Los Escritos de Maria Valtorta

553. Début du sabbat à Ephraïm.

553. Comienzo del sábado en Efraím. Los ladrones

553.1

Les dix apôtres, fatigués et couverts de poussière, rentrent à la maison. Ils s’empressent de questionner la femme, qui leur ouvre la porte en les saluant :

« Où se trouve le Maître ?

– En forêt, je crois, en train de prier comme toujours. Il est sorti de grand matin et n’est plus revenu.

– Et personne n’est allé le chercher ? Mais que font ces deux-là ?! s’écrie Pierre, tout agité.

– Ne t’inquiète pas, homme. Parmi nous, il est en sécurité comme s’il était chez sa Mère.

– En sécurité ! En sécurité ! Vous vous rappelez Jean-Baptiste ? Il était peut-être en sécurité ?

– Non, parce qu’il n’a pas su lire dans le cœur de celui qui lui parlait. Mais si le Très-Haut a permis cela pour Jean-Baptiste, il ne le permettra certainement pas pour son Messie. Tu dois le croire encore mieux que moi, qui suis femme et samaritaine.

– Marie a raison. Mais où est-il allé exactement ?

– Je l’ignore. Il va tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Parfois seul, parfois avec des enfants, qui l’aiment tant. Il leur apprend à prier en reconnaissant Dieu en toutes choses. Mais aujourd’hui, il est seul, car il n’est pas venu à sexte. Quand il a les enfants avec lui, il revient, parce que ce sont des oiseaux qui veulent la becquée à des heures régulières… »

La petite vieille sourit, en se rappelant peut-être ses dix enfants, puis elle soupire… parce que joies et douleurs s’entremêlent dans les souvenirs de la vie.

« Et Judas et Jean, où sont-ils ?

– Judas est à la fontaine, Jean ramasse du bois. Je n’en avais plus, car j’ai lavé tous vos vêtements pour vous les donner propres à votre départ.

– Que Dieu te récompense, mère. Tu as beaucoup de travail à cause de nous… dit Thomas en posant une main sur l’épaule maigre et voûtée, comme pour la caresser.

– Oh !… Ce n’est pas de la fatigue, c’est comme si j’avais mes enfants… » reprend-elle en souriant, avec une larme qui brille dans ses yeux enfoncés de vieille femme.

553.2

Jean rentre, ployant sous une grosse charge de bois ; on dirait que le couloir plutôt sombre s’éclaire à sa venue. J’ai toujours remarqué la clarté qui semble s’allumer là où est Jean. Son sourire d’enfant, si doux, si franc, son œil limpide et riant comme un beau ciel d’avril, sa voix joyeuse quand il salue affectueusement ses compagnons, sont comme un rayon de soleil ou un arc-en-ciel de paix. Tous l’aiment, à l’exception de Judas dont je ne sais s’il l’aime ou s’il le déteste, mais qui certainement l’envie et souvent se moque de lui, parfois l’offense. Mais, en ce moment, Judas n’est pas là.

Ils l’aident à déposer sa charge et lui demandent où peut être Jésus. Jean aussi est un peu inquiet de son retard mais, plus confiant en Dieu que les autres, il dit :

« Son Père le préservera du mal. Nous devons croire au Seigneur. » Et il ajoute : « Mais venez. Vous êtes fourbus et couverts de poussière. Nous vous avons gardé tout prêts votre dîner et de l’eau chaude. Venez, venez… »

553.3

Judas revient à son tour, avec ses brocs qui débordent.

« Paix à vous. Le voyage a-t-il été facile ? » demande-t-il.

Mais il n’y a guère de bonté dans sa voix : on y sent plutôt un mélange de mépris et de mécontentement.

« Oui, nous avons commencé par la Décapole.

– Par peur d’être lapidés ou de vous contaminer ? questionne ironiquement Judas.

– Ni l’un ni l’autre, mais par prudence de débutants. Et — ce n’est pas pour te faire des reproches — c’est moi qui l’ai proposé, moi dont les cheveux ont blanchi sur les parchemins » répond Barthélemy.

Judas ne rétorque rien. Il part dans la cuisine, où ceux qui sont revenus se restaurent avec ce qui a été préparé.

