The Writings of Maria Valtorta

266. Les disciples de Jean-Baptiste viennent s’assurer que Jésus est bien le Messie.

266. A deputation from John

266.1

Jésus est seul avec Matthieu qui, blessé à un pied, n’a pas pu aller prêcher avec les autres. Des malades et des gens désireux d’entendre la Bonne Nouvelle se pressent néanmoins sur la terrasse et l’espace libre du jardin pour l’entendre et obtenir son aide.

Jésus achève son discours en disant :

« Après avoir médité ensemble cette grande phrase[1] de Salomon : “ C’est dans l’abondance de la justice que se trouve la plus grande force ”, je vous exhorte à posséder cette abondance parce que c’est la monnaie qui sert à entrer dans le Royaume des Cieux. Demeurez avec ma paix et que Dieu soit avec vous. »

Puis il se tourne vers les pauvres et les malades – ce sont d’ailleurs souvent les mêmes – et écoute avec bonté leurs récits, donne quelque secours en argent, conseille par ses paroles, guérit par l’imposition des mains et par la parole. Matthieu, à ses côtés, distribue l’argent.

266.2

Jésus écoute attentivement une pauvre veuve lui parler en pleurant de la mort imprévue de son mari menuisier, survenue quelques jours plus tôt à son établi :

« J’ai accouru pour te chercher ici, et toute la parenté du mort m’a accusée d’être inconvenante et dure de cœur, et maintenant elle me maudit. Mais moi, j’étais venue parce que je sais que tu ressuscites et je sais que, si j’avais pu te trouver, mon mari serait ressuscité. Mais tu n’étais pas là… Cela fait maintenant deux semaines qu’il est au tombeau… et moi, je reste avec cinq enfants… Sa famille me déteste et ne m’aide pas. J’ai des oliviers et des vignes. Pas beaucoup, mais ils me donneraient du pain pour l’hiver si je pouvais les garder jusqu’à la récolte. Mais je n’ai pas d’argent car, depuis quelque temps, mon mari n’était pas en bonne santé. Il travaillait peu et, pour se soutenir, il ne mangeait et buvait que trop. Il disait que le vin lui faisait du bien… au contraire, il a fait le double mal de le tuer et de dissiper nos économies déjà réduites par son peu de travail. Il allait finir un char et un coffre, et avait mis en chantier deux lits, des étagères et des tables. Mais maintenant… Rien n’est fini, et mon fils n’a pas encore huit ans. Je vais perdre l’argent… Je devrai vendre l’outillage, le bois. Le char et le coffre, je ne peux même pas les vendre tels quels, bien qu’ils soient presque terminés, et je devrai les céder comme bois de chauffage. Et l’argent ne suffira pas car nous sommes sept : ma mère âgée et malade, mes cinq enfants et moi… Je vendrai le vignoble et les oliviers… Mais tu sais comme est le monde… Il étrangle ceux qui sont dans le besoin. Dis-moi, que dois-je faire ? Je voulais garder l’établi et les outils pour mon fils qui connaît déjà quelques notions sur le bois… Je voulais garder la terre pour vivre, et pour doter mes filles… »

Jésus est en train d’écouter tout cela quand un remue-ménage parmi les gens l’avertit qu’il se passe quelque chose de nouveau. Il se retourne et voit trois hommes qui se fraient un chemin dans la foule. Il se tourne de nouveau pour parler à la veuve :

« Où habites- tu ?

– A Chorazeïn, près du chemin qui mène à la fontaine chaude. Une maison basse entre deux figuiers.

– C’est bien. Je viendrai finir le char et le coffre, et tu les vendras à ceux qui les ont commandés. Attends-moi demain à l’aurore.

– Toi ! Toi, travailler pour moi ! »

L’étonnement suffoque la femme.

« Je reprendrai mon travail et je te donnerai la paix. En même temps, je donnerai une leçon de charité aux habitants sans cœur de Chorazeïn.

– Oh oui ! Sans cœur ! Si encore il y avait eu le vieil Isaac ! Il ne m’aurait pas laissée mourir de faim. Mais il est retourné auprès d’Abraham…

– Ne pleure pas. Repars tranquille. Voilà ce dont tu as besoin pour aujourd’hui. Demain, je viendrai. Va en paix. »

La femme se prosterne pour baiser son vêtement et s’en va plus tranquille.

266.3

« Maître trois fois saint, puis-je te saluer ? » demande l’un des trois hommes qui sont survenus et qui se sont arrêtés respectueusement derrière Jésus, en attendant qu’il congédie la femme, et qui ont donc entendu la promesse de Jésus. Et cet homme qui salue, c’est Manahen.

Jésus se tourne et dit avec un sourire :

« Paix à toi, Manahen ! Tu t’es donc souvenu de moi ?

– Toujours, Maître. Et j’avais décidé de venir te trouver chez Lazare ou au Jardin des Oliviers pour être avec toi. Mais avant la Pâque, Jean-Baptiste a été pris. Il a été repris par trahison, et je craignais qu’en l’absence d’Hérode, venu à Jérusalem pour la Pâque, Hérodiade n’ordonne de tuer le Saint. Elle n’a pas voulu aller à Sion pour les fêtes, disant qu’elle était malade. Malade, oui, de haine et de luxure… Je suis allé à Machéronte pour surveiller… et retenir la femme perfide qui serait capable de tuer de sa main… Si elle ne le fait pas, c’est par crainte de perdre la faveur d’Hérode qui… par peur ou par conviction, défend Jean, en se bornant à le garder en prison. En ce moment, Hérodiade a fui la chaleur accablante de Machéronte pour aller dans un château qui lui appartient. Et je suis venu avec mes amis et disciples de Jean. Il les a envoyés t’interroger et je me suis uni à eux. »

266.4

Les gens, entendant parler d’Hérode et comprenant quel est celui qui en parle, se pressent avec curiosité autour du groupe de Jésus et des trois hommes.

