Los Escritos de Maria Valtorta

123. Les discours de la Belle Eau :

123. Los discursos en Agua Especiosa:

123.1

Jésus me dit :

« Prends patience, mon âme, pour la double fatigue que je te demande. C’est le temps de la souffrance. Tu sais comme j’étais las les derniers jours ? Tu le vois. Pour marcher, je m’appuie sur Jean, sur Pierre, sur Simon, même sur Judas… Oui. Et moi, de qui le miracle émanait par simple effleurement de mes habits, je ne pouvais changer ce cœur ! Laisse-moi m’appuyer sur toi, petit Jean, pour répéter ce que j’ai déjà dit ces derniers jours à ces âmes opiniâtrement fermées sur lesquelles l’annonce de mon supplice glissait sans pénétrer. Permets aussi au Maître de parler de ses heures de prédication dans la triste plaine de la Belle Eau. Je te bénirai deux fois : pour ta fatigue et pour ta pitié. Je compte tes efforts, je recueille tes larmes. A tes efforts pour l’amour de tes frères, on donnera la récompense de ceux qui se consument à faire connaître Dieu aux hommes. Pour les larmes que tu verses sur les souffrances de ma dernière semaine, il te sera donné en récompense le baiser de Jésus. Ecris et sois bénie. »

123.2

Jésus est debout sur un entassement de tables dressées comme une tribune dans l’une des pièces, la dernière. Il parle à très haute voix près de la porte, pour être entendu par ceux qui sont dans la pièce comme par ceux qui se tiennent sous l’appentis et jusque dans la cour inondée par la pluie. Sous leurs sombres manteaux de laine brute sur laquelle l’eau glisse, on dirait des religieux. Les plus faibles se trouvent dans la pièce, les femmes sous l’appentis, les gens robustes, des hommes surtout, dans la cour, exposés à l’eau.

Pierre va et vient, pieds nus, vêtu seulement de son vêtement court et protégé par une toile qu’il s’est mise sur la tête. Il ne perd pas sa bonne humeur, même s’il doit patauger dans l’eau et subir une douche qu’il n’aurait pas voulue. Jean, André et Jacques sont avec lui. Ils transportent avec précaution des malades dans l’autre pièce, guident des aveugles et soutiennent des estropiés.

Jésus attend avec patience que tout le monde soit à sa place et s’afflige seulement que les quatre disciples soient trempés comme une éponge qu’on retire d’un seau d’eau.

« Ce n’est rien, rien ! Nous sommes comme du bois poissé. Ne te tracasse pas. Nous recevons un second baptême, et le baptiseur, c’est Dieu lui-même » répond Pierre à la compassion de Jésus.

Finalement, tout le monde est en place et Pierre pense pouvoir aller mettre un vêtement sec. Et il le fait avec les trois autres. Mais à peine a-t-il rejoint de nouveau le Maître qu’il voit s’avancer vers le coin de l’appentis le manteau gris de la femme voilée. Il ne pense plus qu’à aller vers elle, sans se soucier qu’il lui faudra retraverser la cour en diagonale sous l’averse plus drue et marcher dans les flaques d’eau, frappées par de grosses gouttes, qui giclent jusqu’aux genoux. Il va la trouver, lui prend le coude sans déplacer son manteau et l’entraîne plus haut près du mur de la pièce, à l’abri du déluge, et puis il se plante à côté, raide et immobile comme une sentinelle.

Jésus l’a vu. Il a souri en inclinant la tête pour cacher la luminosité de son sourire.

123.3

Maintenant, il parle.

« Ne dites pas, vous qui êtes venus régulièrement à mes instructions, que je ne parle pas selon l’ordre des commandements, et que j’en saute certains. Vous écoutez, je le vois. Vous écoutez bien. J’applique mon discours aux souffrances et aux plaies que je vois en vous. Je suis le Médecin. Le médecin s’adresse d’abord aux plus malades, à ceux qui sont le plus près de la mort, ensuite il se tourne vers ceux qui sont moins malades. Je fais de même.

Aujourd’hui, je dis : “ Ne commettez pas d’impureté. ”

Ne tournez pas vos regards tout autour en cherchant à lire sur le visage de quelqu’un le mot : “ luxurieux ”. Soyez charitables les uns envers les autres. Aimeriez-vous qu’on le lise sur votre visage ? Non. Alors, ne cherchez pas à lire dans l’œil troublé du voisin, sur son front qui rougit et regarde par terre.

D’ailleurs… dites-moi, vous surtout les hommes. Lequel d’entre vous n’a jamais goûté ce pain de cendre et d’ordure qu’est la satisfaction sexuelle ? N’y a-t-il de luxure que celle qui vous pousse pour une heure entre les bras d’une prostituée ? N’est-ce pas aussi de la luxure, la profanation du mariage avec votre femme, profanation car c’est la légalisation du vice qui recherche la satisfaction réciproque des sens, en en évitant les conséquences ?

