Los Escritos de Maria Valtorta

209. La fécondité de la souffrance dans le discours de Jésus, près de la maison d’Elise, à Bet-çur.

209. La fecundidad del dolor, en el discurso

209.1

La nouvelle qu’Elise s’est enfin décidée à sortir de sa tragique mélancolie s’est répandue dans le pays. C’est au point que, quand Jésus, suivi des apôtres et des disciples, traverse le village en direction de la maison, beaucoup de gens l’observent attentivement et même interrogent tel ou tel berger à son sujet, sur sa venue, sur ceux qui sont avec lui, et qui est l’enfant, et qui sont les femmes, et quel remède il a donné à Elise pour la tirer de la nuit de la folie aussi vite, dès qu’il est apparu, et ce qu’il fera, et ce qu’il dira… C’est à qui a le plus envie de poser de questions…

En dernier lieu, ils demandent :

« Ne pourrions-nous pas venir, nous aussi ? »

Ce à quoi les bergers répondent :

« Nous ne le savons pas. Il faut le demander au Maître. Allez-y.

– Et s’il nous reçoit mal ?

– Il ne reçoit jamais mal, pas même les pécheurs. Allez-y, allez-y ! Cela lui fera plaisir. »

209.2

Un groupe de personnes – femmes et hommes, la plupart d’âge mûr, de l’âge d’Elise – se consultent puis s’avancent, s’approchent de Jésus, qui parle avec Pierre et Barthélemy, et l’appellent, pas très sûrs d’eux :

« Maître…

– Que voulez-vous ? demande Barthélemy.

– Parler avec le Maître, pour demander…

– Que la paix vienne à vous ! Quelles questions voulez-vous me poser ? »

Devant son sourire, les gens s’enhardissent :

« Nous sommes tous des amis d’Elise, de sa maison. Nous avons entendu dire qu’elle est guérie. Nous voudrions la voir. Et t’en­tendre. Pouvons-nous venir ?

– Pour m’entendre, certainement. Pour ce qui est de la voir, non, mes amis. Mortifiez votre amitié, ainsi que votre curiosité, car il y a de cela aussi. Respectez une grande douleur qu’il ne faut pas troubler.

– Mais n’est-elle pas guérie ?

– Elle revient à la lumière. Mais lorsque cesse la nuit, est-ce que le plein midi arrive tout d’un coup ? Et quand on rallume un feu éteint, la flamme est-elle vive aussitôt ? Il en va de même pour Elise. Et si un vent intempestif souffle sur une petite flamme naissante, ne l’éteint-il pas ? Soyez donc prudents. Cette femme n’est qu’une plaie. Même l’amitié pourrait l’exaspérer, car elle a besoin de repos, de silence, de solitude, non plus tragique comme l’était celle d’hier, mais d’une solitude résignée pour se retrouver elle-même…

– Alors, quand donc la verrons-nous ?

– Plus tôt que vous ne le pensez. Car elle se trouve désormais dans le sillage du salut. Mais si vous saviez ce que c’est que de sortir de ces ténèbres-là ! Elles sont pires que la mort. Et celui qui en sort, au fond, a honte d’y être tombé et que le monde le sache.

– Es-tu médecin ?

– Je suis le Maître. »

Ils sont arrivés devant la maison.

Jésus se tourne vers les bergers :

« Allez dans la cour. Que ceux qui le veuillent vous accompagnent. Mais que personne ne fasse de bruit et n’aille plus loin que la cour. Veillez-y, vous aussi, dit-il aux apôtres, pour que tout se passe bien. Quant à vous – il s’adresse à Salomé et à Marie, femme d’Alphée –, veillez à ce que l’enfant ne fasse pas de tapage. Adieu ! »

Il frappe à la porte, pendant que les autres prennent un sentier et se dirigent vers l’endroit convenu.

209.3

La servante ouvre. Jésus entre au milieu des courbettes répétées de la servante.

« Où est ta maîtresse ?

