The Writings of Maria Valtorta

9. La mort de Joachim et d’Anne fut douce, après une vie de sage fidélité à Dieu dans les épreuves.

9. The peaceful death of Joachim and Anne,

9.1

Jésus dit :

« Comme un crépuscule rapide d’hiver où un vent de neige accumule les nuages dans le ciel, la vie de mes grands-parents s’avança rapidement vers la nuit après que leur Soleil s’était établi devant le Voile sacré du Temple pour y resplendir.

9.2

Mais n’est-il pas dit[1] : “ La Sagesse élève ses enfants et prend soin de ceux qui la cherchent… Celui qui l’aime aime la vie, ceux qui la cherchent dès le matin seront remplis de joie. Celui qui la possède héritera la gloire. Ceux qui la servent rendent un culte au Saint, et ceux qui l’aiment sont aimés du Seigneur… S’il se confie en elle il l’aura en partage, et sa postérité en conservera la jouissance. Car elle peut le conduire d’abord par un chemin sinueux, faisant venir sur lui crainte et tremblement, le tourmenter par sa discipline jusqu’à ce qu’elle puisse lui faire confiance… puis elle revient vers lui sur le droit chemin et le réjouit, et lui découvre ses secrets. Elle mettra en lui des trésors de grâce et d’intelligence dans la justice ” ?

Oui, tout cela a été dit. Les livres sapientiels peuvent s’appliquer à tous les hommes qui y trouvent le reflet de leur comportement et un guide, mais heureux ceux que l’on peut reconnaître au nombre des amants spirituels de la Sagesse.

Je me suis entouré de sages dans ma parenté mortelle. Anne, Joachim, Joseph, Zacharie, et plus encore Elisabeth, et encore Jean-Baptiste ne sont-ils pas de vrais sages ? Et je ne parle pas de ma Mère, en qui la Sagesse avait fait sa demeure.

9.3

De la jeunesse à la tombe, la Sagesse avait inspiré à mes grands-parents une manière de vie agréable à Dieu. Comme une tente protège des éléments en furie, elle les avait protégés contre le danger du péché. Une sainte crainte de Dieu est la base de l’arbre de la sagesse : c’est à partir d’elle qu’il s’élance avec toutes ses branches pour atteindre à son sommet l’amour tranquille dans sa paix, l’amour paisible dans sa tranquillité, l’amour sûr de lui dans sa fidélité, l’amour fidèle dans son intensité, l’amour total, généreux et actif des saints.

“ Celui qui aime la Sagesse aime la vie et possèdera la vie en héritage”, dit[2] le Siracide. Mais cela se rattache à ma parole : “ Qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. ” C’est qu’il n’est pas question ici de la pauvre vie de cette terre, mais de la vie éternelle, non des joies d’un instant, mais des joies immortelles.

Joachim et Anne ont aimé la Sagesse de cette façon, et elle fut à leur côté dans leurs épreuves.

Combien d’entre vous, sans être complètement mauvais, ne voudriez jamais avoir à pleurer ni à souffrir ! Combien d’épreuves n’endurèrent pas ces justes qui méritèrent d’avoir Marie pour fille ! La persécution politique qui les chassa de la terre de David et les appauvrit considérablement. La tristesse de voir les années passer sans qu’une fleur vienne leur dire : “ Je perpétue votre lignée. ” Et comme ils l’avaient eue à un âge avancé, ils étaient certains de ne pas la voir s’épanouir en femme, ce qui les rendait anxieux. Ils avaient dû l’arracher de leur cœur pour l’amener à l’autel de Dieu. Il leur fallait vivre dans un silence d’autant plus pesant qu’ils s’étaient habitués au gazouillement de leur petite tourterelle, au bruit de ses petits pas, aux sourires et aux baisers de leur enfant… et attendre avec ces souvenirs l’heure de Dieu. Maladies, calamités dues aux intempéries, arrogance des puissants furent autant de coups de bélier dans le faible édifice de leur modeste prospérité. Et ce n’est pas tout : la peine de leur enfant si éloignée qui reste seule et pauvre et qui, malgré leur sollicitude et leur sacrifice, n’aura qu’un reste du patrimoine paternel. Dans quel état le retrouvera-t-elle s’il reste pendant des années encore en friche, immobilisé dans l’attente de son retour ? Devant ces craintes, peurs, épreuves et tentations, ils répondaient par la fidélité à Dieu, encore et toujours.

