The Writings of Maria Valtorta

549. Séance du Sanhédrin, et audience de Pilate.

549. The meeting of the Sanhedrin

549.1

Si la nouvelle de la mort de Lazare avait provoqué de l’agitation dans Jérusalem et une bonne partie de la Judée, celle de sa résurrection finit de remuer et de pénétrer même là où elle avait laissé indifférent.

Sans doute, les quelques pharisiens et scribes, c’est-à-dire les membres du Sanhédrin présents à la résurrection, ne l’avaient pas annoncée au peuple. Mais les juifs en ont parlé, et la rumeur s’est répandue comme un éclair : d’une maison à l’autre, d’une terrasse à l’autre, des voix de femmes se la répètent, tandis qu’en bas le petit peuple la propage en se réjouissant grandement du triomphe de Jésus et du miracle pour Lazare. Les gens remplissent les rues en courant çà et là, croyant toujours arriver les premiers pour apporter cette information, mais ils sont déçus, car on la connaît à Ophel comme à Bézéta, dans Sion comme à l’Acra. On est au courant dans les synagogues comme dans les magasins, au Temple et dans le palais d’Hérode.

On connaît la nouvelle à l’Antonia, et de l’Antonia elle se répand dans les postes de garde aux portes ou vice versa. Elle emplit les palais comme les taudis : « Le Rabbi de Nazareth a ressuscité Lazare de Béthanie, qui est mort la veille du vendredi ; il a été mis au tombeau avant le début du sabbat et est ressuscité à l’heure de sexte d’aujourd’hui. »

Les acclamations hébraïques au Christ et au Très-Haut se mêlent à celles, plus variées, des Romains : « Par Jupiter ! Par Pollux ! Par Libitina ! », etc.

549.2

Les seuls que je ne vois pas dans cette foule bruyante, ce sont les membres du Sanhédrin. Je n’en vois pas un seul. En revanche, je remarque que Kouza et Manahen sortent d’un splendide palais, et j’entends Kouza dire :

« J’ai aussitôt fait informer Jeanne. Il est réellement Dieu ! »

Et Manahen répond :

« Hérode, venu de Jéricho pour présenter ses hommages… à son maître Ponce Pilate, semble fou dans son palais, tandis qu’Hérodiade est furieuse et le pousse à donner des ordres pour arrêter le Christ. Elle tremble pour sa puissance, lui à cause de ses remords. Il claque des dents en intimant aux plus fidèles de le défendre… des fantômes. Il s’est enivré pour se donner du courage, mais le vin lui tourne la tête et lui fait voir des spectres. Il hurle que le Christ a aussi ressuscité Jean, qui lui crie maintenant aux oreilles les malédictions de Dieu. Je me suis enfui de cette Géhenne. Je me suis contenté de lui dire : “ Lazare a été ressuscité par Jésus de Nazareth. Garde-toi de toucher à lui, car il est Dieu. ” Je le maintiens dans cette peur pour qu’il ne cède pas à la volonté homicide de sa femme.

– Moi, je devrais y aller, au contraire… Je dois y aller. Mais j’ai d’abord voulu passer chez Eliel et Elqana. Ils vivent à part, mais leur parole compte toujours en Israël ! Jeanne est contente que je les honore. Et moi…

– C’est une bonne protection pour toi, c’est vrai. Mais elle n’égalera jamais l’amour du Maître. C’est l’unique protection qui ait de la valeur… »

Kouza ne réplique rien. Il réfléchit… Je les perds de vue.

549.3

De Bézéta arrive en toute hâte Joseph d’Arimathie. On l’arrête. C’est un groupe d’habitants incrédules qui se demandent s’il faut croire la nouvelle, et ils l’interrogent.

« C’est vrai ! C’est vrai ! Lazare est ressuscité, et il est guéri aussi. Je l’ai vu de mes propres yeux.

– Mais alors… Jésus est vraiment le Messie !

– Ses œuvres sont celles du Messie. Sa vie est parfaite. Nous vivons à l’époque prophétisée. Satan le combat. Que chacun conclue dans son cœur qui est le Nazaréen » dit Joseph prudemment, mais aussi avec exactitude.

Il salue et s’éloigne, les laissant débattre et finir par reconnaître :

« C’est vraiment le Messie. »

549.4

Un légionnaire parle dans un groupe :

« Si je le peux, j’irai demain à Béthanie. Par Vénus et Mars, mes dieux préférés ! Je pourrai faire le tour du monde, des déserts brûlants aux terres glacées germaniques, mais me trouver là où ressuscite un homme mort depuis des jours, cela ne m’arrivera plus. Je veux voir à quoi ressemble quelqu’un qui revient de la mort. Il sera noirci par l’eau des fleuves d’outre-tombe…

– S’il était vertueux, il sera blême après avoir bu l’eau couleur d’azur des Champs Elysées. Il n’y a pas que le Styx, là-bas…

– Il nous dira comment sont les prairies d’asphodèles de l’Hadès… Je t’accompagne.

– Si Ponce l’accepte…

– Bien sûr qu’il accepte ! Il a aussitôt expédié un courrier à Claudia pour qu’elle vienne. Claudia aime ce genre de débats. Je l’ai entendue plus d’une fois discuter de l’âme et de l’immortalité avec les autres et avec ses affranchis grecs.

– Claudia croit au Nazaréen. Pour elle, il est plus grand que tout autre homme.

– Oui. Mais pour Valéria, il est plus qu’un homme, c’est Dieu : une espèce de Jupiter et d’Apollon pour ce qui est de la puissance et de la beauté, disent-elles, et il est plus sage que Minerve. L’avez-vous vu ? Moi, je suis venu ici pour la première fois avec Ponce et je ne sais pas…

– Je crois que tu es arrivé à temps pour voir beaucoup de choses. Tout à l’heure, Ponce criait d’une voix de stentor : “ Ici, tout doit changer. Ils doivent comprendre que c’est Rome qui commande, et que, tous, ils sont asservis. Et plus ils sont grands, plus ils sont asservis, parce que plus dangereux. ” Je crois que c’est à cause de cette tablette qui lui avait été apportée par le serviteur d’Hanne…

– Bien sûr, il ne veut pas les écouter… Et il nous change tous régulièrement, car… il ne veut pas que des amitiés se créent entre eux et nous.

– Entre eux et nous ? Ha ! Ha ! Ha ! Avec ces hommes au gros nez qui sentent mauvais ? Ponce digère mal la trop grande quantité de porc qu’il mange. A moins… qu’il ne s’agisse de l’amitié avec quelque femme qui ne dédaigne pas d’embrasser des bouches rasées…, dit un soldat en riant malicieusement.

– C’est un fait que, depuis les troubles de la fête des Tentes, il a demandé et obtenu le changement de toutes les troupes, et qu’il nous faut partir…

– C’est vrai. On a déjà signalé à Césarée l’arrivée de la galère qui transporte Longinus et sa centurie. De nouveaux gradés, de nouvelles troupes… et tout cela à cause de ces crocodiles du Temple. J’étais bien ici, moi…

– Moi, j’étais mieux à Brindisi… Mais je m’habituerai », dit celui qui vient d’arriver en Palestine.

Ils s’éloignent eux aussi.

549.5

Des gardes du Temple passent avec des tablettes de cire. Les gens les observent et s’étonnent :

« Le Sanhédrin se réunit d’urgence. Que veulent-ils faire ? »

Quelqu’un répond :

« Montons au Temple, et voyons… »

Ils se dirigent vers la rue qui mène au mont Moriah.

Le soleil disparaît derrière les maisons de Sion et les monts de l’occident. Le soir tombe et va bientôt débarrasser les rues des curieux. Ceux qui sont montés au Temple en redescendent, contrariés parce qu’on les a chassés même des portes où ils s’étaient attardés pour voir passer les membres du Sanhédrin.

