Los Escritos de Maria Valtorta

154. A Césarée Maritime, discours aux galériens et rencontre de Claudia Procula.

154. Jesús en Cesarea Marítima

154.1

Jésus est au milieu d’une place, grande et assez belle, que prolonge une route très large jusqu’au bord de la mer. Une galère a dû quitter le port depuis peu et, faisant force de rames, elle gagne le large sous la poussée par le vent. Une autre est en train de manœuvrer pour entrer, car on cargue les voiles et on pousse sur les rames d’un seul côté pour faire tourner le navire dans la position qui convient. De la place on ne voit pas le port, mais il ne doit pas être bien loin. Sur les côtés de la place sont alignées de vastes demeures aux murs extérieurs caractérisés par l’absence presque totale d’ouvertures. Pas de boutiques.

« Où allons-nous, maintenant ? Tu as voulu venir ici plutôt qu’au quartier oriental, or ce sont des lieux de païens. Qui veux-tu qui t’écoute ? demande Pierre qui en fait reproche à Jésus.

– Nous allons là-bas, dans cet angle, près de la mer, et là je parlerai.

– Aux flots ?

– Eux aussi ont été créés par Dieu. »

Ils y vont. Maintenant qu’ils sont dans ce recoin, ils peuvent voir le port où entre lentement la galère vue auparavant et qu’on amarre. Quelques marins flânent le long des quais. Quelques marchands de fruits se risquent à aller vers le bâtiment romain pour vendre leurs produits. Rien d’autre.

154.2

Adossé au mur, Jésus semble vraiment parler à la mer. Les apôtres, peu satisfaits de la situation, se tiennent autour de lui, les uns debout, les autres assis sur des rochers dispersés çà et là qui leur servent de sièges.

« Sot est l’homme qui, se voyant puissant, en bonne santé et heureux, se dit : “ De quoi ai-je besoin désormais ? Et de qui ? De personne. Rien ne me manque, je me suffis à moi-même. Les lois et décrets de Dieu ou ceux de la morale sont inexistants à mes yeux. Ma loi, c’est de faire ce qui m’est possible sans réfléchir si c’est bien ou mal pour les autres. ” »

Un vendeur se retourne en entendant cette voix sonore et vient vers Jésus, qui continue :

« C’est ainsi que parlent l’homme et la femme sans sagesse et sans foi. Mais si, de cette façon, ils manifestent qu’ils possèdent une puissance plus ou moins grande, ils montrent également leur parenté avec le Mal. »

Des hommes descendent de la galère et d’autres barques et s’approchent de Jésus.

« L’homme montre, non par des paroles mais par les faits, sa parenté avec Dieu et avec la vertu quand il se rend compte que la vie est plus changeante que la mer, qui maintenant est tranquille et demain sera en fureur. De la même façon, le bien-être et la puissance d’aujourd’hui peuvent se changer demain en misère et en impuissance. Que fera alors l’homme privé de l’union à Dieu ? Combien, sur cette galère, furent autrefois heureux et puissants, mais sont aujourd’hui esclaves et considérés comme coupables ! Coupables, par conséquent esclaves deux fois : de la loi humaine dont on s’est moqué en vain car elle existe et elle punit ceux qui la transgressent, et de Satan qui éternellement prend possession des coupables qui n’arrivent pas à haïr leur faute.

154.3

– Salut, Maître ! Toi ici ? Tu me reconnais ?

– Que Dieu vienne à toi, Publius Quintilianus. Tu vois, je suis venu.

– Et justement ici, dans le quartier romain. Je n’espérais plus te voir, mais j’ai plaisir à t’entendre.

– Moi aussi. Il y a beaucoup de rameurs, sur cette galère ?

– Beaucoup. Des prisonniers de guerre en majeure partie. Ils t’intéressent ?

– Je voudrais m’approcher du bateau.

– Viens. Faites place, vous autres » ordonne-t-il aux quelques personnes qui s’étaient approchées et qui s’écartent rapidement en grommelant des injures.

« Laisse-les donc. Je suis habitué à être entouré de monde.

– Jusqu’ici, c’est possible, mais pas plus loin : galère militaire.

– Cela me suffit. Que Dieu t’en récompense ! »

Jésus reprend son discours pendant que le Romain semble monter la garde à ses côtés, dans sa tenue magnifique.

