Los Escritos de Maria Valtorta

319. Départ de Tyr sur le navire de Nicomède le crétois.

319. Partida de Tiro

319.1

Tyr s’éveille sous le souffle de la tramontane. La mer n’est qu’un gai frémissement de petites vagues, une vraie splendeur en bleu et blanc agitée sous un ciel azur, sous des cirrus blancs en mouvement là-haut, comme l’écume ici-bas. Le soleil jouit de sa journée de sérénité après tant de grisaille et de mauvais temps.

« J’ai compris » dit Pierre se mettant debout dans la barque où il a dormi. « Il est temps de bouger. Et “ elle ” (il montre la mer qui est agitée jusqu’à l’intérieur du port) nous a donné l’eau lustrale… Hum ! Allons faire la deuxième partie du sacrifice… Dis, Jacques… tu n’as pas l’impression de porter deux victimes au sacrifice ? Moi, si.

– Moi aussi, Simon. Et… je remercie le Maître de l’estime qu’il a pour nous. Mais… moi, je n’aurais pas voulu suppoter tant de souffrance. Et je n’aurais jamais pensé voir cela…

– Moi non plus… Mais… Tu sais ? Je dis que le Maître ne l’aurait pas fait si le Sanhédrin n’y avait fourré son nez…

– Il l’a dit, en effet… Mais qui a bien pu avertir le Sanhédrin ? C’est ce que je voudrais savoir…

– Qui ? Dieu éternel, fais que je me taise et que je ne pense pas ! J’ai fait ce vœu pour éloigner ce soupçon qui me ronge. Aide-moi, Jacques, à ne pas penser. Parle d’autre chose.

– Mais de quoi ? Du temps qu’il fait ?

– Oui, peut-être.

– En fait de mer, moi je ne connais rien…

– Je crois qu’on va bouger, dit Pierre en regardant la mer.

– Non ! Quelques vagues, mais ce n’est rien. Hier, elle était plus mauvaise. Du haut du bateau ce doit être très beau, cette mer agitée. Elle plaira à Jean… Elle le fera chanter.

319.2

Lequel de tous ceux-ci est le nôtre ? »

Il se met debout lui aussi en regardant les navires qui se trouvent de l’autre côté et que l’on peut voir, avec leurs hautes superstructures, surtout quand la vague soulève la petite barque avec un mouvement de bascule. Ils regardent attentivement les divers bâtiments et font des pronostics… Le port s’anime.

Pierre consulte un batelier, ou quelqu’un du même genre, qui s’affaire sur le quai :

« Sais-tu s’il y a dans le port, dans ce port-ci, le bateau de… attends que je lise ce nom… (il sort un parchemin lié qu’il porte à la ceinture), voilà : Nicomède Philadelphius, fils de Philippe, un Crétois de Paleocastros…

– Ah ! Le grand navigateur ! Qui ne le connaît pas ? Je crois qu’il est célèbre non seulement du golfe des Perles aux Colonnes d’Her cule, mais jusqu’aux mers froides, où l’on dit que la nuit dure des mois entiers ! Comment est-ce possible que tu ne le connaisses pas, toi qui es marin ?

– Non, je ne le connais pas, mais je le connaîtrai bientôt car je le cherche pour notre ami Lazare, fils de Théophile, autrefois gouverneur en Syrie.

– Ah ! Quand je naviguais – maintenant je suis âgé –, il était à Antioche… C’était le bon temps… C’est ton ami ? Et tu cherches Nicomède le Crétois? Vas-y en toute sûreté, alors. Tu vois ce navire-là, le plus haut, avec ces drapeaux au vent ? C’est le sien. Il lève l’ancre avant la sixième heure. Il ne craint pas la mer, lui !

– On ne doit pas la craindre, en effet. Ce n’est pas grand-chose » commente Jacques.

Mais une brusque vague lui donne un démenti, en arrosant les deux hommes de la tête aux pieds.

