The Writings of Maria Valtorta

70. A Gethsémani avec Jean.

70. At Gethsemane with John of Zebedee.

70.1

Je vois Jésus se diriger vers une petite maison basse et blanche au milieu de l’oliveraie. Un tout jeune garçon le salue. Il semble être d’ici car il tient des outils pour arroser et sarcler.

« Que Dieu soit avec toi, Rabbi. Ton disciple Jean est venu et il est reparti maintenant pour aller à ta rencontre.

– Il y a longtemps ?

– Non, il vient de prendre ce sentier. Nous pensions que tu arriverais de Béthanie… »

Jésus part en hâte, bondit dans l’autre sens. Il aperçoit Jean qui descend presque au pas de course vers la ville, et il l’appelle.

Le disciple se retourne et, le visage illuminé de joie, il s’écrie : « Oh, mon Maître ! » et revient en arrière en courant.

Jésus lui ouvre les bras et ils s’embrassent tous deux affectueusement.

« Je venais te chercher… Je croyais que tu étais allé à Béthanie, comme tu l’avais dit.

– Oui, j’en avais l’intention. Il me faut commencer à évangéliser aussi les alentours de Jérusalem. Mais ensuite j’ai été retenu en ville… pour instruire un nouveau disciple.

– Tout ce que tu fais est bien fait, Maître et réussit. Tu le vois ? Même maintenant, nous nous sommes aussitôt retrouvés. »

Ils marchent tous deux ; Jésus a passé un bras sur les épaules de Jean qui, étant plus petit, le regarde par-dessous, tout heureux de cette intimité. Ils reviennent ainsi vers la petite maison.

« Il y a longtemps que tu es arrivé ?

– Non, Maître. Je suis parti de Docco à l’aube avec Simon à qui j’ai dit ce que tu voulais. Puis nous avons fait une pause dans la campagne de Béthanie en partageant notre repas et en parlant de toi aux paysans que nous rencontrions dans les champs. Quand le soleil est devenu moins chaud, nous nous sommes séparés. Simon est allé chez un ami auquel il voulait parler de toi. C’est le propriétaire de Béthanie presque tout entière. Il le connaissait auparavant, du vivant de leurs pères à eux deux. Mais demain Simon viendra ici. Il m’a dit de te dire qu’il est heureux de te servir. C’est un homme très capable, Simon. Je voudrais être comme lui, mais je suis un garçon ignorant.

– Non, Jean. Toi aussi tu agis très bien.

– Tu es réellement content de ton pauvre Jean ?

– Très content, mon Jean, très.

– Oh ! Mon Maître ! »

Dans un élan, Jean se penche pour saisir la main de Jésus. Il la baise et la passe sur son visage comme pour le caresser.

70.2

Arrivés à la maisonnette, ils entrent dans la cuisine basse et enfumée. Le maître de maison les salue :

« Que la paix soit avec toi ! »

Jésus répond :

« Paix à cette maison, à toi et à ceux qui vivent avec toi. Un disciple m’accompagne.

– Pour lui aussi, il y aura du pain et de l’huile.

– J’ai apporté du poisson séché que m’ont donné Jacques et Pierre. Et en passant à Nazareth, ta Mère m’a donné du pain et du miel pour toi. J’ai marché sans arrêt, mais maintenant il doit être dur.

– Peu importe, Jean, il aura toujours la saveur des mains de ma Mère. »

Jean tire ses trésors de la besace qu’il avait posée dans un coin. Je vois préparer le poisson sec d’une manière insolite. On le plonge quelques instants dans l’eau chaude, puis on le badigeonne d’huile et on le fait griller sur la flamme.

Jésus bénit la nourriture et s’assied à table avec son disciple. Le maître de maison – que j’entends appeler Jonas – et son fils s’y asseyent eux aussi. La mère va et vient, apportant le poisson, les olives noires, des légumes cuits à l’eau et assaisonnés à l’huile. Jésus offre aussi du miel. Il l’offre à la mère en l’étendant sur le pain.

« Il vient de mes ruches, dit-il. Ma Mère prend soin des abeilles. Mange-le, il est bon. Tu es tellement bonne avec moi, Marie, que tu mérites bien ça, et plus encore », ajoute-t-il parce que la femme ne voudrait pas le priver de ce doux miel.

