The Writings of Maria Valtorta

97. L’appel de Matthieu.

97. The call of Matthew.

97.1

Presque aussitôt après, je vois ce qui suit :

Encore la place du marché de Capharnaüm. Mais c’est à une heure plus chaude où le marché est déjà fini et il ne reste sur la place que des désœuvrés qui discutent et des enfants qui jouent.

Jésus, au milieu de son groupe, vient du lac vers la place, en caressant les enfants qui accourent à sa rencontre et en s’intéressant à leurs confidences.

Une petite fille lui montre une grande éraflure saignante sur son front et elle accuse son petit frère de la lui avoir faite.

« Pourquoi as-tu fait mal à ta sœur ? Ce n’est pas bien.

– Je ne l’ai pas fait exprès. Je voulais cueillir ces figues, et j’ai pris un bâton, mais il était trop lourd et il est tombé sur elle… Je les cueillais aussi pour elle.

– C’est vrai, Jeanne ?

– C’est vrai.

– Dans ce cas, tu vois bien que ton frère n’a pas voulu te faire du mal. Il voulait même te faire plaisir. Alors faites tout de suite la paix et donnez-vous un baiser. Les bons frères et même les bons enfants ne doivent jamais connaître la rancœur. Allons… »

En larmes, les deux enfants s’embrassent. Ils pleurent tous deux : l’une de la souffrance de l’égratignure, l’autre de la douleur d’avoir fait souffrir.

Jésus sourit devant ce baiser baigné de larmes.

« Voilà ! Maintenant, comme je vois que vous êtes sages, je vais vous cueillir des figues moi-même, et sans bâton. »

Je le crois bien ! Grand comme il est, avec ses longs bras, il y arrive sans peine. Il fait la cueillette et la distribution.

Une femme accourt :

« Prends, prends, Maître, je vais t’apporter du pain.

– Non, non, ce n’est pas pour moi. C’est pour Jeanne et Tobie. Ils en avaient envie.

– Et vous avez dérangé le Maître pour ça ? Ah ! Ils ne manquent pas de culot ! Pardonne-leur, Seigneur.

– Femme, c’était pour faire la paix… et je l’ai faite avec l’objet même du litige : les figues. Mais les enfants ne dérangent jamais. Les figues bien sucrées, c’est un plaisir pour eux, et ce qui fait mon plaisir à moi, c’est leur douce âme innocente. Elle m’enlève tant d’amertume…

– Maître… ce sont les seigneurs qui ne t’aiment pas, mais nous, le peuple, nous t’aimons bien. Eux, on les compte sur les doigts, alors que nous, nous sommes si nombreux !

– Je le sais, femme. Merci de ton réconfort. Que la paix soit avec toi. Adieu, Jeanne ! Adieu, Tobie ! Soyez gentils. Sans vous faire de mal et sans vous vouloir du mal, n’est-ce pas ?

– Oui, oui, Jésus » répondent les deux petits.

97.2

Jésus se met en route et dit en souriant :

« Maintenant que tout s’est apaisé grâce aux figues, allons à… Où pensez-vous que nous allons ? »

Les apôtres ne savent pas ; les uns indiquent un endroit, les autres proposent ailleurs. Jésus secoue toujours la tête et rit.

Pierre intervient :

« J’y renonce à moins que tu ne le dises… J’ai des idées noires aujourd’hui. Tu ne l’as pas vu, mais quand nous avons débarqué, Elie, le pharisien, était présent. Plus jaune encore que d’habitude. Et il nous regardait d’un air !

– Laisse-le donc regarder !

– Hé ! Bien obligé ! Mais je t’assure, Maître, que pour faire la paix avec celui-là, il faudra plus de deux figues !

– Qu’ai-je dit à la mère du petit Tobie ? “ J’ai fait la paix avec l’objet même du litige. ” De la même manière, je tâcherai de faire la paix avec les notables de Capharnaüm en leur témoignant du respect, puisque selon eux je les ai offensés. D’ailleurs, cela satisfera quelqu’un d’autre.