– Avec ta Mère… et, imagine donc ! Elle est descendue au jardin ! Quelle affaire ! Quelle affaire ! Et hier soir, elle est venue dans la salle à manger… Elle pleurait, mais elle est venue. J’aurais voulu qu’elle prenne aussi de la nourriture, au lieu de sa goutte de lait habituelle, mais je n’y suis pas arrivée !

– Elle en prendra. N’insiste pas. Montre-toi patiente, même dans ton amour pour ta maîtresse.

– Oui, Sauveur, je ferai tout ce que tu dis. »

Je crois en effet que, si Jésus avait ordonné à la femme de faire les choses les plus étranges, elle les aurait faites sans discuter, tant elle est persuadée que Jésus est Jésus et que tout ce qu’il fait est bien.

Entre-temps, elle l’accompagne dans un vaste jardin plein d’arbres fruitiers et de fleurs. Mais, si les arbres fruitiers ont pensé par eux-mêmes à se revêtir de feuilles et à fleurir, à faire paraître des fruits et à les faire grossir, les pauvres fleurs, dont on ne s’occupe plus depuis un an, sont devenues un bosquet nain et tout enchevêtré où les plantes les plus faibles et les moins hautes étouffent sous le poids des plus vigoureuses. Parterres, sentiers, tout disparaît dans un enchevêtrement chaotique. Dans le fond du jardin seulement, là où la servante a fait pousser salades et légumes pour ses besoins, il y a un peu d’ordre.

Marie se tient avec Elise sous une tonnelle tout ébouriffée de sarments et de vrilles qui descendent jusqu’à terre. Jésus s’arrête et regarde sa jeune Mère qui, avec beaucoup de finesse, éveille l’esprit d’Elise et dirige ses pensées vers des objets bien différents de ceux qui accaparaient jusqu’alors les pensées de la femme désolée.

La servante va trouver sa maîtresse et lui dit :

« Le Sauveur est arrivé. »

Les femmes se retournent et vont à lui, l’une avec son doux sourire, l’autre avec son visage fatigué et égaré.

« Paix à vous. Quel beau jardin !

– Il était beau…, dit Elise.

– La terre est fertile, regarde quels beaux fruits se préparent à mûrir ! Et que de fleurs sur ces rosiers ! Et là ? Ce sont des lys ?

– Oui, autour d’un bassin où mes enfants se sont tant amusés… Mais, à l’époque, il était en bon état… Maintenant tout est en ruines, ici. Je n’ai plus l’impression que c’est le jardin de mes fils.

– quelques jours suffiront pour qu’il redevienne comme auparavant. C’est moi qui t’aiderai. N’est-ce pas, Jésus ? Tu vas me laisser rester ici quelques jours avec Elise. Nous avons tant à faire… »

– Tout ce que tu veux, je le veux. »

Elise le regarde et murmure :

« Merci. »

Jésus caresse sa tête blanche, puis prend congé pour aller rejoindre les bergers.

209.4

Les femmes restent au jardin mais, peu après, quand elle entend la voix de Jésus, qui salue les personnes présentes, résonner dans l’air paisible, Elise, comme attirée par une force irrésistible, s’approche lentement d’une haute haie qui sépare le jardin de la cour.

Jésus s’adresse d’abord aux trois bergers. Il se trouve tout près de la haie, avec, en face de lui, les apôtres et les habitants de Bet-çur qui l’ont suivi. Les deux Marie, avec l’enfant, sont assises dans un coin. Jésus interroge les bergers :

« Mais êtes-vous liés par contrat ou bien pouvez-vous quitter votre emploi n’importe quand ?

– Voilà : en réalité, nous sommes des serviteurs libres, mais le quitter tout d’un coup, maintenant que les troupeaux réclament tant de soins et qu’il est difficile de trouver des bergers, cela ne nous paraît pas convenable.

– Non, ce ne serait pas beau, mais il n’est pas nécessaire que ce soit tout de suite. Je vous le dis à l’avance pour que vous prépariez un juste arrangement. Je vous veux libres pour vous unir aux disciples et m’apporter votre aide…

– Oh, Maître ! »

La joie des trois hommes est telle qu’ils sont comme en extase.

