Los Escritos de Maria Valtorta

56. Simon le Zélote et Jude unis pour leur destinée.

56. Simón Zelote y Judas Tadeo

56.1

Comme vous étiez belles, rives du Jourdain, au temps de Jésus ! Je vous regarde et je me délecte de la paix majestueuse de vos flots bleu-vert où le bruissement des eaux et du feuillage chante comme une douce mélodie.

Je me trouve sur une route assez large et bien entretenue. Ce doit être un chemin de grande communication ou, mieux, une route militaire que les Romains ont ouverte pour relier les différentes régions à la capitale. Elle court près du fleuve, mais pas exactement le long du fleuve. Elle en est séparée par une bande boisée qui, je crois, sert à consolider les berges et à résister aux eaux en période de crue. De l’autre côté de la route, le bois continue, de sorte que le chemin ressemble à une galerie naturelle au-dessus de laquelle s’entrelacent les branches touffues. C’est un repos agréable pour les voyageurs dans ces pays de grand soleil.

A l’endroit où je me trouve, le fleuve – et par conséquent la route – forme une faible courbe qui me permet de voir la suite de la levée couverte de frondaisons qui forment comme un mur de verdure autour d’un bassin d’eaux paisibles. On dirait presque un lac de parc seigneurial. Mais l’eau n’est pas immobile comme dans un lac. Elle coule, bien que lentement, ce que révèle le frémis de l’eau contre les premiers roseaux, les plus hardis qui ont poussé tout en bas sur la grève et les longs rubans ondulants des feuilles qui pendent à la surface de l’eau et que le courant met en mouvement. Il y a aussi un groupe de saules pleureurs qui laissent tomber dans le fleuve l’extrémité de leur verte chevelure. Il semble la peigner en la caressant gracieusement, l’étirant doucement au fil du courant.

Silence et paix de cette heure matinale… Il y a seulement les chants et les appels des oiseaux, le bruissement de l’eau et du feuillage ainsi que l’éclat des gouttes de rosée sur l’herbe verte et haute qui pousse entre les arbres. Le soleil d’été ne l’a pas encore durcie ni jaunie, elle est tendre et toute nouvelle, née après les pluies printanières qui ont nourri la terre, jusqu’au plus profond, de fraîcheur et de substances fertilisantes.

56.2

Trois voyageurs sont arrêtés à ce tournant de la route, exactement au sommet de la courbe. Ils regardent en haut et en bas, au sud vers Jérusalem, au nord vers Samarie. Ils scrutent entre les troncs des arbres pour voir s’il arrive quelqu’un qu’ils at­tendent.

Ce sont Thomas, Jude et le lépreux guéri. Ils dis­cutent.

« Tu ne vois rien ?

– Moi ? Non !

– Moi non plus.

– Et pourtant, c’est bien l’endroit convenu.

– Tu en es sûr ?

– Certain, Simon. Un des six m’a dit, pendant que le Maître s’éloignait au milieu des acclamations de la foule après le miracle d’un mendiant estropié guéri à la Porte des Poissons : “ Maintenant nous sortons de Jérusalem. Attends-nous à cinq milles entre Jéricho et Docco, à la courbe du fleuve, le long de la route boisée. ” : celle-ci. Il a ajouté : “ Nous y serons d’ici trois jours, à l’aurore. ” Or voici le troisième jour, et la quatrième veille que nous nous trouvons ici.

– Est-ce qu’il viendra ? Peut-être aurait-il mieux valu le suivre depuis Jérusalem.

– Tu ne pouvais pas encore venir à travers la foule, Simon.

– Si mon cousin vous a dit de venir ici, il y viendra. Il tient toujours ses promesses. Il n’y a qu’à attendre.

56.3

– As-tu été toujours avec lui ?