« Esclaves par suite d’un douloureux événement, c’est-à-dire esclaves une seule fois. Esclaves pour toute la vie. Mais chaque larme qui tombe sur leurs chaînes, chaque coup qui vient inscrire une douleur sur leur chair, desserre leurs menottes, orne ce qui ne meurt pas, leur ouvre enfin la paix de Dieu ; car il est l’ami de ses pauvres enfants malheureux et il les comblera de joie en échange de tout ce qu’ils ont souffert jusqu’à ce jour. »

De l’intérieur de la galère des hommes de la chiourme s’a­vancent et écoutent. Naturellement, les galériens ne sont pas avec eux. Mais certainement, les ouvertures par où passent les rames leur permettent d’entendre la voix puissante de Jésus qui se propage dans l’air serein à cette heure de marée basse. Publius Quintilianus, appelé par un soldat, est parti.

« Je veux dire à ces malheureux que Dieu aime, d’être résignés à leur souffrance, d’en faire seulement une flamme qui rompt plus vite les chaînes de la galère et de la vie en consumant dans le désir de Dieu cette pauvre journée qu’est la vie, journée sombre, orageuse, remplie de peurs et de privations, pour entrer dans le jour de Dieu, lumineux, serein, sans plus aucune peur ni souffrance. Vous entrerez dans la grande paix, dans l’infinie liberté du paradis, vous qui êtes les martyrs d’un sort douloureux, pourvu que dans votre souffrance vous sachiez être bons et aspiriez à Dieu. »

154.4

Publius Quintilianus revient avec d’autres soldats et derrière lui arrive une litière portée par des esclaves et à laquelle les soldats font faire une place.

« Qui est Dieu ? Je parle à des païens qui ne savent pas qui est Dieu. Je parle à des fils de peuples soumis qui ne savent pas qui est Dieu. Gaulois, Ibères, Thraces, Germains ou Celtes, quelque chose dans vos forêts vous parle de Dieu. L’âme tend spontanément à l’adoration, car elle se souvient du Ciel. Mais vous ne savez pas trouver le vrai Dieu qui a déposé une âme dans vos corps, une âme égale à la nôtre, qui sommes fils d’Israël, égale aussi à celle des Romains puissants qui vous ont assujettis, une âme qui a les mêmes devoirs et les mêmes droits à l’égard du Bien et à laquelle le Bien – c’est-à-dire le vrai Dieu – sera fidèle. Soyez-le vous aussi à l’égard du Bien. Le dieu ou les dieux que vous avez adorés jusqu’à présent, dont vous avez appris le nom ou les noms sur les genoux de votre mère, le dieu auquel vous ne pensez peut-être plus aujourd’hui parce que vous n’en voyez pas venir de réconfort dans vos souffrances, que vous arrivez peut-être même à haïr et à maudire dans le désespoir de votre journée, ce dieu-là n’est pas le vrai Dieu.

Le vrai Dieu est amour et pitié. Vos dieux l’étaient-ils donc ? Non : ils n’étaient que dureté, férocité, mensonge, hypocrisie, vice, vol. Et maintenant ils vous ont laissés sans le minimum de réconfort qu’est l’espérance d’être aimé et la certitude du repos après tant de souffrances. La raison en est que vos dieux n’existent pas. Mais Dieu, le vrai Dieu qui est amour et pitié et dont je vous affirme l’existence certaine, c’est celui qui a fait les cieux, les mers, les montagnes, les forêts, les arbres, les fleurs, les animaux, l’homme. C’est celui qui inculque à l’homme victorieux de la pitié et un amour semblables aux siens à l’égard des pauvres de la terre.

154.5

Quant à vous, les puissants et les maîtres, souvenez-vous que vous avez tous la même origine. Ne vous acharnez pas sur ceux qu’un malheur a fait tomber entre vos mains et faites preuve d’humanité envers ceux qu’une faute a liés aux bancs de la galère. L’homme pèche à bien des reprises. Personne n’est sans fautes plus ou moins secrètes. Si vous y réfléchissiez, vous vous montreriez bons pour des frères qui, moins chanceux que vous, ont été punis pour des fautes que vous avez vous aussi commises, tout en restant impunis.

La justice humaine a des jugements si peu sûrs qu’il serait malheureux que la justice divine lui ressemble. Il y a des coupables qui ne semblent pas l’être, et des innocents que l’on estime coupables. Ne cherchons pas à savoir pourquoi. Ce serait trop d’accusation pour l’homme injuste et rempli de haine envers son semblable ! Il y a des coupables qui le sont réellement, mais qui ont été portés au crime par des forces puissantes qui excusent en partie leur faute. Vous, par conséquent, qui êtes préposés aux galères, faites preuve d’humanité. Au-dessus de la justice humaine, il y a la justice divine qui est bien plus élevée : celle du vrai Dieu, de celui qui a créé le roi et l’esclave, le rocher et le grain de sable. Il vous regarde : vous les rameurs, et vous qui êtes préposés à la chiourme, et malheur à vous si vous êtes cruels sans raisons. Moi, Jésus le Christ, le Messie du vrai Dieu, je l’assure : à votre mort, il vous attachera à une galère éternelle en confiant le fouet maculé de sang aux démons, et vous subirez les mêmes tortures et les mêmes coups que vous avez infligés. Car, s’il existe une loi humaine qui prévoit la punition du coupable, il faut dans la punition ne pas dépasser la mesure. Sachez vous en souvenir. Celui qui est puissant aujourd’hui peut être misérable demain. Dieu seul est éternel.

