The Writings of Maria Valtorta

56. Simon le Zélote et Jude unis pour leur destinée.

56. Simon the Zealot and Judas Thaddeus

56.1

Comme vous étiez belles, rives du Jourdain, au temps de Jésus ! Je vous regarde et je me délecte de la paix majestueuse de vos flots bleu-vert où le bruissement des eaux et du feuillage chante comme une douce mélodie.

Je me trouve sur une route assez large et bien entretenue. Ce doit être un chemin de grande communication ou, mieux, une route militaire que les Romains ont ouverte pour relier les différentes régions à la capitale. Elle court près du fleuve, mais pas exactement le long du fleuve. Elle en est séparée par une bande boisée qui, je crois, sert à consolider les berges et à résister aux eaux en période de crue. De l’autre côté de la route, le bois continue, de sorte que le chemin ressemble à une galerie naturelle au-dessus de laquelle s’entrelacent les branches touffues. C’est un repos agréable pour les voyageurs dans ces pays de grand soleil.

A l’endroit où je me trouve, le fleuve – et par conséquent la route – forme une faible courbe qui me permet de voir la suite de la levée couverte de frondaisons qui forment comme un mur de verdure autour d’un bassin d’eaux paisibles. On dirait presque un lac de parc seigneurial. Mais l’eau n’est pas immobile comme dans un lac. Elle coule, bien que lentement, ce que révèle le frémis de l’eau contre les premiers roseaux, les plus hardis qui ont poussé tout en bas sur la grève et les longs rubans ondulants des feuilles qui pendent à la surface de l’eau et que le courant met en mouvement. Il y a aussi un groupe de saules pleureurs qui laissent tomber dans le fleuve l’extrémité de leur verte chevelure. Il semble la peigner en la caressant gracieusement, l’étirant doucement au fil du courant.

Silence et paix de cette heure matinale… Il y a seulement les chants et les appels des oiseaux, le bruissement de l’eau et du feuillage ainsi que l’éclat des gouttes de rosée sur l’herbe verte et haute qui pousse entre les arbres. Le soleil d’été ne l’a pas encore durcie ni jaunie, elle est tendre et toute nouvelle, née après les pluies printanières qui ont nourri la terre, jusqu’au plus profond, de fraîcheur et de substances fertilisantes.

56.2

Trois voyageurs sont arrêtés à ce tournant de la route, exactement au sommet de la courbe. Ils regardent en haut et en bas, au sud vers Jérusalem, au nord vers Samarie. Ils scrutent entre les troncs des arbres pour voir s’il arrive quelqu’un qu’ils at­tendent.

Ce sont Thomas, Jude et le lépreux guéri. Ils dis­cutent.

« Tu ne vois rien ?

– Moi ? Non !

– Moi non plus.

– Et pourtant, c’est bien l’endroit convenu.

– Tu en es sûr ?

– Certain, Simon. Un des six m’a dit, pendant que le Maître s’éloignait au milieu des acclamations de la foule après le miracle d’un mendiant estropié guéri à la Porte des Poissons : “ Maintenant nous sortons de Jérusalem. Attends-nous à cinq milles entre Jéricho et Docco, à la courbe du fleuve, le long de la route boisée. ” : celle-ci. Il a ajouté : “ Nous y serons d’ici trois jours, à l’aurore. ” Or voici le troisième jour, et la quatrième veille que nous nous trouvons ici.

– Est-ce qu’il viendra ? Peut-être aurait-il mieux valu le suivre depuis Jérusalem.

– Tu ne pouvais pas encore venir à travers la foule, Simon.

– Si mon cousin vous a dit de venir ici, il y viendra. Il tient toujours ses promesses. Il n’y a qu’à attendre.

56.3

– As-tu été toujours avec lui ?

– Toujours. Depuis son retour à Nazareth, il a toujours été pour moi un bon compagnon. Nous étions toujours ensemble. Nous sommes du même âge, ou plutôt je suis à peine plus âgé. Et puis j’étais le préféré de son père, le frère de mon père. Sa Mère elle aussi m’aimait beaucoup. J’ai grandi plus avec elle qu’avec ma mère.