– Toujours. Depuis son retour à Nazareth, il a toujours été pour moi un bon compagnon. Nous étions toujours ensemble. Nous sommes du même âge, ou plutôt je suis à peine plus âgé. Et puis j’étais le préféré de son père, le frère de mon père. Sa Mère elle aussi m’aimait beaucoup. J’ai grandi plus avec elle qu’avec ma mère.

– Elle t’aimait… Est-ce que maintenant elle ne t’aime plus autant ?

– Oh si ! Mais nous sommes un peu divisés depuis qu’il s’est fait prophète. Cela n’a pas fait plaisir à mes parents.

– Quels parents ?

– Mon père et les deux aînés. L’autre est hésitant… Mon père est très âgé, et je n’ai pas eu le cœur de le mécontenter. Mais maintenant… maintenant, ce n’est plus la même chose. Maintenant, je vais là où mon cœur et mon esprit sont attirés. Je vais à Jésus. Je ne crois pas offenser la Loi en agissant ainsi. Mais… si ce que je veux faire n’était pas juste, Jésus me le dirait. Je ferai ce qu’il me dira. Un père a-t-il le droit de s’opposer à un fils qui recherche le bien ? Si j’ai conscience que là est mon salut, pourquoi m’empêcher d’y arriver ? Pourquoi les pères sont-ils pour nous des ennemis, parfois? »

Simon soupire comme si on lui rappelait de tristes souvenirs. Il baisse la tête, mais sans dire mot.

Thomas, au contraire, répond :

« J’ai déjà franchi l’obstacle. Mon père m’a écouté et m’a compris. Il m’a béni en me disant : “ Va ! Que cette Pâque soit pour toi la libération de l’esclavage de l’attente. Heureux es-tu, toi qui peux croire. Pour moi, j’attends. Mais si c’est bien lui – et tu t’en apercevras en le suivant –, reviens vers ton vieux père pour lui dire : ‘ Viens ! Celui qu’Israël attendait est là. ’ ”

– Tu as plus de chance que moi ! Et dire que nous avons vécu à ses côtés !… et que nous ne croyons pas, nous qui sommes de sa famille !… et que nous disons – ou plutôt qu’ils disent – : “ Il a perdu la tête ” !

56.4

– Voilà, voilà un groupe de personnes, crie Simon. C’est lui, c’est lui ! Je reconnais sa tête blonde. Oh, venez ! Courons ! »

Ils se mettent à marcher rapidement vers le sud. Maintenant qu’ils ont atteint le sommet de la courbe, les arbres cachent la suite de la route, de telle sorte que les deux groupes se trouvent presque face à face au moment où ils s’y attendaient le moins. On dirait que Jésus sort du fleuve parce qu’il est entre les arbres de la berge.

« Maître !

– Jésus !

– Seigneur ! »

Les trois cris du disciple, du cousin et du miraculé reten­tissent, exprimant l’adoration et la joie.

« Paix à vous ! »

Voilà la belle voix, qui ne peut se confondre avec aucune autre, pleine, sonore, paisible, expressive, nette, virile, douce et pénétrante.

56.5

« Tu es là toi aussi, Jude, mon cousin ? »

Ils s’embrassent. Jude pleure.

« Pourquoi ces larmes ?

– Oh ! Jésus ! Je veux rester avec toi !

– Je t’ai toujours attendu. Pourquoi n’es-tu pas venu ? »

Jude baisse la tête et se tait.

« Ils n’ont pas voulu ! Et maintenant ?

– Jésus, je… je ne peux leur obéir. Je ne veux obéir qu’à toi seul.

– Mais moi, je ne t’ai pas donné d’ordre.

