Los Escritos de Maria Valtorta

232. Guérison de deux aveugles et d’un muet possédé.

232. Curación de dos ciegos

232.1

Après cela, Jésus descend dans la cuisine et, voyant que Jean va se rendre à la fontaine, il préfère l’accompagner au lieu de rester dans la cuisine chaude et enfumée, laissant Pierre aux prises avec des poissons que viennent de lui apporter les mousses de Zébédée pour le repas du Maître et des apôtres.

Ils ne vont pas à la source qui se trouve au bout du village, mais à la fontaine de la place, où arrive certainement l’eau de cette belle source abondante qui jaillit sur la pente de la colline, près du lac. Sur la place, c’est la foule habituelle des villages de Palestine, le soir : les femmes y viennent avec leurs amphores, les enfants y jouent, les hommes s’entretiennent d’affaires ou… des potins du village. On y voit aussi, entourés de serviteurs ou de clients, les pharisiens qui regagnent leurs riches demeures. Les gens s’é­cartent avec respect pour les laisser passer, quitte ensuite, à peine sont-ils plus loin, à les maudire de tout cœur en racontant leurs dernières injustices et leurs usures.

232.2

Dans un coin de la place, Matthieu discute avec ses vieux amis, ce qui fait dire au pharisien Urie, avec mépris et à haute voix :

« Ah, ces fameuses conversions ! Le lien au péché demeure, cela se voit aux amitiés qui durent. Ha ! Ha ! »

Ce à quoi Matthieu se retourne vivement pour répondre :

« Elles durent pour les convertir !

– Ce n’est pas nécessaire ! Ton Maître suffit à la tâche. Toi, tiens-toi loin d’eux, que la maladie ne te reprenne pas, en admettant que tu sois réellement guéri…»

Matthieu rougit sous l’effort de ne pas lui dire ses quatre vérités, mais il se borne à rétorquer :

« Ne crains pas et n’espère pas.

– Quoi ?

– Ne crains pas que je redevienne Lévi le publicain et n’espère pas que je t’imite pour perdre ces âmes. Je vous laisse, à tes amis et à toi, les séparations et les mépris. Moi, j’imite mon Maître et je fréquente les pécheurs pour les amener à la grâce. »

Urie voudrait répliquer, mais l’autre pharisien, le vieil Eli, survient et dit :

« Mon ami, ne souille pas ta pureté et ne contamine pas ta bouche. Viens avec moi. »

Il prend Urie par le bras et l’emmène chez lui.

232.3

Pendant ce temps, la foule, composée surtout d’enfants, s’est groupée autour de Jésus. Parmi les enfants, il y a Jeanne et Tobie, ceux qui, il y a longtemps déjà, s’étaient disputés[1] pour des figues. De leurs petites mains, ils tripotent le grand corps de Jésus pour attirer son attention et disent :

« Ecoute ! Ecoute ! Aujourd’hui, nous avons été gentils, tu sais ? Nous n’avons jamais pleuré. Nous ne nous sommes jamais chamaillés, par amour pour toi. Tu nous donnes un baiser ?

– Vous avez donc été gentils, et par amour pour moi ! Quelle joie vous me donnez ! Voilà votre baiser. Et soyez encore meilleurs demain. »

Il y a aussi Jacques[2], le petit qui, chaque sabbat, portait à Jésus la bourse de Matthieu. Il dit :

« Lévi ne me donne plus rien pour les pauvres du Seigneur, mais, moi, j’ai mis de côté toutes les piécettes qu’on me donne quand je suis gentil, et je te les donne. Tu les donneras aux pauvres pour mon grand-père ?

– Bien sûr. Qu’est-ce qu’a ton grand-père ?

– Il ne peut plus marcher. Il est très vieux et ses jambes ne le portent plus.

– Cela te fait de la peine ?

– Oui, parce qu’il était mon maître quand on marchait dans la campagne. Il me disait plein de choses. Il me faisait aimer le Seigneur. Même maintenant, il me parle de Job et me montre les étoiles du ciel, mais de son siège… C’était plus beau avant !