Le repas se termine rapidement au milieu de brèves conversations. A peine ont-il fini et rendu grâces pour la nourriture prise que Jésus propose à Jean :

« Viens, sortons un peu dans l’oliveraie. La nuit est tiède et claire. Il fera bon rester un peu dehors. »

Le maître de maison dit :

« Maître, je te salue. Je suis fatigué et mon fils aussi. Nous allons nous reposer. Je laisse la porte poussée et la lumière sur la table. Tu sais comment faire.

– Oui, vas-y, Jonas, et éteins aussi la lampe. Il fait un si beau clair de lune que nous y verrons sans lumière.

– Mais ton disciple, où dormira-t-il ?

– Avec moi. Sur ma natte, il y a encore de la place pour lui ; n’est-ce pas, Jean ? »

Jean est ravi à l’idée de dormir à côté de Jésus.

70.3

Ils sortent dans l’oliveraie, mais auparavant Jean a pris quelque chose dans le sac posé dans le coin. Ils font quelques pas et arrivent sur un talus d’où l’on voit toute la ville de Jérusalem.

« Asseyons-nous ici et discutons » dit Jésus.

Mais Jean préfère s’asseoir à ses pieds sur l’herbe courte et il reste, le bras appuyé sur les genoux de Jésus, la tête posée sur son bras, jetant de temps à autre un regard sur son Jésus. On dirait un enfant auprès de la personne qui lui est la plus chère.

« C’est beau, ici aussi, Maître. Regarde comme la ville semble grande, la nuit. Plus que de jour.

– C’est parce que la lumière de la lune en estompe les contours. Vois, on dirait qu’une lumière argentée en repousse les limites. Regarde le sommet du Temple, là-haut. Ne semble-t-il pas suspendu dans le vide ?

– On dirait que les anges le portent sur leurs ailes d’argent. »

Jésus soupire.

« Pourquoi soupires-tu, Maître ?

– Parce que les anges ont abandonné le Temple. Son aspect de pureté et de sainteté se limite à ses murs. Chaque lieu a son âme, c’est-à-dire l’esprit pour lequel il fut édifié, et le Temple devrait avoir une âme de prière, de sainteté. Or ceux qui devraient donner cette âme au Temple sont les premiers à la lui enlever. On ne peut donner ce qu’on ne possède plus, Jean. Et s’il y a beaucoup de prêtres et de lévites qui vivent là, il n’y en a pas même un sur dix qui soit en état de donner la vie au Lieu saint. C’est la mort qu’ils donnent. Ils lui communiquent la mort qui est dans leur âme, la mort à ce qui est saint. Ils ont beau connaître les formules, ils n’ont pas la vie qui devrait les animer. Ce sont des cadavres qui n’ont d’autre chaleur que celle qui leur vient de la putréfaction qui les gonfle.

– Est-ce qu’ils t’ont fait du mal, Maître ? »

Jean est tout désolé.

« Non, ils m’ont même laissé parler quand je leur ai demandé de le faire.

– Tu l’as demandé ? Pourquoi ?

– Parce que je ne veux pas être celui qui déclare la guerre. La guerre viendra quand même, car certains auront de moi une sotte peur humaine, et je serai un reproche pour d’autres. Mais cela doit être porté sur leur livre, pas sur le mien. »

70.4

Après un moment de silence, Jean reprend :

« Maître… Moi, je connais Hanne et Caïphe. Ma famille a avec eux des rapports d’affaires et, quand j’étais en Judée, à cause de Jean-Baptiste, je venais aussi au Temple ; ils se montraient gentils avec le fils de Zébédée. Mon père leur réserve toujours le meilleur poisson ; c’est la coutume, sais-tu ? Quand on veut les avoir pour amis, garder leur amitié, il faut agir ainsi…

– Je le sais. »

Le visage de Jésus s’assombrit.

« Eh bien, si tu es d’accord, je parlerai de toi au grand prêtre. Et puis… si tu veux, je connais quelqu’un qui a des rapports d’affaires avec mon père. C’est un riche marchand de poisson. Il a une belle et grande maison près de l’Hippique, car ce sont des gens riches, mais aussi très bons. Tu y serais plus à ton aise et tu te fatiguerais moins. Pour arriver jusqu’ici on doit passer aussi par ce faubourg d’Ophel, si turbulent et toujours encombré d’ânes et d’adolescents querelleurs.

