Los Escritos de Maria Valtorta

210. En route vers Hébron, les inquiétudes de Judas Iscariote.

210. Las inquietudes de Judas Iscariote

210.1

« Mais je ne crois pas que vous ayez l’intention de faire un pèlerinage à tous les lieux célèbres d’Israël, dit ironiquement Judas qui discute dans un groupe où se trouvent Marie, femme d’Alphée, et Salomé, ainsi qu’André et Thomas.

– Et pourquoi pas ? Qui est-ce qui l’interdit ? demande Marie, femme de Cléophas.

– Mais moi ! Ma mère m’attend depuis longtemps…

– Va donc chez ta mère, nous te rejoindrons après, dit Salomé – elle semble ajouter mentalement : “ Personne ne souffrira de ton absence ” –.

– Ce n’est pas cela ! J’y vais avec le Maître. Déjà, il n’y a plus la Mère, comme c’était entendu. Et cela n’aurait vraiment pas dû se faire parce qu’il était promis qu’elle y viendrait.

– Elle s’est arrêtée à Bet-çur pour une œuvre charitable. Cette femme était bien malheureuse.

– Jésus pouvait la guérir sur-le-champ. Il n’avait pas besoin de la faire revenir graduellement à son état normal. Je ne sais pas pourquoi, désormais, il n’aime plus faire des miracles éclatants.

– S’il a agi ainsi, il aura eu de saintes raisons, rétorque calmement André.

– Ah oui ! C’est ainsi qu’il perd des prosélytes.

210.2

Ce séjour à Jérusalem, quelle déception ! Plus il lui faudrait faire des gestes d’éclat, plus il se cache à l’ombre. Je m’étais tellement promis de voir, de combattre…

– Excuse ma question… Mais que voulais-tu voir et qui voulais-tu combattre ? demande Thomas.

– Quoi ? Qui ? Mais voir ses œuvres miraculeuses et pouvoir tenir tête à ceux qui prétendent que c’est un faux prophète ou un possédé. Car c’est bien ce qu’on dit ! Comprends-tu ? On dit que si Béelzéboul ne le soutient pas, il n’est qu’un pauvre homme. Et comme l’humeur capricieuse de Béelzéboul est bien connue, et qu’on sait qu’il se plaît à prendre et à quitter, comme le fait le léopard avec sa proie, et comme les faits justifient cette façon de voir, je m’inquiète de constater qu’il n’agit pas. Quelle piètre figure nous faisons ! Nous sommes les apôtres d’un Maître… qui ne fait qu’enseigner, c’est indéniable, mais rien d’autre. »

Judas s’est arrêté brusquement après le mot “ Maître ” et cela me fait penser qu’il allait dire quelque chose de pire.

Les femmes sont abasourdies et Marie, femme d’Alphée, en tant que parente de Jésus, répond clairement :

« Ce n’est pas de cela que je m’étonne, mais de ce que, lui, il te supporte, mon garçon ! »

Mais André, lui qui est toujours doux, perd patience, rougit de colère – ce en quoi il ressemble pour une fois à son frère – et crie :

« Mais va-t’en ! Et ne fais plus mauvaise figure à cause du Maître ! D’ailleurs, qui t’a appelé ? Nous, il nous a voulus, mais toi, non. Tu as dû insister à plusieurs reprises pour te faire accepter. C’est toi qui t’es imposé. Je ne sais ce qui me retient de tout raconter aux autres…

– Avec vous il est impossible de parler. Ils ont raison, ceux qui vous disent querelleurs et ignorants… »

Thomas plaisante pour détourner la tempête qui approche :

« Eh bien, vraiment, à mon tour je ne comprends pas du tout où tu vois l’erreur chez le Maître. Je n’étais pas au courant de ces humeurs capricieuses du démon. Le pauvre ! Il doit être bizarre. S’il avait eu une intelligence équilibrée, il ne se serait pas révolté contre Dieu. Je vais en prendre bonne note.