Je voudrais vous changer le cœur et surtout rompre vos chaînes, vous rendre la liberté et vos patries perdues. Mais, frères galériens, si vous ne voyez pas mon visage, je n’ignore pas votre cœur et toutes ses blessures. En échange de la liberté et de la patrie terrestre que je ne puis vous procurer, ô pauvres hommes esclaves des puissants, je vous donnerai une plus haute liberté et une meilleure Patrie. Pour vous, je me suis fait prisonnier et j’ai quitté ma patrie ; pour vous racheter, je me donnerai moi-même ; pour vous, même pour vous qui n’êtes pas l’opprobre de la terre comme on vous appelle, mais la honte de l’homme oublieux de la juste mesure des rigueurs de la guerre et de la justice, je ferai une nouvelle Loi sur la terre et une douce demeure au Ciel.

Rappelez-vous mon nom, vous qui êtes enfants de Dieu et qui pleurez. C’est le nom de l’Ami. Invoquez-le dans vos peines. Soyez assurés que si vous m’aimez, vous me posséderez, même si sur la terre nous ne nous voyons jamais. Je suis Jésus-Christ, le Sauveur, votre Ami. Au nom du vrai Dieu, je vous réconforte. Que la paix vienne bien vite sur vous. »

154.6

La foule, en majeure partie romaine, s’est groupée autour de Jésus dont les idées nouvelles ont étonné tout le monde.

« Par Jupiter ! Tu m’as fait penser à des choses nouvelles. Je n’y avais jamais songé, mais je sens qu’elles sont vraies… »

Publius Quintilianus, à la fois pensif et enthousiaste, regarde Jésus.

« C’est comme ça, mon ami. Si l’homme s’adonnait à la réflexion, il n’en viendrait jamais à commettre le crime.

– Par Jupiter, par Jupiter ! Quelles paroles ! Il faut que je m’en souvienne ! Tu as dit : “ Si l’homme s’adonnait à la réflexion… ”

– … il n’en viendrait jamais à commettre le crime.

– Mais c’est vrai ! Par Jupiter ! Mais sais-tu que tu es grand ?

– Tout homme qui le voudrait pourrait l’être comme moi, s’il ne faisait qu’un avec Dieu. »

Le Romain continue sa litanie des « par Jupiter », plus admiratifs les uns que les autres.

Mais Jésus lui dit :

« Pourrais-je apporter quelque réconfort à ces galériens ? J’ai de l’argent… Un fruit, une douceur pour qu’ils sachent que je les aime.

– Donne-le ici, je peux le faire. D’ailleurs, il y a là une dame qui a de grands pouvoirs. Je vais le lui demander. »

Publius s’avance vers la litière et parle près du rideau à peine entrouvert. Il revient :

« J’ai les pleins pouvoirs. Je vais surveiller moi-même la distribution pour que les argousins n’en profitent pas abusivement pour eux-mêmes. Et ce sera l’unique fois qu’un soldat de l’empire fera preuve de pitié envers des esclaves de guerre.

– La première fois, pas la seule. Il viendra un jour où il n’y aura plus d’esclaves ; mais auparavant mes disciples seront descendus parmi les galériens et les esclaves pour les appeler frères. »

Une autre série de « par Jupiter » traverse l’air paisible, pendant que Publius attend d’avoir suffisamment de fruits et de vin pour les galériens.

154.7

Puis, avant de monter sur la galère, il dit à l’oreille de Jésus :

« Là, à l’intérieur, se trouve Claudia Procula. Elle voudrait t’entendre encore mais, en attendant, elle veut te demander quelque chose. Vas-y. »

Jésus se dirige vers la litière.

« Salut, Maître. »

Le rideau s’écarte à peine, laissant voir une belle femme d’environ trente ans.

« Que le désir de la sagesse vienne en toi.

– Tu as dit que l’âme se souvient des Cieux. Elle est donc éternelle, cette chose que vous dites exister en nous ?

– Oui, elle est éternelle. C’est pour cela qu’elle se souvient de Dieu[1], son Créateur.

– Qu’est-ce que c’est que l’âme ?