« Mais en serons-nous capables ? disent-ils ensuite.

– Je n’en doute pas. Alors, c’est entendu. Dès que possible, vous vous unissez à Isaac.

– Oui, Maître.

– Allez, vous aussi, rejoindre les autres.

209.5

Je vais dire deux mots aux gens. »

Une fois les bergers congédiés, il se tourne vers la foule.

« Que la paix soit avec vous.

Hier, j’ai écouté parler deux grands malheureux, l’un à l’aurore de la vie, l’autre à son crépuscule : ce sont deux âmes que faisait pleurer le poids de leur malheur. Et mon cœur a pleuré avec eux en voyant combien de souffrances il y a sur la terre et comment Dieu seul peut les soulager. Dieu ! La connaissance exacte de Dieu, de sa grande, de son infinie bonté, de sa présence conti­nuelle, de ses promesses. J’ai vu combien l’homme peut être torturé par l’homme et comment il peut être entraîné par la mort en des désolations sur lesquelles Satan travaille pour augmenter la douleur et pour créer des ruines. Je me suis dit alors : “ Les enfants de Dieu ne doivent pas souffrir de cette torture dans leurs tortures. Apportons la connaissance de Dieu à ceux qui l’ignorent, rendons-la à ceux qui l’ont oubliée sous les bourrasques de la douleur. ” Mais j’ai vu aussi que je ne suffis plus moi seul aux besoins infinis de mes frères. Et j’ai décidé d’en appeler beaucoup, en toujours plus grand nombre, pour que tous ceux qui ont besoin du réconfort de la connaissance de Dieu puissent l’obtenir.

Ces douze sont les premiers. En m’aidant, ils sont capables d’amener à moi, et par conséquent au réconfort, tous ceux qui plient sous le poids trop lourd de la souffrance. En vérité, je vous le dis : venez à moi, vous tous qui êtes affligés, dégoûtés, vous qui avez le cœur blessé, qui êtes fatigués ; je partagerai votre douleur et vous apporterai la paix. Venez, par l’intermédiaire de mes apôtres, de mes disciples, hommes et femmes, dont le nombre s’accroît chaque jour de nouveaux volontaires. Vous trouverez un réconfort dans vos souffrances, une compagnie dans votre solitude, l’amour des frères, pour vous faire oublier la haine du monde. Vous trouverez, élevé au-dessus de tous, l’amour de Dieu comme suprême consolateur et compagnon parfait. Vous ne douterez plus de rien. Vous ne direz plus jamais : “ Tout est fini pour moi ! ”, mais : “ Tout commence pour moi dans un monde spirituel qui abolit toute distance et efface toute séparation ”, un monde où les orphelins seront réunis à leurs parents montés dans le sein d’Abraham, où les pères et les mères retrouveront les enfants qu’ils ont perdus, où les épouses et les veufs retrouveront leur conjoint.

209.6

C’est sur cette terre de Judée, proche encore de la Bethléem de Noémi[1], que je vous rappelle comment l’amour soulage la douleur et rend la joie. Regardez, vous qui pleurez, la désolation de Noémi, une fois sa maison restée sans hommes. Ecoutez ses paroles d’adieu découragé à Orpha et Ruth : “ Retournez à la maison de votre mère ; que le Seigneur fasse preuve de miséricorde envers vous comme vous avez fait preuve de miséricorde envers ceux qui sont morts et avec moi… ” Ecoutez ses paroles lasses et insistantes. Elle n’espérait plus rien de la vie, elle qui autrefois était la belle Noémi et qui était devenue la tragique Noémi, brisée par la douleur. Elle ne pensait plus qu’à retourner, pour y mourir, sur les lieux où elle avait été heureuse au temps de sa jeunesse, entre l’amour de son mari et les baisers de ses enfants. Elle disait : “ Allez, partez. Inutile de venir avec moi… Je suis comme une morte… Ma vie n’est plus ici, mais là-bas, dans la vie de l’au-delà où eux, ils se trouvent. Ne sacrifiez plus votre jeunesse à côté d’une chose qui se meurt, car, réellement, je ne suis plus qu’une ‘ chose ’. Tout m’est indifférent. Dieu m’a tout pris… Je suis une angoisse. Je ferais votre angoisse… et elle me pèserait sur le cœur. En outre, le Seigneur m’en demanderait raison, lui qui m’a déjà tant frappée, car vous retenir, vous qui êtes vivantes, auprès de moi qui suis morte, serait de l’égoïsme. Retournez chez votre mère… ”