– Ne plaisante pas, car moi, je ne plaisante pas. Peux-tu donc soutenir qu’il s’est fait connaître à Jérusalem ? Lazare aussi l’a dit, du reste… »

Thomas éclate de rire, et bruyamment. Riant encore – son rire a déjà désorienté Judas –, il rétorque :

« Ah ! Il n’a rien fait ? Va donc le demander aux lépreux de Siloan et d’Hinnom. Ou plutôt pas à Hinnom, car il n’y a plus de lépreux : ils sont tous guéris. Si tu n’étais pas là — car tu avais hâte de partir chez des… amis et tu n’es donc pas au courant —, cela n’empêche pas que les vallées de Jérusalem et même beaucoup d’autres résonnent des chants de louange de ceux qui ont été guéris. »

Thomas a pris pour finir un ton sérieux.

210.3

Là-dessus, il ajoute sévèrement :

« Tu fais une crise de bile, mon ami, et elle te fait trouver tout amer et tout voir en noir. Ce doit être une maladie récurrente chez toi. D’ailleurs, crois moi, il n’est guère agréable de vivre avec quelqu’un comme toi. Il te faut changer. Moi, je n’irai rien dire à personne et si ces braves femmes veulent bien m’écouter, elles resteront silencieuses comme moi. André en fera autant. Mais il te faut changer. Ne te crois pas déçu, car il n’y a pas de déception. Ne te crois pas nécessaire, car le Maître sait ce qu’il fait. Ne prétends pas être le maître du Maître. Si, pour cette pauvre femme d’Elise, il a agi de cette manière, c’est qu’il était bien de le faire. Laisse les serpents siffler et cracher comme il leur plaît. Ne te soucie pas de te faire l’intermédiaire entre eux et lui, et encore moins de penser que tu te déconsidères en restant avec lui. Même s’il ne guérissait plus ne serait-ce qu’un simple rhume, cela ne l’empêcherait pas d’être toujours puissant. Sa parole est un continuel miracle. Et trouve la paix. Nous n’avons pas les archers à nos trousses ! Nous arriverons, bien sûr, nous arriverons à convaincre le monde que Jésus est Jésus. Et puis, sois tranquille : si Marie a promis d’aller chez ta mère, elle ira. Nous, pendant ce temps, nous voyageons en pèlerins à travers ces belles contrées, c’est notre travail ! Sans compter, bien sûr, que nous faisons plaisir aux femmes disciples en allant voir le tombeau d’Abraham[1], son arbre, et puis la tombe de Jessé et… qu’avez-vous dit d’autre ?

– On dit que c’est ici l’endroit où Adam habita et où Abel fut tué…

– Les absurdes légendes habituelles… bougonne Judas.

– Dans un siècle, on dira que la grotte de Bethléem et bien d’autres choses ne sont que légende !

210.4

Et puis, excuse-moi ! Tu as voulu aller dans cette puante caverne d’En-Dor qui, tu dois en convenir, n’appartenait pas à un… cycle saint, n’est-ce pas ? Or les femmes vont là où l’on dit qu’il y a du sang et des cendres de saints. En-Dor nous a donné Jean, et qui sait…

– Belle acquisition que Jean ! Grommelle Judas.

– Pour ce qui est de son visage peut-être, mais en ce qui concerne son âme, il peut être meilleur que nous.

– Lui alors ! Avec ce passé !

– Tais-toi ! Le Maître a dit que nous ne devons pas le rappeler.

– C’est bien commode ! Je voudrais voir, si moi je faisais quelque chose de semblable, si vous ne vous en souviendriez pas !

– Adieu, Judas. Il vaut mieux que tu restes seul. Tu es trop énervé. Si, du moins, tu savais ce que tu as !

– Ce que j’ai, Thomas ? J’ai que je vois que l’on nous délaisse pour les premiers venus. J’ai que je vois qu’on préfère tout le monde à moi. J’ai que je remarque qu’on attend que je sois absent pour enseigner à prier. Et tu veux que cela me fasse plaisir ?

– Cela ne fait pas plaisir. Mais je te fais observer que, si tu étais venu avec nous pour le repas de la Pâque, tu aurais été aussi avec nous sur le mont des Oliviers, quand le Maître nous a enseigné la prière. Je ne vois pas en quoi nous sommes délaissés pour les premiers venus. Est-ce de ce pauvre petit innocent que tu parles, ou bien de ce malheureux Jean ?

