The Writings of Maria Valtorta

553. Début du sabbat à Ephraïm.

553. The beginning of the Sabbath in Ephraim. The thieves

553.1

Les dix apôtres, fatigués et couverts de poussière, rentrent à la maison. Ils s’empressent de questionner la femme, qui leur ouvre la porte en les saluant :

« Où se trouve le Maître ?

– En forêt, je crois, en train de prier comme toujours. Il est sorti de grand matin et n’est plus revenu.

– Et personne n’est allé le chercher ? Mais que font ces deux-là ?! s’écrie Pierre, tout agité.

– Ne t’inquiète pas, homme. Parmi nous, il est en sécurité comme s’il était chez sa Mère.

– En sécurité ! En sécurité ! Vous vous rappelez Jean-Baptiste ? Il était peut-être en sécurité ?

– Non, parce qu’il n’a pas su lire dans le cœur de celui qui lui parlait. Mais si le Très-Haut a permis cela pour Jean-Baptiste, il ne le permettra certainement pas pour son Messie. Tu dois le croire encore mieux que moi, qui suis femme et samaritaine.

– Marie a raison. Mais où est-il allé exactement ?

– Je l’ignore. Il va tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Parfois seul, parfois avec des enfants, qui l’aiment tant. Il leur apprend à prier en reconnaissant Dieu en toutes choses. Mais aujourd’hui, il est seul, car il n’est pas venu à sexte. Quand il a les enfants avec lui, il revient, parce que ce sont des oiseaux qui veulent la becquée à des heures régulières… »

La petite vieille sourit, en se rappelant peut-être ses dix enfants, puis elle soupire… parce que joies et douleurs s’entremêlent dans les souvenirs de la vie.

« Et Judas et Jean, où sont-ils ?

– Judas est à la fontaine, Jean ramasse du bois. Je n’en avais plus, car j’ai lavé tous vos vêtements pour vous les donner propres à votre départ.

– Que Dieu te récompense, mère. Tu as beaucoup de travail à cause de nous… dit Thomas en posant une main sur l’épaule maigre et voûtée, comme pour la caresser.

– Oh !… Ce n’est pas de la fatigue, c’est comme si j’avais mes enfants… » reprend-elle en souriant, avec une larme qui brille dans ses yeux enfoncés de vieille femme.

553.2

Jean rentre, ployant sous une grosse charge de bois ; on dirait que le couloir plutôt sombre s’éclaire à sa venue. J’ai toujours remarqué la clarté qui semble s’allumer là où est Jean. Son sourire d’enfant, si doux, si franc, son œil limpide et riant comme un beau ciel d’avril, sa voix joyeuse quand il salue affectueusement ses compagnons, sont comme un rayon de soleil ou un arc-en-ciel de paix. Tous l’aiment, à l’exception de Judas dont je ne sais s’il l’aime ou s’il le déteste, mais qui certainement l’envie et souvent se moque de lui, parfois l’offense. Mais, en ce moment, Judas n’est pas là.

Ils l’aident à déposer sa charge et lui demandent où peut être Jésus. Jean aussi est un peu inquiet de son retard mais, plus confiant en Dieu que les autres, il dit :

« Son Père le préservera du mal. Nous devons croire au Seigneur. » Et il ajoute : « Mais venez. Vous êtes fourbus et couverts de poussière. Nous vous avons gardé tout prêts votre dîner et de l’eau chaude. Venez, venez… »

553.3

Judas revient à son tour, avec ses brocs qui débordent.

« Paix à vous. Le voyage a-t-il été facile ? » demande-t-il.

Mais il n’y a guère de bonté dans sa voix : on y sent plutôt un mélange de mépris et de mécontentement.

« Oui, nous avons commencé par la Décapole.

– Par peur d’être lapidés ou de vous contaminer ? questionne ironiquement Judas.

– Ni l’un ni l’autre, mais par prudence de débutants. Et — ce n’est pas pour te faire des reproches — c’est moi qui l’ai proposé, moi dont les cheveux ont blanchi sur les parchemins » répond Barthélemy.

Judas ne rétorque rien. Il part dans la cuisine, où ceux qui sont revenus se restaurent avec ce qui a été préparé.