549.6

L’intérieur du Temple, vide, désert, enveloppé par la lumière de la lune, paraît immense. Les membres du Sanhédrin se rassemblent lentement dans la salle. Ils sont tous présents, comme lors de la condamnation de Jésus, à l’exception de ceux qui y faisaient office de greffiers[1]. Ils se tiennent en partie à leurs places, en partie en groupes près des portes.

Caïphe entre, avec son air mauvais et son corps de crapaud obèse, et il va à sa place.

Ils commencent immédiatement à débattre sur les faits survenus, et ils y mettent une telle passion que la séance devient vite très animée. Ils quittent leurs places, descendent dans l’espace vide en gesticulant et en parlant à haute voix.

Quelques-uns leur conseillent de garder leur calme et de bien réfléchir avant de prendre des décisions.

D’autres répliquent :

« Mais n’avez-vous pas entendu ceux qui sont venus ici après none ? Si nous perdons les juifs les plus influents, à quoi sert-il d’accumuler les accusations ? Plus il vit, et moins on nous croira si nous l’accusons.

– Or cet événement est indéniable. On ne peut dire à la foule qui y a assisté : “ Vous avez mal vu. C’est une illusion. Vous étiez ivres. ” Le mort était bien mort, putréfié, décomposé. Il avait été déposé dans un tombeau fermé, bien muré. Le mort était couvert de bandelettes et de baumes depuis plusieurs jours. Il était lié. Et pourtant, il est sorti de sa place, il est venu tout seul, sans marcher, jusqu’à l’ouverture. Et une fois libéré, il n’était plus mort. Il respirait. Il n’y avait plus de corruption, alors qu’auparavant, quand il vivait, il était couvert de plaies et, dès sa mort, il était tout décomposé.

– Vous avez entendu les juifs les plus influents, ceux que nous avions poussés là pour les conquérir complètement à notre cause ? Ils sont venus nous dire : “ Pour nous, il est le Messie. ” Presque tous sont venus ! Même le peuple !

– Et ces maudits Romains pleins de fables ! Qu’en faites-vous ? Pour eux, il est Jupiter Maximus. Alors s’ils se mettent cette idée en tête… Ils nous ont fait connaître leurs histoires, et cela a été une malédiction. Anathème sur ceux qui ont voulu nous imposer l’hellénisme[2], et qui, par flagornerie, nous ont profanés par des coutumes qui ne sont pas les nôtres ! Pourtant cela sert aussi à notre information, et nous savons que le Romain a vite fait d’abattre et d’élever par des conjurations et des coups d’état. Or si certains de ces fous s’enthousiasment pour le Nazaréen et le proclament César — et par conséquent divin —, qui pourra le toucher ?

– Mais non ! Qui veux-tu qui fasse cela ? Ils se gaussent de lui et de nous. Ses actes ont beau être grands, pour eux il reste “ un juif ”, et donc un misérable. La peur te rend stupide, ô fils d’Hanne !

– La peur ? As-tu entendu comment Ponce Pilate a répondu à l’invitation de mon père ? Il est bouleversé, te dis-je, il est bouleversé par l’événement, et il redoute le Nazaréen. Malheureux que nous sommes ! Cet homme est venu pour notre ruine !

549.7

– Si au moins nous n’y étions pas allés et si nous n’avions pas presque ordonné aux plus puissants des juifs d’y aller ! Si Lazare était ressuscité sans témoins…

– Eh bien ? Qu’est-ce que cela aurait changé ? Nous ne pouvions sûrement pas le faire disparaître pour laisser croire qu’il était toujours mort !

– Non, certes. Mais nous pouvions prétendre qu’il s’était agi d’une fausse mort. Des témoins payés pour mentir, on en trouve toujours.

– Mais pourquoi une telle agitation ? Je n’en vois pas la raison ! Aurait-il donc provoqué le Sanhédrin et le Pontificat ? Non. Il s’est borné à accomplir un miracle.

– Il s’est borné ? ! Mais tu es sot ou vendu à lui, Eléazar ? N’a-t-il pas provoqué le Sanhédrin et le Pontificat ? Et que veux-tu de plus ? Les gens…

– Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent, mais je suis du même avis qu’Eléazar : le Nazaréen n’a fait qu’un miracle.

– Voilà l’autre qui le défend ! Tu n’es plus un juste, Nicodème ! Tu n’es plus un juste ! Tu agis contre nous, contre nous, comprends-tu ? Plus rien ne convaincra la foule. Ah ! malheureux que nous sommes ! Moi, aujourd’hui, j’ai été bafoué par certains juifs. Moi, bafoué ! Moi !

– Tais-toi, Doras ! Tu n’es qu’un homme, mais c’est l’idée qui est frappée ! Nos lois, nos prérogatives !

– Tu parles bien, Simon, et il faut les défendre.

– Mais comment ?

– En attaquant, en détruisant les siennes !

– C’est vite dit, Sadoq. Mais comment les détruirais-tu, si de toi-même tu ne sais pas rendre la vie à un moucheron ? Il nous faudrait accomplir un miracle plus grand que le sien, mais aucun de nous ne peut le faire parce que… »

L’orateur ne sait pas expliquer pourquoi, et c’est Joseph d’Arimathie qui achève :

« Parce que nous sommes des hommes, seulement des hommes. »

Ils se jettent sur lui en demandant :

« Et lui, qui est-il alors ? »

Joseph répond avec assurance :

« Il est Dieu. Si j’avais encore des doutes…

– Mais tu n’en avais pas. Nous le savons, Joseph. Nous le savons. Reconnais donc ouvertement que tu l’aimes !

549.8

– Joseph ne fait rien de mal en l’aimant. Moi-même, je le reconnais pour le plus grand Rabbi d’Israël.

– C’est toi, Gamaliel, qui dis cela ?

– Oui, je l’affirme. Et je m’honore d’être… détrôné par lui. Jusqu’à présent, j’avais conservé la tradition des grands rabbis, dont le dernier était Hillel, mais après moi je n’aurais pas su qui pouvait recueillir la sagesse des siècles. Maintenant, je partirai satisfait, parce que je sais qu’au lieu de s’éteindre, elle deviendra plus grande, accrue qu’elle sera de la sienne, à laquelle l’Esprit de Dieu est certainement présent.

– Mais que nous racontes-tu là, Gamaliel ?

– La vérité. Ce n’est pas en se fermant les yeux que l’on peut ignorer ce que nous sommes. Nous ne sommes plus sages, car le principe de la sagesse est la crainte de Dieu, or nous sommes des pécheurs dépourvus de la crainte de Dieu. Si nous en avions tant soit peu, nous ne piétinerions pas le juste et nous n’aurions pas la sotte avidité des richesses du monde. Dieu donne et Dieu enlève, selon les mérites et les démérites. Et si, maintenant, Dieu nous enlève ce qu’il nous avait confié, pour le donner à d’autres, qu’il soit béni, car saint est le Seigneur, et saintes sont toutes ses actions.

– Mais nous parlions de miracle, et nous voulions dire qu’aucun de nous ne peut en accomplir parce que Satan n’est pas avec nous.

– Je rectifie : parce que Dieu n’est pas avec nous. Moïse sépara les eaux et ouvrit le rocher, Josué arrêta le soleil, Elie ressuscita l’enfant et fit tomber la pluie, mais Dieu était avec eux. Je vous rappelle[3] qu’il y a six choses que Dieu hait, et qu’il exècre la septième : les yeux orgueilleux, la langue menteuse, les mains qui répandent le sang innocent, le cœur qui médite des desseins mauvais, les pieds qui courent rapidement vers le mal, le faux témoin qui profère des mensonges, et l’homme qui crée la discorde parmi ses frères. Tout cela, nous le faisons. Je dis “ nous ”, mais c’est vous seuls qui les faites, car moi je m’abstiens de crier “ Hosanna ” comme de crier “ Anathème ”.