– Qui ? »

Jésus ne répond pas à cette question et poursuit :

« Je ne réussirai pas, probablement, car il leur manque la volonté de faire la paix. Mais écoutez-moi : dans toutes les disputes, si le plus prudent savait céder et ne pas s’acharner à vouloir avoir raison, s’il se montrait conciliant, quitte à partager en deux l’objet du litige – même si, je veux bien l’admettre, il est dans son bon droit –, ce serait mieux et plus saint. On ne nuit pas forcément par désir de nuire. Il arrive qu’on fasse du mal sans le vouloir. Pensez toujours à cela et pardonnez. Elie et les autres croient servir Dieu avec justice en agissant comme ils le font. Je chercherai, avec patience et constance, avec beaucoup d’humilité et de bonne grâce, à les persuader qu’un temps nouveau est venu et que Dieu veut désormais être servi d’après mon enseignement. La ruse de l’apôtre, c’est la bonne grâce, son arme la constance, le secret de la réussite, l’exemple et la prière pour ceux qu’il faut convertir. »

97.3

Ils sont arrivés sur la place. Jésus va tout droit au comptoir de la gabelle où Matthieu est en train de faire ses comptes et de vérifier les pièces de monnaie. Il les répartit par catégories en les mettant dans des sacs de diverses couleurs qu’il place dans un coffre de fer que deux serviteurs attendent de transporter autre part.

A peine l’ombre projetée par la grande taille de Jésus s’allonge-t-elle sur le comptoir que Matthieu lève la tête pour voir qui vient le payer en retard. Pierre tire alors Jésus par la manche pour lui dire :

« Il n’y a rien à payer, Maître. Que fais-tu ? »

Mais Jésus ne répond pas. Il fixe les yeux sur Matthieu, qui s’est levé immédiatement en signe de respect. Un second regard pénétrant. Mais ce n’est pas, comme l’autre fois, un regard de juge sévère. C’est un regard d’appel, un regard aimant, qui l’enveloppe, le pénètre d’amour. Matthieu rougit. Il ne sait que faire, que dire…

« Matthieu, fils d’Alphée, l’heure a sonné. Viens. Suis-moi, lui déclare Jésus majestueusement.

– Moi ? Maître, Seigneur ! Mais sais-tu qui je suis ? C’est pour toi, pas pour moi, que je le dis…

– Viens, suis-moi, Matthieu, fils d’Alphée, répète Jésus plus doucement.

– Ah ! Comment puis-je avoir trouvé grâce auprès de Dieu ? Moi… Moi…

– Matthieu, fils d’Alphée, j’ai lu dans ton cœur. Viens, suis-moi. »

Cette troisième invitation est une caresse.

« Oh ! Tout de suite, mon Seigneur ! »

En larmes, Matthieu sort de derrière le comptoir sans plus s’occuper de ramasser les pièces de monnaies éparses ou de fermer le coffre. Rien.

« Où allons-nous, Seigneur ? demande-t-il quand il est près de Jésus. Où me conduis-tu ?

– Chez toi. Veux-tu donner l’hospitalité au Fils de l’homme ?

– Oh !… mais… mais que vont dire ceux qui te haïssent ?

– Moi, j’écoute ce qu’on dit au Ciel, et j’entends : “ Gloire à Dieu pour un pécheur qui se sauve ! ” Et le Père dit : “ La miséricorde se lèvera éternellement dans les Cieux et se répandra sur la terre et puisque je t’aime d’un amour éternel, d’un amour parfait, je te fais miséricorde à toi aussi. ” Viens. Que par ma venue, ta maison, en plus de ton cœur, soit sanctifiée.

– Je l’ai déjà purifiée par l’espérance que j’avais dans l’âme… mais que ma raison ne pouvait croire vraie… Oh ! M’admettre dans la compagnie de tes saints… » et il regarde les disciples.

« Oui, avec mes amis. Venez. Je vous unis. Et soyez frères. »

Les disciples en sont tellement stupéfaits qu’ils n’ont toujours pas su que dire. Ils ont marché en groupe, derrière Jésus et Matthieu, sur la place tout ensoleillée et maintenant totalement déserte, par un bout de route qui brûle sous un soleil éblouissant. Il n’y a pas âme qui vive dans les rues, rien d’autre que le soleil et la poussière.