– L’âme est la vraie noblesse de l’homme. Tu es fière d’appartenir à la noble famille des Claudii. L’homme est quelque chose de plus, car il appartient à la famille de Dieu. Tu as en toi le sang des Claudii, une famille puissante, certes, mais qui a eu une origine et aura une fin. Par l’âme, c’est le sang de Dieu qui coule en l’homme. Car l’âme est le sang spirituel – Dieu étant un très pur Esprit – du Créateur de l’homme : du Dieu éternel, puissant, saint. L’homme est donc éternel, puissant, saint par l’âme qui est en lui et qui est vivante tant qu’elle est unie à Dieu.

– Je suis païenne. Je n’ai donc pas d’âme …

– Si, tu en as une, mais elle est tombée en léthargie. Eveille-la à la Vérité et à la Vie …

– Adieu, Maître.

– Que la Justice te conquière. Adieu.

154.8

– Comme vous le voyez, même ici j’ai eu des auditeurs, dit Jésus à ses disciples.

– Oui, mais à part les romains, qui t’aura compris ? Ce sont des barbares !

– Qui ? Tous. La paix est en eux et ils se souviendront de moi bien plus que beaucoup d’autres en Israël. Allons prendre notre repas dans la maison qui nous offre l’hospitalité.

– Maître, cette femme est la même qui m’a parlé le jour[2] où tu as guéri ce malade. Je l’ai vue et reconnue, dit Jean.

– Vous voyez donc qu’il y avait aussi ici quelqu’un qui nous attendait. Mais vous ne semblez pas très satisfaits. J’aurai beaucoup fait, le jour où je vous aurai persuadés que ce n’est pas seulement pour Israël, mais pour tous les peuples que je suis venu et que c’est pour tous que je vous ai préparés. Je vous dis donc : gardez en mémoire tout ce qui vient de votre Maître. Il n’y a pas de fait, aussi insignifiant qu’il soit, qui ne doive devenir un jour une règle pour l’apostolat. »

Personne ne répond, et Jésus a un sourire triste, plein de compassion.

154.9

Ce matin, il en a eu un pour moi aussi…

Un tel découragement m’avait envahie que je me suis mise à pleurer pour beaucoup de raisons. La dernière n’était pas la fatigue d’écrire encore et encore avec la conviction que tant de bonté de la part de Dieu et tant de fatigue pour le petit Jean étaient bien inutiles. Dans mes larmes, j’ai invoqué mon Maître. Et puisque, par bonté, il est venu tout exprès pour moi, je lui ai fait part de mes pensées.

Il a eu un haussement d’épaules qui équivalait à : « Laisse tomber le monde et ses histoires », puis il m’a fait une caresse en me disant :

« Eh quoi ? Tu ne voudrais plus m’aider ? Le monde ne veut pas connaître mes paroles ? Eh bien, racontons-les-nous entre nous pour la joie que j’ai de les répéter à un cœur fidèle et pour celle que tu as de les entendre. Les lassitudes de l’apostolat !… Elles sont plus accablantes que celles de tout autre travail ! Elles assom­brissent le jour le plus serein et remplissent d’amertume la plus douce des nourritures. Tout devient cendre et boue, nausée et fiel. Mais, mon âme, ce sont les heures où nous prenons sur nous le fardeau de la lassitude, du doute, de la misère des gens du monde qui meurent de ne pas posséder ce que nous avons. Ce sont les heures où nous agissons le plus. Je te l’ai déjà dit l’an passé. “ A quoi bon ? ” se demande l’âme submergée par tout ce qui submerge le monde, c’est-à-dire les flots qu’envoie Satan et où le monde se noie. Mais l’âme clouée avec son Dieu sur la croix ne se noie pas. Elle perd pour un instant la lumière et est engloutie sous les eaux nauséeuses du découragement spirituel, puis se dégage, plus fraîche et plus belle. Ce que tu dis : “ Je ne suis plus bonne à rien ” est une conséquence de cette lassitude. Tu ne serais jamais bonne à rien. Mais moi, je suis toujours moi, par conséquent tu seras toujours bonne pour ta fonction de porte-parole. Certainement, si je voyais que, tel un joyau lourd et très précieux, mon don était enfoui avarement, utilisé imprudemment ou que, par paresse, on ne cherchait pas à le protéger par ces garanties que la méchanceté humaine impose de prendre dans certains cas pour protéger le don et la personne par l’entremise de laquelle il arrive, je dirais mon “ ça suffit ! ”. Et cette fois, sans retour. Ça suffit pour tous, excepté pour ma petite âme qui, aujourd’hui, ressemble tout à fait à une petite fleur sous une averse. Et ces caresses peuvent-elles te faire douter que, moi, je t’aime ? Allons ! Tu m’as aidé en temps de guerre. Aide-moi, maintenant, encore… Il y a tant à faire ! »

Je me suis alors calmée sous la caresse de la longue main et du sourire si doux de mon Jésus, vêtu de blanc, comme toujours quand il est tout à moi.