549.9

J’attends.

– Le signe ! Naturellement, tu attends le signe ! Mais quel signe attends-tu d’un pauvre fou, si vraiment nous voulons tout lui pardonner ? »

Gamaliel lève les mains et, les bras en avant, les yeux fermés, la tête légèrement inclinée, l’air d’autant plus hiératique qu’il s’exprime lentement et d’une voix lointaine, il répond :

« J’ai interrogé anxieusement le Seigneur pour qu’il m’indique la vérité, et il a éclairé pour moi ces paroles[4] de Jésus ben Sirac : “ Le Créateur de l’univers m’a donné un ordre, Celui qui m’a créée m’a fait dresser ma tente. Il m’a dit : ‘Installe-toi en Jacob, entre dans l’héritage d’Israël, plonge tes racines parmi mes élus ”… Il m’a également éclairé celles-ci, que j’ai reconnues : “ Venez à moi, vous tous qui me désirez et rassasiez-vous de mes fruits, car mon esprit est plus doux que le miel et mon héritage plus doux qu’un rayon de miel. Mon souvenir durera dans les générations des siècles. Ceux qui me mangent auront encore faim, ceux qui me boivent auront encore soif. Celui qui m’obéit n’aura pas à en rougir, ceux qui font mes œuvres ne pécheront pas, et ceux qui me mettent en lumière possèderont la vie éternelle. ” Et la lumière de Dieu s’accrut dans mon esprit tandis que mes yeux lisaient ces paroles : “ Tout cela n’est autre que le livre de la vie, l’alliance du Très-Haut, la doctrine de la vérité… Dieu a promis à David de faire naître de lui le Roi très puissant qui doit rester assis éternellement sur le trône de la gloire. Il fait abonder la sagesse comme les eaux du Phisôn, comme le Tigre à la saison des fruits ; il fait déborder l’intelligence comme l’Euphrate, comme le Jourdain au temps de la moisson. Il répand la sagesse comme la lumière… Lui, le premier, l’a parfaitement connue. ” Voilà les lumières que Dieu m’a données ! Mais, hélas ! que dis-je, la Sagesse qui est parmi nous est trop grande pour que nous la comprenions et que nous accueillions une pensée plus vaste que la mer et un conseil plus profond que le grand abîme. Et nous l’entendons crier : “ Comme un canal d’eaux immenses, j’ai jailli du Paradis et j’ai dit : ‘Je vais arroser mon jardin.’ Et voici que mon canal est devenu fleuve, et que le fleuve est devenu mer. Comme l’aurore, j’infuse à tous ma doctrine et je la ferai connaître à ceux qui sont le plus loin. Je pénétrerai dans les lieux les plus bas, je jetterai mon regard sur ceux qui dorment, je porterai ma lumière à ceux qui espèrent dans le Seigneur. Je répandrai ma doctrine comme une prophétie, je la transmettrai à ceux qui cherchent la sagesse, je ne cesserai pas de l’annoncer jusqu’au siècle saint. Ce n’est pas pour moi que je travaille, mais pour tous ceux qui cherchent la vérité. ” Voilà ce que m’a fait lire Yahvé, le Très-Haut. »

Il baisse les bras et relève la tête.

« Mais alors, à tes yeux c’est le Messie ? ! Dis-le !

– Ce n’est pas le Messie.

– Non ? Dans ce cas, qu’est-il pour toi ? Un démon, non. Un ange, non. Le Messie, non…

– Il est celui qui est.

– Tu délires ! Il est Dieu ? Pour toi, ce fou est Dieu ?

– Il est Celui qui est. Dieu sait qui il est. Nous, nous voyons ses œuvres, or Dieu voit aussi ses pensées. Mais il n’est pas le Messie car, pour nous, Messie veut dire Roi. Lui n’est pas, ne sera pas roi. Mais il est saint, et ses œuvres sont celles d’un saint. Quant à nous, nous ne pouvons pas lever la main sur l’innocent sans commettre un péché. Moi, je ne souscrirai pas au péché.

– Mais par ces mots tu l’as presque appelé l’Attendu !

– C’est ce que j’ai dit. Tant qu’a duré la lumière du Très-Haut, je l’ai vu tel. Puis… quand la main du Seigneur, qui me tenait élevé dans sa lumière, m’a abandonné, je suis redevenu homme, l’homme d’Israël… alors toutes ces paroles n’ont plus été que des paroles auxquelles l’homme d’Israël, moi, vous, ceux d’avant nous et — que Dieu ne le permette pas — ceux d’après nous, donnent le sens de leur, de notre pensée, et non le sens qu’elles ont dans la Pensée éternelle qui les a dictées à son serviteur.

549.10

– Mais nous ergotons, nous divaguons, nous perdons du temps et, pendant ce temps, le peuple s’agite, intervient Chanania de sa voix rauque.

– C’est juste ! Il faut décider et agir, pour nous sauver et triompher.

– Vous dites que Pilate n’a pas voulu nous écouter quand nous lui avons demandé son aide contre le Nazaréen. Mais si nous lui faisions savoir… Vous avez assuré que, si les troupes s’exaltent, elles peuvent le proclamer César… Hé ! Hé ! c’est une bonne idée ! Allons exposer au Proconsul ce danger. Nous serons honorés comme de fidèles serviteurs de Rome et… si, lui, il intervient, nous serons débarrassés du Rabbi. Allons, allons ! Toi, Eléazar, fils d’Hanne, qui es plus que tous son ami, sois notre chef » dit en riant Elchias de sa voix de serpent.

Il y a un peu d’hésitation, puis un groupe des plus fanatiques sort pour se rendre à l’Antonia. Caïphe reste avec les autres.

« A cette heure-ci ! Ils ne seront pas reçus, objecte quelqu’un.

– Non, au contraire ! C’est la meilleure. Pilate est toujours de bonne humeur quand il a bu et mangé comme boit et mange un païen… »

549.11

Je les laisse là à discourir, et la scène de l’Antonia s’éclaire à mes yeux.

Le trajet est vite parcouru, et sans difficulté tant est limpide la clarté de la lune, qui contraste fortement avec la lumière rouge des lampes allumées dans le vestibule du palais prétorien.

Eléazar réussit à se faire annoncer à Pilate, et on les fait passer dans une grande salle vide, complètement vide. Il n’y a qu’un siège massif, avec un dossier bas, couvert d’un drap pourpre qui ressort vivement dans la blancheur absolue de la pièce. Ils se tiennent en groupe, un peu craintifs, transis de froid, debout sur le marbre blanc du pavé. Personne ne vient. On n’entend rien. Pourtant, par intervalles, une musique lointaine rompt ce silence.

« Pilate est à table, certainement avec des amis. Cette musique vient du triclinium. Il y aura sûrement des danses en l’honneur des hôtes, pronostique Eléazar.

– Corrompus ! Demain, je me purifierai. La luxure transpire de ces murs, lance avec dégoût Elchias.

– Pourquoi es-tu venu, alors ? C’est toi qui l’as proposé, réplique Eléazar.

– Pour l’honneur de Dieu et le bien de notre patrie, je peux faire n’importe quel sacrifice. Et c’en est un grand ! Je m’étais purifié après m’être approché de Lazare… et maintenant !… Quelle terrible journée ! »

Pilate ne vient pas. Le temps passe. Eléazar, en habitué de l’endroit, essaie les portes. Elles sont toutes fermées. La crainte s’empare de tous. Des histoires effrayantes reviennent à l’esprit. Ils regrettent d’être venus. Ils se sentent déjà perdus.