Pierre regarde Judas s’en aller, et il hoche la tête sans mot dire. Jude, de son côté, agrippe Jean par la manche et demande :

« Comment a-t-il été ces jours-ci ? Toujours aussi agité ? Sois sincère…

– Je suis toujours sincère, Jude. Mais je t’assure qu’il n’a pas fait souffrir. Le Maître est presque toujours seul. Moi, je reste avec la vieille mère, qui est si bonne ; j’écoute ceux qui viennent parler au Maître, et ensuite je le lui rapporte. Judas, de son côté, va au village. Il s’y est fait des amis… Que voulez-vous ! Il est ainsi… Il ne sait pas rester tranquille comme nous le saurions, nous…

– Pour moi, qu’il fasse ce qu’il veut ! Il me suffit qu’il ne fasse pas souffrir.

– Non. Pour cela, non. Il s’ennuie certainement.

553.4

Mais… Voilà le Maître ! J’entends sa voix. Il parle avec quelqu’un… »

Ils courent dehors et voient Jésus s’avancer, dans le crépuscule qui descend, avec deux enfants sur les bras et un autre agrippé à son vêtement, et il les encourage, car ils pleurent.

« Dieu te bénisse, Maître ! Mais d’où viens-tu, si tard ? »

Jésus, en entrant dans la maison, répond :

« J’arrive de chez les voleurs et j’ai fait une proie, moi aussi. J’ai marché après le coucher du soleil, mais mon Père m’en absoudra car j’ai accompli un acte de miséricorde… Prends-les, Jean, et toi aussi, Simon… J’ai les bras rompus… et je suis vraiment éreinté. »

Il s’assied sur un tabouret près de la cheminée et sourit, fatigué, mais heureux.

« De chez les voleurs ? Mais où donc es-tu allé ? Qui sont ces enfants ? Mais as-tu mangé ? Où étais-tu ? Il n’est pas prudent d’être dehors ainsi à la tombée de la nuit, et si loin !… Nous étions inquiets. Tu n’étais pas dans le bois ? »

Ils parlent tous ensemble.

« Je n’étais pas dans le bois. J’ai pris la direction de Jéricho…

– Imprudent ! Sur ces chemins, tu peux trouver des gens qui te haïssent ! lui reproche Jude.

– J’ai suivi le sentier qu’ils nous ont montré. Cela fait des jours que je voulais aller là-bas… Il y a des malheureux à racheter. A moi, ils ne pouvaient rien me faire de mal et je suis arrivé à temps pour ces enfants. Donnez-leur de quoi manger. Je crois qu’ils sont presque à jeun, car ils avaient peur des voleurs, et je n’avais pas de nourriture sur moi. Si au moins j’avais trouvé un berger !… Mais la proximité du sabbat avait déjà rendu déserts les pâturages…

553.5

– Bien sûr ! Il n’y a que nous qui ne respectons pas le sabbat depuis quelque temps… remarque Judas, toujours blessant.

– Comment parles-tu ? Qu’est-ce que tu insinues ? lui demandent-ils.

– Je note que cela fait deux sabbats que nous travaillons après le coucher du soleil.

– Judas, tu sais pourquoi nous devions marcher le dernier sabbat. Le péché n’appartient pas toujours à celui qui l’accomplit, mais aussi à celui qui force à l’accomplir. Et aujourd’hui… Je le sais : tu veux me dire qu’aujourd’hui encore j’ai violé le sabbat. Je te réponds que, aussi grande que soit la loi du repos sabbatique, le précepte de l’amour l’est davantage. Je ne suis pas tenu de me justifier à tes yeux, mais je le fais pour t’apprendre la mansuétude, l’humilité, et cette grande vérité que devant une nécessité sainte on doit savoir appliquer la loi avec souplesse d’esprit. Notre histoire possède des exemples d’une telle nécessité. Je suis allé à l’aurore vers les monts Hadomim, car je sais qu’il s’y trouve des malheureux dont l’âme est rendue lépreuse par le crime. J’espérais les rencontrer, leur parler, revenir avant le coucher du soleil. Je les ai bien trouvés, mais je n’ai pu leur faire le discours prévu, car il y avait autre chose à dire… Ils avaient recueilli ces trois enfants qui pleuraient sur le seuil d’un pauvre bercail de la plaine. Ils étaient descendus de nuit pour voler des agneaux, et même pour tuer le berger s’il avait résisté. La faim est cruelle dans la montagne, en hiver… Et quand ce sont des cœurs cruels qui en souffrent, elle rend les hommes plus féroces que des loups. Ces gamins étaient donc là avec un petit berger à peine plus âgé qu’eux, et épouvanté comme eux. Le père des enfants, je ne sais pour quelle raison, était mort pendant la nuit. Il avait peut-être été mordu par quelque animal, ou son cœur l’avait lâché… Il était froid sur la paille près des brebis. L’aîné s’en est aperçu parce qu’il dormait à côté de lui. Ainsi les voleurs, là où ils auraient peut-être tué, trouvèrent un mort et quatre enfants en larmes. Ils abandonnèrent le mort et poussèrent en avant les brebis et le petit berger ; or, comme chez les plus farouches il peut y avoir une pitié qui ne s’éteint pas facilement, ils recueillirent aussi les enfants… Je les ai trouvés en train de discuter de ce qu’ils devaient faire. Les plus féroces voulaient tuer le berger de dix ans, dangereux témoin de leur vol et de leur refuge. Les moins durs voulaient le renvoyer en le menaçant, tout en retenant le troupeau. Mais tous voulaient garder les petits enfants.

