Los Escritos de Maria Valtorta

134. La guérison de Jérusa à Docco.

134. La curación de Jerusa en Doco.­

134.1

Je vois Jésus, aux premières lueurs du jour d’un hiver bien avancé, entrer dans la petite ville de Docco et demander à un passant matinal :

« Où habite Marianne, la vieille mère dont la bru est mourante ?

– Marianne, la veuve de Lévi ? La belle-mère de Jérusa, femme de Josias ?

– Oui, c’est bien elle.

– Regarde, homme : au bout de cette rue il y a une place, et au coin il y a une fontaine, d’où partent trois chemins. Prends celui qui a un palmier au milieu et marche encore cent pas. Tu trouveras un fossé, suis-le jusqu’au pont de bois. Passe-le et tu verras une ruelle couverte. Tu la suis. Quand il n’y a plus de route, ni de toit, car elle débouche sur une place, tu es arrivé. La maison de Marianne est dorée par la vétusté. Avec les frais qu’ils ont, ils ne peuvent la remettre en état. Ne te trompe pas. Adieu. Tu viens de loin ?

– Pas trop.

– Mais tu es galiléen ?

– Oui.

– Et ceux-ci ? Tu viens pour la fête ?

– Ce sont des amis. Adieu, homme. Que la paix soit avec toi. »

Jésus laisse en plan le bavard, qui n’est plus pressé. Il prend le chemin indiqué, suivi par les apôtres.

Ils arrivent à la… petite place : il s’agit en fait d’un bout de terrain boueux avec, au centre, un grand chêne qui a poussé là, tout seul, et qui, je suppose, donne en été une ombre agréable. Pour l’heure, il est plutôt triste avec son fouillis de branches noirâtres au-dessus des pauvres maisons auxquelles il enlève lumière et soleil.

La maison de Marianne est la plus misérable : elle est large et basse, mais tellement négligée ! La porte est toute rapiécée pour couvrir les fissures du bois vétuste. Une petite fenêtre, sans rideau, présente sa noire ouverture comme une orbite privée de son œil.

134.2

Jésus frappe à la porte. Une fillette d’une dizaine d’années se présente, pâle, maigre, les yeux rougis.

« Tu es la petite-fille de Marianne ? Dis à ta grand-mère que Jésus est ici. »

L’enfant pousse un cri et s’enfuit en criant à haute voix. La vieille femme accourt, suivie de six bambins, sans compter la fil­lette de tout à l’heure. Le plus grand paraît être son jumeau ; les derniers, deux petits garçons sans chaussures et chétifs, s’a­grippent au vêtement de la vieille et savent à peine marcher.

« Oh ! Tu es venu ! Enfants, vénérez le Messie ! Tu arrives à temps dans ma pauvre maison. Ma belle-fille est mourante… Ne pleurez pas, mes petits, qu’elle ne vous entende pas. Pauvres enfants ! Les fillettes sont épuisées par les veilles, car j’ai tout à faire et je ne tiens plus debout, je tombe de sommeil. Il y a des mois que je ne vais plus me coucher. A présent, je dors sur un siège près d’elle et des enfants. Mais elles, elles sont petites et elles en souffrent. Ces garçons vont faire du bois pour alimenter le feu. Ils en vendent aussi, pour avoir du pain. Ils n’en peuvent plus, les pauvres petits ! Mais ce qui nous tue, ce n’est pas la fatigue : c’est de la voir mourir… Ne pleurez pas. Nous avons Jésus.

– Oui, ne pleurez pas. Votre maman va guérir, votre père reviendra. Vous n’aurez plus tant de dépenses, ni une telle faim. Ceux-ci, ce sont les deux derniers ?

– Oui, Seigneur, ma faible belle-fille a accouché trois fois de jumeaux… et son sein est devenu malade.

– Trop pour les uns, et rien pour les autres » marmonne Pierre dans sa barbe.

Puis il prend un enfant et lui donne une pomme pour le faire taire. L’autre aussi lui en demande une et Pierre le satisfait.

134.3

Jésus, accompagné par la vieille femme, traverse l’atrium, puis une cour et monte l’escalier pour entrer dans une pièce où gémit une femme, jeune encore mais squelettique.

