The Writings of Maria Valtorta

209. La fécondité de la souffrance dans le discours de Jésus, près de la maison d’Elise, à Bet-çur.

209. Jesus in Eliza’s house speaks

209.1

La nouvelle qu’Elise s’est enfin décidée à sortir de sa tragique mélancolie s’est répandue dans le pays. C’est au point que, quand Jésus, suivi des apôtres et des disciples, traverse le village en direction de la maison, beaucoup de gens l’observent attentivement et même interrogent tel ou tel berger à son sujet, sur sa venue, sur ceux qui sont avec lui, et qui est l’enfant, et qui sont les femmes, et quel remède il a donné à Elise pour la tirer de la nuit de la folie aussi vite, dès qu’il est apparu, et ce qu’il fera, et ce qu’il dira… C’est à qui a le plus envie de poser de questions…

En dernier lieu, ils demandent :

« Ne pourrions-nous pas venir, nous aussi ? »

Ce à quoi les bergers répondent :

« Nous ne le savons pas. Il faut le demander au Maître. Allez-y.

– Et s’il nous reçoit mal ?

– Il ne reçoit jamais mal, pas même les pécheurs. Allez-y, allez-y ! Cela lui fera plaisir. »

209.2

Un groupe de personnes – femmes et hommes, la plupart d’âge mûr, de l’âge d’Elise – se consultent puis s’avancent, s’approchent de Jésus, qui parle avec Pierre et Barthélemy, et l’appellent, pas très sûrs d’eux :

« Maître…

– Que voulez-vous ? demande Barthélemy.

– Parler avec le Maître, pour demander…

– Que la paix vienne à vous ! Quelles questions voulez-vous me poser ? »

Devant son sourire, les gens s’enhardissent :

« Nous sommes tous des amis d’Elise, de sa maison. Nous avons entendu dire qu’elle est guérie. Nous voudrions la voir. Et t’en­tendre. Pouvons-nous venir ?

– Pour m’entendre, certainement. Pour ce qui est de la voir, non, mes amis. Mortifiez votre amitié, ainsi que votre curiosité, car il y a de cela aussi. Respectez une grande douleur qu’il ne faut pas troubler.

– Mais n’est-elle pas guérie ?

– Elle revient à la lumière. Mais lorsque cesse la nuit, est-ce que le plein midi arrive tout d’un coup ? Et quand on rallume un feu éteint, la flamme est-elle vive aussitôt ? Il en va de même pour Elise. Et si un vent intempestif souffle sur une petite flamme naissante, ne l’éteint-il pas ? Soyez donc prudents. Cette femme n’est qu’une plaie. Même l’amitié pourrait l’exaspérer, car elle a besoin de repos, de silence, de solitude, non plus tragique comme l’était celle d’hier, mais d’une solitude résignée pour se retrouver elle-même…

– Alors, quand donc la verrons-nous ?

– Plus tôt que vous ne le pensez. Car elle se trouve désormais dans le sillage du salut. Mais si vous saviez ce que c’est que de sortir de ces ténèbres-là ! Elles sont pires que la mort. Et celui qui en sort, au fond, a honte d’y être tombé et que le monde le sache.

– Es-tu médecin ?

– Je suis le Maître. »

Ils sont arrivés devant la maison.

Jésus se tourne vers les bergers :

« Allez dans la cour. Que ceux qui le veuillent vous accompagnent. Mais que personne ne fasse de bruit et n’aille plus loin que la cour. Veillez-y, vous aussi, dit-il aux apôtres, pour que tout se passe bien. Quant à vous – il s’adresse à Salomé et à Marie, femme d’Alphée –, veillez à ce que l’enfant ne fasse pas de tapage. Adieu ! »

Il frappe à la porte, pendant que les autres prennent un sentier et se dirigent vers l’endroit convenu.

209.3

La servante ouvre. Jésus entre au milieu des courbettes répétées de la servante.

« Où est ta maîtresse ?