– Pour en faire quoi ? Ils n’ont pas de famille ?

– Leur mère est morte. C’est pour cela que leur père les avait emmenés avec lui aux pâturages d’hiver, et maintenant il traversait ces montagnes pour remonter vers sa maison déserte. Pouvais-je laisser les petits aux voleurs pour qu’ils les rendent semblables à eux ? Je leur ai parlé… En vérité, je vous dis qu’ils m’ont compris mieux que beaucoup d’autres. Ils ont si bien compris qu’ils m’ont laissé les enfants et qu’ils accompagneront demain le petit berger sur la route de Sichem — c’est en effet dans ces campagnes que demeurent les frères de leur mère —. En attendant, j’ai recueilli les enfants et je les garderai avec nous jusqu’à l’arrivée de leurs oncles.

– Et tu t’imagines que les voleurs… dit Judas en riant.

– Je suis certain qu’ils ne toucheront pas à un seul cheveu du jeune garçon. Ce sont des malheureux. Nous ne devons pas juger pourquoi ils le sont, mais nous devons essayer de les sauver. Une bonne action peut être le commencement de leur salut… »

Jésus incline la tête, perdu dans je ne sais quelle pensée.

553.6

Les apôtres et la vieille femme parlent, échangent des sentiments de compassion et s’empressent de réconforter les enfants apeurés…

Jésus lève la tête en entendant pleurer le plus petit, un enfant brun d’environ trois ans, et il dit à Jacques qui s’efforce vainement de lui faire prendre du lait :

« Donne-le-moi et va prendre mon sac… »

Et il sourit en voyant le petit s’apaiser sur ses genoux et boire avidement le lait qu’il repoussait auparavant. Les autres, un peu plus grands, mangent la soupe qu’on a mise devant eux, mais des larmes coulent de leurs yeux.

« Hélas ! Que de misères ! Que nous, nous souffrions, c’est juste, mais des innocents !… gémit Pierre, qui ne peut voir souffrir des enfants.

– Tu es un pécheur, Simon. Tu fais des reproches à Dieu, persifle Judas.

– Il est possible que je sois un pécheur, mais je ne fais pas de reproche à Dieu. Je dis seulement… Maître, pourquoi les enfants doivent-ils souffrir ? Eux n’ont pas de péchés.

– Tous en ont, au moins le péché originel » déclare Judas.

Pierre ne lui répond pas, il attend la réponse de Jésus. Ce dernier, qui berce l’enfant maintenant repu et somnolent, répond :

« Simon, la souffrance est la conséquence de la faute.

– Bien. Alors… quand tu auras enlevé la faute, les enfants ne souffriront plus ?

– Ils souffriront encore. Ne t’en scandalise pas, Simon. La douleur et la mort existeront toujours sur la terre. Même les plus purs souffrent et souffriront ; ce seront même eux qui souffriront pour tous : ce seront les hosties propitiatoires pour le Seigneur.

– Mais pourquoi ? Je ne comprends pas…

– Il y a bien des choses que l’on ne comprend pas sur la terre. Sachez croire au moins qu’elles sont voulues par l’Amour parfait. Et quand la grâce rendue aux hommes fera connaître aux plus saints d’entre eux les vérités cachées, on verra alors que ce seront justement les plus saints qui voudront être victimes, parce qu’ils auront compris la puissance de la souffrance…

553.7

L’enfant dort. Marie, tu l’emmènes ?