Pierre regarde Judas s’en aller, et il hoche la tête sans mot dire. Jude, de son côté, agrippe Jean par la manche et demande :

« Comment a-t-il été ces jours-ci ? Toujours aussi agité ? Sois sincère…

– Je suis toujours sincère, Jude. Mais je t’assure qu’il n’a pas fait souffrir. Le Maître est presque toujours seul. Moi, je reste avec la vieille mère, qui est si bonne ; j’écoute ceux qui viennent parler au Maître, et ensuite je le lui rapporte. Judas, de son côté, va au village. Il s’y est fait des amis… Que voulez-vous ! Il est ainsi… Il ne sait pas rester tranquille comme nous le saurions, nous…

– Pour moi, qu’il fasse ce qu’il veut ! Il me suffit qu’il ne fasse pas souffrir.

– Non. Pour cela, non. Il s’ennuie certainement.

553.4

Mais… Voilà le Maître ! J’entends sa voix. Il parle avec quelqu’un… »

Ils courent dehors et voient Jésus s’avancer, dans le crépuscule qui descend, avec deux enfants sur les bras et un autre agrippé à son vêtement, et il les encourage, car ils pleurent.

« Dieu te bénisse, Maître ! Mais d’où viens-tu, si tard ? »

Jésus, en entrant dans la maison, répond :

« J’arrive de chez les voleurs et j’ai fait une proie, moi aussi. J’ai marché après le coucher du soleil, mais mon Père m’en absoudra car j’ai accompli un acte de miséricorde… Prends-les, Jean, et toi aussi, Simon… J’ai les bras rompus… et je suis vraiment éreinté. »

Il s’assied sur un tabouret près de la cheminée et sourit, fatigué, mais heureux.

« De chez les voleurs ? Mais où donc es-tu allé ? Qui sont ces enfants ? Mais as-tu mangé ? Où étais-tu ? Il n’est pas prudent d’être dehors ainsi à la tombée de la nuit, et si loin !… Nous étions inquiets. Tu n’étais pas dans le bois ? »

Ils parlent tous ensemble.

« Je n’étais pas dans le bois. J’ai pris la direction de Jéricho…

– Imprudent ! Sur ces chemins, tu peux trouver des gens qui te haïssent ! lui reproche Jude.

– J’ai suivi le sentier qu’ils nous ont montré. Cela fait des jours que je voulais aller là-bas… Il y a des malheureux à racheter. A moi, ils ne pouvaient rien me faire de mal et je suis arrivé à temps pour ces enfants. Donnez-leur de quoi manger. Je crois qu’ils sont presque à jeun, car ils avaient peur des voleurs, et je n’avais pas de nourriture sur moi. Si au moins j’avais trouvé un berger !… Mais la proximité du sabbat avait déjà rendu déserts les pâturages…

553.5

– Bien sûr ! Il n’y a que nous qui ne respectons pas le sabbat depuis quelque temps… remarque Judas, toujours blessant.

– Comment parles-tu ? Qu’est-ce que tu insinues ? lui demandent-ils.

– Je note que cela fait deux sabbats que nous travaillons après le coucher du soleil.

– Judas, tu sais pourquoi nous devions marcher le dernier sabbat. Le péché n’appartient pas toujours à celui qui l’accomplit, mais aussi à celui qui force à l’accomplir. Et aujourd’hui… Je le sais : tu veux me dire qu’aujourd’hui encore j’ai violé le sabbat. Je te réponds que, aussi grande que soit la loi du repos sabbatique, le précepte de l’amour l’est davantage. Je ne suis pas tenu de me justifier à tes yeux, mais je le fais pour t’apprendre la mansuétude, l’humilité, et cette grande vérité que devant une nécessité sainte on doit savoir appliquer la loi avec souplesse d’esprit. Notre histoire possède des exemples d’une telle nécessité. Je suis allé à l’aurore vers les monts Hadomim, car je sais qu’il s’y trouve des malheureux dont l’âme est rendue lépreuse par le crime. J’espérais les rencontrer, leur parler, revenir avant le coucher du soleil. Je les ai bien trouvés, mais je n’ai pu leur faire le discours prévu, car il y avait autre chose à dire… Ils avaient recueilli ces trois enfants qui pleuraient sur le seuil d’un pauvre bercail de la plaine. Ils étaient descendus de nuit pour voler des agneaux, et même pour tuer le berger s’il avait résisté. La faim est cruelle dans la montagne, en hiver… Et quand ce sont des cœurs cruels qui en souffrent, elle rend les hommes plus féroces que des loups. Ces gamins étaient donc là avec un petit berger à peine plus âgé qu’eux, et épouvanté comme eux. Le père des enfants, je ne sais pour quelle raison, était mort pendant la nuit. Il avait peut-être été mordu par quelque animal, ou son cœur l’avait lâché… Il était froid sur la paille près des brebis. L’aîné s’en est aperçu parce qu’il dormait à côté de lui. Ainsi les voleurs, là où ils auraient peut-être tué, trouvèrent un mort et quatre enfants en larmes. Ils abandonnèrent le mort et poussèrent en avant les brebis et le petit berger ; or, comme chez les plus farouches il peut y avoir une pitié qui ne s’éteint pas facilement, ils recueillirent aussi les enfants… Je les ai trouvés en train de discuter de ce qu’ils devaient faire. Les plus féroces voulaient tuer le berger de dix ans, dangereux témoin de leur vol et de leur refuge. Les moins durs voulaient le renvoyer en le menaçant, tout en retenant le troupeau. Mais tous voulaient garder les petits enfants.