– Avec ta Mère… et, imagine donc ! Elle est descendue au jardin ! Quelle affaire ! Quelle affaire ! Et hier soir, elle est venue dans la salle à manger… Elle pleurait, mais elle est venue. J’aurais voulu qu’elle prenne aussi de la nourriture, au lieu de sa goutte de lait habituelle, mais je n’y suis pas arrivée !

– Elle en prendra. N’insiste pas. Montre-toi patiente, même dans ton amour pour ta maîtresse.

– Oui, Sauveur, je ferai tout ce que tu dis. »

Je crois en effet que, si Jésus avait ordonné à la femme de faire les choses les plus étranges, elle les aurait faites sans discuter, tant elle est persuadée que Jésus est Jésus et que tout ce qu’il fait est bien.

Entre-temps, elle l’accompagne dans un vaste jardin plein d’arbres fruitiers et de fleurs. Mais, si les arbres fruitiers ont pensé par eux-mêmes à se revêtir de feuilles et à fleurir, à faire paraître des fruits et à les faire grossir, les pauvres fleurs, dont on ne s’occupe plus depuis un an, sont devenues un bosquet nain et tout enchevêtré où les plantes les plus faibles et les moins hautes étouffent sous le poids des plus vigoureuses. Parterres, sentiers, tout disparaît dans un enchevêtrement chaotique. Dans le fond du jardin seulement, là où la servante a fait pousser salades et légumes pour ses besoins, il y a un peu d’ordre.

Marie se tient avec Elise sous une tonnelle tout ébouriffée de sarments et de vrilles qui descendent jusqu’à terre. Jésus s’arrête et regarde sa jeune Mère qui, avec beaucoup de finesse, éveille l’esprit d’Elise et dirige ses pensées vers des objets bien différents de ceux qui accaparaient jusqu’alors les pensées de la femme désolée.

La servante va trouver sa maîtresse et lui dit :

« Le Sauveur est arrivé. »

Les femmes se retournent et vont à lui, l’une avec son doux sourire, l’autre avec son visage fatigué et égaré.

« Paix à vous. Quel beau jardin !

– Il était beau…, dit Elise.

– La terre est fertile, regarde quels beaux fruits se préparent à mûrir ! Et que de fleurs sur ces rosiers ! Et là ? Ce sont des lys ?

– Oui, autour d’un bassin où mes enfants se sont tant amusés… Mais, à l’époque, il était en bon état… Maintenant tout est en ruines, ici. Je n’ai plus l’impression que c’est le jardin de mes fils.

– quelques jours suffiront pour qu’il redevienne comme auparavant. C’est moi qui t’aiderai. N’est-ce pas, Jésus ? Tu vas me laisser rester ici quelques jours avec Elise. Nous avons tant à faire… »

– Tout ce que tu veux, je le veux. »

Elise le regarde et murmure :

« Merci. »

Jésus caresse sa tête blanche, puis prend congé pour aller rejoindre les bergers.

209.4

Les femmes restent au jardin mais, peu après, quand elle entend la voix de Jésus, qui salue les personnes présentes, résonner dans l’air paisible, Elise, comme attirée par une force irrésistible, s’approche lentement d’une haute haie qui sépare le jardin de la cour.

Jésus s’adresse d’abord aux trois bergers. Il se trouve tout près de la haie, avec, en face de lui, les apôtres et les habitants de Bet-çur qui l’ont suivi. Les deux Marie, avec l’enfant, sont assises dans un coin. Jésus interroge les bergers :

« Mais êtes-vous liés par contrat ou bien pouvez-vous quitter votre emploi n’importe quand ?

– Voilà : en réalité, nous sommes des serviteurs libres, mais le quitter tout d’un coup, maintenant que les troupeaux réclament tant de soins et qu’il est difficile de trouver des bergers, cela ne nous paraît pas convenable.

– Non, ce ne serait pas beau, mais il n’est pas nécessaire que ce soit tout de suite. Je vous le dis à l’avance pour que vous prépariez un juste arrangement. Je vous veux libres pour vous unir aux disciples et m’apporter votre aide…

– Oh, Maître ! »

La joie des trois hommes est telle qu’ils sont comme en extase.

« Mais en serons-nous capables ? disent-ils ensuite.

