Los Escritos de Maria Valtorta

299. Les orphelins Marie et Matthias confiés à Jeanne, femme de Kouza.

299. A Juana de Cusa le son confiados,

299.1

Le lac de Tibériade n’est qu’une nappe grise. On dirait du mercure pesant, figé comme il l’est dans la bonace qui permet tout juste un semblant de flot fatigué qui n’arrive pas à faire de l’écume et s’arrête, s’immobilise après avoir esquissé un léger mouvement, en prenant sur toute son étendue une teinte uniforme sous un ciel sans éclat.

Pierre et André se tiennent autour de leur barque, Jacques et Jean près de la leur. Ils préparent le départ sur la petite plage de Bethsaïde. Odeur d’herbes et de terroir saturé d’eau, légères brumes sur les étendues herbeuses vers Chorazeïn, tristesse de novembre sur toutes choses.

299.2

Jésus sort de la maison de Pierre, tenant par la main les petits Matthias et Marie que la main de Porphyrée a revêtus avec un soin maternel en remplaçant le petit vêtement de Maria par un de Marziam. Mais Matthias est trop petit pour profiter de la même faveur et il tremble encore dans sa tunique déteinte en coton, si bien que Porphyrée, prise de pitié, revient à la maison et en sort avec un morceau de couverture dont elle enveloppe le petit comme si la couverture était un manteau. Jésus la remercie, pendant qu’elle s’agenouille pour prendre congé et se retire après un dernier baiser aux deux orphelins.

« Pour avoir des enfants, elle aurait bien encore pris ceux-ci » constate Pierre, qui avait observé la scène ; à son tour, il se penche pour offrir aux deux petits un morceau de pain couvert de miel, qu’il tenait en réserve sous un banc de la barque. Cela fait rire André, qui lui dit :

« Et pas toi, hein ? Tu as même volé le miel à ta femme pour donner un peu de joie à ces deux enfants.

– Volé ! Volé ! Ce miel est à moi !

– Oui, mais ma belle-sœur en est jalouse parce que c’est celui de Marziam. Et toi, qui le sais, tu es entré cette nuit dans la cuisine, pieds nus comme un voleur, pour en prendre de quoi garnir ce pain. Je t’ai vu, mon frère, et j’ai ri, parce que tu regardais tout autour de toi comme un enfant qui craint les claques de sa mère.

– Sale espion ! » dit en riant Pierre qui embrasse son frère, lequel, à son tour, l’embrasse en l’appelant : « Mon cher grand frère ! »

Jésus, qui se tient entre les deux enfants qui dévorent leur pain, les observe et sourit ouvertement.

299.3

Les huit autres apôtres arrivent de l’intérieur de Bethsaïde. Peut-être étaient-ils les hôtes de Philippe et de Barthélemy.

« Vite ! » s’écrie Pierre, et il prend en une seule brassée les deux enfants pour les porter dans la barque sans qu’ils mouillent leurs pieds nus.

« Vous n’avez pas peur, n’est-ce pas ? » demande-t-il en pataugeant dans l’eau avec ses jambes courtes et robustes, nu jusqu’à une bonne paume au-dessus du genou.

« Non, Seigneur » dit la fillette, mais elle se serre convulsivement au cou de Pierre et ferme les yeux quand il la dépose dans la barque qui se balance sous le poids de Jésus, qui y monte à son tour. Le petit garçon, plus courageux ou plus ébahi, ne dit rien.

Jésus s’assied, attire à lui les deux enfants et les couvre de son manteau qui ressemble à une aile étendue pour protéger deux poussins.

Six dans une barque, six dans l’autre, tout le monde est en place. Pierre enlève la planche qui sert de passerelle. D’un vigoureux coup de pied, il pousse la barque loin du bord et y saute en enjambant le bord. Jacques l’imite de son côté. La poussée donnée par Pierre a fait balancer la barque, et la fillette gémit en disant : « Maman ! » et en cachant son visage sur la poitrine de Jésus dont elle saisit ses genoux. Mais désormais l’allure est douce bien que fatigante pour Pierre, André et l’employé qui doivent souquer avec Philippe, qui fait le quatrième rameur. La voile flasque pend dans la bonace lourde et humide et ne sert à rien. Il leur faut avancer à force de bras.

