Los Escritos de Maria Valtorta

266. Les disciples de Jean-Baptiste viennent s’assurer que Jésus est bien le Messie.

266. Los discípulos del Bautista quieren verificar

266.1

Jésus est seul avec Matthieu qui, blessé à un pied, n’a pas pu aller prêcher avec les autres. Des malades et des gens désireux d’entendre la Bonne Nouvelle se pressent néanmoins sur la terrasse et l’espace libre du jardin pour l’entendre et obtenir son aide.

Jésus achève son discours en disant :

« Après avoir médité ensemble cette grande phrase[1] de Salomon : “ C’est dans l’abondance de la justice que se trouve la plus grande force ”, je vous exhorte à posséder cette abondance parce que c’est la monnaie qui sert à entrer dans le Royaume des Cieux. Demeurez avec ma paix et que Dieu soit avec vous. »

Puis il se tourne vers les pauvres et les malades – ce sont d’ailleurs souvent les mêmes – et écoute avec bonté leurs récits, donne quelque secours en argent, conseille par ses paroles, guérit par l’imposition des mains et par la parole. Matthieu, à ses côtés, distribue l’argent.

266.2

Jésus écoute attentivement une pauvre veuve lui parler en pleurant de la mort imprévue de son mari menuisier, survenue quelques jours plus tôt à son établi :

« J’ai accouru pour te chercher ici, et toute la parenté du mort m’a accusée d’être inconvenante et dure de cœur, et maintenant elle me maudit. Mais moi, j’étais venue parce que je sais que tu ressuscites et je sais que, si j’avais pu te trouver, mon mari serait ressuscité. Mais tu n’étais pas là… Cela fait maintenant deux semaines qu’il est au tombeau… et moi, je reste avec cinq enfants… Sa famille me déteste et ne m’aide pas. J’ai des oliviers et des vignes. Pas beaucoup, mais ils me donneraient du pain pour l’hiver si je pouvais les garder jusqu’à la récolte. Mais je n’ai pas d’argent car, depuis quelque temps, mon mari n’était pas en bonne santé. Il travaillait peu et, pour se soutenir, il ne mangeait et buvait que trop. Il disait que le vin lui faisait du bien… au contraire, il a fait le double mal de le tuer et de dissiper nos économies déjà réduites par son peu de travail. Il allait finir un char et un coffre, et avait mis en chantier deux lits, des étagères et des tables. Mais maintenant… Rien n’est fini, et mon fils n’a pas encore huit ans. Je vais perdre l’argent… Je devrai vendre l’outillage, le bois. Le char et le coffre, je ne peux même pas les vendre tels quels, bien qu’ils soient presque terminés, et je devrai les céder comme bois de chauffage. Et l’argent ne suffira pas car nous sommes sept : ma mère âgée et malade, mes cinq enfants et moi… Je vendrai le vignoble et les oliviers… Mais tu sais comme est le monde… Il étrangle ceux qui sont dans le besoin. Dis-moi, que dois-je faire ? Je voulais garder l’établi et les outils pour mon fils qui connaît déjà quelques notions sur le bois… Je voulais garder la terre pour vivre, et pour doter mes filles… »

Jésus est en train d’écouter tout cela quand un remue-ménage parmi les gens l’avertit qu’il se passe quelque chose de nouveau. Il se retourne et voit trois hommes qui se fraient un chemin dans la foule. Il se tourne de nouveau pour parler à la veuve :

« Où habites- tu ?

– A Chorazeïn, près du chemin qui mène à la fontaine chaude. Une maison basse entre deux figuiers.

– C’est bien. Je viendrai finir le char et le coffre, et tu les vendras à ceux qui les ont commandés. Attends-moi demain à l’aurore.

– Toi ! Toi, travailler pour moi ! »

L’étonnement suffoque la femme.

« Je reprendrai mon travail et je te donnerai la paix. En même temps, je donnerai une leçon de charité aux habitants sans cœur de Chorazeïn.

– Oh oui ! Sans cœur ! Si encore il y avait eu le vieil Isaac ! Il ne m’aurait pas laissée mourir de faim. Mais il est retourné auprès d’Abraham…

– Ne pleure pas. Repars tranquille. Voilà ce dont tu as besoin pour aujourd’hui. Demain, je viendrai. Va en paix. »

La femme se prosterne pour baiser son vêtement et s’en va plus tranquille.

266.3

« Maître trois fois saint, puis-je te saluer ? » demande l’un des trois hommes qui sont survenus et qui se sont arrêtés respectueusement derrière Jésus, en attendant qu’il congédie la femme, et qui ont donc entendu la promesse de Jésus. Et cet homme qui salue, c’est Manahen.

Jésus se tourne et dit avec un sourire :

« Paix à toi, Manahen ! Tu t’es donc souvenu de moi ?

– Toujours, Maître. Et j’avais décidé de venir te trouver chez Lazare ou au Jardin des Oliviers pour être avec toi. Mais avant la Pâque, Jean-Baptiste a été pris. Il a été repris par trahison, et je craignais qu’en l’absence d’Hérode, venu à Jérusalem pour la Pâque, Hérodiade n’ordonne de tuer le Saint. Elle n’a pas voulu aller à Sion pour les fêtes, disant qu’elle était malade. Malade, oui, de haine et de luxure… Je suis allé à Machéronte pour surveiller… et retenir la femme perfide qui serait capable de tuer de sa main… Si elle ne le fait pas, c’est par crainte de perdre la faveur d’Hérode qui… par peur ou par conviction, défend Jean, en se bornant à le garder en prison. En ce moment, Hérodiade a fui la chaleur accablante de Machéronte pour aller dans un château qui lui appartient. Et je suis venu avec mes amis et disciples de Jean. Il les a envoyés t’interroger et je me suis uni à eux. »

266.4

Les gens, entendant parler d’Hérode et comprenant quel est celui qui en parle, se pressent avec curiosité autour du groupe de Jésus et des trois hommes.

« Que vouliez-vous me demander ? demande Jésus après les échanges de salutations avec les deux austères personnages.

– Parle, Manahen, toi qui sais tout, et qui lui es plus attaché, dit l’un des deux.