– Je viendrai voir ton grand-père demain. Tu es content ? »

Et Jacques est remplacé par Benjamin, pas celui de Magdala, mais celui de Capharnaüm, rencontré dans une vision d’il y a longtemps[3]. Arrivé sur la place en même temps que sa mère, il lui lâche la main dès qu’il aperçoit Jésus et se lance avec un cri qui ressemble à un gazouillis d’hirondelle au milieu de cette petite cohue ; une fois arrivé devant Jésus, il l’embrasse aux genoux en réclamant :

« Moi aussi, moi aussi je veux une caresse ! »

232.4

A ce moment, Simon le pharisien passe. Il s’incline solennellement devant Jésus, qui lui rend sa salutation. Le pharisien s’arrête tandis que la foule, comme intimidée, s’écarte. Il dit avec un léger sourire :

« Et à moi, tu ne ferais pas une caresse ?

– A tous ceux qui me le demandent. Je me réjouis avec toi, Simon, de ton excellente santé. On m’avait dit à Jérusalem que tu avais été quelque peu malade.

– Oui, bien malade. J’ai désiré te voir pour guérir.

– Croyais-tu que je pouvais te guérir ?

– Je n’en ai jamais douté. Mais j’ai dû guérir par moi-même parce que tu t’es absenté longtemps. Où es-tu allé ?

– Jusqu’aux confins d’Israël. C’est ainsi que j’ai occupé les jours entre Pâque et Pentecôte.

– Est-ce que tu as eu beaucoup de succès ? J’ai appris ce qui s’est passé avec les lépreux d’Hinnom et de Siloan. C’est magnifique. Tu as fait cela seulement ? Non, sûrement pas. Mais cela se sait par le prêtre Jean. Ceux qui n’ont pas de préventions croient en toi et sont bienheureux.

– Et ceux qui ne croient pas à cause de leurs préventions ? Qu’en est-il d’eux, sage Simon ? »

Le pharisien se trouble un peu. Il est pris entre le désir de ne pas condamner ses trop nombreux amis qui ont de telles préventions contre Jésus, et celui de mériter ses compliments. Mais il surmonte ce trouble et répond :

« Ceux qui refusent de croire en toi malgré les preuves que tu donnes sont condamnés.

– Je désirerais que personne ne le soit…

– Toi, oui. Nous ne répondons pas à la bonté dont tu fais preuve à notre égard. Trop nombreux sont ceux qui ne te méritent pas… Jésus, je souhaiterais que tu sois mon hôte demain…

– Demain, cela m’est impossible. Disons dans deux jours. Acceptes-tu ?

– Toujours. J’aurai… des amis… et il te faudra les excuser si…

– Oui, oui. Je viendrai avec Jean.

– Avec lui seul ?

– Les autres ont d’autres missions. Les voilà qui reviennent de la campagne. Paix à toi, Simon.

– Que Dieu soit avec toi, Jésus. »

Le pharisien s’en va, et Jésus rejoint les apôtres.

232.5

Ils rentrent à la maison pour le repas.

Mais pendant qu’ils mangent du poisson grillé, ils sont rejoints par des aveugles qui avaient déjà imploré Jésus en route. Ils répètent :

« Jésus, Fils de David, aie pitié de nous !

– Partez donc ! Il vous a dit : “demain”, alors venez demain ! Laissez-le manger, leur lance Simon-Pierre sur un ton de reproche.

– Non, Simon, ne les chasse pas. Une telle constance mérite récom­pense. Vous deux, avancez » dit-il aux aveugles, qui entrent en tâtant de leur bâton le sol et les murs.

« Croyez-vous que je puisse vous rendre la vue ?

– Oh oui ! Seigneur ! Nous sommes venus parce que nous en sommes certains. »

Jésus se lève de table, s’approche d’eux, mets le bout du doigt sur les paupières aveugles, lève la tête, prie et dit :

« Qu’il vous soit fait selon votre foi. »

Il retire ses mains, et les paupières immobiles se lèvent car, chez l’un la lumière atteint de nouveau les pupilles revenues à la vie et, chez l’autre, les paupières se dessillent et, là où il y avait une suture, apparue certainement à la suite d’ulcères mal soignés, voilà que le bord des paupières se reforme sans défaut, et que celles-ci se lèvent et se baissent comme des ailes qui battent.

Les deux hommes tombent à genoux.