– Non, toi non ; mais c’est ta mission qui commande. C’est Celui qui t’a envoyé qui parle ici, au fond de mon cœur, et qui me dit : “ Va vers lui ! ” C’est celle qui t’a engendré et qui a été pour moi une douce maîtresse, qui de son regard de colombe me fait comprendre sans mot dire : “ Sois à Jésus. ” Puis-je, moi, ne pas tenir compte de cette voix d’en Haut qui me pénètre le cœur ? De cette prière d’une sainte qui, sûrement, me supplie pour mon bien ? Alors que je suis ton cousin du côté de Joseph, ne dois-je pas te connaître pour ce que tu es, alors que Jean-Baptiste t’a reconnu, lui qui ne t’avait jamais vu, ici, sur les rives de ce fleuve et t’a salué du nom de “ Agneau de Dieu ” ? Et moi, moi qui ai grandi avec toi, qui me suis amélioré en te suivant, moi qui suis devenu fils de la Loi grâce à ta Mère et qui ai absorbé, non seulement les 613 préceptes des rabbins, en plus de l’Ecriture et des prières, mais leur âme à eux tous, je ne devrais être capable de rien ?

– Et ton père ?

– Mon père ? Il ne manque ni de pain, ni d’assistance… et puis, c’est toi qui m’as donné l’exemple. Tu as pensé au bien du peuple plutôt qu’au bien particulier de Marie. Or elle est seule. Dis-moi, toi, mon Maître, n’est-il pas donc permis, sans manquer de respect à un père de lui dire : “ Père, je t’aime. Mais au-dessus de toi, il y a Dieu, et c’est lui que je veux suivre ” ?

– Jude, mon parent et ami, je te l’affirme : tu es très avancé sur le chemin de la lumière. Viens. Il est permis de tenir ce langage à son père quand c’est Dieu qui appelle. Il n’y a rien au-dessus de Dieu. Les lois du sang elles-mêmes disparaissent ou plutôt sont sublimées car, par nos larmes, nous offrons à nos parents, à nos mères un plus grand secours, et pour un but éternel auprès duquel la journée du monde ne compte guère. Avec nous, nous les attirons vers le Ciel et, par la même voie du sacrifice de nos affections, vers Dieu. Reste donc, Jude. Je t’ai attendu et je suis heureux de t’avoir de nouveau, toi, l’ami de ma vie de Nazareth. »

Jude est profondément ému.

56.6

Jésus se tourne vers Thomas :

« Tu as obéi fidèlement. C’est la première vertu du disciple.

– Je suis venu pour t’être fidèle.

– Et tu le seras. C’est moi qui te le dis. Viens, toi qui reste tout honteux dans l’ombre. N’aie pas peur !

– Mon Seigneur ! »

L’ancien lépreux est aux pieds de Jésus.

« Lève-toi. Quel est ton nom ?

– Simon.

– Et ta famille ?

– Seigneur… elle était puissante… moi aussi, j’étais considéré… Mais haine de sectes et… et erreurs de jeunesse ont anéanti sa puissance. Mon père… Ah, il me faut parler contre lui qui m’a coûté des larmes qui ne venaient pas du ciel ! Tu le vois, tu as vu quel cadeau il m’a fait !

– Il était lépreux ?

– Pas lépreux, moi non plus, mais atteint d’une maladie qui porte un autre nom et que, nous, hommes d’Israël, classons avec les diverses lèpres. Lui… alors sa maison était encore puissante, il a vécu et est mort considéré dans sa maison. Moi… si tu ne m’avais pas sauvé, je serais mort au milieu des tombeaux.

– Tu es seul ?

– Seul. J’ai un serviteur fidèle qui prend soin de ce qui me reste. Je l’ai fait prévenir.

– Et ta mère ?

– Elle… est morte. »

L’homme paraît gêné.

Jésus l’observe attentivement.