– Elle t’aimait… Est-ce que maintenant elle ne t’aime plus autant ?

– Oh si ! Mais nous sommes un peu divisés depuis qu’il s’est fait prophète. Cela n’a pas fait plaisir à mes parents.

– Quels parents ?

– Mon père et les deux aînés. L’autre est hésitant… Mon père est très âgé, et je n’ai pas eu le cœur de le mécontenter. Mais maintenant… maintenant, ce n’est plus la même chose. Maintenant, je vais là où mon cœur et mon esprit sont attirés. Je vais à Jésus. Je ne crois pas offenser la Loi en agissant ainsi. Mais… si ce que je veux faire n’était pas juste, Jésus me le dirait. Je ferai ce qu’il me dira. Un père a-t-il le droit de s’opposer à un fils qui recherche le bien ? Si j’ai conscience que là est mon salut, pourquoi m’empêcher d’y arriver ? Pourquoi les pères sont-ils pour nous des ennemis, parfois? »

Simon soupire comme si on lui rappelait de tristes souvenirs. Il baisse la tête, mais sans dire mot.

Thomas, au contraire, répond :

« J’ai déjà franchi l’obstacle. Mon père m’a écouté et m’a compris. Il m’a béni en me disant : “ Va ! Que cette Pâque soit pour toi la libération de l’esclavage de l’attente. Heureux es-tu, toi qui peux croire. Pour moi, j’attends. Mais si c’est bien lui – et tu t’en apercevras en le suivant –, reviens vers ton vieux père pour lui dire : ‘ Viens ! Celui qu’Israël attendait est là. ’ ”

– Tu as plus de chance que moi ! Et dire que nous avons vécu à ses côtés !… et que nous ne croyons pas, nous qui sommes de sa famille !… et que nous disons – ou plutôt qu’ils disent – : “ Il a perdu la tête ” !

56.4

– Voilà, voilà un groupe de personnes, crie Simon. C’est lui, c’est lui ! Je reconnais sa tête blonde. Oh, venez ! Courons ! »

Ils se mettent à marcher rapidement vers le sud. Maintenant qu’ils ont atteint le sommet de la courbe, les arbres cachent la suite de la route, de telle sorte que les deux groupes se trouvent presque face à face au moment où ils s’y attendaient le moins. On dirait que Jésus sort du fleuve parce qu’il est entre les arbres de la berge.

« Maître !

– Jésus !

– Seigneur ! »

Les trois cris du disciple, du cousin et du miraculé reten­tissent, exprimant l’adoration et la joie.

« Paix à vous ! »

Voilà la belle voix, qui ne peut se confondre avec aucune autre, pleine, sonore, paisible, expressive, nette, virile, douce et pénétrante.

56.5

« Tu es là toi aussi, Jude, mon cousin ? »

Ils s’embrassent. Jude pleure.

« Pourquoi ces larmes ?

– Oh ! Jésus ! Je veux rester avec toi !

– Je t’ai toujours attendu. Pourquoi n’es-tu pas venu ? »

Jude baisse la tête et se tait.

« Ils n’ont pas voulu ! Et maintenant ?

– Jésus, je… je ne peux leur obéir. Je ne veux obéir qu’à toi seul.

– Mais moi, je ne t’ai pas donné d’ordre.

– Non, toi non ; mais c’est ta mission qui commande. C’est Celui qui t’a envoyé qui parle ici, au fond de mon cœur, et qui me dit : “ Va vers lui ! ” C’est celle qui t’a engendré et qui a été pour moi une douce maîtresse, qui de son regard de colombe me fait comprendre sans mot dire : “ Sois à Jésus. ” Puis-je, moi, ne pas tenir compte de cette voix d’en Haut qui me pénètre le cœur ? De cette prière d’une sainte qui, sûrement, me supplie pour mon bien ? Alors que je suis ton cousin du côté de Joseph, ne dois-je pas te connaître pour ce que tu es, alors que Jean-Baptiste t’a reconnu, lui qui ne t’avait jamais vu, ici, sur les rives de ce fleuve et t’a salué du nom de “ Agneau de Dieu ” ? Et moi, moi qui ai grandi avec toi, qui me suis amélioré en te suivant, moi qui suis devenu fils de la Loi grâce à ta Mère et qui ai absorbé, non seulement les 613 préceptes des rabbins, en plus de l’Ecriture et des prières, mais leur âme à eux tous, je ne devrais être capable de rien ?