« Relevez-vous et allez. Et veillez bien à ce que personne ne sache ce que j’ai fait pour vous. Portez la nouvelle de la grâce que vous avez reçue à vos villes, à votre parenté, à vos amis. Ici, ce n’est pas nécessaire ni bon pour votre âme. Gardez-la pure de toute lésion à sa foi de la même manière que, maintenant que vous savez ce qu’est un œil, vous le préserverez des lésions pour ne pas redevenir aveugle. »

232.6

Le dîner s’achève. Ils montent sur la terrasse où ils trouvent quelque fraîcheur. Le lac tout entier brille sous le quartier de lune.

Jésus s’assied sur le rebord du muret et s’abstrait dans la contemplation de cette mer aux vagues argentées. Les autres parlent à mi-voix pour ne pas le déranger. Mais ils le regardent avec fascination.

Et qu’il est beau, en effet ! Tout auréolé par la lune qui éclaire son visage sévère et serein en même temps – ce qui permet d’en étudier les moindres détails –, il se tient la tête légèrement renversée, appuyée contre le sarment rêche de la vigne qui monte de là pour s’étendre ensuite sur la terrasse. Ses yeux allongés, d’un bleu que la nuit rend presque couleur onyx, semblent déverser des ondes de paix sur toutes choses. Parfois, ils se lèvent vers le ciel serein parsemé d’étoiles, à d’autres moments, ils s’abaissent sur les collines et, plus bas, sur le lac, ou encore ils fixent un point indéterminé et ils semblent sourire à leur propre vision. Ses cheveux ondulent un peu sous une brise légère. Une jambe suspendue à peu de distance du sol, l’autre appuyée par terre, il reste ainsi, assis de biais, les mains abandonnées sur sa poitrine ; son vêtement blanc paraît intensifier sa blancheur, le rendre argenté sous la lumière de la lune, tandis que ses longues mains semblent accentuer leur teinte de vieil ivoire et leur beauté virile bien qu’elles soient effilées. Son visage aussi, avec son front haut, son nez droit, l’ovale fin des joues que prolonge sa barbe blonde cuivrée, semble prendre, sous la lumière de la lune, la même teinte de vieil ivoire en perdant la nuance rosée que, de jour, on remarque en haut des joues.

« Tu es fatigué, Maître ?

– Non.

– Tu me parais pâle et pensif…

– Je réfléchissais. Mais je ne crois pas être plus pâle que d’habitude.

232.7

Venez ici… La lumière de la lune vous rend tous pâles, vous aussi. Demain, vous irez à Corazeïn. Vous y trouverez peut-être des disciples. Parlez-leur. Mais veillez à être de retour demain en fin de journée. Je prêcherai au bord du torrent.

– Que c’est beau ! Nous préviendrons les habitants de Corazeïn. En rentrant, aujourd’hui, nous avons rencontré Marthe et Marcelle. Elles sont venues ici ? demande André.

– Oui.

– A Magdala, on parlait beaucoup de Marie, qui ne sort plus et ne donne plus de fêtes. Nous nous sommes reposés chez la femme de la dernière fois. Benjamin m’a dit que, quand il a envie de faire le méchant, il pense à toi et…

– … et à moi, dis-le aussi, Jacques, ajoute Judas.

– Il ne m’a rien dit de tel.

– Mais il l’a sous-entendu : “ Je ne veux pas être beau et méchant, moi ! ”, disait-il en me regardant de travers. Il ne peut me souffrir.

– Ce sont des antipathies sans importance, Judas, intervient Jésus. N’y pense plus.

– Oui, Maître, mais c’est ennuyeux que…

232.8

– Le Maître est-il ici ? crie une voix qui vient de la route.

– Oui. Mais que voulez-vous encore ? Malgré sa longueur, la journée ne vous suffit pas ? Est-ce que c’est une heure pour troubler de pauvres pèlerins ? Revenez demain ! Ordonne Pierre.