– Voici, Maître. Tu dois être indulgent si, par excès d’amour, les disciples en viennent à se méfier de Celui qu’ils croient opposés à leur maître ou désireux de le supplanter. C’est ce que font tes disciples, de même que ceux de Jean. C’est une jalousie compréhensible qui montre tout l’amour des disciples pour leurs maîtres. Quant à moi… je suis impartial, et ceux qui m’accompagnent ici peuvent le confirmer, car je te connais et je connais Jean ; et je vous aime avec justice, au point que, bien que je t’aime, toi, pour ce que tu es, j’ai préféré faire le sacrifice de rester auprès de Jean parce que je le vénère, lui aussi, pour ce qu’il est, et actuellement parce qu’il est plus en danger que toi. Maintenant, à cause de cet amour que les pharisiens attisent par rancœur, ils en sont venus à douter que tu es le Messie. Et ils l’ont avoué à Jean, croyant lui faire plaisir en lui disant : “ Pour nous, c’est toi qui es le Messie. Nul ne peut être plus saint que toi. ” Jean a commencé par leur faire des reproches en les traitant de blasphémateurs puis, après ces reproches, il leur a expliqué avec plus de douceur tout ce qui te désigne comme le vrai Messie. Enfin, voyant qu’ils n’étaient pas encore persuadés, il a pris deux d’entre eux – ceux-ci – et leur a dit : “ Allez le trouver et dites-lui en mon nom : ‘ Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? ’” Il n’a pas envoyé les disciples autrefois bergers car, eux, ils croient et il n’aurait servi à rien de les envoyer. Mais il a choisi des hommes qui doutent pour qu’ils t’approchent et que leurs paroles dissipent les questionnements de ceux qui sont comme eux. Je les ai accompagnés pour pouvoir te voir. J’en ai fini : à toi, maintenant, d’apaiser leurs incertitudes.

266.5

– Mais ne nous crois pas hostiles, Maître ! Les paroles de Manahen pourraient te le faire penser. Nous… nous… Nous con­naissons depuis des années Jean-Baptiste et nous l’avons toujours vu saint, pénitent, inspiré. Toi… nous ne te connaissons que par ce que d’autres en disent. Et tu sais ce qu’est la parole des hommes… Elle crée et détruit renommée et éloges par le contraste entre ceux qui exaltent et ceux qui dénigrent, comme un nuage se forme et se dissipe par l’effet de deux vents contraires.

– Je sais, je sais… Je lis dans votre âme, et vos yeux lisent la vérité dans ce qui vous entoure, de même que vos oreilles ont entendu mon entretien avec la veuve. Cela suffirait pour vous convaincre. Mais je vous dis : observez ce qui m’entoure. Ici, il n’y a ni riches ni jouisseurs, ni personnes scandaleuses. Mais des pauvres, des malades, des juifs honnêtes qui veulent connaître la Parole de Dieu. Rien d’autre. Celui-ci, celui-là, cette femme, et aussi cette fillette et ce vieillard sont venus ici malades et sont maintenant en bonne santé. Interrogez-les et ils vous diront ce qu’ils avaient, comment je les ai guéris, et comme ils vont maintenant. Allez-y, faites-le. Pendant ce temps, je discute avec Manahen. »

Jésus fait mine de se retirer.

« Non, Maître. Nous ne doutons pas de tes paroles. Donne-nous seulement une réponse à apporter à Jean, afin qu’il voie que nous sommes venus et qu’il puisse se baser sur elle pour con­vaincre nos compagnons.

– Allez rapporter ceci à Jean : “ Les sourds entendent : cette fillette était sourde et muette. Les muets parlent : cet homme était muet de naissance. Les aveugles voient. ”

266.6

Homme, viens ici. Dis-leur ce que tu avais » dit Jésus en prenant un miraculé par le bras.

Ce dernier répond :

« Je suis maçon, et un seau plein de chaux vive m’est tombé sur la figure et m’a brûlé les yeux. Depuis quatre ans, j’étais dans les ténèbres. Le Messie a humecté mes yeux desséchés avec sa salive et ils sont redevenus plus frais que quand j’avais vingt ans. Qu’il en soit béni. »

Jésus reprend :

« Et avec les aveugles, les sourds et les muets guéris, les boiteux se redressent et les estropiés courent. Voilà ce vieillard qui était tout à l’heure déformé et qui est maintenant droit comme un palmier du désert et agile comme une gazelle. Les maladies les plus graves guérissent. Toi, femme, qu’avais-tu ?

– Un mal au sein pour avoir trop donné de lait à des bouches voraces et le mal, avec le sein, me rongeait la vie. Maintenant, regardez ! »

Elle entrouvre son vêtement, montrant son sein intact et elle ajoute :

« Ce n’était qu’une plaie, comme ma tunique encore couverte de pus le montre. Maintenant, je rentre chez moi mettre un vêtement propre. Je suis forte et heureuse. Alors que, hier seulement, j’étais mourante, amenée ici par des gens charitables, et si malheureuse… à cause des enfants qui allaient bientôt être sans mère. Louange éternelle au Sauveur !

– Vous entendez ? Et vous pouvez interroger le chef de la synagogue de cette ville sur la résurrection de sa fille. En allant vers Jéricho, passez par Naïm. Informez-vous au sujet du jeune homme ressuscité en présence de toute la ville, au moment où on allait le mettre au tombeau. Vous pourrez ainsi rapporter que les morts ressuscitent. Que beaucoup de lépreux sont guéris, comme vous pouvez l’apprendre dans de nombreuses localités d’Israël ; si vous voulez aller à Sycaminon, cherchez-en parmi les disciples et vous en trouverez plusieurs. Dites donc à Jean que les lépreux sont purifiés. Et dites, puisque vous le voyez, que la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Et bienheureux celui qui ne sera pas scandalisé à mon sujet.

266.7

Rapportez cela à Jean. Et dites-lui que je le bénis avec tout mon amour.

– Merci, Maître. Bénis-nous aussi avant notre départ.

– Vous ne pouvez partir par cette chaleur. Soyez donc mes hôtes jusqu’au soir. Vous vivrez pendant un jour la vie de ce Maître qui n’est pas Jean, mais que Jean aime parce qu’il sait qui il est. Venez à la maison. Il y fait frais et je vous restaurerai. Adieu, mes auditeurs. Que la paix soit avec vous. »

Après avoir congédié les foules, il rentre à la maison avec ses trois hôtes…

266.8

… Je ne sais pas ce qu’ils se disent pendant ces heures de chaleur étouffante. Ce que je vois maintenant, ce sont les préparatifs du départ des deux disciples pour Jéricho. Il semble que Manahen reste car on n’a pas amené son cheval avec les deux ânes robustes devant l’ouverture du mur de la cour. Les deux envoyés de Jean, après s’être inclinés plusieurs fois devant le Maître et devant Manahen, montent en selle et se retournent encore pour regarder et saluer jusqu’à ce qu’un détour de la route les dérobe à la vue.