97.4

Ils entrent dans la maison. C’est une belle maison avec une large entrée qui donne sur la rue, et une jolie cour ombragée et fraîche, au-delà de laquelle on en voit une grande, organisée en jardin.

« Entre, mon Maître ! Apportez de l’eau et des boissons. »

Les serviteurs accourent avec tout ce qu’il faut. Matthieu sort pour donner des ordres, pendant que Jésus et les siens se rafraîchissent, puis il revient.

« Viens maintenant, Maître. La salle est plus fraîche… Des amis vont bientôt arriver… Ah ! Je veux que ce soit grande fête ! C’est ma régénération… C’est ma… ma véritable circoncision… Tu m’as circoncis le cœur par ton amour… Maître, cette fête sera la dernière… Désormais, plus de fêtes pour Matthieu le publicain. Du moins, plus de fêtes de ce monde… Seulement la fête intérieure d’être racheté et de te servir… d’être aimé de toi… J’ai tant pleuré, ces derniers mois… Cela fait presque trois mois que je pleure… Je ne savais comment faire… Je voulais venir… Mais comment venir à toi, le Saint, avec mon âme souillée ?…

– Tu l’as lavée par ton repentir et ta charité pour moi et pour ton prochain. Pierre ? Viens ici. »

Pierre, qui n’a pas encore parlé tant il est ébahi, s’avance. Les deux hommes, tous deux âgés, petits, trapus, se font face, et Jésus est entre eux deux, souriant, beau.

« Pierre, tu m’as demandé bien des fois qui était l’inconnu de la bourse apportée par Jacques. Le voici devant toi.

– Qui ? Ce vol… Oh ! Pardon, Matthieu ! Mais qui pouvait penser que c’était toi ? Que toi, qui nous désespérais par ton usure, tu puisses être capable de t’arracher chaque semaine un morceau de ton cœur pour nous faire cette grosse offrande ?

– Je le sais. Je vous ai injustement taxés. Mais je m’agenouille aujourd’hui devant vous tous et je vous supplie de ne pas me renvoyer. Lui, il m’a accueilli. Ne vous montrez pas plus sévères que lui. »

Pierre, qui a Matthieu à ses pieds, le relève d’un coup, rudement, affectueusement :

« Lève-toi, lève-toi ! Ce n’est ni à moi ni aux autres qu’il faut demander pardon, mais à lui. Nous… allons ! Nous sommes tous plus ou moins voleurs comme toi… Oh ! Je l’ai dit ! Maudite langue ! Mais moi, je suis fait comme ça : ce que je pense, je le dis, ce que j’ai sur le cœur, je l’ai sur les lèvres. Viens, faisons un pacte d’affectueuse paix », et il embrasse Matthieu sur les joues.

Les autres l’imitent avec plus ou moins d’affection. Je dis cela, car André est retenu par sa timidité, et Judas est glacial. On dirait qu’il embrasse un tas de serpents, tant son accolade est distante et brève.

97.5

Entendant du bruit, Matthieu sort.

« Pourtant, Maître, dit Judas, il me semble que cela n’est pas prudent. Déjà les pharisiens d’ici t’accusent, et toi… Voilà un publicain parmi les tiens ! Un publicain après une prostituée !… Veux-tu ta ruine ? S’il en est ainsi, dis-le, pour que…

– Pour que nous filions, hein ? lance Pierre, ironique.

– Qui te parle, à toi ?

– Je sais bien que tu ne t’adresses pas à moi, mais moi, en revanche, je parle à ton âme de grand seigneur, à ton âme très pure, à ton âme de sage. Je sais que toi, membre du Temple, tu sens l’odeur de péché en nous, pauvres hommes qui ne sommes pas du Temple. Je sais bien que toi, qui es un juif complet, mélange de pharisien, de sadducéen et d’hérodien, à moitié scribe et un brin essénien – veux-tu d’autres nobles appellations ? –, tu te sens mal à l’aise parmi nous, comme une magnifique alose prise dans un filet rempli de goujons. Mais que veux-tu y faire ? C’est lui qui nous a pris et nous… nous restons. Si tu te sens mal à l’aise… va-t’en, toi. Tous, nous respirerons. Même lui qui, tu le vois, est indigné par moi et par toi. Par moi, parce que je manque de patience et aussi… oui, et aussi de charité, mais plus encore par toi qui ne comprends rien à rien, malgré tous les nobles titres dont tu te pares, et qui n’as ni charité, ni humilité, ni respect. Tu n’as rien, mon garçon. Rien que de la fumée, et Dieu veuille qu’elle soit inoffensive. »