« C’est le Messie, Jérusa. Désormais tu ne vas plus souffrir. Tu vois ? Il est venu pour de bon. Isaac ne ment jamais. Il l’a dit. Crois donc car, s’il est venu, il peut aussi te guérir.

– Oui, bonne mère. Oui, mon Seigneur. Mais si tu ne peux me guérir, du moins fais-moi mourir. J’ai des chiens dans ma poitrine. La bouche de mes enfants, auxquels j’ai donné du doux lait, m’a apporté feu et amertume. Je souffre tant, Seigneur ! Je coûte tant ! Mon mari travaille au loin pour gagner notre pain. Sa vieille mère s’épuise. Et moi qui meurs… A qui iront mes enfants quand ce mal m’aura fait mourir et qu’elle succombera à ses efforts épuisants ?

– Pour les oiseaux, il y a Dieu et il en est de même pour les petits de l’homme. Mais tu ne vas pas mourir. C’est ici que tu as si mal ? »

Jésus va poser la main sur le sein enveloppé de bandes.

« Ne me touche pas ! N’augmente pas ma souffrance ! » hurle la malheureuse.

Mais Jésus pose délicatement sa longue main sur la poitrine malade.

« Tu as réellement le feu là-dedans, pauvre Jérusa. Ton amour maternel t’a enflammé le sein. Mais tu n’as pas de haine pour ton époux, pour tes enfants, n’est-ce pas ?

– Pourquoi le devrais-je ? Lui, il est bon et m’a toujours aimée. Nous nous sommes aimés d’un amour sage et l’amour s’épanouit en donnant la vie… Et eux !… Je suis dans l’angoisse de les quitter, mais… Seigneur ! Mais le feu disparaît ! Mère ! Mère ! C’est comme si un ange du Ciel soufflait sur ma torture ! Ah, quelle paix ! N’enlève pas ta main, ne l’enlève pas, mon Seigneur. Appuie-la au contraire. Ah, quelle force ! Quelle joie ! Mes enfants ! Ici, mes enfants ! Je les veux ! Dina ! Osia ! Anne ! Seba ! Melchi ! David ! Jude ! Venez, venez ! Maman ne meurt plus ! Oh !… »

La jeune femme se retourne sur ses oreillers en pleurant de joie pendant qu’accourent ses enfants.

134.4

La vieille, à genoux, ne trouvant rien d’autre à dire, dans sa joie, entonne le cantique d’Azarias dans la fournaise. Elle le récite tout entier, de sa voix tremblante de vieille femme émue.

« Ah ! Seigneur ! Mais que puis-je faire pour toi ? Je n’ai rien pour te faire honneur ! » dit-elle finalement.

Jésus la relève et lui dit :

« Permets-moi seulement de me reposer de ma fatigue. Et surtout, tais-toi. Le monde ne m’aime pas. Je dois m’éloigner pour quelque temps. Je te demande fidélité à Dieu et silence : à toi, à l’épouse, aux petits.

– Oh ! Ne crains rien ! Personne ne vient chez les pauvres gens ! Tu peux rester ici sans craindre qu’on te voie. Les pharisiens, hein ? Mais… et pour manger ? Je n’ai qu’un peu de pain… »

Jésus appelle Judas :

« Prends de l’argent et va acheter tout ce qu’il faut. Nous allons manger et nous reposer chez ces braves gens. Jusqu’au soir. Va et tais-toi. »

Puis il s’adresse à la femme qu’il a guérie :

« Enlève tes pansements, lève-toi, aide ta belle-mère, et réjouis-toi. Dieu t’a fait grâce pour récompenser tes vertus d’épouse. Nous allons rompre le pain ensemble, car aujourd’hui le Seigneur très-haut est dans ta maison et il convient de le célébrer en lui faisant fête. »

Jésus sort, rejoignant Judas qui va sortir.

« Fais des courses abondantes, qu’ils en aient encore pour les jours qui viennent. Nous, nous ne manquerons de rien chez Lazare.

– Oui, Maître. Et si tu permets… J’ai de l’argent à moi. J’ai fait vœu de l’offrir pour te sauver des ennemis. Je le change en pain. Mieux vaut que cela serve à ces frères en Dieu qu’aux gueules du Temple. Tu permets ? L’or a toujours été pour moi un serpent. Je ne veux plus éprouver sa fascination. Car je me sens si bien, maintenant que je suis bon ! Je me sens libre et je suis heureux.