Beaucoup d’habitants de Capharnaüm se sont rassemblés pour voir ce départ, car la nouvelle de la venue des disciples de Jean et la réponse de Jésus ont fait le tour de la ville et, je crois, aussi des autres villages voisins. Je vois des habitants de Bethsaïde et de Chorazeïn – peut-être d’anciens disciples de Jean Baptiste –, qui se sont présentés aux envoyés de Jean pour demander de ses nouvelles et lui envoyer leurs salutations. Ils restent maintenant en groupe avec des habitants de Capharnaüm pour discuter. Jésus, avec Manahen à son côté, va rentrer dans la maison en parlant. Mais les gens se pressent autour de lui, curieux d’observer le frère de lait d’Hérode et ses manières pleines de respect pour Jésus et ils désirent parler avec le Maître.

266.9

Il y a aussi Jaïre, le chef de la synagogue, mais, grâce à Dieu, il n’y a pas de pharisiens. C’est justement Jaïre qui dit :

« Jean sera content ! Non seulement tu lui as envoyé une réponse exhaustive, mais aussi, en les retenant, tu as pu les instruire et leur montrer un miracle.

– Et quel miracle ! » dit un homme. « J’avais amené exprès ma fillette aujourd’hui pour qu’ils la voient. Elle n’a jamais été aussi bien et, pour elle, c’est une joie de venir voir le Maître. Vous avez entendu sa réponse, hein ? “ Je ne me rappelle pas ce qu’est la mort. Mais je me souviens qu’un ange m’a appelée en me faisant passer à travers une lumière de plus en plus vive au bout de laquelle il y avait Jésus. Et je ne le vois plus maintenant comme je l’ai vu alors, avec mon âme qui revenait en moi. Vous et moi, en ce moment, nous voyons l’Homme, mais mon âme a vu le Dieu enfermé dans l’Homme. ” Et comme elle est devenue bonne, depuis ! Elle était déjà bonne, mais maintenant c’est vraiment un ange. Ah ! Tous peuvent bien dire ce qu’ils veulent, pour moi il n’y a pas d’autre saint que toi !

– Mais Jean aussi est saint, dit un homme de Bethsaïde.

– Oui, mais il est trop sévère.

– Il ne l’est pas davantage pour les autres que pour lui-même.

– Mais il ne fait pas de miracles et l’on dit qu’il jeûne pour ressembler à un mage.

– Et pourtant il est saint. »

La discussion monte dans la foule.

266.10

Jésus lève la main et l’étend de son geste habituel quand il réclame le silence et l’attention parce qu’il veut parler. Le silence se fait aussitôt. Jésus dit :

« Jean est saint et grand. Ne regardez pas sa façon de faire ni l’absence de miracles. En vérité je vous le dis : “ C’est un géant du Royaume de Dieu. ” C’est là qu’il apparaîtra dans toute sa grandeur.

Beaucoup se plaignent de ce qu’il était – et reste – sévère jusqu’à en paraître dur. En vérité, je vous affirme qu’il a fait un travail de géant pour préparer les voies du Seigneur. Et celui qui travaille ainsi n’a pas de temps à perdre en mollesses. Quand il était au bord du Jourdain, ne citait-il pas les paroles[2] où Isaïe l’annonce, lui et le Messie : “ Toute vallée sera comblée, toute montagne abaissée, les voies tortueuses seront redressées et les escarpements aplanis ”, et cela pour préparer les voies au Sauveur et Roi ? Mais, en vérité, il a fait, lui, plus que tout Israël pour me préparer le chemin ! Et celui qui doit abattre les montagnes et combler les vallées, redresser les routes et rendre douces les montées pénibles, ne peut que travailler avec rudesse. C’est qu’il était le Précurseur et il ne me devançait que de quelques lunes ; or tout devait être fait avant que le Soleil ne soit au plus haut sur le jour de la Rédemption. Ce jour est arrivé, le Soleil monte pour resplendir sur Sion et de là sur le monde entier. Jean a préparé la route, comme il le devait.

Qu’êtes-vous allés voir dans le désert ? Un roseau agité par le vent dans toutes les directions ? Qu’êtes-vous donc allés voir ? Un homme vêtu de façon délicate ? Mais ceux-là habitent dans les demeures des rois, accoutrés de vêtements somptueux et servis avec respect par mille serviteurs et courtisans, et ils sont eux-mêmes les courtisans d’un pauvre homme. Il y en a un ici. Demandez-lui s’il n’éprouve pas de dégoût pour la vie de cour et de l’admiration pour le rocher solitaire et rugueux sur lequel la foudre et la grêle se ruent en vain et sur lequel des vents imbéciles tourbillonnent pour l’arracher, alors qu’il reste ferme, élancé de toutes parts vers le ciel, avec sa flèche qui, d’en haut, prêche la joie tant elle est droite et pointue comme une flamme qui s’élève. Voilà qui est Jean. C’est ainsi que le voit Manahen, car il a compris la vérité de la vie et de la mort, et il reconnaît la grandeur là où elle se trouve, même si elle se cache sous des apparences sauvages.

Et vous, qu’avez-vous vu en Jean quand vous êtes allés le voir ? Un prophète ? Un saint ? Je vous le dis : il est plus qu’un prophète. Il est plus que beaucoup de saints, plus que des saints car c’est de lui qu’il est écrit[3] : “ Voici que j’envoie devant vous mon ange pour préparer mes voies devant toi. ”

266.11

Ange. Réfléchissez. Vous savez que les anges sont de purs esprits créés par Dieu à sa ressemblance spirituelle, servant de lien entre l’homme – la perfection de la création visible et matérielle – et Dieu – la perfection du Ciel et de la terre, le Créateur du Royaume spirituel et du règne animal –. En l’homme, même le plus saint, il y a toujours la chair et le sang pour mettre un abîme entre Dieu et lui. Et cet abîme s’approfondit par suite du péché qui alourdit même la partie spirituelle de l’homme. Alors Dieu crée les anges, ces créatures qui atteignent le sommet de l’échelle de la création comme les minéraux en marquent la base : les minéraux, la poussière qui forme la terre, les matières non organiques en général. Ils sont de purs miroirs de la Pensée de Dieu, des flammes qui s’appliquent à agir par amour ; ils sont toujours prêts à comprendre, empressés d’agir ; leur volonté est libre comme la nôtre, mais cette volonté toute sainte ignore les ré­voltes et l’attrait du péché. Voilà ce que sont les anges adorateurs de Dieu, ses messagers auprès des hommes, nos protecteurs, qui nous donnent la Lumière qui les enveloppe et le Feu qu’ils recueillent en adorant.