« Belle promenade ! » crie Pierre à ceux de la barque jumelle où Judas fait le quatrième rameur avec un coup de poignet parfait dont Pierre le félicite.

« Vas-y, Simon ! » répond Jacques. « Vas-y ou nous te dépassons. Judas est fort comme un galérien. Bravo, Judas !

– Oui, nous te ferons chef de chiourme » confirme Pierre qui s’active pour deux.

Et il ajoute en riant :

« Mais vous n’enlèverez pas sa première place à Simon, fils de Jonas ! A vingt ans, j’étais déjà chef de banc dans les compétitions entre différents villages. »

Et il donne allègrement le rythme à sa chiourme :

« Ho !… hisse ! Ho !… hisse ! »

Les voix se répandent dans le silence du lac, désert à cette heure matinale.

299.4

Les enfants s’enhardissent. Toujours sous le manteau, ils sortent leurs visages maigrichons de chaque côté du Maître qui les tient embrassés et ils esquissent un sourire. Ils s’intéressent au travail des rameurs, ils échangent des commentaires.

« On dirait qu’on avance sur un char sans roues, dit le petit garçon.

– Non, sur un char au-dessus des nuages. Regarde ! On a l’impression de marcher au-dessus du ciel. Voilà, nous montons sur un nuage ! » dit Marie en voyant la barque enfoncer sa proue dans un endroit où se reflète un nuage cotonneux. Et elle esquisse un sourire.

Mais le soleil dissipe la brume et, bien que ce soit un pâle soleil de novembre, les nuages deviennent dorés et le lac en donne un reflet brillant.

« Oh ! C’est beau ! Maintenant nous marchons sur le feu. Oh ! Que c’est beau ! Que c’est beau ! »

Le petit garçon bat des mains. Mais la fillette se tait puis éclate en sanglots. Tout le monde lui en demande la raison. En hoquetant, elle explique :

« Maman récitait une poésie, un psaume, je ne sais pas, pour nous garder bons afin que nous puissions encore prier, avec tellement de chagrin… et elle disait cette poésie d’un Paradis qui sera comme un lac de lumière, d’un doux feu où il n’y aura que Dieu et la joie et où iront tous les hommes… après la venue du Sauveur… Ce lac d’or me le rappelle… Maman ! »

Matthias pleure aussi et tous compatissent.

299.5

Mais voilà que la douce voix de Jésus s’élève au-dessus du murmure de voix variées et au-dessus des lamentations des deux orphelins.

« Ne pleurez pas ; votre maman vous a conduits vers moi et elle est ici avec vous, pendant que je vous mène chez une mère qui n’a pas d’enfants. Elle sera bien contente d’avoir deux braves enfants à la place du sien, qui se trouve là où est votre maman. Car elle aussi a pleuré, vous savez ? Son petit garçon est mort comme votre maman…

– Oh ! Alors nous irons chez elle et son fils ira chez notre maman ! Dit Marie.

– C’est tout à fait cela et vous serez tous heureux.

– Comment est-elle, cette mère ? Qu’est-ce qu’elle fait ? C’est une paysanne ? A-t-elle un bon maître ? »

Les petits montrent de l’intérêt.

« Elle n’est pas paysanne, mais elle a un jardin plein de roses et elle est bonne comme un ange. Elle a un bon mari. Lui aussi vous aimera bien.

– Tu crois, Maître ? demande Matthieu, quelque peu incrédule.

– J’en suis certain, et vous en serez convaincus. Il y a quelque temps, Kouza voulait Marziam pour en faire un chevalier.

– Ah ! Pour ça, non ! S’écrie Pierre.