549.12

Enfin, du côté qui leur est opposé — ils se tiennent près de la porte par laquelle ils sont entrés, et par conséquent près de l’unique siège de la pièce —, voilà que s’ouvre une porte et qu’entre Pilate. Il porte un vêtement tout blanc, comme la salle. Il marche en devisant avec des invités. Tout en riant, il se tourne pour commander à un esclave, qui soulève un rideau de l’autre côté du seuil de la salle, de jeter des essences dans un brasier et d’apporter des parfums et de l’eau pour les mains, puis il ordonne qu’un serviteur vienne avec un miroir et des peignes. Il ne s’occupe pas des Hébreux, c’est comme s’ils n’existaient pas. Ceux-ci ruminent leur colère, mais n’osent pas bouger…

Pendant ce temps, on apporte des brasiers, on répand des résines sur le feu, on verse de l’eau parfumée sur les mains des Romains. Le serviteur, par des mouvements adroits, peigne les cheveux selon la mode des riches Romains de l’époque. Les Hébreux sont exaspérés.

Les Romains rient entre eux et plaisantent, en lançant de temps à autre un coup d’œil sur le groupe qui attend tout au fond. L’un d’eux murmure quelque chose à Pilate, qui ne s’est jamais retourné pour regarder ; mais celui-ci hausse les épaules avec un geste d’ennui et bat des mains pour appeler un esclave, auquel il ordonne à haute voix d’apporter des friandises et de faire entrer les danseuses. Les Hébreux, scandalisés, frémissent de colère. Pensez à un Elchias obligé de voir des danseuses ! Son visage est un poème de souffrance et de haine.

Les esclaves arrivent avec toutes sortes de douceurs dans des coupes précieuses, suivis de danseuses couronnées de fleurs et à peine couvertes de voiles si aériens qu’elles semblent être dénudées. Leur corps très blanc transparaît à travers les vêtements vaporeux, teintés de rosé et de bleu clair, quand elles passent devant les brasiers allumés et les nombreuses lampes posées au fond. Les Romains admirent la grâce des corps et des mouvements, et Pilate redemande un pas de danse qui lui a particulièrement plu. Indigné, Elchias, imité par ses compagnons, se tourne vers le mur pour ne pas voir les danseuses voleter comme des papillons dans un balancement de parures inconvenantes.

Une fois finie cette courte danse, Pilate les congédie en mettant dans la main de chacune une coupe remplie de friandises où il jette nonchalamment un bracelet.

549.13

Finalement, il daigne se tourner pour regarder les Hébreux et dit à ses amis d’un air ennuyé :

« Et maintenant… je vais devoir passer du rêve à la réalité… de la poésie à… l’hypocrisie… de la grâce aux ordures de la vie. Quelle misère d’être Proconsul !… Salut, mes amis, et ayez pitié de moi. »

Resté seul, il s’approche à pas lents des Hébreux. Il s’assied, examine ses mains bien soignées, et découvre sous un ongle quelque chose qui ne va pas. Il s’en occupe longuement, en tirant de son vêtement une fine baguette d’or avec laquelle il remédie au grand dommage d’un ongle imparfait…

Enfin, il fait la grâce de tourner lentement la tête. Il ricane à la vue des juifs encore inclinés servilement, et leur lance :

« Vous, approchez ! Et soyez brefs : je n’ai pas de temps à perdre avec des futilités. »

Les Hébreux s’avancent dans une attitude toujours servile, jusqu’à ce qu’un : « Assez ! Pas trop près ! » les cloue au sol.

« Parlez ! Et redressez-vous. Il ne convient qu’à des animaux de rester courbés vers le sol. »

Et il rit. Les Hébreux se redressent sous le mépris et se tiennent en bombant le torse.

« Alors ? Parlez ! Vous avez absolument voulu venir. Maintenant que vous êtes ici, exprimez-vous.

– Nous voulions te dire… Pour autant que nous sachions… Nous sommes des serviteurs fidèles de Rome…

– Ha ! Ha ! Ha ! Des serviteurs fidèles de Rome ! Je le ferai savoir au divin César, il s’en réjouira ! Il en sera heureux ! Parlez, farceurs ! Et faites vite ! »

Les membres du Sanhédrin encaissent, mais ne bronchent pas.

549.14

Elchias prend la parole au nom de tous :

« Tu dois savoir, ô Ponce, qu’aujourd’hui à Béthanie un homme a été ressuscité…

– Je le sais. C’est pour me dire cela que vous êtes venus ? Je le savais depuis plusieurs heures. Il a de la chance de savoir ce que c’est que mourir et ce qu’est l’autre monde ! Mais que puis-je y faire si Lazare, fils de Théophile, est revenu à la vie ? M’aurait-il apporté un message de l’Hadès ? »

Il ironise.

« Non. Mais sa résurrection est un danger…

– Pour lui ? Certainement ! Le danger de devoir mourir de nouveau. Opération peu agréable. Eh bien ! Que puis-je y faire ? Suis-je Jupiter, moi ?

– Un danger, non pour Lazare, mais pour César.

– Pour ?… Par tous les dieux ! Ai-je trop bu ? Vous avez dit : pour César ? Et en quoi Lazare peut-il nuire à César ? Vous craignez peut-être que la puanteur de son tombeau puisse corrompre l’air que respire l’Empereur ? Rassurez-vous ! Il est trop loin !

– Il ne s’agit pas de cela. Mais Lazare, en ressuscitant, peut faire détrôner l’Empereur.

– Détrôner ? Ha ! Ha ! Ha ! Quelle plaisanterie ! Ce n’est pas moi qui suis ivre, mais vous. Peut-être l’épouvante vous a-t-elle fait tourner la tête. Voir ressusciter… je suppose que cela peut troubler. Allez, allez au lit prendre un bon temps de repos. Et un bain chaud, bien chaud, salutaire contre les délires.

– Nous ne délirons pas, Ponce : nous te disons que, si tu n’y mets pas bon ordre, tu connaîtras des moments difficiles. Tu seras certainement puni, si même tu n’es pas tué par l’usurpateur. D’ici peu, le Nazaréen sera proclamé roi, roi du monde, comprends-tu ? Les légionnaires eux-mêmes le feront. Ils sont séduits par le Nazaréen et l’événement d’aujourd’hui les a exaltés. Quel serviteur de Rome es-tu, si tu ne te préoccupes pas de sa paix ? Veux-tu donc voir l’Empire bouleversé et divisé à cause de ton inertie ? Veux-tu voir Rome vaincue, et les enseignes abattues, l’Empereur tué, tout détruit…

