The Writings of Maria Valtorta

642. Marie résidera à Gethsémani avec Jean,

642. The blessed Virgin takes up Her abode

642.1

Marie est encore dans la maison du Cénacle. Seule, dans sa pièce habituelle, elle coud des linges très fins qui ressemblent à des nappes longues et étroites. De temps en temps, elle lève la tête pour regarder le jardin et relever l’heure du jour d’après la position du soleil sur ses murs. Si elle entend quelque bruit dans la maison ou dans la rue, elle écoute attentivement. Elle semble attendre quelqu’un.

Un certain temps se passe ainsi. Soudain, on entend un coup à la porte de la maison, et un bruit de sandales qui vont rapidement ouvrir. Dans le couloir résonnent des voix d’hommes qui deviennent de plus en plus fortes au fur et à mesure qu’elles se rapprochent. Marie écoute… Puis elle s’écrie :

« Eux, ici ? Que peut-il bien être arrivé ? »

Elle parle encore lorsqu’on frappe à l’entrée de la pièce :

« Avancez, frères en Jésus, mon Seigneur » répond Marie.

Lazare et Joseph d’Arimathie entrent et la saluent avec une profonde vénération :

« Bénie es-tu entre toutes les mères ! Les serviteurs de ton Fils, notre Seigneur, te saluent. »

Et ils se prosternent pour baiser le bord de son vêtement.

« Que le Seigneur soit toujours avec vous. Pour quelle raison venez-vous me trouver, alors que l’agitation des persécuteurs du Christ et de ses disciples ne cesse pas?

– Avant tout pour te voir. Car te voir, c’est encore le voir lui, et se sentir ainsi moins affligés de son départ de la terre. Et aussi pour te proposer, après une réunion chez moi des plus affectueux et des plus fidèles serviteurs de Jésus, ton Fils et notre Seigneur, ce que nous avons décidé de faire, répond Lazare.

– Parlez. C’est votre amour qui me parle, et je vous écouterai avec tout mon amour. »

642.2

C’est au tour de Joseph d’Arimathie de prendre la parole :

« Femme, tu n’ignores pas que, comme tu viens de le dire, l’agitation — et pire encore — dure toujours envers ceux qui ont été proches de ton Fils et de Dieu, que ce soit par la parenté, la foi ou l’amitié. Or nous n’ignorons pas que tu n’as pas l’intention de quitter ces lieux où tu as vu la parfaite manifestation de la nature divine et humaine de ton Fils, sa totale mortification et sa totale glorification, par le moyen de sa passion et de sa mort en vrai homme et par le moyen de sa glorieuse résurrection et de son ascension en vrai Dieu. Et nous n’ignorons pas non plus que tu ne veux pas laisser seuls les apôtres, dont tu veux être la Mère et le guide dans leurs premières épreuves, toi qui es le siège de la Sagesse divine, l’Epouse de l’Esprit qui révèle les vérités éternelles, toi la Fille aimée depuis toujours par le Père qui t’a choisie éternellement pour Mère de son Fils unique, toi la Mère de ce Verbe du Père qui t’a certainement instruite de sa Sagesse comme de sa Doctrine infinies et parfaites avant même qu’il ne soit en ton sein créature en formation, ou avec toi comme Fils qui grandit en âge et en sagesse, jusqu’à devenir le Maître des maîtres.

Jean nous l’a dit le lendemain de la stupéfiante prédication et manifestation apostolique, advenue dix jours après l’ascension de Jésus au Ciel. De ton côté, tu sais pour l’avoir vu à Gethsémani le jour de l’ascension de ton Fils vers le Père, et pour l’avoir appris par Pierre, par Jean et les autres apôtres, que Lazare et moi, aussitôt après la mort et la résurrection de Jésus, nous avons engagé des travaux de maçonnerie autour de mon jardin près du Golgotha ainsi qu’à Gethsémani sur le Mont des Oliviers. Nous voulons éviter que ces lieux, sanctifiés par le sang du divin Martyr, qui coula, hélas ! brûlant de fièvre à Gethsémani, et glacé et grumeleux dans mon jardin, ne soient profanés par des ennemis de Jésus. Ces travaux sont aujourd’hui terminés, et aussi bien Lazare que moi, et avec lui ses sœurs et les apôtres, qui aurions trop de douleur de ne plus t’avoir ici, nous te disons : “ Fais ta demeure dans la maison de Jonas et de Marie, les gardiens de Gethsémani. ”