154.1

Jesús está en el centro de una plaza amplia, bastante bonita, que se prolonga en una calle muy ancha (casi es una continuación de la plaza, hasta la orilla del mar). Una galera parece haber dejado hace poco el puerto y sale a mar abierto impulsada por el viento y los remos, mientras que otra debe estar haciendo las maniobras para atracar, como se deduce del hecho de que están plegando velas y de que los remos se mueven sólo por una banda para hacer virar a la nave en la posición conveniente. El puerto, desde la plaza, no se ve, pero debe estar cerca. En los lados de la plaza hay series de casas grandes, con las típicas paredes exteriores casi exentas de vanos; no hay ningún establecimiento de comercio.

«¿A dónde vamos ahora? Has querido venir aquí en vez de ir al lado oriental; éste es un lugar de paganos, ¿quién crees que te va a escuchar?» dice Pedro en tono de desaprobación.

«Vamos allí, a aquel ángulo que se abre hacia el mar; allí voy a hablar».

«A las olas».

«También las olas han sido creadas por Dios».

Y van...

Ahora están justo en ese ángulo. Ven el puerto, donde está entrando lentamente la galera vista antes. Ahora la amarran en el lugar destinado a ella. Algún marinero se da al ocio a lo largo de los espigones; algún vendedor de fruta se arriesga a ir hacia la nave romana a vender su mercancía; nada más.

154.2

Jesús, arrimado de espaldas a una pared, da verdaderamente la impresión de que estuviera hablando a las olas. Los apóstoles, poco satisfechos de la situación, están en torno a Él, parte en pie, parte sentados en piedras colocadas acá o allá con la intención de que sirvan de banquetas.

«Insensato el hombre que, viéndose poderoso, sano, feliz, dice: “¿De qué tengo necesidad?, ¿de quién? De nadie tengo necesidad. Nada me falta, me basto a mí mismo. Las leyes y decretos de Dios y de la moral, para mí, son nulos. Mi ley consiste en hacer lo que está en mi mano, sin preocuparme de si beneficia o perjudica a los demás”».

Uno de los vendedores se vuelve al oír esa voz sonora y se acerca hacia Jesús, que continúa diciendo: «Así hablan el hombre y la mujer que no tienen ni sabiduría ni fe. Con ello muestran su mayor o menor poder, mas denuncian su parentesco con el Mal».

Algunos hombres bajan de la galera y de otras barcas y se dirigen hacia Jesús.

«El hombre demuestra, no con las palabras sino con los hechos, que está emparentado con Dios y la virtud cuando considera que la vida es más mudable que las olas del mar, ahora calmas, mañana furiosas. Del mismo modo, el bienestar y poder de hoy pueden ser mañana miseria e impotencia. ¿Qué hará entonces el hombre que no vive unido a Dios? ¡Cuántos de los que ahora están en esa galera un día vivían dichosos y gozaban de poder, y ahora son esclavos y se los considera reos! Reos: por tanto, doblemente esclavos (de la ley humana, en vano burlada porque existe y castiga a sus transgresores, y de Satanás, quien para siempre se apodera de los culpables que no llegan a odiar su culpa)».

154.3

«¡Hola, Maestro! ¿Cómo por aquí? ¿Sabes quién soy?».

«Que Dios sea contigo, Publio Quintiliano. ¿Ves como he veni­do?».

«Y además al barrio romano. Ya no tenía esperanzas de volver a verte. Me alegra poder escucharte».

«Yo también me alegro. ¿Hay muchos en los remos en esa ga­lera?».

«Muchos. La mayoría son prisioneros de guerra. ¿Te interesan?».

«Quisiera acercarme a esa nave».

«Ven. Abrid paso vosotros» ordena a los pocos que se habían acercado y que se apartan en seguida farfullando improperios.

«Déjalos también a ellos. Estoy acostumbrado a que me apretuje la gente».

«Hasta aquí puedo, pero más no. Es una galera militar».

«Me es suficiente. Que Dios te lo pague».

Jesús reanuda su discurso. El romano, verdaderamente espléndido con el indumento que lleva, parece montar guardia a su lado.

«Esclavos por un doloroso suceso, esclavos una sola vez, esclavos mientras dura la vida. Cada una de las lágrimas que cae sobre sus cadenas, cada uno de los golpes descargados sobre sus carnes para huella escrita de un dolor, afloja los grilletes, orna lo que no muere, abre finalmente para ellos la paz de Dios, que es amigo de sus pobres hijos infelices, a los que dará copiosa alegría, puesto que aquí el dolor abundó».