– Silence ! C’est moi qui parle, et je vous dis : vous êtes des fous ! Mieux : vous êtes des menteurs, vous êtes des malandrins. Vous mériteriez la mort. Sortez d’ici, hideux serviteurs de vos intérêts, de votre haine, de votre bassesse. Vous êtes esclaves, pas moi. Je suis citoyen romain, et les citoyens romains ne sont assujettis à personne. Je suis le fonctionnaire impérial et je travaille pour les intérêts de la patrie. Vous… vous en êtes les sujets. Vous êtes sous notre domination. Vous êtes les galériens attachés aux bancs, et vous frémissez inutilement. Le fouet du chef est sur vous. Le Nazaréen !… Vous voudriez que je tue le Nazaréen ? Vous voudriez que je l’emprisonne ? Par Jupiter ! Si, pour le salut de Rome et du divin Empereur, je devais emprisonner les sujets dangereux ou les tuer, ici où je gouverne, c’est le Nazaréen et ses partisans, eux seuls, que je devrais laisser libres et vivants. Allez ! Dégagez et ne revenez plus jamais devant moi. Excités ! Fauteurs de troubles ! Rapaces et complices de rapaces ! Aucune de vos manigances ne m’est inconnue, sachez-le. Apprenez aussi que des armes toutes neuves et de nouveaux légionnaires ont servi à découvrir vos pièges et vos espions. Vous criez à cause des impôts romains, mais que vous ont coûté Melchias de Galaad, Jonas de Scythopolis, Philippe de Soco, Jean de Beth-Aven, Joseph de Ramaoth, et tous les autres qui vont bientôt être pris ? Et ne vous approchez pas des grottes de la vallée, car il s’y trouve plus de légionnaires que de pierres, or les lois et la galère sont les mêmes pour tous. Pour tous ! Vous comprenez ? Pour tous. J’espère vivre assez longtemps pour vous voir tous enchaînés, esclaves parmi les esclaves sous le talon de Rome. Sortez ! Allez rapporter ma réponse, même toi, Eléazar, fils d’Hanne, que je ne veux plus voir chez moi : le temps de la clémence est fini, car c’est moi le Proconsul et vous les sujets. Les sujets. C’est moi qui commande, au nom de Rome. Sortez, serpents de nuit ! Vampires ! Et le Nazaréen veut vous racheter ? S’il était Dieu, il devrait vous foudroyer ! Le monde serait nettoyé de sa tache la plus répugnante. Dehors ! Et n’osez pas faire de conjurations, ou vous connaîtrez le fouet et le glaive. »

Il se lève et sort en claquant la porte devant les membres du Sanhédrin, interdits, qui n’ont pas le temps de se remettre, car un détachement en armes les chasse de la pièce et du palais comme des chiens.

549.15

De retour dans la salle du Sanhédrin, ils racontent tout. L’agitation est à son comble. La nouvelle de l’arrestation de plusieurs voleurs et des battues dans les grottes pour prendre les autres, trouble fortement tous ceux qui sont restés, car plusieurs, lassés d’attendre, sont partis.

« Et pourtant nous ne pouvons pas le laisser faire, crient des prêtres.

– Nous ne pouvons pas le laisser vivre. Lui, il agit. Nous, nous ne tentons rien et, jour après jour, nous perdons du terrain. Si nous le laissons libre, il continuera à accomplir des miracles, et tous croiront en lui. Les Romains finiront par être contre nous, et ils nous détruiront complètement. Pilate parle ainsi, mais si la foule proclamait Jésus roi, alors il aurait le devoir de nous punir, tous. Nous ne devons pas le permettre, s’écrie Sadoq.

– D’accord, mais comment ? La voie… légale romaine a échoué. Pilate est sûr du Nazaréen. Notre voie… légale est rendue impossible. Jésus ne pèche pas…, objecte quelqu’un.

– S’il n’y a pas de faute, il faut en inventer une, insinue Caïphe.

– Mais ce serait un péché! Jurer ce qui est faux ! Faire condamner un innocent ! C’est… trop !… se récrient la plupart avec horreur. C’est un crime, car cela signifiera la mort pour lui.

– Eh bien ? Cela vous effraie ? Vous êtes stupides, et vous n’y comprenez rien. Après ce qui est arrivé, Jésus doit mourir. Vous ne réfléchissez pas qu’il vaut mieux qu’un seul homme meure plutôt qu’un grand nombre ? Par conséquent, que lui meure pour sauver son peuple, et éviter à toute la nation de périr. Du reste… Il prétend être le Sauveur. Qu’il se sacrifie donc pour sauver le peuple, expose Caïphe, que sa haine froide et rusée rend particulièrement odieux.

– Mais, Caïphe ! Réfléchis ! Lui…

– J’ai parlé. L’Esprit du Seigneur est sur moi, le grand-prêtre. Malheur à qui ne respecte pas le Pontife d’Israël. Les foudres de Dieu soient sur lui ! Nous avons assez attendu, assez discuté ! J’ordonne et décrète que quiconque sait où se trouve le Nazaréen vienne dénoncer l’endroit, et anathème sur qui n’obéira pas à ma parole.

– Mais Hanne… objectent certains.

– Hanne m’a dit : “ Tout ce que tu feras sera saint. ” Levons la séance. Vendredi, entre tierce et sexte, soyons tous ici pour délibérer. J’ai dit tous, faites-le savoir aux absents. Et que soient convoqués tous les chefs de familles et de classes, toute l’élite d’Israël. Le Sanhédrin a parlé. Allez. »

Il se retire le premier, tandis que les autres prennent différentes directions et, en parlant à voix basse, sortent du Temple pour rentrer chez eux.

549.1

If the news of the death of Lazarus had shaken and agitated Jerusalem and a large part of Judaea, the news of his resurrection ended by shaking and penetrating also where the news of the death had not caused any excitement.

Perhaps the few Pharisees and scribes, that is the members of the Sanhedrin present at the resurrection, did not mention it to the people. But the Judaeans certainly have spoken about it, and the news has spread in a flash, and the voices of women repeat it from house to house, from terrace to terrace, while the common people propagate it in the streets with great jubilation for Jesus’ triumph and for Lazarus. People fill the streets running here and there, thinking they are the first to give the news, but they are disappointed because it is already known in Ophel as well as in Bezetha, in Zion as at the Sixtus market. It is known in synagogues, in warehouses, in the Temple and in Herod’s palace. It is known at the Antonia and from there, or vice versa, it spreads to the guard-rooms at the gates. It fills mansions and hovels: «The Rabbi of Nazareth has raised from the dead Lazarus of Bethany, who died the day before Friday and was buried before the beginning of the Sabbath and he rose again today at the sixth hour.» The Jewish acclamations to the Christ and to the Most High mingle with the various «By Jove! By Pollux! By Libitina!» etc. of the Romans.

549.2

The only ones I do not see among the crowds talking in the streets are the members of the Sanhedrin. I do not see even one of them, whereas I see Chuza and Manaen come out from a stately mansion and I hear Chuza say: «Wonderful! Wonderful! I sent word to Johanna at once. He is really God!»; and Manaen replies to him: «Herod, who came from Jericho to pay his respects to… the chief, Pontius Pilate, seems to have gone mad in his palace, while Herodias is frantic and she presses him to have the Christ arrested. She trembles dreading His power; he is torn with remorse. With chattering teeth he tells his devoted followers to defend him from… ghosts. He got drunk to muster up courage and the wine eddying in his head makes him see phantasms. He shouts saying that the Christ has raised also John who is now yelling God’s maledictions close to him. I ran away from that Gehenna. I was content with saying to him: “Lazarus has been raised from the dead by Jesus the Nazarene. Mind you do not touch Him, because He is God”. I stimulate his fear so that he may not yield to her murderous intents.»

«On the contrary, I shall have to go there… I must go. But I wanted to call on Eliel and Elkanah first. They live in seclusion, but their opinions are always highly thought of in Israel! And Johanna is pleased that I honour them. And I…»

«A good protection for you. That is true. But not so good as the Master’s love. That is the only protection that matters…»

Chuza does not reply. He is pensive… I lose sight of them.

549.3

Joseph of Arimathea comes forward hurriedly from Bezetha. He is stopped by a group of citizens who are still uncertain whether they should believe the news. They ask him.

«It’s true. Very true. Lazarus has risen and he has also been cured. I saw him with my own eyes.»

«So… He is really the Messiah!»

«His deeds are such. His life is perfect. This is the right time. Satan fights Him. Let each man conclude in his own heart who is the Nazarene» says Joseph wisely and fairly at the same time. He greets them and goes away.

They continue to discuss and end up by saying: «He is really the Messiah.»

