Los Escritos de Maria Valtorta

231. A Capharnaüm, Marthe parle avec Jésus de la crise qui tourmente Marie de Magdala.

231. En Cafarnaúm, Jesús y Marta hablan

231.1

En sueur et couvert de poussière, Jésus rentre dans la maison de Capharnaüm avec Pierre et Jean.

A peine a-t-il mis le pied dans le jardin en direction de la cuisine, que le maître de maison l’appelle familièrement :

« Jésus, cette dame dont je t’ai parlé à Bethsaïde est revenue. Elle vient te chercher. Je lui ai dit de t’attendre et je l’ai conduite là-haut, dans la chambre haute.

– Merci, Thomas, j’y vais tout de suite. S’il vient d’autres personnes, fais-les attendre ici. »

Jésus monte lestement l’escalier sans même enlever son manteau. Sur la terrasse où aboutit l’escalier se trouve Marcelle, la servante de Marthe, immobile.

« Oh ! Notre Maître ! Ma maîtresse est là, à l’intérieur. Elle t’attend depuis tant de jours ! Dit la femme en s’agenouillant pour vénérer Jésus.

– Je le savais. Je vais tout de suite la trouver. Que Dieu te bénisse, Marcelle. »

Jésus lève le rideau qui protège contre la lumière encore violente bien que le crépuscule très avancé enflamme l’air et pa­raisse embraser les maisons blanches de Capharnaüm par la réverbération rouge d’un énorme brasier. Dans la pièce, toute voilée et enveloppée de son manteau, assise près d’une fenêtre, se tient Marthe. Peut-être regarde-t-elle une anse du lac où plonge une avancée d’une colline boisée. Peut-être est-elle seulement perdue dans ses pensées. Elle est sûrement très absorbée, au point qu’elle n’entend pas le léger bruit des pas de Jésus qui s’approche. Et elle sursaute quand il l’appelle.

« Oh ! Maître ! » s’écrie-t-elle ; et elle se jette à genoux, les bras tendus comme pour demander de l’aide, puis elle se penche jusqu’à toucher du front le sol, et elle pleure.

231.2

« Mais pourquoi ? Allons, relève-toi ! Pourquoi ce grand chagrin ? As-tu quelque malheur à m’annoncer ? Oui ? Quoi donc ? Je suis allé à Béthanie, tu le sais ? Oui ? Et j’y ai appris de bonnes nouvelles. Maintenant tu pleures… Qu’est-ce qui est arrivé ? »

Il la force à s’asseoir sur le siège placé contre le mur et s’assied en face d’elle.

« Allons, ôte ton voile et ton manteau, comme je le fais. Tu dois étouffer là-dessous. Et puis je veux voir le visage de cette Marthe troublée pour chasser tous les nuages qui l’assom­brissent. »

Marthe obéit, toujours en larmes, et l’on voit son visage rougi, aux yeux enflés.

« Et alors ? Je vais t’aider. Marie t’a fait appeler. Elle a beaucoup pleuré, elle a voulu en apprendre beaucoup sur moi, et tu as pensé que c’était bon signe, au point que tu as désiré que je vienne accomplir le miracle. Et moi, je suis venu. Alors, maintenant ?…

– Maintenant, plus rien, Maître ! Je me suis trompée. C’est un trop vif espoir qui fait voir ce qui n’est pas… Je t’ai fait venir pour rien… Marie est pire qu’auparavant… Non ! Que dis-je ? C’est une calomnie, je mens. Elle n’est pas pire car elle ne veut plus d’hommes autour d’elle. Elle est différente, mais elle est toujours mauvaise. Elle me semble folle… Je ne la comprends plus. Auparavant, au moins, je la comprenais. Mais maintenant ! Qui peut la comprendre, maintenant ? »

Marthe pleure d’un air désolé.

« Allons, calme-toi et dis-moi ce qu’elle fait. Pourquoi est-elle mauvaise ? Si elle ne veut plus d’hommes autour d’elle, je suppose qu’elle vit retirée dans sa maison. Est-ce bien cela ? Oui ? C’est bien, c’est très bien. Elle a désiré ta présence auprès d’elle, comme pour se défendre de la tentation – je reprends tes propres mots – en empêchant les relations coupables, ou même simplement ce qui pourrait y conduire : c’est un signe de bonne volonté.

– Tu l’affirmes, Maître ? Crois-tu vraiment qu’il en est bien ainsi ?

– Mais bien sûr ! En quoi te semble-t-elle donc mauvaise ?