– Et ton père ?

– Mon père ? Il ne manque ni de pain, ni d’assistance… et puis, c’est toi qui m’as donné l’exemple. Tu as pensé au bien du peuple plutôt qu’au bien particulier de Marie. Or elle est seule. Dis-moi, toi, mon Maître, n’est-il pas donc permis, sans manquer de respect à un père de lui dire : “ Père, je t’aime. Mais au-dessus de toi, il y a Dieu, et c’est lui que je veux suivre ” ?

– Jude, mon parent et ami, je te l’affirme : tu es très avancé sur le chemin de la lumière. Viens. Il est permis de tenir ce langage à son père quand c’est Dieu qui appelle. Il n’y a rien au-dessus de Dieu. Les lois du sang elles-mêmes disparaissent ou plutôt sont sublimées car, par nos larmes, nous offrons à nos parents, à nos mères un plus grand secours, et pour un but éternel auprès duquel la journée du monde ne compte guère. Avec nous, nous les attirons vers le Ciel et, par la même voie du sacrifice de nos affections, vers Dieu. Reste donc, Jude. Je t’ai attendu et je suis heureux de t’avoir de nouveau, toi, l’ami de ma vie de Nazareth. »

Jude est profondément ému.

56.6

Jésus se tourne vers Thomas :

« Tu as obéi fidèlement. C’est la première vertu du disciple.

– Je suis venu pour t’être fidèle.

– Et tu le seras. C’est moi qui te le dis. Viens, toi qui reste tout honteux dans l’ombre. N’aie pas peur !

– Mon Seigneur ! »

L’ancien lépreux est aux pieds de Jésus.

« Lève-toi. Quel est ton nom ?

– Simon.

– Et ta famille ?

– Seigneur… elle était puissante… moi aussi, j’étais considéré… Mais haine de sectes et… et erreurs de jeunesse ont anéanti sa puissance. Mon père… Ah, il me faut parler contre lui qui m’a coûté des larmes qui ne venaient pas du ciel ! Tu le vois, tu as vu quel cadeau il m’a fait !

– Il était lépreux ?

– Pas lépreux, moi non plus, mais atteint d’une maladie qui porte un autre nom et que, nous, hommes d’Israël, classons avec les diverses lèpres. Lui… alors sa maison était encore puissante, il a vécu et est mort considéré dans sa maison. Moi… si tu ne m’avais pas sauvé, je serais mort au milieu des tombeaux.

– Tu es seul ?

– Seul. J’ai un serviteur fidèle qui prend soin de ce qui me reste. Je l’ai fait prévenir.

– Et ta mère ?

– Elle… est morte. »

L’homme paraît gêné.

Jésus l’observe attentivement.

« Simon, tu m’as dit : “ Que dois-je faire pour toi ? ”. Maintenant, je te dis : “ Suis-moi. ”

– Tout de suite ! Seigneur !… Mais… mais moi… Laisse-moi te dire une chose. Je suis et j’étais appelé “ le Zélote ” à cause de la caste[1] à laquelle j’appartenais et “ Cananéen ” à cause de ma mère. Tu le vois, j’ai la peau brune. J’ai du sang d’esclave en moi. Comme mon père n’avait pas de fils de sa femme légitime, il m’a eu d’une esclave. Son épouse, une brave femme, m’a élevé comme son fils et a pris soin de moi au milieu de mes innom­brables maladies, jusqu’à sa mort…

– Il n’y a aux yeux de Dieu ni esclaves ni affranchis. Il n’y a, à ses yeux, qu’un seul esclavage : le péché. Et je suis venu le supprimer. Je vous appelle tous, parce que le Royaume appartient à tous. Es-tu instruit ?