549.4

There is a group of legionaries and one of them says: «I will go to Bethany tomorrow if I can. By Venus and Mars, the gods I prefer! I may travel all over the world, from the hot deserts to the icy German lands, but never again shall I find a man who comes to life again after being dead for days. I want to see what a man, who comes back from death, is like. He will be black with the water of the rivers of the beyond…»

«If he was a virtuous man, he will be bluish after drinking the sky-blue water of the Elysian Fields. There is not only the Styx there…»

«He will tell us what the meadows of asphodels in Hades are like… I will come as well…»

«If Pontius will allow us…»

«Of course he will! He sent a messenger to Claudia at once telling her to come. Claudia loves these things. I have heard her more than once converse, with the other women and her Greek freedmen, about souls and immortality.»

«Claudia believes in the Nazarene. According to her He is greater than any other man.»

«Yes, but according to Valeria He is more than a man. He is God. A kind of Jupiter and Apollo with regard to power and handsomeness, they say, and wiser than Minerva. Have you seen Him? I came here with Pontius and it is the first time that I have been here, so I do not know…»

«I think that you have arrived in time to see many things. Not long ago Pontius was shouting as loud as Stentor saying: «Everything is to be changed here. They must understand that Rome is the ruler and that they, all of them, are servants. And the greater they are, the more servile they are, because they are more dangerous”. I think it was because of that tablet that Annas’ servant took to him…»

«Of course. He will not listen to them… And he keeps shifting us… because he does not want us to be friendly with them.»

«Friendly with them? Ah! Ah! With those big-nosed types stinking like billy-goats? Pontius suffers from indigestion because he eats too much pork. If anything… we are friendly with some of the women who do not disdain the kisses of clean-shaven lips…» says a mischievous one laughing.

«It is a fact that after the unruliness at the feast of the Tabernacles he insisted in having all the troops changed with the result that we have to go away…»

«That is true. The arrival of the galley bringing Longinus and his century was already notified at Caesarea. New officers and new troops… and all because of those crocodiles of the Temple. I liked this place.»

«I preferred Brindisi… But I shall get accustomed to this place» says the one who arrived in Palestine recently.

They also move away.

549.5

Some guards of the Temple pass by with wax-tablets. People watch them and say: «The Sanhedrin is meeting with urgency. What are they going to do?»

A man replies: «Let us go up to the Temple And see…» They set out towards the street leading to the Moriah.

The sun disappears behind the houses in Zion and the western mountains. Night falls and the streets are soon cleared of curious people. Those who went up to the Temple come down looking upset because they have been driven away from the gates, where they had lingered to see the members of the Sanhedrin pass by.

549.6

The inside of the Temple, now empty, desert, enveloped in moonlight, seems immense. The members of the Sanhedrin slowly gather in their meeting hall. They are all there, exactly as they were for Jesus’ death sentence, but those who were then[1] acting as clerks are not present. Only the members of the Sanhedrin are there, some sitting in their places, some in groups near the doors.

Caiaphas comes in with his face and body resembling those of an excessively fat and wicked frog, and he goes to his seat.

They begin to discuss the events at once and they become so impassioned of the matter that the session is soon animated. They leave their seats, they go down into the empty space gesticulating and speaking in loud voices.

Some counsel calm and circumspection before taking a decision. Others answer back: «But have you not heard those who came here after the ninth hour? If we lose the most important Judaeans, what is the use of accumulating charges? The longer He lives, the less we shall be believed if we accuse Him.»

«And this fact cannot be denied. We cannot say to the many people who were there: “What you have seen is not true. It is a make-believe. You were drunk”. The man was dead. Putrid. Decomposed. The corpse was placed in a closed sepulchre and the sepulchre was properly walled up. The corpse had been bound in bandages and covered with balms for several days. And it was tied. And yet it came out of its place, it came as far as the entrance by itself without walking. And when it was freed, the body was no longer dead. It breathed. There was no putrefaction. Whereas before, when it was alive, it was covered in sores, and when it died it was rotten.»

«Have you heard the most influential Judaeans, whom we urged to go there to have them completely on our side? They came and said to us: “As far as we are concerned He is the Messiah”. Almost every one of them has come! Not to mention the people!…»

«And those cursed Romans full of nonsense! What about them? They say that He is Jupiter Maximus. And if they get that idea into their heads! They made us acquainted with their stories, and it was a curse. Cursed be those who wanted Hellenism[2] among us and out of flattery desecrated us with foreign usages! But it helps us to know people. And we know that the Romans are quick in demolishing and elevating by means of plots and coups d’etat. Now if anyone of these mad people goes into raptures over the Nazarene and proclaims Him Caesar, and therefore, divine, who will ever dare touch Him?»

«Certainly not! Who do you think would dream of doing that? They do not give a fig for Him or for us. No matter how great is what He does, He is always “a Jew” as far as they are concerned. So nothing but a miserable wretch. Fear has turned your brain, dear son of Annas!»

«Fear? Did you hear how Pontius replied to my father’s invitation? He is upset, I tell you. He is upset by this last event, and he is afraid of the Nazarene. How wretched we are! That man has come to ruin us!»

549.7

«I wish we had not gone there and we had not almost ordered the most mighty Judaeans to go as well! If Lazarus had risen without witnesses…»

«So? What would have changed? We certainly could not have made him disappear for good to make people believe that he was always dead!»

«Certainly not. But we could have said that it was apparent death. You can always find witnesses bribed to commit perjury.»

«But why so much excitement? I can see no reason for it! Has He perhaps provoked the Sanhedrin and the Pontificate? No, He has not. He just worked a miracle.»

«Just?! But are you mad or has He bribed you, Eleazar? Did He not provoke the Sanhedrin and the Pontificate? What else do you want? The people…»

«People can say what they like, but the situation is exactly as Eleazar said. The Nazarene has only worked a miracle.»

«That’s another one defending Him! You are no longer fair, Nicodemus! You are no longer just! That is an action against us. Against us, do you realise it? Nothing will convince the crowds any longer. Ah! How miserable we are! Today some Judaeans scoffed at me! At me they scoffed!»

«Be quiet, Doras! You are only a man. It’s the principle that is attacked! Our laws! Our prerogatives!»

«You are right, Simon, and we must defend them.»

«How?»

«By offending and destroying His!»

«That is easily said, Sadoc. But how can you destroy them if with your own power you cannot even make a midge come to life again? What is required here is a miracle greater than His. But none of us can work it because…» The speaker cannot explain why.

Joseph of Arimathea completes the sentence: «Because we are just men, only men.»

They rush upon him asking: «And what is He, then?»

Joseph of Arimathea replies without hesitation: «He is God. If I still had any doubt…»

«But you had no doubt. We know, Joseph. We are well aware. You may state clearly that you love Him!»

549.8

«There is nothing wrong if Joseph loves Him. I also admit that He is the greatest Rabbi in Israel.»

«Are you, Gamaliel, saying that?»

«Yes, I maintain that. And it is an honour to me to be… dethroned by Him, because so far I had kept the tradition of the great rabbis, the last one of whom was Hillel, but after me I do not know who was able to receive the wisdom of centuries. Now I shall go away happily, because I know that it will not be lost, on the contrary it will grow greater, as it will be increased by His own wisdom, in which the Spirit of God is certainly present.»

«But what are you saying, Gamaliel?»

«I am speaking the truth. It is not by closing our eyes that we can ignore what we are. We are no longer wise, because the fear of God is the beginning of wisdom, and we are sinners without the fear of God. If we had such fear we would not trample on the just, neither would we be foolishly greedy for the wealth of the world. God gives and God takes away, according to merits and demerits. And if God deprives us of what He had given us, in order to give it to other people, may He be blessed because holy is the Lord and holy are all His deeds.»

«But we were talking of miracles and we meant that none of us can work them because Satan is not with us.»

«No. Because God is not with us. Moses parted the waters and he struck the rock, Joshua stopped the sun, Elijah raised the boy from death and made the sky give rain, but God was with them. I remind you[3] that there are six things that God hates and the seventh He abhors: a haughty look, a lying tongue, hands that shed innocent blood, a heart that weaves wicked plots, feet that hurry to do evil, a false witness who lies and he who sows dissension among brothers. We do all these things. I say: we. But you only do them. Because I refrain from shouting “Hosanna” and from crying “Anathema”.