642.3

– Et Jonas et Marie ? Cette maison est petite, et j’aime la solitude. Je l’ai toujours aimée. Et je l’aime plus encore maintenant, car j’en ai besoin pour me perdre en Dieu, en mon Jésus, pour ne pas mourir d’angoisse de ne plus l’avoir ici. Il n’est pas juste qu’un œil humain se pose sur les mystères de Dieu — car mon Fils est maintenant plus que jamais Dieu. Je suis femme, et Jésus homme. Mais notre humanité était et est différente de toute autre, car préservée de la faute, même originelle, et en raison de nos relations avec le Dieu un et trine. En cela, nous sommes uniques parmi toutes les créatures passées, présentes et futures. Or l’homme, même le meilleur et le plus prudent, est naturellement, inévitablement curieux, surtout s’il est proche d’une manifestation extraordinaire. Et seuls Jésus et moi, tant qu’il fut sur la terre, nous savons quelle souffrance, quelle… oui, même quelle gêne, quel ennui, quel tourment on éprouve quand la curiosité humaine scrute, surveille, épie nos rapports secrets avec Dieu. C’est un peu comme si on nous mettait nus au milieu d’une place.

Pensez à mon passé, à la façon dont j’ai toujours cherché le secret, le silence, au fait que j’ai toujours caché, sous les apparences d’une vie ordinaire de pauvre femme, les mystères de Dieu en moi. Rappelez-vous comment, pour ne rien révéler à mon époux Joseph — même à lui —, il s’en est fallu de peu que je fasse de ce juste un injuste. Seule l’intervention d’un ange a empêché un tel danger[1]. Pensez à la vie si humble, si cachée, si ordinaire que Jésus mena pendant trente ans, à la facilité avec laquelle il s’isolait quand il devint Maître. Il devait faire des miracles et instruire, car c’était sa mission. Mais, je le savais par lui, il souffrait — c’était un des nombreux motifs de sa sévérité et de la tristesse qui brillaient dans ses yeux grands et puissants — il souffrait, disais-je, de l’exaltation des foules, de la curiosité plus ou moins bonne avec laquelle on observait tous ses actes. Que de fois n’a-t-il pas dit à ses disciples et aux miraculés : “ Ne parlez pas de ce que vous avez vu. Ne dites pas ce que je vous ai fait ” ! Je ne voudrais donc pas qu’un œil humain cherche à connaître les mystères de Dieu en moi, mystères qui n’ont pas cessé avec le retour au Ciel de Jésus, mon Fils et mon Dieu, mais au contraire continuent et même grandissent, grâce à sa bonté, pour me garder en vie jusqu’à ce que vienne l’heure, que je désire tant, de le rejoindre pour l’éternité.

642.4

Je voudrais que seul Jean soit avec moi. Car il est prudent, respectueux, affectueux et se conduit avec moi comme un second Jésus. Mais Jonas et Marie sauront… »

Lazare l’interrompt :

« C’est déjà fait, ô Bénie ! Nous y avons déjà pourvu. Marc, fils de Jonas, est maintenant au nombre des disciples. Marie, sa mère, et Jonas, son père, sont déjà à Béthanie.

– Mais l’oliveraie ? Elle a bien besoin qu’on s’en occupe ! lui répond Marie.

– C’est seulement au moment de la taille, du labourage et de la cueillette. Cela fait quelques jours par an, et il en faudra moins encore, car j’enverrai mes serviteurs de Béthanie avec Marc, à ces époques. Toi, Mère, si tu veux nous faire plaisir, à mes sœurs et à moi, viens à Béthanie ces jours-là, dans la maison solitaire de Simon le Zélote. Nous serons voisins, mais notre regard ne sera pas indiscret sur tes rencontres avec Dieu.

– Mais le pressoir ?…

– Il a déjà été transporté à Béthanie. Gethsémani, complètement clôturé, cette propriété encore plus réservée de Lazare, t’attend, Marie. Et je t’assure que les ennemis de Jésus n’oseront pas, par crainte de Rome, violer sa paix et la tienne.

– Ah ! s’il en est ainsi ! » s’exclame Marie.