– Je le suis. Je tenais aussi mon rang parmi les grands, du moins aussi longtemps que mes vêtements purent dissimuler mon mal. Mais quand il a atteint mon visage… Mes ennemis furent heureux de l’utiliser pour me confiner parmi les “ morts ”. En effet, comme le dit un médecin romain de Césarée que je consultai, mon mal n’était pas la vraie lèpre, mais un serpigo héréditaire : il me suffisait donc de ne pas procréer pour ne pas le propager. Puis-je, moi, ne pas maudire mon père ?

– Tu ne dois pas le maudire. Il t’a causé toutes sortes de maux…

– Oh oui ! Il a dilapidé notre patrimoine. Il était vicieux, cruel, sans cœur, sans affection. Il m’a refusé la santé, les caresses, la paix. Il m’a marqué d’un nom qui me fait mépriser et m’a transmis une maladie déshonorante… Il s’est rendu maître de tout, même de l’avenir de son fils. Il m’a tout pris, même la joie d’être père.

– Pour cette raison, je te dis : “ Suis-moi. ” A mes côtés, à ma suite, tu trouveras un Père et des enfants. Elève ton regard, Simon. Là, le vrai Père te sourit. Porte ton regard sur l’étendue de la terre, sur les continents, à travers les pays. Il y a là des fils en grand nombre, des fils spirituels pour ceux qui n’ont pas d’enfants. Ils t’attendent et en attendent beaucoup comme toi. Sous mon Signe, il n’y a plus d’abandons. Sous mon Signe, il n’y a plus de solitude, ni de différences. C’est un Signe d’amour. Et il donne l’amour.

56.7

Viens, Simon, qui n’as pas eu d’enfant. Viens Jude, qui perds ton père par amour pour moi. Je vous unis dans un même sort. »

Jésus les approche l’un de l’autre. Il pose ses mains sur leurs épaules, comme pour en prendre possession, comme pour leur imposer un joug commun. Puis il dit :

« Je vous unis, mais pour l’instant je vous sépare. Toi, Simon, tu resteras ici avec Thomas. Avec lui tu prépareras les voies pour mon retour. D’ici peu je reviendrai et je veux qu’il y ait beaucoup de monde qui m’attende. Dites aux malades – toi, tu peux bien l’affirmer –, que celui qui guérit vient. Dites à ceux qui attendent que le Messie est parmi son peuple. Dites aux pécheurs qu’il y a quelqu’un qui pardonne pour donner la force de s’élever…

– Mais en serons-nous capables ?

– Oui, vous n’avez qu’à dire : “ Il est arrivé, il vous appelle, il vous attend. Il vient vous faire grâce. Soyez prêts pour le voir ici ” ; ajoutez à ces mots le récit de ce que vous savez. Quant à toi, Jude, mon cousin, viens avec moi et avec ceux-ci. Mais toi, tu resteras à Nazareth.

– Pourquoi, Jésus ?

– Parce que tu dois me préparer le chemin dans notre patrie. Tu crois que c’est une petite mission ? En vérité, il n’y en a pas de plus importante… »

Jésus soupire.

« Et est-ce que je réussirai ?

– Oui et non, mais tout sera suffisant pour que nous soyons justifiés.

– De quoi ? Et aux yeux de qui ?

– Aux yeux de Dieu. Aux yeux de la patrie. Aux yeux de la famille. Ils ne pourront nous faire de reproche, parce que nous leur aurons offert le bien. Et si la patrie et la famille le dédaignent, nous n’aurons pas la responsabilité de leur perte.

– Et nous ?

– Vous, Pierre ? Vous retournerez à vos filets.

– Pourquoi ?

– Parce que je vous instruis lentement et je vous prendrai quand vous serez prêts.

– Mais nous te verrons ?