Mariage veut dire procréation et l’acte signifie et doit être fécondation. Sans cela, c’est de l’immoralité. On ne doit pas faire de la couche nuptiale un lupanar, et elle devient telle si elle est souillée par la passion et si elle n’est pas consacrée par des maternités. La terre ne repousse pas la semence. Elle l’accueille et en fait une plante. La semence ne quitte pas la glèbe après qu’on l’y a déposée, mais elle suscite aussitôt une racine et s’y agrippe pour croître et former l’épi. La plante naît du mariage entre la terre et la semence. L’homme, c’est la semence, la femme c’est la terre, l’épi c’est l’enfant. Se refuser à faire un épi et perdre sa force dans le vice, c’est une faute. C’est une prostitution, commise sur le lit nuptial, mais en rien différente de l’autre, aggravée même par la désobéissance au commandement qui dit[1] : “ Soyez une seule chair et multipliez-vous. ”

Vous voyez donc, vous les femmes volontairement stériles, épouses légales et honnêtes, non pas aux yeux de Dieu mais aux yeux du monde, que malgré cela vous ressemblez à des prostituées et commettez également l’impureté, même si vous ne fréquentez que votre mari, parce que ce n’est pas la maternité, mais le plaisir que vous recherchez, et cela bien trop souvent. Vous ne réfléchissez pas que le plaisir est un poison que l’on absorbe, de quelque bouche contagieuse qu’il vienne. Il brûle d’un feu qui, poussé par son désir de se rassasier, se pousse hors du foyer et dévore, toujours plus insatiable. Il laisse un âcre goût de cendre sur la langue. Il donne le dégoût, la nausée et le mépris de soi-même et de son compagnon de plaisir car, quand la conscience se réveille – elle se réveille entre deux fièvres –, il ne peut naître que le mépris de soi-même qu’on a avili plus bas qu’une bête.

123.4

“ Ne commettez pas l’impureté ”, est-il dit.

La fornication vient en grande partie des actes charnels de l’homme. Et je ne m’arrête pas non plus à cette union inconcevable, un vrai cauchemar, que le Lévitique condamne[2] en ces termes :

“ Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme ” et “ tu ne donneras ta couche à aucune bête ; tu en deviendrais impur. Une femme ne s’offrira pas à un animal pour s’accoupler à lui. Ce serait une souillure. ” Mais après avoir abordé le devoir des époux à l’égard du mariage qui cesse d’être saint quand, par malice, il devient infécond, j’en viens à parler de la fornication proprement dite entre homme et femme par vice réciproque et par paiement en argent ou en cadeaux.

Le corps humain est un temple magnifique qui renferme un autel. Sur l’autel, c’est Dieu qui devrait se trouver. Mais là où se trouve la corruption, Dieu n’est pas. Le corps de l’impur a donc un autel déconsacré et sans Dieu. Semblable à un homme ivre qui se roule dans la fange et dans les vomissements de son ivresse, l’homme s’avilit dans la bestialité de la fornication et devient pire qu’un ver et que la bête la plus immonde.

Or, dites-moi, si l’un de vous s’est dépravé au point de vendre son corps comme on vend du blé ou un animal, quel bien vous en est-il venu ? Prenez-vous le cœur en main, examinez-le, interrogez-le, écoutez-le, voyez ses blessures, la douleur qui le fait frissonner et puis parlez et répondez-moi : ce fruit était-il si doux pour mériter cette souffrance d’un cœur qui était né pur et que vous avez contraint à vivre dans un corps impur, à battre pour donner vie et chaleur à la luxure, et l’user dans le vice ?

Dites-moi : mais êtes-vous dépravées au point de ne pas sangloter secrètement en entendant une voix d’enfant qui appelle : “ maman ” et en pensant à votre mère, ô femmes de plaisir échappées de la maison, ou chassées pour que la pourriture de ce fruit pourri ne corrompe pas les autres enfants ? En pensant à votre mère qui peut-être est morte de la douleur de devoir se dire : “ J’ai enfanté un être qui fait ma honte ” ?

N’avez-vous pas senti votre cœur se briser en rencontrant un vieillard que ses cheveux blancs rendaient respectable, à la pensée que vous avez jeté le déshonneur sur ceux de votre père comme de la boue prise à pleines mains, et avec le déshonneur le mépris de son village natal ?

Ne sentez-vous pas le regret vous étreindre les entrailles en voyant le bonheur d’une épouse ou l’innocence d’une jeune fille, et de devoir vous dire : “ Moi, j’ai renoncé à tout cela et je ne l’aurai jamais plus ! ” ?

Ne sentez-vous pas la honte qui vous défigure lorsque vous rencontrez le regard d’un homme plein de convoitise ou de mépris ?

Ne ressentez-vous pas votre misère quand vous avez envie du baiser d’un bébé et que vous n’osez plus dire : “ donne-le-moi ” parce que vous avez tué des vies qui devaient naître, rejetées par vous comme un fardeau ennuyeux et une gêne inutile, détachées de l’arbre qui les avait conçues, et jetées au fumier ? or maintenant ces petites vies vous crient : “ assassines ! ”

Surtout, ne tremblez-vous pas à la pensée du Juge qui vous a créées et qui vous attend pour vous demander : “ Qu’as-tu fait de toi-même ? Est-ce pour cela que je t’ai donné la vie ? Nid de vermine et de pourriture, comment oses-tu te tenir en ma présence ? Tu as eu tout de ce qui était pour toi un dieu : le plaisir. Va au lieu de l’éternelle malédiction. ”

123.5

Qui pleure ? Personne ? Vous dites : personne ? Et pourtant mon âme va à la rencontre d’une autre âme en pleurs. Pourquoi y va-t-elle ? Pour jeter l’anathème à une prostituée ? Non. Parce que son âme me fait pitié. Tout en moi est répulsion pour son corps souillé, qui transpire une sueur immonde. Mais son âme !