Mais Ruth resta pour soulager cette douloureuse vieillesse. Ruth avait compris qu’il existe des douleurs plus grandes que celles qu’on a soi-même à supporter, et que sa douleur de jeune veuve était moins lourde que la souffrance de celle qui, en plus de son mari, avait perdu ses deux enfants. Tout comme la douleur de l’orphelin, réduit à vivre de mendicité sans jamais plus de caresses, sans jamais plus de bons conseils, est bien plus grande que celle d’une mère qui a perdu ses enfants. Quant à celui qui, pour tout un ensemble de raisons, en vient à haïr le genre humain et voit en tout homme un ennemi dont il a à se défendre et qu’il doit craindre, sa douleur est encore plus grande que les autres, parce qu’elle affecte non seulement la chair, le sang, la mentalité, mais aussi l’âme avec ses devoirs et ses droits surnaturels, et cela le conduit à sa perdition.

Combien de mères sans enfants et d’enfants sans mère n’y a-t-il pas dans le monde ! Combien de veuves sans descendance pourraient assister les vieillesses solitaires ! Combien d’hommes, privés d’amour parce que ce sont tous des malheureux, pourraient employer leur besoin d’aimer et combattre la haine en donnant plein d’amour à l’humanité malheureuse qui souffre toujours plus parce qu’elle hait toujours plus !

209.7

La souffrance est une croix, mais elle est aussi une aile. Le deuil nous dépouille, mais pour nous revêtir. Debout, vous qui pleurez ! Ouvrez les yeux, sortez des cauchemars, des ténèbres, des égoïsmes ! Regardez… Le monde est une lande où l’on pleure et où l’on meurt. Et le monde crie : “ Au secours ! ” par la bouche des orphelins, des malades, des isolés, de ceux qui doutent, par la bouche de ceux qu’une trahison ou une cruauté ont rendus prisonniers de la rancune. Allez vers ceux qui crient ! Oubliez-vous au milieu de ceux qui sont oubliés ! Guérissez-vous au milieu des malades ! Espérez au milieu des désespérés ! Le monde est ouvert à toutes les bonnes volontés qui désirent servir Dieu dans leur prochain et conquérir le Ciel : s’unir à Dieu et s’associer à ceux qui pleurent. Ici, c’est le lieu de l’entraînement, là-haut c’est le triomphe.

Venez. Imitez Ruth auprès de toutes les douleurs. Dites, vous aussi : “ Je resterai avec vous jusqu’à la mort. ” Même si ces malheureux qui se croient incurables vous répondent : “ Ne m’appelez plus Noémi, mais Mara[2] car Dieu m’a remplie d’amertume ”, persistez. Et moi, je vous dis qu’en vérité un jour, grâce à votre insistance, ces malheureux s’exclameront : “ Béni soit le Seigneur qui m’a sorti de l’amertume, de la désolation, de la solitude par les soins d’une personne qui a su faire fructifier sa douleur en bonté. Que Dieu la bénisse éternellement car elle a été pour moi le salut. ”

Réfléchissez : la bonté de Ruth à l’égard de Noémi a donné au monde le Messie parce que le Messie descend de David qui descend de Jessé, lui-même descendant de Jobed, et celui-ci de Booz et de Ruth. Booz de Salmon, Salmon de Naasson, Naasson d’Aminadab, Aminadab d’Aram, Aram d’Esron, Esron de Pharès. Ce furent eux qui vinrent peupler les campagnes de Bethléem et préparer les ancêtres du Seigneur. Tout acte de bonté est à l’origine de grandes choses auxquelles vous ne pensez pas. L’effort que l’on fait contre son propre égoïsme peut provoquer une telle marée d’amour qu’elle est capable d’élever, d’élever en gardant dans sa limpidité celui qui l’a provoquée, jusqu’à le porter au pied de l’autel, jusqu’au cœur de Dieu.