– C’est que nous avons avec nous un muet qui est possédé. Et, pendant le trajet, il nous a échappé trois fois. Sans cela, nous serions arrivés plus tôt. Soyez gentils ! Dans un moment, quand la lune sera haute, il hurlera fort et épouvantera le village. Voyez comme il s’agite déjà ! »

Jésus se penche du haut du muret après avoir traversé toute la terrasse. Les apôtres l’imitent. Une chaîne de visages courbés sur une foule de gens qui lèvent la tête vers ceux qui se penchent. Au milieu, avec des gestes saccadés et des grondements d’ours ou de loup enchaîné, il y a un homme avec les poignets bien attachés pour l’empêcher de s’enfuir. Il mugit en se démenant avec des mouvements de bête et comme s’il cherchait je ne sais quoi par terre. Mais quand il lève les yeux et rencontre le regard de Jésus, il pousse un hurlement bestial, inarticulé, un vrai rugissement, et il tente de s’enfuir. La foule – presque tous les adultes de Capharnaüm – prend peur et s’écarte.

« Viens, pour l’amour de Dieu ! Cela le reprend comme avant…

– J’arrive tout de suite. »

Jésus descend rapidement et se met en face du malheureux, qui est plus agité que jamais.

« Sors de lui. Je le veux ! »

Le hurlement se brise en un seul mot :

« Paix !

– Oui, paix. Sois en paix, maintenant que te voilà délivré. »

La foule émerveillée crie à la vue de ce brusque passage de la furie au calme, de la possession à la délivrance, du mutisme à la parole.

232.9

« Comment avez-vous su que j’étais ici ?

– On nous a dit, à Nazareth : “ Il est à Capharnaüm. ” A Capharnaüm, cela nous a été confirmé par deux hommes qui avaient eu les yeux guéris par toi, dans cette maison.

– C’est vrai ! C’est vrai ! Ils nous l’ont dit à nous aussi » crient plusieurs.

Et ils commentent :

« On n’a jamais vu de telles choses en Israël.

– Sans l’aide de Belzébuth, il n’aurait rien pu faire », ricanent les pharisiens de Capharnaüm.

Mais Simon n’est pas avec eux.

« Aide ou pas aide, me voilà guéri, et les aveugles aussi. Vous, vous ne pouvez pas le faire malgré vos grandes prières » réplique le muet possédé qui a été guéri.

Et il baise le vêtement de Jésus qui, sans répondre aux pharisiens, se borne à congédier la foule de son “ Que la paix soit avec vous ”. Il retient le miraculé et ceux qui l’accompagnent pour leur offrir un abri dans la chambre du haut, afin qu’ils puissent se reposer jusqu’à l’aube.

232.10

… Jésus dit :

« Vous insérerez ici la parabole de la brebis perdue, que tu as vue le 12 août 1944. »

232.1

Luego Jesús baja a la cocina; pero, al ver que Juan va a salir para ir a la fuente, en vez de quedarse en la cocina caliente y humosa, prefiere ir con él, y deja a Pedro batallando con unos peces que acaban de traer los mozos de Zebedeo para la cena del Maestro y los apóstoles.

No van al manantial de las afueras del pueblo, sino a la fuente de la plaza, que recibe el agua de la buena y abundante agua manantial que brota de la escarpa del monte que está junto al lago. En la plaza se ve la consabida aglomeración de gente, típica de los pueblos palestinos por la tarde. Mujeres con ánforas, niños jugando, hombres hablando de negocios o… de dimes y diretes del lugar. Pasan también, circundados de siervos o clientes, los fariseos, dirigidos hacia las casas ricas; todos se apartan para dejarlos pasar, haciéndoles reverencias, aunque luego, nada más que han pasado, los maldicen de corazón y cuentan sus últimos atropellos y mohatras.

232.2

Mateo, en un ángulo de la plaza, arenga a sus amigos de antes, lo cual hace decir en tono despreciativo y en voz alta al fariseo Urías: «¡Las famosas conversiones! El apego al pecado permanece. Se ve en que se mantienen las amistades. ¡Ja!, ¡ja!».

Entonces Mateo, resentido, se gira y responde: «Se mantienen para convertirlos».

«¡No es necesario! Es suficiente tu Maestro. Tú manténte a distancia, no vaya a ser que te vuelva la enfermedad, suponiendo que verdaderamente estés curado».

Mateo se pone violáceo por el esfuerzo de no decirle cuatro verdades, pero se limita a contestar: «Ni temas ni esperes».

«¿Qué?».

«Que no temas que vuelva a ser Leví el publicano y que no esperes que te imite para perder a estas almas. Las distancias y los desprecios te los dejo a ti y a tus amigos. Yo imito a mi Maestro y me acerco a los pecadores para conducirlos a la Gracia».