Jésus a laissé Pierre parler. Il est resté debout, sévère, les bras croisés, les lèvres serrées et les yeux… peu rassurants. A la fin il dit :

« As-tu tout dit, Pierre ? As-tu libéré ton cœur de tout le levain qu’il contenait ? Tu as bien fait. Aujourd’hui, ce sont les Azymes de Pâques pour un fils d’Abraham. L’appel du Christ est comme le sang de l’agneau sur votre âme, et là où il vient, la faute ne reviendra plus. Elle ne reviendra pas si celui qui le reçoit lui est fidèle. Mon appel est libération et il faut le fêter sans levain d’aucune sorte. »

Pas un mot à Judas. Pierre se tait, vexé.

« Voici revenir notre hôte, dit Jésus. Il est avec des amis. Ne leur montrons pas autre chose que de la vertu. Si quelqu’un ne peut y parvenir, qu’il sorte. Ne ressemblez pas à des pharisiens qui accablent les gens de préceptes qu’ils sont les premiers à ne pas observer. »

97.6

Matthieu rentre avec d’autres hommes et le repas se déroule. Jésus est au centre, entre Pierre et Matthieu. Ils parlent de sujets divers et Jésus répond patiemment à toutes les questions que les uns et les autres lui posent. Il y a aussi des plaintes à l’égard des pharisiens qui les méprisent.

« Eh bien, venez à celui qui ne vous méprise pas, puis agissez de telle façon que les bons, au moins, n’aient pas l’occasion de vous mépriser, répond Jésus.

– Toi, tu es bon. Mais tu es bien le seul !

– Non : ceux-ci sont comme moi et puis… il y a le Dieu Père qui aime ceux qui se repentent et veulent retrouver son amitié. Si tout manquait à l’homme, sauf le Père, sa joie ne serait-elle pas complète ? »

Le repas en est au dessert, quand un serviteur fait signe au maître de maison et lui dit quelque chose.

« Maître : Elie, Simon et Joachim demandent à entrer et à te parler. Veux-tu les voir ?

– Bien sûr.

– Mais… mes amis sont publicains.

– C’est justement pour voir cela qu’ils viennent. Laissons-les faire, pour qu’ils voient. Il ne servirait à rien de le dissimuler. Cela ne servirait pas au bien, et leur malice exagèrerait l’événement jusqu’à prétendre qu’il y avait ici des courtisanes. Qu’ils entrent. »

97.7

Les trois pharisiens entrent. Ils regardent autour d’eux avec un ricanement méchant et sont sur le point de parler.

Mais Jésus, qui s’est levé et est allé à leur rencontre avec Matthieu, les devance. Il pose une main sur l’épaule de Matthieu et dit :

« Vrais fils d’Israël, je vous salue et vous annonce une grande nouvelle qui comblera sûrement de joie votre cœur de parfaits israélites, qui aspirent à l’observance de la Loi par tous les cœurs, pour rendre gloire à Dieu. Voici : à compter de ce jour, Matthieu n’est plus le pécheur, le scandale de Capharnaüm. Une brebis galeuse d’Israël est guérie. Réjouissez-vous ! Après lui, d’autres brebis pécheresses le seront à leur tour et votre cité, à la moralité de laquelle vous vous intéressez tant, deviendra par sa sainteté agréable au Seigneur. Il abandonne tout pour servir Dieu. Donnez le baiser de paix au juif égaré qui revient dans le sein d’Abraham.

– Et il y revient avec des publicains ? Lors d’un joyeux banquet ? Ah ! Vraiment, c’est une conversion avantageuse ! Tiens, regarde là, Elie : voici Josias, le souteneur.