« Hier, elle était trop calme, aujourd’hui elle est trop agitée. Elle est un peu trop folle ! Je préfère le lac…, bougonne Pierre en s’essuyant le visage.

– Je vous conseille d’entrer dans les darses. Ils y vont tous, vous voyez ?

– Mais nous devons partir, nous devons prendre le bateau de… de… attends : Nicomède, etc., dit Pierre qui n’arrive pas à se rappeler les noms étranges du Crétois.

– Vous n’allez pas charger la barque aussi dans le navire ?

– Non, évidemment !

– Alors dans les darses, il y a de la place pour les gardes, et des hommes qui font la garde jusqu’au retour. Une pièce par jour jusqu’au retour, parce que je pense que vous devez revenir…

– Bien sûr, bien sûr. On va et on revient après avoir vu l’état des jardins de Lazare, voilà tout.

– Ah ! Vous êtes ses intendants ?

– Davantage encore…

– Bien. Venez avec moi. Je vous montre l’endroit. Il est fait justement pour ceux qui, comme vous, laissent leurs barques…

– Attends…

319.3

Voilà les autres. Dans un moment nous te rejoindrons. »

Pierre saute sur le quai et court à la rencontre de ses compagnons qui arrivent.

« Tu as bien dormi, mon frère ? demande affectueusement André.

– Comme un enfant au berceau. On m’a même bercé et chanté la berceuse…

– Il me semble qu’on t’a fait aussi la toilette, dit en souriant Jude.

– Oui ! La mer est… si bonne qu’elle m’a lavé le visage pour me réveiller.

– Elle est un peu houleuse, me semble-t-il, objecte Matthieu.

– Ah ! Mais si vous saviez avec qui on part ! Un navigateur qui est connu jusque par les poissons des glaces.

– Tu l’as déjà vu ?

– Non, mais quelqu’un m’en a parlé : il m’a dit qu’il y a un endroit pour les barques, un dépôt… Venez décharger les coffres et allons-y, car Nicodème, non, Nicomède le Crétois va partir.

– Dans le chenal de Chypre, nous allons danser, dit Jean d’En-Dor.

– Tu crois ? demande Matthieu d’un air soucieux.

– Oui. Mais Dieu nous aidera. »

319.4

Ils sont revenus près de la barque.

« Voilà, homme. On sort toutes les affaires et puis on y va, puisque tu es si bon.

– On s’aide…, dit l’homme de Tyr.

– Eh oui ! On s’aide, on devrait s’aider. On devrait s’aimer, car c’est la Loi de Dieu…

– On m’a dit qu’un nouveau prophète qui s’est levé en Israël enseigne cela. Est-ce vrai ?

– Si c’est vrai ! Cela et bien d’autres choses ! Et il fait des miracles ! Allons, André, hisse, hisse, plus à droite. Allons, au moment où le flot soulève la barque… Hop là ! C’est fait !… Je te disais, homme : et quels miracles ! Des morts qui ressuscitent, des malades qui guérissent, des aveugles qui voient, des voleurs qui se convertissent et jusque… Tu vois ? S’il était là, il dirait à la mer : “ Tiens-toi tranquille ” et la mer se calmerait… Tu y arrives, Jean ? Attends, je viens. Vous, tenez fort et tout près… Allons, allons… Encore un peu… Toi, Simon : prends la poignée… Attention à ta main, Jude ! Allons, allons… Merci, homme… Attention à ne pas tomber dans l’eau, vous les fils d’Alphée… Allons… Voilà, c’est fait ! Louange à Dieu ! On s’est moins fatigué à les descendre qu’à les monter… Mais j’ai les bras rompus par le travail d’hier… Je parlais donc de la mer…

– Mais c’est bien vrai ?

– Vrai ? J’étais là pour le voir !

– Ah oui ? Oh !… Mais où ?

– Sur le lac de Génésareth. Viens dans la barque pour que je t’en parle pendant que l’on va au dépôt… »

Et il part avec l’homme et Jacques, en ramant, dans le canal qui mène aux darses.