« Que vouliez-vous me demander ? demande Jésus après les échanges de salutations avec les deux austères personnages.

– Parle, Manahen, toi qui sais tout, et qui lui es plus attaché, dit l’un des deux.

– Voici, Maître. Tu dois être indulgent si, par excès d’amour, les disciples en viennent à se méfier de Celui qu’ils croient opposés à leur maître ou désireux de le supplanter. C’est ce que font tes disciples, de même que ceux de Jean. C’est une jalousie compréhensible qui montre tout l’amour des disciples pour leurs maîtres. Quant à moi… je suis impartial, et ceux qui m’accompagnent ici peuvent le confirmer, car je te connais et je connais Jean ; et je vous aime avec justice, au point que, bien que je t’aime, toi, pour ce que tu es, j’ai préféré faire le sacrifice de rester auprès de Jean parce que je le vénère, lui aussi, pour ce qu’il est, et actuellement parce qu’il est plus en danger que toi. Maintenant, à cause de cet amour que les pharisiens attisent par rancœur, ils en sont venus à douter que tu es le Messie. Et ils l’ont avoué à Jean, croyant lui faire plaisir en lui disant : “ Pour nous, c’est toi qui es le Messie. Nul ne peut être plus saint que toi. ” Jean a commencé par leur faire des reproches en les traitant de blasphémateurs puis, après ces reproches, il leur a expliqué avec plus de douceur tout ce qui te désigne comme le vrai Messie. Enfin, voyant qu’ils n’étaient pas encore persuadés, il a pris deux d’entre eux – ceux-ci – et leur a dit : “ Allez le trouver et dites-lui en mon nom : ‘ Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? ’” Il n’a pas envoyé les disciples autrefois bergers car, eux, ils croient et il n’aurait servi à rien de les envoyer. Mais il a choisi des hommes qui doutent pour qu’ils t’approchent et que leurs paroles dissipent les questionnements de ceux qui sont comme eux. Je les ai accompagnés pour pouvoir te voir. J’en ai fini : à toi, maintenant, d’apaiser leurs incertitudes.

266.5

– Mais ne nous crois pas hostiles, Maître ! Les paroles de Manahen pourraient te le faire penser. Nous… nous… Nous con­naissons depuis des années Jean-Baptiste et nous l’avons toujours vu saint, pénitent, inspiré. Toi… nous ne te connaissons que par ce que d’autres en disent. Et tu sais ce qu’est la parole des hommes… Elle crée et détruit renommée et éloges par le contraste entre ceux qui exaltent et ceux qui dénigrent, comme un nuage se forme et se dissipe par l’effet de deux vents contraires.

– Je sais, je sais… Je lis dans votre âme, et vos yeux lisent la vérité dans ce qui vous entoure, de même que vos oreilles ont entendu mon entretien avec la veuve. Cela suffirait pour vous convaincre. Mais je vous dis : observez ce qui m’entoure. Ici, il n’y a ni riches ni jouisseurs, ni personnes scandaleuses. Mais des pauvres, des malades, des juifs honnêtes qui veulent connaître la Parole de Dieu. Rien d’autre. Celui-ci, celui-là, cette femme, et aussi cette fillette et ce vieillard sont venus ici malades et sont maintenant en bonne santé. Interrogez-les et ils vous diront ce qu’ils avaient, comment je les ai guéris, et comme ils vont maintenant. Allez-y, faites-le. Pendant ce temps, je discute avec Manahen. »

Jésus fait mine de se retirer.

« Non, Maître. Nous ne doutons pas de tes paroles. Donne-nous seulement une réponse à apporter à Jean, afin qu’il voie que nous sommes venus et qu’il puisse se baser sur elle pour con­vaincre nos compagnons.

– Allez rapporter ceci à Jean : “ Les sourds entendent : cette fillette était sourde et muette. Les muets parlent : cet homme était muet de naissance. Les aveugles voient. ”

266.6

Homme, viens ici. Dis-leur ce que tu avais » dit Jésus en prenant un miraculé par le bras.

Ce dernier répond :

« Je suis maçon, et un seau plein de chaux vive m’est tombé sur la figure et m’a brûlé les yeux. Depuis quatre ans, j’étais dans les ténèbres. Le Messie a humecté mes yeux desséchés avec sa salive et ils sont redevenus plus frais que quand j’avais vingt ans. Qu’il en soit béni. »

Jésus reprend :

« Et avec les aveugles, les sourds et les muets guéris, les boiteux se redressent et les estropiés courent. Voilà ce vieillard qui était tout à l’heure déformé et qui est maintenant droit comme un palmier du désert et agile comme une gazelle. Les maladies les plus graves guérissent. Toi, femme, qu’avais-tu ?

– Un mal au sein pour avoir trop donné de lait à des bouches voraces et le mal, avec le sein, me rongeait la vie. Maintenant, regardez ! »

Elle entrouvre son vêtement, montrant son sein intact et elle ajoute :

« Ce n’était qu’une plaie, comme ma tunique encore couverte de pus le montre. Maintenant, je rentre chez moi mettre un vêtement propre. Je suis forte et heureuse. Alors que, hier seulement, j’étais mourante, amenée ici par des gens charitables, et si malheureuse… à cause des enfants qui allaient bientôt être sans mère. Louange éternelle au Sauveur !