– Non, Jean. Je te remercie. Mais je suis bien ici. Vois-tu cette paix ? Je l’ai dit aussi à l’autre disciple qui me faisait la même proposition. Lui, il disait : “ Pour être mieux considéré. ”

– Moi, je le disais pour que tu te fatigues moins.

– Je ne me fatigue pas. Je marcherai beaucoup et ne me fatiguerai jamais. Sais-tu ce qui me fatigue ? Le manque d’amour. Ah ! Quel poids cela représente pour moi, c’est comme si j’avais un poids sur le cœur !

– Moi, je t’aime, Jésus.

– Oui, et tu me soulages. Je t’aime beaucoup, Jean, et je t’aimerai toujours, car toi, tu ne me trahiras jamais.

– Te trahir ! Oh !

– Et pourtant ils seront nombreux à me trahir…

70.5

Jean, é­coute : je t’ai dit que je me suis attardé pour instruire un nouveau disciple. C’est un jeune juif, instruit et connu.

– Alors, tu auras beaucoup moins de mal qu’avec nous, Maître. Je suis content que tu aies quelqu’un de plus capable que nous.

– Tu crois que j’aurai moins de mal ?

– S’il est moins ignorant que nous, il te comprendra mieux et te servira mieux, surtout s’il t’aime mieux !

– Voilà : tu as bien parlé. Mais l’amour n’est pas proportionnel à l’instruction, ni à l’éducation. Un cœur vierge aime avec toute la force de son premier amour. Cela vaut aussi pour la virginité de la pensée. Et l’amour s’imprime davantage dans un cœur et une pensée vierges que là où ont déjà existé d’autres amours. Mais si Dieu le veut… Ecoute, Jean : je te prie d’être pour lui un ami. Mon cœur tremble de te placer, toi l’agneau encore jamais tondu, auprès de celui qui connaît la vie. Mais même s’il se calme parce qu’il sait que, certes tu seras un agneau, mais aussi un aigle, et si cet homme habile veut te mettre à terre, sur le sol boueux, le sol du bon sens humain, toi, d’un coup d’aile, tu sauras te libérer et ne vouloir que l’azur et le soleil. Dans ce but, je te prie – en restant tel que tu es –… d’être l’ami de ce nouveau disciple que Simon-Pierre et d’autres n’aimeront guère, pour faire passer en lui ton cœur…

– Oh ! Maître, mais n’y suffis-tu pas ?

– Moi, je suis le Maître auquel il ne dira pas tout. Tu es le condisciple, beaucoup plus jeune, à qui il est plus facile de s’ouvrir. Je ne te dis pas de me répéter ses paroles. Je hais les espions et les délateurs, mais je te demande, Jean, de l’évangéliser par ta foi et ta charité, par ta pureté. C’est une terre que souillent des eaux stagnantes. Il faut que le soleil de l’amour l’assainisse, que l’honnêteté des pensées, des désirs et des actes la purifie, enfin que la foi la cultive. Tu peux le faire.

– Si tu crois que je le peux… Ah oui ! Si tu me dis que je le peux, je le ferai. Par amour pour toi…

– Merci, Jean.

70.6

– Maître, tu as parlé de Simon-Pierre, et il me revient à l’esprit ce que je devais te dire d’abord. Mais la joie de t’entendre m’a fait l’oublier. De retour à Capharnaüm après la Pentecôte, nous avons tout de suite trouvé la somme habituelle de cet inconnu. L’enfant l’avait portée à ma mère. Je l’ai donnée à Pierre qui me l’a rendue en me disant d’y puiser un peu pour le retour et le séjour à Docco. Il m’avait dit de t’apporter le reste pour tes besoins éventuels… Pierre s’imaginait que, ici, tout ne serait pas confortable… mais toi, tu dis le contraire… Je n’ai pris que deux deniers pour deux pauvres rencontrés près d’Ephraïm. Pour le reste, j’ai vécu avec ce que m’avait donné ma mère et ce que m’ont donné de braves gens auxquels j’avais annoncé ton nom. Voici la bourse.