– Pour en faire quoi ? Ils n’ont pas de famille ?

– Leur mère est morte. C’est pour cela que leur père les avait emmenés avec lui aux pâturages d’hiver, et maintenant il traversait ces montagnes pour remonter vers sa maison déserte. Pouvais-je laisser les petits aux voleurs pour qu’ils les rendent semblables à eux ? Je leur ai parlé… En vérité, je vous dis qu’ils m’ont compris mieux que beaucoup d’autres. Ils ont si bien compris qu’ils m’ont laissé les enfants et qu’ils accompagneront demain le petit berger sur la route de Sichem — c’est en effet dans ces campagnes que demeurent les frères de leur mère —. En attendant, j’ai recueilli les enfants et je les garderai avec nous jusqu’à l’arrivée de leurs oncles.

– Et tu t’imagines que les voleurs… dit Judas en riant.

– Je suis certain qu’ils ne toucheront pas à un seul cheveu du jeune garçon. Ce sont des malheureux. Nous ne devons pas juger pourquoi ils le sont, mais nous devons essayer de les sauver. Une bonne action peut être le commencement de leur salut… »

Jésus incline la tête, perdu dans je ne sais quelle pensée.

553.6

Les apôtres et la vieille femme parlent, échangent des sentiments de compassion et s’empressent de réconforter les enfants apeurés…

Jésus lève la tête en entendant pleurer le plus petit, un enfant brun d’environ trois ans, et il dit à Jacques qui s’efforce vainement de lui faire prendre du lait :

« Donne-le-moi et va prendre mon sac… »

Et il sourit en voyant le petit s’apaiser sur ses genoux et boire avidement le lait qu’il repoussait auparavant. Les autres, un peu plus grands, mangent la soupe qu’on a mise devant eux, mais des larmes coulent de leurs yeux.

« Hélas ! Que de misères ! Que nous, nous souffrions, c’est juste, mais des innocents !… gémit Pierre, qui ne peut voir souffrir des enfants.

– Tu es un pécheur, Simon. Tu fais des reproches à Dieu, persifle Judas.

– Il est possible que je sois un pécheur, mais je ne fais pas de reproche à Dieu. Je dis seulement… Maître, pourquoi les enfants doivent-ils souffrir ? Eux n’ont pas de péchés.

– Tous en ont, au moins le péché originel » déclare Judas.

Pierre ne lui répond pas, il attend la réponse de Jésus. Ce dernier, qui berce l’enfant maintenant repu et somnolent, répond :

« Simon, la souffrance est la conséquence de la faute.

– Bien. Alors… quand tu auras enlevé la faute, les enfants ne souffriront plus ?

– Ils souffriront encore. Ne t’en scandalise pas, Simon. La douleur et la mort existeront toujours sur la terre. Même les plus purs souffrent et souffriront ; ce seront même eux qui souffriront pour tous : ce seront les hosties propitiatoires pour le Seigneur.

