Los Escritos de Maria Valtorta

348. Manahen donne des informations sur Hérode Antipas et accompagne Jésus de Capharnaüm à Nazareth.

348. Manahén da algunas noticias acerca de Herodes Antipas,

348.1

Quand ils posent le pied sur la petite plage de Capharnaüm, ils sont accueillis par les cris des enfants qui rivalisent avec les hirondelles affairées à la construction des nouveaux nids, tant ils courent rapidement, en gazouillant de leurs voix aigües, de la plage aux maisons, joyeux de la joie simple des enfants, pour lesquels c’est un fascinant spectacle et un objet magique qu’un petit poisson trouvé mort sur la rive, ou un petit caillou que l’eau a poli et qui par sa couleur semble être une pierre précieuse, ou la fleur découverte entre deux rochers, ou encore le scarabée aux couleurs changeantes capturé en plein vol. Ce sont autant de merveilles que l’on fait voir aux mamans pour qu’elles prennent part à la joie de leurs enfants.

Mais maintenant que ces hirondelles humaines ont vu Jésus, tous leurs vols se dirigent vers lui, qui va poser le pied sur la plage. Et c’est toute une tiède avalanche vivante de corps d’enfants, une douce chaîne de tendres menottes, un amour de cœurs enfantins qui s’abat sur Jésus, l’enserre, l’attache, le réchauffe comme un doux feu.

« Moi ! Moi !

– Un baiser !

– A moi !

– Moi aussi !

– Jésus ! Je t’aime !

– Ne pars plus aussi longtemps !

– Je venais voir tous les jours si tu arrivais.

– Moi, j’allais chez toi.

– Tiens cette fleur, c’était pour maman, mais je te la donne.

– Encore un baiser pour moi, un beau, un gros. Le premier ne m’a pas touché parce que Jahel m’a poussé en arrière… »

Et les petites voix se font entendre pendant que Jésus essaie de marcher au milieu de ce filet de tendresses.

« Mais laissez-le un peu tranquille ! Allons ! Assez ! » crient les disciples et les apôtres, qui cherchent à desserrer l’étreinte. Eh bien, oui ! Ils ressemblent à des lianes munies de ventouses ! Quand on les détache d’un côté, ils s’attachent de l’autre.

« Laissez ! Laissez faire ! Avec de la patience, on va y arriver » dit Jésus en souriant.

Il fait des pas invraisemblablement petits pour pouvoir avancer sans marcher sur les pieds nus.

348.2

Mais ce qui le libère de cette affectueuse étreinte, c’est l’arrivée de Manahen avec d’autres disciples, parmi lesquels les bergers qui étaient en Judée.

« Paix à toi, Maître ! » lance d’une voix tonnante Manahen dans son splendide vêtement. Il n’a plus d’or au front ni aux doigts, mais au côté une imposante épée qui suscite l’admiration respectueuse des enfants qui, intimidés, s’écartent devant ce magnifique cavalier vêtu de pourpre et portant une arme superbe. Ainsi Jésus peut l’embrasser et embrasser Elie, Lévi, Matthias, Joseph, Jean, Siméon et je ne sais combien d’autres.

« Comment se fait-il que tu sois là ? Et comment as-tu su que j’étais débarqué ?

– Je l’ai su par les cris des enfants. Ils ont traversé les murs comme des flèches qui apportent la joie. Mais je suis venu ici en pensant que ton voyage en Judée approche et que les femmes y prendront certainement part… J’ai voulu en être moi aussi… Pour te protéger, Seigneur, si ce n’est pas trop d’orgueil de le penser. Il y a beaucoup d’effervescence en Israël contre toi. C’est douloureux à dire, mais tu ne l’ignores pas. »

348.3

Tout en parlant, ils arrivent à la maison et y entrent. Manahen continue sa conversation après que le maître de maison et sa femme ont vénéré le Maître.