– Certainement, Maître. A enfant apeuré, court sommeil et beaucoup de larmes, et l’oiseau sans nid a besoin d’une aile maternelle, dit-on chez nous. Mon lit est grand, maintenant que je suis seule à l’occuper. Je vais y porter les enfants et je veillerai sur eux. Eux aussi vont oublier leur douleur dans le sommeil. Venez, portons-les au lit. »

Elle prend le plus petit des genoux de Jésus et s’en va, suivie de Pierre et de Philippe, tandis que Jacques, fils de Zébédée, revient avec le sac de Jésus.

Jésus l’ouvre et fouille à l’intérieur. Il en retire un lourd vêtement, le déplie, en observe la taille. Il n’est pas satisfait. Il cherche le manteau, foncé comme le vêtement, le met de côté et referme le sac pour le rendre à Jacques.

Pierre revient avec Philippe. La petite vieille est restée avec les trois frères, et Pierre voit tout de suite les effets dépliés mis de côté. Il dit :

« Tu veux changer de vêtements, Maître ? Las comme tu l’es, un bain chaud devrait te remettre en forme. Il y a de l’eau et nous allons réchauffer ce que tu veux mettre, puis nous souperons et nous irons nous reposer. Cette histoire des pauvres enfants m’a bien remué… »

Jésus sourit, mais ne répond pas à la question. Il dit seulement :

« Louons le Seigneur, qui m’a fait arriver à temps pour sauver ces innocents. »

Puis, fatigué, il se tait…

La petite vieille revient avec les haillons des enfants.

« Il faudrait les changer… Ils sont déchirés et couverts de boue… Mais je n’ai plus les affaires de mes fils pour les remplacer. Je les laverai demain…

– Non, Mère. Après le sabbat, tu vas coudre trois petits habits dans ceux-ci, qui sont à moi.

– Mais, Seigneur, sais-tu que tu n’as plus maintenant que trois rechanges ? Si tu en enlèves une, avec quoi restes-tu ? Lazare n’est pas ici comme quand tu as donné ton manteau à la lépreuse ! s’exclame Pierre.

– Laisse-moi faire. Il en reste deux et c’est déjà trop pour le Fils de l’homme. Prends, Marie. Demain, au coucher du soleil, tu commenceras ton travail, et le Persécuté aura la joie de secourir le pauvre dont il comprend les peines. »

553.1

The ten apostles, tired and covered in dust, have come back to the house. When the woman greets them opening the door, they ask her at once: «Where is the Master?»

«I think He is in the wood, praying as usual. He went out very early this morning and has not come back yet.»

«And has no one gone to look for Him? What are those two doing?!» shouts Peter excitedly.

«Don’t become impatient, man. He is as safe among us, as He would be in His Mother’s house.»

«Safe! Of course! Do you remember the Baptist? Was he safe?»

«He was not because he could not read the hearts of those who spoke to him. But if the Most High allowed that for the Baptist, He will certainly not allow it for His Messiah. You must believe that more than I do, as I am a woman and a Samaritan.»

«Mary is right. But where did He go exactly?»

«I don’t know. At times He goes one way, at times He goes another. At times He is all alone, at times with children who are so fond of Him. He teaches them how to pray by seeing God in everything. He is probably alone today because He did not come back at midday. When the children are with Him, He always comes back because they are little birds who want to be fed at the right time…» says the old woman smiling, as she perhaps remembers her ten chil­dren, and then she sighs… because joys and sorrows are in all the memories of one’s life.

«And Judas and John, where are they?»

«Judas has gone to the fountain, John to get firewood. I have none left as I finished it all washing all your clothes to let you have them clean when you depart.»

«May God reward you, mother. We are making you work hard… says Thomas laying his hand on her thin bent shoulder, as if he wished to caress her.

«Oh!… It is not hard work. I feel as if I had my children again… she says smiling again as tears begin to shine in her hollow eyes.

553.2

John comes in bent under a huge bundle of sticks, and the rather dark corridor seems to brighten up as he enters it. I have always noticed the brilliance that seems to light up wherever John is. His childish smile that is so sweet and candid, his limpid eyes that smile like a beautiful April sky, his joyful voice that is so affectionate in greeting his companions, are like sunbeams or a rainbow of peace. Everybody loves him except Judas of Kerioth; I do not know whether he loves him or hates him, he certainly envies him, he often makes a fool of him and at times offends him. But Judas for the time being is not here.