– Je la distribuerai demain aux pauvres. Comme ça, Judas apprendra nos habitudes.

– Ton cousin Jude est venu ?[1] Comment a-t-il fait pour être si rapide ? Il était à Nazareth et ne m’a pas parlé de départ…

– Non. Judas, c’est le nouveau disciple. Il est de Kérioth, mais tu l’as vu à Pâques, ici, le soir de la guérison de Simon. Il était avec Thomas.

– Ah ! C’est lui ? »

Jean est un peu interdit.

« C’est lui. Et Thomas, que fait-il ?

– Il a obéi à ton ordre en se séparant de Simon le Cananéen et en longeant la mer à la rencontre de Philippe et de Barthélemy.

– Oui, je veux que vous vous aimiez sans préférences, en vous aidant réciproquement, en vous faisant l’un à l’autre bon visage. Personne n’est parfait, Jean. Ni les jeunes, ni les vieux. Mais avec de la bonne volonté, vous atteindrez la perfection et, ce qui vous manquera, je le mettrai en vous. Vous êtes comme les fils d’une famille sainte. Il y a en elle bien des caractères différents. L’un est rude, l’autre doux, l’un est courageux, l’autre timide, l’un impulsif, l’autre prudent. Si vous étiez tous pareils, vous seriez forts dans un domaine, et déficients dans tous les autres. Ainsi, au contraire, vous formez une union parfaite, parce que vous vous complétez les uns les autres. L’amour vous unit, doit vous unir, pour la cause de Dieu.

– Et pour toi, Jésus.

– D’abord la cause de Dieu, puis l’amour pour son Christ.

– Qu’est-ce que je suis, moi, dans notre famille ?

– Tu es la paix aimante du Christ de Dieu.

70.7

Es-tu fatigué, Jean ? Veux-tu rentrer ? Moi, je reste à prier.

– Je reste aussi à prier avec toi. Laisse-moi rester.

– Eh bien, soit. »

Jésus récite des psaumes et Jean s’y associe, mais sa voix s’éteint et l’apôtre s’endort, la tête sur la poitrine de Jésus, qui sourit et étend son manteau sur les épaules du dormeur, puis continue sûrement à prier mentalement.

Sur ce, la vision prend fin.

70.8

Jésus dit ensuite :

« Encore un parallèle entre Jean et un autre disciple. Parallèle d’où la figure de mon préféré ressort avec encore plus de limpidité.

Il est celui qui se dépouille même de sa façon de penser et de juger pour être “ le disciple ”. C’est celui qui se donne sans vouloir rien retenir de sa personnalité, de celle qu’il avait avant son élection, pas même une molécule. Judas est celui qui ne veut pas se dépouiller de lui-même. C’est donc un don de soi irréel que le sien. Il apporte son moi malade d’orgueil, de sensualité, de cupidité. Il garde sa façon de penser. Il neutralise ainsi les effets du don et de la grâce.

Judas est le type même de tous les apôtres ratés. Et il y en a tant ! Jean est le type de ceux qui, comme toi, se font hostie par amour pour moi.

Ma Mère et moi sommes les hosties par excellence. Il est difficile de nous rejoindre, impossible même, parce que notre sacrifice fut d’une âpreté totale. Mais, mon Jean ! C’est l’hostie que peuvent imiter toutes les catégories de ceux qui m’aiment : vierge, martyr, confesseur, évangélisateur, serviteur de Dieu et de la Mère de Dieu, actif et contemplatif, c’est un exemple pour tous. C’est celui qui aime.

Observe les différentes manières de raisonner. Judas ergote, coupe les cheveux en quatre, se bute, et quand il paraît céder, il garde en réalité sa façon de voir. Jean se prend pour un moins que rien, il accepte tout, ne demande pas de raisons, et se contente de me plaire. Voilà le modèle.