Que Dieu vous donne la paix. »

Et Jésus, sans retourner dans le jardin par le portillon ouvert dans la haie, veille à ce que personne ne s’approche d’elle, car on entend une longue plainte monter derrière… C’est seulement quand tous les habitants de Bet-çur sont partis qu’il s’éloigne avec les siens sans troubler ces pleurs salutaires…

209.1

La noticia de que Elisa está decidida a salir de su trágica melancolía se ha debido difundir por el pueblo; tanto que, cuando Jesús, seguido de apóstoles y discípulos, va hacia la casa atravesando el pueblo, mucha gente se le queda mirando atentamente e incluso preguntan a uno u otro pastor para que les den más detalles acerca de Él, acerca del motivo de su visita, o para saber quiénes son los que van con Él, y quién es el niño, y quiénes las mujeres, y para saber qué medicina ha dado a Elisa, que la ha sacado de las tinieblas de la locura de forma tan inmediata, nada más llegar, y para interesarse por el plan que tiene o las palabras que va a decir... Y todas las otras preguntas que queramos añadir.

La última pregunta es: «¿No podemos ir también nosotros?». La respuesta de los pastores es: «No sabemos. Esto se lo tenéis que preguntar al Maestro. Acercaos a Él».

«¿Y si nos trata mal?».

«No trata mal ni siquiera a los pecadores. Id, id, que le daréis una satisfacción».

209.2

Un grupo de personas hablan entre sí — son hombres y mujeres, en general mayores, de la edad de Elisa —; luego van hacia adelante, se acercan a Jesús, que está hablando con Pedro y Bartolomé, y, un poco tímidos, le llaman: «¡Maestro!...».

«¿Qué queréis?» pregunta Bartolomé.

«Hablar con el Maestro para pedirle...».

«Paz a vosotros. ¿Qué queréis de mí?».

La sonrisa de Jesús los tranquiliza y dicen: «Somos todos amigos de Elisa, de su casa. Hemos oído que está curada. Querríamos verla. También querríamos oírte hablar. ¿Podemos ir?».

«A oírme a mí, sí; a verla, no, amigos. Mortificad el sentimiento de amistad y la curiosidad, porque también hay curiosidad en vuestra actitud. No se puede disturbar este gran dolor; respetadlo».

«¿Pero, no está curada?».

«Se vuelve hacia la Luz. Pero, ¿acaso terminada la noche llega inmediatamente el mediodía, o, cuando se enciende una llama en el hogar apagado, en seguida arde viva? Pues lo mismo Elisa. ¿Si una ráfaga intempestiva de viento enviste la leve llama que está naciendo, no la apagará? Por tanto, sed prudentes. Esa mujer es toda ella una llaga. Hasta los amigos podrían exasperarla; necesita sosiego, silencio, soledad, aunque no una soledad trágica como la que vivía hasta ayer, sino resignada, para volver a ser lo que era...».

«Y entonces, ¿cuándo la vamos a ver?».

«Antes de lo que creéis, porque ha encontrado la estela de la salud. ¡Si supierais lo que significa salir de esas tinieblas! Son peores que la muerte, y quien se libra de ellas, en el fondo, siente vergüenza de su estado anterior y de que el mundo lo sepa».

«¿Eres médico?».

«Soy el Maestro».

En esto, ya están frente a la casa.

Jesús se vuelve a los pastores: «Pasad al patio. Que vaya con vosotros quien lo desee, pero que nadie haga ruido ni siga más allá del patio. Cuidad vosotros también — dice a los apóstoles — de que esto se cumpla. Y vosotros — habla a Salomé y a María de Alfeo — tened cuidado de que el niño no haga jaleo. Hasta luego».