Elle serre ses mains sur son cœur et les regarde, avec un visage presque extasié tant il est heureux, avec un sourire angélique sur les lèvres et des larmes de joie sur ses cils blonds. Elle reprend :

« Jean et moi ! Seuls ! Nous deux seuls ! J’aurai l’impression de me retrouver à Nazareth avec mon Fils ! Seuls ! Dans la paix ! Dans cette paix ! Là où mon Jésus a répandu tant de paroles et tant d’esprit de paix ! Là où, il est vrai, il a souffert jusqu’à suer du sang et jusqu’à recevoir la suprême douleur morale du baiser infâme et les premiers… »

Un sanglot et un souvenir très pénible lui coupent la parole et bouleversent son visage qui reprend un instant l’expression de souffrance qu’il avait dans les jours de la passion et de la mort de son Fils.

Puis elle se ressaisit :

« Là où il est retourné dans la paix infinie du Paradis ! Je vais envoyer sans tarder à Marie, femme d’Alphée, l’ordre de garder ma maison de Nazareth, qui m’est si chère parce que c’est là que s’est accompli le mystère et qu’est mort mon époux, si pur et si saint, et qu’a grandi Jésus. Elle m’est très chère, mais jamais autant que ces lieux où il a institué le Rite des rite, et s’est fait Pain, Sang, Vie pour les hommes, où il a souffert et racheté, où il a fondé son Eglise et, par sa dernière bénédiction[2], rendu bonne et sainte toute la Création. Oui, je vais rester ici. J’irai à Gethsémani. Et de là je pourrai, en suivant les murs par l’extérieur, me rendre au Golgotha et dans ton jardin, Joseph, où j’ai tant pleuré, et aussi venir chez toi, Lazare, où j’ai toujours reçu, en mon Fils d’abord, et pour moi ensuite, tant d’amour.

642.5

Mais je voudrais…

– Quoi, Bénie ? lui demandent les deux hommes.

– Je voudrais pouvoir revenir ici aussi. Car, avec les apôtres, nous aurions décidé, si Lazare le permet…

– Tout ce que tu veux, Mère. Tout ce qui est à moi est à toi. Je le confiais auparavant à Jésus, désormais c’est à toi que je le dis. Et si tu acceptes mon cadeau, c’est moi qui reçois une grâce.

– Mon fils, laisse-moi t’appeler ainsi, je voudrais que tu nous accordes de faire de cette maison, c’est-à-dire du Cénacle, le lieu de la réunion et de l’agape fraternelle.

– C’est juste. C’est ici que ton Fils a institué le nouveau Rite éternel, et établi la nouvelle Eglise, en élevant au nouveau pontificat et au sacerdoce ses apôtres et disciples. Il est juste que cette pièce devienne le premier temple de la nouvelle religion. C’est la semence qui deviendra demain un arbre et ensuite une immense forêt, le germe qui sera demain un organisme vivant, complet et qui ne cessera de grandir en hauteur, profondeur et largeur, pour s’étendre sur toute la terre. Quelle table et quel autel sont plus saints que ceux sur lesquels Jésus a partagé le pain et posé la coupe du nouveau Rite qui durera tant que durera la terre ?

– C’est vrai, Lazare. Et, tu vois ? C’est pour lui que je suis occupée à coudre les nappes pures. Car je crois, comme personne ne croira avec une pareille puissance, que le pain et le vin, c’est lui, avec sa chair et son sang, chair toute sainte et tout innocente, sang rédempteur, donnés aux hommes en nourriture et en boisson de vie éternelle. Que le Père, le Fils et l’Esprit Saint vous bénissent, vous qui êtes toujours bons, sages, pleins de pitié pour le Fils et sa Mère.

642.6

– Alors, c’est décidé. Voici la clé qui ouvre les différentes grilles de l’enceinte de Gethsémani, et voilà la clé de la maison. Sois heureuse autant que Dieu t’accorde de l’être, et autant que notre pauvre amour souhaite que tu le sois. »

A son tour, Joseph d’Arimathie dit :

« Et voici la clé de l’enceinte de mon jardin.

– Mais toi… Tu as bien le droit d’y entrer, toi !

– J’en ai une autre, Marie. Le jardinier est un juste, de même que son fils. Tu ne pourras trouver là-bas qu’eux deux, et moi. Et nous serons tous prudents et respectueux.

– Que Dieu vous bénisse de nouveau, répète Marie.

– C’est nous qui te remercions, Mère. Que notre amour et la paix de Dieu soient avec toi, toujours. »

Ils se prosternent après cette dernière salutation, baisent de nouveau le bord de son vêtement et s’en vont.