« Désormais, l’intérêt que tu suscites et l’effervescence qui en résulte ont envahi tous les lieux, troublant les esprits et attirant l’attention même des plus obtus et de ceux qui sont trompés par des racontars très loin de la réalité. Les nouvelles de ce que tu opères ont pénétré jusqu’à l’intérieur des dégoûtantes murailles de Machéronte et des luxurieux refuges d’Hérode, que ce soit le palais de Tibériade, les châteaux d’Hérodiade ou la splendide demeure royale des Asmonéens près du Sixte. Elles franchissent comme des flots de lumière et de puissance les barrières de ténèbres et de bassesse, elles font crouler les monceaux de péchés qui recouvraient comme une tranchée et un abri les amours répugnantes de la Cour et ses crimes atroces, elles dardent comme des flèches de feu en écrivant des paroles bien plus menaçantes que celles du festin de Balthazar[1] sur les murs souillés des alcôves, des salles du trône et des banquets. Elles crient ton nom et ta puissance, ta nature et ta mission. Hérode en est terrorisé, Hérodiade se tord sur son lit de crainte que tu ne sois le roi vengeur qui lui enlèvera ses richesses et son immunité, si ce n’est même la vie, en la jetant à la merci des foules qui tireront vengeance de ses nombreux crimes. On tremble à la Cour, et c’est à cause de toi. On tremble de peur humaine et de peur surnaturelle. Depuis que la tête de Jean est tombée, il semble qu’un feu brûle les viscères de ses meurtriers. Ils n’ont même plus leur misérable paix d’auparavant, cette paix de porcs rassasiés de ripailles, qui étouffent les reproches de leurs consciences dans l’ivresse ou la débauche. Il n’y a plus rien qui les apaise… Ils sont persécutés… Et ils se haïssent après les heures de d’orgie, dégoûtés l’un de l’autre, se rejetant mutuellement la culpabilité du crime qui les trouble, un crime qui a dépassé toute mesure.

Quant à Salomé, elle est comme possédée par un démon, et en proie à un érotisme qui serait dégradant pour une esclave. Le palais royal exhale plus de puanteur qu’un égout.

Hérode m’a questionné plusieurs fois sur toi. Chaque fois j’ai répondu : “ Pour moi, il est le Messie, le Roi d’Israël de l’unique souche royale : celle de David. C’est le Fils de l’homme annoncé par les prophètes, c’est le Verbe de Dieu, celui qui, étant le Christ, l’Oint de Dieu, a le droit de régner sur tous les vivants. ” Et Hérode blêmit de peur en sentant en toi le Vengeur. Pour le réconforter, les courtisans lui assurent que tu es Jean que l’on a faussement cru mort – et ce faisant, ils le font plus que jamais défaillir d’horreur – ou bien Elie, ou quelque autre prophète du temps passé. Et il repousse sa peur, le cri de sa conscience que le remords déchire en disant : “ Non, ce ne peut être Jean ! Je l’ai fait décapiter et Hérodiade garde sa tête en lieu sûr. Et ce ne peut être l’un des prophètes : une fois mort, on ne revit pas. Mais ce ne peut pas être le Christ non plus. Qui le prétend ? Qui dit que c’est lui ? Qui ose me soutenir qu’il est le Roi de l’unique souche royale ? C’est moi qui suis le roi, et nul autre ! Le Messie a été tué par Hérode le Grand. Il a été noyé dès sa naissance dans une mer de sang. Il a été égorgé comme un agneau… et il n’avait que quelques mois… L’entends-tu pleurer ? Son bêlement ne cesse de résonner dans ma tête en même temps que le rugissement de Jean : ‘ Il ne t’est pas permis ’… Il ne m’est pas permis ? Si, tout m’est permis car je suis ‘ le roi ’. Qu’on m’apporte ici du vin et des femmes, si Hérodiade se refuse à mes étreintes, et que Salomé danse pour éveiller mes sens effrayés par tes récits terrifiants. ”

Et il s’enivre au milieu des mimes de la Cour, pendant que dans ses appartements sa femme folle crie ses blasphèmes au Martyr et des menaces à ton adresse. Pendant ce temps, Salomé expérimente ce que c’est que d’être née du péché de deux débauchés et d’avoir participé à un crime obtenu en abandonnant son corps aux fantaisies lubriques d’un dégoûtant. Mais ensuite Hérode revient à lui-même et veut être informé sur toi ; il voudrait te voir. C’est dans ce but qu’il favorise mes venues vers toi dans l’espoir que je te conduise à lui, ce que je ne ferai jamais, pour ne pas profaner ta sainteté dans une caverne de bêtes immondes. Hérodiade également souhaiterait ta venue pour pouvoir te frapper, et elle le crie avec son stylet dans les mains… Et Salomé le voudrait elle aussi : elle t’a vu à ton insu, à Tibériade, au dernier mois d’Etanim, et elle est folle de toi…

Voilà ce qu’est le Palais royal, Maître ! Mais j’y reste pour mieux surveiller leurs desseins sur toi.

– Je t’en suis reconnaissant et le Très-Haut t’en bénit. Cela aussi, c’est servir les décrets de l’Eternel.

– C’est ce que j’ai pensé, et c’est pourquoi je suis venu.

– Manahen, je te demande instamment ton aide, puisque tu es venu : descends vers Jérusalem, non pas avec moi, mais avec les femmes. Moi, je fais route avec les hommes par un chemin inconnu et personne ne pourra me faire aucun mal. Mais elles, ce sont des femmes sans défense, or celui qui les accompagne a l’âme douce et il a appris à présenter sa joue à celui qui l’a frappé. Ta présence sera une sûre protection. C’est un sacrifice, je le comprends, mais nous serons ensemble en Judée. Ne me le refuse pas, mon ami.