Y llama a la puerta. Los otros desaparecen por una callejuela para ir a donde deben.

209.3

La sirviente abre. Jesús entra mientras la mujer repite una y otra vez sus reverencias.

«¿Dónde está tu patrona?».

«Con tu Madre... ¡Fíjate, ha bajado al jardín! ¡Es una cosa...!, ¡una cosa...! Y ayer por la noche fue al comedor... Lloraba, pero volvió. ¡Intenté que comiera, en vez de tomar el consabido sorbo de leche, pero no lo conseguí!».

«Ya comerá. No insistas. Sé paciente también en el amor hacia tu patrona».

«Sí, Salvador. Haré todo lo que dices».

En efecto, yo creo que la mujer está tan convencida de quién es Jesús y de que todo lo que Él hace está bien hecho, que haría las más extrañas cosas si Jesús se lo dijera.

Por el momento le acompaña a un vasto huerto-jardín lleno de árboles frutales y flores. Pero, si bien los árboles frutales se han encargado por sí mismos de vestirse de hojas y florecer, de formar los pequeños frutos y hacerlos crecer, las pobres plantas de flores, abandonadas desde hace más de un año, se han transformado en un bosque enano y enmarañado en que las plantas de tallo más débil y corto están sofocadas bajo el peso de las más fuertes. Los cuadros, los senderos... confundidos en una única, caótica maraña. Solamente en el fondo, donde la necesidad de la sirviente ha sembrado verduras y legumbres, hay un poco de orden.

María está con Elisa, bajo una pérgola, una enredadísima parra que deja caer, hasta tocar el suelo, sarmientos y zarcillos. Jesús se detiene y mira a su joven Madre, que, con finísimo arte despierta y dirige la mente de Elisa a cosas muy distintas de las que hasta ayer habían sido los pensamientos de esta desconsolada mujer.

La sirviente se acerca a la patrona y dice: «Ha venido el Salvador».

Las mujeres se vuelven y van a su encuentro: una con su dulce sonrisa, la otra con su rostro cansino y desorientado.

«Paz a vosotras. Este jardín es bonito...».

«Era bonito...» dice Elisa.

«Y la tierra fértil. ¡Mira cuánta fruta en vías de maduración!, ¡mira cuántas flores tienen estos rosales! ¿Y allí? ¿Son azucenas?».

«Sí, alrededor de un estanque donde jugaban mucho mis hijos. Entonces estaba ordenado... Ahora aquí todo está desastrado, ya no lo veo como el jardín de mis hijos».

«En pocos días volverá a tener el aspecto de entonces. Te ayudaré yo, ¿verdad, Jesús? Déjame unos días aquí con Elisa. Tenemos muchas cosas que hacer...».

«Todo lo que tú quieres Yo lo quiero».

Elisa le mira y susurra: «Gracias».

Jesús acaricia su cabeza canosa y luego se despide para ir con los pastores.

209.4

Las mujeres se quedan en el jardín, pero, poco después, cuando se oye la voz de Jesús esparcirse por el aire sereno al saludar a los presentes, Elisa, como atraída por una fuerza irresistible, se acerca lentamente a un seto muy alto tras el cual está el patio.

Jesús habla primero a los tres pastores. Está cerquísima del seto. Tiene frente a sí a los apóstoles y a los habitantes de Betsur que le habían seguido. Las Marías con el niño están sentadas en un ángulo. Jesús dice: «¿Pero estáis ligados por contrato o podéis en cualquier momento liberaros del compromiso?».

«Mira, la verdad es que somos dependientes libres, pero dejarlo inmediatamente, ahora que los rebaños requieren tantos cuidados y que es difícil encontrar pastores, no parece una cosa bonita».

«Efectivamente. De todas formas, no es necesario que lo hagáis ahora; os lo digo con tiempo para que, con justicia, toméis en su momento las medidas oportunas, porque os quiero libres para uniros a los discípulos; así me ayudaréis también vosotros...».