– De l’un et de l’autre. Jésus ne nous parle pour ainsi dire plus. Regarde-le, encore maintenant… Il est là qui s’attarde à parler tant et plus avec ce gamin. Il lui faudra attendre un bon moment avant qu’il puisse le compter au nombre des disciples ! Quant à l’autre, il ne le deviendra jamais : trop orgueilleux, pédant, insensible, avec des tendances mauvaises. Et pourtant : “ Jean par ci… Jean par là ”…

– Père Abraham, donne-moi de la patience ! Et en quoi te paraît-il que le Maître te préfère les autres ?

– Mais ne le vois-tu pas, même maintenant ? Le moment venu de quitter Bet-çur, après un séjour pour instruire trois bergers qui pouvaient très bien être pris en main par Isaac, qui laisse-t-il avec sa Mère ? Moi, toi ? Non. Il laisse Simon, un vieux qui ne parle pour ainsi dire pas !

– Mais le peu qu’il dit est toujours bien dit » réplique Thomas, seul désormais, car les femmes et André se sont éclipsés et vont rapidement de l’avant comme pour fuir un bout de chemin trop ensoleillé.

210.5

Les deux apôtres se sont tellement échauffés qu’ils ne re­marquent pas l’arrivée de Jésus, car le bruit de ses pas se perd complètement dans le nuage de poussière de la route. Mais si, lui, il ne fait pas de bruit, eux crient comme dix et Jésus les entend. Il est suivi de Pierre, de Matthieu, des deux cousins du Seigneur, de Philippe et Barthélemy et des deux fils de Zébédée qui ont avec eux Marziam.

Jésus dit :

« Tu as bien raison, Thomas : Simon parle peu, mais le peu qu’il dit est toujours bien. C’est un esprit paisible et un cœur honnête. Il a surtout beaucoup de bonne volonté. C’est pour cela que je l’ai laissé avec ma Mère. C’est un parfait honnête homme et, en même temps, quelqu’un qui sait vivre, qui a souffert et qui est âgé. Par conséquent – je dis cela parce que, je suppose, ce choix paraît injuste à l’un de vous –, par conséquent il était plus indiqué que ce soit lui qui reste. Je ne pouvais pas, Judas, permettre que ma Mère reste seule auprès d’une pauvre femme encore malade. Et il était juste que je la quitte. Ma Mère mènera à bonne fin l’œuvre que j’ai commencée. Mais je ne pouvais pas non plus la laisser avec mes frères, ni avec André, Jacques ou Jean, ni même avec toi. Si tu n’en comprends pas les raisons, je ne sais que dire…

– Parce que ta Mère est jeune, belle et les gens…

– Non ! Les gens auront toujours de la fange dans leur pensée, sur leurs lèvres, dans leurs mains et surtout dans leur cœur, ces gens sans honnêteté qui voient en tous les sentiments qu’ils éprouvent eux-mêmes ; mais je ne me soucie guère de leur fange. Elle tombe d’elle-même quand elle est sèche. Mais j’ai préféré Simon, parce qu’il est âgé et ne rappellerait pas trop ses fils morts à cette femme qui souffre. Vous, les jeunes, les lui auriez rappelés par votre jeunesse… Simon sait veiller et il sait ne pas se faire entendre, il n’exige jamais rien, il sait compatir, il sait se surveiller. J’aurais pu choisir Pierre. Qui mieux que lui pourrait être auprès de ma Mère ? Mais il est encore trop impulsif. Tu vois que je le lui dis en face sans qu’il s’en formalise : Pierre est sincère et aime la sincérité, même à son détriment. Je pouvais prendre Nathanaël. Mais il n’a jamais parcouru la Judée. Simon, au contraire, connaît bien le pays et il sera précieux pour conduire ma Mère à Kérioth. Il sait aussi où se trouvent ta maison de campagne et celle de la ville et il ne fera…

210.6

– Mais… Maître !… Ta Mère ira vraiment chez la mienne ?

– Mais c’était chose dite ! Et quand on a promis, on s’y tient. Nous marcherons lentement en nous arrêtant dans ces villages pour évangéliser. Ne veux-tu pas que j’évangélise ta Judée ?