642.7

A peine sont-ils sortis de la maison qu’un autre coup discret se fait entendre à la porte de la pièce où se tient Marie.

« Entre donc » dit Marie.

Jean ne se le fait pas dire deux fois. Il entre et ferme la porte, un peu agité :

« Que voulaient Joseph et Lazare ? Y a-t-il quelque danger ?

– Non, mon fils. Il n’y a que l’exaucement d’un de mes désirs. Mon désir et celui des autres. Tu sais combien Pierre et Jacques, fils d’Alphée, — le premier pontife et le chef de l’Eglise de Jérusalem — sont désolés à la pensée de me perdre et craignent de ne pas savoir s’en sortir sans moi. Jacques surtout. Même l’apparition spéciale de mon Fils à lui, son élection voulue par Jésus, ne le consolent pas et ne lui donnent pas courage. Mais aussi les autres… Lazare satisfait maintenant ce désir général et nous rend maîtres de Gethsémani. Toi et moi, seuls, là-bas. Voici les clés. Et voilà celle du jardin de Joseph… Nous pourrons aller au tombeau, à Béthanie, sans passer par la ville… Et aussi au Golgotha… Et venir ici chaque fois qu’il y aura l’agape fraternelle. Tout nous est accordé par Lazare et Joseph.

– Ce sont deux véritables justes. Lazare a reçu beaucoup de Jésus, c’est vrai. Mais aussi, avant de recevoir, il a toujours tout donné à Jésus. Es-tu heureuse, Mère ?

– Oui, Jean, tellement heureuse ! Je vivrai, tant que Dieu le voudra, pour assister Pierre, Jacques et vous tous, et j’aiderai les premiers chrétiens de toutes les façons. Si les juifs, les pharisiens et les prêtres ne sont pas féroces à mon égard, comme ils l’ont été envers mon Fils, je pourrai rendre l’esprit là où lui s’est élevé vers le Père.

642.8

– Tu t’élèveras aussi, Mère.

– Non. Je ne suis pas Jésus, moi. Je suis née humainement.

– Mais sans la tache originelle. Moi, je suis un pauvre pêcheur ignorant. En fait de doctrine et d’Ecritures, je ne sais rien d’autre que ce que le Maître m’a enseigné. Pourtant je suis comme un enfant, car je suis pur. Et grâce à cela, peut-être, j’en sais plus que les rabbis d’Israël parce que, comme il l’a dit, Dieu cache les choses aux sages et il les révèle aux petits, aux purs. Et grâce à cela, je pense — ou plutôt je le sens — que tu auras le sort qu’aurait connu Eve si elle n’avait pas péché. Et plus encore, puisque tu n’as pas été l’épouse d’un Adam-homme, mais de Dieu pour donner à la terre le nouvel Adam fidèle à la grâce.

Le Créateur, en créant nos premiers parents, ne les avait pas destinés à la mort, c’est-à-dire à la corruption du corps le plus parfait qu’il ait formé et rendu le plus noble de tous les corps créés parce que doué d’une âme spirituelle et des dons gratuits de Dieu, grâce auxquels ils pouvaient se dire “ enfants adoptifs de Dieu ”. Il voulait seulement qu’ils passent du paradis terrestre au Paradis céleste. Or toi, tu n’as jamais eu de tache d’aucun péché sur ton âme. Même le grand péché commun à tous, cet héritage d’Adam pour tous les humains, ne t’a pas frappée : Dieu t’en a préservée par un privilège singulier, unique, puisque depuis toujours tu étais destinée à devenir l’Arche du Verbe. Même l’Arche d’Alliance qui ne contient malheureusement que des choses froides, arides, mortes, puisque en vérité le peuple de Dieu ne les met pas en pratique comme il le devrait, est, et devrait être, toujours toute pure. L’Arche l’est, oui. Mais qui, parmi ceux qui s’en approchent, pontife comme prêtres, l’est réellement, comme tu l’es ? Personne. C’est pourquoi je sens que toi, seconde Eve et Eve fidèle à la grâce, tu n’auras pas à subir la mort.

642.9

– Mon Fils, second Adam, qui était la Grâce elle-même, toujours parfaitement obéissant au Père et à moi, est mort. Et de quelle mort!