Père ! Père ! C’est pour cette âme aussi que j’ai pris chair et que j’ai quitté le Ciel pour être son Rédempteur et celui de tant d’âmes, ses sœurs ! Pourquoi ne devrais-je pas recueillir cette brebis errante, l’amener au bercail, la purifier, l’unir au troupeau, lui donner des pâturages et un amour qui soit parfait comme seul le mien peut l’être ? Mon amour est bien différent de ce à quoi elle donnait jusqu’ici le nom d’amour – qui n’était, en fait, que haine –, c’est un amour très compatissant, complet, très doux pour qu’elle ne pleure plus le temps passé autrement que pour dire : “ J’ai perdu trop de jours loin de toi, éternelle Beauté. Qui me rendra le temps perdu ? Comment savourer, dans le peu de temps qu’il me reste à vivre, ce que j’aurais savouré si j’étais toujours restée pure ? ”

Et pourtant ne pleure pas, âme foulée aux pieds par toute la luxure du monde. Ecoute : tu es une loque dégoûtante, mais tu peux redevenir une fleur. Tu es un fumier, mais tu peux redevenir un parterre embaumé. Tu es un animal immonde, mais tu peux redevenir un ange. Un jour tu l’as été. Tu dansais sur les prés en fleurs, rose parmi les roses, fraîche comme elles, exhalant le parfum de ta virginité. Sereine, tu chantais des chansons d’enfant, puis tu courais vers ta mère, vers ton père et tu leur disais : “ Vous êtes mes amours. ” Et l’invisible gardien qu’a toute créature à son côté souriait devant la blancheur azurée de ton âme…

Et puis, pourquoi ? Pourquoi as-tu arraché tes ailes de petite innocente ? Pourquoi as-tu foulé aux pieds un cœur de père et de mère pour courir vers d’autres cœurs dont tu n’étais pas sûre ? Pourquoi as-tu abaissé ta voix pure en lui faisant prononcer des mots mensongers d’un faux amour ? Pourquoi as-tu brisé la tige de la rose, pourquoi t’es-tu violée toi-même ?

Repens-toi, fille de Dieu. Le repentir est renouvellement, purification, élan vers les hauteurs. L’homme ne peut-il pas te pardonner ? Ton père lui-même ne le pourrait-il plus ? Dieu, lui, le peut. Car la bonté de Dieu ne peut se comparer à la bonté humaine et sa miséricorde est infiniment plus grande que la misère de l’homme. Honore-toi toi-même, en rendant, par une vie honnête, ton âme digne d’honneur. Justifie-toi auprès de Dieu, en ne péchant plus contre ton âme. Fais-toi un nom nouveau auprès de Dieu. Voilà ce qui a de la valeur. Tu es le vice. Deviens l’honnêteté. Deviens le sacrifice. Deviens la martyre de ton repentir. Tu as bien su martyriser ton cœur pour faire jouir la chair. Maintenant, sache martyriser ta chair pour donner une paix éternelle à ton cœur.

Va. Allez tous. Chacun avec son fardeau et ses pensées. Réfléchissez. Dieu vous attend tous et ne rejette aucun de ceux qui se repentent. Que le Seigneur vous donne la lumière pour connaître votre âme. Allez. »

Beaucoup se dirigent vers le village. D’autres entrent dans la pièce. Jésus s’approche des malades et les guérit.

123.6

Un groupe d’hommes discutent dans un coin. Partagés entre des opinions différentes, ils gesticulent et s’animent. Certains accusent Jésus, d’autres le défendent, d’autres encore conseillent à tous de faire preuve de plus de maturité dans leur jugement.

Finalement, les plus acharnés, peut-être parce qu’ils sont peu nombreux par rapport aux deux autres groupes, prennent une voie médiane. Ils vont trouver Pierre qui, avec Simon, transporte les brancards désormais inutiles de trois miraculés, et l’assaillent avec autorité à l’intérieur de la pièce devenue une hôtellerie de pèlerins. Ils lui disent :

« Homme de Galilée, écoute. »

Pierre se retourne et les regarde comme des bêtes rares. Il ne parle pas, mais son visage est tout un poème. Simon se contente de jeter un coup d’œil vers les cinq énergumènes puis il sort, les laissant tous en plan.

L’un des cinq reprend :

« Je suis Samuel, le scribe ; celui-ci, c’est l’autre scribe, Sadoq ; et celui-là le juif Eléazar, très connu et influent ; quant à cet autre, c’est l’illustre vieillard, Callascebona ; et ce dernier, pour terminer, Nahum. Tu saisis ? Nahum ! »

Le ton est des plus emphatiques.

Pierre s’incline légèrement à chaque nom, mais au dernier il ne s’incline qu’à demi et dit, avec la plus parfaite indifférence :

« Je ne sais pas… jamais vu. Et puis… je ne comprends rien.

– Rustre de pêcheur ! Sache que c’est l’homme de confiance d’Hanne.

– Je ne connais pas Anne. Ou plutôt je connais beaucoup de femmes qui s’appellent Anne. Il y en a une vraie champignonnière, même à Capharnaüm. Mais je ne sais de quel Anne celui-ci est l’homme de confiance.

– Celui-ci ? C’est à moi que tu dis : “ celui-ci ” ?

– Mais que veux-tu que je te dise ? Ane ou oiseau ? Quand j’allais à l’école, le maître m’a appris à dire “ celui-ci ” en parlant d’un homme et, si je n’ai pas la berlue, tu es un homme. »

L’homme s’agite comme si cette parole l’écorchait vif. L’autre, le premier qui a parlé, explique :

« Mais Hanne est le beau-père de Caïphe…

– Ah !… Compris ! Eh bien ?

– Eh bien, sache que nous sommes indignés !

– De quoi ? Du temps ? Moi aussi. C’est la troisième fois que je change de vêtement et maintenant, je n’ai plus rien de sec.

– Ne fais pas l’imbécile !

– L’imbécile ? C’est la vérité. Si vous n’êtes pas mécontents du temps, de quoi alors ? Des Romains ?

– De ton Maître ! Du faux prophète.

– Attention, cher Samuel, ne m’énerve pas ! Je suis comme le lac. Il suffit d’un instant pour passer du calme plat à la tempête. Fais attention à ce que tu dis… »

Entre-temps, les fils de Zébédée et d’Alphée et avec eux Judas et Simon sont entrés eux aussi. Ils s’approchent de Pierre qui parle toujours plus fort.