«¡Oh, Maestro!...». Los tres se extasían por la alegría. «Pero, ¿vamos a ser capaces?» añaden luego.

«No lo pongo en duda. Entonces está entendido, ¿no? Apenas os sea posible os unís a Isaac».

«Sí, Maestro».

«Podéis ir con los demás.

209.5

Voy a decir dos palabras a la gente».

Deja a los pastores y se dirige a todos los presentes:

«La paz sea con vosotros.

Ayer he oído hablar a dos personas muy desdichadas: el uno, en la aurora de la vida; la otra, en el ocaso: dos almas que lloraban su desolación. Y he llorado en mi corazón con ellos, al ver cuánto dolor hay en la tierra, y cómo sólo Dios lo puede aliviar, sólo el conocimiento exacto de Dios, de su grandeza e infinita bondad, de su constante presencia y sus promesas. He visto cómo el hombre puede ser torturado por sus semejantes y cómo la muerte le puede arrastrar a estados de desolación en los que Satanás trabaja para aumentar el dolor y devastar. Entonces me he dicho: “No deben sufrir los hijos de los hombres esta tortura añadida a las otras torturas. Demos el conocimiento de Dios a quien no lo tiene, devolvámoselo a quien lo ha olvidado en medio de tempestades de dolor”. Pero también he visto cómo Yo solo no doy abasto a cubrir las infinitas necesidades de mis hermanos; y he decidido llamar a muchos, para que todos los que tienen necesidad del consuelo del conocimiento de Dios lo puedan recibir.

Estos doce son los primeros; son segundos Cristos, y, como tales, capaces de conducir a mí, y, por tanto, al consuelo, a todos los que se sienten oprimidos bajo pesos de dolor demasiado grandes. En verdad os digo: Venid a mí los que estéis afligidos, desazonados, los que tengáis el corazón herido o estéis cansados, que compartiré con vosotros vuestro dolor y os daré paz; venid a través de mis apóstoles, a través de mis discípulos y discípulas, que cada día aumentan con nuevas personas voluntariosas: encontraréis consuelo en vuestras penas, compañía en vuestras soledades, el amor de vuestros hermanos con que olvidar el odio del mundo; encontraréis, por encima de todos, consolador por encima de todos, compañero perfecto, el amor de Dios; ya no dudaréis de nada; no volveréis a decir: “¡Todo está acabado para mí!”, sino: “Ahora todo empieza para mí en un mundo sobrenatural que cancela toda distancia y separación”; y los hijos huérfanos volverán a unirse con sus padres, ya sublimados en el seno de Abraham, y padres y madres, esposas y viudos, encontrarán a los hijos o al consorte perdidos.

209.6

En esta tierra de Judea, no lejos de Belén de Noemí, os recuerdo que el amor alivia el dolor y devuelve la alegría. Pensad, vosotros que lloráis, en la desolación de Noemí después de que su casa se hubo quedado sin hombres. Escuchad sus palabras de desconsolado adiós a Orpá y Rut: “Volved a casa de vuestra madre. El Señor se muestre misericordioso con vosotras, como vosotras lo habéis sido con los que han muerto y conmigo...”. Escuchad cómo no se cansaba de insistir. La que había sido Noemí, la bella, y que ahora no era sino la desdichada Noemí, quebrantada por el dolor, ya no esperaba nada de la vida; solamente quería volver, para morir, a los lugares en que había sido feliz, cuando era joven, rodeada del amor de su marido y de los besos de sus hijos. Decía: “Marchaos, marchaos. Es inútil que vengáis conmigo... Yo soy como una muerta... Mi vida ya no está aquí, sino allá, al otro lado de la vida, donde ellos están. Dejad ya de sacrificar vuestra juventud al lado de una cosa que muere, porque realmente yo soy ‘una cosa’. Todo me resulta indiferente. Dios ha tomado todo lo que tenía... Soy pura angustia y sólo angustia os acarrearía... y ello pesaría en mi corazón, y el Señor me pediría cuentas — Él, que tanto ha descargado su mano sobre mí—; porque teneros a vosotras, que vivís, junto a mí, que estoy muerta, sería egoísmo. Id con vuestras madres...”.