« Simon, tu m’as dit : “ Que dois-je faire pour toi ? ”. Maintenant, je te dis : “ Suis-moi. ”

– Tout de suite ! Seigneur !… Mais… mais moi… Laisse-moi te dire une chose. Je suis et j’étais appelé “ le Zélote ” à cause de la caste[1] à laquelle j’appartenais et “ Cananéen ” à cause de ma mère. Tu le vois, j’ai la peau brune. J’ai du sang d’esclave en moi. Comme mon père n’avait pas de fils de sa femme légitime, il m’a eu d’une esclave. Son épouse, une brave femme, m’a élevé comme son fils et a pris soin de moi au milieu de mes innom­brables maladies, jusqu’à sa mort…

– Il n’y a aux yeux de Dieu ni esclaves ni affranchis. Il n’y a, à ses yeux, qu’un seul esclavage : le péché. Et je suis venu le supprimer. Je vous appelle tous, parce que le Royaume appartient à tous. Es-tu instruit ?

– Je le suis. Je tenais aussi mon rang parmi les grands, du moins aussi longtemps que mes vêtements purent dissimuler mon mal. Mais quand il a atteint mon visage… Mes ennemis furent heureux de l’utiliser pour me confiner parmi les “ morts ”. En effet, comme le dit un médecin romain de Césarée que je consultai, mon mal n’était pas la vraie lèpre, mais un serpigo héréditaire : il me suffisait donc de ne pas procréer pour ne pas le propager. Puis-je, moi, ne pas maudire mon père ?

– Tu ne dois pas le maudire. Il t’a causé toutes sortes de maux…

– Oh oui ! Il a dilapidé notre patrimoine. Il était vicieux, cruel, sans cœur, sans affection. Il m’a refusé la santé, les caresses, la paix. Il m’a marqué d’un nom qui me fait mépriser et m’a transmis une maladie déshonorante… Il s’est rendu maître de tout, même de l’avenir de son fils. Il m’a tout pris, même la joie d’être père.

– Pour cette raison, je te dis : “ Suis-moi. ” A mes côtés, à ma suite, tu trouveras un Père et des enfants. Elève ton regard, Simon. Là, le vrai Père te sourit. Porte ton regard sur l’étendue de la terre, sur les continents, à travers les pays. Il y a là des fils en grand nombre, des fils spirituels pour ceux qui n’ont pas d’enfants. Ils t’attendent et en attendent beaucoup comme toi. Sous mon Signe, il n’y a plus d’abandons. Sous mon Signe, il n’y a plus de solitude, ni de différences. C’est un Signe d’amour. Et il donne l’amour.

56.7

Viens, Simon, qui n’as pas eu d’enfant. Viens Jude, qui perds ton père par amour pour moi. Je vous unis dans un même sort. »

Jésus les approche l’un de l’autre. Il pose ses mains sur leurs épaules, comme pour en prendre possession, comme pour leur imposer un joug commun. Puis il dit :

« Je vous unis, mais pour l’instant je vous sépare. Toi, Simon, tu resteras ici avec Thomas. Avec lui tu prépareras les voies pour mon retour. D’ici peu je reviendrai et je veux qu’il y ait beaucoup de monde qui m’attende. Dites aux malades – toi, tu peux bien l’affirmer –, que celui qui guérit vient. Dites à ceux qui attendent que le Messie est parmi son peuple. Dites aux pécheurs qu’il y a quelqu’un qui pardonne pour donner la force de s’élever…

– Mais en serons-nous capables ?

– Oui, vous n’avez qu’à dire : “ Il est arrivé, il vous appelle, il vous attend. Il vient vous faire grâce. Soyez prêts pour le voir ici ” ; ajoutez à ces mots le récit de ce que vous savez. Quant à toi, Jude, mon cousin, viens avec moi et avec ceux-ci. Mais toi, tu resteras à Nazareth.

– Pourquoi, Jésus ?

– Parce que tu dois me préparer le chemin dans notre patrie. Tu crois que c’est une petite mission ? En vérité, il n’y en a pas de plus importante… »

Jésus soupire.

« Et est-ce que je réussirai ?

– Oui et non, mais tout sera suffisant pour que nous soyons justifiés.

– De quoi ? Et aux yeux de qui ?