– Vous entendez ? Et vous pouvez interroger le chef de la synagogue de cette ville sur la résurrection de sa fille. En allant vers Jéricho, passez par Naïm. Informez-vous au sujet du jeune homme ressuscité en présence de toute la ville, au moment où on allait le mettre au tombeau. Vous pourrez ainsi rapporter que les morts ressuscitent. Que beaucoup de lépreux sont guéris, comme vous pouvez l’apprendre dans de nombreuses localités d’Israël ; si vous voulez aller à Sycaminon, cherchez-en parmi les disciples et vous en trouverez plusieurs. Dites donc à Jean que les lépreux sont purifiés. Et dites, puisque vous le voyez, que la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Et bienheureux celui qui ne sera pas scandalisé à mon sujet.

266.7

Rapportez cela à Jean. Et dites-lui que je le bénis avec tout mon amour.

– Merci, Maître. Bénis-nous aussi avant notre départ.

– Vous ne pouvez partir par cette chaleur. Soyez donc mes hôtes jusqu’au soir. Vous vivrez pendant un jour la vie de ce Maître qui n’est pas Jean, mais que Jean aime parce qu’il sait qui il est. Venez à la maison. Il y fait frais et je vous restaurerai. Adieu, mes auditeurs. Que la paix soit avec vous. »

Après avoir congédié les foules, il rentre à la maison avec ses trois hôtes…

266.8

… Je ne sais pas ce qu’ils se disent pendant ces heures de chaleur étouffante. Ce que je vois maintenant, ce sont les préparatifs du départ des deux disciples pour Jéricho. Il semble que Manahen reste car on n’a pas amené son cheval avec les deux ânes robustes devant l’ouverture du mur de la cour. Les deux envoyés de Jean, après s’être inclinés plusieurs fois devant le Maître et devant Manahen, montent en selle et se retournent encore pour regarder et saluer jusqu’à ce qu’un détour de la route les dérobe à la vue.

Beaucoup d’habitants de Capharnaüm se sont rassemblés pour voir ce départ, car la nouvelle de la venue des disciples de Jean et la réponse de Jésus ont fait le tour de la ville et, je crois, aussi des autres villages voisins. Je vois des habitants de Bethsaïde et de Chorazeïn – peut-être d’anciens disciples de Jean Baptiste –, qui se sont présentés aux envoyés de Jean pour demander de ses nouvelles et lui envoyer leurs salutations. Ils restent maintenant en groupe avec des habitants de Capharnaüm pour discuter. Jésus, avec Manahen à son côté, va rentrer dans la maison en parlant. Mais les gens se pressent autour de lui, curieux d’observer le frère de lait d’Hérode et ses manières pleines de respect pour Jésus et ils désirent parler avec le Maître.

266.9

Il y a aussi Jaïre, le chef de la synagogue, mais, grâce à Dieu, il n’y a pas de pharisiens. C’est justement Jaïre qui dit :

« Jean sera content ! Non seulement tu lui as envoyé une réponse exhaustive, mais aussi, en les retenant, tu as pu les instruire et leur montrer un miracle.

– Et quel miracle ! » dit un homme. « J’avais amené exprès ma fillette aujourd’hui pour qu’ils la voient. Elle n’a jamais été aussi bien et, pour elle, c’est une joie de venir voir le Maître. Vous avez entendu sa réponse, hein ? “ Je ne me rappelle pas ce qu’est la mort. Mais je me souviens qu’un ange m’a appelée en me faisant passer à travers une lumière de plus en plus vive au bout de laquelle il y avait Jésus. Et je ne le vois plus maintenant comme je l’ai vu alors, avec mon âme qui revenait en moi. Vous et moi, en ce moment, nous voyons l’Homme, mais mon âme a vu le Dieu enfermé dans l’Homme. ” Et comme elle est devenue bonne, depuis ! Elle était déjà bonne, mais maintenant c’est vraiment un ange. Ah ! Tous peuvent bien dire ce qu’ils veulent, pour moi il n’y a pas d’autre saint que toi !

– Mais Jean aussi est saint, dit un homme de Bethsaïde.

– Oui, mais il est trop sévère.

– Il ne l’est pas davantage pour les autres que pour lui-même.

– Mais il ne fait pas de miracles et l’on dit qu’il jeûne pour ressembler à un mage.

– Et pourtant il est saint. »

La discussion monte dans la foule.

266.10

Jésus lève la main et l’étend de son geste habituel quand il réclame le silence et l’attention parce qu’il veut parler. Le silence se fait aussitôt. Jésus dit :

« Jean est saint et grand. Ne regardez pas sa façon de faire ni l’absence de miracles. En vérité je vous le dis : “ C’est un géant du Royaume de Dieu. ” C’est là qu’il apparaîtra dans toute sa grandeur.

Beaucoup se plaignent de ce qu’il était – et reste – sévère jusqu’à en paraître dur. En vérité, je vous affirme qu’il a fait un travail de géant pour préparer les voies du Seigneur. Et celui qui travaille ainsi n’a pas de temps à perdre en mollesses. Quand il était au bord du Jourdain, ne citait-il pas les paroles[2] où Isaïe l’annonce, lui et le Messie : “ Toute vallée sera comblée, toute montagne abaissée, les voies tortueuses seront redressées et les escarpements aplanis ”, et cela pour préparer les voies au Sauveur et Roi ? Mais, en vérité, il a fait, lui, plus que tout Israël pour me préparer le chemin ! Et celui qui doit abattre les montagnes et combler les vallées, redresser les routes et rendre douces les montées pénibles, ne peut que travailler avec rudesse. C’est qu’il était le Précurseur et il ne me devançait que de quelques lunes ; or tout devait être fait avant que le Soleil ne soit au plus haut sur le jour de la Rédemption. Ce jour est arrivé, le Soleil monte pour resplendir sur Sion et de là sur le monde entier. Jean a préparé la route, comme il le devait.