9.4

La tentation la plus forte était de ne pas se refuser le réconfort de leur fille au moment où leur vie décline. Mais les enfants appartiennent à Dieu avant d’appartenir à leurs parents. Chaque enfant peut donc répéter ce que j’ai dit[3] à ma Mère : “ Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? ” Et chaque mère, chaque père doit apprendre comment se comporter en contemplant Marie et Joseph au Temple ainsi qu’Anne et Joachim dans leur maison de Nazareth qui se fait chaque jour plus vide et plus triste. Mais si quelque chose n’y diminue pas mais augmente au contraire, c’est bien la sainteté de deux cœurs, la sainteté de leur union.

Que reste-t-il à Joachim infirme et à son épouse souffrante pour illuminer leurs longues et silencieuses soirées de vieillards qui attendent la mort ? Les petits vêtements, les premières sandalettes, les pauvres joujoux de leur petite fille au loin, et tant de souvenirs… mais avec cela, la paix de pouvoir se dire : “ Je souffre, mais j’ai accompli mon devoir d’amour envers Dieu. ”

C’est alors que survient une joie surnaturelle qui brille d’une lumière céleste, inconnue aux hommes de la terre. Elle tombe sans pâlir sur des paupières lourdes, sur des yeux qui s’é­teignent ; au contraire, elle resplendit davantage en cette heure extrême et éclaire des vérités restées au fond d’eux toute leur vie, enfermées comme des papillons dans leur cocon, ne manifestant leur existence que par quelques doux mouvements faits de légers éclairs ; mais elles ouvrent maintenant leurs ailes ensoleillées et montrent les paroles qui les décorent. Leur vie s’éteint alors dans la connaissance d’un avenir bienheureux pour eux-mêmes et pour leur descendance, pendant que leurs lèvres s’épanouissent en une dernière bénédiction de Dieu.

9.5

Telle fut la mort de mes grands-parents, comme leur sainte vie le leur avait mérité. Leur sainteté leur a valu d’être les premiers gardiens de la Plus-Aimée de Dieu. C’est seulement quand un Soleil plus grand vint les éclairer au soir de leur vie qu’ils comprirent la grâce que Dieu leur avait accordée.

Du fait de sa sainteté, Anne n’a pas connu les souffrances de l’enfantement[4] : c’est en extase qu’elle donna le jour à l’Immaculée qu’elle avait portée. Au lieu de connaître l’agonie, ils s’éteignirent doucement, de même qu’une étoile s’éteint naturellement quand le soleil pointe à l’aurore. Et s’ils n’eurent pas la consolation de me posséder, moi, la Sagesse incarnée, comme ce fut le cas de Joseph, j’étais invisiblement présent à leurs côtés et leur disais des paroles sublimes, penché sur leur oreiller pour les endormir en paix, en attendant leur triomphe.