– Aux yeux de Dieu. Aux yeux de la patrie. Aux yeux de la famille. Ils ne pourront nous faire de reproche, parce que nous leur aurons offert le bien. Et si la patrie et la famille le dédaignent, nous n’aurons pas la responsabilité de leur perte.

– Et nous ?

– Vous, Pierre ? Vous retournerez à vos filets.

– Pourquoi ?

– Parce que je vous instruis lentement et je vous prendrai quand vous serez prêts.

– Mais nous te verrons ?

– Bien sûr, je viendrai souvent vous trouver ou je vous ferai appeler quand je serai à Capharnaüm. Maintenant, saluez-vous, mes amis, et partons. Je vous bénis, vous qui restez. Que ma paix soit avec vous. »

Et la vision se termine.

56.1

¡Sois hermosas, en verdad, riberas del Jordán, así cual erais en tiempos de Jesús! Os veo y me complazco en vuestra majestuosa paz verde-azul, con rumor de aguas y de frondas de tono dulce como una melodía.

Me encuentro en una calzada bastante amplia y bien conservada. Debe ser una carretera vecinal de primer orden, más bien una calzada militar, trazada por los romanos para unir las distintas regiones con la capital. Sigue a poca distancia el curso del río, pero no exactamente por la orilla; la separa de éste una franja de bosque, que creo cumple la función de afianzar las márgenes y oponer resistencia a las aguas durante las crecidas. Al otro lado de la calzada continúa la floresta, de modo que la vía parece una galería natural a la que hacen de techo, entrelazadas, las frondosas ramas: benéfico alivio para los viandantes en estos países de mucho sol.

El río — y, por tanto, la calzada — traza, en el punto en que me encuentro, un arco suave, de manera que veo proseguir la rampa frondosa como una muralla verde colocada para cerrar una concavidad de aguas quietas. Parece casi un lago de un parque señorial. Pero el agua no es la quieta agua de un estanque; discurre, aunque lentamente. Prueba de ello es el murmullo que hace contra los primeros cañizares, los más audaces, que han crecido justo abajo, en el terreno guijarroso; y la ondulación de las largas cintas de sus hojas, colgando a ras del agua que las mueve. También un grupo de sauces, de flexibles ramas suspendidas, le han confiado al río el extremo de su verde cabellera, y éste parece peinarla con gracia de caricia, extendiéndola con dulzura en la dirección de su corriente.

Silencio y paz en la hora matutina. Sólo cantos y reclamos de aves, susurro de aguas y frondas, y un intenso brillar de rocío sobre la hierba verde y alta que está entre los árboles y que el sol estivo aún no ha endurecido o dorado, tierna y nueva por haber nacido después de la primaveral efusión de aguas que ha nutrido la tierra, en lo profundo, de humedad y de substancias buenas.

56.2

Tres viandantes están parados en esta curva de la calzada, justamente en un ápice del arco. Miran hacia arriba y hacia abajo; al Sur, donde está Jerusalén; al Norte, donde está Samaria. Escrutan entre las columnatas de los árboles para ver si llega alguno esperado. Son Tomás, Judas Tadeo y el leproso curado. Están hablando.

«¿Ves algo?».

«Yo no».

«Yo tampoco».

«Y, sin embargo, éste es el lugar».

«¿Estás seguro?».

«Seguro, Simón. Uno de los seis, mientras el Maestro se alejaba entre las aclamaciones de la muchedumbre después del milagro de un mendigo lisiado curado en la puerta de los Peces, me dijo: “Nosotros ahora nos vamos de Jerusalén. Espéranos a cinco millas entre Jericó y Doco, a la altura de la curva del río, en la calzada flanqueada de árboles”. Ésta. Dijo también: “Allí estaremos, dentro de tres día­s, al amanecer”. Es el tercer día, y aquí nos ha encontrado la cuarta vigilia».

«¿Vendrá? Quizás hubiera sido mejor haberle seguido desde Jerusalén».