231.3

Raconte-moi ce qu’elle fait…

– Voilà. »

Marthe, un peu plus rassurée par la certitude de Jésus, parle avec plus d’ordre.

« Voilà. Depuis mon arrivée, Marie n’est plus sortie de la maison et du jardin, pas même pour aller en barque sur le lac. Et sa nourrice m’a dit que, même auparavant, elle ne sortait pour ainsi dire plus. C’est depuis la Pâque qu’elle semble avoir commencé à changer. Cependant, avant ma venue, des personnes venaient encore la voir, et elle ne les renvoyait pas toujours. Parfois, elle donnait l’ordre de ne laisser entrer personne et cela paraissait un ordre qui devait durer. Puis elle en venait à frapper ses serviteurs, prise d’une injuste colère lorsque, accourant au vestibule parce qu’elle avait entendu les voix des visiteurs, elle voyait qu’ils étaient déjà partis. Depuis mon arrivée, elle ne l’a plus fait. Elle m’a dit la première nuit – et c’est pour cela que j’ai tant espéré – : “ Retiens-moi, attache-moi, mais ne me laisse plus sortir, pour que je ne voie personne d’autre que toi et la nourrice. Car je suis une malade et je veux guérir. Mais ceux qui viennent chez moi, ou qui veulent que je me rende chez eux, sont comme des marais qui donnent la fièvre. Ils me rendent de plus en plus malade. Mais ils sont si beaux, en apparence, ils sont si pleins de fleurs et de chansons, avec des fruits d’aspect agréable, que je ne sais résister, car je suis une malheureuse, je suis une malheureuse. Ta sœur est faible, Marthe. Et il y en a qui profitent de ma faiblesse pour me faire commettre des choses infâmes auxquelles une part de moi-même ne consent pas. C’est quelque chose qui me reste de maman, de ma pauvre maman… ” ; et elle pleurait, elle pleurait…

Je me suis donc comportée comme elle le voulait : avec douceur aux heures où elle est plus raisonnable, avec fermeté aux heures où elle me fait penser à un fauve en cage. Elle ne s’est jamais révoltée contre moi. Et même, une fois passés les moments de plus grande tentation, elle vient pleurer à mes pieds, la tête sur mes genoux, et me dit : “ Pardonne-moi ! Pardonne-moi ! ” Et si je lui demande : “ Et de quoi, ma sœur ? Tu ne m’as pas fait souffrir ”, elle me répond : “ Parce que, tout à l’heure, ou hier soir, quand tu m’as dit : ‘ Tu ne sortiras pas d’ici ’, moi, dans mon cœur, je t’ai haïe, maudite et j’ai désiré ta mort. ”

Elle ne te fait pas de la peine, Seigneur ? Mais elle est donc folle ? Son vice l’a rendue folle ? Je pense qu’un amant a dû lui donner un philtre pour s’en faire une esclave de luxure et que cela lui est monté à la tête…

231.4

– Non, il n’y a ni philtre ni folie. C’est autre chose, mais continue.

– Donc, avec moi, elle est respectueuse et obéissante. Les serviteurs aussi, elle ne les a plus maltraités. Pourtant, après le premier soir, elle n’a plus posé aucune question à ton sujet. Même si je parle de toi, elle détourne la conversation, quitte ensuite à rester des heures et des heures sur le rocher où se trouve le belvédère à regarder le lac, jusqu’à en être éblouie et à me demander, à chaque barque qu’elle voit passer : “ Tu crois que c’est celle des pêcheurs galiléens ? ” Elle ne prononce jamais ton nom ni celui des apôtres, mais je sais qu’elle pense à eux et à toi dans la barque de Pierre. Et je comprends aussi qu’elle pense à toi parce que parfois, le soir, quand nous nous promenons dans le jardin ou quand nous attendons l’heure du repos, moi en cousant, elle les bras croisés, elle me dit : “ C’est donc ainsi qu’il faut vivre d’après la doctrine que tu suis ? ” Et parfois elle pleure, d’autres fois elle part d’un rire sarcastique de folle ou de démoniaque.