Certains diront : “ Pourquoi donc n’ont-ils pas eu à souffrir pour engendrer et mourir, puisqu’ils étaient fils d’Adam ? ” Je leur réponds : “ Jean-Baptiste, qui est fils d’Adam, engendré avec le péché originel, fut bien sanctifié d’avance pour s’être approché de moi alors que j’étais encore dans le sein de ma Mère ; dans ce cas, comment n’aurait-elle eu aucune grâce, la sainte mère de la Femme toute sainte, de l’Immaculée préservée par Dieu, elle qui le porta dans son âme presque divine et dans son cœur encore embryonnaire, elle qui ne s’est jamais séparée du Père depuis l’instant où il l’a pensée, qui fut conçue dans un sein qui retourna au ciel posséder Dieu pour une éternité de gloire ? ” Et j’ajoute : “ Une conscience droite procure une mort sereine, ce que vous obtiennent aussi les prières des saints. ”

Joachim et Anne avaient derrière eux toute une vie de droiture. Elle se découvrait à eux comme un panorama paisible et se faisait leur guide vers le Ciel. Et puis, leur sainte fille priait devant la Tente de Dieu pour ses parents au loin. Certes, ils passaient pour elle après Dieu, ce Bien suprême, mais elle les aimait, comme le voulaient la Loi et les sentiments, d’un sentiment surnaturellement parfait. »

9.1

Jesus says:

«Like a quick winter twilight when an ice-cold wind gathers clouds in the sky, the lives of My grandparents had a quick decline, after the Sun of their lives was placed to shine before the Sacred Veil of the Temple.

9.2

But is it not said[1]: “Wisdom brings up her own sons, and cares for those who seek her… Whoever loves her loves life, those who wait on her will enjoy peace. Those who serve her, minister to the Holy One and the Lord loves those who love her. If he trusts himself to her he will inherit her and his descendants will remain in possession of her because she accompanies him in his trials. First of all she selects him, then she brings fear and faintness on him, ploughing him with her discipline, until she has tested him in his thoughts and she can trust him. In the end she will make him firm, will lead him back to the straight road and make him happy. She will reveal her secrets to him, She will place in him treasures of science, and knowledge of justice”?

Yes, all this has been said. The books of wisdom may be applied to all men, who will find guidance in them and a light for their behaviour. But happy are those who can be recognised amongst the spiritual lovers of Wisdom.

I surrounded Myself with wise people, in My human kinship. Anne, Joachim, Joseph, Zacharias, and even more Elizabeth, and then the Baptist, are they not real wise people? Not to mention My Mother, the abode of Wisdom.

9.3

Wisdom had inspired My grandparents to live in a way which was agreeable to God, from their youth to their death, and like a tent protecting from the fury of the elements, Wisdom had protected them from the danger of sin. The sacred fear of God is the root of the tree of wisdom, that thrusts its branches far and wide to reach with its top tranquil love in its peace, peaceful love in its security, secure love in its faithfulness, faithful love in its intensity: the total, generous, effective love of saints.

“He who loves her, loves life and will inherit Life” says Ecclesiasticus[2]. This sentence is linked with Mine20: “He who loses his life for My sake, will save it”. Because we are not referring to the poor life of this world, but to the eternal life, not to the joys of one hour, but to the immortal ones.

Joachim and Anne loved Wisdom thus. And Wisdom was with them in their trials.

How many trials they experienced, whilst you, men, do not want to have to suffer and cry, simply because you think that you are not completely wicked! How many trials these two just people suffered, and they deserved to have Mary as their daughter! Political persecutions had driven them out of the land of David, and made them excessively poor. They had felt sadness in seeing their years fading through without a flower that would say to them: “I shall be your continuation”. And afterwards, the anxiety of having a daughter in their old age when they were certain they would never see Her grow into a woman. And then the obligation of tearing Her from their hearts to offer Her on the altar of God. And again: their life became an even more painful silence, now that they were accustomed to the chirping of their little dove, to the noise of Her little steps, to the smiles and kisses of their creature, having to wait for the hour of God, their only company being the memories of the past. And much more… Diseases, calamities of inclement weather, the arrogance of mighty ones of the earth… so many blows of battering rams on the weak castle of their modest possessions. And it is not enough: the pain for their far away creature, who was going to be left lonely and poor and, notwithstanding their cares and sacrifices, would get only the remains of Her father’s property. And how will She find such remains, since they will be left uncultivated for many years, awaiting Her return? Fears, trials, temptations. And yet, loyalty to God forever!