– Oh si ! Maître… Mais je croyais… je pensais…

– Surtout, tu te faisais de la peine pour des chimères que tu avais rêvées. Au second quartier de la lune de Ziv[2], nous serons tous chez ta mère. Nous, c’est-à-dire ma Mère aussi, avec Simon. Pour le moment, elle évangélise Bet-çur, ville de Judée, tout comme Jeanne évangélise Jérusalem et avec elle une jeune fille et un prêtre, jadis lépreux, tout comme Lazare, Marthe et le vieil Ismaël évangélisent Béthanie, tout comme Sara évangélise à Yutta ; et, à Kérioth, ta mère parle certainement du Messie. Tu ne peux vraiment pas dire que je laisse la Judée sans voix. Au contraire, je lui donne, à elle qui est plus fermée et arrogante que toute autre région, les voix les plus douces, celles des femmes en plus de celles d’Isaac, qui est saint, et de mon ami Lazare. Les femmes joignent à la parole cet art subtil bien féminin d’amener les âmes au point où elles le désirent. Tu ne dis plus rien ? Pourquoi es-tu sur le point de pleurer, espèce de grand enfant capricieux ? A quoi te sert-il de t’empoisonner avec des ombres chimériques ? As-tu encore des motifs d’inquiétude ? Allons ! Parle…

– Je suis mauvais… et toi, tu es tellement bon ! Ta bonté me frappe toujours plus car elle est toujours si fraîche, si nouvelle… Moi… je ne sais jamais que dire quand je la trouve sur mon chemin.

– Tu as dit vrai. Tu ne peux le savoir, mais c’est parce qu’elle n’est ni fraîche, ni nouvelle. Elle est éternelle, Judas. Elle est partout présente, Judas…

210.7

Ah ! Nous voici arrivés dans les environs d’Hébron. Marie, Salomé et André nous font de grands gestes. Allons-y. Ils parlent avec des hommes. Ils ont dû demander où se trouvent les lieux historiques. Ta mère rajeunit, mon frère, à cette nouvelle évocation ! »

Jude sourit à son cousin – Jésus –, qui sourit à son tour.

« Nous rajeunissons tous ! Dit Pierre. J’ai l’impression d’être à l’école. Mais c’est une belle école ! Meilleure que celle de ce grognon d’Elisée. Tu t’en souviens, Philippe ? Qu’est-ce que nous ne lui avons pas fait, hein ? Cette histoire des tribus ! “ Dites les villes des tribus ! ”… “ Vous ne les avez pas dites en chœur… Recommencez… ” ; “ Simon, tu ressembles à un crapaud endormi. Tu restes en arrière. Reprenez au début. ” Hélas ! Je ne savais plus que la liste des villes et pays de l’ancien temps ; je ne savais rien d’autre. Au contraire, ici, on apprend vraiment ! Tu sais, Marziam ? Un de ces jours, ton père va faire passer l’examen, maintenant qu’il est savant… »

Tout le monde rit rejoignant les femmes et André.

210.1

«¡Hombre, no creo que tengáis intención de ir en peregrinaje a todos los lugares famosos de Israel!» dice irónicamente Judas Iscariote, que va polemizando en un grupo en que están María de Alfeo y Salomé, además de Andrés y Tomás.

«¿Por qué no? ¿Quién lo prohíbe?» pregunta María Cleofás.

«¡Pues yo! Mi madre hace mucho que me espera...».

«Pues ve a casa de tu madre. Ya te alcanzaremos después» dice Salomé, y parece añadir mentalmente: «Ninguno se apenará por tu ausencia».

«¡De ninguna manera! Iré acompañado del Maestro. Ya de hecho no va su Madre, como estaba pensado; lo cual verdaderamente no se debía haber hecho porque se había prometido que iría».

«Se ha quedado en Betsur para cumplir una obra buena. Esa mujer era muy infeliz».

«Jesús podía haberla curado inmediatamente, sin necesidad de devolverle la plenitud gradualmente. No sé por qué ahora no es partidario de milagros estrepitosos».

«Si lo ha hecho así, tendrá sus santas razones» dice con serenidad Andrés.

«¡Sí, y así pierde prosélitos!

210.2

¡Qué desilusión la visita a Jerusalén!: cuanta más necesidad hay de gestos llamativos, más se acurruca en la sombra. Yo verdaderamente esperaba ver, hacer frente...».

«Oye, perdona la pregunta... pero, ¿qué querías ver?, ¿a quién querías hacer frente...?».