– Marziam sera un chevalier du Christ. Cela seulement, Simon. Sois tranquille. »

Le lac redevient gris : il se lève un vent léger qui en plisse la surface. La voile se tend, la barque file en vibrant. Mais les enfants ne rêvent qu’à leur nouvelle maman au point qu’ils n’éprouvent plus de peur.

299.6

Ils passent Magdala avec ses maisons blanches dans la verdure, longent la campagne entre Magdala et Tibériade. Et voilà les premières maisons de Tibériade.

« Où allons-nous, Maître ?

– Au petit port de Kouza. »

Pierre vire et donne des ordres à l’employé. La voile est amenée pendant que la barque s’approche du petit port, puis y entre, pour s’arrêter au petit môle, suivie de l’autre barque. Elles sont l’une à côté de l’autre comme deux canetons fatigués. Tout le monde descend, et Jean court en avant pour avertir les jardiniers.

Les petits se pressent timidement contre Jésus, et Marie demande en soupirant et en tirant le vêtement de Jésus :

« Est-ce qu’elle sera vraiment bonne ? »

Jean revient :

« Maître, un serviteur est en train d’ouvrir la grille. Jeanne est déjà levée.

– C’est bien. Attendez tous ici. Je vais devant. »

Et Jésus se met seul en marche. Les autres le regardent aller en faisant des commentaires plus ou moins favorables au sujet de ce qu’il tente. Les doutes et les critiques ne manquent pas. Mais de l’endroit où ils sont, ils ne voient que Kouza, qui est accouru et qui s’incline jusqu’à terre sur le seuil de la grille, puis qui entre dans le jardin à la gauche de Jésus. Après, ils ne voient plus rien.

299.7

Mais moi, je vois. Je vois Jésus marcher à côté de Kouza qui montre toute sa joie de l’avoir comme hôte :

« Ma Jeanne en sera très heureuse. Et moi aussi. Elle va toujours mieux. Elle m’a parlé du voyage. Quel triomphe, mon Seigneur !

– Tu n’en as pas été peiné ?

– Jeanne est heureuse, et je suis content de la voir comme cela. Elle aurait pu ne plus être à mes côtés, Seigneur.

– Elle aurait pu… et moi, je te l’ai rendue. Sache en être reconnaissant à Dieu. »

Kouza le regarde, interdit… puis il murmure :

« C’est un reproche, Seigneur ?

– Non, un conseil. Sois bon, Kouza.

– Maître, je suis un serviteur d’Hérode…

– Je le sais. Mais ton âme n’est servante de personne, excepté de Dieu, si tu le veux.

– C’est vrai, Seigneur, je me corrigerai. Parfois, je suis pris par le respect humain…

– L’aurais-tu eu l’an dernier quand tu voulais sauver Jeanne ?

– Oh non ! Au risque de perdre tout honneur, je me serais adressé à celui dont j’avais pensé qu’il pouvait la sauver.

– Fais-en autant pour ton âme. Elle est plus précieuse encore que Jeanne.

299.8

La voilà qui arrive. »

Ils hâtent le pas vers elle, qui accourt à leur rencontre.

« Mon Maître ! Je n’espérais pas te revoir si tôt. Quelle bonté te conduit chez ta disciple ! »

– Un besoin, Jeanne.

– Un besoin ? Lequel ? Parle et si nous le pouvons, nous t’aiderons, disent ensemble les deux époux.

– J’ai trouvé hier soir sur une route déserte deux pauvres enfants… une fillette et un petit garçon … Nu-pieds, en loques, désespérés, seuls… et je les ai vus chassés comme des loups par un homme au cœur de loup. Ils mouraient de faim… L’an dernier, j’ai donné à cet homme de vivre dans le bien-être. Or il a refusé un pain à deux orphelins. Car ce sont des orphelins. Abandonnés sur les chemins du monde cruel. Cet homme aura sa punition. Voulez-vous avoir ma bénédiction ? Je vous tends la main, en Mendiant d’amour, pour les orphelins sans maison, sans vêtements, sans nourriture, sans amour. Voulez-vous m’aider ?

– Maître, tu nous poses cette question ? Demande ce que tu veux, tout ce que tu veux, demande tout !… » répond Kouza impétueusement.