– Et lui, c’est Simon, fils d’Isaac, l’adultère.

– Et celui-là ? C’est Azarias, le tenancier du tripot, où Romains et juifs vont jouer, se quereller, s’enivrer et se livrer à la débauche.

– Mais, Maître, sais-tu seulement qui sont ces gens-là ? Le savais-tu ?

– Je le savais.

– Alors, vous qui êtes de Capharnaüm, vous ses disciples, pourquoi avez-vous permis cela ? Tu me surprends, Simon-Pierre !

– Et toi, Philippe, tu es bien connu ici ! Toi aussi, Nathanaël ! J’en suis vraiment abasourdi ! Toi, un véritable israélite, comment as-tu pu permettre que ton Maître mange avec des publicains et des pécheurs ?

– Mais n’y a-t-il donc plus aucune retenue en Israël ? »

Les trois hommes sont absolument scandalisés.

Jésus dit :

« Laissez mes disciples en paix. C’est moi qui l’ai voulu. Moi seul.

– Oh oui, on comprend ! Quand on veut faire des saints sans l’être soi-même, on tombe vite dans des erreurs impardonnables !

– Et quand on habitue les disciples à manquer de respect – je suis encore sous le coup de l’éclat de rire irrespectueux de celui-ci, juif du Temple, contre moi, Eli le pharisien ! – on ne peut qu’être irrespectueux de la Loi. On enseigne ce qu’on sait…

– Tu te trompes, Eli. Vous vous trompez tous. On enseigne ce qu’on sait, c’est vrai. Et moi qui connais la Loi, je l’enseigne à ceux qui ne la connaissent pas : aux pécheurs par conséquent. Vous… je sais bien que vous êtes maîtres de votre âme. Ce n’est pas le cas des pécheurs. Je recherche leur âme, je la leur rends, pour qu’à leur tour, ils me la rapportent comme elle est : malade, blessée, souillée, pour que je la soigne et la purifie. C’est pour cela que je suis venu. Ce sont les pécheurs qui ont besoin du Sauveur et moi, je viens les sauver. Comprenez-moi… et ne me haïssez pas sans raison. »

Jésus est doux, persuasif, humble… Mais les trois hommes sont autant de chardons tout hérissés de piquants… et ils sortent avec une moue de dégoût.

« Ils sont partis… Maintenant, ils vont nous critiquer partout, grommelle Judas.

– Laisse-les donc faire ! Agis seulement de façon que le Père n’ait pas à te critiquer. N’en sois pas mortifié, Matthieu, ni vous, ses amis. Notre conscience nous dit : “ Vous ne faites pas de mal. ” Cela suffit. »

Jésus se rassied à sa place et tout prend fin.

97.1

Almost immediately afterwards I see the following.

We are once again in the market square in Capernaum. But it is warmer today. The market is already over and in the square there are only a few idlers chatting and some children playing.

Jesus, in the middle of His group, is coming from the lake towards the square, caressing the children who come to meet Him and taking an interest in their little snippets of news. A little girl shows a large bleeding scratch on her forehead and accuses her little brother of doing it.

«Why did you hurt your sister? You should not do that.»

«I didn’t do it on purpose. I wanted to pick those figs and I took a stick. But it was too heavy and it fell on her… I wanted to pick them also for her…»

«Is that true, Johanna?»

«Yes, it is.»

«Well, then, you can see that your brother did not want to hurt you. On the contrary he wanted to make you happy. So make peace at once and give each other a kiss. Good little brothers and sisters, and all good children, must never bear a grudge. Come on…»

The two weeping children kiss each other. They are both crying: one because of the suffering of the scratch, the other because he is sorry that he caused the pain.

Jesus smiles at the kisses sprinkled with big tears. «Well. Now that I see you are being good, I will pick the figs for you. And without a stick.» No wonder! Tall as He is and with such long arms, He can do it without any trouble. He picks them and hands them out.

A woman rushes to the spot. «Take them, take them, Master. I’ll bring You some bread at once.»

«No, not for Me. They are for Johanna and Toby. They wanted them.»