9.4

Their strongest temptation: not to deny their declining lives the consolation of their daughter’s presence. But children belong first to God and then to their parents. Every son can say what I said[3] to My Mother: “Do you not know that I must be busy with My Father’s affairs?” And every father, every mother must learn the attitude to be maintained looking at Mary and Joseph in the Temple, at Anne and Joachim in the house of Nazareth, a house which was becoming more and more forlorn and sad, but where one thing never diminished, but increased continuously: the holiness of two hearts, the holiness of a marriage.

What light is left to Joachim, an invalid, and to his sorrowful wife, in the long and silent nights of two old people who feel they are about to die? Only the little dresses, the first pair of little sandals, the simple toys of their little daughter, now far away, and memories of Her, memories… And peace when they say: “We are suffering, but we have done our duty of love towards God”.

And then they were overcome by a supernatural joy shining with a celestial light, a joy unknown to the children of the world, a joy that does not fade away when heavy eyelashes close on two dying eyes: on the contrary, it shines brighter in the last hour, illuminating the truth that had been hidden within them throughout their lives. Like a butterfly in its cocoon, the truth in them gave faint indications of its presence, just soft flashes, whereas now it opens its wings to the sun and shows its beautiful decorations. And their lives passed away in the certainty of a happy future for themselves and their descendants, their trembling lips murmuring words of praise to God.

9.5

Such was the death of my grandparents. Such as their holy lives deserved. Because of their holiness, they deserved to be the first guardians of the Virgin Beloved by God, and only when a greater Sun showed itself at the end of their days, they realized the grace God had granted them.

Because of their holiness, Anne suffered no pain in giving birth to her child: it was the ecstasy of the bearer of the Faultless One. Neither of them suffered the throes of death, but only a weakness that fades away, as a star softly disappears when the sun rises at dawn. And if they did not have the consolation of having Me present, as Wisdom Incarnate, as Joseph had, I was invisibly present, whispering sublime words, bending over their pillows, to send them to sleep, awaiting their triumph.

Someone may ask: “Why did they not have to suffer when generating and dying, since they were children of Adam?” My answer is: “If the Baptist, who was a son of Adam, and had been conceived with original sin, was presanctified by Me in his mother’s womb, simply because I approached her, was no grace to be granted to the mother of the Holy and Faultless One, Who had been preserved by God and bore God in Her almost divine spirit, in Her most pure heart, and was never separated from Him, since She was created by the Father and was conceived in a womb, and then received into Heaven to possess God in glory forever and ever?” I also answer: “An upright conscience gives a peaceful death and the prayers of saints will obtain such a death for you”.

Joachim and Anne had a whole life of upright conscience behind them and such a life rose like a beautiful landscape and led them to Heaven, while their Holy Daughter was praying before the Tabernacle of God for Her parents far away, whom She had postponed to God, Supreme Goodness, and yet She loved them, as the law and Her feeling commanded, with a perfect supernatural love.»


Notes

  1. n’est-il pas dit, en : Si 4, 11-18.
  2. dit, en : Si 4, 12-13 ; se rattache à ma parole, en : Mt 16, 25 ; Mc 8, 35 ; Lc 9, 24 (346.9).
  3. j’ai dit, en : Lc 2, 49 (41.12).
  4. souffrances de l’enfantement. Maria Valtorta note sur une copie dactylographiée : « C’est chose admise même par certains théologiens dans le sens matériel des douleurs de l’enfantement ; en réalité, la joie extatique de donner le jour à Marie prévalut sur la souffrance naturelle pour toute femme, au point qu’Anne accoucha sans les angoisses et les souffrances habituelles dans ce cas-là. »

Notes

  1. said: Book of Sirach 4:11-18.
  2. says Ecclesiasticus: Book of Sirach 4:12-13.
  3. said: Luke 2:49 (41.12).