Qu’êtes-vous allés voir dans le désert ? Un roseau agité par le vent dans toutes les directions ? Qu’êtes-vous donc allés voir ? Un homme vêtu de façon délicate ? Mais ceux-là habitent dans les demeures des rois, accoutrés de vêtements somptueux et servis avec respect par mille serviteurs et courtisans, et ils sont eux-mêmes les courtisans d’un pauvre homme. Il y en a un ici. Demandez-lui s’il n’éprouve pas de dégoût pour la vie de cour et de l’admiration pour le rocher solitaire et rugueux sur lequel la foudre et la grêle se ruent en vain et sur lequel des vents imbéciles tourbillonnent pour l’arracher, alors qu’il reste ferme, élancé de toutes parts vers le ciel, avec sa flèche qui, d’en haut, prêche la joie tant elle est droite et pointue comme une flamme qui s’élève. Voilà qui est Jean. C’est ainsi que le voit Manahen, car il a compris la vérité de la vie et de la mort, et il reconnaît la grandeur là où elle se trouve, même si elle se cache sous des apparences sauvages.

Et vous, qu’avez-vous vu en Jean quand vous êtes allés le voir ? Un prophète ? Un saint ? Je vous le dis : il est plus qu’un prophète. Il est plus que beaucoup de saints, plus que des saints car c’est de lui qu’il est écrit[3] : “ Voici que j’envoie devant vous mon ange pour préparer mes voies devant toi. ”

266.11

Ange. Réfléchissez. Vous savez que les anges sont de purs esprits créés par Dieu à sa ressemblance spirituelle, servant de lien entre l’homme – la perfection de la création visible et matérielle – et Dieu – la perfection du Ciel et de la terre, le Créateur du Royaume spirituel et du règne animal –. En l’homme, même le plus saint, il y a toujours la chair et le sang pour mettre un abîme entre Dieu et lui. Et cet abîme s’approfondit par suite du péché qui alourdit même la partie spirituelle de l’homme. Alors Dieu crée les anges, ces créatures qui atteignent le sommet de l’échelle de la création comme les minéraux en marquent la base : les minéraux, la poussière qui forme la terre, les matières non organiques en général. Ils sont de purs miroirs de la Pensée de Dieu, des flammes qui s’appliquent à agir par amour ; ils sont toujours prêts à comprendre, empressés d’agir ; leur volonté est libre comme la nôtre, mais cette volonté toute sainte ignore les ré­voltes et l’attrait du péché. Voilà ce que sont les anges adorateurs de Dieu, ses messagers auprès des hommes, nos protecteurs, qui nous donnent la Lumière qui les enveloppe et le Feu qu’ils recueillent en adorant.

Jean est appelé : “ ange ” par la parole prophétique. Eh bien, je vous le dis : “ Parmi les enfants des femmes, il n’en est jamais surgi de plus grand que Jean-Baptiste. ” Et cependant le plus petit dans le Royaume des Cieux sera plus grand que lui en tant qu’homme. Car un citoyen du Royaume des Cieux est enfant de Dieu et non de la femme. Tendez donc tous à devenir citoyens du Royaume.

266.12

Que vous demandiez-vous l’un à l’autre ?

– Nous disions : “ Mais est-ce que Jean sera dans le Royaume ? Et comment y sera-t-il ? ”

– dans son âme, il appartient déjà au Royaume, et il y sera après sa mort comme un des soleils les plus brillants de la Jérusalem éternelle. Et cela en raison de la grâce qui, en lui, est sans défaut et en raison de sa volonté propre. Car il a été et il est violent même avec lui-même, pour un but saint… Depuis Jean-Baptiste, le Royaume des Cieux appartient à ceux qui savent le conquérir par la violence contre le Mal, et ce sont les violents qui s’en emparent. Car on sait maintenant ce qu’il convient de faire et tout est donné pour cette conquête. Nous n’en sommes plus au temps où seuls la Loi et les prophètes avaient la parole. Ils ont parlé jusqu’à Jean. Maintenant, c’est la Parole de Dieu qui parle et elle ne cache pas un iota de ce qu’il faut savoir pour mener cette conquête à bien. Si vous croyez en moi, vous devez donc voir en Jean cet Elie qui doit revenir[4]. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende !

A quoi comparerai-je cette génération ? Elle ressemble à ces gamins qui, assis sur la place, interpellent leurs compagnons : “ Nous avons joué de la flûte et vous n’avez pas dansé ; nous avons entonné des lamentations et vous n’avez pas pleuré. ” En effet, Jean est venu, lui qui ne mange ni ne boit, et cette génération dit : “ S’il peut agir ainsi, c’est que le démon l’aide. ” Le Fils de l’homme est venu, il mange et il boit, et l’on dit : “ Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs. ” Ainsi la Sagesse voit ses enfants lui rendre justice !

266.13

En vérité, je vous le dis, seuls les tout-petits savent recon­naître la vérité parce qu’il n’est pas de malice en eux.

– Tu as bien parlé, Maître » dit le chef de la synagogue. « Voilà pourquoi ma fille, encore sans malice, te voit tel que nous n’arrivons pas à te voir. Et pourtant, cette ville et les villes voisines voient déborder sur elles ta puissance, ta sagesse et ta bonté et, je dois le reconnaître, elles ne progressent qu’en méchanceté à ton égard. Elles ne se repentent pas et le bien que tu leur fais y fermente en haine contre toi.

– Qu’est-ce que tu dis, Jaïre ? Tu nous calomnies ! Nous sommes ici parce que nous sommes fidèles au Christ, dit un habitant de Bethsaïde.