«¿Qué?... ¿A quién?... ¡Hombre, pues ver sus obras milagrosas y no tener que dejarme avasallar por los que dicen que es un falso profeta o un endemoniado! ¡Porque dicen esto, eh! Dicen que sin el apoyo de Belcebú no es más que un pobre hombre. Y dado que se sabe que Belcebú cambia caprichosamente de humor y que se deleita en tomar y dejar, como hace el leopardo con la presa, y, dado que los hechos justifican este pensamiento, pues me preocupa el pensar que Él no hace nada. ¡Quedamos por los suelos! Somos los apóstoles de un Maestro... todo doctrina, sí, eso es innegable, pero nada más». La brusca pausa de Judas tras la palabra “Maestro” hace pensar que quería decir algo más gordo.

Las mujeres están atónitas. Pero María de Alfeo, como pariente de Jesús, dice claramente: «¡A mí eso no me asombra; lo que sí me asombra es que Jesús te soporte, muchacho!».

Andrés, que siempre es manso, esta vez pierde la paciencia, y, rojo, enfurecido — muy parecido a su hermano en raras ocasiones — grita: «¡Pues vete! ¡Así no tendrás que quedar mal por culpa del Maestro! ¿Quién te ha convocado? A nosotros sí, a ti no. Tuviste que insistir varias veces para que te aceptara. Te has impuesto... ¡No sé por qué no les cuento todo a los demás!...».

«Con vosotros no se puede hablar nunca. Tienen razón cuando dicen que sois pendencieros e ignorantes...».

«La verdad es que no entiendo en absoluto dónde encuentras el error del Maestro. Y yo no tenía noticia de estos cambios caprichosos del Demonio. ¡Pobrecito! Sin duda tiene que ser raro; si hubiera sido equilibrado de mente, no se hubiera rebelado contra Dios. De todas formas tomo nota» dice, no sin sarcasmo, Tomás, para tratar de desviar la tormenta que se avecina.

«No estoy de broma, así que tú tampoco. ¿Se ha hecho notar en Jerusalén acaso? Pero si además hasta el mismo Lázaro ha hecho esta observación...».

La carcajada de Tomás retumba en el ambiente... y, riéndose todavía — su risa ya de por sí ha desorientado a Judas Iscariote —, dice: «¿Que no ha hecho nada! Vete a preguntárselo a los leprosos de Siloán y de Hinnom. Bueno, en Hinnom no encontrarás a ninguno, porque todos están curados. El hecho de que tú no estuvieras, porque tenías prisa de ir con... los amigos, y de que, por tanto, no lo hayas sabido, no quita para que los valles de Jerusalén y de otros muchos lugares rebosen de aclamaciones de los curados» termina, serio, Tomás.

210.3

Y, severo, añade: «Tu enfermedad es de la bilis, amigo; que todo te lo amarga y te lo hace ver verde. En ti debe ser una enfermedad cíclica. Créeme que convivir con uno como tú es poco placentero. Cambia. No voy a decirle nada a nadie, y lo mismo espero que hagan estas buenas mujeres — si es que quieren escucharme — y Andrés. Pero cambia. No te sientas defraudado, porque aquí no hay ninguna desilusión. No te sientas necesario, mira, que el Maestro sabe cómo actuar; no pretendas ser el maestro del Maestro. Si, en el caso de la pobre Elisa, ha actuado así, es señal de que era lo correcto. Deja que esas sierpes silben y escupan como quieran; no te metas a querer hacer de intermediario entre ellos y Él, y mucho menos aún te avergüences de estar con Él. Aunque no curase en lo sucesivo ni siquiera un resfriado, ello no quitaría para que siguiera siendo poderoso. Su palabra es un continuo milagro. ¡Y vive en paz, que no nos vienen persiguiendo arqueros! ¡Llegará un día, cómo no, que convenceremos al mundo de quién es Jesús! Y tranquilo también por la cuestión de María, que si ha prometido que irá a ver a tu madre irá. Entre tanto vamos caminando como peregrinos por estas hermosas comarcas. ¡Nuestro trabajo es éste! ¡Sí, hombre, claro! Vamos a darles a las discípulas la satisfacción de ir a ver la tumba de Abraham, su árbol y la tumba de Jesé y... ¿qué más habíais dicho?».

«Se dice que aquí vivió Adán y murió asesinado Abel...».

«Las consabidas leyendas sin sentido!...» dice Judas rezongando.