«And you have troubled the Master? Oh! How troublesome they are! Forgive them, my Lord.»

«Woman, there was peace to be made… and I got them to make it with the very subject of their war: with figs. Children are never a nuisance. They like sweet figs and I… I like their sweet innocent souls. They take so much bitterness away from Me…»

«Master… it’s the gentry who don’t love You. But we, poor people, we do. And they are very few, whereas we are so many…»

«I know, woman. Thanks for your encouragement. Peace be with you. Goodbye, Johanna! Goodbye, Toby! Be good. Do not harm each other and bear no grudges. Alright?»

«Yes, Jesus» answer the children.

97.2

Jesus walks away and He says smiling: «Now that with the help of figs we have cleared the sky of all clouds, we are going to… Where do you think we are going?»

The apostles do not know. Some mention one place, some another. But Jesus shakes His head every time and laughs.

Peter says: «I give up. Unless You tell us… I am in a bad mood today. You did not see him. But when we were coming off the boat, there was Eli, the Pharisee. And he was green with envy… more than ever! And the way he looked at us!»

«Let him look.»

«Eh! That’s all we can do. But I can assure You, Master, that two figs won’t be enough to make peace with him!»

«What did I say to Toby’s mother? “I made peace with the very subject of their war”. And I will try to make peace by paying My respects to the eminent people in Capernaum, since they feel that I offended them. So someone else will be happy.»

«Who?»

Jesus does not answer the question and He goes on: «Probably I will not be successful, because they are not willing to make peace. But listen: if in all contests the wiser of the two would give in, and instead of persisting in wanting to be right, he came to an agreement, even sharing equally what, I would also admit, might belong to him by full right, the situation would be a better and a more holy one. People are not always harmful on purpose. Sometimes one does harm without wishing to. You must always consider that and forgive. Eli and the others are convinced that they are serving God with justice by acting as they do. With patience and perseverance, and with humbleness and good grace, I will endeavour to persuade them that new times have come and that, God, now, wants to be served according to My teaching. Good grace is the shrewdness of an apostle, perseverance is his weapon, his example and prayers for those to be converted are his success.»

97.3

They arrive in the square. Jesus goes straight to the taxation counter where Matthew is making up his accounts and checking the coins, which he divides into various denominations and puts into bags of different colours, and then into a metal coffer, which two servants are waiting to take elsewhere.

As soon as the shadow of Jesus’ tall figure appears on the bench, Matthew looks up to see who is the late taxpayer. In the meantime Peter, pulling Jesus by His sleeve, says: «There is no payment to be made, Master. What are You doing?»

But Jesus does not listen to him. He stares at Matthew who has risen to his feet immediately in a reverent attitude. A further piercing glance. But it is not the glance of a severe judge, as the last time. It is a glance of a call and love. It enraptures him and fills him with love. Matthew blushes. He does not know what to do or what to say…

«Matthew, son of Alphaeus, your hour is striking. Come. Follow Me!» orders Jesus majestically.

«I? Master, Lord! But do You know who I am? I am saying that for Your sake, not for mine…»

«Come, follow Me, Matthew, son of Alphaeus» He repeats more kindly.

«Oh! How can I have found grace before God? I…I…»

«Matthew, son of Alphaeus, I have seen into your heart. Come, follow Me.» This third invitation is a caress.

«Oh! At once, my Lord!» and Matthew, weeping, comes out from behind the counter, without bothering to pick up the coins spread over it or to close the coffer. Nothing. «Where are we going, my Lord?» he asks when he is near Jesus. «Where are You taking me?»

«To your house. Will you give hospitality to the Son of man?»

«Oh!… but… but what will those who hate You say?»

«I listen to what is said in Heaven and they are saying there: “Glory be to God for a sinner, who is being saved!” and the Father says: “Mercy will rise forever in Heaven and will hover over the earth, and since I love you with an eternal perfect love, I will have mercy also on you”. Come. And with My coming, as well as your heart, may also your house be sanctified.»

«I have already purified it, because of a certain hope I had in my heart… but I could not reasonably believe it might come true… Oh! I with Your holy friends…» and he looks at the disciples.