319.5

« Et Pierre prétend qu’il ne sait pas y faire ! » observe Simon le Zélote. « Au contraire, il a l’art d’exprimer les choses simplement, et il fait plus que tous.

– Ce qui me plaît tant en lui, c’est son honnêteté, dit Jean d’En-Dor.

– Et sa constance, ajoute Matthieu.

– Et aussi son humilité. Regardez s’il s’enorgueillit alors qu’il sait qu’il est “ le chef ” ! Lui qui se fatigue plus que tous, il se préoccupe davantage de nous que de lui…, dit Jacques, fils d’Alphée.

– Et ses sentiments sont si vertueux ! C’est vraiment un bon frère, rien de plus…, achève Syntica.

– Donc c’est bien dit ? C’est comme cela que vous vous considérez ? Comme frère et sœur ? demande après quelque temps Simon le Zélote aux deux disciples.

– Oui » répond Syntica. « C’est mieux. Et ce n’est pas mensonge mais vérité spirituelle. C’est pour moi un frère aîné, et d’un autre lit, mais du même père. Le Père, c’est Dieu, les lits différents : Israël et la Grèce. Et Jean est mon aîné, comme cela se voit, par l’âge et aussi – cela ne se voit pas, mais c’est réel – parce qu’il est disciple depuis plus longtemps que moi.

319.6

Voilà Simon qui revient…

– Tout est fait. Allons-y… »

Ils se chargent des coffres et, par l’isthme étroit, ils passent dans l’autre port. L’homme de Tyr les accompagne, pratique comme il l’est, à travers les ruelles que font les tas de marchandises entassées sous de vastes hangars, jusqu’au puissant navire du Crétois qui est déjà en train de faire les manœuvres du départ, maintenant tout proche ; et il hèle les gens du bord pour qu’ils redescendent la passerelle qu’ils ont levée.

« Impossible ! Le chargement est fait, crie le chef de la chiourme.

– Il a une lettre à donner, dit l’homme en montrant Pierre.

– Une lettre ? De qui ?

– De Lazare, fils de Théophile, autrefois gouverneur d’An­tioche.

– Ah ! Je vais chercher le maître. »

Simon-Pierre dit à l’autre Simon et à Matthieu :

« A vous d’agir, maintenant. Moi, je suis trop rustre pour traiter avec un tel homme…

– Non. Tu es le chef, et tu sais très bien y faire. Nous t’aiderons, s’il le faut. Mais ce ne sera pas nécessaire.

– Où est l’homme de la lettre ? Qu’il monte », dit un homme brun comme un Egyptien, maigre, beau, svelte, sévère, d’environ quarante ans ou un peu plus, qui se penche du haut du bord ; et il fait redescendre la passerelle.

Pierre, qui a remis son vêtement et son manteau pendant qu’il attendait la réponse, monte avec dignité. Simon le Zélote et Matthieu le suivent.

« Paix à toi, homme, dit gravement Pierre.

– Salut. Où est la lettre ? demande le Crétois.

– La voici. »

Le Crétois brise le sceau, la déroule, et déclare :

« Bienvenue aux envoyés de la famille de Théophile ! Les Crétois n’oublient pas celui qui était bon et juste. Mais faites vite. Avez-vous beaucoup de bagages ?

– Ce que vous voyez sur le quai.

– Et combien vous êtes ?

– Dix.

– C’est bien. Nous ferons une place pour la femme. Vous, vous vous arrangerez au mieux. Allons, vite ! Il faut sortir et prendre le large avant que le vent ne soit trop fort, et après la sixième heure ce sera le cas. »

Et il ordonne, avec des coups de sifflets qui déchirent les oreilles, le chargement des coffres et leur mise en place. Puis les apôtres montent avec les deux disciples. On relève la passerelle, on ferme les hublots, on largue les amarres, on hisse les voiles. Et le navire avance avec un fort roulis au sortir du port. Puis les voiles se tendent en claquant, tellement le vent les gonfle, et c’est avec un tangage prononcé que le bateau prend le large, fuyant rapidement vers Antioche…

Malgré le vent violent, Jean et Syntica, se tenant l’un près de l’autre à un palan, à la poupe, regardent la côte qui s’éloigne, la terre de Palestine, et ils pleurent…

319.1

Tiro se despierta entre ráfagas de mistral. El mar es todo un cabrilleo de olitas, azul-blanco, esplendor agitado bajo un cielo azul y altos cirros blancos en movimiento (como abajo se mueve la espuma de las olas). El Sol goza de su jornada de cielo claro después de tanta obscuridad de mal tiempo.