En la obra muerta de la galera se ven hombres de la tripulación, que se han asomado y se han puesto a escuchar. A los galeotes, naturalmente, no se los ve, pero oyen por todos los agujeros de las cuadernas la voz potente de Jesús, que se difunde por el aire calmo de esta hora de baja marea. Publio Quintiliano se ha marchado requerido por un soldado.

«Quiero decirles a estos desdichados amados de Dios que se resignen en su dolor, que hagan de él llama que abra las cadenas de la galera y de la vida, consumiendo en el deseo de Dios este pobre día que es la vida, día oscuro, borrascoso, colmado de miedo y de fatigas, para entrar en el día de Dios, luminoso, sereno, ya sin miedos ni decaimientos. Basta con que sepáis, vosotros, mártires de una penosa suerte, ser buenos en vuestro sufrimiento, basta con que aspiréis a Dios, para que entréis en la gran paz, en la infinita libertad del Paraíso».

154.4

En esto, vuelve Publio Quintiliano con otros soldados; tras él unos esclavos traen una litera para la que los soldados consiguen un sitio.

«¿Quién es Dios? Estoy hablando a gentiles que no saben quién es Dios, a hijos de pueblos sometidos que no saben quién es Dios. En vuestros bosques, vosotros galos, iberos, tracios, germanos, celtas, tenéis sólo una apariencia de Dios. El alma tiende a la adoración, espontáneamente, porque se acuerda del Cielo. Pero no sabéis encontrar al Dios verdadero que ha puesto un alma en vuestros cuerpos, un alma igual que la nuestra, israelitas, igual que la de los poderosos romanos que os han subyugado, un alma que tiene los mismos deberes y derechos respecto al Bien y a la que el Bien, es decir, el Dios verdadero, será fiel; sedlo igualmente vosotros respecto al Bien. El dios, o los dioses, a los que hasta ahora habéis adorado, aprendiendo su nombre o sus nombres en las rodillas maternas; el dios en que ahora quizás ya no pensáis porque no sentís que os consuele en nada vuestros sufrimientos, o al que quizás incluso odiáis o maldecís en vuestras jornadas desesperadas, ése, no es el Dios verdadero. El Dios verdadero es Amor y Piedad. ¿Acaso eran esto vuestros dioses? No. Más bien manifestaban dureza, crueldad, engaño, hipocresía, vicio, latrocinio... y ahora os han dejado sin ese mínimo consuelo de la esperanza de ser amados y la certeza del descanso tras tanto sufrimiento. Esto sucede porque vuestros dioses no existen. Sin embargo, Dios, el Dios verdadero que es Amor y Piedad, cuya segura existencia Yo os declaro, es Aquel que ha hecho los cielos, los mares, montes, bosques, plantas, flores, animales... y al hombre; es Aquel que inculca al hombre victorioso la piedad y amor que Él mismo es hacia los pobres de la tierra.

154.5

Y vosotros los poderosos, los dominadores, pensad que sois todos de una única planta. No os ensañéis con aquellos a quienes la desventura ha puesto en vuestras manos; sed humanos con los que por un delito están amarrados al banco de la galera. El hombre peca muchas veces. No hay ninguno exento de culpas más o menos celadas. Si pensarais esto, ¡cuán buenos seríais para con los hermanos que, menos afortunados que vosotros, han recibido castigo por culpas en que también vosotros habéis incurrido y que no os han sido castigadas!

La justicia humana adolece gravemente de exactitud cuando juzga. ¡Ay, si lo mismo fuera la justicia divina! Hay reos que no parecen tales, hay inocentes a los que se juzga reos; no indaguemos por qué: ¡sería acusación demasiado grave para el hombre injusto y lleno de odio hacia su semejante! Hay reos que efectivamente lo son, pero que cometieron el delito movidos por fuerzas imperiosas que, en parte, aligeran la culpa. Sed humanos, por tanto, vosotros que habéis sido colocados al frente de las galeras. Por encima de la justicia humana hay una Justicia divina que es mucho más alta: la del Dios verdadero, la del Creador del rey y del esclavo, de la roca y del granito de arena. Él os mira, tanto a los que estáis en los remos como a quienes tenéis el encargo de regirlos (¡ay de vosotros si arbitrariamente sois crueles!); Yo, Jesucristo, el Mesías del Dios verdadero, os aseguro que Él, el día de vuestra muerte, os atará al banco de una galera eterna y pondrá en manos de los demonios el látigo ensangrentado y seréis torturados y azotados como vosotros torturasteis; porque, si bien es ley humana el castigo del reo, es necesario no exceder la medida. Sabed recordar esto. Quien hoy es poderoso mañana puede ser un miserable; sólo Dios es eterno.