– Je n’en doute pas. Alors, c’est entendu. Dès que possible, vous vous unissez à Isaac.

– Oui, Maître.

– Allez, vous aussi, rejoindre les autres.

209.5

Je vais dire deux mots aux gens. »

Une fois les bergers congédiés, il se tourne vers la foule.

« Que la paix soit avec vous.

Hier, j’ai écouté parler deux grands malheureux, l’un à l’aurore de la vie, l’autre à son crépuscule : ce sont deux âmes que faisait pleurer le poids de leur malheur. Et mon cœur a pleuré avec eux en voyant combien de souffrances il y a sur la terre et comment Dieu seul peut les soulager. Dieu ! La connaissance exacte de Dieu, de sa grande, de son infinie bonté, de sa présence conti­nuelle, de ses promesses. J’ai vu combien l’homme peut être torturé par l’homme et comment il peut être entraîné par la mort en des désolations sur lesquelles Satan travaille pour augmenter la douleur et pour créer des ruines. Je me suis dit alors : “ Les enfants de Dieu ne doivent pas souffrir de cette torture dans leurs tortures. Apportons la connaissance de Dieu à ceux qui l’ignorent, rendons-la à ceux qui l’ont oubliée sous les bourrasques de la douleur. ” Mais j’ai vu aussi que je ne suffis plus moi seul aux besoins infinis de mes frères. Et j’ai décidé d’en appeler beaucoup, en toujours plus grand nombre, pour que tous ceux qui ont besoin du réconfort de la connaissance de Dieu puissent l’obtenir.

Ces douze sont les premiers. En m’aidant, ils sont capables d’amener à moi, et par conséquent au réconfort, tous ceux qui plient sous le poids trop lourd de la souffrance. En vérité, je vous le dis : venez à moi, vous tous qui êtes affligés, dégoûtés, vous qui avez le cœur blessé, qui êtes fatigués ; je partagerai votre douleur et vous apporterai la paix. Venez, par l’intermédiaire de mes apôtres, de mes disciples, hommes et femmes, dont le nombre s’accroît chaque jour de nouveaux volontaires. Vous trouverez un réconfort dans vos souffrances, une compagnie dans votre solitude, l’amour des frères, pour vous faire oublier la haine du monde. Vous trouverez, élevé au-dessus de tous, l’amour de Dieu comme suprême consolateur et compagnon parfait. Vous ne douterez plus de rien. Vous ne direz plus jamais : “ Tout est fini pour moi ! ”, mais : “ Tout commence pour moi dans un monde spirituel qui abolit toute distance et efface toute séparation ”, un monde où les orphelins seront réunis à leurs parents montés dans le sein d’Abraham, où les pères et les mères retrouveront les enfants qu’ils ont perdus, où les épouses et les veufs retrouveront leur conjoint.

209.6

C’est sur cette terre de Judée, proche encore de la Bethléem de Noémi[1], que je vous rappelle comment l’amour soulage la douleur et rend la joie. Regardez, vous qui pleurez, la désolation de Noémi, une fois sa maison restée sans hommes. Ecoutez ses paroles d’adieu découragé à Orpha et Ruth : “ Retournez à la maison de votre mère ; que le Seigneur fasse preuve de miséricorde envers vous comme vous avez fait preuve de miséricorde envers ceux qui sont morts et avec moi… ” Ecoutez ses paroles lasses et insistantes. Elle n’espérait plus rien de la vie, elle qui autrefois était la belle Noémi et qui était devenue la tragique Noémi, brisée par la douleur. Elle ne pensait plus qu’à retourner, pour y mourir, sur les lieux où elle avait été heureuse au temps de sa jeunesse, entre l’amour de son mari et les baisers de ses enfants. Elle disait : “ Allez, partez. Inutile de venir avec moi… Je suis comme une morte… Ma vie n’est plus ici, mais là-bas, dans la vie de l’au-delà où eux, ils se trouvent. Ne sacrifiez plus votre jeunesse à côté d’une chose qui se meurt, car, réellement, je ne suis plus qu’une ‘ chose ’. Tout m’est indifférent. Dieu m’a tout pris… Je suis une angoisse. Je ferais votre angoisse… et elle me pèserait sur le cœur. En outre, le Seigneur m’en demanderait raison, lui qui m’a déjà tant frappée, car vous retenir, vous qui êtes vivantes, auprès de moi qui suis morte, serait de l’égoïsme. Retournez chez votre mère… ”