– Mais pourquoi ? Je ne comprends pas…

– Il y a bien des choses que l’on ne comprend pas sur la terre. Sachez croire au moins qu’elles sont voulues par l’Amour parfait. Et quand la grâce rendue aux hommes fera connaître aux plus saints d’entre eux les vérités cachées, on verra alors que ce seront justement les plus saints qui voudront être victimes, parce qu’ils auront compris la puissance de la souffrance…

553.7

L’enfant dort. Marie, tu l’emmènes ?

– Certainement, Maître. A enfant apeuré, court sommeil et beaucoup de larmes, et l’oiseau sans nid a besoin d’une aile maternelle, dit-on chez nous. Mon lit est grand, maintenant que je suis seule à l’occuper. Je vais y porter les enfants et je veillerai sur eux. Eux aussi vont oublier leur douleur dans le sommeil. Venez, portons-les au lit. »

Elle prend le plus petit des genoux de Jésus et s’en va, suivie de Pierre et de Philippe, tandis que Jacques, fils de Zébédée, revient avec le sac de Jésus.

Jésus l’ouvre et fouille à l’intérieur. Il en retire un lourd vêtement, le déplie, en observe la taille. Il n’est pas satisfait. Il cherche le manteau, foncé comme le vêtement, le met de côté et referme le sac pour le rendre à Jacques.

Pierre revient avec Philippe. La petite vieille est restée avec les trois frères, et Pierre voit tout de suite les effets dépliés mis de côté. Il dit :

« Tu veux changer de vêtements, Maître ? Las comme tu l’es, un bain chaud devrait te remettre en forme. Il y a de l’eau et nous allons réchauffer ce que tu veux mettre, puis nous souperons et nous irons nous reposer. Cette histoire des pauvres enfants m’a bien remué… »

Jésus sourit, mais ne répond pas à la question. Il dit seulement :

« Louons le Seigneur, qui m’a fait arriver à temps pour sauver ces innocents. »

Puis, fatigué, il se tait…

La petite vieille revient avec les haillons des enfants.

« Il faudrait les changer… Ils sont déchirés et couverts de boue… Mais je n’ai plus les affaires de mes fils pour les remplacer. Je les laverai demain…

– Non, Mère. Après le sabbat, tu vas coudre trois petits habits dans ceux-ci, qui sont à moi.

– Mais, Seigneur, sais-tu que tu n’as plus maintenant que trois rechanges ? Si tu en enlèves une, avec quoi restes-tu ? Lazare n’est pas ici comme quand tu as donné ton manteau à la lépreuse ! s’exclame Pierre.

– Laisse-moi faire. Il en reste deux et c’est déjà trop pour le Fils de l’homme. Prends, Marie. Demain, au coucher du soleil, tu commenceras ton travail, et le Persécuté aura la joie de secourir le pauvre dont il comprend les peines. »

553.1

Los diez, cansados y polvorientos, vuelven a la casa. A la mujer que los saluda al abrirles la puerta, le preguntan inmediatamente: «¿Dónde está el Maestro?».

«En el bosque, creo. Orando, como siempre. Ha salido muy pronto esta mañana y todavía no ha vuelto».

«¿Y nadie ha ido a buscarle? ¡¿Pero qué hacen esos dos?!» alza la voz Pedro, inquieto.

«No te alteres. Entre nosotros está tan seguro como en la casa de su Madre».

«¡Seguro? ¡Seguro? ¿Os acordáis del Bautista? ¿Estuvo seguro?».

«No lo estuvo porque no supo leer el corazón de quien le hablaba. Pero si el Altísimo lo permitió para el Bautista, ciertamente no lo permitirá para su Mesías. Esto debes creerlo más que yo, que soy mujer y samaritana».

«María tiene razón. Pero ¿concretamente a dónde ha ido?».

«No lo sé. Unas veces va por un lado, otras por otro. A veces, solo; a veces, con los niños, que le quieren mucho. Les enseña a orar viendo a Dios en todas las cosas. Pero hoy quizás esté solo porque no ha vuelto a la hora sexta. Cuando tiene consigo a los niños, vuelve, porque los niños son pajarillos que quieren la comida a las horas precisas…» sonríe la ancianita, recordando quizás a sus diez hijos, y luego suspira… y es que las alegrías y dolores están presentes en todos los recuerdos de la vida.

«¿Y dónde están Judas y Juan?».

