get his belongings in Lazarus’ house and He says goodbye to the dismayed sisters…

The two carts are soon ready. Two heavy carts with tilts, drawn by strong horses. Jesus says goodbye to Lazarus, to Maximinus and to the servants who have rushed there. They get on the carts that are waiting at one of the gates at the rear of the house. The drivers urge on the horses and the journey begins along the same road by which Jesus had come a few days previously to raise Lazarus.


Notes

  1. je ne me souviens de rien, comme en 548.15, 562.5, 585.2, 587.5 et, en ce qui con­cerne le ressuscité de Naïm, en 300.4. Un cas semblable se trouve en 632.47.
  2. j’ai vu, en 508.4/5.

Notes

  1. I remember nothing, as in 548.15, 562.5, 585.2, 587.5 and, for the resuscitation of Naim, in 300.4. Another case in 632.47.
  2. I saw, in 508.4/5.