– Oui, nous ! Mais combien sommes-nous ? Moins de cent sur trois villes qui devraient être aux pieds de Jésus. Parmi ceux qui manquent – et je parle des hommes –, la moitié est hostile, un quart indifférent, quant à l’autre, je préfère penser qu’il ne peut pas venir. N’est-ce pas une faute aux yeux de Dieu ? Et est-ce qu’il ne punira pas toute cette hargne et cet entêtement dans le mal ? Parle, toi, Maître, qui sais ! Si tu te tais, c’est par bonté, mais pas parce que tu l’ignores. Tu es généreux, et on le prend pour de l’ignorance et de la faiblesse. Parle donc, et que ta parole puisse secouer au moins les indifférents, puisque les méchants ne se convertissent pas mais deviennent toujours plus méchants.

– Oui, c’est une faute et elle sera punie. Car le don de Dieu ne doit jamais être méprisé ni servir à faire du mal. Malheur à toi, Chorazeïn, malheur à toi, Bethsaïde, vous qui faites un mauvais usage des dons de Dieu ! Si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, il y aurait déjà longtemps que leurs habitants, vêtus de cilice et couverts de cendre, auraient fait pénitence et seraient venus à moi. C’est pourquoi je vous assure qu’il sera fait preuve d’une plus grande clémence pour Tyr et Sidon que pour vous au jour du Jugement. Et toi, Capharnaüm, crois-tu que tu seras élevée jusqu’au Ciel uniquement pour m’avoir accordé l’hospitalité ? Tu descendras jusqu’en enfer ! Car si les miracles qui ont eu lieu chez toi avaient eu lieu à Sodome, elle serait encore florissante, parce qu’elle aurait cru en moi et se serait convertie. On montrera donc plus de clémence pour Sodome au jour du jugement dernier – comme elle n’a pas connu le Sauveur et sa Parole, sa faute est moins grande – que pour toi qui as connu le Messie et entendu sa parole, mais ne t’es pas convertie. Cependant, puisque Dieu est juste, il sera fait preuve d’une grande miséricorde pour les habitants de Capharnaüm, de Bethsaïde et de Chorazeïn qui ont cru et se sanctifient en obéissant à ma parole. Car il n’est pas juste que les justes soient mêlés à la ruine des pécheurs.

266.14

En ce qui concerne ta fille, Jaïre, et la tienne, Simon, et ton enfant, Zacharie, et tes petits-enfants, Benjamin, je vous affirme que, eux qui sont sans malice, ils voient déjà Dieu. Et vous voyez comme leur foi est pure et agissante en eux, unie à la sagesse céleste et à des désirs de charité que les adultes ne possèdent pas. »

Et Jésus, levant les yeux vers le ciel qui s’assombrit à l’ap­proche du soir, s’écrie :

« Je te remercie, Père, Seigneur du Ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux savants et de l’avoir révélé aux tout-petits. Il en est ainsi, Père, parce que tel a été ton bon plaisir. Tout m’a été remis par mon Père, et nul ne le connaît si ce n’est le Fils et ceux auxquels le Fils aura voulu le révéler. Et moi, je l’ai révélé aux petits, aux humbles, aux purs, car Dieu se communique à eux ; la vérité descend en eux comme une semence sur des terres libres, et le Père fait pleuvoir sur elle ses lumières afin qu’elle s’enracine et produise une plante. Le Père prépare les âmes de ces petits – petits par l’âge ou du fait de leur volonté – pour qu’ils connaissent la vérité et que j’aie la joie de leur foi. »

266.1

Jesus is alone with Matthew, who, having hurt his foot, has not been able to go and preach with the others. Invalids and people anxious to hear the doctrine of the Gospel have crowded the terrace and the free area of the kitchen garden, to hear Jesus and receive assistance.

266.2

Jesus stops speaking by saying: «We have meditated together on Solomon’s great sentence[1]: “The greatest strength lies in the abundance of justice” and I now exhort you to have such abundance, because it is money to enter the Kingdom of Heaven. Be with My peace and may God be with you.» He then turns to the poor and the sick – in many cases the same person is both – and He kindly listens to what they tell Him, He assists with money, advises with words, cures them by imposing His hands and by His words. Matthew, who is beside Him, sees to the alms in money.

Jesus is attentively listening to a poor widow who weeping informs Him of the sudden death of her husband, a carpenter, at his work bench, only a few days before: «I ran here looking for You, and all the relatives of my dead husband accused me of being unbecoming and hard-hearted and they now curse me. But I came because I know that You can raise people from death and I also know that if I had found You, my husband would have risen again. But You were not here… He has now been buried for two weeks… and I am here with five children… Our relatives hate me and do not help me. I have some olive-trees and vines. They are only a few, but they would give me bread for the winter months, if I could only keep them until harvest time. But I have no money, because my husband was ill for some time and worked very little and he ate and drank even too much to support himself. He used to say that wine did him good… but it brought about double trouble as it killed him and used up all our savings, which were already scanty because of his work. He was just finishing a cart and a chest and he had orders for two beds, some tables and shelves. But now… They are not finished and my boy is not yet eight years old. I shall lose the money… I shall have to sell the tools and the wood. I cannot sell the cart and the chest as such, although they are almost finished, and I shall have to give them as firewood. And the money will not be enough, because I, my old mother, who is also ill, and five children are seven all together… I will sell the vineyard and the olive-trees… But You know what the world is like… They fleece you when they know that you are in need. Tell me, what shall I do? I wanted to keep the bench and tools for my son, who is already capable of doing some work with wood… and I wanted to keep the land to live on and as a dowry for my daughters…»

Jesus is listening to all that when the confusion of the crowd warns Him that something is happening. He turns around and sees three men who are elbowing their way through the crowd. He turns around to the widow again to ask her: «Where do you live?»