Jean est appelé : “ ange ” par la parole prophétique. Eh bien, je vous le dis : “ Parmi les enfants des femmes, il n’en est jamais surgi de plus grand que Jean-Baptiste. ” Et cependant le plus petit dans le Royaume des Cieux sera plus grand que lui en tant qu’homme. Car un citoyen du Royaume des Cieux est enfant de Dieu et non de la femme. Tendez donc tous à devenir citoyens du Royaume.

266.12

Que vous demandiez-vous l’un à l’autre ?

– Nous disions : “ Mais est-ce que Jean sera dans le Royaume ? Et comment y sera-t-il ? ”

– dans son âme, il appartient déjà au Royaume, et il y sera après sa mort comme un des soleils les plus brillants de la Jérusalem éternelle. Et cela en raison de la grâce qui, en lui, est sans défaut et en raison de sa volonté propre. Car il a été et il est violent même avec lui-même, pour un but saint… Depuis Jean-Baptiste, le Royaume des Cieux appartient à ceux qui savent le conquérir par la violence contre le Mal, et ce sont les violents qui s’en emparent. Car on sait maintenant ce qu’il convient de faire et tout est donné pour cette conquête. Nous n’en sommes plus au temps où seuls la Loi et les prophètes avaient la parole. Ils ont parlé jusqu’à Jean. Maintenant, c’est la Parole de Dieu qui parle et elle ne cache pas un iota de ce qu’il faut savoir pour mener cette conquête à bien. Si vous croyez en moi, vous devez donc voir en Jean cet Elie qui doit revenir[4]. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende !

A quoi comparerai-je cette génération ? Elle ressemble à ces gamins qui, assis sur la place, interpellent leurs compagnons : “ Nous avons joué de la flûte et vous n’avez pas dansé ; nous avons entonné des lamentations et vous n’avez pas pleuré. ” En effet, Jean est venu, lui qui ne mange ni ne boit, et cette génération dit : “ S’il peut agir ainsi, c’est que le démon l’aide. ” Le Fils de l’homme est venu, il mange et il boit, et l’on dit : “ Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs. ” Ainsi la Sagesse voit ses enfants lui rendre justice !

266.13

En vérité, je vous le dis, seuls les tout-petits savent recon­naître la vérité parce qu’il n’est pas de malice en eux.

– Tu as bien parlé, Maître » dit le chef de la synagogue. « Voilà pourquoi ma fille, encore sans malice, te voit tel que nous n’arrivons pas à te voir. Et pourtant, cette ville et les villes voisines voient déborder sur elles ta puissance, ta sagesse et ta bonté et, je dois le reconnaître, elles ne progressent qu’en méchanceté à ton égard. Elles ne se repentent pas et le bien que tu leur fais y fermente en haine contre toi.

– Qu’est-ce que tu dis, Jaïre ? Tu nous calomnies ! Nous sommes ici parce que nous sommes fidèles au Christ, dit un habitant de Bethsaïde.

– Oui, nous ! Mais combien sommes-nous ? Moins de cent sur trois villes qui devraient être aux pieds de Jésus. Parmi ceux qui manquent – et je parle des hommes –, la moitié est hostile, un quart indifférent, quant à l’autre, je préfère penser qu’il ne peut pas venir. N’est-ce pas une faute aux yeux de Dieu ? Et est-ce qu’il ne punira pas toute cette hargne et cet entêtement dans le mal ? Parle, toi, Maître, qui sais ! Si tu te tais, c’est par bonté, mais pas parce que tu l’ignores. Tu es généreux, et on le prend pour de l’ignorance et de la faiblesse. Parle donc, et que ta parole puisse secouer au moins les indifférents, puisque les méchants ne se convertissent pas mais deviennent toujours plus méchants.

– Oui, c’est une faute et elle sera punie. Car le don de Dieu ne doit jamais être méprisé ni servir à faire du mal. Malheur à toi, Chorazeïn, malheur à toi, Bethsaïde, vous qui faites un mauvais usage des dons de Dieu ! Si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, il y aurait déjà longtemps que leurs habitants, vêtus de cilice et couverts de cendre, auraient fait pénitence et seraient venus à moi. C’est pourquoi je vous assure qu’il sera fait preuve d’une plus grande clémence pour Tyr et Sidon que pour vous au jour du Jugement. Et toi, Capharnaüm, crois-tu que tu seras élevée jusqu’au Ciel uniquement pour m’avoir accordé l’hospitalité ? Tu descendras jusqu’en enfer ! Car si les miracles qui ont eu lieu chez toi avaient eu lieu à Sodome, elle serait encore florissante, parce qu’elle aurait cru en moi et se serait convertie. On montrera donc plus de clémence pour Sodome au jour du jugement dernier – comme elle n’a pas connu le Sauveur et sa Parole, sa faute est moins grande – que pour toi qui as connu le Messie et entendu sa parole, mais ne t’es pas convertie. Cependant, puisque Dieu est juste, il sera fait preuve d’une grande miséricorde pour les habitants de Capharnaüm, de Bethsaïde et de Chorazeïn qui ont cru et se sanctifient en obéissant à ma parole. Car il n’est pas juste que les justes soient mêlés à la ruine des pécheurs.