549.9

I am waiting.»

«For the sign! Of course! You are waiting for the sign! But what sign can you expect from a poor madman, even if we want to forgive Him all the rest?»

Gamaliel stretches his hands and arms forward, and with closed eyes and lightly lowered head, looking most serious, he says in a slow distant voice: «I have anxiously asked the Lord to show me the truth, and He enlightened for me the words of Jesus the son of Sirach. These ones[4]: “The Creator of all things spoke to me and gave me His instructions, and He Who created me rested in my Tabernacle and said to me: ‘Dwell in Jacob, make Israel your inheritance, take root among My chosen people’”. And He enlightened also the following words and I have acknowledged them: “Approach Me, you who desire Me, and take your fill of My fruits because My spirit is sweeter than honey and My inheritance is sweeter than the honey­-comb. The memories of Me will last forever. They who eat Me will hunger for more, they who drink me will thirst for more; whoever listens to Me will never have to blush, whoever works for Me will never sin, whoever explains Me will have eternal life”. And the light of God became brighter in my spirit while my eyes were reading these words: “All these things are contained in the book of Life, the will of the Most High, the doctrine of Truth… God promised David that from him would descend the most powerful King Who is to sit on the throne of glory forever. His wisdom brims like the Pishon and the Tigris in the season of fruit, like the Euphrates He brims with intelligence, He rises like the Jordan at harvest time. He diffuses wisdom like light… He was the first to become perfect­ly aware of it”. That is what God had enlightened for me! Alas! I say that the Wisdom among us is too great to be understood by us, neither can we contain a thought vaster than oceans nor an advice deeper than the great abyss. And we hear Him shout: “Like an im­mense watercourse I gushed out of Paradise and I said: ‘I am going to water My garden’, and then my watercourse became a river, and the river a sea. Like dawn I shed My doctrine on everybody, and I shall make it known to the remotest peoples. I shall descend into the lowest parts, I shall cast glances on those who are sleeping, I shall enlighten those who hope in the Lord. I shall pour out teach­ing like prophecy and I shall leave it to those who seek wisdom, I shall not stop announcing it until the holy century. I have not toiled for Myself alone, but for all who are seeking the truth”. This is what God, the Most Hight God, made me read» and he lowers his arms and raises his head.

«So, according to you He is the Messiah?! Tell us!»

«He is not the Messiah.»

«He is not? Then what is He according to you? Not a demon. Not an angel. Not the Messiah…»

«He is He Who is.»

«You are raving! Is He God? Is that madman God according to you?»

«He is He Who is. God knows what He is. We see His works. God sees also His thoughts. But He is not the Messiah because Messiah to us means King. He is not and never will be king. But He is holy. And His works are those of a holy man. And we cannot threaten the Innocent without committing sin. I will not assent to sin.»

«But with your words you have almost said that He is the Expected One!»

«I have said so. While the light of the Most High lasted I saw Him as such. Then… as the hand of the Lord no longer held me uplifted in His light, I became man again, the man of Israel, and the words were only those to which the man of Israel, I, you, those before us, and, God forbid it, those after us, attach the meaning of their, of our thoughts, not the meaning they have in the eternal Thought that dictated them to His servant.»

549.10

«We are talking, digressing, wasting time. And the crowds in the meantime are excited» says Hananiah in a croaking voice.

«You are right! It is necessary to take a decision and act, to save ourselves and to triumph.»

«You say that Pilate would not listen to us when we asked his help against the Nazarene. But if we informed him… You said previously that if the troops become excited they may proclaim Him Caesar… Eh! A good idea! Let us go and point this danger out to the Proconsul. We shall be honoured as faithful servants of Rome and… and if he takes action we shall get rid of the Rabbi. Let us go! Since you, o Eleazar of Annas, are more friendly with him than we are, be our guide» says Helkai laughing malingnantly.

There is some hesitancy, then a group of the most fanatics leaves to go to the Antonia. Caiaphas remains with the others.

«At this time! He will not receive them» remarks one.

«On the contrary! It’s the best time. Pontius is always in high spirits after eating and drinking as a pagan does…»

549.11

I leave them there discussing, and I see the scene at the Antonia.

They cover the short distance quickly and without difficulty, so bright is the moonlight that is so different from the red light of the lamps lit in the entrance-hall of the praetoriurn building.

Eleazar is successful in sending in his name to Pilate, and they are led into a large empty hall. It is completely empty. There is only a heavy chair with low back covered with a purple cloth that stands out strongly against the complete whiteness of the hall. They remain in a group, somewhat timid and cold, standing on the white marble floor. No one comes in. There is dead silence, broken at intervals by remote music.

«Pilate is at table. He is certainly with friends. The music is played in the triclinium. There will be dances in honour of the guests says Eleazar of Annas.»

«They are corrupt. I will purify myself tomorrow. Lust oozes from these walls» says Helkai with disgust.

«Why did you come, then? It was your idea» replies Eleazar.

«For the honour of God and the welfare of our fatherland I can make any sacrifice. And this is a great one! I had purified myself after approaching Lazarus… and now!… A dreadful day, this one!…»

There is no sign of Pilate. Eleazar, being familiar with the place, tries the doors. They are all closed. The Judaeans in the hall are seized with fear. Frightening stories come to light again. They regret having come. They feel that they are already lost.

549.12

At long last, on the side opposite to them, who are near the door through which they came in and thus close to the only chair available in the hall, a door is opened and Pilate comes in, wearing a tunic as white as the hall. He comes in speaking to some guests. He is laughing. He turns around to instruct a slave, who is holding up the curtain beyond the door, to throw essences into a brazier and to bring scents and water for their hands and a slave to come with mirror and combs. He pays no attention to the Hebrews, as if they were not there. They get enraged but they dare not react…

Over there, in the meantime, they bring braziers, they spread resins on the fire and pour scented water on the hands of the Romans. And a slave, with skilful movements, tidies their hair according to the fashion of rich Romans of those days. And the Hebrews get enraged.

The Romans laugh and jest among themselves looking now and again at the group waiting at the other end, and one of them speaks to Pilate who has never turned around to look; but Pilate shrugs his shoulders making gesture of boredom and he claps his hands to call a slave whom he orders in a loud voice to bring sweets and to let in the dancers. The Hebrews tremble with rage and are scandalised. Just imagine Helkai compelled to watch girls dancing! His countenance is a poem of suffering and hatred.

The slaves come back with sweets in precious cups, and they are followed by the dancers wearing garlands of flowers and hardly covered with fabrics that are so light as to seem veils. Their very white bodies appear through their light garments dyed pink and blue, when they pass before the burning braziers and the many lights placed at the other end. The Romans admire the gracefulness of bodies and movements and Pilate asks them to repeat a dance that he particularly liked. Helkai, imitated by his companions, turns indignantly towards the wall not to see the dancers move as lightly as butterflies with their dresses fluttering indecorously.

When the short dance is over Pilate dismisses them putting in the hand of each a cup full of sweets and he throws a bracelet into each cup nonchalantly.

549.13

And at last he condescends to turn around and look at the Hebrews saying to his friends in a weary voice: «And now… I must pass from dreams to reality… from poetry… to hypocrisy… from gracefulness to the filthy things of life. The miseries of being a Proconsul!… Hail, friends, and have pity on me.»

He is left alone and he slowly approaches the Hebrews. He sits down, he examines his well-cared for hands and he discovers something wrong under one nail. He attends to it anxiously taking from under his tunic a tiny thin golden stick with which he remedies the great damage of an imperfect nail…

He is then so kind as to turn his head around slowly. He sneers seeing the Hebrews still bowing servilely and he says: «You! Here! And be quick. I have no time to waste on trifles.»