Jeanne reste silencieuse, mais, les mains serrées sur le cœur, une larme sur ses longs cils, un sourire de désir sur ses lèvres rouges, elle attend et en dit plus que si elle parlait.

Jésus la regarde et sourit :

« Je voudrais que ces enfants aient une mère, un père, une maison. Et que cette mère ait le nom de Jeanne… »

Il n’a pas le temps de finir que Jeanne pousse un cri comme une personne qui sort de prison, tandis qu’elle se prosterne pour baiser les pieds de son Seigneur.

« Et toi, Kouza, qu’en dis-tu ? Accueilles-tu en mon nom ces enfants que j’aime, et qui sont chers à mon cœur, bien plus chers que des joyaux ?

– Maître, où sont-ils ? Conduis-moi à eux et, sur mon honneur, je te jure qu’à partir du moment où je poserai ma main sur leur tête innocente, je les aimerai en vrai père, en ton nom.

– Dans ce cas, venez. Je savais bien que je ne viendrais pas pour rien. Venez. Ils sont sauvages, effrayés, mais bons. Fiez-vous à moi qui vois les cœurs et l’avenir. Ils donneront paix et union à votre couple, non pas tant maintenant qu’à l’avenir. Dans leur amour, vous retrouverez votre amour. Leurs baisers innocents seront le meilleur ciment pour votre maison d’époux. Et le Ciel vous sera bienveillant, toujours miséricordieux pour votre charité. Ils sont à l’extérieur de la grille. Nous venons de Bethsaïde… »

Jeanne n’écoute plus. Elle court en avant, prise du désir ardent de caresser les enfants. Et elle le fait en tombant à genoux pour serrer sur son sein les deux orphelins, en couvrant de baisers leurs joues émaciées, pendant qu’ils regardent avec étonnement la belle dame aux vêtements couverts de bijoux. Et ils regardent Kouza qui les caresse et prend dans ses bras Matthias. Et ils regardent le splendide jardin et les serviteurs qui accourent… Et ils regardent la maison qui ouvre ses vestibules pleins de richesses à Jésus et à ses apôtres. Et ils regardent Esther qui les couvre de baisers. Le monde des rêves s’est ouvert pour les petits extasiés…

Jésus contemple et sourit…

299.1

Todo el lago de Tiberíades es una lastra cenicienta. Parece mercurio turbio, de tan pesado como se ve, en una calma chicha que apenas si permite indicios de cansadas olas que no logran hacer espuma y en cuanto inician el movimiento ya se detienen, se amansan, se uniforman a esta masa de agua sin brillo bajo un cielo también opaco.

Pedro y Andrés en torno a su barca, Santiago y Juan al lado de la suya, preparan la partida en la pequeña playa de Betsaida. Olor de hierbas y de tierra empapada de agua, leve bruma sobre las planicies herbosas hacia Corazín. Tristeza de noviembre en todas las cosas.

299.2

Jesús sale de la casa de Pedro, llevando de la mano a los dos pequeñuelos Matías y María. La mano de Porfiria los ha arreglado con maternal cuidado y ha substituido el vestidito de María por uno de Margziam. Matías, que es demasiado pequeño, no ha podido gozar de la misma gracia y tiembla todavía con su tuniquita de algodón descolorida; tanto que Porfiria, compasiva, vuelve a casa y sale con un pedazo de manta y arropa al niño como si la manta fuera un manto. Jesús le da las gracias mientras ella se arrodilla al despedirse, para retirarse después de haber dado a los dos huerfanitos un último beso.

«Con tal de tener niños, se habría hecho cargo de éstos también» comenta Pedro, que ha observado la escena, y que a su vez se agacha para ofrecer a los dos niños un pedazo de pan untado con la miel que tenía guardada debajo de un asiento de la barca; lo cual hace reír a Andrés, que dice: «¡Y tú no? ¡Hasta le has robado la miel a tu mujer para dar un poco de alegría a estos dos!…».