« Tu ne toucheras pas les grands personnages de Sion de tes mains de plébéien !

– Oh ! Quels beaux seigneurs ! Et vous, ne touchez pas au Maître, parce que, sinon, vous volerez au moment même au fond du puits vous purifier pour de bon intérieurement et extérieurement.

– Je fais observer aux savants du Temple, ajoute paisiblement Simon, que cette maison est une propriété privée. »

Et Judas renchérit :

« Et le Maître, j’en suis garant, a toujours fait preuve du plus grand respect pour la maison d’autrui – et en premier lieu pour la maison du Seigneur –.

– Tais-toi, ver sournois.

– Sournois en quoi ? Vous m’avez dégoûté et je suis venu là où il ne peut y avoir de dégoût. Dieu veuille que pour être resté avec vous je n’aie pas été complètement corrompu !

123.7

– Bref, que voulez-vous ? demande sèchement Jacques, fils d’Alphée.

– Et toi, qui es-tu ?

– Je suis Jacques, fils d’Alphée, Alphée, fils de Jacob, fils de Mathan, fils d’Eléazar, et si tu veux, je te nomme tous mes ancêtres jusqu’au roi David dont je descends. Je suis aussi le cousin du Messie. Je te prie donc de parler avec moi, qui suis de souche royale et de race juive, s’il déplaît à ta grandeur de parler avec un honnête israélite qui connaît Dieu mieux que Gamaliel et que Caïphe. Allons. Parle.

– Ton Maître et parent se fait suivre par des prostituées. Cette femme voilée est l’une d’elles. Je l’ai vue au moment où elle vendait de l’or. Et je l’ai reconnue. C’est la maîtresse de Shammaï, elle l’a quitté. Cela déshonore ton parent.

– De qui ? De Shammaï le rabbin ? Alors ce doit être une vieille carcasse. Donc pas de danger…, dit Judas en plaisantant.

– Tais-toi, fou ! De Shammaï d’Elchi, le préféré d’Hérode.

– Tiens, tiens ! Cela veut dire qu’elle ne le préfère plus, le préféré. C’est elle qui était sa maîtresse. Pas toi. Alors pourquoi te mets-tu en peine ? réplique Judas sur un ton plein d’ironie.

– Homme, ne penses-tu pas que tu te déshonores en faisant l’espion ? demande Jude. Et ne penses-tu pas que c’est celui qui pèche qui se déshonore, et non pas celui qui cherche à relever le pécheur ? Quel déshonneur en résulte-t-il pour mon Maître et frère si, par son enseignement, il fait parvenir sa voix jusqu’aux oreilles profanées par la bave des luxurieux de Sion ?

– Sa voix ? Ah, ah ! Il a trente ans, ton Maître et cousin et il n’en est que plus hypocrite que les autres ! Et toi, et vous tous, vous dormez comme des sourds, la nuit…

– Reptile impudent, hors d’ici ou je t’étrangle », crie Pierre, à qui font écho Jacques et Jean, pendant que Simon se borne à dire :

« Quelle honte ! Ton hypocrisie est si grande qu’elle ressort et déborde et tu baves comme une limace sur une fleur pure. Sors d’ici et deviens un homme car pour l’instant tu n’es que venin. Je te reconnais, Samuel. Tu as toujours le même cœur. Que Dieu te pardonne, mais va-t’en loin de moi. »

Mais pendant que Judas et Jacques, fils d’Alphée, retiennent le bouillant Pierre, voici qu’intervient Jude. Par sa démarche, il ressemble plus que jamais à son cousin Jésus dont il a la même flamme bleue dans les yeux et la même expression imposante. Il crie comme un tonnerre :

« Celui qui cherche à déshonorer l’innocent se déshonore lui-même. Dieu a créé les yeux et la langue pour accomplir des œuvres saintes. Le calomniateur les profane et les avilit, en leur faisant accomplir des œuvres mauvaises. Je ne me souillerai pas moi-même par un acte mauvais contre tes cheveux blancs. Mais je te rappelle que les méchants haïssent l’homme intègre et que le sot épanche sa malveillance, sans même réfléchir qu’il se trahit. Qui vit dans les ténèbres échange pour un reptile le rameau fleuri. Mais qui vit dans la lumière voit les choses telles qu’elles sont, et il les défend si on les attaque, par amour de la justice. Nous, nous vivons dans la lumière. Nous sommes la chaste et belle génération des fils de la lumière, et notre Chef, c’est le Saint qui ne connaît ni la femme ni le péché. Nous le suivons et le défendons contre ses ennemis, pour lesquels, comme il nous l’a enseigné, nous n’éprouvons aucune haine : bien au contraire, nous prions pour eux. Apprends, vieillard, la leçon d’un jeune homme parvenu à la maturité parce que la Sagesse lui a appris à ne pas tenir des propos irréfléchis et à ne pas être, en fait de bien, un propre à rien. Va et rapporte à celui qui t’a envoyé que ce n’est pas dans la maison profanée du mont Moriah, mais dans cette pauvre demeure que Dieu réside dans sa gloire. Adieu. »

Les cinq hommes n’osent pas répliquer et s’en vont.

123.8

Les disciples s’interrogent. Faut-il le rapporter ou non à Jésus qui est encore avec les malades guéris ? Mieux vaut le lui dire. Ils vont à lui, l’appellent et ils lui racontent tout.

Jésus sourit tranquillement et répond :

« Je vous remercie d’avoir pris ma défense… mais que voulez-vous y faire ? Chacun donne ce qu’il a.