Mais Ruth resta pour soulager cette douloureuse vieillesse. Ruth avait compris qu’il existe des douleurs plus grandes que celles qu’on a soi-même à supporter, et que sa douleur de jeune veuve était moins lourde que la souffrance de celle qui, en plus de son mari, avait perdu ses deux enfants. Tout comme la douleur de l’orphelin, réduit à vivre de mendicité sans jamais plus de caresses, sans jamais plus de bons conseils, est bien plus grande que celle d’une mère qui a perdu ses enfants. Quant à celui qui, pour tout un ensemble de raisons, en vient à haïr le genre humain et voit en tout homme un ennemi dont il a à se défendre et qu’il doit craindre, sa douleur est encore plus grande que les autres, parce qu’elle affecte non seulement la chair, le sang, la mentalité, mais aussi l’âme avec ses devoirs et ses droits surnaturels, et cela le conduit à sa perdition.

Combien de mères sans enfants et d’enfants sans mère n’y a-t-il pas dans le monde ! Combien de veuves sans descendance pourraient assister les vieillesses solitaires ! Combien d’hommes, privés d’amour parce que ce sont tous des malheureux, pourraient employer leur besoin d’aimer et combattre la haine en donnant plein d’amour à l’humanité malheureuse qui souffre toujours plus parce qu’elle hait toujours plus !

209.7

La souffrance est une croix, mais elle est aussi une aile. Le deuil nous dépouille, mais pour nous revêtir. Debout, vous qui pleurez ! Ouvrez les yeux, sortez des cauchemars, des ténèbres, des égoïsmes ! Regardez… Le monde est une lande où l’on pleure et où l’on meurt. Et le monde crie : “ Au secours ! ” par la bouche des orphelins, des malades, des isolés, de ceux qui doutent, par la bouche de ceux qu’une trahison ou une cruauté ont rendus prisonniers de la rancune. Allez vers ceux qui crient ! Oubliez-vous au milieu de ceux qui sont oubliés ! Guérissez-vous au milieu des malades ! Espérez au milieu des désespérés ! Le monde est ouvert à toutes les bonnes volontés qui désirent servir Dieu dans leur prochain et conquérir le Ciel : s’unir à Dieu et s’associer à ceux qui pleurent. Ici, c’est le lieu de l’entraînement, là-haut c’est le triomphe.

Venez. Imitez Ruth auprès de toutes les douleurs. Dites, vous aussi : “ Je resterai avec vous jusqu’à la mort. ” Même si ces malheureux qui se croient incurables vous répondent : “ Ne m’appelez plus Noémi, mais Mara[2] car Dieu m’a remplie d’amertume ”, persistez. Et moi, je vous dis qu’en vérité un jour, grâce à votre insistance, ces malheureux s’exclameront : “ Béni soit le Seigneur qui m’a sorti de l’amertume, de la désolation, de la solitude par les soins d’une personne qui a su faire fructifier sa douleur en bonté. Que Dieu la bénisse éternellement car elle a été pour moi le salut. ”

Réfléchissez : la bonté de Ruth à l’égard de Noémi a donné au monde le Messie parce que le Messie descend de David qui descend de Jessé, lui-même descendant de Jobed, et celui-ci de Booz et de Ruth. Booz de Salmon, Salmon de Naasson, Naasson d’Aminadab, Aminadab d’Aram, Aram d’Esron, Esron de Pharès. Ce furent eux qui vinrent peupler les campagnes de Bethléem et préparer les ancêtres du Seigneur. Tout acte de bonté est à l’origine de grandes choses auxquelles vous ne pensez pas. L’effort que l’on fait contre son propre égoïsme peut provoquer une telle marée d’amour qu’elle est capable d’élever, d’élever en gardant dans sa limpidité celui qui l’a provoquée, jusqu’à le porter au pied de l’autel, jusqu’au cœur de Dieu.