70.9

D’ailleurs, n’as-tu pas senti la paix t’envahir devant sa simple façon d’aimer ? Oh, mon Jean ! Et mon petit Jean que je veux toujours plus semblable à mon bien-aimé. Accepte tout, en redisant toujours comme l’apôtre : “ Tout ce que tu fais est bien fait, Maître ” pour mériter de t’entendre toujours dire : “ Tu es ma paix aimante. ” J’ai besoin de soulagement moi aussi, Maria. Procure-m’en. Mon cœur sera ton repos. »

70.1

I see Jesus going towards the little low white house in the middle of the olive-grove. A young man greets Him. He seems to come from there, because he is holding in his hands pruning and hoeing tools.

«God be with You, Rabbi: Your disciple John came, and he just left to come and meet You.»

«How long ago?»

«Not long, he has just passed that path. We thought You were coming from Bethany…»

Jesus starts walking very fast, He goes round the cliff, He sees John almost running down towards the town and calls him.

The disciple turns around and with his face brightened with joy, he shouts: «Oh! My Master!» and he starts running back.

Jesus receives him with His arms wide open and they embrace each other affectionately.

«I was coming to look for You… We thought You had been to Bethany, as You told us.»

«Yes, I wanted to go. I must start evangelising also the surroundings of Jerusalem. But I stayed in town… to teach a new disciple.»

«Everything You do is well done, Master. And is always successful. See? Even now we met very soon.»

They start walking, and Jesus places an arm on the shoulders of John, who, being shorter than Jesus, looks up at Him, obviously very happy for so much intimacy. They thus start going back to the little house.

«Have you been here long?»

«No, Master. I left Doco at dawn, along with Simon, to whom I gave Your message. Then we stopped together in the country of Bethany, sharing the food we had, and speaking of You to the peasants we found in the fields. When it was cooler, we parted. Simon went to see a friend of his, to whom he wants to speak about You. He owns almost the whole of Bethany. He has known him for a long time, when their fathers were alive. But Simon is coming here tomorrow. He asked me to tell You that he is happy to serve You. Simon is very clever. I would like to be like him. But I am an ignorant boy.»

«No, John, you are doing very well, too.»

«Are You really satisfied with Your poor John?»

«Yes, I am thoroughly satisfied, My dear John. Thoroughly satisfied.»

«Oh! My Master!» John bends down with eagerness to take Jesus’ hand, which he kisses and passes lovingly over his face, as if caressing it.

70.2

They have arrived at the little house. They enter the low smoky kitchen. The landlord greets them: «Peace be with You.»

Jesus replies: «Peace to this house, to you and to those who live here with you. I have a disciple with Me.»

«There will be bread and oil for him, too.»

«I brought some dried fish that James and Peter gave me. And passing by Nazareth, Your Mother gave me some bread and honey for You. I walked all the time without stopping, but it will be dry now.»

«It does not matter, John. It will always have the flavour of My Mother’s hands.»

John pulls out his treasures from the knapsack that he had put in a corner. And I see them prepare the dried fish in a strange way. They put it for a few minutes in hot water, they then put some olive oil on it and they roast it on the fire.

Jesus blesses the food and sits at the table with His disciple. Also the landlord, whose name I hear is Jonah, and his son, sit at the same table. The landlady comes and goes bringing fish, some black olives, boiled vegetables dressed with oil. Jesus offers also some honey. And He offers it to the landlady, spreading it on some bread. «It comes from My beehive» He says. «My Mother looks after the bees. Eat it. It is good. You are so good to Me, Mary, and you deserve much more than this» He then adds, because the woman does not want to deprive Him of the sweet honey.

The supper ends in a short time, while they hold a brief conversation on common topics. As soon as they finish, and after thanking for the food, Jesus says to John: «Come. Let us go out into the olive-grove for a little while. It is a clear, mild night. It will be pleasant to be out there for a short time.»

The landlord says: «Master, I say “good night” to You. I am tired and also my son is tired. We are going to bed. I will leave the door ajar and the lamp on the table. You know what to do.»

«Go, Jonah. And put out the lamp. There is such a bright moonlight, that we will be able to see without any light.»

«But where will Your disciple sleep?»

«With Me. On My mat there is room also for him. Is that right, John?»

John is enraptured at the idea of sleeping beside Jesus.

70.3

They go out into the olive-grove. But before going out, John takes something out of the knapsack in the corner. They walk for a little while and they reach a brow from which the whole of Jerusalem can be seen.

«Let us sit down here and talk a little» says Jesus.