– Fais comme tu veux, Judas. Et que le Seigneur te donne la paix. »

Jésus rejoint ses disciples pendant que Judas sort et tout prend fin.

[…]

134.1

Veo esto: Jesús, con las primeras luces de una raquítica mañana de invierno, entra en la pequeña ciudad de Doco, y le pregunta a un viandante madrugador: «¿Dónde vive Mariamne, la anciana madre que tiene a su nuera muriéndose?».

«¿Mariamne? ¿La viuda de Leví? ¿La suegra de Jerusa, mujer de Josías?».

«Sí, es ella».

«Mira, hombre, al final de esta calle hay una plaza. En la esquina, hay una fuente. De allí salen tres calles. Coge la que tiene en medio una palma y camina cien pasos. Encontrarás un foso; lo sigues hasta el puente de tablas. Lo atraviesas y verás una callecita cubierta. Recórrela. Terminada la calle y lo que la cubre — porque desemboca en una plaza —, ya has llegado. La casa de Mariamne es de color oro debido a la antigüedad. Con los gastos que tienen, no la pueden limpiar. No te puedes equivocar. Adiós. ¿Vienes de lejos?».

«No mucho».

«Pero, ¿eres galileo?».

«Sí».

«¿Y éstos? ¿Vienes para la fiesta?».

«Son amigos. Adiós, hombre. La paz sea contigo». Jesús deja plantado a este hombre locuaz que ya no tiene prisa, y va por su camino, y los apóstoles detrás.

Llegan a la... placita: un pedazo de terreno muy fangoso que tiene en el centro una encina joven, alta, que ha crecido señoreadora y que tal vez en verano produzca bienestar, pero que por ahora sólo produce melancolía, pues, tupida y oscura, se yergue sobre las pobres casas quitándoles luz y sol.

La casa de Mariamne es la más modestilla. Es ancha y baja y está muy descuidada. La puerta de fuera está llena de parches para tapar las ranuras que hay debido a lo muy vieja que es la madera. Una ventanita sin bastidor muestra su negro agujero como una órbita sin ojo.

134.2

Jesús llama a la puerta. Viene una jovencita de unos diez años, pálida, despeinada, con los ojos rojos. «¿Eres la nieta de Mariamne? Dile a la anciana madre que Jesús está aquí».

La niña da un grito y se echa a correr llamando a voces. Acude rápidamente la anciana, seguida por seis niños además de la muchachita de antes. El mayor parece gemelo de ésta; los últimos, dos chisgarabises descalzos y demacrados, vienen agarrados al vestido de la anciana; apenas si saben caminar.

«¡Has venido! ¡Hijos, venerad al Mesías! En buena hora llegas a mi pobre casa. Mi hija se me está muriendo... No lloréis, niños; que no oiga. ¡Pobres criaturas! Las niñas están agotadas de las velas, porque, yo hago todo, pero ya no puedo velar; me caigo al suelo de sueño. Hace meses que no toco la cama. Ahora duermo en una silla, para estar junto a ella y junto a las niñas. Pero son pequeñas y sufren. Los niños, éstos, van a hacer leña para mantener el fuego, y también la venden, para conseguir pan. Se agotan... ¡pobres nietos! Pero lo que nos mata no es el cansancio, es el verla morir... No lloréis. Tenemos a Jesús».

«Sí, no lloréis. Vuestra mamá se curará, vuestro padre volverá, dejaréis de tener tantos gastos y dejaréis de pasar hambre. ¿Éstos son los dos últimos?».

«Sí, Señor. Esa débil criatura ha dado a luz tres veces gemelos... y el pecho ha enfermado».

«A unos demasiado y a otros nada» susurra Pedro entre dientes, y toma luego consigo a uno de los pequeñuelos y le da una manzana para que se calle; y, mientras también el otro pequeño le pide otra y Pedro le complace,

134.3

Jesús con la anciana atraviesa el atrio y va al patio, y sube la escalera para entrar en una habitación donde gime una mujer joven, pero esquelética.

«El Mesías, Jerusa. Ahora ya no sufrirás más. ¿Ves cómo ha venido realmente? Isaac no miente nunca. Lo dijo. Así que cree que de la misma forma que ha venido te puede sanar».