«Todavía no podías ir entre la muchedumbre, Simón».

«Si mi primo os dijo que vinierais aquí, aquí vendrá. Siempre mantiene lo que promete. Debemos esperar».

56.3

«¿Has estado siempre con Él?».

«Siempre. Desde que volvió a Nazaret fue conmigo un buen compañero. Siempre juntos. Somos de la misma edad, yo un poco mayor. Y además yo era el preferido de su padre, hermano del mío. También su Madre me quería mucho. He crecido más con Ella que con la mía».

«Te quería... ¿Ya no te quiere lo mismo?».

«¡Oh, sí!, pero nos hemos desligado un poco desde que Él se ha hecho profeta. A mi familia no le gusta».

«¿Qué familia?».

«Mi padre y los dos mayores. El otro está en duda... Mi padre es muy anciano y no he tenido corazón para llevarle la contraria. Pero ahora... Ya no más. Ahora yo voy a donde me llevan el corazón y la mente. Voy con Jesús. No creo ofender a la Ley actuando así. Y... si no fuera justo lo que quiero hacer, Jesús me lo diría. Haré lo que Él dice. ¿Le es lícito a un padre ponerle obstáculos a un hijo en el camino del bien? Si yo siento salvación en ello, ¿por qué impedirme conseguirla? ¿Por qué los padres algunas veces nos son enemigos?».

Simón suspira como por tristes recuerdos y baja la cabeza, pero no habla.

Sin embargo, Tomás responde: «Yo ya he superado la dificultad. Mi padre me ha escuchado y me ha comprendido. Me ha bendecido diciendo: “Ve. Que esta Pascua signifique para ti liberación de la esclavitud de una espera. Dichoso tú que puedes creer. Yo espero. Mas si es Él — y lo sabrás siguiéndole — vuelve a tu anciano padre para decirle: ‘Ven. Israel ya tiene al Esperado’ ”».

«Eres más afortunado que yo. ¡Y pensar que hemos vivido a su lado!... Y no creemos, ¡nosotros los de la familia!... ¡Y decimos, o sea, ellos dicen: “Ha perdido el juicio”!...».

56.4

«Mirad, mirad un grupo de personas» exclama Simón. «¡Es Él, es Él! ¡Reconozco su cabeza rubia! ¡Oh! ¡Venid! ¡Corramos!».

Se echan a andar velozmente hacia el Sur. Los árboles, ahora que han llegado al punto culminante del arco, ocultan el resto de la calzada, de manera que los dos grupos se encuentran casi uno frente al otro cuando menos se lo esperan. Jesús parece que sube del río, porque está entre los árboles de la orilla.

«¡Maestro!».

«¡Jesús!».

«¡Señor!».

Los tres gritos del discípulo, del primo, del curado, resuenan adoradores y festivos.

«¡Paz a vosotros!». De nuevo la hermosa, inconfundible voz, llena, sonora, serena, expresiva, neta, viril, dulce e incisiva.

56.5

«¿Tú también, Judas, primo mío?».

Se abrazan. Judas llora.

«¿Por qué este llanto?».

«¡Jesús... yo quiero estar contigo!».

«Te he esperado siempre. ¿Por qué no has venido?».

Judas baja la cabeza y calla.

«¡No han querido! ¿Y ahora?».

«Jesús, yo... yo no puedo obedecerlos a ellos. Quiero obedecerte sólo a ti».

«Yo no te he mandado nada».