– Pourtant, ils ont un peu raison. On a des yeux pour voir et beaucoup voient. Elle est toujours à la porte, comme un chien. Cela te porte tort, disent plusieurs.

– Laissez-la. Ce ne sera pas elle, la pierre qui me frappera la tête. Et si elle se rachète… ma joie me paiera bien de toutes ces critiques ! »

Tout se termine sur cette douce réponse.

123.1

Me dice Jesús:

«Ten paciencia, alma mía, por este doble esfuerzo. Es tiempo de sufrimiento. ¡¿Sabes lo cansado que estaba los últimos días?! Ya ves. Al andar me apoyo en Juan, en Pedro, en Simón, y también en Judas... Sí. ¡Yo, que emanaba milagro con sólo rozar con mis vestiduras, no pude cambiar aquel corazón! Déjame que me apoye en ti, pequeño Juan, para volver a decir las palabras ya dichas en los últimos días a esos obstinados obtusos sobre quienes el anuncio de mi tormento resbalaba y no penetraba. Y deja también que el Maestro hable de sus horas de predicación en la triste llanura del Agua Especiosa. Y te bendeciré dos veces: por tu esfuerzo y por tu piedad. Llevo la cuenta de tus esfuerzos, recojo tus lágrimas. Los esfuerzos por amor a los hermanos recibirán la recompensa de aquellos que se consumen por dar a conocer a Dios a los hombres. Tus lágrimas por mi sufrimiento de la última semana recibirán como premio el beso de Jesús. Escribe y recibe mi bendición».

123.2

Jesús está en pie, encima de un cúmulo de tablas, alzadas a manera de tribuna en una de las piezas, la última, y allí habla con voz poderosa, para que le oigan tanto los que están dentro de la estancia como los que se encuentran bajo el cobertizo, e incluso en la era, encharcada por la lluvia. Cubiertos con sus mantos oscuros y de lana en bruto, sobre la cual resbala el agua, parecen frailes todos ellos. En la estancia están los más débiles; bajo el cobertizo, las mujeres; en el patio, bajo la lluvia, los fuertes, la mayoría hombres.

Pedro va y viene, descalzo y sólo con la prenda corta, cubierto con un lienzo que se ha puesto sobre la cabeza; pero no pierde el buen humor, a pesar de que tenga que ir guachapeando en el agua y se esté duchando sin desearlo. Con él están Juan, Andrés y Santiago. Están trayendo de la otra estancia, con precaución, a unos enfermos, y guiando a unos ciegos y haciendo de apoyo a algunos tullidos.

Jesús aguarda con paciencia a que todos hayan terminado de acomodarse, y sólo le duele el que los cuatro discípulos estén empapados, como esponjas dentro de un cubo.

«¡Nada, nada! Somos madera empecinada. No te preocupes. Nos bautizamos otra vez, y el bautizador es Dios mismo» responde Pedro a las muestras de desazón de Jesús.

Por fin todos están en sus respectivos lugares y Pedro estima que puede ir a ponerse ropa seca. Así lo hace, como también los otros tres. Pero, vuelto donde el Maestro, ve sobresalir por la esquina del cobertizo el manto gris de la mujer velada, y se dirige hacia ella sin pensar que para hacerlo tiene que volver a cruzar el patio en diagonal bajo el chaparrón, que va a más, y sin pensar en los charcos que salpican hasta la rodilla al chocar tan fuerte en ellos las gotazas de agua. La agarra de uno de los codos, sin retirar el manto, y la arrastra bien hacia arriba, hasta la pared de la estancia, resguardada del agua, y luego se planta a su lado, duro e inmóvil como un centinela.

Jesús ha visto la escena y ha sonreído inclinando la cabeza para celar la luminosidad de su sonrisa.

123.3

Ahora habla.

«No digáis, vosotros, los que habéis venido con regularidad, que no hablo con orden y que salto alguno de los diez mandamientos. Vosotros oís, Yo veo; vosotros escucháis, Yo aplico mi palabra a los dolores y a las llagas que veo en vosotros. Yo soy el Médico. Un médico va primero a los más enfermos, a los que están más cerca de la muerte. Luego se vuelve a los menos graves. Yo también.

Hoy digo: “No forniquéis”.

No dirijáis a vuestro alrededor la mirada tratando de leer en el rostro de uno la palabra: “lujurioso”. Tened recíproca caridad. ¿Os gustaría que uno la leyera en vosotros? No. Pues entonces no queráis leerla en el ojo turbado de quien está a vuestro lado; en su frente que se avergüenza y se inclina hacia el suelo. Además... ¡Oh!, decidme, especialmente vosotros, hombres. ¿Quién de entre vosotros no ha hincado nunca los dientes en el pan de ceniza y estiércol de la satisfacción sexual? ¿Acaso es lujuria sólo la que os lleva a estar durante una hora entre brazos meretricios? ¿No es, acaso, lujuria, también, la profanación del connubio con la esposa al eludir las consecuencias de éste, que queda reducido, por tanto, a una recíproca satisfacción del sentido, a un vicio legalizado?

Matrimonio quiere decir procreación, y el acto quiere decir y debe ser fecundación. Sin ello es inmoralidad. No se debe del tálamo hacer un lupanar; y en lupanar se transforma si se ensucia de libídine y no se consagra con maternidades. La tierra no rechaza la semilla, la acoge y de ella forma una planta. La semilla no huye de la gleba una vez depositada; por el contrario, en seguida echa raíz y se agarra para crecer y dar una espiga: la criatura vegetal nacida del connubio entre gleba y semilla. El hombre es la semilla, la mujer es la tierra, la espiga es el hijo. Negarse a producir la espiga y desaprovechar la fuerza para vicio es culpa. Es meretricio cometido en el lecho nupcial, pero en nada distinto del otro; es más, agravado por la desobediencia al mandamiento que dice: “Sed una sola carne y multiplicaos en los hijos”.