«¡Robado! ¡Robado! ¡La miel es mía!».

«Sí, pero mi cuñada la guarda con celo porque es de Margziam. Y tú, que lo sabes, has entrado esta noche descalzo como un ratero en la cocina a coger la cantidad de miel que te hacía falta para preparar ese pan. Te he visto, hermano, y me he reído porque mirabas a tu alrededor como un niño que teme los bofetones de su madre».

«¡Qué granuja este espía!» ríe Pedro mientras abraza a su hermano, que a su vez le besa diciendo: «¡Pero qué hermano más majo tengo!».

Jesús observa y sonríe abiertamente, entre los dos niños, que devoran su pan.

299.3

Del interior de Betsaida llegan los otros ocho apóstoles. Quizás estaban alojados donde Felipe y Bartolomé.

«¡Ligeros!» grita Pedro, y toma en un único abrazo a los dos niños para llevarlos a la barca sin que se mojen los piececitos desnudos. «¿No tenéis miedo, verdad?» pregunta mientras chapotea en el agua con sus piernas cortas y gruesas, desnudo hasta un palmo abundante por encima de las rodillas.

«No, señor» dice la niña, pero se agarra convulsamente al cuello de Pedro, y cierra los ojos cuando la pone dentro de la barca (que se balancea con el peso de Jesús, que acaba de subir). El niño, más valiente, o más impresionado, no habla siquiera.

Jesús se sienta, arrima hacia sí a los dos pequeñuelos y los tapa con su manto, que parece una ala extendida para proteger a dos pollitos.

Seis en una barca, seis en la otra, todos ya están a bordo. Pedro quita el madero del arribo y empuja fuertemente con la mano la barca para meterla más en el agua; luego, con un último salto, salva el borde de la barca; Santiago le imita con la suya. La acción de Pedro ha hecho bambolearse mucho a la barca; la niña gime: «¡Mamá!» y esconde la cara en el regazo de Jesús agarrándose con fuerza a sus rodillas. Mas ahora ya avanzan suavemente, aunque con fatiga para Pedro, Andrés y el mozo, que tienen que remar, ayudados por Felipe, que hace de cuarto. La vela, que pende floja con esta calma chicha pesada y húmeda, no sirve. Tienen que trabajar con los remos.

«¡Qué boga!» grita Pedro a los de la barca gemela, en la que hace de cuarto el Iscariote, que rema perfectamente, lo cual es alabado por Pedro.

«¡Dale, Simón!» responde Santiago. «Dale o te ganamos. Judas tiene la fuerza de un galeote. ¡Muy bien, Judas!».

«Sí. Te nombraremos jefe de remadores» confirma Pedro, que rema por dos. Y ríe diciendo: «Pero no conseguiréis quitarle el primado a Simón de Jonás. A los veinte años ya era remador principal en las apuestas entre los pueblos» y, alegre, da la voz de estrepada a sus remadores: «¡O-e!, ¡o-e!». Las voces avanzan sobre el silencio del lago desierto en esta hora matutina.

299.4

Los niños recobran seguridad. Cubiertos todavía por el manto, alzan sus caritas demacradas, y apenas si asoma a ellas una sonrisa, una por este lado, la otra por el otro lado del Maestro, que los tiene abrazados. Se interesan por el trabajo de los remadores. Intercambian algunos comentarios.

«Parece como si fuéramos en un carro sin ruedas» dice el niño.

«No. En un carro por las nubes. ¡Mira! Es como andar por el cielo. ¡Mira, mira, ahora subimos a una nube!» dice María, al ver que la barca hunde su punta en un lugar que refleja un nubarrón algodonoso. Y ríe levemente.

Mas el sol rompe la bruma, y, aunque sea sólo un pálido sol de noviembre, las nubes se hacen de oro y el lago las refleja brillando. «¡Qué bonito! Ahora andamos sobre el fuego. ¡Qué bonito! ¡Qué bonito!». El niño choca las manos.