266.14

En ce qui concerne ta fille, Jaïre, et la tienne, Simon, et ton enfant, Zacharie, et tes petits-enfants, Benjamin, je vous affirme que, eux qui sont sans malice, ils voient déjà Dieu. Et vous voyez comme leur foi est pure et agissante en eux, unie à la sagesse céleste et à des désirs de charité que les adultes ne possèdent pas. »

Et Jésus, levant les yeux vers le ciel qui s’assombrit à l’ap­proche du soir, s’écrie :

« Je te remercie, Père, Seigneur du Ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux savants et de l’avoir révélé aux tout-petits. Il en est ainsi, Père, parce que tel a été ton bon plaisir. Tout m’a été remis par mon Père, et nul ne le connaît si ce n’est le Fils et ceux auxquels le Fils aura voulu le révéler. Et moi, je l’ai révélé aux petits, aux humbles, aux purs, car Dieu se communique à eux ; la vérité descend en eux comme une semence sur des terres libres, et le Père fait pleuvoir sur elle ses lumières afin qu’elle s’enracine et produise une plante. Le Père prépare les âmes de ces petits – petits par l’âge ou du fait de leur volonté – pour qu’ils connaissent la vérité et que j’aie la joie de leur foi. »

266.1

Jesús está sólo con Mateo, que no ha podido ir con los demás a predicar por tener herido un pie. De todas formas, enfermos y otras personas deseosas de la Buena Nueva llenan la terraza y el espacio libre del huerto para oírle y solicitarle ayuda.

Jesús termina de hablar diciendo: «Habiendo contemplado juntos la gran frase de Salomón: “En la abundancia de la justicia está la suma fortaleza”, os exhorto a poseer esta abundancia, pues es moneda para entrar en el Reino de los Cielos. Tened con vosotros mi paz y Dios sea con vosotros». Luego se acerca a los pobres y enfermos —en muchos casos son una y otra cosa juntamente— y escucha con bondad lo que cuentan, ayuda con dinero, aconseja con palabras, sana con la imposición de las manos y con la palabra. Mateo, a su lado, se encarga de dar las monedas.

266.2

Jesús está escuchando con atención a una pobre viuda que, entre lágrimas, le narra la muerte repentina de su marido carpintero, en el banco de trabajo, acaecida pocos días antes: «Vine corriendo a buscarte aquí. Todo el parentesco del difunto me acusó de falta de compostura y de ser dura de corazón. Ahora me maldicen. Pero había venido porque sabía que resucitabas y sabía que si te encontraba mi marido resucitaría. No estabas… Ahora él está en el sepulcro desde hace dos semanas… y yo estoy aquí con cinco hijos… Los parientes me odian y me niegan su ayuda. Tengo olivos y vides. Pocos, pero me darían pan para el invierno si pudiera tenerlos hasta la recolección. Pero no tengo dinero, porque mi marido desde hacía tiempo estaba poco sano y trabajaba poco, y, para mantenerse, comía y bebía, yo digo que demasiado. Decía que el vino le sentaba bien… la verdad es que hizo el doble mal de matarle a él y de consumir los ya escasos ahorros por su poco trabajo. Estaba terminando un carro y un baúl; le habían encargado dos camas, unas mesas, y también unas repisas. Pero ahora… no están terminados, y mi hijo varón no llega a ocho años. Perderé el dinero… Tendré que vender los útiles y la madera. El carro y el baúl ni siquiera los puedo vender como tales, aunque estén casi ultimados, así que los voy a tener que dar como leña para el fuego. No va a ser suficiente el dinero, porque yo, mi madre anciana y enferma y cinco hijos somos siete personas… Venderé el majuelo y los olivos… Pero ya sabes cómo es el mundo… Donde hay necesidad, ahoga. Dime, ¿qué debo hacer? Quería guardar el banco y las herramientas para mi hijo, que ya sabe algo de la madera… quería conservar la tierra para vivir, y también como dote para mis hijas…».

Está escuchando todo esto cuando una agitación de la gente le advierte de que hay alguna novedad. Se vuelve para ver lo que sucede y ve a tres hombres que se están abriendo paso entre la multitud. Se vuelve otra vez hacia la viuda para decirle: «¿Dónde vives?».

«En Corazín, junto al camino que va a la Fuente caliente. Una casa baja entre dos higueras».

«Bien. Iré a ultimar el carro y el baúl, de modo que podrás vendérselos a quien los había encargado. Espérame mañana a la auro­ra».

«¡Tú? ¡Tú trabajar para mí?». La mujer se siente ahogar del estupor.

«Volveré a mi trabajo y te daré paz a ti. Al mismo tiempo, a esos de Corazín sin corazón les daré la lección de la caridad».

«¡Oh, sí! ¡Sin corazón! ¡Si viviera todavía el viejo Isaac! ¡No me dejaría morir de hambre! Pero ha vuelto a Abraham…».

«No llores. Vuelve a casa serena. Con esto tendrás para hoy. Mañana iré Yo. Ve en paz».

La mujer se arrodilla a besarle la túnica y se marcha más consolada.

266.3

«Maestro tres veces santo, ¿te puedo saludar?» pregunta uno de los tres que habían llegado y que estaban parados respetuosamente detrás de Jesús, esperando a que despidiera a la mujer, y que, por tanto, han oído la promesa de Jesús. El hombre que ha saludado es Manaén.

Jesús se vuelve y, sonriendo, dice: «¡Paz a ti, Manaén! ¡Entonces, te has acordado de mí!…».

«Eso siempre, Maestro. Había decidido ir a verte a casa de Lázaro y al huerto de los Olivos para estar contigo. Pero antes de la Pascua apresaron a Juan el Bautista. Le prendieron —con traición— otra vez; yo temía que, en ausencia de Herodes, que había ido a Jerusalén para la Pascua, Herodías ordenara la muerte del santo. No quiso ir para las fiestas a Sión, porque decía que estaba enferma. Enferma, sí: de odio y lujuria… Estuve en Maqueronte para vigilar y… refrenar a esa pérfida mujer, que sería capaz de matar con su propia mano… Si no lo hace, es porque tiene miedo a perder el favor de Herodes, que… por miedo o convicción, defiende a Juan y se limita a tenerle prisionero. Ahora Herodías se ha ido a un castillo de su propiedad, huyendo del calor agobiante de Maqueronte. Yo he venido con estos amigos míos y discípulos de Juan. Los enviaba él con una pregunta para ti. Me he unido a ellos».

266.4

La gente, al oír hablar de Herodes y comprendiendo quién es el que habla de él, se arremolina, curiosa, en torno al pequeño grupo de Jesús y de los tres hombres.

«¿Qué pregunta queríais hacerme?» dice Jesús, tras recíprocos saludos con los dos austeros personajes.

«Habla tú, Manaén, que sabes todo y eres más amigo» dice uno de los dos.