They help him to lay down his load and they ask him where Jesus may be. John also becomes somewhat frightened at the delay. But, confiding in God more than the others he says: «His Father will deliver Him from evil. We must believe in the Lord.» And he adds: «But… come. You are tired and covered in dust. We have prepared food and hot water for you. Come…»

553.3

Judas of Kerioth also comes back with his dripping pitchers. «Peace to you. Have you had a good trip?» he asks, but there is no kindness in his voice. It is mingled with mockery and discontent.

«Yes. We began from the Decapolis.»

«Because you were afraid of being pelted with stones or of being contaminated?» asks the Iscariot ironically.

«We were afraid of neither. We did it our of prudence as beginners. And the proposal was made by me, who – I do not wish to reproach you for anything – have grown hoary over parchments» says Bartholomew.

Judas does not reply. He leaves the kitchen where the apostles who have just come back refresh themselves with what has been prepared.

Peter looks at the Iscariot depart and shakes his head. But he does not say anything. Thaddeus instead plucks at John’s sleeves and asks: «How did he behave these past days? Always so cross? Be frank…»

«I’m always sincere, Judas. But I can assure you that he caused no trouble. The Master is almost always isolated. I stay with the old mother who is so kind, and I listen to those who come to speak to the Master, and then I tell Him. Judas instead goes about the village. He has made some friends… What can we do! He is just like that… He cannot live tranquilly, as we would do…»

«As far as I am concerned he can do what he likes. I am happy providing he does not cause grief.»

«No. He does not do that. He certainly grows weary.

553.4

But Here is the Master! I can hear His voice. He is speaking to somebody…»

They rush out and see Jesus coming forward, in the deepening twilight, carrying two children in His arms and one clinging to His mantle, and He is comforting them as they are weeping.

«May God bless You, Master! But where are You coming from at this late hour?»

Jesus on entering the house replies: «I am coming from the highwaymen. I got my prey as well. I walked after sunset, but my Father will absolve Me because I accomplished a deed of mercy… John, and you, Simon, take them… My arms are aching with tiredness… I am really tired.» He sits on a stool near the fireplace. He smiles: He is tired but happy.

«From the highwaymen? But where have You been? Who are these children? Have You had anything to eat? But where were You? It is not wise to be out when it is dark and to be so far away!… We were worried. Were You not in the wood?» they all ask at the same time.

«I was not in the wood. I went towards Jericho…»

«How imprudent of You! On those roads You may find someone who hates You!» says Thaddeus reproaching Him.

«I took the path that they told us. I had been wanting to go there for days… There are poor wretches to be redeemed. They could do Me no harm. And I went just in time for these children. Give them something to eat. I do not think they have had any food, because they were afraid of the highwaymen. And I had no food with Me. If at least I had found a shepherd!… But because of the oncoming Sabbath all the pastures had been deserted…»

553.5

«Of course! We are the only ones who for some time have not kept the Sabbath…» remarks Judas of Kerioth who is always sharp.

«What are you saying? What are you insinuating?» they ask him.

«I am saying that for two Sabbaths we have worked after sunset.»

«Judas, you know why we had to walk on last Sabbath. It is not always the sin of the person who commits it, but also of those who force one to commit it. And today… I know. You want to tell Me that also today I have infringed the Sabbath. My reply is that if the law of the Sabbatic rest is great, the precept of love is very great. I am not obliged to justify Myself with you. But I am doing it to teach you meekness, humbleness and the great truth that in the case of a holy necessity one must apply the law with resilience of spirit. Our history has many instances of such necessity. At dawn I went towards the Adummim mountains, because I know that there are some wretches there, whose souls are affected with the leprosy of crime. I was hoping to meet them, speak to them and come back before sunset. I found them. But I was not able to deliver them the intended speech, because there were other things to be said… They had found these three children weeping at the entrance of a poor fold in the plain. They had gone down during the night to steal lambs and also kill, if the shepherd had opposed resistance. Hunger pains are dreadful in the mountains in winter… And when cruel hearts suffer them, they make men more ferocious than wolves. These children were there with a little shepherd not much older than they are, but just as frightened as they were. The father of the children, I do not know why, had died during the night. Perhaps he had been bitten by some beast, or because of heart failure… His cold body was lying on the straw near the sheep. The oldest son, who was sleeping beside him, became aware of it. So the highwaymen, instead of making a massacre, found a dead man and four weeping children. They left the dead man and drove away the sheep and the little shepherd, and as even in the most wicked people there can be a piety hard to be beaten, they took also the children… I found them while they were consulting one another on what to do. The more ferocious ones wanted to kill the ten-year-old boy, who was a dangerous witness of their theft and refuge; the less fierce ones wanted to send him away after threatening him and they intended to keep the flock. They all wanted to keep the little ones.»