«No, Tú no. ¡Pero es tu misión la que manda! Es Aquel que te ha enviado quien habla aquí, en el centro de mi corazón, y me dice: “Ve a Él”. Es Aquella que te ha engendrado y que ha sido para mí maestra suave quien, con su mirada de paloma, me dice, sin usar palabras: “¡Sé de Jesús!”. ¿Puedo no tener en cuenta esa voz excelsa que me traspasa el corazón? ¿Esa oración de santa que ciertamente me suplica para mi bien? ¿Sólo porque soy primo por parte de José, no debo conocerte por lo que eres, mientras que el Bautista te ha conocido — y no te había visto jamás — aquí, en las orillas de este río y te ha proclamado “Cordero de Dios”? Y yo, yo que he crecido contigo, yo que me he hecho bueno siguiéndote a ti, yo que he venido a ser hijo de la Ley por mérito de tu Madre y que de Ella he aspirado no los seiscientos trece preceptos de los rabíes, además de la Escritura y las oraciones, sino el espíritu de éstas... ¿Es que no voy a ser capaz de nada?».

«¿Y tu padre?».

«¿Mi padre? No le falta pan ni asistencia, y además... Tú me das ejemplo. Tú has pensado en el bien del pueblo más que en el pequeño bien de María. Y Ella está sola. Dime Tú, Maestro mío, ¿no es lícito, acaso, sin faltarle al respeto, decirle a un padre: “Padre, yo te quiero. Pero, por encima de ti está Dios, y a Él le sigo”?».

«Judas, pariente y amigo mío, Yo te lo digo: vas muy adelante en el camino de la Luz. Ven. Sí, es lícito hablarle al padre así cuando es Dios quien llama. Nada está por encima de Dios. Incluso las leyes de la sangre cesan, o sea, se subliman, porque con nuestras lágrimas los ayudamos más a los padres, a las madres, y por algo más eterno que no lo cotidiano del mundo. Los llevamos con nosotros al Cielo y, por la misma vía del sacrificio de los afectos, a Dios. Quédate pues, Judas. Te he esperado y me siento contento de volverte a tener, amigo de mi vida nazarena».

Se le ve conmovido a Judas.

56.6

Jesús se vuelve hacia Tomás: «Has obedecido fielmente. Primera virtud del discípulo».

«He venido para serte fiel».

«Y lo serás. Yo te lo digo. Ven, tú que estás como avergonzado en la sombra. No temas».

«¡Señor mío!». El ex leproso está a los pies de Jesús.

«Levántate. ¿Tu nombre?».

«Simón».

«¿Tu familia?».

«Señor... era poderosa... yo también tenía poder... Pero odios de sectas y... y errores de juventud lesionaron su poder. Mi padre... ¡Oh, debo hablar contra él, que me ha costado lágrimas, no precisamente celestes! ¡Ya lo ves, ya has visto qué regalo me ha dado!».

«¿Era leproso?».

«No lo era, como tampoco yo. Tenía una enfermedad que se llama de otra forma, y que nosotros los de Israel la incluimos en las distintas lepras. Él — entonces dominaba todavía su casta — vivió y murió como poderoso en su casa. Yo... si no me hubieras salvado, habría muerto en los sepulcros».

«¿Estás solo?».

«Solo. Tengo un siervo fiel que cuida de lo que me queda. Le he instruido al respecto».

«¿Tu madre?».

«Murió». El hombre parece sentirse violento.

Jesús le observa atentamente. «Simón, me dijiste: “¿Qué debo hacer por ti?”. Ahora te digo: “¡Sígueme!”».

«¡En seguida, Señor!... Pero... pero yo... déjame que te diga una cosa. Soy, me llamaban “zelote” por la casta, y “cananeo” por madre. Ya ves que soy oscuro, en mí tengo sangre de esclava. Mi padre no tenía hijos de su mujer y me tuvo de una esclava. Su mujer, una buena mujer, me crió como a un hijo y me cuidó en infinitas enfermedades, hasta que murió...».

«No hay esclavos o libertos a los ojos de Dios. A sus ojos, una sola es la esclavitud: el pecado. Y Yo he venido a hacerla desaparecer. Os llamo a todos, porque el Reino es de todos. ¿Eres culto?».