D’autres fois encore, elle se détache les cheveux, toujours si artistiquement coiffés, elle en fait deux nattes et enfile un de mes vêtements, puis elle vient se mettre devant moi avec les tresses qui retombent sur les épaules ou ramenées par-devant, avec un col montant, pudique, ressemblant à une fillette avec son habit, sa coiffure et l’expression de son visage, et elle dit encore : “ C’est donc ainsi que devrait devenir Marie ? ” Parfois aussi elle pleure en embrassant ses deux nattes magnifiques, grosses comme le bras et qui tombent jusqu’aux genoux, tout cet or éclatant qui était la gloire de ma mère. A d’autres moments, au contraire, elle pousse cet horrible éclat de rire ou bien elle me dit : “ Mais regarde, voici plutôt ce que je fais, et je quitte le monde ” et elle noue ses tresses autour du cou et les serre jusqu’à en devenir violette comme si elle voulait s’étrangler. D’autres fois encore, on comprend qu’elle sent plus fortement sa… sa chair, alors elle se plaint ou se fait mal. Je l’ai trouvée qui se frappait férocement le sein, la poitrine et se griffait le visage, qui se frappait la tête contre le mur et, si je lui demandais : “ Mais pourquoi fais-tu cela ? ” elle se tournait vers moi, bouleversée, l’air féroce, en me disant : “ Pour me rompre les entrailles et la tête. Les choses nuisibles, maudites, il faut les détruire. Je me détruis. ”

Et, si je parle de la miséricorde divine, de toi – car je parle quand même de toi comme si elle était la plus fidèle de tes disciples, et je te jure que j’ai parfois du dégoût à parler ainsi devant elle –, elle me répond : “ Pour moi, il ne peut y avoir de miséricorde, j’ai dépassé les bornes. ” Elle est prise alors d’une furie de désespoir, elle crie en se frappant jusqu’au sang : “ Mais pourquoi ? Pourquoi ai-je ce monstre qui me déchire, qui ne laisse aucune paix, qui me porte au mal par une voix ensorcelante ? Et il vient s’y unir des voix qui me maudissent, celle de notre père, de maman, les vôtres, parce que toi aussi, et Lazare, vous me maudissez, et Israël me maudit ; ces voix me font devenir folle… ”

Quand elle dit de telles choses, je réponds : “ Pourquoi penses-tu à Israël, qui n’est qu’un peuple, au lieu de penser à Dieu ? Mais puisque tu n’as pas pensé plus tôt à tout fouler aux pieds, pense maintenant à passer par dessus tout et à te soucier d’autre chose que du monde, c’est-à-dire de Dieu, de notre père, de notre mère. Ils ne te maudissent pas si tu changes de vie, mais ils t’ouvrent leurs bras… ” Elle m’écoute alors, songeuse, aussi étonnée que si je lui racontais quelque fable irréelle, et elle pleure… Mais elle ne répond rien. Parfois, au contraire, elle ordonne aux serviteurs de lui apporter des vins et des drogues, elle boit et mange tous ces produits, et elle explique : “ C’est pour ne pas penser. ”

Désormais, depuis qu’elle sait que tu es sur le lac, elle me dit toutes les fois qu’elle s’aperçoit que je viens te trouver : “ Un jour ou l’autre, je viendrai, moi aussi ” et, avec ce rire qui est une insulte pour elle-même, elle achève : “ Ainsi, au moins, le regard de Dieu tombera aussi sur le fumier. ” Mais je ne veux pas qu’elle vienne. Et maintenant, j’attends pour venir que, lassée par la colère, le vin, les larmes, par tout, elle s’endorme d’épuisement. Aujourd’hui encore, je suis partie ainsi de façon à revenir de nuit, avant qu’elle ne se réveille. Voilà ma vie… et maintenant, je n’espère plus… »

Ses pleurs, que n’arrête plus l’effort de tout dire avec ordre, redoublent.

231.5

« Te souviens-tu, Marthe, de ce que je t’ai dit une fois ? “ Marie est une malade. ” Tu ne voulais pas le croire. Maintenant, tu le vois… Tu la prétends folle, elle-même se croit malade de fièvres qui la poussent au péché. Moi, je dis : elle souffre d’une possession démoniaque. C’est toujours une maladie. Ces incohérences, ces furies, ces pleurs, ces désolations, ces élans vers moi, ce sont les phases de son mal qui, arrivé au moment de la guérison, connaît les crises les plus violentes. Tu fais bien d’être bonne avec elle, tu fais bien d’être patiente, tu fais bien de lui parler de moi ! N’éprouve pas de dégoût à prononcer mon nom en sa présence. Pauvre âme de ma Marie ! Et pourtant elle est sortie des mains du Créateur, pas différente des autres, de la tienne, de celle de Lazare, de celles des apôtres et des disciples. Elle aussi, je la compte et je la vois parmi les âmes pour lesquelles je me suis fait chair afin d’être Rédempteur. C’est même pour elle que je suis venu, plus que pour toi, Lazare, les apôtres ou les disciples. Pauvre chère âme de ma Marie qui souffre ! De ma Marie empoisonnée par sept poisons en plus du poison originel et universel ! De ma Marie prisonnière ! Mais laisse-la venir à moi ! Laisse-la respirer ma respiration, entendre ma voix, rencontrer mon regard !… Elle se qualifie de : “ Fumier ”… Ah, pauvre chère âme ! Des sept démons qu’elle a en elle, le moins fort est celui de l’orgueil ! Mais, rien que pour cette raison, elle se sauvera !