«Escucha, Maestro. Sé comprensivo, si ves que, por exceso de amor, en los discípulos nace un recelo hacia Aquel al que creen antagonista o suplantador de su maestro. Lo hacen los tuyos, lo hacen igual los de Juan. Son celos comprensibles, que demuestran todo el amor de los discípulos hacia sus maestros. Yo… soy imparcial, y lo pueden decir éstos que están conmigo, porque os conozco a ti y a Juan y os amo con equidad. Tanto es así que, aunque te ame a ti por lo que eres, preferí hacer el sacrificio de estar con Juan, porque le venero también a él por lo que es, y, actualmente, porque está en mayor peligro que Tú. Ahora, por este amor —no sin el soplo rencoroso de los fariseos— han llegado a poner en duda que Tú eres el Mesías. Y así se lo han confesado a Juan, creyendo que le daban una alegría diciéndole: “Para nosotros el Mesías eres tú, no puede haber uno más santo que tú”. Pero primero Juan los ha reprendido llamándolos blasfemos; luego, después de la reprensión, con más dulzura, ha ilustrado todas las cosas que te señalan como verdadero Mesías; en fin, viendo que todavía no estaban convencidos, ha tomado a dos de ellos, éstos, y les ha dicho: “Id donde Él y decidle en mi nombre: ‘¿Eres Tú el que ha de venir o debemos esperar a otro?’”. No ha enviado a los discípulos que antes habían sido pastores, porque creen y no habría aportado nada el enviarlos. Los ha tomado de entre los que dudan, para acercártelos y para que su palabra disipara las dudas de otros como ellos. He venido con ellos para verte. Esto es todo. Ahora Tú acalla sus dudas».

266.5

«¡No nos creas hostiles a ti, Maestro! Las palabras de Manaén te lo podrían hacer pensar. Nosotros… nosotros… Conocemos desde hace años al Bautista, siempre le hemos visto santo, penitente, inspirado. A ti… no te conocemos sino por boca de terceros, y ya sabes lo que es la palabra de los hombres… Crea y destruye fama y honra, por el contraste entre quien exalta y quien humilla, de la misma forma que dos vientos contrarios forman y dispersan una nube».

«Lo sé, lo sé. Leo en vuestro corazón y vuestros ojos leen la verdad en lo que os rodea, como también vuestros oídos han escuchado la conversación con la viuda. Sería suficiente para convencer. Mas Yo os digo: observad qué personas me rodean: aquí no hay ricos, ni gente que se dé la gran vida, aquí no hay personas de vida escandalosa; sólo hay pobres, enfermos, honrados israelitas que quieren conocer la Palabra de Dios. Éste, éste, esta mujer… también esa niñita, y aquel anciano, han venido aquí enfermos y ahora están sanos. Preguntadles y os dirán qué tenían y cómo los he curado, y cómo están ahora. Preguntad, preguntad; yo, mientras, hablo con Manaén» y hace ademán de separarse.

«No, Maestro. No dudamos de tus palabras. Danos sólo una respuesta que llevar a Juan, para que vea que hemos venido y para que pueda, sobre la base de esa respuesta, persuadir a nuestros compañeros».

«Id y referid esto a Juan: “Los sordos oyen; esta niña era sorda y muda. Los mudos hablan; aquel hombre era mudo de nacimiento.

Los ciegos ven”.

266.6

Hombre, ven aquí. Di a éstos lo que tenías» dice Jesús mientras coge de un brazo a uno que ha sido curado milagrosamente.

Éste dice: «Soy albañil. Me cayó en la cara un cubo lleno de cal viva. Me quemó los ojos. Desde hace cuatro años vivía en la oscuridad. El Mesías me ha mojado los ojos secos con su saliva y ahora están de nuevo más frescos que cuando tenía veinte años. ¡Bendito sea!».

Jesús prosigue: «Y no sólo ciegos, sordos o mudos, curados, sino también cojos que corren, tullidos que se enderezan. Mirad ese anciano: hace un rato estaba anquilosado, encorvado, y ahora está derecho como una palma del desierto y ágil como una gacela. Quedan curadas las más graves enfermedades. Tú, mujer, ¿qué tenías?».

«Una enfermedad del pecho, por haber dado demasiada leche a bocas voraces; la enfermedad, además del pecho, me comía la vida. Ahora mirad» y se destapa el vestido y muestra, intactos, los pechos, y añade: «Lo tenía que era todo una llaga. Lo demuestra la túnica, todavía mojada de pus. Ahora voy a casa para ponerme un vestido limpio; estoy fuerte y contenta. Ayer, no más, estaba muriéndome. Me han traído aquí unas personas compasivas. Me sentía muy infeliz… por los niños, que se iban a quedar pronto sin madre. ¡Eterna alabanza al Salvador!».

«¿Habéis oído? Podéis preguntarle también al arquisinagogo de esta ciudad sobre la resurrección de su hija. Y, volviendo en dirección a Jericó, pasad por Naím e informaos sobre el joven que fue resucitado en presencia de toda la ciudad, cuando ya estaba para ser introducido en la tumba; así, podréis referir que los muertos resucitan. El hecho de que muchos leprosos hayan sido curados lo podréis saber en muchos lugares de Israel; pero, si queréis ir a Sicaminón, buscad entre los discípulos y encontraréis muchos ex leprosos. Decid, pues, a Juan que los leprosos quedan limpios. Decid, además, que se anuncia la Buena Nueva a los pobres, porque lo estáis viendo. Y bienaventurado quien no se escandalice de mí.

266.7

Decid esto a Juan. Y también que le bendigo con todo mi amor».

«Gracias, Maestro. Bendícenos también a nosotros antes de marcharnos».

«No podéis iros a esta hora, con este calor… Quedaos en casa como invitados míos hasta el atardecer; así viviréis por un día la vida de este Maestro que no es Juan, pero que es amado por Juan, porque Juan sabe quién es. Venid a casa. Está fresca. Os daré la posibilidad de reponer fuerzas. Adiós a vosotros que me escucháis. La paz sea con vosotros». Despide a la muchedumbre y entra en la casa con sus tres invitados…

266.8

…No sé de lo que hablan durante esas horas de fuego. Ahora veo la preparación de la partida de los dos discípulos hacia Jericó. Manaén parece que se queda (su caballo no ha sido traído junto con los dos fuertes asnos enfrente de la abertura de la tapia del patio). Los dos enviados de Juan, después de muchas reverencias al Maestro y a Manaén, suben a las monturas… y todavía se vuelven para mirar y saludar, hasta que un recodo del camino los esconde a la vista.