«Entendido» dice Pedro poniéndose en pie en la barca, donde ha dormido. «Es hora de moverse. Y “él” (y señala al mar que entra inquieto incluso en el puerto) nos ha proporcionado el agua lustral… ¡Mmm! Vamos a consumar la segunda parte del sacrificio… Dime, Santiago… ¿No te da la impresión realmente de que estamos llevando a dos víctimas al sacrificio? A mí sí».

«También a mí, Simón. Y… le agradezco al Maestro la estima en que nos tiene, pero… no hubiera querido ser yo el que viera tanto dolor; y nunca me habría imaginado que habría visto esto…».

«Tampoco yo… Pero… ¿Sabes? Digo que el Maestro no lo habría hecho si el Sanedrín no hubiera metido el hocico…».

«Ya lo ha dicho… Pero ¿quién habrá informado al Sanedrín? Esto es lo que querría saber…».

«¿Quién? ¡Dios eterno, hazme guardar silencio, haz que no piense! Es un voto que he hecho, para quitarme esta sospecha que me trepana. Ayúdame, Santiago, a no pensar. Habla de otra cosa completamente distinta».

«Pero ¿de qué? ¿Del tiempo?».

«Sí, por ejemplo».

«Es que no entiendo de mar…».

«Yo creo que vamos a bailar» dice Pedro mirando al mar.

«¡No, hombre, no! Un poco de oleaje. Una cosa amena, nada más… Más feo estaba ayer. Desde encima de la nave será bonito este mar agitado. A Juan le va a gustar… Hará que se ponga a cantar.

319.2

¿Cuál será la nave?».

Se pone de pie también Santiago, y observa las naves que están en la otra parte; visibles, con sus altas superestructuras, sobre todo cuando la ola alza la barquita de ellos con un movimiento de sube y baja. Miran, estudiando las distintas naves, haciendo pronósticos… El puerto se anima.

Pedro pregunta a un barquero, o algo parecido, que trajina en el muelle: «¿Sabes si está en el puerto, en aquel puerto de allí, la nave de… espera que leo este nombre (y saca del cinturón un pergamino atado)… aquí está: Nicomedes Filadelfio de Filipo, cretense de Paleocastro…».

«¡El gran navegante! ¿Quién no le conoce? Creo que le conocen no sólo desde el Golfo de las Perlas hasta las Columnas de Hércules, sino incluso hasta los mares fríos, aquellos de que se dice que durante meses enteros es de noche! ¿Cómo es que no le conoces, tú que eres marinero?».

«No. No le conozco, pero pronto le conoceré, porque le busco de parte de nuestro amigo Lázaro de Teófilo, que fue gobernador en Siria».

«¡Ah! Cuando yo navegaba — ahora soy viejo — en Antioquía estaba él… Hermosos tiempos… ¿Tu amigo? ¿Y buscas a Nicomedes el cretense? Ve seguro entonces. ¿Ves aquella nave de allí, la más alta, con esos estandartes al viento? Es la suya. Zarpa antes de la hora sexta. ¡No le teme al mar!…».

«Efectivamente, no hay por qué tenerle miedo. No es nada del otro mundo» observa Santiago. Pero un rudo embate de una ola le demuestra lo contrario, mojando a los dos de los pies a la cabeza.

«Ayer, demasiado quieto; hoy, demasiado agitado. ¡Caramba, qué loco! Prefiero el lago…» refunfuña Pedro mientras se seca la cara.