231.6

– Mais si en sortant elle trouve quelqu’un qui la ramène au vice ? Elle-même le redoute…

– Et elle le redoutera toujours, maintenant qu’elle en est arrivée à avoir la nausée du vice. Mais n’aie pas peur. Lorsqu’une âme a déjà le désir de venir au bien, qu’elle n’est plus retenue que par l’Ennemi diabolique qui sait qu’il va perdre sa proie, et par l’ennemi personnel du “moi” qui raisonne encore de façon humaine et se juge lui-même de façon humaine, en appliquant à Dieu son jugement pour empêcher l’esprit de dominer le “moi” humain, alors cette âme est déjà forte contre les assauts du vice et des vicieux. Elle a trouvé l’étoile Polaire et ne dévie plus.

Il ne faut plus lui dire non plus : “ Tu n’as pas pensé à Dieu, mais tu penses à Israël ? ” C’est un reproche implicite. Il ne faut pas le faire. Elle sort des flammes, elle n’est que plaies. Il ne faut l’effleurer qu’avec les baumes de la douceur, du pardon, de l’espérance…

Laisse-la libre de venir. Tu dois même lui dire quand tu comptes venir, mais sans ajouter : “ Viens avec moi. ” Et même si tu arrives à comprendre qu’elle vient, toi, ne viens pas. Reviens, attends-la à la maison. Elle te viendra, frappée par la Miséricorde. Car c’est moi qui dois lui enlever la force mauvaise qui maintenant la possède et, pendant un certain temps, elle sera comme saignée à blanc, comme une personne à laquelle le médecin a enlevé les os. Mais ensuite, elle ira mieux. Elle en sera stupéfaite.

Elle aura un grand besoin de caresses et de silence. Assiste-la comme si tu étais pour elle un second ange gardien, sans te faire entendre. Si tu la vois pleurer, laisse-la pleurer. Si tu l’entends se poser des questions, laisse-la faire. Et si tu la vois sourire puis s’assombrir, et puis sourire d’un sourire qui n’est plus le même, le regard changé, le visage changé, ne lui pose pas de questions, ne la gêne pas. Elle souffre davantage maintenant pour remonter que lorsqu’elle est descendue. Et elle doit agir par elle-même, comme elle a agi par elle-même lorsqu’elle est descendue. Elle n’a pas supporté vos regards quand vous la voyiez descendre, parce que dans vos yeux il y avait un reproche. Mais maintenant elle ne peut, dans sa honte finalement réveillée, supporter votre regard. Auparavant, elle était plus forte, parce qu’elle avait en elle Satan qui était son maître, ainsi que la puissance mauvaise qui la conduisait, si bien qu’elle pouvait défier le monde ; elle n’a pas voulu que vous puissiez la voir dans son péché. Maintenant, elle n’a plus Satan pour maître. Il est encore son hôte, mais déjà, par sa volonté, Marie le tient à la gorge. Mais elle ne m’a pas encore, moi, et c’est pour cela qu’elle est trop faible. Elle ne peut même pas supporter la caresse de tes yeux fraternels pour son retour vers son Sauveur. Toute son énergie s’emploie et se dépense à serrer la gorge du septuple démon. Pour tout le reste, elle est sans défense, nue. Mais moi, je la revêtirai et la fortifierai.

231.7

Va en paix, Marthe. Demain, dis-lui avec douceur que je parlerai près du torrent de la Source, ici à Capharnaüm, après le crépuscule. Va en paix ! Va en paix ! Je te bénis. »

Marthe est encore perplexe.

« Ne tombe pas dans l’incrédulité, Marthe, lui dit Jésus qui l’observe.

– Non, Seigneur, mais je réfléchis… Ah, donne-moi quelque chose que je puisse transmettre à Marie pour lui rendre un peu de force… Elle souffre tant… et moi, j’ai si peur qu’elle ne réussisse pas à triompher du démon !