Urías se dispone a replicar, pero, en esto llega el otro fariseo, el viejo Elí, que dice: «Pero hombre, no manches tu pureza, no contamines tu boca, amigo; ven conmigo» y coge del brazo a Urías y le lleva hacia su casa.

232.3

Entretanto, la gente, especialmente los niños, se han ido arrimando más a Jesús. Entre los niños están la pareja de hermanitos Juana y Tobías, los que en un día ya lejano reñían por unos higos[1]. Ahora le dicen a Jesús, mientras toquetean con las manitas su alto cuerpo para llamar su atención: «Oye, oye, hoy también hemos sido buenos, sabes? No hemos llorado en todo el día ni nos hemos molestado, por amor a ti. ¿Nos das un beso?».

«¡Entonces habéis sido buenos! ¡Y por amor a mí! ¡Qué alegría me dais! Aquí tenéis el beso. Mañana sed mejores todavía».

También está Santiago, el niño que llevaba todos los sábados la bolsa de Mateo a Jesús. Dice: «Leví ya no me da nada para los pobres del Señor, pero yo he reservado toda la calderilla que me dan cuando soy bueno. Toma. ¿Se lo das a los pobres por mi abuelo?».

«Sí claro. Pero, ¿qué le pasa a tu abuelo?».

«Ya no puede andar. Es muy viejo y no se tiene en pie con las piernas».

«¿Te entristece esto?».

«Sí, porque era mi maestro cuando caminábamos por el campo. Me decía muchas cosas. Me hacía amar al Señor. Ahora todavía me habla de Job y me muestra las estrellas del cielo, pero… desde su silla… Era más bonito antes».

«Iré mañana a ver a tu abuelo. ¿Estás contento?».

Pero Benjamín —no el de Magdala sino el de Cafarnaúm, el de una visión ya lejana en el tiempo[2]—, que ha llegado a la plaza con su mamá y a visto a Jesús, suplanta a Santiago; suelta la mano materna, y se lanza, con un grito que parece de golondrina, adentro de la pequeña muchedumbre; llegado donde Jesús, le rodea con los brazos las rodillas y le dice: «¡También a mí, hazme también a mí una caricia!».

232.4

En ese momento pasa el fariseo Simón. Dedica a Jesús una pomposa reverencia. Jesús devuelve el saludo. El fariseo se para y, mientras la gente se aparta como atemorizada, dice: «¿A mí no me harías una caricia?» y sonríe levemente.

«A todos los que me la piden. Me alegro contigo, Simón, de que estés en perfecta salud. Me habían dicho en Jerusalén que habías estado muy enfermo».

«Sí. Mucho. Deseaba verte… para sanar».

«¿Creías que podía hacerlo?».

«Nunca lo he dudado. Pero he tenido que curarme solo porque has estado ausente durante mucho tiempo. ¿Dónde has estado?».

«En los confines de Israel: así he ocupado los días entre Pascua y Pentecostés».

«¿Muchos éxitos? He sabido lo de los leprosos de Hinnón y Siloán. Grandioso. ¿Sólo eso? No, ciertamente. Pero eso se sabe por el sacerdote Juan. Quien no tiene prejuicios cree en ti y es feliz».

«¿Y quien no cree porque tiene prejuicios? ¿Qué es de él, sabio Simón?».

El fariseo se turba un poco… vacila entre el deseo de no condenar a sus demasiados amigos que tienen prejuicios contra Jesús y el de merecer de verdad los elogios de Jesús. Vence éste último, y dice: «Quien no quiere creer en ti a pesar de las pruebas que das está condenado».

«Yo no quisiera la condena de ninguno…»

«Tú. Y, sin embargo, nosotros no correspondemos contigo con la misma medida de bondad que Tú tienes con nosotros. Son demasiados los que no te merecen… Jesús, quisiera invitarte mañana a mi casa…».

«Mañana no puedo. Dejémoslo para dentro de dos días. ¿Aceptas?».

«Siempre. Vendrán… amigos míos… tendrás que compadecerlos si…».

«Sí, sí. Iré con Juan».

«¿Sólo él?».

«Los otros tienen otros encargos. Mira, están volviendo de la campiña. Paz a ti, Simón».