– Bien sûr, je viendrai souvent vous trouver ou je vous ferai appeler quand je serai à Capharnaüm. Maintenant, saluez-vous, mes amis, et partons. Je vous bénis, vous qui restez. Que ma paix soit avec vous. »

Et la vision se termine.

56.1

You are beautiful, o banks of the Jordan, as beautiful as you were in the times of Jesus! I admire you and am enraptured by your solemn green-blue peace, resounding with flowing waters and leafy branches, as sweet as a melody.

I am on a road which is quite wide and also well maintained. It must be a highway, or more likely a military road, built by the Romans to link the various regions with the capital. It runs near the river, but not precisely along it. It is in fact separated from it by woodland, the function of which I think is to consolidate the river banks and contain the water in times of flood. The woodland continues on the other side of the road, so that the road looks like a natural tunnel over which the trees interlace their leafy branches, a beneficial protection for wayfarers in the hot climate of this country.

At the point where I am, the river, and consequently the road as well, form a wide bend, so that the leafy embankment appears to me like a huge green barrier built to enclose a basin of calm waters. It almost looks like a lake in a luxury park. But the water is not as still as the water of a lake. It flows, although slowly. This is evident from its rustling against the first reed thickets, the more daring ones that have grown down there, in the gravel bed, and also from the undulation of the long ribbon-like leaves of the canes, reaching down to the water by which they are sweetly lulled. Also a group of willows, with flexible falling branches, have entrusted the ends of their green foliage to the river, that combs the thin branches with a graceful caress, stretching them softly on the water surface.

There is peace and silence in the early morning. One can only sense the warbling of birds, the rustling of water and leaves, the glittering of dew drops on the tall green grass between the trees, a grass not yet hardened or parched by the summer sunshine, but tender and fresh, since it came up after the springtime showers, which nourished the earth, in its very depth, with moisture and rich juices.

56.2

Three wayfarers are standing on the road, in the middle of the bend. They look up and down, to the south, where Jerusalem is and to the north, where Samaria lies. They look anxiously between the trees to see whether anyone is arriving as expected. They are Thomas, Judas Thaddeus and the healed leper. They are speaking.

«Can you see anything?»

«No, I can’t.»

«Neither can I.»

«And yet this is the place.»

«Are you sure?»

«I’m sure, Simon. One of the six said to me, when the Master was going away amid the acclamations of the crowd, after the miraculous healing of a crippled beggar, who was healed at the Fish Gate: “We are now going out of Jerusalem. Wait for us five miles between Jericho and Doco, at the bend of the river, along the road in the woodland”. This one. He also said: “We will be there in three days’ time at dawn”. This is the third day, and we have been here before dawn.»

«Will He come? Perhaps we should have followed Him from Jerusalem.»

«You were not yet allowed to mix with the crowds, Simon.»

«If my cousin told you to come here, He will certainly come here. He always keeps His promise. All we can do is wait.»

56.3

«Have you always been with Him?»

«Yes, always. Since He came back to Nazareth He was my good companion. We were always together. We are about the same age, I am a little older. And I was the favourite of His father, who was my father’s brother. Also His Mother was very fond of me. I grew up more with Her than with my own mother.»

«She was fond… Is She no longer as fond of you, now?»

«Oh! Yes, She is. But we have parted a little since He became a prophet. My relatives are not happy about it.»

«Which relatives?»

«My father and the two older brothers. The other one is undecided… My father is very old and I did not have the courage to hurt him. But now… Now, no longer so. Now I am going where my heart and my mind tell me. I am going to Jesus. I don’t think I am offending the Law by doing so. In any case… if what I want to do was not right, Jesus would tell me. I will do what He says. Is it right for a father to prevent a son from doing good? If I feel that my salvation is there, why prevent me from reaching it? Why, at times, are our fathers our enemies?»

Simon sighs as if he were overwhelmed by sad memories, he lowers his head, but does not speak.