Que Dieu vous donne la paix. »

Et Jésus, sans retourner dans le jardin par le portillon ouvert dans la haie, veille à ce que personne ne s’approche d’elle, car on entend une longue plainte monter derrière… C’est seulement quand tous les habitants de Bet-çur sont partis qu’il s’éloigne avec les siens sans troubler ces pleurs salutaires…

209.1

The news that Eliza has convinced herself that she should get rid of her tragic melancholy must have spread through the village, so much so that when Jesus, followed by His apostles and disciples goes towards the house, crossing the village, many people watch Him carefully. They also ask the various shepherds questions about Him, why He came, about those who are with Him, about the boy, the women, the medicine He gave Eliza to relieve her of the darkness of insanity so quickly as soon as He arrived, about what He is going to do or say… And who wishes to ask more questons, may do so…

The last question is: «Could we not come as well?» to which the shepherds reply: «That we do not know. You ought to ask the Master. Go and ask Him.»

«And if He should ill-treat us?»

«He does not ill-treat even sinners. Go. He will be pleased.»

209.2

A group of people, mainly elderly men and women, of the same age as Eliza, consult one another and then move forward approaching Jesus Who is speaking to Peter and Bartholomew, and rather hesitantly they call Him: «Master…»

«What do you want?» asks Bartholomew.

«To speak to the Master, to ask…»

«May peace come to you. What questions do you wish to ask Me?»

They take heart seeing Jesus smile and say: «We are all friends of Eliza, and of her house. We heard that she has been cured. We would like to see her and hear You. Can we come?»

«You can come certainly to hear Me. To see her, no, My dear friends. Mortify your friendship and your curiosity too. Because it is also curiosity. Have respect for a deep grief which is not to be disturbed.»

«But has she not recovered?»

«She is turning towards the Light. But when night comes to an end, is it suddenly midday? And when you light a fire, is the flame bright at once? The same applies to Eliza. And if a sudden gust of wind blows on the little starting flame, does it not put it out? Use discretion therefore. The woman is one big sore. Also friendship might irritate her because she needs rest, silence, and solitude, not tragic as yesterday’s, but a resigned solitude to find herself once again…»

«So, when shall we see her?»

«Sooner than you think. Because she is now on the path to health. But if you knew what it means to come out of that darkness! It is worse than death. And he who comes out of it, after all, is ashamed of having been there and that the world should know.»

«Are you a doctor?»

«I am the Master.»

They have reached the house. Jesus speaks to the shepherds: «Go into the yard. Those who wish to come with you, may do so. But no one must make any noise or go beyond the yard. And you watch as well» He says to the apostles, «that everybody complies. And you (He speaks to Salome and Mary of Alphaeus) watch that the boy does not make any noise. Goodbye.» And He knocks at the door while the others turn the corner along a narrow street and go where they were told.

209.3

The maidservant opens the door. Jesus goes in while the servant repeatedly bows to Him.

«Where is your mistress?»

«With Your Mother… and, just imagine! she has come down into the garden! How wonderful! How wonderful! And yesterday evening she came into the dining room… She was weeping, but she came. I would have liked her to take some food, instead of the usual drop of milk, but I was not successful!»

«She will take it. Do not insist. Be also patient in your love for your mistress.»

«Yes, my Saviour. I will do everything You tell me.»

I think, in fact, that if Jesus told the woman to do the strangest things, she would do them without objecting, because she is so convinced that Jesus is Jesus and that everything He does is right. In the meantime she takes Him into a large kitchen garden, full of fruit-trees and of flowers. But if the fruit-trees have begun by themselves to come into leaf and blossom, to set the fruit and make them grow, the poor flower plants, neglected for over a whole year, have become a miniature forest, which is so entangled that the weaker and lower plants are suffocated beneath the weight of the stronger ones. Flower-beds and paths no longer exist as they have become one chaotic tangle. There is some order only at the end of the garden where the maidservant has sown salads and vegetables for her own use.