«Soy culto. Tenía incluso un lugar entre los grandes, mientras el mal permaneció velado bajo el vestido. Pero cuando subió al rostro... no daban crédito a sus ojos mis enemigos al ver que podían usarlo para confinarme entre los “muertos”, aunque — como dijo un médico romano de Cesarea que consulté — la mía no fuera lepra verdadera, sino serpigo hereditario, por lo que era suficiente que no procreara para no propagarlo. ¿Puedo no maldecir a mi padre?».

«Debes no maldecirle. Te ha hecho todo tipo de mal...».

«¡Sí! Dilapidador, vicioso, cruel, sin corazón ni afecto. Me ha negado la salud, las caricias, la paz, me ha sellado con un nombre despreciable y con una enfermedad oprobiosa... De todo se ha adueñado. Incluso del futuro del hijo. Me ha arrebatado todo: incluso la alegría de ser padre».

«Por eso te digo: “¡Sígueme!”. A mi lado, siguiéndome, encontrarás Padre e hijos. Levanta la mirada, Simón. Allí el verdadero Padre te sonríe. Observa los espacios de la tierra, los continentes, las regiones. Hay hijos e hijos; hijos del alma para los que no tienen hijos. Te esperan a ti, y muchos como tú esperan. Bajo mi signo ya nadie será abandonado. En mi signo ya no hay soledades ni diferencias. Es signo de amor y da amor.

56.7

Ven, Simón, tú que no has tenido hijos. Ven, Judas, tú que pierdes al padre por mi amor. Os uno en el destino».

Él los tiene cerca a los dos. Tiene las manos sobre sus hombros, como para una toma de posesión, como para imponer un yugo común. Luego dice: «Os uno. Pero ahora os separo. Tú, Simón, te quedarás aquí con Tomás. Prepararás con él los caminos de mi retorno. Dentro de no mucho volveré, y quiero que muchos me estén esperando. Decidles a los enfermos (tú lo puedes decir) que Aquel que cura viene. Decidles a los que esperan que el Mesías está entre su pueblo. Decidles a los pecadores que hay quien perdona para dar la fuerza necesaria para subir...».

«Pero ¿seremos capaces?».

«Sí. Sólo tenéis que decir: “Él ha llegado. Os llama. Os espera. Viene para liberaros. Estad aquí preparados para verle”. Y a las palabras unid el relato de lo que sabéis. Y tú, Judas, primo, ven conmigo y con éstos. Tú de todas formas te quedarás en Nazaret».

«¿Por qué, Jesús?».

«Porque debes prepararme mi camino en mi tierra. ¿Consideras pequeña esta misión? En verdad no hay una más grave...». Jesús suspira.

«¿Y lo lograré?».

«Sí y no. Pero todo será suficiente para quedar justificados».

«¿De qué? ¿Y ante quién?».

«Ante Dios. Ante la propia tierra. Ante la familia. No podrán censurarnos por haber ofrecido el bien. Y si la patria y la familia lo desdeñan, nosotros no tendremos culpa de su daño».

«¿Y nosotros?».

«¿Vosotros, Pedro? Volveréis a las redes».

«¿Por qué?».

«Porque pienso instruiros lentamente y tomaros conmigo cuando os vea preparados».

«Pero, entonces, ¿te veremos?».

«Claro. Iré frecuentemente. Os avisaré, si no, cuando esté en Cafarnaúm. Ahora despedíos, amigos, y vamos. Os bendigo a vosotros que os quedáis. Mi paz con vosotros».

Y termina la visión.


Notes

  1. La caste des zélotes portait ce nom en raison d’un zèle qu’ils mettaient à observer la Loi et à s’opposer à toute domination étrangère sur le peuple élu. Mais le sens de ce mot échappe à Maria Valtorta, qui note en bas de page : “ Qui sont les zélotes ” ? Elle ignore pareillement ce que sont les mots sciemanflorasc (en 503.9/10) et gulal (ou golal : ordure) (en 542.7).