«Dios esté contigo, Jesús».

El fariseo se marcha y Jesús se reúne con los apóstoles.

232.5

Vuelven a casa para la cena.

Mientras están a la mesa, comiendo el pescado asado, llegan unos ciegos que ya antes, en el camino, habían implorado el favor de Jesús. Repiten ahora su: «¡Jesús, Hijo de David, ten piedad de nosotros!».

A lo cual, en tono de reproche, contesta Simón-Pedro: «¡Marchaos, hombre! Si os ha dicho que mañana, es mañana. Dejadle comer».

«No, Simón. No los eches. Tanta constancia merece un premio». Y a los ciegos: «Entrad los dos». Los ciegos entran tentando con el bastón el suelo y las paredes. «¿Creéis que os puedo devolver la vista?».

«¡Oh, sí, Señor! Hemos venido porque estamos seguros de ello».

Jesús se levanta de la mesa, se acerca a ellos, pone las yemas de sus dedos en los párpados ciegos, alza el rostro, ora y dice: «Hágase con vosotros según la fe que tenéis». Entonces quita las manos: en uno, los párpados que antes no tenían movimiento se mueven, porque la luz hiere de nuevo sus pupilas renacidas; al otro se le desellan los párpados, de forma que donde antes había una sutura natural, debida ciertamente a úlceras mal curadas, ahora se forma de nuevo el borde palpebral, sin defectos, y sube y baja con movimiento de ala.

Los dos caen de rodillas.

«Levantaos. Marchaos. Cuidad de que ninguno sepa lo que he hecho con vosotros. Llevad a vuestras ciudades la nueva de la gracia recibida; a los familiares, a los amigos. Aquí ni es necesario ni es bueno para vuestra alma. Conservadla inmune de toda lesión a su fe, de la misma forma que ahora que sabéis lo que son los ojos los preservaréis de toda lesión para no quedaros ciegos de nuevo».

232.6

Termina la cena. Suben a la terraza, donde hay un poco de aire fresco. El lago es todo un cabrilleo bajo el cuarto de luna.

Jesús se sienta en el borde del antepecho y se abstrae contemplando este lago de plata en movimiento. Los demás hablan entre sí, aunque en voz baja, para no molestarle. Eso sí, le miran como embelesados.

¡Claro! ¡Qué hermosura la suya! Tiene la cabeza levemente hacia atrás, apoyada sobre el áspero sarmiento de vid que desde ahí sube y se extiende por la terraza. Le aureola por entero una luna que ilumina su rostro, al mismo tiempo severo y sereno, permitiendo estudiarlo hasta sus mínimos detalles. Sus ojos, de forma alargada, de un azul que en la noche asemeja casi al color del ónix, parecen emanar olas de paz sobre todas las cosas. De vez en cuando se alzan hacia el cielo sereno, sembrado de astros; otras veces descienden para mirar a las colinas; o más aún para mirar al lago; más todavía, y entonces se quedan fijos en un punto indeterminado y parecen sonreír ante algo que sólo ellos ven. Sus cabellos ondean leves con el viento ligero. Está sentado al bies, con una pierna suspendida a poca distancia del suelo y la otra apoyada en la tierra; las manos relajadas sobre el regazo. Su indumento blanco parece acentuar su propio candor, haciéndose casi de plata por la luz lunar; sus largas manos, blanco marfil, parecen intensificar la propia tonalidad de marfil viejo y la propia belleza viril, a pesar de su forma ahusada. También la cara, con su frente alta y su nariz recta, con sus delicadas mejillas ovaladas, alargadas por la barba rubia-cobre, parece, bajo esta luz lunar, hacerse de color marfil viejo, perdiendo el tenue matiz róseo que de día se nota en los pómulos.

«¿Estás cansado, Maestro?» pregunta Pedro.

«No».

«Te veo pálido y pensativo…».

«Estaba pensando, sí, pero no creo que esté más pálido de lo habitual.

232.7

Venid aquí… La luz de la luna os pone a todos vosotros pálidos también. Mañana iréis a Corazín. Quizás encontráis a algunos discípulos. Habladles. Y tened en cuenta que mañana, a la caída de la tarde, tenéis que estar aquí. Predicaré junto al torrente».