«Judas, en la fuente; Juan, haciendo leña. Se me había terminado porque he lavado la ropa de todos para dárosla limpia cuando os marchéis».

«Dios te lo pague, madre. Mucho trabajo por nosotros…» dice Tomás, poniéndole una mano en su espalda delgada y corva, como para acariciarla.

«¡No es ningún trabajo! Es como si volviera a tener a mis hijos conmigo…» y sonríe de nuevo, no sin un brillo en sus ojos hundidos de anciana.

553.2

Regresa Juan cargando un haz grande de leña, y el pasillo, más bien tétrico, parece iluminarse con su llegada. He advertido siempre la luminosidad que parece encenderse donde está Juan. Su sonrisa franca, tan dulce, de niño, su mirada límpida y sonriente como un hermoso cielo abrileño, su voz jubilosa al saludar afectuosamente a sus compañeros son como un rayo de sol o un arco iris de paz. Todos le quieren, excepto Judas de Keriot, que no sé si le ama o si le odia; eso sí, ciertamente le envidia, y a menudo se chancea con él, ofendiéndole a veces. Pero por ahora Judas no está.

Le ayudan a dejar la carga y le preguntan dónde puede estar Jesús. También Juan se alarma un poco por el retardo. Pero, más confiado en Dios que los otros, dice: «El Padre suyo le preservará del mal. Debemos creer en el Señor». Y añade: «Venid. Estáis cansados y cubiertos de polvo del camino. Hemos tenido preparados para vosotros comida y agua caliente. Venid, venid…».

553.3

Regresa también Judas de Keriot, con sus ánforas goteando agua. «Paz a vosotros. ¿Os ha resultado fácil el viaje?» pregunta. Pero en su voz no hay bondad. Es una voz llena de ironía y disgusto.

«Sí. Comenzamos por la Decápolis».

«¿Por miedo a que os apedrearan o a contaminaros?» pregunta con ironía Judas Iscariote.

«Ni una ni otra cosa. Por prudencia de principiantes. Lo propuse yo. Y a mí —no quiero refregarte nada— me ha salido el pelo blanco delante de los pergaminos» dice Bartolomé.

Judas no replica. Se marcha de la cocina, donde los que han vuelto reponen fuerzas con lo que estaba preparado.

Pedro mira a Judas Iscariote, que se marcha, y menea la cabeza; pero no dice nada. Judas Tadeo, sin embargo, tira de una manga a Juan y pregunta: «¿Cómo ha estado estos días? ¿Siempre tan inquieto? Sé sincero…».

«Sincero siempre, Judas. Pero, te aseguro que no ha causado dolor. El Maestro está casi siempre aislado. Yo estoy con la madre anciana, que es muy buena. Escucho a los que vienen para hablar con el Maestro y luego le refiero a Él las palabras. Judas, sin embargo, va por el pueblo. Se ha hecho amistades… ¿Qué, si no? Él es así… No sabe estarse quieto, como sabríamos estar nosotros…».

«Por mí, que haga lo que quiera. Me basta con que no cause dolor».

«No. Eso no. Se aburre, eso sí.

553.4

Pero… ¡ahí está el Maestro! Oigo su voz. Está hablando con alguien…».

Salen presurosos y ven a Jesús, que se acerca a ellos con dos niños en brazos y uno agarrado a su túnica, a los cuales da ánimos porque lloran. Se va desvaneciendo el crepúsculo.

«¡Dios te bendiga, Maestro! ¿Pero de dónde vienes tan tarde?».

Jesús, entrando en casa, responde: «He estado con bandoleros. Yo también traigo mi botín. He andado más allá del ocaso, pero el Padre no me lo tendrá en cuenta porque he hecho una obra de misericordia… Toma, Juan, y tú, Simón… Tengo los brazos rotos… y estoy realmente cansado». Se sienta en un taburete al lado de la chimenea. Sonríe, cansado pero contento.

«¿Con bandoleros? ¿Pero dónde has estado? ¿Quiénes son estos niños? ¿Has comido? ¿Dónde estabas? ¡No es prudente estar fuera con esta poca luz y tan lejos!… Estábamos preocupados. ¿No estabas en el bosque?» hablan todos al mismo tiempo.

«No estaba en el bosque. He ido hacia Jericó…».