Quisiera cambiaros el corazón y, sobre todo, romper vuestras cadenas, devolveros la libertad y patria perdidas; pero, hermanos galeotes que no veis mi rostro, hermanos galeotes cuyo corazón con todas sus heridas conozco, por la libertad y la patria terrenas que no os puedo dar, ¡oh, pobres esclavos de los poderosos!, os daré una libertad y una patria más altas. Por vosotros me he hecho prisionero, ausente estoy de mi patria, por vosotros me entregaré Yo mismo como rescate; para vosotros, sí, también para vosotros, que no sois oprobio de la Tierra como os llaman, sino signo de vergüenza para el hombre que olvida la medida del rigor de la guerra y de la justicia, haré una nueva ley sobre la Tierra y una dulce morada en el Cielo.

Recordad mi Nombre, hijos de Dios que lloráis: es el nombre del Amigo. Repetidlo en medio de vuestros padecimientos. Estad seguros de que si me amáis me tendréis, aunque no nos veamos jamás en esta Tierra. Soy Jesucristo, el Salvador, el Amigo vuestro. En nombre del Dios verdadero os consuelo. La paz descienda pronto sobre vosotros».

154.6

La gente, en su mayoría romanos, se ha agolpado en torno a Jesús, cuyos conceptos nuevos han producido el asombro de todos.

«¡Por Júpiter, me has hecho pensar en cosas en las que nunca había pensado y que siento verdaderas!». Publio Quintiliano mira a Jesús, pensativo y cautivado al mismo tiempo.

«Así es, amigo. Si el hombre usara su pensamiento, no llegaría a la comisión del delito».

«¡Por Júpiter, por Júpiter, qué palabras! ¡Tengo que recordarlas! ¡Has dicho: “si el hombre usase su pensamiento...”»

«...no llegaría a la comisión del delito».

«¡Pues claro!, ¡es verdad! ¡Por Júpiter! ¡¿Sabes que eres gran­de?!».

«Todo hombre que quisiera podría serlo como Yo, si fuera enteramente uno con Dios».

El romano continúa su serie de “¡por Júpiter!”, a cuál más exclamativo.

Jesús por su parte le dice: «¿Podría dar a esos galeotes algo que los consolara? Tengo dinero... Fruta, algo que los alivie; para que sepan que los amo».

«Dámelo. Puedo hacerlo. Además ahí hay una dama muy poderosa. Voy a preguntárselo». Publio se acerca a la litera y habla muy cerca de las cortinas en las que ha sido abierto apenas un resquicio. Vuelve. «Tengo plenos poderes para ello. Me ocuparé yo mismo de la distribución, de forma que los esbirros no se aprovechen abusivamente. Será la única vez que un soldado imperial ejercite la piedad con los esclavos de guerra».

«La primera, no la única. Llegará el día en que no habrá esclavos; pero ya antes mis discípulos habrán descendido a los galeotes y esclavos para llamarlos hermanos».

Otra serie de “¡por Júpiter!” recorre el ambiente calmo; mientras, Publio espera a tener suficiente fruta y vino para los galeotes.

154.7

Luego, antes de subir a la galera, le dice a Jesús al oído: «Ahí dentro está Claudia Prócula. Quisiera oírte hablar en otra ocasión; ahora quiere preguntarte algo. Ve».

Jesús se acerca a la litera.

«¡Hola, Maestro!». La cortina apenas se abre un poco, dejando ver a una hermosa mujer de unos treinta años.

«Descienda sobre ti el deseo de la sabiduría».

«Has dicho que el alma tiene recuerdo del Cielo. ¿Es eterna, entonces, esa cosa que decís que poseemos?».

«Es eterna. Por eso tiene recuerdo de Dios, del Dios que la ha crea­do».

«¿Qué es el alma?».

«El alma constituye la verdadera nobleza del hombre. Tú eres gloriosa por ser de los Claudios; pues más lo es el hombre, por ser de Dios. Por tus venas corre la sangre de los Claudios; poderosa familia, pero que tuvo origen y tendrá fin. Dentro del hombre, por razón del alma, fluye la sangre de Dios, porque el alma es la sangre espiritual — siendo Dios Espíritu purísimo — del Creador del hombre: de Dios eterno, potente, santo. El hombre es, pues, eterno, potente, santo, por el alma que hay en él y que vive mientras está unida a Dios».

«Yo soy pagana, por tanto no tengo alma…».

«La tienes, aunque sumida en letargo; despiértala a la Verdad y a la Vida».