Pero la niña calla, y luego rompe a llorar. Todos le preguntan el porqué de ese llanto. Entre sollozos explica: «Mi mamá decía una poesía, o un salmo, no sé, para tenernos tranquilos, para que pudiéramos rezar a pesar de tanto dolor… y decía esa poesía de un Paraíso que será como un lago de luz, de dulce fuego, donde sólo estará Dios, sólo habrá alegría, adonde irán los buenos… después de la venida del Salvador… Este lago de oro me lo ha recordado… ¡Oh, mi mamá!». Se echa a llorar también Matías. Y todos participan de este dolor.

299.5

Pero, de entre el rumor de las distintas voces y el lamento de los huerfanitos, se alza la dulce voz de Jesús: «No lloréis. Vuestra mamá os ha traído a mí, y está aquí con nosotros mientras os llevo a una mamá que no tiene hijos. Se alegrará de tener dos niños buenos en vez del suyo, que ahora está donde vuestra mamá. Porque también ella ha llorado, ¿sabéis? Como a vosotros se os ha muerto vuestra mamá, a ella se le murió su hijito…».

«¡Entonces nosotros vamos con ella y su hijo irá con nuestra mamá!» dice María.

«Exactamente así. Y seréis todos felices».

«¿Cómo es esta mujer? ¿Qué hace? ¿Es una labriega? ¿Tiene un buen amo?». Los niños se interesan.

«No es campesina. Pero tiene un jardín lleno de rosas y es buena como un ángel. Su marido también es bueno. Él también os querrá».

«¿Tú crees, Maestro?» pregunta un poco incrédulo Mateo.

«Estoy seguro. Y vosotros también os convenceréis de ello. Hace tiempo Cusa quería a Margziam para hacer de él un noble».

«¡Ah, eso de ninguna manera!» grita Pedro.

«Margziam será un noble de Cristo. Sólo esto, Simón. ¡Tranquilo!».

El lago se pone de nuevo de color ceniza. Se frunce al levantarse un poco de viento. La vela se tensa, la barca avanza vibrando. Pero los niños están tan embelesados con la idea de su nueva mamá, que no sienten miedo.

299.6

Pasa Magdala con sus casas blancas entre la verdura de los campos. Pasa la campiña entre Magdala y Tiberíades. Se ven las primeras casas de Tiberíades.

«¿A dónde, Maestro?».

«Al embarcadero de Cusa».

Pedro vira y da indicaciones al mozo. La vela cae, mientras la barca orienta su proa hacia el embarcadero para adentrarse luego en él, hasta detenerse junto al pequeño espigón, seguida por la otra. Están paradas las dos, una detrás de otra, como dos ánades cansadas. Bajan todos. Juan se adelanta corriendo para dar una voz a los jardineros.

Los niños, acobardados, se arriman a Jesús, y María, emitiendo un suspiro, tirando del vestido de Jesús, pregunta: «¿Pero es buena de verdad?».

Juan vuelve: «Maestro, un doméstico está abriendo la cancela. Juana ya está levantada».

«Bien. Esperad todos aquí. Voy a adelantarme».

Y Jesús se encamina solo. Los otros le ven ir adelante y hacen comentarios más o menos favorables al paso que quiere dar Jesús. No faltan dudas ni críticas. Desde el lugar donde están, sólo ven que acude Cusa al encuentro de Jesús, se inclina profundamente en el umbral de la cancela, y se adentra en el jardín a la izquierda de Jesús. Luego no se ve nada más.

299.7

Pero yo sí veo. Veo a Jesús andando despacio al lado de Cusa, que muestra toda su alegría de recibirle en su casa: «Mi Juana se pondrá muy contenta. Yo también lo estoy. Está cada vez mejor. Me ha hablado del viaje. ¡Qué éxitos, mi Señor!».

«¿No te ha causado pesar?».

«Juana es feliz. Yo me siento feliz de verla feliz a ella. Podía no tenerla ya desde hace meses, Señor».

«Podía haber sido así… Y Yo te la di de nuevo. Tienes que saber ser agradecido con Dios».