«¡Imprudente! ¡Por esos caminos puedes encontrar a los que te odian!» dice Judas Tadeo en tono reprobatorio.

«He ido por el sendero que nos han indicado. Hacía días que quería ir allí… donde hay desdichados a quienes redimir. A mí no podían hacerme nada malo, y he llegado a tiempo para estos niños. Dadles de comer. Creo que están casi en ayunas, porque sentían miedo de los bandoleros. Y Yo no llevaba comida conmigo. ¡Si, al menos, hubiera encontrado a un pastor!… Pero el sábado cercano ya había dejado desiertos los pastos…».

553.5

«¡Ya! Nosotros somos los únicos que, de un tiempo a esta parte, no respetamos el sábado…» observa Judas de Keriot, siempre cortante.

«¿Cómo hablas? ¿Qué insinúas?» le preguntan.

«Digo que ya llevamos dos sábados que trabajamos después de la puesta del Sol».

«Judas, tú sabes por qué tuvimos que andar el sábado pasado. El pecado no siempre es del que lo hace. También es del que fuerza a hacerlo. Y hoy… ya sé, quieres decirme que también hoy he violado el sábado. Te respondo que si es grande la ley del reposo sabático, grandísimo es el precepto del amor. No tengo obligación de justificarme ante ti, pero lo hago para enseñarte la mansedumbre, la humildad, y la gran verdad de que ante una necesidad santa se debe saber aplicar la ley con flexibilidad de espíritu. Nuestra historia tiene episodios de estas necesidades. Al despuntar el día he ido hacia los montes Adomín porque sé que allí hay desdichados que tienen el delito como lepra del alma. Esperaba encontrarlos, hablarles, volver antes de la puesta del Sol. Los he encontrado. Pero no he podido hablarles en los términos que había pensado, porque había que decir otras cosas… Los bandidos se habían encontrado con estos tres niñitos llorando en la puerta de un aprisco pobre de la llanura. Los bandidos habían bajado de noche para robar los corderos y, si el pastor hubiera opuesto resistencia, matar. Mala cosa es el hambre en los montes en invierno… y, cuando los que la sufren son corazones crueles, hace a los hombres más feroces que los lobos. Estos niños estaban, pues, allí, junto con un zagal poco mayor que ellos y amedrentado como ellos. El padre de los niños, no sé por qué motivo, había muerto durante la noche. Quizás le había mordido algún animal, o le había fallado el corazón… Estaba frío sobre la paja junto a las ovejas. Se dio cuenta de ello el hijo mayor, que dormía a su lado. De forma que los bandidos, en vez de cometer una matanza, se encontraron con un muerto y cuatro niños llorando. Dejaron al muerto, mandaron hacia delante ovejas y zagal y, dado que hasta en los más siniestros puede haber una piedad que se resista a morir, recogieron a los niños… Yo me encontré con los bandidos cuando estaban decidiendo qué hacer. Los más crueles querían matar al zagal de diez años, peligroso testigo del robo y del refugio; los menos duros querían soltarle bajo amenazas, quedándose con el rebaño. Y todos querían que los niñitos se quedaran con ellos».

«¿Y qué querían hacer con ellos? ¿Es que no tienen familia?».

«La madre ha muerto. Por eso el padre los había llevado consigo a los pastos invernales; ahora estaba subiendo de nuevo a su casa desierta, atravesando estos montes. ¿Podía Yo dejar los pequeños a los bandidos, para que los hicieran bandidos como ellos? He hablado… En verdad os digo que me han comprendido más que muchos otros; tanto me han comprendido, que me han dejado a los niños y mañana van a acompañar al zagal al camino de Siquem. Porque en aquellos campos están los hermanos de la madre de éstos. De momento, he recogido a los niños; los tendré, los tendremos, hasta que lleguen parientes suyos».

«Y Tú te haces ilusiones de que los bandidos…» dice Judas Iscariote, y se ríe…

«Estoy seguro de que no le tocarán un pelo al pastorcillo. Son unos desdichados. No debemos juzgar por qué lo son. Pero sí debemos tratar de salvarlos. Una obra buena puede ser el comienzo de su salvación…». Jesús agacha la cabeza, absorto en quién sabe qué pensamiento.