– Il était venu pour être le Rédempteur, Mère. Il a quitté le Père, le Ciel, pour prendre chair afin de racheter les hommes par son sacrifice, leur rendre la grâce, et donc les élever de nouveau au rang de fils adoptifs de Dieu, héritiers du Ciel. Lui devait mourir, et mourir avec son humanité très sainte. Et toi, tu es morte dans ton cœur, en voyant son supplice atroce et sa mort. Tu as déjà tout souffert pour être rédemptrice avec lui. Je suis un pauvre sot, mais je sens que toi, en tant qu’Arche véritable du Dieu vrai et vivant, tu ne seras pas, tu ne peux pas être soumise à la corruption. Comme la nuée de feu[3] protégea et dirigea l’Arche de Moïse vers la Terre Promise, ainsi le Feu de Dieu t’attirera à son Centre. Comme la verge d’Aaron ne sécha pas, ne mourut pas, mais, bien que détachée de l’arbre, produisit des bourgeons, des feuilles et des fruits, et vécut dans le Tabernacle, ainsi toi, choisie par Dieu entre toutes les femmes qui ont habité et habiteront la terre, tu ne mourras pas comme une plante qui se dessèche, mais tu vivras éternellement dans l’éternel Tabernacle des Cieux, en toute intégrité. Comme les eaux du Jourdain s’ouvrirent pour laisser passer l’Arche, ceux qui la portaient et le peuple tout entier, au temps de Josué, ainsi pour toi s’ouvriront les barrières que le péché d’Adam a mises entre la terre et le Ciel, et tu passeras de ce monde au Ciel éternel. J’en suis certain, car Dieu est juste. Et pour toi s’applique le décret qu’il a émis pour celui qui n’a ni le péché héréditaire, ni un péché volontaire sur son âme.

642.10

– C’est Jésus qui t’a révélé cela ?

– Non, Mère. Celui qui me l’a dit, c’est l’Esprit Paraclet, lui dont le Maître nous a avertis qu’il allait nous révéler toute vérité et ce qui devait advenir. Le Consolateur déjà me l’a annoncé spirituellement pour me rendre moins amère la pensée de te perdre, Mère bénie que j’aime et vénère autant et plus que la mienne pour ce que tu as souffert, pour ta bonté et ta sainteté, qui n’est inférieure qu’à celle de ton très saint Fils, parmi tous les saints présents et à venir. Tu es la plus grande sainte. »

Et Jean, tout ému, se prosterne pour la vénérer.

642.1

Mary is still in the house of the Supper room. All alone in Her usual room, She is sewing some very fine linen cloths, like long narrow table-cloths. Now and again She raises Her head to look at the garden and ascertain thus the time of the day by the position of the sunshine on its walls. And if She hears a noise in the house or in the street, She listens carefully. She seems to be waiting for someone.

Some time goes by so. Then there is a knock at the door of the house, followed by the rustling of sandals of someone who rushes to open it. Voices of men resound in the corridor and they become louder and louder and closer and closer.

Mary listens… Then She exclaims: «Are they here?! What on earth has happened?!» While She is still uttering these words, somebody knocks at the door of Her room. «Come in, brothers in Jesus, My Lord» replies Mary.

Lazarus and Joseph of Arimathea enter, and greeting Her with deep veneration they say: «Blessed are You among all mothers! The servants of Your Son and our Lord greet You», and they prostrate themselves to kiss the hem of Her dress.

«The Lord be always with you. For what reason, and while the ferment of the persecutors of the Christ and of His followers has not yet ceased, have you come to Me?»

«First of all, to see You. Because seeing You is still seeing Him, and thus we feel less distressed because of His departure from the Earth. And then to propose to You what we have resolved to do, after a meeting in my house of the more loving and faithful servants of Jesus, Your Son and our Lord» Lazarus replies to Her.

«Tell Me. It will be your love that speaks to Me, and with My love I will listen to you.»