«To do what? Have they no family?»

«Their mother is dead. That is why the father had taken them with him to the winter pastures, and he was now going back to his lonely home crossing these mountains. Could I have left the little ones to the highwaymen to bring them up like themselves? I spoke to them… In all truth I tell you that they understood Me more than many other people. So much so that they left the little ones with Me and tomorrow they will take the little shepherd to the road to Shechem. Because the brothers of the children’s mother live in that part of the country. In the meantime I accepted the children. I shall keep them until their relatives arrive.»

«And You flatter Yourself that the highwaymen…» says the Iscariot and he laughs…

«I am sure that they will not hurt the little shepherd in the least. They are wretches. We must not judge why they are such, but we must try to save them. A good deed may be the beginning of their salvation…» Jesus bends His head, absorbed in I wonder what thought.

553.6

The apostles and the old woman speak to one another pitying the frightened children whom they do their best to comfort…

Jesus raises His head when the youngest one, a brunet hardly three years old, begins to weep, and He says to James, who in vain busies himself to give the child some milk: «Give Me the boy and go and get My bag…» and He smiles as the little one calms down on His knees and greedily drinks the milk that he had previously refused. The others, who are a little older, eat the soup placed before them, but tears stream from their eyes.

«Dear me! How much misery! Now! It is fair that we should suffer, but innocent children!…» says Peter who cannot bear to see children suffer.

«You are a sinner, Simon. You are reproaching God» points out the Iscariot.

«I may be a sinner. But I am not reproaching God. I am only saying… Master, why must children suffer? They have not committed any sin.»

«Everybody has sins, at least the original one» says the Iscariot.

Peter does not reply to him. He awaits Jesus’ reply. And Jesus, Who is lulling to sleep the child now sated and drowsy, replies: «Simon, sorrow is the consequence of sin.»

«All right. So… after You have removed sin, children will no longer suffer.»

«They will still suffer. Do not be scandalised, Simon. Sorrow and death will always be on the Earth. Also the purest people suffer and will suffer. Nay, they are the ones who will suffer on behalf of everybody. The victims propitiatory to the Lord.»

«But why? I don’t understand…»

«There are many things that you do not understand on the Earth. You must at least believe that they are wanted by the perfect Love. And when Grace restored to men makes the holiest men know the hidden truths, then one will see the holiest people wish to be victims, because they will have understood the power of sorrow…

553.7

The child has fallen asleep. Mary, will you take him with you?»

«Certainly, Master. We say: a frightened child sleeps little and weeps much, and a bird without nest needs a motherly wing. My bed is a very large one now that I am its only occupant. I will put the children in it and watch over them. These other ones are also about to fall asleep and forget their sorrow. Come, let us put them to bed.»

She picks up the little one from Jesus’ lap and she goes out followed by Peter and Philip as James of Zebedee comes back with Jesus’ bag.

Jesus opens it and rummages in it. He pulls out a heavy tunic, he unfolds it and examines its width. He is not satisfied. He looks for the mantle of the same dark shade as the tunic. He puts them aside, closes the bag and hands it back to James.

Peter comes back with Philip. The old woman has remained with the three children and Peter sees at once the garments unfolded and laid aside and he asks: «Are You going to change your clothes, Master? Tired as You are, a hot bath should refresh You. There is hot water and we will warm Your clothes, then we shall have supper and go to bed. This story of the poor children has moved me deeply…»

Jesus smiles but He does not make any remark on the matter. He only says: «Let us praise the Lord Who has led Me here in time to save the innocent children.» He then becomes silent, as He is obviously tired…

The old woman comes back with the children’s garments. «They should be changed… They are torn and dirty… But I no longer have my children’s garments to replace them. I will wash them tomorrow…»

«No, mother. When the Sabbath is over you will make three small garments out of Mine…»

«But, Lord, do You realise that You have only three tunics left? If You give one away, what will You be left with? Lazarus is not here, as when You gave Your mantle to the leprous woman!» says Peter.

«Never mind! There will be two left, and they are too many for the Son of man. Take this, Mary. Tomorrow at sunset you will begin your work, and the Persecuted One will rejoice in helping the poor whose worries He understands.»