The Hebrews approach Pilate in an attitude that is always servile until he shouts: «That’s enough. Don’t come too close» and his words seem to nail them to the floor. «Speak! And stand up straight because animals only stoop towards the ground» and he laughs.

The Hebrews straighten themselves at the sneering words and remain stiff.

«So? Speak! You insisted on coming. Speak, now that you are here.»

«We wanted to tell you… We are told… We are faithful servants of Rome…»

«Ah! Ah! Faithful servants of Rome! I will let divine Caesar know and he will be happy! He will certainly be happy! Speak up, you clowns! And be quick!»

The members of the Sanhedrin quiver with indignation, but they do not react.

549.14

Helkai speaks on behalf of everybody: «We must inform you, o Pontius, that a man was raised from the dead today at Bethany.»

«I know. Is that why you have come? I was informed several hours ago. He is a lucky man as he already knows what it is to die and what the next world is like! What can I do if Lazarus of Theophilus has been raised from the dead? Has he perhaps brought me a message from Hades?» He is ironic.

«No. But His resurrection is a danger…»

«For him? Of course! The danger of having to die again. Not a very pleasant event. So? What can I do? Am I perhaps Jupiter?»

«A danger not for Lazarus. But for Caesar.»

«For?… Domine! Am I perhaps drunk? Did you say: for Caesar? And how can Lazarus be harmful to Caesar? Are you afraid that the stench of the sepulchre may infect the air that the Emperor breathes? Do not worry! He is too far away!»

«No, not that. The fact is that Lazarus by rising from the dead may have the Emperor dethroned.»

«Dethroned? Ah! Ah! That’s a bigger fib than the whole world! So you are drunk, not I. Perhaps the fright has deranged your minds. To see a man rise… I think it may upset one. Go, go to bed. And have a good rest. And a warm bath. A very warm one. It is very good against deliriums.»

«We are not delirious, Pontius. We are telling you that unless you take a decision you will go through a sad time. You will certainly be punished, if not killed, by the usurper. The Nazarene will soon be proclaimed king, king of the world, do you understand? Your very legionaries will proclaim Him. They have been enticed by the Nazarene and today’s event has elated them. What servant of Rome are you, if you do not take care of her peace? So, do you want to see the Empire upset and divided because of your inertness? Do you want to see Rome defeated, the ensigns pulled down, the Emperor killed, everything destroyed…»

«Be silent! I will now speak. And I say to you: you are mad! You are even worse. You are liars. You are criminals. You deserve death. Get out of here, you filthy servants of your own interests, of your hatred, of your meanness. You are servants, not I. I am a Roman citizen and Roman citizens are not subject to anybody. I am an imperial official and I work for the welfare of our fatherland. You… are our subjects. You… are under our rule. You… you are the galley-slaves tied to the benches and you fret in vain. The lash of the chief is over you. The Nazarene!… Would you like me to kill the Nazarene? Would you like me to put Him in prison? By Jove! If for the safety of Rome and of the divine Emperor I should imprison dangerous subjects or kill them here where I am the governor, I should leave free and alive the Nazarene and His followers, and them alone. Go away. Clear off and never come back here again. You riotous fellows, instigators, thieves and accomplices of thieves! I am well aware of all your manoeuvres. You had better know that. And bear in mind that new weapons and fresh legionaries have served to discover your snares and your instruments. You complain of Roman taxes. But how much have you paid for Melkiah of Gilead, and Jonah of Scythopolis, and Philip of Shochoh, and John of Beth-aven and Joseph of Ramoth, and for all the others who will soon be caught? And do not go towards the caves in the valley because there are more legionaries there than stones, and the law and galley are the same for everybody. For everybody! Do you understand? For everybody. And I hope to live long enough to see you all in chains, slaves among slaves under the heel of Rome. Get out! Go and report – you as well, Eleazar of Annas whom I do not wish to see any more in my house – that the time of clemency is over, and that I am the Proconsul and you the subjects. The subjects. And I give orders. In the name of Rome. Go out! You night snakes and vampires! And the Nazarene wants to redeem you? If He were God, He ought to strike you by lightning! Thus the most revolting stain would disappear from the world. Out! And dare not conspire, or you will become acquainted with sword and whip.»

He stands up and goes away slamming the door before the dismayed members of the Sanhedrin, who have no time to come to themselves because an armed squad comes in and drives them out of the hall and of the building as if they were dogs.

549.15

They go back to the hall in the Sanhedrin. They make their report. The excitement is great. The news of the arrest of many highwaymen and of raids into caves to catch more upsets very much all the members who have remained. Many, in fact, tired of waiting, have gone away.

«And yet we cannot let Him live» shout some of the priests.

«We cannot leave Him alone. He is active. We are doing nothing. And we are losing ground day by day. If we leave Him free, He will continue to work miracles and everybody will believe in Him. And the Romans will end up by opposing us and destroying us all together. Pontius says so. But if the crowds should proclaim Him king, oh! Pontius will have to punish all of us. We must not allow that» shouts Sadoc.

«All right. But how? The attempt… by Roman law has failed. Pontius is sure of the Nazarene. The attempt… through our law is impossible. He does not commit sin…» points out one of the members.

«If no sin exists, one can be invented» insinuates Caiaphas.

«It’s a sin to do that! To swear what is false! To have an innocent condemned! It’s… too much!…» say most of them in horror. «It’s a crime, because it would be His death.»

«So? Does that frighten you? You are foolish and you understand nothing. After what happened Jesus must die. Do you not consider that it is better for us if one man dies instead of many? So let Him die to save His people so that all our country may not perish. In any case… He says that He is the Saviour. So let Him sacrifice Himself to save everybody» says Caiaphas with disgusting cold sly hatred.

«But… Caiaphas! Consider! He…»

«I have spoken. The Spirit of the Lord is upon me, the High Priest. Woe to those who do not respect the Pontiff of Israel. The thunderbolts of the Lord upon them! We have waited enough! We have had enough flurry! I order and decree that whoever knows where the Nazarene is must come and inform us of the place, and anathema on those who will not obey my word.»

«But Annas…» say some objecting.

«Annas said to me: “Whatever you do will be holy”. Let us close the meeting. We shall all be here on Friday between the third and the sixth hour to decide what to do. All of us, I said. Inform those who are absent. And ensure that all the heads of families and classes, all the cream of Israel are summoned. The Sanhedrin has spoken. Go.»

And he is the first to withdraw to the place from which he came, whilst the others go in different directions and they leave the Temple speaking in low voices while going home.


Notes

  1. y faisaient office de greffiers : Maria Valtorta avait déjà écrit, en mars 1945, l’épisode de la condamnation du Christ, que l’on trouvera au chapitre 604.
  2. nous imposer l’hellénisme, comme le relatent 1 M 1, 10-15 ; 2 M 4, 7-20 ; 6, 1-11. Il est encore fait mention de l’hellénisme en 84.6 – 132.2 – 272.3 – 283.6 – 356.4 – 596.14.
  3. Je vous rappelle ce qui est dit en Pr 6, 16-19.
  4. ces paroles se trouvent en Si 24, 8.18-26.28-32.

Notes

  1. then, because MV had already written (in March 1945) the episode of the death sentence, that will be indicated in chapter 604.
  2. who wanted Hellenism, as narrated in: 1 Maccabees 1,10-15; 2 Maccabees 4,7-20; 6,1-11. Other hints at Hellenism in: 86.4 - 132.2 - 272.3 - 283.6 - 356.4 - 596.14.
  3. I remind you what is said in: Proverbs 6,16-19.
  4. These ones, that can be read in: Sirach 24,8-18-26.28-32.