«At Korazim, near the road to the Warm fountain. A low house between two fig trees.»

«Very well. I will come and finish the cart and the chest and you will sell them to those who ordered them. Wait for Me tomorrow at dawn.»

«What? You are going to work for me!» the woman is choking with amazement.

«I will resume My work and bring you peace. And in the meantime I will give a lesson on charity to the heartless people of Korazim.»

«Yes! They have no hearts! If only old Isaac were there! He would not have let me die of starvation. But he has gone back to Abraham…»

«Do not weep. Do not worry. Here is what you need for today. I will come tomorrow. Go in peace.»

The woman stoops to kiss His tunic and she is somewhat relieved when she goes away.

266.3

«Three times holy Master, may I greet You?» asks one of the three men who have just arrived and have stopped respectfully behind Jesus, waiting for Him to dismiss the woman, and have thus heard Jesus’ promise. The man who has greeted Jesus is Manaen.

Jesus turns around and smiling says: «Peace to you, Manaen! So you remember Me?»

«Always, Master. And I had planned to come to see You in Lazarus’ house or at the Garden of Gethsemane and stay with You. But the Baptist was captured before Passover. He was recaptured by treachery and I was afraid that Herodias might order the holy man to be killed during the absence of Herod, who had come to Jerusalem for Passover. She refused to go to Zion for the Festivity saying that she was not well. It is true, she was ill… of hatred and lust… I was at Machaerus to control the situation and check the wicked woman who is capable of killing with her own hand… And she does not do so because she is afraid of losing Herod’s favour who… either because he is afraid or he is convinced, defends John, confining his action to keeping him in prison. Herodias has now escaped from the oppressing heat at Machaerus and she has gone to a castle of her own property. So I came with these friends of mine and disciples of John. He sent them that they may ask You some questions. And I joined them.»

266.4

When the crowd heard the man speak of Herod and they understand who is speaking, they press curiously around the little group of Jesus and the three men.

«What did you want to ask Me?» asks Jesus after exchanging greetings with the two austere individuals.

«You had better speak, Manaen, since you know everything and you are more friendly» says one of the two.

«Well, Master. You must be indulgent if out of excess of love these disciples look suspiciously at Him Whom they believe to be the antagonist or the supplanter of their master. Your disciples do so as well as John’s. It is an understandable jealousy that proves all the love of the disciples for their masters… I am… impartial, and these who are with me can confirm it, because I know You and John and I love you both with justice, so much so that, although I love You for what You are, I preferred to sacrifice myself and stay with John, because I respect him as well for what he is, and at the present moment, because he is in greater danger than You are. Now, because of their love, the Pharisees are adding fuel to the fire with their hatred, they have come to doubt that You are the Messiah. And they told John thinking that they would fill him with joy by saying: “As far as we are concerned you are the Messiah. There cannot be anyone holier than you are”. But John reproached them calling them first of all blasphemers, and then, after rebuking them, he more kindly explained the various facts that prove that You are the true Messiah. Finally, when he realised that they were still not convinced, he took two of them, these ones here, and said: “Go to Him and say to Him in my name: ‘Are You the One Who is to come, or shall we wait for another one?’ “. He did not send the shepherd disciples, because they believe and it would have been of no avail to send them. But he chose amongst those who are doubtful to let them approach You, so that their word may dispel the doubts of their companions. I brought them here so that I could see You as well. That is all. I beg You to dispel their doubt.»

266.5

«But do not think that we are hostile to You, Master! Manaen’s words might make You think so. We… We have known the Baptist for years and we have always seen him to be holy, penitent, inspired. You… we know You only through the words of other people. And You know what the words of man are worth… They build up and destroy fame and praises in the contrast between those who exalt and those who demolish, as a cloud is formed and dissolved by contrasting winds.»

«I know. I read in your souls and your eyes can read the truth in what surrounds you, just as your ears heard My conversation with the widow. That should be enough to convince you. But I say to you: look at those who are around Me. There are no rich, or jolly or scandalous people here; but only poor, sick, honest Israelites who are anxious to know the Word of God. Nothing else. This man, that one, this woman, and that little girl, that old man, were ill when they came here, and now they are sound and healthy. Ask them and they will tell you what was wrong with them, how I cured them and how they are feeling now. Do so. And in the meantime I will speak to Manaen» and Jesus is about to withdraw.

«No, Master. We do not doubt Your words. Just give us a reply to take back to John, that he may know that we came here, and on the strength of it he may convince our companions.»

«Go and report this to John: “The deaf hear; this girl was deaf and dumb. The dumb speak; and that man was dumb since his birth. The blind see”.

266.6

Man, come here. Tell these men what was wrong with you» says Jesus taking a miraculously cured man by the arm.

The man says: «I am a mason and a pail full of quicklime fell on my face. It burnt my eyes. I was in the dark four years. The Messiah wetted my dry eyes with His saliva and they have become fresher than when I was twenty years old. May He be blessed for it.»

Jesus resumes: «And with the blind, the deaf, the dumb who have been cured, the lame walk straight, the crippled run. Over there is that old man, a short while ago he was contracted, now he is as straight as a palm tree in the desert, and as agile as a gazelle. The most serious diseases are cured. Woman, what was the matter with you?»

«I had trouble with my breast for giving too much milk to voracious mouths. And my illness ate not only into my breast but also into my life. Look now» and opening her dress she shows her wholesome breasts and adds: «They were one big sore, as you can see from my tunic which is still soaked with pus. I am now going home to put on a clean dress and I feel strong and am happy. Whilst only yesterday I was dying and I was brought here by compassionate friends, and I was so unhappy… because of my children who were about to be left motherless. Eternal praise to the Saviour!»