– Tu es une enfant ! Marie nous a, toi et moi. Peux-tu ne pas réussir ? Pourtant, viens et tiens. Donne-moi cette main qui n’a jamais péché, qui a su être douce, miséricordieuse, active, pieuse. Elle a toujours fait des gestes d’amour et de prière. Elle n’est jamais devenue paresseuse. Elle ne s’est jamais corrompue. Voilà, je la tiens dans les miennes pour la rendre plus sainte encore. Lève-la contre le démon, et il ne la supportera pas. Prends aussi cette ceinture qui m’appartient. Ne t’en sépare jamais, et chaque fois que tu la verras, dis-toi : “ Plus forte que cette ceinture de Jésus est la puissance de Jésus et grâce à elle on vient à bout de tout : démons et monstres. Je ne dois pas craindre. ” Es-tu satisfaite, maintenant ? Que ma paix soit avec toi. Pars tranquille. »

Marthe le vénère et sort. Jésus sourit en la voyant reprendre sa place dans le char que Marcelle a fait venir à la porte, pour aller à Magdala.

231.1

Sudoroso y empolvado, Jesús, con Pedro y Juan, regresa a la casa de Cafarnaúm.

Apenas acaba de poner pie en el huerto, para ir a la cocina, cuando el dueño de la casa le llama familiarmente y le dice: «Jesús, ha vuelto esa dama de que te hablé en Betsaida; ha vuelto y te buscaba. Le he dicho que te esperase y la he conducido arriba, a la habitación superior».

«Gracias, Tomás, voy en seguida. Si llegan los demás, tenlos aquí». Y Jesús sube ligero la escalera sin quitarse siquiera el manto.

La escalera va a dar a una terraza. En ella, inmóvil, está Marcela, la sierva de Marta. «¡Maestro nuestro! Mi señora está ahí dentro. Te espera desde hace muchos días» dice la mujer mientras se arrodilla ante Jesús para venerarle.

«Ya me lo imaginaba. Voy en seguida a verla. Dios te bendiga, Marcela».

Jesús levanta la cortina que protege de la luz, aún violenta a pesar de que la puesta de sol esté ya adelantada (vuelve fuego al aire y parece encender las casas blancas de Cafarnaúm con la roja reverberación de un enorme brasero). En la habitación está Marta, toda velada y envuelta en un manto, sentada junto a una ventana. Quizás mira a un trozo de lago en que un collado boscoso zambulle un entrante, quizás sólo mira a sus pensamientos. Está muy absorta; tanto que no oye el leve roce de los pies de Jesús, que se está acercando a ella; siendo así que, cuando la llama, se sobresalta.

«¡Maestro!» grita, y se derrumba de rodillas con los brazos tendidos hacia adelante como solicitando ayuda, luego se curva hasta tocar con la frente en el suelo y se echa a llorar.

231.2

«¿Por qué? ¡Ánimo, levántate! ¿Por qué este llanto desconsolado? ¿Tienes alguna desventura que manifestarme? ¿Sí? ¿Cuál? Dime. He estado en Betania, ¿sabes? ¿Sí? Allí he sabido que había buenas noticias. Ahora estás llorando… ¿Qué ha pasado?». Y la obliga a levantarse y a que se siente en el asiento que está colocado contra la pared. Él se sienta frente a ella. «Venga, quítate ese velo y ese manto, como hago Yo. Te estarás ahogando con ellos. Además es que quiero ver el rostro de esta Marta turbada, para alejar todas las nubes que lo ensombrecen».

Marta obedece, aunque sigue llorando; aparece su rostro enrojecido y de ojos hinchados.

«¿Entonces? Te ayudaré. María te ha mandado llamar. Ha llorado mucho, ha querido saber muchas cosas de mí. Tú has pensado que ello era buena señal, tanto es así que has manifestado tu deseo de que Yo viniera para cumplir el milagro. Bien, pues he venido. ¿Y ahora?…».

«¡Ahora ya nada, Maestro! Me equivoqué. Una esperanza demasiado viva hace ver cosas inexistentes… Te he hecho venir para nada… María es peor que antes… ¡No! ¡Qué estoy diciendo? Estoy calumniando, mintiendo. No es que sea peor, porque no quiere ya hombres a su alrededor, es que es distinta; pero sigue siendo muy mala. La veo como loca… Yo ya no la entiendo. Antes, al menos, la comprendía. Pero, ahora, ¡quién puede comprenderla?». Y Marta llora desconsoladamente.