«¡Qué bien! Se lo diremos a los de Corazín. Hoy, regresando aquí, nos hemos encontrado con Marta y Marcela. ¿Habían estado aquí?» pregunta Andrés.

«Sí».

«En Magdala se hablaba mucho de María: que ya no sale de casa, que ya no organiza fiestas. Nos hemos parado a descansar donde la mujer de la otra vez. Benjamín me ha dicho que cuando le vienen ganas de comportarse mal piensa en ti y…».

«… y en mí; puedes decirlo, Santiago» dice Judas Iscariote.

«No lo ha dicho».

«Lo ha dado a entender diciendo: “Yo no quiero ser guapo pero malo”, y me ha mirado de través. No me puede soportar…».

«Antipatías sin peso, Judas. No pienses en ello» dice Jesús.

«Sí, Maestro, pero es molesto que…».

232.8

«¿Está el Maestro?» grita una voz desde el camino.

«Está. Pero, ¿qué queréis otra vez ahora? ¿No os basta todo el tiempo del día? ¿Es hora ésta de venir a importunar a unos pobres peregrinos? Volved mañana» ordena Pedro.

«Es que tenemos aquí con nosotros a un mudo endemoniado. Se nos ha escapado tres veces por el camino; si no, hubiéramos llegado antes. ¡Sed benévolos! Dentro de poco, cuando la Luna esté alta, dará fuertes gritos y atemorizará a todo el pueblo. ¡¿Veis como ya empieza a agitarse?!».

Jesús atraviesa toda la terraza y se asoma por el antepecho. Los apóstoles hacen lo mismo. Es un collar de cabezas inclinadas hacia una turba de gente, que a su vez la levantan hacia aquellos que la agachan. En medio, con movimientos y gañidos de oso o de lobo encadenado, hay un hombre bien atado por las muñecas para impedir que se escape. Gañe revolviéndose con movimientos animalescos y como buscando en el suelo quién sabe qué. Cuando alza los ojos y se encuentra con la mirada de Jesús, emite un grito brutal, inarticulado, un verdadero aullido, y trata de huir. La multitud, casi toda Cafarnaúm, se aparta atemorizada.

«¡Ven, por caridad! ¡Le está volviendo a dar como antes…».

«Voy en seguida». Y Jesús baja rápidamente y va de frente hacia el desdichado, que está más agitado que nunca.

«Sal de éste. Lo quiero».

El aullido queda estrellado en una palabra: «¡Paz!».

«Sí, paz. Ten paz ahora que has sido liberado».

La muchedumbre grita maravillada al ver el inmediato paso de la furia a la quietud, de la posesión a la liberación, del mutismo a la posibilidad de hablar.

232.9

«¿Cómo habéis sabido que estaba aquí?».

«En Nazaret nos dijeron: “Está en Cafarnaúm”. En Cafarnaúm nos lo confirmaron dos hombres que decían que les habías curado los ojos, en esta casa».

«Es verdad. Es verdad. Nos lo han dicho también a nosotros…» gritan muchos. Y comentan: «¡Jamás se han visto cosas semejantes en Israel!».

Mas los fariseos de Cafarnaúm —entre los que no está Simón—, con risa sarcástica, dicen: «Si no fuera con la ayuda de Belcebú no las haría».

«Ayuda o no ayuda, estoy curado, y los ciegos también. Vosotros no lo podríais hacer a pesar de vuestras altas oraciones» replica el endemoniado mudo curado, y besa la túnica de Jesús, el cual no responde a los fariseos; se limita a despedir a la muchedumbre diciendo: «La paz esté con vosotros». Retiene al hombre curado y a los que le acompañan, y les ofrece hospedaje en la habitación alta para que descansen hasta el alba.

232.10

…Dice Jesús: «Aquí colocaréis la parábola de la oveja perdida del día 12 de agosto de 1944».


Notes

  1. s’étaient disputés : en 97.1.
  2. Jacques, le petit enfant de Capharnaüm que l’on a rencontré en 60.7 et en 70.6.
  3. une vision d’il y a longtemps : du 7 mars 1944, insérée au chapitre 352.

Notas

  1. reñían por unos higos,en 97.1.
  2. el de una visión ya lejana en el tiempo, porque fue escrita el 7 de marzo de 1944, aunque la encontraremos en el capítulo 352.