«Os aconsejo que entréis en las dársenas. Van todos, ¿veis?».

«Pero nosotros tenemos que partir. Tenemos que marcharnos con la nave de… de… espera: Nicomedes, y todo lo demás» dice Pedro, que no logra recordar los nombres extraños del cretense.

«¡No querréis cargar la barca en la nave!».

«¡No, claro!».

«Entonces en las dársenas hay sitio para la custodia, y hombres de guardia hasta el regreso. Una moneda al día hasta el regreso. Porque supongo que volveréis…».

«¡Claro, claro! Vamos y volvemos… una vez visto el estado de los jardines de Lázaro».

«¡Ah!, ¿sois sus administradores?».

«Y más que eso…».

«Bien. Venid conmigo. Os enseño el sitio. Está pensado precisamente para los que dejan, como vosotros, las barcas…».

«Espera…

319.3

Ahí están los otros. Te alcanzamos en seguida». Y Pedro salta al andén del puerto y corre al encuentro de los compañeros, que están viniendo.

«¿Has dormido bien, hermano?» pregunta solícito Andrés.

«Como un niño en la cuna. Y no me han faltado ni el meneo ni la canción…».

«Me parece que tampoco te ha faltado el chapuzón» dice sonriendo el Tadeo.

«Tampoco. El mar es… tan bueno, que me ha lavado la cara para quitarme el sueño».

«Un poco rudo, me parece» objeta Mateo.

«¡Si supierais con quién vamos! ¡Uno conocido hasta por los peces de los hielos!».

«¿Ya le has visto?».

«No. Pero me ha hablado de él uno que me dice que hay un sitio para las barcas, un depósito… Venid, vamos a descargar los arcones y nos ponemos en marcha, porque Nicodemo, no, Nicomedes el cretense, parte dentro de poco».

«En el canal de Chipre sí que vamos a bailar bien» dice Juan de Endor.

«¿Sí?» pregunta, preocupado, Mateo.

«Sí. Pero Dios nos ayudará».

319.4

Ya están otra vez al pie de la barca.

«Aquí estamos, hombre. Ahora descargamos estas cosas y luego vamos allí, dado que eres tan bueno».

«Nos ayudamos unos a otros…» dice el hombre de Tiro.

«¡Sí, claro! Nos ayudamos, nos deberíamos ayudar. Nos deberíamos amar unos a otros, porque ésta es la Ley de Dios…».

«Me dicen que en Israel ha surgido un nuevo Profeta que predica esto. ¿Es verdad?».

«¡Vaya que si es verdad! ¡Esto y otras cosas! ¡Y qué milagros hace! Ánimo, Andrés, aúpa, aúpa, más a la derecha. Venga, mientras la ola levanta la barca… ¡Eso es! ¡Ya está…! Te estaba diciendo, hombre: ¡y qué milagros! Muertos que resucitan, enfermos que quedan curados, ciegos que recuperan la vista, ladrones que se convierten, y hasta… ¿Ves? Si estuviera aquí, diría al mar: “Deténte” y el mar se calmaría… ¿Puedes, Juan? Espera, voy yo. Vosotros sujetad fuerte y bien pegado… ¡Arriba!, ¡arriba!… Un poco más… Tú, Simón, agarra el asa… ¡Cuidado con la mano, Judas! ¡Arriba!, ¡arriba!, gracias, hombre… Cuidado, no os caigáis al agua, vosotros los de Alfeo… ¡Arriba!… ¡Eso es! ¡Loado sea Dios! Ha sido menor el trabajo para meterlas abajo que para sacarlas arriba… Yo es que tengo los brazos deshechos del ejercicio de ayer… Volviendo a lo que decía del mar…».

«Pero, ¿y es verdad eso?».

«¿Verdad! ¡Lo he visto yo!».

«¿Sí!… Pero ¿dónde?».

«En el lago de Genesaret. Sube a la barca, que te explico mientras vamos allí…» y se marcha, con el hombre y con Santiago, remando por el canal que conduce a las dársenas.