Por tanto, ved, mujeres voluntariamente estériles, esposas legales y honestas (no a los ojos de Dios, sino del mundo), cómo, a pesar de ello, vosotras podéis ser prostitutas y fornicar igual, aunque seáis sólo de vuestro marido, porque no vais hacia la maternidad, sino al placer, demasiado y demasiado frecuentemente. ¿Y no os paráis a pensar que el placer es un tóxico que, aspirado por una boca, cualquiera que fuere, contagia, produce quemazón, cual fuego que, creyendo consumirse, traspasa, devorador, cada vez más insaciable, los límites del hogar, dejando acre sabor de ceniza bajo la lengua y desagrado y náusea y desprecio de sí y del compañero de placer? Porque cuando la conciencia se despierta — y lo hace entre dos momentos febriles — no puede dejar de nacer este desprecio de sí, rebajados como quedan uno y otro a un nivel incluso inferior al de los animales.

123.4

“No forniquéis”, está escrito.

Es fornicación gran parte de las acciones carnales del hombre — ni siquiera toco la cuestión de esas uniones inconcebibles, que son como una pesadilla y que el Levítico condena con estas palabras: “Hombre, no te acercarás al hombre como si fuera una mujer”; y también: “No te unirás a bestia alguna para no contaminarte con ella. Y así hará la mujer, y no se unirá a ninguna bestia, porque es infamia” —. Bien... he hecho alusión al deber de los esposos respecto al matrimonio — el cual deja de ser santo cuando, por malicia, viene a ser infecundo — y ahora voy a hablar de la fornicación en sentido propio entre hombre y mujer, por recíproco vicio o por obtener dinero o regalos.

El cuerpo humano es un magnífico templo que encierra en sí un altar. En ese altar debería estar Dios. Mas Dios no está donde hay corrupción. Por tanto, el cuerpo del impuro tiene su altar desconsagrado y sin Dios. Como quien se revuelca, ebrio, en el lodo y en el vómito de la propia ebriedad, el hombre, en la bestialidad de la fornicación, se rebaja a sí mismo, viniendo a ser menos que un gusano o que el animal más inmundo.

Decidme — si entre vosotros hay alguno que se haya depravado a sí mismo hasta el punto de comerciar con su cuerpo como se hace con cereales o animales — ¿qué beneficio os ha reportado? Poneos, poneos vuestro corazón en la mano, observadlo, preguntadle, escuchadlo, ved sus heridas, sus estremecimientos de dolor, y luego decidme, respondedme: ¿tan dulce era ese fruto, que compensara este dolor de un corazón nacido puro, forzado por vosotros a vivir en un cuerpo impuro, a latir para dar vida y calor a la lujuria, a irse consumiendo en el vicio?

Decidme: ¿Sois tan depravadas que no lloráis secretamente sintiendo una voz de niño que llama: “mamá”, y pensando en vuestra madre — ¡oh mujeres de placer que habéis huido de casa, u os han echado de ella para que el fruto empodrecido no destruyera con el exudado de su putridez a los demás hermanos! —, pensando en vuestra madre, muerta quizás por el dolor de tener que decirse a sí misma: “He dado a luz a una persona que ha sido motivo de oprobio”?

¿Pero es que no sentís que se os parte el corazón cuando veis a un anciano cuyas canas le dan un porte solemne, al pensar que sobre las de vuestro padre habéis derramado el deshonor, como barro tomado a manos llenas, y junto con el deshonor el menosprecio de su tierra natal?

¿Pero es que no sentís que se os retuercen las entrañas de doliente añoranza al ver la felicidad de una esposa o la inocencia de una virgen, teniendo que decir: “Yo he renunciado a todo esto, y nunca más volveré a poseerlo”?

¿Pero es que no sentís como si la vergüenza os arrancara la piel de la cara, al ver la mirada, voraz o llena de desprecio, de los hombres?

¿Pero es que no sentís vuestra miseria cuando tenéis sed de un beso de niño y ya no os atrevéis a decir: “Dámelo”, porque habéis matado vidas en su comienzo, vidas que habéis rechazado como peso fastidioso e inútil carga, vidas arrancadas del mismo árbol que las había concebido, arrojadas para estiércol, vidas que ahora os gritan: “¡Asesinas!”?

¿Pero es que no teméis, sobre todo, al Juez que os ha creado y que os espera para preguntaros y deciros: “¿Qué has hecho de ti misma? ¿Para eso, acaso, te di la vida? Pululante nido de gusanos, ¿cómo te atreves a estar en mi presencia? Tuviste todo lo que para ti era dios: el placer. Ve al lugar de maldición sin término”?

123.5

¿Quién llora? ¿Ninguno? ¿Decís: “ninguno”? Pues mi alma va hacia otra alma que llora. ¿Para qué va hacia ella? ¿Para lanzarle el anatema por ser meretriz? No. Porque siento piedad por su alma. Todo en mí es repulsa hacia su sucio cuerpo, sudado por el esfuerzo lascivo. ¡Pero su alma...!

¡Oh! ¡Padre! ¡Padre! ¡También por esta alma Yo me he encarnado y he dejado el Cielo para ser su Redentor y el de muchas almas hermanas suyas! ¿Por qué debo no recoger a esta oveja que va descarriada, y llevarla al redil, limpiarla, unirla al rebaño, sacarla a pastar, y darle un amor que sea perfecto como sólo el mío lo puede ser, tan distinto de los que tuvieron hasta ahora para ella nombre de amor y no eran sino odio; tan piadoso, completo, delicado, que ella ya no llore por el tiempo pasado, o lo haga sólo para decir: “Demasiados días he perdido lejos de ti, eterna Belleza. ¿Quién me restituirá el tiempo perdido? ¿Cómo gustar en lo poco que me queda cuanto habría gustado si hubiera sido siempre pura?”?