«Yes. With My friends. Come. I am joining you together. Be like brothers.»

The disciples are so amazed, that they have not yet been able to utter one word. In a group, they have walked behind Jesus and Matthew in the bright sunshine in the square, where there is not a soul left, and then for a short distance along a street which is burning in the blazing sun. There is not a soul in the streets. There is nothing but sunshine and dust.

97.4

They go into a house. A beautiful house with a large front door opening onto the road. There is a cool shady hall, beyond which I can see a large yard cultivated as a garden.

«Come in, my Master! Bring water and drinks.»

The servants immediately bring what was requested.

Matthew goes out to give instructions, while Jesus and His disciples refresh themselves. He then comes back. «Come now, Master. The dining room is cooler… My friends are coming… Oh! I want a big celebration! It’s my regeneration… It’s my… my true circumcision… You have circumcised my heart with Your love… Master, it will be the last feast… No more feasts now for Matthew, the exciseman. No more worldly feasts… Only an internal rejoicing because I have been redeemed and I am serving You… and I am loved by You… How much have I cried… How much, during the past months… I have been crying for almost three months… I did not know what to do… I wanted to come… But how could I, with my unclean soul, come to You, the Holy One?..»

«You were cleansing it with repentance and charity. Towards Me and your neighbour. Peter? Come here.»

Peter, who is so astonished that he has not yet said one word, comes forward. The two men, both elderly, thickset and stout, are now facing each other, and Jesus, handsome and smiling, is between them.

«Peter, you asked Me many times who was the unknown man of the purse which James used to bring us. Here he is, in front of you.»

«Who? That rob… Oh! forgive me, Matthew! Who could have imagined it was you? And that you were able to tear out a piece of your heart every week and make that rich offering, you who were our despair on account of your usury?»

«I know. I taxed you unfairly. But now, I kneel down before you all and I say to you: do not reject me! He has accepted me. Don’t be more severe than He is.»

Peter, who sees Matthew at his feet, suddenly lifts him bodily, roughly but affectionately: «Stand up. You don’t have to ask me or the others to forgive you. You must ask Him. We… well, never mind, we are more or less thieves like you… Oh! I have said it! Cursed be my tongue! But that’s me: I say what I think, and what’s in my heart is also on my lips. Come, let us make a pact of peace and love» and he kisses Matthew on his cheeks.

The others do the same, more or less affectionately. I say so, because Andrew is somewhat reserved, out of shyness, and Judas Iscariot is icy. He seems to be embracing a bundle of snakes, so aloof and brief is his embrace.

97.5

Matthew hears a noise and goes out.

«Master» says Judas Iscariot «I do not think that is wise. The Pharisees are already accusing You, and You… An exciseman as one of Your disciples! An exciseman… after a prostitute!… Do you want to ruin Yourself? If so, tell us, that…»

«That we may make ourselves scarce, is that it?» concludes Peter ironically.

«Who spoke to you?»

«I know that you are not speaking to me, I, instead, am speaking to your noble soul, to your most pure and wise soul. I know that you, a member of the Temple, smell the stench of sin in us poor people, who are not of the Temple. I am aware that you, a full Judaean, a blend of Pharisee, Sadducee and Herodian, half a scribe and a dash of an Essene — do you wish any more noble words? — I am aware you do not feel at home with us and you are like a magnificent alose caught in a net full of gudgeons. What can we do? He caught us and we… are staying. If you feel uncomfortable… you had better go away. We shall all have some respite. Also He, Who, see? is irritated with me and with you. With me because I lack patience and also… yes, also charity, but even more with you, because you understand nothing, notwithstanding all your alleged attributes, and you have neither charity, nor humbleness, nor respect. You have nothing, my boy. Except a lot of hot air… and God grant it is harmless.»

Jesus has allowed Peter to speak while He is standing with folded arms, pressed lips, a stern look and piercing eyes. At the end He says: «Have you finished, Peter? Have you also cleansed your heart of the yeast that was inside it? You have done the right thing. Today is Passover for a son of Abraham. Christ’s call is like the blood of the lamb on your souls, and where His call is, there will be no more faults. There will be no fault if he who receives it is faithful to it. My call is redemption and is to be celebrated without any yeast.»