«Do you hear? And you can ask the head of the synagogue of this town with regard to the resurrection of his daughter, and on your way back to Jericho, go to Naim, and ask for the young man who rose again in the presence of the whole town when they were going to put him into his grave. You will thus be able to report that dead people rise again from the dead. You will be able to find out in many places in Israel that a large number of lepers have been cured, but if you wish to go to Sicaminon you will find many among the disciples, if you look for them. Tell John, therefore, that lepers are cleansed. And tell him, as you can see, that the Gospel is announced to the poor. And blessed are those who will not be scandalised in Me.

266.7

Tell John that. And tell him that I bless him with all My love.»

«Thank You, Master. Bless us as well, before our departure.»

«You cannot leave in this warm hour. Stay here, therefore, as My guests, until evening. You will live for one day the life of this Master Who is not John, but loves John because He knows who he is. Come into the house. It is cool and it will restore you. Goodbye, My listeners. Peace be with you» and after dismissing the crowd He enters the house with the three guests…

266.8

… What they have said to one another during those sweltering hours I do not know. What I now see is the preparation for the departure to Jericho of the two disciples. Manaen is apparently staying, because they have not brought his horse with the two strong donkeys to the opening in the wall of the yard. The two messengers of John, after bowing several times to the Master and Manaen, mount their donkeys and look back saluting until they disappear round a corner.

Many people of Capernaum have gathered together to see the departure, because the news of the visit of John’s disciples and of Jesus’ reply to them had spread through the village and I think it reached nearby towns as well. I see people from Bethsaida and Korazim, who introduced themselves to John’s messengers, asking after him and to be remembered to him – they are perhaps ex-disciples of the Baptist – who are now chatting together with the people of Capernaum, making their comments. Jesus is about to enter the house while speaking to Manaen who is beside Him. But people press around Him, anxious to see Herod’s foster-brother and his respectful manners to Jesus, and to speak to Jesus at the same time.

266.9

There is also Jairus, the head of the synagogue. But, thanks be to God, there are no Pharisees. And it is Jairus who remarks: «John will be glad! You have sent him not only an exhaustive answer, but, by keeping them here, You have also been able to teach them and show them a miracle.»

«And it was not a little one, either!» exclaims a man.

«I deliberately brought my little daughter here today, that they might see her. She has never been so well and it is a great joy for her to come to the Master. And did you hear her reply? “I do not remember what death is. But I remember that an angel called me and he took me through a brighter and brighter light at the end of which there was Jesus. And I do not see him now as I saw Him then with my soul that was coming back to me. You and I now see the Man. But my soul saw the God Who is closed in the Man”. And how good she has become since then! She was good. But now she is a real angel. Ah! they can say what they like, but as far as I am concerned, no one is holy but You!»

«But John is holy, too» says a man of Bethsaida.

«Yes. But he is too severe.»

«Not more with others than he is with himself.»

«But he does not work miracles and they say that he fasts to be like a magician.»

«And yet he is a saint» and the petty quarrel spreads among the crowd.

266.10

Jesus raises His hand stretching it out in His usual gesture asking for silence and attention when He wants to speak. The crowd become silent at once.

Jesus says: «John is holy and great. Do not consider his way of behaving or the lack of miracles. I solemnly tell you: “He is a great one in the Kingdom of God”. He will appear there in all his grandeur.

Many complain that he was and still is so severe as to appear rude. I tell you solemnly that he has worked like a giant to prepare the ways of the Lord. And he who works like that has no time for softness. Did he not repeat, when he was along the Jordan, the words[2] of Isaiah, by which he and the Messiah are prophesied: “Let every valley be filled in, every mountain and hill be laid low, let every cliff become a plain, and the ridges a valley” in order to prepare the ways to the Lord and King? He really did more than the whole of Israel to prepare My way! And he who has to lay mountains low and fill in valleys and straighten roads and make ridges become plains can but work rudely, because he was the Precursor and he preceded Me by only a few months and everything was to be done before the Sun was high on the day of Redemption. And this is the time, the Sun is rising to shine on Zion and thence on the whole world. John has prepared the way as he had to do.

What did you go to see in the wilderness? A reed swaying in every direction in the breeze? But what did you go to see? A man clad in fine soft clothes? But those live in the palaces of kings, wearing fine clothes and respected by many servants and courtiers, and they are courtiers themselves of a poor man. There is one here. Ask him whether he is not disgusted with the life at Court and whether he admires the solitary rugged rock that is struck in vain by thunderbolts and scourged by hailstones, and against which silly winds struggle endeavouring to demolish it, while it stands firm, thrusting its whole being towards the sky, with its top proclaiming the joy of altitude, straight as it is and sharp like a rising flame. That is John. That is how Manaen sees him, because he has understood the truth of life and death and he can see grandeur where it really is, even if it be hidden under a wild appearance.

And what did you see in John when you went to see him? A prophet? A saint? I will tell you: He is more than a prophet. He is more than many saints, because he is the one of whom it is written[3]: “Look, I am going to send my angel to prepare Your way before You”.

266.11

Angel. Consider this. You know that the angels are pure spirits created by God to His spiritual likeness and placed as a link between man, the perfection of the visible and material creation, and God, the Perfection of Heaven and Earth, Creator of the spiritual Kingdom and of the animal kingdom. Even in the holiest man there is always flesh and blood forming an abyss between him and God. And the abyss subsides under the weight of sin that weighs down also what is spiritual in man. So God created the angels, creatures reaching the summit of the creation scale, just as minerals lie at its base, minerals being the dust forming the earth and inorganic materials in general. They are clear mirrors of the Thought of God, willing flames operating out of love, ready to understand, quick in acting, free in willing as we are, but their entirely holy will ignores the rebellion and incentive of sin. That is what the angels adoring God are, His messengers to men, our protectors, who grant us the Light that shines on them and the Fire that they gather worshipping.