553.6

Los apóstoles y la anciana hablan e intercambian sentimientos de compasión, e intentan consolar a los niños, que están asustados…

Jesús alza la cabeza al oír el llanto del más pequeno, un niñito moreno que apenas tendrá tres años, y dice a Santiago, que inútilmente trata de darle leche: «Déjame a mí el niño y ve por mi fardel…» y sonríe porque el niño se tranquiliza encima de sus rodillas y bebe la leche ávidamente, aunque antes la rechazara. Los otros, más grandecitos, comen la sopa que les ponen delante; pero descienden lágrimas de sus ojos.

«¡En fin! ¡Cuántas miserias! ¡Hombre, que suframos nosotros es justo; pero los inocentes!…» dice Pedro, que no puede ver sufrir a los niños.

«Eres un pecador, Simón. Alzas censuras contra Dios» observa Judas Iscariote.

«Seré un pecador. Pero no censuro a Dios. Lo único que digo es… Maestro, ¿por qué tienen que sufrir los niños? No tienen pecados».

«Todos tienen pecados, al menos el original» dice Judas Iscariote.

Pedro no le contesta. Espera la respuesta de Jesús.

Y Jesús, que está acunando al niño —el cual ha satisfecho ya su hambre y tiene sueño—, responde: «Simón, el dolor es la consecuencia de la culpa».

«De acuerdo. Entonces… una vez que hagas desaparecer la culpa, los niños ya no sufrirán».

«Seguirán sufriendo. No te sientas escandalizado, Simón, por esto que te digo. El dolor y la muerte estarán siempre presentes en la Tierra. Hasta los más puros sufren y sufrirán; es más, ellos sufrirán por todos. Serán las hostias que harán propicio al Señor».

«Pero ¿por qué? No lo comprendo…».

«Son muchas las cosas que no se entienden en la Tierra. Sabed creer, al menos, que son cosas que el Amor perfecto quiere. Y cuando la Gracia, devuelta a los hombres, haga de los más santos de ellos los conocedores de las verdades ocultas, entonces se verá que precisamente los más santos querrán ser víctimas, porque habrán comprendido el poder del dolor…

553.7

El niño duerme. María ¿le llevas contigo?».

«Claro, Maestro. Nosotros decimos: niño asustado, sueño breve y mucho llanto; y: el pájaro sin nido necesita el ala materna. Mi cama es grande, ahora que la ocupo yo sola. Llevo allí a los niños, de forma que pueda estar atenta a ellos. También éstos están a punto de olvidar su dolor en el sueño. Venid y los llevamos a descansar».

Recoge al pequeñuelo de las rodillas de Jesús y, seguida por Pedro y Felipe, se marcha. Entretanto, vuelve Santiago de Zebedeo con el morral de Jesús.

Jesús lo abre y busca dentro. Extrae una túnica gruesa, la extiende, observa su medida. No está todavía satisfecho. Busca el manto del mismo color obscuro que la túnica. Pone ambos aparte. Cierra el morral y se lo devuelve a Santiago.

Vuelven Pedro y Felipe. La viejecita se ha quedado con los tres niños. Pedro ve inmediatamente los indumentos extendidos y puestos aparte. Dice: «¿Quieres cambiarte la ropa, Maestro? Estando cansado, un baño caliente te descansaría. Hay agua. Te calentamos la ropa. Luego cenamos y nos vamos a descansar. Este hecho de estos pobres niños me ha conmovido profundamente…».

Jesús sonríe, pero no responde adecuadamente; se limita a decir: «Alabemos al Señor, que me ha guiado a tiempo de salvar a los inocentes». Luego se calla, cansado…

Vuelve a entrar la viejecita, con las tuniquitas de los niños. «Deberían cambiárselas… Están rotas y llenas de barro… Pero ya no tengo las túnicas de mis hijos para substituirlas. Las lavaré mañana…».

«No, madre. Cuando termine el sábado, coses tres prendas pequeñas con estas mías…».

«Pero Señor, ¿sabes que ya sólo tienes tres túnicas? Si das una, ¿con qué te quedas? ¡No está aquí Lázaro, como aquella vez del manto a la leprosa!» dice Pedro.

«Deja. Quedan dos. Demasiadas ya, para el Hijo del hombre. Toma, María. Mañana a la puesta del Sol empiezas tu trabajo, y el Perseguido tendrá la dicha de socorrer al pobre, cuyas penalidades comprende».