Cusa le mira turbado… y susurra: «¿Es una reprensión, Señor?».

«No. Un consejo. Sé bueno, Cusa».

«Maestro, sirvo a Herodes…».

«Lo sé. Pero tu alma no está sometida a nadie, aparte de Dios, si no lo quieres».

«Es verdad, Señor. Me enmendaré. Algunas veces se apodera de mí el respeto humano…».

«¿Lo habrías tenido el año pasado, cuando querías salvar a Juana?».

«¡No! A costa de perder cualquier honor, me habría dirigido a quien hubiera pensado que la podía salvar».

«Haz lo mismo por tu alma. Es más valiosa aún que Juana.

299.8

Ahí viene ella».

Viene a su encuentro corriendo por el paseo. Ellos aceleran el paso.

«¡Maestro mío! No esperaba volver a verte tan pronto. ¿Qué bondad tuya te conduce a tu discípula?».

«Una necesidad, Juana».

«¿Una necesidad? ¿Cuál? Habla, que, si podemos, te ayudamos» dicen a la vez los dos esposos.

«Ayer tarde he encontrado en un camino desierto a dos niños… una niñita y un pequeñuelo… Descalzos, andrajosos, hambrientos, solos… y he visto a un hombre de corazón de lobo que los arrojaba de su presencia como si fueran lobos. Estaban medio muertos de hambre… A ese hombre le procuré el bienestar el año pasado y ahora ha negado un pan a dos huérfanos. Porque son huérfanos. Huérfanos… por los caminos de este mundo cruel. Ese hombre recibirá su castigo. ¿Queréis vosotros mi bendición? Yo, Mendigo de amor, extiendo ante vosotros mi mano, para estos huérfanos sin casa, sin vestidos, sin pan, sin amor. ¿Queréis ayudarme?».

«¡Pero, Maestro, ¿lo pides?! ¡Di lo que quieres; cuanto quieras; di todo!…» dice impetuoso Cusa. Juana no habla, pero, con las manos juntas en su pecho, una lágrima en sus largas pestañas, una sonrisa de anhelo en sus rojos labios, espera… y habla más que si hablara.

Jesús la mira y sonríe: «Quisiera que esos niños tuvieran una madre, un padre, una casa. Y que la madre se llamara Juana…».

No tiene tiempo de terminar, porque el grito de Juana es como el de uno que hubiera sido liberado de una prisión, mientras se postra a besar los pies de su Señor.

«¿Y tú, Cusa, qué dices? ¿Acoges en mi nombre a estos mis amados?, ¿a estos que para mi corazón son mucho más estimables que las preseas?».

«Maestro, ¿dónde están? Llévame a ellos. Por mi honor te juro que desde el momento en que deposite mi mano sobre su cabeza inocente, los querré en tu nombre como un verdadero padre».

«Venid, entonces. Sabía que no venía en vano. Venid. Son agrestes, están asustados, pero son buenos. Fiaos de mí, que veo los corazones y el futuro. Darán paz y unión a vuestra unión, no tanto ahora cuanto en el futuro. En su amor os identificaréis de nuevo. Sus inocentes abrazos serán la mejor argamasa para vuestra casa de esposos. Y el Cielo se os mostrará benigno, siempre misericordioso por esta caridad que hacéis. Están afuera, en la cancela. Venimos de Betsaida…».

Juana no escucha más. Se adelanta, corriendo, cautiva del frenesí de acariciar niños. Y lo hace: cae de rodillas, para estrechar contra su pecho a los dos huerfanitos, y besa sus mejillas macilentas, mientras ellos miran atónitos a esta hermosa señora de vestido enjoyelado. Miran también a Cusa, que los acaricia y coge en brazos a Matías. Miran también el espléndido jardín, y a los domésticos, que están acudiendo al lugar… Y miran la casa, que abre sus vestíbulos llenos de riquezas a Jesús y a sus apóstoles. Y miran a Ester, que los cubre de besos. El mundo de los sueños se ha abierto ante estos pequeños desvalidos…

Jesús observa y sonríe…