– Seigneur, tout désir de ta part est une loi pour ton serviteur. Je suis au service de ta Mère et des femmes disciples qui l’accompagnent dès ce moment et jusqu’à quand tu voudras.

– Merci. Cette obéissance aussi sera inscrite au Ciel.

348.4

Maintenant, en attendant que les barques arrivent pour tous, consacrons notre temps à guérir les malades qui m’attendent. »

Et Jésus descend dans le jardin où se trouvent les brancards ou les infirmes et il les guérit rapidement, tout en recevant l’hommage de Jaïre et des amis, peu nombreux, de Capharnaüm.

Parmi les femmes, il y a Porphyrée et Salomé et en outre la femme âgée de Barthélemy, ainsi que celle, moins âgée, de Philippe avec ses filles encore très jeunes. Elles s’occupent des vivres pour la troupe nombreuse des disciples que l’on va rassasier avec les paniers de poissons offerts par Bethsaïde et Capharnaüm. On assiste alors à une grande éventration de poissons argentés qui frétillent encore, à un grand rinçage de poissons dans les chaudrons, à un grand grésillement sur les grils qui s’opère dans la cuisine, pendant que Marziam, avec d’autres disciples, alimente les feux et porte des brocs d’eau pour aider les femmes.

Le repas est vite prêt et vite consommé. Et comme les barques sont maintenant réunies pour transporter tout ce monde, il ne reste qu’à s’embarquer pour Magdala sur un lac enchanté, tant il est serein, angélique, dans le chaton d’émeraude de ses rives.

Hospitaliers, les jardins et la maison de Marie de Magdala s’ouvrent dans le midi ensoleillé pour accueillir le Maître et ses disciples, et Magdala tout entière vient saluer le Rabbi en route pour Jérusalem.

348.5

Et les pentes fraîches des collines de Galilée entendent la marche agile et joyeuse de la troupe fidèle, suivie d’un char commode où se trouvent Jeanne, Porphyrée, Salomé, la femme de Barthélemy et celle de Philippe avec ses deux filles, ainsi que Marie et Matthias, tout souriants, difficiles à reconnaître tant ils ont changé depuis cinq mois. Marziam marche bravement avec les adultes et même, comme le veut Jésus, il est justement dans le groupe des apôtres, entre Pierre et Jean, et ne perd pas un mot de ce que dit Jésus.

Le soleil brille dans un ciel très pur et des rafales tièdes apportent des senteurs de bois, de menthe, de violette, des premiers muguets, des rosiers toujours plus fleuris et, par-dessus tout, cette odeur fraîche, légèrement amère des fleurs d’arbres fruitiers qui répandent partout une neige de pétales sur l’herbe. Tous en ont dans les cheveux pendant qu’ils avancent au milieu d’un continuel gazouillis d’oiseaux, au milieu des chants de séduction et des appels trépidants d’un buisson à l’autre entre les mâles audacieux et les femelles pudiques, tandis que les brebis broutent, grossies par leur maternité, et que les premiers agneaux heurtent leurs museaux roses contre les mamelles arrondies pour augmenter la sécrétion du lait, ou bien gambadent dans les prés d’herbe tendre comme des enfants heureux.

348.6

Nazareth va vite arriver après Cana, où Suzanne s’est jointe aux autres femmes en apportant les produits de sa terre dans des paniers et des vases, et une branche entière de roses rouges en boutons prêts à s’ouvrir, “ pour les offrir à Marie ”, dit-elle.

« Moi aussi, tu vois ? » dit Jeanne, en ouvrant une espèce de boite où sont rangées de nombreuses roses dans de la mousse humide : « Les premières et les plus belles, c’est toujours peu de choses pour elle, qui nous est si chère ! »

Je vois que chaque femme a apporté des vivres pour le voyage pascal et avec eux, qui une fleur, qui une plante pour le jardin de Marie ; Porphyrée s’excuse de n’avoir apporté qu’un pot de camphrier magnifique aux feuilles verdâtres minuscules qui exhalent leur arôme rien qu’à les approcher.

« Marie désirait cette plante balsamique… » dit-elle.

Et toutes la louent pour la beauté vigoureuse de l’arbuste.

« Ah ! J’en ai pris soin tout l’hiver, en le gardant à l’abri de la gelée et de la grêle dans ma pièce. Marziam m’aidait à le porter au soleil chaque matin, et à le rentrer chaque soir… Et, s’il n’y avait pas eu la barque et maintenant le char, ce cher enfant l’aurait chargée sur ses épaules pour l’apporter à Marie, et lui faire plaisir, à elle ainsi qu’à moi. »

Ainsi parle cette humble femme qui s’enhardit de plus en plus grâce à la bonté de Jeanne et ne se tient plus de joie d’être en voyage pour Jérusalem, et avec le Maître, son mari et son Marziam.