Mary is there with Eliza under a very ruffled pergola, the shoots and tendrils of which reach down to the ground. Jesus stops and looks at His young Mother, Who with most refined art awakes and directs Eliza’s mind to things completely different from what up to yesterday were the thoughts of the afflicted woman.

The servant approaches her mistress and says: «The Saviour has come.»

The women turn around and come towards Him, one with Her sweet smile, the other looking tired and bewildered.

«Peace be with you. This garden is beautiful…»

«It was beautiful…» says Eliza.

«And the soil is fertile. Look how much beautiful fruit is about to ripen! And how many flowers on the rose bushes! And over there? Are they lilies?»

«Yes, they are, round a fountain where my children used to play so much.But then it was tidy… Now everything is ruined here. And it no longer seems the garden of my sons.»

«In a few days it will be as it was before. I will help you. Is that right, Jesus? You will leave Me here for a few days with Eliza. We have so much to do…» says Mary.

«What You want, I want.»

Eliza looks at Him and whispers: «Thank You.»

Jesus caresses her white hair and then takes His leave to go to the shepherds.

209.4

The women remain in the garden, but shortly afterwards, when Jesus’ voice greeting the people present is heard in the calm air, Eliza, as if she were attracted by an irresistible force, goes slowly up to a very tall hedge beyond which is the yard.

Jesus speaks first to the three shepherds. He is close to the hedge, and in front of Him there are the apostles and the citizens of Bethzur who followed Him. The Maries with the boy are sitting in a corner. Jesus says: «But are you bound by contract or can you free yourselves from your commitment any time?»

«Well, we are really free servants. But we do not think that it is right to leave him at once, now that the flocks demand so much attention and it is difficult to find shepherds.»

«No, it is not fair. But it is not necessary to do it at once. I am telling you in good time, so that you may provide in all fairness. I want you to be free. To join the disciples and help Me…»

«Oh! Master!… » The three men become ecstatic with joy. «But will we be able?» they ask.

«I have no doubt about it. So that is settled. As soon as you can do it, you will join Isaac.»

«Yes, Master.»

«You may go among the rest.

209.5

I will speak a few words to the people.»

And leaving the shepherds He addresses the crowd.

«Peace be with you. Yesterday I heard two unfortunate people speak. One at the dawn of life; the other at its decline: two souls bewailing their distress. And I wept in My heart with them, seeing how much sorrow there is on the earth, and how only God can relieve it. God! The exact knowledge of God, of His great infinite bounty, of His constant presence, of His promises. I saw how one man can be tortured by another one and how death can drive him to desolation, on which Satan works to increase his grief and cause ruin. I then said to Myself: “The children of God must not suffer such tortures. Let us grant the knowledge of God to those who ignore it, let us give it once again to those who have forgotten it in the storm of sorrow”. But I also saw that I am no longer sufficient by Myself for the infinite needs of My brothers. And I have decided to call many, in greater and greater numbers, so that all those who need the comfort of the knowledge of God may have it.

These twelve apostles are the first. As My representatives they can lead to Me, and therefore to comfort, all those who are bent under too heavy a burden of sorrow. I solemnly tell you: Come to Me, all of you who are afflicted, disgusted, broken-hearted, tired, and I will share your grief with you and give you peace. Come, through My apostles, disciples and women disciples, who are increasing every day with new people full of goodwill. You will find comfort in your grief, company in your solitude, the love of your brothers to make you forget the hatred of the world, you will find, above all, the supreme comforter, the perfect companion, the love of God. You will no longer doubt anything. You will no longer say: “Everything has come to an end for me!”. But you will say: “Everything begins for me in a supernatural world, which abolishes distances and cancels separations”, so that orphans will be reunited with their parents who have risen to Abraham’s bosom, and fathers and mothers, wives and widows will find their lost children and husbands.