Muchos de Cafarnaúm se han congregado para ver esta despedida, porque la noticia de la venida de los discípulos de Juan y la respuesta que Jesús les ha dado se han propagado por el pueblo y creo que también por otros pueblos cercanos. Veo personas de Betsaida y Corazín, quizás ex discípulos del Bautista, que antes se han presentado a los enviados de Juan, les han preguntado por él y le han mandado saludos a través de ellos, y que ahora se quedan hablando en grupo con los de Cafarnaúm. Jesús, con Manaén a su lado, hace ademán de volver a la casa mientras habla. Pero la gente se apiña alrededor de él, curiosa de observar al hermano de leche de Herodes y su trato lleno de deferencia hacia Jesús; deseosos también de hablar con el Maestro.

266.9

Está también Jairo, el arquisinagogo. Por gracia de Dios, no hay fariseos. Precisamente Jairo dice: «¡Estará contento Juan! No sólo le has enviado una respuesta exhaustiva, sino que, invitándolos a quedarse, has podido adoctrinarlos y mostrarles un milagro».

«¡Y no de poco relieve!» dice un hombre.

«Había traído expresamente a mi hija hoy para que la vieran. Nunca se ha sentido tan bien como ahora, y para ella es un motivo de alegría el venir a estar con el Maestro. ¿Habéis oído su respuesta, no?: “No recuerdo lo que es la muerte. Recuerdo, eso sí, que un ángel me llamó y me llevó a través de una luz que aumentaba cada vez más y al final de esa luz estaba Jesús. Como le vi entonces, con mi espíritu volviendo a mí, no le veo ni siquiera ahora; vosotros y yo, ahora, vemos al Hombre, pero mi espíritu vio a ese Dios que está dentro del Hombre”. ¡Qué buena se ha hecho desde entonces! Era ya buena, pero ahora es un verdadero ángel. ¡Ah, que digan lo que quieran todos!, ¡para mí el único santo que hay eres Tú!».

«De todas formas, también Juan es santo» dice uno de Betsaida.

«Sí, pero es demasiado severo».

«No lo es más con los demás que consigo mismo».

«Pero no hace milagros y se dice que ayuna porque es como un mago».

«Pues de todas formas es santo».

La disputa de la gente se hace mayor.

266.10

Jesús alza la mano y la extiende con el gesto habitual que hace cuando pide silencio y atención porque quiere hablar; en seguida se hace el silencio.

Jesús dice:

«Juan es santo y grande. No miréis su manera de actuar ni la ausencia de milagros. En verdad os digo que es grande en el Reino de los Cielos. Allí se manifestará con toda su grandeza.

Muchos se quejan porque era y es severo hasta el punto de parecer rudo. En verdad os digo que ha hecho un trabajo de gigante para preparar los caminos del Señor. Quien trabaja de ese modo no tiene tiempo que perder en blanduras. ¿No decía, cuando estaba en el Jordán, las palabras de Isaías que le profetizan a él y profetizan al Mesías: “Todo valle será colmado, todo monte será rebajado, los caminos tortuosos serán enderezados y las breñas allanadas”, y ello para preparar los caminos al Señor y Rey? ¡Verdaderamente ha hecho él más que todo Israel, para prepararme el camino! Quien debe rebajar montes, colmar valles, enderezar caminos o transformar cuestas penosas en subidas suaves, tiene que trabajar rudamente. En efecto, era el Precursor y sólo le anticipaba a mí una breve serie de lunas; todo debía estar ultimado antes de que el Sol se alzara en el día de la Redención. El tiempo ha llegado, el Sol sube para resplandecer sobre Sión y, desde Sión, extender su luz al mundo entero. Juan ha preparado el camino, como debía.

¿Qué habéis ido a ver al desierto? ¿Una caña agitada por el viento en distintas direcciones? ¿Qué es lo que habéis ido a ver? ¿A un hombre refinadamente vestido? ¡No!… Esas personas viven en las casas de los reyes; ataviados con delicadas vestiduras, agasajados por mil siervos y cortesanos (cortesanos que lo son de un pobre hombre como ellos). Aquí tenemos un ejemplo. Preguntadle, a ver si no experimenta desazón por la vida de Corte y admiración por el risco solitario y escabroso, en vano embestido por el rayo y el pedrisco, en vano circundado por los necios vientos que quieren arrancarle y él se mantiene, no obstante, firme, elevándose entero hacia el cielo, con su punta tan enhiesta —puntiaguda cual llama que ascien­de—, que predica la alegría de lo alto. Éste es Juan. Así le ve Manaén, porque ha comprendido la verdad de la vida y la muerte y ve la grandeza donde está, aunque esté celada bajo apariencias agrestes.

Y vosotros, ¿qué habéis visto en Juan cuando habéis ido a verle? ¿Un profeta?, ¿un santo? Os digo que es más que un profeta; es más que muchos santos, más que los santos porque es aquel de quien está escrito: “Mando ante vosotros a mi ángel para preparar tu camino delante de ti”.

266.11

Angel. Pensad. Sabéis que los ángeles son espíritus puros creados por Dios según su semejanza espiritual, colocados como nexo entre el hombre (perfección de lo creado visible y material) y Dios (Perfección del Cielo y de la Tierra, Creador del reino espiritual y del reino animal). Aún en el hombre más santo subsisten la carne y la sangre que abren un abismo entre él y Dios (abismo que se ahonda profundamente con el pecado, que hace pesado incluso lo espiritual del hombre). Así pues, Dios crea a los ángeles, criaturas que tocan el vértice de la escala creadora de la misma forma que los minerales señalan su base (los minerales, el polvo que compone la tierra, las materias inorgánicas en general). Espejos tersos del Pensamiento de Dios, voluntariosas llamas que obran por amor, resueltos para comprender, diligentes para obrar, de voluntad libre como la nuestra, aunque enteramente santa, ajena a rebeliones y a estímulos de pecado. Esto son los ángeles adoradores de Dios, mensajeros suyos ante los hombres, protectores nuestros; ellos nos dan la Luz de que están investidos y el Fuego que, adorando, recogen.