A pesar de ello, no llores, alma pisoteada por toda la libídine del mundo. Escucha: eres un trapo asquerosamente sucio, pero puedes volver a ser una flor; eres un estercolero, pero puedes ser un jardín; eres un animal inmundo, pero puedes volver a ser un ángel. Un día lo fuiste; danzabas en los prados floridos, rosa entre las rosas, fresca como ellas, y despedías fragancia de virginidad; cantabas, serena, tus canciones de niña, y luego corrías a donde tu madre, a donde tu padre, y les decías: “Vosotros sois mis amores”. Y el invisible guardián que tienen todas las criaturas al lado sonreía ante tu alma blanca-azul... ¿Y luego? ¿Por qué? ¿Por qué te has arrancado esas alas de pequeño inocente? ¿Por qué has pisoteado un corazón de padre y de madre para correr hacia otros corazones inciertos? ¿Por qué has consignado tu voz pura a embusteras frases de pasión? ¿Por qué has quebrado el tallo de la rosa y te has profanado a ti misma?

Arrepiéntete, hija de Dios. El arrepentimiento renueva. El arrepentimiento purifica. El arrepentimiento sublima. ¿El hombre no te puede perdonar? ¿Ni siquiera tu padre podría ya hacerlo? Bueno, pues Dios puede, porque la bondad de Dios no es comparable a la bondad humana y su misericordia es infinitamente más grande que la humana miseria. Hónrate a ti misma haciendo, con una vida honesta, digna de honor a tu alma. Justifícate ante Dios no volviendo a pecar contra tu alma. Hazte un nombre nuevo ante Dios. Eso es lo que tiene valor. ¿Eres vicio? Sé honestidad, sé sacrificio, sé la martir de tu arrepentimiento. Bien supiste martirizar tu corazón para hacer gozar a la carne, sabe ahora martirizar la carne para darle a tu corazón una eterna paz.

Ve. Marchad todos, cada uno con su peso y con su pensamiento, y meditad. Dios espera a todos y no rechaza a ninguno que se arrepienta. ¡Que el Señor os dé su luz para conocer vuestra alma! ¡Adiós!».

Muchos se marchan en dirección al pueblo. Otros entran en la habitación. Jesús va hacia los enfermos y les devuelve la salud.

123.6

Un grupo de hombres, en un ángulo, habla en voz baja; divididos como están en distintas tendencias, gesticulan y se acaloran. Algunos se muestran acusadores de Jesús; otros, defensores; y otros exhortan a éstos y a aquéllos a tener un juicio más maduro.

Al final, los más obstinados, quizás porque son pocos respecto a los otros dos grupos, se deciden por una tercera vía: van a donde Pedro, que está transportando junto con Simón las camillas — que ya no hacen falta — de tres de los curados, y le asaltan avasalladoramente dentro de la vasta habitación, que ha quedado transformada en hospedería de los peregrinos. Dicen: «Hombre de Galilea, escucha».

Pedro se vuelve y los mira como a unos bichos raros. No habla, pero su cara es todo un poema. Simón sólo lanza su mirada hacia los cinco energúmenos, y sale, dejándoles plantados a todos.

Uno de los cinco continúa diciendo: «Yo soy Samuel, el escriba; éste es el otro escriba, Sadoq; y éste es el judío Eleazar, muy conocido e influyente; y éste, el ilustre anciano Calasebona; y éste, finalmente, Nahúm. ¿Entendido? ¡Nahúm!» (y, por si fuera poco, el tono es enfático).

Pedro se inclina ligeramente según va oyendo estos nombres, pero, al oír el último, se queda a mitad de camino, y dice con la mayor indiferencia: «No lo sé, nunca le he oído, y... no entiendo nada».

«¡Vulgar pescador! ¡Has de saber que es el fiduciario de Anás[1]!».

«No sé quién es; bueno, conozco a muchas mujeres de nombre Ana; incluso en Cafarnaúm hay un montón de Anas, pero no sé de qué Ana éste es fiduciario».

«¿Éste? ¿A mí se me dice: “éste”?».

«Y entonces, ¿cómo quieres que te llame?: ¿asno? ¿pájaro? Cuando iba a la escuela, me enseñó el maestro a decir “éste” hablando de un hombre, y, si no veo visiones, tu eres un hombre».

El hombre se revuelve como torturado por esas palabras. El otro, el primero que ha hablado, aclara: «Anás es el suegro de Caifás…».

«¡Aaaah!... ¡¡¡Ahora entiendo!!! ¿Y bien...?».

«¡Pues que has de saber que nosotros estamos indignados!».

«¿Con qué? ¿Con el tiempo? Yo también. Es la tercera vez que me cambio y ya no tengo más ropa seca».

«¡No seas necio!».

«¿Necio? Pero si es verdad; si no estáis indignados con el tiempo, entonces, ¿con qué? ¿con los romanos?».

«¡Con tu Maestro! Con el falso profeta».

«¡Oye, tú, Samuel, ojo, que entro en acción, y entonces soy como el lago: de la calma chicha a la tempestad paso en un momento. Ten cuidado con lo que dices…».

En esto, han llegado también los hijos de Zebedeo y de Alfeo, y con ellos Judas Iscariote y Simón, y se arriman a Pedro que, por su parte, levanta cada vez más la voz.

«¡No tocarás con tus manos plebeyas a los grandes de Sión!».

«¡Oh, qué señoritos más majos! Y vosotros no me toquéis al Maestro, porque, si no, voláis al pozo, inmediatamente, a purificaros de verdad, por dentro y por fuera».