319.5

«Y Pedro se queja de incapacidad…» observa el Zelote. «Sin embargo, tiene el arte de explicar las cosas así, con sencillez; y hace más que todos».

«Lo que me gusta mucho de él es su honestidad» dice el hombre de Endor.

«Y su constancia» añade Mateo.

«Y su humildad. ¡Fijaos cómo no se ensoberbece sabiendo que es el “jefe”! Trabaja más que ninguno. Se preocupa más de nosotros que de sí mismo…» dice Santiago de Alfeo.

«Y así es virtuoso, como él entiende. Un hermano bueno. Ni más ni menos…» termina Síntica

«¿Así que está decidido? ¿Pasáis por hermanos?» pregunta después de un rato el Zelote a los dos discípulos.

«Sí. Es mejor. Y no es mentira. Es una verdad espiritual. Es mi hermano mayor. No de las mismas nupcias, pero sí de un único padre: el Padre es Dios; las nupcias distintas, Israel y Grecia. Y Juan es mayor que yo, y se ve, en edad y como discípulo más antiguo que yo (eso no se ve, pero es así).

319.6

Ahí vuelve Simón…».

«Ya está todo hecho. Vamos…».

Se cargan con los arcones y, por el istmo estrecho, pasan al otro puerto. El hombre de Tiro los acompaña — tiene ya experiencia — por las callejuelas que forman las balas de mercancías apiladas bajo vastísimas cubiertas; los acompaña hasta la poderosa nave del cretense, que está haciendo las maniobras de la ya próxima partida, y da una voz a los marineros para que vuelvan a echar la pasarela que habían alzado.

«No se puede. Terminada la carga» grita el contramaestre.

«Debe entregar en mano unas cartas» dice el hombre señalando a Simón de Jonás.

«¿Cartas? ¿De quién?».

«De Lázaro de Teófilo, el que fue gobernador de Antioquía».

«¡Ah! Voy a decírselo al patrón».

Simón dice al otro Simón y a Mateo: «Ahora os toca a vosotros. No soy hábil para tratar con estas personas…».

«No. Tú eres el jefe. Actúas, y sabes actuar. Nosotros, eso sí, te ayudaremos, si hace falta. Pero no hará falta».

«¿Dónde está el hombre de las cartas? Que suba» dice, asomándose por la obra muerta, un hombre moreno como un egipcio, delgado, guapo, esbelto, severo, de cuarenta años o poco más. Y manda que echen de nuevo la pasarela.

Simón de Jonás, que se ha puesto túnica y manto mientras esperaba la respuesta, sube todo digno. Detrás de él, el Zelote y Mateo.

«La paz a ti, hombre» saluda gravemente Pedro.

El cretense responde al saludo y pregunta: «¿La carta dónde está?».

«Es ésta».

El cretense rompe el sello, desenrolla y lee.

«¡Bienvenidos sean los enviados de la familia de Teófilo! Los cretenses no olvidan su bondad y buen trato. Pero agilizad la operación. ¿Tenéis mucho que cargar?».

«Lo que ves en el andén».

«¿Y cuántos sois…?».

«Diez».

«Bien. Prepararemos un sitio para la mujer. Vosotros os arreglaréis como mejor podáis. Apresuraos. Hay que zarpar y llegar a alta mar antes de que el viento aumente, lo cual sucederá después de la hora sexta».

Y ordena, con silbidos lacerantes, cargar y estibar los arcones. Luego suben los apóstoles y los dos discípulos. Se alza la pasarela, se cierra la obra muerta, se sueltan las amarras, se izan las velas. Y la nave empieza su marcha. Bascula fuertemente al salir del puerto. Luego, las velas, muy hinchadas por el viento, se ponen tirantes y crujen. Y, con un amplio cabeceo, la nave sale a alta mar y huye rauda en dirección a Antioquía…

A pesar de la violencia del viento, Juan y Síntica, cerca el uno del otro, agarrados a un aparejo, en la popa, observan cómo la costa se va alejando, la tierra de Palestina, y lloran…