But John prefers to sit at Jesus’ feet on the short grass, and he rests his arm on Jesus’ knees, with his head reclined on his arm, looking now and again at Jesus. He looks like a little boy near the person dearest to him. «It is beautiful also here, Master. Look how large the town seems at night. Larger than by day.»

«It is because the moonlight shades the outlines. See: the borders seem to widen out in a silver brightness. Look at the top of the Temple, up there. Does it not look as if it were suspended in mid air.»

«It seems supported by angels on their silver wings.»

Jesus sighs.

«Why are You sighing, Master?»

«Because the angels have abandoned the Temple. Its feature of purity and holiness is now confined to its walls only. Those who should impress it into its soul — because every place has its soul, that is the spirit for which it was built, and the Temple has, or should have, a soul of prayer and holiness — those who should energise such spirit, are instead the first to suffocate it. You can not give what you do not possess, John. And if there are many priests and Levites living there, not even one tenth of them are capable of giving life to the Holy Place. They give death instead. They transmit the death of their own souls, which are dead to what is holy. They have their formulae. But they do not have the essence of them. They are corpses that are warm only because putrifaction swells them.»

«Have they done You wrong, Master?» John is all upset.

«No. On the contrary they allowed Me to speak when I asked to.»

«Did You ask them? Why?»

«Because I do not want to be the one who starts war. There will be war in any case. Because I shall be the cause of a silly human fear for some, and the cause of reproach for others. But this must be written in their book, not in Mine.»

70.4

They are quiet for a few moments, then John carries on speaking. «Master, I know Annas and Caiaphas. My family has been on business relations with them, and when I came to Judaea to see John, I used to come to the Temple, and they were good to the son of Zebedee. My father always sends them the best fish. That is the custom, You know? If you want them to be friendly and to continue so, you must do that…»

«I know.» Jesus is serious.

«Well, if You wish, I will speak to the High Priest about You. And… if You want, I know a man who is on business terms with my father. He is a rich fish merchant. He has a lovely big house near the Hippicus Tower, because they are very rich people, but they are also very good. You would be more comfortable and You would not get so tired. To come here, You have to come through the suburb of Ophel, which is so wild and always full of donkeys and quarrelsome boys.»

«No, John. Thank you. But I am alright here. See how much peace there is? I told also the other disciple who made the same suggestion. He said: “To enjoy a higher reputation”.»

«I mentioned it that You might not get so tired.»

«I do not get tired. I will walk so much, and I will never tire. Do you know what tires Me? Indifference. Oh! What a burden it is! It is like carrying a weight on your heart.»

«I love You, Jesus.»

«Yes, and you comfort Me. I love you so much, John, and I always will, because you will never betray Me.»

«Betray You! Oh!»

«And yet there will be many who will betray Me…

70.5

John, listen. I told you that I stayed here to teach a new disciple. He is a young Jew, educated and well known.»

«Well, then. You will have to work much less with him than You have to with us, Master. I am glad that You have someone who is more capable than we are.»

«Do you think I will work less?»

«Yes, if he is less ignorant than we are, he will understand You better, and serve You better, especially if he loves You.»

«What you say is right. But love is not proportionate to education or formation. A virgin loves with all the strength of her first love. That applies also to the virginity of mind. And the beloved penetrates and is more deeply impressed on a virgin heart and a virgin mind, rather than on hearts and minds imbued with other loves. But if God wants… Listen, John. I would ask you to be friendly with him. My heart shudders at the thought of putting you, an unshorn lamb, near the expert in life. But it subsides considering that you may well be a lamb, but you are also an eagle, and if the expert will endeavour to make you touch the ground, which is always muddy, the soil of good human sense, with a stroke of your wings, you will be able to free yourself and desire only the clear blue sky and the sun. That is why I ask you to remain as you are and be friendly to the new disciple, inspiring him with your love, because he will not be loved very much by Simon Peter and the others…»

«Oh! Master! Are You not sufficient?»

«I am the Master. Not everything will be said to Me. You are a companion, a little younger, to whom it will be easier for him to unbosom himself. I am not suggesting you should repeat to Me what he tells you. I detest spies and traitors. But I ask you to evangelise him with your faith, your charity, your purity, John. It is a land defiled by stagnant waters. It must be dried up by the sun of love, purified by the integrity of thoughts, desires and deeds, and cultivated with faith. You can do that.»