«Adiós, Maestro».

«Que la Justicia te conquiste. Adiós».

154.8

«Como habéis podido ver, aquí también he tenido auditorio» dice Jesús a sus discípulos.

«Sí, pero, menos los romanos, ¿quién te habrá entendido? ¡Son bárbaros!».

«¿Que quién?... Todos. Llevan consigo la paz. Se acordarán de mí mucho más que otros de Israel. Vamos a la casa que nos ofrece la comida».

«Maestro, la mujer ésa es la misma que me habló aquel día que curaste a aquel enfermo; la he reconocido» dice Juan.

«Daos cuenta, pues, que también aquí había quien nos esperaba. Pero... no os veo muy conformes. Mucho habré hecho el día que haya conseguido persuadiros de que he venido no sólo para los hebreos sino para todos los pueblos, y de que os he preparado para todos ellos. Una cosa os digo: de vuestro Maestro recordad todo; no hay hecho alguno, por insignificante que fuere, que no esté llamado a ser para vosotros, un día, regla en el apostolado».

Ninguno responde. Jesús sonríe — no sin tristeza — compasivo.

154.9

Esta mañana me ha sonreído a mí también...

Estaba sumida en un desaliento tan completo, que me he echado a llorar por muchas cosas; entre ellas no la última el cansancio de estar siempre escribiendo con la convicción de que tanta bondad de Dios y tanto esfuerzo del pequeño Juan son completamente inútiles. Y, llorando, he invocado a mi Maestro, y, dado que por bondad suya ha venido enteramente para mí, le he manifestado lo que había pensado.

Él se ha encogido de hombros, como queriendo decir: «¡Bah..., déjale al mundo con sus historias!» y me ha acariciado diciendo: «¿Y entonces? ¿No quieres seguir ayudándome? ¿Que el mundo no quiere conocer mis palabras? Bueno, pues nos las decimos entre nosotros dos; así jubilaremos ambos: Yo, repitiéndolas a un corazón fiel; tú, oyéndolas. ¡Ah..., las fatigas del apostolado!... ¡Abaten más que las de cualquier otro trabajo! Quitan la luz al más sereno de los días, dulzor al más dulce de los manjares. Todo se transforma en ceniza y lodo, náusea y hiel. Y, sin embargo, alma mía, las horas en que tomamos sobre nuestras espaldas el cansancio, la duda y miseria de los mundanos que mueren porque no poseen lo que nosotros tenemos son las horas en que más hacemos. Ya te lo dije el año pasado. “¿En pro de qué?”, se pregunta el alma sumergida bajo lo que sumerge al mundo, es decir, las olas procedentes de Satanás. Y el mundo se ahoga, cosa que no le sucede al alma que está clavada con su Dios en la cruz; ésta pierde, sí, durante un instante la luz y se hunde bajo la ola nauseabunda del cansancio espiritual, pero luego vuelve a la superficie, más fresca y hermosa. El que digas: “Ya no valgo para nada positivo” es consecuencia de este cansancio. Jamás valdrías, pero Yo soy siempre Yo, y, por tanto, serás siempre capaz de cumplir bien tu misión de portavoz. Claro que, si viera que, cual pesada y preciosísima gema, escondieran mi don con avaricia, o lo usaran imprudentemente, o, por desidia, no se tratara de tutelar con las necesarias garantías — por las maldades humanas — propias de estos casos tanto el don como a la criatura a través de la cual es otorgado éste, Yo diría mi “¡basta!”, y esta vez sin posibilidad de vuelta atrás; “¡basta!” para todos, excepto para mi pequeña alma que hoy parece una florecilla bajo un aguacero. ¿Podrás, acaso, con estas caricias mías, dudar de que te amo? ¡Venga! ¡Ánimo! Me ayudaste mientras la guerra, sígueme ayudando. Hay mucho que hacer».

Y así me he calmado, experimentando la caricia de la larga mano y de esa sonrisa tan dulce de mi Jesús, cándido como siempre cuando es enteramente para mí.


Notes

  1. elle se souvient de Dieu… coule en l’homme : Maria Valtorta note sur une copie dactylographiée : « Dans son infinie bonté de Père, Dieu fait en sorte que chaque âme humaine soit un aiguillon vers la Source dont elle provient ; ce qui fonde la loi naturelle même chez les sauvages. Lorsqu’il s’adresse à des païens ou à des ignorants, Jésus emploie des termes matériels, comme “ sang ”, pour se faire comprendre. » En ce qui concerne la loi naturelle, il sera démontré en 288.4 que les dix commandements en sont le reflet.
  2. la même qui m’a parlé le jour : cf. 116.1.