Thomas instead replies: «I have already overcome the obstacle. My father listened to me and he understood me. He blessed me saying: “Go. May this Passover be for you the liberation from the slavery of waiting. You are lucky because you can believe. I will wait. But if it is really Him, and you will find out following Him, then come and say to your old father: ‘Come, Israel has the Expected One’”.»

«You are luckier than I am. And we always lived beside Him!… And we, in the family, do not believe!… We say, that is: they say: “He has gone mad”!»

56.4

«There, there is a group of people» shouts Simon. «It’s Him, it’s Him! I recognise His fair head! Oh! Come! Let us run!»

They start walking fast southwards. When they reach the centre of the bend, the trees cover the remainder of the road, so that the two groups face each other unexpectedly. Jesus seems to be coming up from the river, because He is among the trees on the bank.

«Master!»

«Jesus!»

«My Lord!»

The three cries of the disciple, the cousin and the cured leper are full of joy and veneration.

«Peace to you!» There is the beautiful, unmistakable, full, resonant, calm, expressive, clear, virile, sweet, incisive voice!

56.5

«You too, Judas, My cousin, are here?»

They embrace each other. Judas is weeping.

«Why are you weeping?»

«Oh! Jesus! I want to stay with You!»

«I have been waiting for you all the time. Why did you not come?»

Judas lowers his head and is silent.

«They did not let you! And now?»

«Jesus, I… I cannot obey them. I want to obey You only.»

«But I did not give you an order.»

«No, You did not. But it is Your mission that gives it! It is He, Who sent You, Who is speaking here, in my heart, and says to me: “Go to Him”. It is She, Who bore You, my sweet teacher, Who with Her gentle look, as mild as a dove’s, says to me without uttering a word: “Be of Jesus!”. Can I ignore that heavenly voice that pierces my heart? Can I ignore the prayers of such a Holy Woman, Who implores me for my own good? Only because I am Your cousin on Joseph’s side, am I not to acknowledge You for what You are, whereas the Baptist recognised You, although he had never seen You, here, on the banks of this river and he greeted You as the “Lamb of God”? And I, should I not be capable of anything, although I was brought up with You, and I was good because I followed You, and I became a son of the Law through Your Mother, from Whom I learned not the six hundred and thirteen precepts of the rabbis, besides the Scriptures and the prayers, but the essence of them all?»

«And your father?»

«My father? He does not lack bread and assistance, and then… You give me the example. You have thought of the welfare of the people, rather than the little advantage of Mary. And She is alone. Tell me, Master, is it not right for a son to say to his father, without lacking respect: “Father, I love you. But God is above you and I will follow Him”?»

«Judas, My cousin and My friend, I tell you: you have made good progress on the way to Light. Come. It is lawful to speak thus to a father, when it is God Who calls. There is nothing above God. Also the laws of relationship cease, that is they are raised to a dignity, because with our tears we give our fathers and mothers a greater help and for something everlasting, not for a short time in this world. We draw them with us to Heaven, and by sacrificing our affections, to God. So, Judas, stay here. I have been waiting for you and I am happy to have you, the friend of My life at Nazareth.»

Judas is touched.

56.6

Jesus addresses Thomas: «You obeyed faithfully. That is the first virtue of a disciple.»

«I came because I want to be faithful to You.»

«And you will be. I tell you. And you, who are hiding shyly in the shade, come here. Do not be afriad.»

«My Lord!» The ex-leper is at Jesus’ feet.

«Stand up. Your name?»

«Simon.»

«Your family?»

«My Lord… it was powerful… I was powerful too… But bitter sectarian hatred… and errors of youth damaged its power. My father… Oh! I must speak against him who caused me to shed so many earthly tears! You see, You saw the gift he gave me.»

«Was he a leper?»

«He was not. Neither was I. But he suffered from another disease which we in Israel associate with various forms of leprosy. He…. his caste was then triumphant, he lived and died as a powerful man, at home. I… if You had not saved me, I would have died in the valley of sepulchres.»

«Are you alone?»

«Yes, I am. I have a faithful servant who looks after what property is left. I sent word to him.»