Pero Rut se quedó, como apoyo de la doliente vejez. Rut había comprendido que siempre hay dolores mayores que el propio, y que su pena de joven viuda era más ligera que la de esta mujer que había perdido a sus dos hijos además del marido. De la misma forma, el dolor del niño huérfano que se ve obligado a vivir mendigando, privado ya de caricias, privado ya de buenos consejos, es mucho mayor que el de la madre que ha sido despojada para siempre de sus hijos. De la misma forma, el dolor de quien, por diversos motivos, llega a odiar al género humano y ve en todos los hombres un enemigo de quien defenderse y a quien temer, es aún mayor que los otros dolores, porque envuelve no sólo carne, sangre y mente, sino también al espíritu con sus deberes y derechos sobrenaturales y le lleva a la perdición.

¡Cuántas madres sin hijos para los hijos sin madres hay en el mundo! ¡Cuántas viudas sin descendencia, para que ejerzan su piedad para con los ancianos solitarios! ¡Cuántos han sido privados de amor para que se den enteramente a los infelices, con su necesidad de amar, y combatan así el odio, dando, dando, dando amor a la Humanidad infeliz, que sufre cada vez más porque cada vez odia más!

209.7

El dolor es cruz, pero también es ala. El luto despoja, pero para volver a vestir. ¡Alzaos, vosotros que lloráis! ¡Abrid los ojos, abandonad pesadillas, tinieblas y egoísmos! Mirad... el mundo es la landa donde se llora y se muere. El mundo suplica auxilio por boca de huérfanos y enfermos, por boca de los que viven en soledad, de los que vacilan, por boca de los que viven prisioneros del rencor por causa de una traición o de un acto de crueldad. Id a estos que gritan. ¡Olvidaos entre los olvidados! ¡Sanad entre los enfermos! ¡Esperad entre los desesperados! El mundo está abierto a las buenas voluntades que desean servir a Dios en el prójimo y conquistarse el Cielo: unión con Dios, reunión con aquellos cuya ausencia lloramos. Aquí nos ejercitamos, allí será la victoria. Venid. Estad cerca de todos los dolores, como Rut. Decid también vosotros: “Estaré con vosotros hasta la muerte”. Persistid aunque oigáis esta respuesta de los desgraciados que se consideran insanables: “No me llaméis ya Noemí, llamadme Mará, porque Dios me ha colmado de amargura”. En verdad os digo que un día, por vuestra persistencia, estas calamidades exclamarán: “Bendito sea el Señor, que me ha liberado de la amargura, de la desolación, de la soledad, por obra de una criatura que ha sabido hacer que su dolor diera un fruto bueno; que Dios la bendiga eternamente por haberme salvado”.

Fijaos: aquella buena acción de Rut hacia Noemí dio al Mesías al mundo, porque de David de Jesé, de Jesé de Obed, viene el Mesías, como Obed de Booz, Booz de Salmón, Salmón de Naassón, Naassón de Aminadab, Aminadab de Aram, Aram de Esrom, Esrom de Fares, para poblar los campos de Belén, preparando los antepasados del Señor: toda buena acción es origen de cosas grandes, que ni siquiera os imagináis; el esfuerzo de uno contra su propio egoísmo puede provocar una ola de amor tal, que puede subir, subir, llevando entre su transparencia a aquel que la provocó, hasta conducirle a los pies del altar, al corazón de Dios.

Que Dios os conceda la paz».

Y Jesús, sin volver al jardín por la puertecita abierta en el seto, vigila para que nadie se acerque a éste — del otro lado proviene un largo llanto... Y espera a que todos los de Betsur se hayan marchado para alejarse acompañado de los suyos sin turbar ese llanto saludable...


Notes

  1. Noémi, de laquelle nous trouvons l’histoire – ainsi que celle de Ruth – dans le petit livre de Ruth.
  2. Mara : Rt 1, 20 : Mara signifie « Amère », alors que Noémi signifie « Ma douceur ».