La palabra profética llama “ángel” a Juan. Pues bien, Yo os digo: “Entre los nacidos de mujer no ha habido nunca uno mayor que Juan Bautista”. No obstante, el menor del Reino de los Cielos será mayor que él-hombre. Porque quien es del Reino de los Cielos es hijo de Dios y no hijo de mujer. Tended, pues, todos, a ser ciudadanos del Reino.

266.12

¿Qué os estáis preguntando entre vosotros dos?».

«Decíamos: “¿Juan estará en el Reino?” y “¿cómo estará en el Reino?”».

«En su espíritu está ya en el Reino. Cuando muera, estará en el Reino como uno de los soles más resplandecientes de la eterna Jerusalén. Es así por la Gracia sin resquebrajaduras que hay en él y por su propia voluntad. En efecto, ha sido, y es, violento también consigo mismo, con fin santo. A partir de Juan el Bautista, el Reino de los Cielos es de los que saben conquistárselo con la fuerza opuesta al Mal, y son los violentos los que lo conquistan. Sí, ahora ya se sabe lo que hay que hacer y todo ha sido dado para llevar a cabo esta conquista. El tiempo en que hablaban sólo la Ley y los Profetas ha pasado. Los Profetas han hablado hasta Juan. Ahora habla la Palabra de Dios, y no esconde ni una iota de cuanto ha de saberse para esta conquista. Si creéis en mí, debéis ver en Juan a ese Elías que debe venir. Quien tenga oídos para oír que oiga. ¿Con quién compararé a esta generación? Es semejante a la que describen esos muchachos, que, sentados en la plaza gritan a sus compañeros: “Hemos tocado y no habéis bailado; hemos entonado lamentos y no habéis llorado”. En efecto, ha venido Juan, que no come ni bebe, y esta generación dice: “Puede hacerlo porque tiene al demonio, que le ayuda”; ha venido el Hijo del hombre, que come y bebe, y dicen: “Ahí tenemos a un comilón y bebedor, amigo de publicanos y pecadores”. ¡Así la Sabiduría ha sido acreditada por sus hijos!

266.13

En verdad os digo que sólo los niños saben reconocer la verdad, porque en ellos no hay malicia».

«Bien has dicho, Maestro» dice el arquisinagogo. «Por eso mi hija, que no conoce aún la malicia, te ve como nosotros no alcanzamos a verte. Pero esta ciudad y las otras cercanas rebosan de tu poder, sabiduría y bondad, y, debo confesarlo, no te responden sino con maldad. No se convierten. El bien que de ti reciben se transforma en odio contra ti».

«¿Qué estás diciendo, Jairo! ¡Nos estás calumniando! Si estamos aquí es por fidelidad al Cristo» dice uno de Betsaida.

«Sí. Nosotros. ¿Pero cuántos somos? Menos de cien en tres ciudades que deberían estar a los pies de Jesús. De los que faltan —me refiero a los hombres— la mitad son enemigos; la cuarta parte, indiferentes; la otra cuarta parte… quiero pensar que no puede venir. ¿No es esto ya pecado ante los ojos de Dios? ¿No será castigada toda esta aversión y obcecación en el mal? Habla, Maestro, Tú que no ignoras, Tú que si guardas silencio es por tu bondad, no porque no sepas. Eres longánime, y confunden tu longanimidad con ignorancia y debilidad. Habla, pues; que tu palabra remueva al menos a los indiferentes, ya que los malos no se convierten, sino que se hacen cada vez peores».

«Sí. Es culpa y será castigada. Porque no se debe despreciar nunca el don de Dios, ni usarlo para hacer el mal. ¡Ay de ti, Corazín, ay de ti, Betsaida, que hacéis mal uso de los dones de Dios! Si en Tiro y Sidón se hubieran cumplido los milagros que se han producido entre vosotros, ya haría mucho tiempo que, vestidos de cilicio y espolvoreados de ceniza, habrían hecho penitencia y habrían venido a mí. Por esto os digo que Tiro y Sidón serán tratadas con mayor clemencia que vosotras en el día del Juicio. ¿Y tú, Cafarnaúm, crees que por haberme dado alojamiento serás elevada hasta el Cielo? Hasta el infierno bajarás. Porque si en Sodoma se hubieran hecho los milagros que Yo te he dado, estaría todavía floreciente, porque habría creído en mí y se habría convertido. Por tanto, Sodoma, en el último Juicio, será tratada con mayor clemencia que tú, que has conocido al Mesías y has oído su palabra y no te has convertido, porque Sodoma no conoció al Salvador y su Palabra, por lo cual su culpa es menor. No obstante, como Dios es justo, los de Cafarnaúm, Betsaida y Corazín que han creído y se santifican prestando obediencia a mi palabra, serán tratados con mucha misericordia; no es justo, en efecto, que los justos se vean implicados en el descalabro de los pecadores.

266.14

Respecto a tu hija, Jairo, y a la tuya, Simón, y a tu hijo, Zacarías, y a tus nietos, Benjamín, os digo que, no conociendo malicia, ven ya a Dios. Ya veis que su fe es pura y activa, unida a sabiduría celestial, y también a deseos de caridad como no tienen los adultos».

Y Jesús, alzando los ojos al cielo que se va oscureciendo con la noche, exclama: «Te doy gracias, Padre, Señor del Cielo y de la Tierra, porque has escondido estas cosas a los sabios y a los doctos y se las has revelado a los pequeños. Así, Padre, porque así te plugo. Todo me ha sido confiado por mi Padre, y nadie conoce al Padre sino el Hijo y aquellos a los que el Hijo quiera revelárselo. Y Yo se lo he revelado a los pequeños, a los humildes, a los puros, porque Dios se comunica con ellos, y la verdad desciende como semilla a las tierras libres, y sobre la verdad hace llover el Padre sus luces para que eche raíces y dé un árbol. Es más, verdaderamente el Padre prepara a estos espíritus de los pequeños de edad o de corazón, para que conozcan la Verdad y Yo exulte por su fe»…


Notes

  1. phrase : dans la Vulgate, c’était la seconde partie (inexplicablement absente de la nouvelle Vulgate) du verset de Pr 15, 5.
  2. paroles : en Is 40, 4.
  3. il est écrit : en Ml 3, 1.
  4. cet Elie qui doit revenir : c’est dit en Ml 3, 23. Jean-Baptiste est également comparé à Elie en 81.5 (“ Il est, par sa mission, l’égal d’Elie ”) et en note en 349.8