«Dentro de un siglo se dirá que lo de la gruta de Belén y muchas otras cosas son una leyenda.

210.4

Pero, oye, además, ¿no fuiste tú quien quiso ir a aquel fétido antro de Endor, que — creo que estarás de acuerdo conmigo — no pertenecía precisamente a un ciclo santo; ¿no crees? Bueno, pues ellas vienen aquí, donde se dice que hay sangre y cenizas de santos. De Endor nos ha venido Juan, ¿quién sabe...?».

«¡Buen fichaje, Juan!» dice burlonamente Judas.

«No es guapo de cara, sí, pero puede ser que su alma sea mejor que la nuestra».

«¡Sí, precisamente su alma... con la vida que ha vivido!».

«¡Calla! El Maestro nos dijo que no debíamos rememorarlo».

«¡Qué fácil eso! ¡Ya quisiera ver yo, si hiciera algo parecido, si lo ibais a rememorar o no!».

«Adiós, Judas; es mejor que estés solo. Estás demasiado agitado. ¡Si al menos supieras lo que te pasa!».

«¿Que qué me pasa, Toma? Pues lo que me pasa es que veo que a nosotros se nos deja de lado por los últimos que llegan; lo que me pasa es que veo preferir a todos antes que a mí; y que noto que se espera a que no esté yo para enseñar a orar. ¿Qué quieres, que me gusten estas cosas?».

«No gusta, de acuerdo, pero te recuerdo que si hubieras venido con nosotros a la Cena de Pascua, habrías estado tú también en el Monte de los Olivos cuando el Maestro nos enseñó la oración. Y, por lo que respecta a que se nos deje de lado por los primeros que llegan, no lo veo. ¿Lo dices por ese pobre inocente?, ¿o por el pobre Juan?».

«Por los dos. Jesús ya casi no se dirige a nosotros. Mírale incluso ahora... Está allí, sin ninguna prisa, habla que te habla con el niño. ¡Pues va a tener que esperar no poco tiempo a poderle incluir entre los discípulos! ¿Y el otro?... Nunca será discípulo: es demasiado soberbio, culto, duro de corazón, y tiene malas tendencias. Y a pesar de todo: “Juan por aquí y Juan por allá”...».

«¡¡¡Padre Abraham, no me dejes perder la paciencia!!! ¿Y en qué te parece que el Maestro prefiere a otros antes que a ti?».

«¡Pero no lo has visto también ahora? Llegado el momento de salir de Betsur — después de un tiempo pasado en instruir a tres pastores a los que perfectamente había podido instruir Isaac —, ¿a quién deja con su Madre? ¿A mí?, ¿a ti? No. Deja a Simón. ¡Un viejo que casi no habla!...».

«Pero que lo poco que dice está siempre bien dicho» replica prontamente Tomás, que ahora se ha quedado solo con Judas dado que las mujeres, con Andrés, se han separado y van adelante ligeras, como huyendo de un tramo de camino lleno de sol.

210.5

Los dos apóstoles hablan tan acaloradamente, que no oyen que Jesús se ha acercado, perdido del todo el ruido de sus pasos entre la polvareda del camino. Mas si Él no hace ruido, ellos gritan como diez, y Jesús sí que los oye; detrás vienen también Pedro, Mateo, los dos primos del Señor, Felipe y Bartolomé, y los dos hijos de Zebedeo llevando en medio a Marziam.

Jesús dice: «Es así, como has dicho, Tomás: Simón habla poco, pero lo poco que dice está siempre bien dicho: tiene mente serena y corazón honesto; pero, sobre todo, una muy buena voluntad. Por eso le he dejado con mi Madre. Es verdaderamente un caballero, y, al mismo tiempo, conoce la vida, ha sufrido, y es anciano. Por tanto — y digo esto porque pienso que a alguien le ha parecido injusta esta decisión — era el más adecuado para quedarse. Judas, no podía permitir que mi Madre se quedase sola — y era justo dejarla — con una pobre mujer que todavía estaba enferma: mi Madre completará así la obra que Yo he comenzado. Tampoco podía dejarla con mis hermanos, ni con Andrés o Santiago o Juan, y tampoco contigo. Si no comprendes el motivo no sé qué decirte...».

«Porque es tu Madre, joven y hermosa, y la gente...».