«Sí, madre buena; sí, mi Señor. Pero, si no me puedes curar, hazme morir al menos. Siento perros en este pecho mío. Las bocas de mis hijos, a las que he dado dulce leche, me han dado a cambio fuego y amargura. ¡Sufro mucho, Señor! ¡Salgo muy cara! Mi marido lejos por el pan, la anciana madre que se está consumiendo, yo que me muero... ¿a quien irán los hijos, cuando haya muerto por la enfermedad, y ella por el cansancio y los sufrimientos?».

«Para los pájaros está Dios, como también para los pequeñuelos del hombre. Pero no morirás. ¿Te hace mucho daño aquí?». Jesús hace ademán de depositar la mano sobre el pecho vendado.

«¡No me toques! ¡No me aumentes el dolor!» grita la enferma.

Mas Jesús deposita delicadamente su larga mano sobre el seno enfermo. «Tienes realmente fuego dentro, pobre Jerusa. El amor materno se te ha transformado en fuego en el pecho. Tú no odias a tu esposo o a los niños, ¿no es cierto?».

«¡Oh! ¿Por qué iba a odiarlos? Mi marido es bueno y me ha querido siempre. Con sabio amor nos amamos, y el amor floreció en hijos... ¡Y ellos...! Me acongoja el dejarlos... ¡Pero... Señor, si mi fuego cesa! ¡Madre! ¡Madre! ¡Es como si un ángel espirara el aire del Cielo sobre mi tormento! ¡Oh..., qué paz! No quites, no quites tu mano, mi Señor; aprieta, más bien. ¡Oh..., qué fuerza! ¡Qué alegría! ¡Mis hijos! ¡Aquí, mis hijos! ¡Quiero que vengan! ¡Dina! ¡Osías! ¡Ana! ¡Seba! ¡Melquí! ¡David! ¡Judas! ¡Aquí! ¡Aquí! ¡Mamá ya no se muere! ¡Oh!…».

La joven se vuelve sobre las almohadas llorando de alegría mientras acuden los hijos,

134.4

y la anciana, de rodillas, no encontrando otra cosa, en su alegría, entona el cántico de Azarías en el horno de fuego, completo, con su voz temblorosa de anciana y de persona conmovida.

«¡Señor! — dice por fin — ¿Qué puedo hacer por ti? ¡No tengo nada con que honrarte!».

Jesús la levanta y dice: «Déjame sólo detenerme aquí un poco para descansar. Y calla. El mundo no me ama. Debo alejarme un tiempo. Te pido fidelidad a Dios y silencio. A ti, a ella, a los pequeños».

«¡No temas! ¡Nadie se acerca a los míseros! Puedes estar aquí sin temor a ser visto. Los fariseos, ¿no? Pero... ¿y para comer? Yo no tengo más que un poco de pan…».

Jesús llama a Judas Iscariote: «Coge dinero y ve a comprar lo que haga falta. Comeremos y descansaremos aquí, con estas buenas mujeres. Hasta el anochecer. Ve y calla».

Luego se vuelve hacia la mujer que ha sido curada: «Quítate las vendas, levántate, ayuda a tu madre, exulta. Dios te ha concedido gracia por piedad hacia tu virtud de esposa. Compartiremos el pan, porque hoy el Señor altísimo está en tu casa y hay que celebrarlo con una gran fiesta».

Jesús va afuera y alcanza a Judas que iba a marcharse en ese momento: «Compra con abundancia. Que tengan también para los próximos días. A nosotros en casa de Lázaro no nos faltará nada».

«Sí, Maestro. Y, si me lo permites... Tengo dinero mío, he hecho voto de ofrecerlo porque quedes salvo de los enemigos; lo puedo emplear en pan. Mejor que vaya a estos hermanos en Dios que no a las tragaderas del Templo. ¿Me das permiso? El oro siempre ha sido una serpiente para mí. No quiero seguir sintiendo su hechizo, porque, ahora que soy bueno, estoy muy bien. Me siento libre, y soy feliz».

«Haz como quieras, Judas, y que el Señor te dé paz».

Jesús va hasta donde los discípulos mientras Judas sale.

Todo termina.