209.6

In this land of Judaea, still near Bethlehem of Naomi, I remind you that love relieves pain and gives joy. Consider, you who are weeping, Naomi’s[1] desolation when her house was left without men. Listen to the words of her down-hearted dismissal of Orpah and Ruth: “Go back, each of you, to her mother’s house. May the Lord be kind to you as you have been to those who have died and to me…”. Listen to her weary insistence. She who once had been the beautiful Naomi and now was the tragic Naomi, crushed by grief, did not hope for anything else in life. She only wished to go and die in the place where she had been happy in the days of her youth with the love of her husband and the kisses of her children. She said: “Go, go. It is useless to come with me… I am as good as dead… My life is no longer here, but there, in the next world, where they are. Do not sacrifice your lives any longer beside a dying thing. Because I really am ‘a thing’. I am indifferent to everything. God has taken everything away from me… I am bitter grief. And I would grieve you… and that would weigh sorely on my heart. And the Lord would ask me to account for that, He Who has already struck me so hard, because it would be selfishness to keep you, alive, near me, dead. Go to your mothers…”. But Ruth stayed to support the sorrowful old woman.

Ruth had understood that there are sorrows which are always greater than one’s own and that her grief of a young widow was lighter than the woman’s who had lost her husband and two sons; as the grief of an orphan boy, who is compelled to live begging, without caresses, without good advice, is by far greater than the deep sorrow of a mother bereft of her children; likewise the keen regret of him who, for a number of reasons, goes as far as to hate mankind and see in every man an enemy whom he must fear and against whom he must defend himself, is even greater than other sorrows, because it involves not only flesh, blood and mentality, but the soul with its supernatural duties and rights and drives it to perdition. How many childless mothers there are in the world for motherless children! How many childless widows there are who could be compassionate towards solitary old aged people! How many there are, who, having been deprived of every love so that they may devote themselves entirely to the unhappy, could fight hatred with their need to love and thus give love to unhappy Mankind, which suffers more and more because it hates more and more!

209.7

Sorrow is a cross, but it is also a wing. Mourning divests to reclothe. Rise, you who are weeping! Open your eyes, get rid of nightmares, of darkness, of selfishness! Look… The world is the barren land where one weeps and dies. And the world shouts: “help” through the mouths of orphans, of sick, lonely, doubtful people, through the mouths of those who are made prisoners of hatred by treason or cruelty. Go among those who are shouting. Forget yourselves among those who are forgotten! Recover your health among those who are sick! Be hopeful among those who are despairing! The world is open to those willing to serve God in their neighbour and to gain Heaven: to be united to God and to those whom we mourn. The gymnasium is here. The triumph there. Come. Imitate Ruth in all your sorrows. Say with her: “I will be with you until I die”. And even if those misfortunes, which consider themselves incurable, should reply to you: “Do not call me Naomi, call me Mara, for God has marred me bitterly” you must persist. And I solemnly tell you that those misfortunes one day, because of your persisting, will exclaim: “Blessed be the Lord Who relieved me of my bitterness, desolation and solitude, by means of a creature who knew how to make his sorrow bear good fruit. May God bless him because he is my saviour”.

Remember that Ruth’s kindness to Naomi gave the Messiah to the world, because the Messiah descends from David, as David descended from Jesse, Jesse from Obed, Obed from Boaz, Boaz from Salmon, Salmon from Nahshon, Nahshon from Amminadab, Amminadab from Ram, Ram from Hezron, Hezron from Perez, and they populated the fields of Bethlehem preparing the ancestors of the Lord. Every good deed is the origin of great things, which you do not even imagine. And the effort man makes against his own selfishness can cause such a wave of love, capable of rising higher and higher, supporting in its limpidity him who caused it, until it lifts him to the feet of the altar, to the heart of God.

May God grant you peace.»

And Jesus, without going back into the garden through the door built in the hedge, watches that no one goes near the hedge, from the other side of which comes a long weeping… Only when all the people of Bethzur have gone away, He departs with His apostles without disturbing those beneficial tears…


Notes

  1. Noémi, de laquelle nous trouvons l’histoire – ainsi que celle de Ruth – dans le petit livre de Ruth.
  2. Mara : Rt 1, 20 : Mara signifie « Amère », alors que Noémi signifie « Ma douceur ».

Notes

  1. Noemi: whose story, together with that of Ruth, is in the vey short book of Ruth.