Not a word is spoken to Judas. Peter is quiet and mortified.

«Our host is coming back» says Jesus. «And with some friends. Do not let us show them anything but virtue. He who is not capable of doing so, should go out. Do not be like Pharisees, who oppress people with precepts which they cannot keep themselves.»

97.6

Matthew comes back in with some other men and the banquet starts. Jesus is in the middle between Peter and Matthew. They speak of many things and Jesus patiently explains to this and that one what they want to know. There are also complaints about the Pharisees who despise them.

«Well, come to Him Who does not despise you. And behave in such a way that at least good people may not scorn you» answers Jesus.

«You are good. But You are the only one!»

«No. These are like Me and then… there is the Father God Who loves him who repents and wants to become his friend again. If man should lack everything, but the Father should still remain, would man’s joy not be full?»

The banquet is at the end when a servant nods to the landlord and says something to him.

«Master: Eli, Simon and Joachim are asking to come in and speak to You. Do You wish to see them?»

«Certainly.»

«But… my friends here are excisemen.»

«And that is what they are coming to see. Let them see. It would be no use hiding it. It would not serve any good purpose, because evil tongues would make the situation worse stating that there were also prostitutes here. Let them come in.»

97.7

Three Pharisees come in, they look around with ironical smiles and are about to speak.

But Jesus, Who has stood up and goes to meet them with Matthew, precedes them. He lays one hand on Matthew’s shoulder and says: «O true children of Israel, I greet you and I give you a great piece of news that will bring great joy to your hearts, the hearts of perfect Israelites, pining for the observance of the Law in every heart, to give glory to God. Here: Matthew, the son of Alphaeus, as from today is no longer the sinner, the scandal of Capernaum. A mangy sheep of Israel has been cured. Rejoice! After him, other mangy sheep will be cured and your town, in the holiness of which you are so interested, will be pleasing to God for its holiness. He leaves everything to serve God. Give the kiss of peace to the Israelite led astray, who is returning to Abraham’s bosom.»

«Is he returning with excisemen? In a joyful banquet? Oh! It is truly a gracious conversion! Look over there, Eli: that is Josiah, the procurer of women.»

«And that is Simon of Isaac, the adulterer.»

«And that one? That’s Azariah, the gambling-house keeper, in whose gambling-house Romans and Judaeans play, quarrel and go with women.»

«Master, do You know who these are? Did You know?»

«I did.»

«Well, then, why did you people of Capernaum, you disciples, why did you allow all this? I am surprised at you, Simon of Jonas!»

«And you, Philip, you are known here, and you, Nathaniel, I am surprised! You, a true Israelite! Why did you allow your Master to eat with excisemen and sinners?»

«Is there no more restraint in Israel?» The three Pharisees are thoroughly scandalised.

Jesus says: «Leave My disciples in peace. I wanted it. Only I»

«Obviously! When one acts as a saint and is not a saint, one soon falls into unforgivable errors!»

«And when disciples are taught not to have respect, they do not have respect even for the Law. I am still smarting under the disrespectful laughter at me, Eli, the Pharisee, from this man, a Judaean of the Temple. One teaches what one knows.»

«You are wrong, Eli. You are all wrong. One teaches what one knows. It is true. And I know the Law and I teach those who do not know it, that is, sinners. I know that you are already masters of your souls. Sinners are not. I am looking for their souls, which I give back to them, so that they may bring them to Me again, as they are: sick, wounded, soiled and I may cure and cleanse them. I have come for that. It is sinners that need the Saviour. And I have come to save them. Try and understand Me… and do not hate Me without cause.»

Jesus is gentle, convincing, humble… But the three Pharisees are hispid thistles all covered with aculei… and they go out showing disgust.

«They have gone… We will now be criticised everywhere» whispers Judas Iscariot.

«Let them do as they wish. Make sure that the Father does not criticise you. Do not be upset, Matthew, nor you, his friends. Our conscience says: “Do no harm”. That is enough.»

Jesus sits down and it all ends.