«And your mother?»

«She… is dead.» The man seems embarrassed.

Jesus looks at him attentively. «Simon, you asked me: “What shall I do for You?” Now I say to you: “Follow Me”.»

«I will, at once, my Lord… But… But I… let me tell You one thing. I am, I was called “Zealot” because of the caste, and “Cananean”, because of my mother. See. I am of a dark complexion. In my veins there is the blood of a slave woman. My father had no children from his wife, and he had me from a slave. His wife was a good woman and she brought me up as her own son, she took care of me in my endless illnesses until she died…»

«There are no slaves or freemen in the eyes of God. There is only one slavery in His eyes: sin. And I have come to abolish it. I am calling everybody, because the Kingdom is of all men. Are you a learned man?»

«Yes, I am. I also had my position amongst the important people, as long as my disease was hidden under my clothes. But when it spread to my face… My enemies then could not believe they were at last able to confine me amongst the “dead”, although a Roman doctor of Caesarea, when I consulted him, told me that mine was not real leprosy, but hereditary serpigo, which I would spread only by procreation. Is it possible for me not to curse my father?»

«You must not curse him. He has caused you all sorts of trouble…»

«Yes, he did! He was a squanderer, a vicious, cruel, heartless man without any love. He deprived me of my health, he denied me love and peace, he branded me with a shameful name and with a disease which is a mark of infamy… He wanted everything for himself, even his son’s future. He deprived me of everything, also of the joy of being a father.»

«That is why I say to you: “Follow Me”. As My follower you will find father and children. Look up, Simon. There, the True Father is smiling at you. Look at the wide world, at the continents, at the countries: there are children and children everywhere; children of the souls for the childless. They are waiting for you, and many like you are also waiting. There are no foundlings under My Sign. There is no solitude, no difference in My

Sign. It is a sign of love, and it gives love.

56.7

Come, My childless Simon. Come, Judas, who are losing your father for My sake. I join you in the same destiny.»

They are both beside Him. He is holding His hands on their shoulders as if He were taking possession of them and imposing a common yoke on them. He then says: «And I unite you together. But now I will separate you. Simon, you will stay here with Thomas. You will prepare with him the way for My return: I will be back soon, and I want the people to be waiting for Me. Tell the sick people that He Who can cure their illnesses is about to come here: you can certainly tell them that. Tell those who are waiting, that the Messiah is among His people. Tell the sinners that He Who forgives has come to give them strength to rise…»

«Will we be able to do that?»

«Yes, you will. All you have to say is: “He has come. He calls you. He is waiting for you. He has come to grant you graces. Come here to see Him”, and to these words add a report of what you know. And you, Judas, My cousin, come with Me and these. But you will stay at Nazareth.»

«Why, Jesus?»

«Because you must prepare My way in My fatherland. Do you think it is a small mission? I can tell you that there is not a harder one…» Jesus sighs.

«And will I succeed?»

«You will and you will not. But it will be sufficient to be justified.»

«Justified of what? And with whom?»

«With God. With your fatherland. With your family. They will not be able to reproach us, because we offered good things: and if the fatherland and the family will disdain our offer, we shall not be blamed for their loss.»

«And what about us?»

«You, Peter? You will go back to your fishing nets.»

«Why?»

«Because I will teach you slowly and I will take you with Me, when I find that you are ready.»

«But will we see You, then?»

«Certainly. I will often come to see you, or I will send for you when I am at Capernaum. Now, let us say goodbye, My friends and let us go. I bless you, who are staying here. May My peace be with you.»

And the vision ends.


Notes

  1. La caste des zélotes portait ce nom en raison d’un zèle qu’ils mettaient à observer la Loi et à s’opposer à toute domination étrangère sur le peuple élu. Mais le sens de ce mot échappe à Maria Valtorta, qui note en bas de page : “ Qui sont les zélotes ” ? Elle ignore pareillement ce que sont les mots sciemanflorasc (en 503.9/10) et gulal (ou golal : ordure) (en 542.7).