John is called “angel” by the prophetic word. And I say to you: “Of all the children born of women, a greater one than John the Baptist has never been seen”. Yet the least in the Kingdom of Heaven will be greater than John-man. Because one of the Kingdom of Heaven is a son of God and not of woman. Endeavour therefore to become citizens of the Kingdom.

266.12

What are you asking one another?»

«We were saying: “But will John be in the Kingdom? And how will he be there?”»

«He is already in the Kingdom in his spirit and he will be there after his death as one of the most splendid suns of the eternal Jerusalem. And that because of the Grace that is in him without any flaw and through his own will. Because he was and is violent even against himself for a holy purpose. From the Baptist onwards the Kingdom of Heaven belongs to those who are capable of conquering it through strength opposed to Evil, and the violent will conquer it. Because now it is known what is to be done and everything has been given for such a conquest. It is no longer the time when only the Law and the Prophets spoke. They spoke down to the time of John. Now the Word of God speaks and He does not hide an iota of what is to be known for this conquest. Thus, if you believe in Me you must see him as the Elijah who is to come[4]. If anyone has ears to hear, let him listen. What description can I find for this generation? It is like children shouting to their companions as they sit in the market place: “We have played the pipes for you and you would not dance, we sang dirges and you would not weep”. For John came and he neither ate nor drank and this generation says: “He can do that because the demon assists him”. The Son of man came, eating and drinking and they say: “Here is a glutton and a drunkard, a friend of publicans and sinners”. Thus her children do justice to Wisdom!

266.13

I tell you solemnly that only children are capable of discerning the truth, because there is no malice in them.»

«You are right, Master» says the head of the synagogue. «That is why my daughter, who is still without malice, can see You as we are not able to see You. And yet this town and the neighbouring ones are overflowing with Your power, wisdom and kindness, and, I must admit it, they are making progress only in wickedness towards You. They will not mend their ways. And the good You do them ferments into hatred against You.»

«What are you saying, Jairus? You are calumniating us. We are here because we are faithful to the Christ» says one from Bethsaida.

«Yes. We are. But how many are we? Less than one hundred out of three towns that ought to be at Jesus’ feet. Of those who are absent, I am talking of the men, half are hostile, a quarter are indifferent, I will grant that the rest cannot come. Is that not a sin in the eyes of God? And will such hatred and obstinacy in evil not be punished? Speak, Master, because You know, and if You are silent it is out of kindness, not because You do not know. You are patient, and that is mistaken for ignorance and weakness. Speak, therefore and may Your words stir at least those who are indifferent, as the wicked will not repent, but they become more and more wicked.»

«Yes, it is a sin. And it will be punished. Because the gift of God must never be despised or used to do wrong. Woe betide you, Korazim, woe betide you, Bethsaida, who misuse the gifts of God. If the miracles worked in you had taken place in Tyre and Sidon, their inhabitants would have done penance and come to Me a long time ago, wearing sackcloths and sprinkled with ashes. I therefore say that Tyre and Sidon will be dealt with more mercifully than you will on Doomsday. And you, Capernaum, do you think that you will be exalted to Heaven only because you gave Me hospitality? You will descend to hell. Because if the miracles I gave you had been worked in Sodom, it would still be flourishing, as it would have believed in Me and turned. Therefore greater mercifulness will be shown to Sodom on the Day of Judgement, because they did not know the Saviour and His word, and thus their sin is not so grave, than will be shown to you, as you knew the Messiah and heard His word, but you did not mend your ways. But, since God is just, those of Capernaum, Bethsaida and Korazim who believed and are becoming holy obeying My word, will be treated with great mercifulness. Because it is not fair for the just to be involved in the ruin of sinners.

266.14

With regard to your daughter, Jairus, and yours, Simon, and your boy, Zacharias, and your grandchildren, Benjamin, I tell you that they already see God, because they are without malice. And you can see how their faith is pure and active, joined to celestial wisdom and charitable yearning, which adults do not possess.»

And Jesus, looking at the sky, which is becoming dark at dusk, exclaims: «I thank You, Father of Heaven and Earth, because You have concealed these things from wise and learned people and You have disclosed them to the humble. Because that is what pleases You. Everything has been trusted to Me by My Father, and nobody knows Him but the Son and those to whom the Son has revealed it. And I have revealed it to the little ones, to the humble, the pure, because God gives Himself to them, and the truth descends like seed on free soil and the Father pours His light on it that it may take root and grow. Truly, the Father prepares these souls of children by age or children by will, that they may know the truth and I may rejoice in their faith.»


Notes

  1. phrase : dans la Vulgate, c’était la seconde partie (inexplicablement absente de la nouvelle Vulgate) du verset de Pr 15, 5.
  2. paroles : en Is 40, 4.
  3. il est écrit : en Ml 3, 1.
  4. cet Elie qui doit revenir : c’est dit en Ml 3, 23. Jean-Baptiste est également comparé à Elie en 81.5 (“ Il est, par sa mission, l’égal d’Elie ”) et en note en 349.8

Notes

  1. sentence: in the Vulgate it used to form the second part of Proverbs 15:5. It is omitted in the Neo-Vulgate.
  2. words, which are in: Isaiah 40:4.
  3. it is written, in: Malachi 3:1.
  4. the Elijah who is to come, as it is said in: Malachi 3:23. John the Baptist is compared with Elijah in 81.5 (“He is equal to Elijah in his mission…”) and in the note in 349.8.