642.2

Joseph of Arimathea now begins to speak and says: «Woman, You know and You have said so, that the ferment, now even worse, still lasts against all those who have been close to Your Son and God’s, either through relationship, or faith, or friendship. And we are aware that You do not intend to leave these places, where You have seen the perfect manifestation of the divine and human nature of Your Son, His total mortification, and His total glorification, through His Passion and Death as true Man, through His glorious Resurrection and Ascension, as true God. And we also know that You do not want to leave the apostles all alone, as You wish to be a Mother and guide to them in their first trials, You, the See of Divine Wisdom, You, the Spouse of the Spirit Revealer of the Eternal Truths, You, eternally beloved Daughter of the Father Who from eternity chose You as Mother of His Only-Begotten Son, You, the Mother of this Word of the Father, Who certainly taught You His infinite and most perfect Wisdom and Doctrine, even before He was in You, as a creature that was forming, or He was with You as a Son Who grows in age and wisdom to such an extent as to become the Master of masters. John told us the day after the first astonishing sermon and apostolic manifestation, which took place ten days after the Ascension of Jesus to Heaven. You, in turn, know, as You saw it at Gethsemane on the day of the Ascension of Your Son to His Father, and as You were told by Peter, John and other apostles, that Lazarus and I, immediately after the Death and Resurrection, began to build a wall around my vegetable garden near Golgotha and at Gethsemane on the Mount of Olives, so that those places, sanctified by the Divine Martyr’s Blood, that dropped, alas!, warmed by fever at Gethsemane, and frozen and clotted in my garden, may not be profaned by Jesus’ enemies. The work has now been completed, and both Lazarus and I, and his sisters with him and the apostles, who would suffer too much not having You here any longer, say to You: “Take up Your abode in the house of Jonah and Mary, the keepers of Gethsemane”.»

642.3

«And Jonah and Mary? That house is a small one, and I love solitude. I have always loved it. And I love it even more now, because I need it to get lost in God, in My Jesus, so that I may not die of anguish, not having Him here any longer. It is not fair that human eyes should be laid on the mysteries of God, because He is God now more than ever. I Woman, Jesus Man. But our Humanity was, and is, different from every other one, both because of our immunity from sin, also from the original one, and because of our relationship with God One and Trine. We are unique in these things among all creatures past, present and future. Now man, even the best and most prudent one, is naturally and inevitably curious, particularly if he is near an extraordinary manifestation. And only Jesus and I, as long as He was on the Earth, know what sufferings… yes, also shame, uneasiness, torture is experienced when human curiosity pries into, watches, spies upon our secrets with God. It is the same as if they placed us naked in the middle of a square. Think of My past, how I have always sought secrecy, silence, how I have always concealed, under the appearance of the common life of a poor woman, the mysteries of God in Me. Recall how, in order not to reveal them even to My spouse Joseph, I almost made of him, a just man, an unjust one. Only the angelic intervention avoided that danger[1]. Think of the life so humble, hidden, common, led by Jesus for thirty-three years, how easily He would withdraw and become isolated when He was the Master. He had to work miracles and teach, because that was His mission. But, He told Me Himself, He suffered – one of the many reasons for the severity and sadness that flashed in His large powerful eyes – He suffered, I was saying, because of the exaltation of the crowds, because of the more or less good curiosity with which they watched every action of His. How many times did He order His disciples and those He had cured miraculously, saying: “Do not mention what you have seen. Do not mention what I have done for you”!… Now I should not like human eyes to inquire into the mysteries of God in Me, mysteries that have not ceased with the return to Heaven of Jesus, My Son and My God, no, on the contrary they last, and I should say that they increase, thanks to His goodness, and to keep Me alive, until the hour comes, for which I have longed so much, of joining Him forever.

642.4

I would like only John with Me. Because he is prudent, respectful, loving with Me like another Jesus. But Jonah and Mary will know…»

Lazarus interrupts Her: «It has already been done, o Blessed Mother! We have already seen to it. Mark, Jonah’s son, is among the disciples. Mary, his mother and Jonah, his father, are already at Bethany.»

«But the olive-grove? It needs to be taken care of!» Mary replies to him.

«Only when it is time to prune, to plough and pick the olives. So, only a few days each year and which will be even fewer, because in those periods I will send my servants from Bethany with Mark. You, Mother, if You want to make us happy, my sisters and me, will come to Bethany in those days, to the Zealot’s solitary house. We shall be close to one another, but our eyes will not be indiscreet with regard to Your meetings with God.»

«But the oil-mill?..»

«It has already been transferred to Bethany. Gethsemane, completely enclosed, the property even more reserved, of Lazarus of Theophilus, is awaiting You, Mary. And I assure You that the enemies of Jesus, out of fear of Rome, will not dare to violate its peace and Yours.»