«¡No! La gente tendrá siempre fango en el pensamiento, en los labios y en las manos, y especialmente en el corazón: la gente deshonesta, que ve sus sentimientos en los demás. Pero su fango no absorbe mi atención: se cae por sí solo, una vez seco. He preferido a Simón porque es anciano y no recordaba demasiado a los hijos difuntos de esa mujer desolada; vosotros, jóvenes, los habríais evocado con vuestra juventud... Simón sabe tutelar y pasar desapercibido, nunca exige nada, es compasivo, sabe velar por sí mismo. Podía haber escogido a Pedro. ¿Quién mejor que él para estar con mi Madre? Pero todavía es muy impulsivo. ¿Ves cómo se lo digo a la cara y no se ofende? Pedro es sincero, y ama la sinceridad incluso cuando le supone un perjuicio. Podía haber sido Natanael, pero no ha estado nunca en Judea; Simón, por el contrario, la conoce bien y será precioso para guiar a mi Madre a Keriot. Sabe incluso ir a la casa tuya del campo, y a la de la ciudad, así que no hará...».

210.6

«¡Pero... Maestro... entonces tu Madre va a ir realmente a ver a la mía?».

«¡Ya se había dicho! Cuando se dice una cosa se hace. Iremos sin prisa, deteniéndonos a evangelizar por estos pueblos. ¿No quieres que evangelice tu Judea?».

«¡Sí, sí, Maestro!... Yo es que creía... pensaba...».

«Bueno, sobre todo, es que te creabas penas por causa de una serie de quimeras de tu fantasía. Para la segunda fase de la luna de Ziv estaremos todos nosotros en casa de tu madre; nosotros, es decir, también mi Madre y Simón. Por ahora Ella está evangelizando Betsur, ciudad judía, de la misma forma que Juana está evangelizando Jerusalén con una joven y un sacerdote que fue leproso; Lázaro con Marta y el anciano Ismael hacen lo propio en Betania; en Yuttá, Sara; en Keriot, sin duda, habla del Mesías tu madre. No puedes decir que dejo privada de mensajeros a Judea; antes bien, le doy — a pesar de su mayor cerrazón y obstinación — las voces más dulces, las de las mujeres — que a la palabra unen ese arte fino suyo y son maestras en conducir los corazones a donde quieren —, además de las del santo Isaac y de mi amigo Lázaro. ¿Ya no dices nada? ¿Por qué estás casi llorando, niñote caprichoso? ¿Qué ganas envenenándote con las sombras? ¿Tienes todavía algún motivo de inquietud? ¡Ánimo, habla...!».

«Soy malo... y Tú eres muy bueno.. Tu bondad siempre me impresiona: ¡es siempre tan fresca y nueva...! Yo... yo... nunca sé decir cuándo la encuentro en mi camino».

«Tú lo has dicho, no lo puedes saber, pero es porque no es ni fresca ni nueva, sino eterna, Judas; omnipresente, Judas...

210.7

¡Ya estamos en las cercanías de Hebrón! María, Salomé y Andrés nos hacen grandes gestos. Vamos. Están hablando con unos hombres. Deben estarles preguntando por los lugares históricos. ¡Tu madre, ante la memoria de estos lugares, rejuvenece, hermano mío!».

Judas Tadeo le sonríe a su primo, quien, igualmente, sonríe.

Y Pedro: «¡Rejuvenecemos todos! Me siento como en la escuela, una bonita escuela, mejor que la de aquel cascarrabias de Eliseo. ¿Te acuerdas, Felipe? ¡Pero las armábamos, ¿eh?! ¡Aquella historia de las tribus!: “¡Decid las ciudades de las tribus!”; “No las habéis dicho en coro... a decirlas otra vez...”; “Simón, pareces una rana dormida, te quedas atrás. Volved a empezar”. ¡Ay, veía todo nombres de ciudades y de pueblos de todos los tiempos y no sabía nada más! Aquí, sin embargo, se aprende verdaderamente. ¡Marziam, un día de éstos tu padre, ahora que ya sabe, irá a hacer el examen!...».

Todos se echan a reír mientras se dirigen hacia Andrés y las mujeres.


Notes

  1. tombeau d’Abraham : Hébron est assimilé à Mambré, dans la Genèse.
  2. Ziv (ou Iyyar), correspond à avril/mai.