«Recuerdo a los doctos del Templo — dice serenamente Simón — que la casa es de dominio privado». Y agrega Judas Iscariote: «Y que el Maestro, y soy garante de ello, ha mostrado siempre hacia las casas de los demás, y en primer lugar hacia la casa del Señor, el máximo respeto. Hágase igual con su casa».

«Tú cállate, gusano falso».

«¡De qué, falso? Me habéis asqueado y me he venido donde no hay asquerosidades, ¡y Dios quiera que el haber estado con vosotros no me haya corrompido hasta lo más profundo!».

123.7

«Brevemente: ¿qué queréis?» pregunta secamente Santiago de Alfeo.

«¿Y tú quién eres?».

«Soy Santiago de Alfeo, y Alfeo de Jacob, y Jacob de Matán, y Matán de Eleazar; y si quieres te digo toda la ascendencia hasta el rey David, de quien procedo; y soy primo del Mesías. Por tanto, te ruego que hables conmigo, de estirpe real y de raza judía, si es que a tu arrogancia le da asco el hablar con un honesto israelita que conoce a Dios mejor que Gamaliel y que Caifás. Vamos. Habla».

«Tu Maestro y pariente permite que le sigan las prostitutas. Esa mujer velada es una de ellas, yo la he visto estando ella vendiendo oro, y la he reconocido. Es la amante que se le ha escapado de las manos a Siammái, y eso le deshonra».

«¿Qué Siammái? ¿A Siammái, el rabino? Pues debe ser entonces un carcamal. Por tanto, no hay peligro…» dice burlonamente Judas Iscariote.

«¡Cállate, desequilibrado! A Siammái de Elquí, el predilecto de Herodes».

«¡Caramba! Eso es señal de que ella ya no le prefiere al predilecto. Ella es quien tiene que ir a la cama con él, no tú; ¿por qué te lo tomas entonces a mal?». Judas de Keriot se muestra sumamente irónico.

«Hombre, ¿no crees que te deshonras haciendo de espía?» pregunta Judas de Alfeo. «Y, ¿no crees que se deshonra el que se rebaja a pecar y no, al contrario, quien trata de levantar al pecador? ¿Qué deshonra puede venirle a mi Maestro y hermano del hecho de que haga llegar su voz hasta las orejas profanadas por la baba de los lascivos de Sión?».

«¿La voz? ¡Ja! ¡Ja! ¡Tu Maestro y primo tiene treinta años, y no es sino un hipócrita mayor que los demás! Y tú, y todos vosotros, dormís profundamente por la noche…».

«¡Desvergonzado reptil! Fuera de aquí o te estrangulo» grita Pedro, haciéndole coro Santiago y Juan; Simón, por su parte, se limita a decir: «¡Qué vergüenza! Tu hipocresía es tan grande, que regurgita y se desborda, y babeas como una gran babosa encima de la flor pura. Sal y sé hombre, porque ahora no eres sino baba. Te he reconocido, Samuel. Eres siempre el mismo corazón. Que Dios te perdone; pero, vete de mi presencia».

Y mientras el Keriot y Santiago de Alfeo contienen al fogoso Pedro, Judas Tadeo, que en este acto se asemeja más que nunca a su Primo (de quien ahora tiene el mismo centelleo azul en la mirada y la imponencia en la expresión), dice vehementemente: «A sí mismo se deshonra quien deshonra al inocente. Dios ha hecho los ojos y la lengua para llevar a cabo obras santas. El maldiciente los profana y rebaja, haciéndoles cumplir obras malvadas. Yo no me voy a manchar a mí mismo con un acto vil contra tu canicie, pero te recuerdo que los malvados odian al hombre íntegro y que el necio descarga su aversión sin reflexionar ya siquiera en que con ello se pone al descubierto. Quien vive en las tinieblas confunde una rama florida con un reptil, pero quien vive en la luz ve las cosas como son y, si alguien las desacredita, las defiende por amor a la justicia. Nosotros vivimos en la luz. Somos la generación casta y hermosa de los hijos de la luz, y nuestro Caudillo es el Santo que no conoce ni mujer ni pecado. Nosotros le seguimos y le defendemos de sus enemigos, hacia los cuales, como Él nos ha enseñado, no sentimos odio; antes bien, oramos por ellos. Aprende, anciano, de un joven, que se ha hecho maduro porque la Sabiduría es su Maestro, aprende a no ser precipitado para hablar e inútil para obrar el bien. Vete, y refiere a quien te ha enviado que Dios en su gloria está en esta pobre morada, y no en la profanada casa del monte Moria. Adiós».

Los cinco no se atreven a replicar y se marchan.

123.8

Los discípulos conjuntamente examinan si decírselo o no a Jesús, que está todavía con los enfermos curados. Deciden que es mejor decírselo. Se acercan a Él, le llaman y se lo dicen.

Jesús sonríe sereno y responde: «Os agradezco vuestra defensa... pero ¿qué podéis hacer? Cada uno da lo que tiene».

«Pero tienen un poco de razón. Los ojos están en la cabeza para ver y muchos ven. Ella está siempre ahí fuera, como un perro. Te perjudica» dicen varios.

«Dejadla que esté. No será ella la piedra que golpeará mi cabeza. Y si ella se salva... ¡Oh..., bien merece la pena una crítica por una alegría así!».

Al dar esta dulce respuesta todo termina.


Notes

  1. dit en : Gn 1, 28 ; 2, 24 ; 9, 1.
  2. condamne, en: Lv 18, 22-23.

Notas

  1. Anás: Los nombres Anás y Ana en italiano tienen la misma forma (Anna), ello explica, en el original italiano, el malentendido de Pedro (NdT).