«¡Venga, mujer, tranquilízate y cuéntame lo que hace. ¿Por qué es mala? Has dicho que ya no quiere hombres en torno a ella. Por tanto, supongo que vivirá retirada en casa. ¿Es así? ¿Sí? Bien. Eso está muy bien. El hecho de que haya querido que estuvieras a su lado como defensa de la tentación —son tus palabras—, el hecho de esquivar la tentación apartándose de relaciones culpables, o simplemente de lo que podría inducir a relaciones culpables, es signo de buena voluntad».

«¿Piensas que sí, Maestro? ¿Lo crees verdaderamente?».

«Sin duda. ¿En qué, entonces, te parece mala?

231.3

Cuéntame lo que hace…».

Marta, un poco más fuerte ahora por esta certeza de Jesús, habla con más orden: «Desde que llegué, María no ha vuelto a salir de casa, del jardín, ni siquiera para ir al lago con la barca. La que fue su nodriza me ha dicho que ya antes no salía casi nada. Este cambio parece ser que ha empezado desde la Pascua. Pero, antes de que yo llegase, todavía había personas que iban a verla, y no siempre las rechazaba. Algunas veces mandaba que no dejasen pasar a ninguno, y parecía una orden de carácter definitivo. Pero luego, si, habiendo oído las voces de los visitantes, iba al vestíbulo y ya éstos se habían marchado, incluso pegaba a los sirvientes en un arrebato de injusta ira. Desde mi llegada no lo ha vuelto a hacer. La primera tarde —y por eso nació en mí tanta esperanza— me dijo: “Sujétame, átame incluso… pero no me dejes salir ya más, no dejes que vea a nadie sino a ti y a la nodriza, porque soy una enferma y quiero recobrar la salud. Esos que vienen aquí, o que quieren que yo vaya adonde ellos, son semejantes a pantanos de fiebre. Con ellos enfermo cada vez más. Pero su apariencia es muy hermosa, son exuberantes, están llenos de cantos, tienen frutos de aspecto tentador; tanto que no sé resistir, porque soy una desdichada, una desdichada soy. Marta, tu hermana es una débil, y hay quien se aprovecha de su debilidad para hacer que haga cosas infames, a las cuales un resto de mí no consiente, el único resto que me queda todavía de mi madre, de mi pobre madre…”, y lloraba, lloraba. Yo lo he hecho: con dulzura en las horas de mayor lucidez suya, con firmeza en las horas en que me parece una fiera enjaulada. Ninguna vez se ha rebelado contra mí; es más, pasados los momentos de mayor tentación, viene a llorar a mis pies con su cabeza reclinada en mi regazo, y dice: “¡Perdóname, perdóname!”. Y, si le pregunto: “Pero, ¿de qué, hermana? No me has ofendido”, responde: “Porque hace poco, o ayer por la tarde, cuando me dijiste: ‘Tú no sales de aquí’, en mi corazón te he odiado, te he maldecido, he deseado tu muerte”. ¿No da pena, Señor? ¿Es que está loca? ¿Será que su vicio la ha vuelto loca? Yo creo que algún amante le ha dado un filtro para tenerla como esclava en la lujuria, un filtro que le ha afectado a la cabeza…».

231.4

«No, no se trata de filtros ni de locuras, es otra cosa. Pero… continúa».