«Oh! since it is so!» exclaims Mary. And She presses Her hands against Her heart, and looks at them, with a countenance that is almost ecstatic, so blissful it is, with an angelic smile on Her lips and tears of joy on Her fair eyelashes. She continues: «John and I! Alone! We two all alone! I shall seem to be once again at Nazareth with My Son! Alone! In peace! In that peace! Where My Jesus gave forth so many words and so much spirit of peace! Where, it is true, He suffered so much that He sweated blood and received the supreme moral sorrow of the infamous kiss and the first…» A sob and a very painful recollection interrupt Her words and upset Her face that, for a few moments, has once more the sorrowful expression it had on the days of the Passion and Death of Her Son. She then collects Herself and says: «There, where He went back to the infinite peace of Paradise! I will soon send Mary of Alphaeus instructions to look after My little house in Nazareth, which is so dear to Me, because the mystery was accomplished there and My spouse so pure and holy, died there, and Jesus grew up in it. So dear! But never as much as these places where He instituted the Rite of rites and He became Bread, Blood, Life for men, and He suffered and redeemed, and He founded His Church and, with His last blessing[2], He made all the things of Creation good and holy. I will remain. Yes. I will remain here. I will go to Gethsemane. And from there, walking along the outside of the walls, I shall be able to go to Golgotha, and to your vegetable garden, Joseph, where I wept so much, and I shall be able to come to your house, Lazarus, where I have always had so much love, in My Son first, and then for Myself.

642.5

But I should like…»

«What, Blessed Mother?» they both ask Her.

«I should like to come back here as well. Because together with the apostles, we had decided, providing Lazarus allows us…»

«Everything You want, Mother. Everything I have, is Yours. Previously I used to say so to Jesus. Now I say it to You. And if You accept My gift, it is always I who receive a grace.»

«Son, let Me call you so, I should like you to allow us to make of this house, that is of the Supper room, a place for meetings and for the brotherly agape[3]

«It is just. In this place Your Son instituted the new eternal Rite, He founded His new Church, elevating His apostles and disciples to a new Pontificate and Priesthood. It is just that that room should become the first temple of the new religion: the seed that tomorrow will be a tree, and then a huge forest, the embryo that tomorrow will be a complete vital organism, and that will grow more and more in height, depth and width, spreading all over the Earth. Which table and altar are holier than the ones on which He broke the Bread and laid the Chalice of the new Rite, that will last as long as the Earth?»

«That is true, Lazarus. And, see? For it I am sewing clean table-cloths. Because I believe, as no one will believe with equal strength that the Bread and Wine are He, in His Flesh and in His Blood; Most holy and innocent Flesh, Redeeming Blood, given in Food and Drink of Life to men. May the Father, the Son and the Holy Spirit bless you, o good wise men, who have always been compassionate to the Son and-to His Mother.»

642.6

«So it is decided. Take this. It is the key that opens the various gates of the enclosure of Gethsemane. And this is the key of the house. And be happy, as much as God grants You to and as much as our poor love would like You to be.»

Now that Lazarus has finished speaking, Joseph of Arimathea in turn says: «And this is the key of the enclosure of my vegetable garden.»

«But you… you are quite entitled to go in!»

«I have another one, Mary. The market-gardener is a just man, and so is his son. You will find only them and me there. And we will be prudent and respectful.»

«May God bless you again» repeats Mary.

«Thanks to you, Mother. Our love and the peace of God to You, always.» They prostrate themselves after this last greeting, they kiss the hem of Her dress once again and they go away.

642.7

They have just gone out of the house, when another moderate knock is heard at the door of the room in which Mary is.

«Come in» says Mary.

John does not make Her repeat it twice. He goes in and closes the door, somewhat worried. He asks: «What did Joseph and Lazarus want? Is there any danger?»

«No, son. There is only the satisfaction of a wish of Mine. A wish of Mine and of other people. You know how Peter and James of Alphaeus, the former the Pontiff, the latter the head of the church of Jerusalem, are desolate at the thought of losing Me, as they are afraid they will not know what to do without Me. James in particular. Not even the special apparition of My Son to him, and his election by the will of Jesus, comfort and fortify him. But also the others!… Lazarus is now satisfying this general wish and makes us the masters of Gethsemane. You and I. All alone there. Here are the keys. And this is the key of Joseph’s garden… We shall be able to go to the Sepulchre, to Bethany, without going through the town… And to go to Golgotha… And come here every time there is the brotherly agape. Lazarus and Joseph are granting us everything.»

«They are really two just men. Lazarus received a lot from Jesus. That is true. But, even before receiving, He always gave everything to Jesus. Are You happy, Mother?»