«If You say I can… Yes! If You say I can do that, I will do it. For Your sake…»

«Thank you, John.»

70.6

«Master, You mentioned Simon Peter. And that reminded me of something I should have told You immediately, but the joy of listening to You made me forget about it. When we went back to Capernaum after Pentecost, we found the usual amount of money from that unknown person. The boy had taken it to my mother. I gave it to Peter, and he handed it back to me, saying I should use some of it on my way back and in my stay at Doco and I should bring You the rest, for whatever need of Yours… because also Peter thought this place might not be comfortable… but You say it is… I took only two coins for two poor people I met near Ephraim. For the rest, I lived with what my mother had given me and what I was given by some good people to whom I preached Your Name. Here is the purse.»

«We will give the money to the poor tomorrow. So Judas also will be acquainted with our custom.»

«Has Your cousin come? How was he so quick? He was at Nazareth and he did not tell me he was leaving…»

«No. Judas is the new disciple. He comes from Kerioth. But you saw him at Passover, here, the evening I cured Simon. He was with Thomas.»

«Ah! It’s him?» John is a little perplexed.

«Yes, it is he. And what is Thomas doing?»

«He carried out Your instructions, he left Simon the Cananean and by the sea road he went to meet Philip and Bartholomew.»

«Yes, I want you to love one another, without preferences, helping one another mutually and bearing with one another, No one is perfect, John, Neither the young nor the old. But if you have goodwill, you will reach perfection and what is wanting in you, I will supply. You are like the children of a holy family. In it there are very different characters. One is strong, another is sweet, or brave, or shy, or impulsive or very cautious. If you were all alike, you would be really strong in one character, but very weak in all the others. Whereas you thus form a perfect union, completed by you all. Love unites you, it must unite you, for the sake of God’s cause.»

«And for Your sake, Jesus.»

«First the cause of God and then the love for His Christ.»

«I… and what am I in our family?»

«You are the loving peace of the Christ of God.

70.7

Are you tired, John? Do you want to go back? I will stay here and pray.»

«I will stay, too, and I will pray with You. Let me stay and pray with You.»

«You may stay.»

Jesus says some psalms and John prays with Him. But his voice dies down and he falls asleep with his head on Jesus’ lap. Jesus smiles and stretches His mantle on the shoulders of the sleeping disciple and continues to pray mentally.

The vision ends in this way.

70.8

Then Jesus says:

«Another comparison between My John and another disciple. A comparison that makes the figure of My beloved disciple clearer and clearer.

He is the one who divests himself also of his own way of thinking and judging, in order to be “the disciple”. He is the one who gives himself without wishing to withhold even a particle of himself, as his self was before becoming a disciple. Judas is the one who does not want to divest himself of himself. His donation is therefore unreal. He carries with himself his ego diseased with pride, sensuality and greed. He maintains his way of thinking. And he thus counteracts the effect of the donation and of Grace.

Judas: the first of all the apostles who failed. And they are so many! John: the first of those who become victims out of love for Me. And you are one of them.

My Mother and I are the sublime Victims. It is difficult to reach us, in fact it is impossible, because our sacrifice was of total bitterness. But My John! He is the victim that all My lovers can imitate: virgins, martyrs, confessors, evangelisers, servants of God and of the Mother of God, devoted to activity or contemplation: he is an example for everyone. He is the one who loves.

Note their different ways of reasoning. Judas investigates, quibbles, is obstinate, even when he pretends to give in, he still has mental reservations. John feels he is nothing, he accepts everything, he does not ask for reasons, he is satisfied with making Me happy. That is the example.

70.9

And did you not feel completely peaceful before his simple dear love? Oh! My John! And My little John, whom I want to be more and more like My beloved. Accept everything, always saying as the apostle: “Everything You do, is well done, Master”, in order to deserve to always hear Me say to you: “You are My loving peace”. I need comfort as well, Mary. Give Me it. My Heart for your rest.»


Notes

  1. Ton cousin Jude est venu ? L’italien ne fait pas la différence entre ces deux formes du même prénom. D’où la confusion de Jean.