«Bien. Conmigo es respetuosa y obediente. Tampoco ha vuelto a maltratar a los sirvientes. Pero, después de la primera tarde, no ha preguntado nada sobre ti. Es más, si saco la conversación, la desvía; salvo cuando se queda horas y horas en el escollo de la panorámica mirando hasta quedar cegada por el lago, y me pregunta a cada barca que ve pasar: “¿Te parece la de los pescadores galileos?”. No dice nunca tu Nombre, ni el de los apóstoles, pero sé que piensa en ellos y en ti en la barca de Pedro. También comprendo que piensa en ti porque algunas veces, al atardecer, paseando por el jardín o esperando a irnos a dormir —yo cosiendo, ella mano sobre mano— me dice: “¿Es así como hay que vivir según la doctrina que sigues?”; y unas veces llora, otras ríe con una carcajada sarcástica, de loca o de demonio. Otras veces se suelta los cabellos, —¡siempre tan artísticamente arreglados!—, se hace dos coletas, se pone uno de mis vestidos, me viene, con las coletas que le caen por detrás, o dispuestas delante, sin ningún escote, púdica, con aire de jovencita por el vestido, las coletas y la expresión del rostro, y me dice: “¿Es así como debería ser María?”. En estos casos algunas veces llora besándose sus espléndidas coletas, gruesas como brazos, que le llegan hasta las rodillas, todo ese oro vivo que era la gloria de mi madre; pero también a veces echa esa horrenda carcajada, o me dice: “Mira, más bien, mira lo que hago, así me quito de en medio”, y se rodea la garganta con las coletas y aprieta hasta que se pone violácea, como queriéndose estrangular. Otras veces —se ve que es cuando más fuerte siente su… su carne— le da por compadecerse de sí misma o por darse golpes (la he visto golpearse furiosamente el pecho, el vientre, arañarse la cara, golpear la cabeza contra la pared; y si la he preguntado: “¿Por qué haces eso?”, se me ha vuelto, como fuera de sí, furiosa, diciendo: “Para destruirme, y destruir mis entrañas y mi cabeza. Hay que destruir las cosas nocivas y malditas. Me estoy destruyendo”). Cuando le hablo de la misericordia divina, de ti —porque hablo de ti como si ella fuera la más fiel de tus discípulas, y te juro que a veces me repele hablar de ti delante de ella— me responde: “Para mí no puede haber misericordia. He rebasado la medida”. Y entonces le da un ataque furioso de desesperación, y se pone a gritar y a golpearse hasta hacerse sangre: “¿Por qué tengo este monstruo que me desmembra, que no me deja un momento de paz, que me conduce al mal con voces de cantos y luego une a éstas las voces de maldición de mi padre, de mi madre, y las vuestras? —porque también tú y Lázaro me maldecís, y me maldice Israel—, ¿por qué me trae estas voces para hacerme enloquecer?”. Yo, cuando habla así, respondo: “¿Por qué piensas en Israel, que al fin y al cabo es una nación, y no en Dios? Dado que no has pensado antes, cuando pisoteabas todo, piensa ahora en vencer todo y en preocuparte sólo de lo que no es mundo, o sea, Dios, padre, madre, que no te maldicen si cambias de vida, antes al contrario, te abren sus brazos…”. Y ella me escucha, pensativa, con asombro, como si le estuviera contando una fábula imposible. Luego se echa a llorar, y no responde. Otras veces pide a los sirvientes vinos y drogas, y bebe y come estos alimentos artificiosos diciendo: “Es para no pensar”. Ahora, desde que ha sabido que estás en el lago, siempre que sabe que vengo aquí, me dice: “Un día voy a ir yo también”, y, riéndose con esa risa que es un insulto a sí misma, concluye: “Así, al menos, la mirada de Dios caerá también en el estiércol”. Pero no quiero que venga, así que espero a venir aquí cuando ella, cansada de ira, de vino, de llanto, de todo, duerme derrengada. Hoy también he huido de este modo. Volveré de noche, antes de que se despierte. Ésta es mi vida… Ya no tengo esperanza…». Y el llanto, no refrenado ya por el deseo de decir todo con orden, vuelve a aparecer, más fuerte que antes.

231.5

«¿Te acuerdas, Marta, de que una vez te dije: “María es una enferma”? No querías creerlo, ahora lo ves. La llamas loca. Ella misma dice de sí que está enferma de fiebres pecaminosas. Yo digo: enferma por posesión demoniaca. Es una enfermedad, de todas formas. Estas incoherencias, rabias, lloros y estados de desolación y anhelo de mí son las fases de su enfermedad, que, llegado el momento de la curación, experimenta las crisis más violentas. Haces bien siendo buena con ella, siendo paciente y hablándole de mí. No te repugne pronunciar mi Nombre en su presencia. ¡Oh, pobre alma de mi María! Ella también ha salido del Padre Creador y no es distinta de las otras, de la tuya, de la de Lázaro, de las de los apóstoles y discípulos. Ella también ha sido incluida y contemplada entre las almas por las que me he hecho carne para ser Redentor; es más, he venido más por ella que por ti, que por Lázaro, los apóstoles y los discípulos. ¡Pobre alma, amada alma que sufre, de mi María, de mi María envenenada con siete venenos además del veneno primogénito y universal, de mi María prisionera! ¡Deja, deja que venga a mí! ¡Deja que respire mi respiro, que oiga mi voz, que encuentre mi mirada!… Se llama a sí misma “estiércol”… ¡Oh, pobre amada, que de los siete demonios que tiene el menos fuerte es el de la soberbia! ¡Pues bien, le bastará esto para salvarse!».