«Yes, John. So much! I will live, as long as God wants, helping Peter and James and all of you, and I will help the first Christians in every way. If the Judaeans, the Pharisees and the priests are not wild animals also towards Me, as they were for My Son, I shall be able to depart where He ascended to His Father.»

642.8

«You will ascend as well, Mother.»

«No. I am not Jesus. I was born in a human way.»

«But without stain of origin. I am a poor ignorant fisherman. With regard to doctrines and scriptures I know only what the Master taught me. But I am like a boy, because I am pure. And so, perhaps I know more than the Rabbis of Israel, because, He said so, God hides things from the wise and reveals them to the little and pure ones. And that is why I think, or better, I feel that You will have the destiny that Eve would have had, if she had not sinned. And even more, because You have not been the spouse of an Adam-man, but of God, to give the Earth the new Adam faithful to Grace. The Creator, when He created our first Parents, did not destine them to die, that is to the corruption of the most perfect body created by Him, and made the most noble among all the bodies created, because it is endowed with a spiritual soul and with the gratuitous gifts of God, whereby they could be called “adoptive sons of God”, but what He wanted for them was only a passage from the earthly Paradise to the celestial one. Now You have never had any stain of sin on Your soul. Not even the great common sin, the heritage of Adam to all human beings, affected You, because God preserved You from it by a singular unique privilege, as from ever, You had been destined to become the Ark of the Word. And the Ark, even the one that, alas!, contains nothing but cold, arid, dead things, because, really, the people of God do not put them into practice as they should, is and must always be most pure. The Ark is, yes. But among those who approach it, Pontiff and Priests, who is really as pure as You are? No one. That is why I feel that You, the second Eve, and Eve faithful to Grace, are not destined to death.»

642.9

«My Son, the second Adam, Grace itself, always obedient to His Father, to Me, in a perfect manner, died. And of what death!»

«He had come to be the Redeemer, Mother. He left His Father, Heaven, He took Flesh upon Himself, in order to redeem men, through His Sacrifice, give Grace back to them, and then elevate them once again to the rank of adoptive sons of God, heirs to Heaven. He had to die. And His Most Holy Humanity died. And You died in Your heart seeing His cruel torture and His Death. You have already suffered everything to be the redeemer with Him. I am a poor foolish boy, but I feel that You, the true Ark of the true living God, will not be, You cannot be subject to corruption. As the cloud of fire protected and guided the Ark of Moses towards the promised Land, so the Fire of God will attract You to its Centre. As the branch of Aaron[4] did not wither, did not perish, on the contrary, although detached from the tree, it put forth buds, leaves and yielded fruit and lived in the Tabernacle, so You, chosen by God among all the women who lived and will live on the Earth, will not die like a plant that withers, but You will live forever, with Your whole Self, in the Tabernacle of Heaven. As the waters of the Jordan[5] opened to let the Ark, its bearers and all the people pass in the days of Joshua, so the barriers that the sin of Adam placed between Heaven and Earth will open for You, and from this world You pass to the eternal Heaven. I am sure of that. Because God is just. And the decree issued by God for those who have neither hereditary nor voluntary sin on their souls applies to You.»

642.10

«Has Jesus revealed that to you?»

«No, Mother. The Spirit Paraclete tells me, He Who the Master informed us would reveal future things and all truth to us. The Comforter is already telling me in my spirit, to make less bitter for me the thought of losing You, blessed Mother, Whom I love and venerate as much and even more than my own mother, because of what You have suffered, because You are good and holy, inferior only to Your Most Holy Son among all present and future Saints. The greatest Saint.» And John, deeply moved, prostrates himself venerating Her.


Notes

  1. un tel danger, relaté aussi en Mt 1, 18-21, est décrit par Maria Valtorta comme “ notre première Passion ” en 25.9/11.
  2. sa dernière bénédiction, en 638.21.
  3. la nuée de feu, en Ex 13, 21-22 ; Nb 9, 15-23 ; la verge d’Aaron, en Nb 17, 23-26 ; les eaux du Jourdain, en Jo 3, 14-17.

Notes

  1. that danger, in Matthew 1:18-21, described by the Blessed Virgin as “our first Passion” in 25.9/11.
  2. His last blessing, in 638.21.
  3. agape: ritual Eucharistic meal.
  4. the cloud of fire, in: Exodus 13:21-22; Numbers 9:15-23; the branch of Aaron, in Numbers 17:23-26:
  5. the waters of the Jordan, in: Joshua 3:14-17.