231.6

«Pero, ¿y si sale y encuentra a alguno que la desvía de nuevo hacia el vicio? Ello misma lo teme…».

«Siempre lo temerá, ahora que ha llegado a sentir nausea del vicio. No temas, de todas formas. Cuando un alma tiene ya este deseo de dirigirse al Bien, y sólo la retiene el Enemigo diabólico —que es consciente de perder la presa— y el enemigo personal del yo —que razona todavía humanamente y se juzga a sí mismo humanamente, aplicando a Dios su juicio (para impedirle al espíritu dominar al yo humano)—, entonces esa alma es ya fuerte contra los asaltos del vicio y de los viciosos: ha encontrado la Estrella Polar y no se desviará. No le vuelvas a decir: “¿No has pensado en Dios y piensas en Israel?”. Es una reprensión implícita. No lo hagas. Es una mujer que ha salido de las llamas. Es toda ella una llaga. No la toques sino con bálsamos de dulzura, perdón, esperanza… Déjala libre de venir; es más, debes decirle que cuándo va a venir. Pero no le digas: “Ven conmigo”; al contrario, si te percatas de que viene, tú no vengas. Regresa. Espérala en casa. Volverá a ti quebrantada por la Misericordia. Porque Yo tengo que eliminar la malvada fuerza que ahora la tiene sujeta. Durante unas horas, será como una a la que hubieran abierto las venas, como una a la que un médico hubiera quitado los huesos. Pero luego estará mejor. Estará aturdida. Tendrá gran necesidad de caricias y silencio. Asístela como si fueras su segundo ángel custodio: sin hacerte notar. Si la ves llorar, déjala llorar. Si la oyes hacerse preguntas, déjala que lo haga. Si la ves sonreír y luego ponerse seria, y sonreír de nuevo con sonrisa, mirada y rostro distintos, no le hagas preguntas, no la cohíbas. Sufre más ahora, que está subiendo, que cuando bajaba. Y debe ser ella quien suba, como por sí misma bajó. Entonces no soportaba vuestras miradas puestas en su descenso, porque en vuestros ojos había reproche. Ahora, con su vergüenza, que por fin se ha despertado, menos aún puede soportar vuestra mirada: entonces era fuerte porque tenía dentro a Satanás, que era el amo, y con él la mala fuerza que la sostenía, de forma que podía desafiar al mundo, y, a pesar de ello, no ha resistido vuestra mirada cuando pecaba; ahora ya no tiene por amo a Satanás, sino que es sólo huésped en ella, todavía, aunque ya el deseo de María le tiene sujeto por la garganta. Y no me tiene a mí todavía. Por eso es demasiado débil. No puede soportar ni siquiera la caricia de tus ojos fraternos puestos en su confesión a su Salvador. Toda su energía está orientada, y consumida, en estrangular al septipartito demonio. Para todo lo demás, ella está indefensa y desnuda. Pero Yo la vestiré de nuevo y la fortaleceré.

231.7

Ve en paz, Marta. Mañana, con tacto, dile que voy a hablar en el torrente de la Fuente, aquí en Cafarnaúm, al crepúsculo. ¡Ve en paz! ¡Ve en paz! ¡Te bendigo!».

Marta se muestra titubeante todavía.

Jesús se da cuenta y dice: «No caigas en incredulidad, Marta».

«No, Señor. Lo que pasa es que pienso… ¡Oh, dame algo que pueda llevarle a María para infundirle un poco de fuerza!… Está sufriendo mucho… ¡y tengo mucho miedo de que no logre triunfar sobre el demonio!».

«¡Eres una niña! María nos tiene a mí y a ti. No puede fracasar. De todas formas, ven; ten; dame esta mano que no ha pecado nunca, que ha sabido ser delicada, misericordiosa, activa, pía, que ha tenido siempre gestos de amor y de oración, que no se ha emperezado con el ocio y no se ha corrompido nunca. Mira, la tengo entre las mías para hacerla más santa todavía. Álzala contra el demonio, que no la soportará. Toma este cinturón mío. No te desprendas de él nunca. Siempre que lo veas dite a ti misma: “El poder de Jesús es más fuerte que este cinturón suyo; con el poder de Jesús todo se vence: demonios y monstruos. No debo tener miedo”. ¿Estás contenta ahora? Mi paz descienda sobre ti. Ve tranquila».

Marta le venera y sale.

El carro de Marcela está a la puerta. Jesús sonríe mientras la ve tomar asiento y partir en dirección a Magdala.