« Tu n’y es jamais allée ?

– Tant que mon père vivait, chaque année. Mais ensuite… Ma mère n’y allait plus… Mes frères m’y auraient bien emmenée, mais je rendais service à ma mère et elle ne me laissait pas partir. Ensuite, j’ai épousé Simon… et ma santé n’a plus été très bonne. Simon aurait dû rester longtemps en voyage, et il s’ennuyait… Aussi je restais à la maison à l’attendre… Le Seigneur voyait mon désir… et c’était comme si j’avais fait le sacrifice au Temple… » dit la douce femme.

Jeanne, qui l’a pour voisine, pose la main sur ses splendides tresses en lui disant :

« Ma chérie ! »

Il y a dans ce mot tant d’amour, tant de compréhension, tant de sens…

348.7

Et voilà Nazareth… voilà la maison de Marie, femme d’Alphée, qui est déjà dans les bras de ses fils, et de ses mains mouillées et rougies par la lessive qu’elle est en train de faire, elle les caresse puis, essuyant ses mains sur son tablier grossier, elle court vers Jésus pour l’embrasser… Voilà ensuite la maison d’Alphée de Sarah, qui précède immédiatement celle de Marie. Alphée ordonne au plus grand de ses petits-fils de courir avertir Marie, et en attendant, il se dirige à pas de géant vers Jésus, avec un tas de petits-enfants dans les bras et il le salue avec toute cette nichée serrée contre sa poitrine, qu’il lui offre comme un bouquet de fleurs.

Enfin, voici Marie qui se présente sur le seuil de la porte, en plein soleil, avec son vêtement d’intérieur d’un bleu clair un peu déteint ; l’or vaporeux de ses cheveux resplendit sur son front virginal et descend en lourdes tresses sur la nuque. Elle tombe sur la poitrine de son Fils, qui l’embrasse avec tout son amour. Les autres s’arrêtent prudemment pour les laisser libres à leur première rencontre.

Mais elle se détache aussitôt et tourne son visage que l’âge n’a pas altéré, maintenant tout rose de surprise, illuminé par son sourire, et elle salue de sa voix angélique :

« Paix à vous, serviteurs du Seigneur et disciples de mon Fils. Paix à vous, mes sœurs dans le Seigneur. »

Elle échange un baiser fraternel avec les femmes descendues du char.

« Oh ! Marziam ! Désormais je ne pourrai plus te tenir dans mes bras ! Tu es un homme, maintenant. Mais viens à la Mère de tous ceux qui sont bons, que je te donne encore un baiser. Mon chéri ! Que Dieu te bénisse et te fasse grandir dans ses voies, robuste comme croît ton corps de jeune, et davantage encore. Mon Fils, nous devrons l’amener à son grand-père. Il sera heureux de le voir ainsi » dit-elle ensuite en se tournant vers Jésus.

Elle embrasse ensuite Jacques et Jude, et elle leur donne la nouvelle qui leur fait certainement plaisir :

« Cette année, Simon vient avec moi, comme disciple du Maître. Il me l’a dit. »

Et, l’un après l’autre, elle salue les plus connus, les plus influents, accompagnant pour tous sa salutation d’une parole de grâce. Manahen lui est amené et présenté comme devant l’escorter pendant son voyage vers Jérusalem.

« Tu ne viens pas avec nous, mon Fils ?

– Mère, j’ai d’autres endroits à évangéliser. Nous nous verrons à Béthanie.

– Que ta volonté soit faite maintenant et toujours. Merci, Manahen. Avec toi, notre ange humain, et avec nos gardiens les anges du Ciel, nous serons en sécurité comme si nous étions dans le Saint des Saints. »

Et elle présente sa main à Manahen en signe d’amitié. Alors le cavalier, qui a grandi dans le faste, se met en genou en terre pour baiser la main délicate qu’elle lui tend.

348.8

Pendant ce temps, on a déchargé les fleurs et ce qui doit rester à Nazareth. Puis le char est remisé dans quelque écurie de la ville.

La petite maison ressemble à une roseraie à cause des roses répandues partout par les femmes disciples. Mais la plante de Porphyrée, posée sur la table, suscite la plus vive admiration de Marie qui la fait porter dans un endroit favorable d’après les indications de l’épouse de Pierre.

Bien sûr, tout le monde ne peut pas entrer dans la maison minuscule, ni dans le jardin qui n’est pas un domaine, mais qui semble monter vers le ciel serein, se faire aérien tant il y a de nuages de fleurs sur les arbres du jardin. Et Jude demande en souriant à Marie :

« As-tu cueilli aujourd’hui aussi le rameau pour ton am­phore ?

– Bien sûr, Jude. Et quand vous êtes venus, je le contemplais…

– Et tu songeais, Maman, à ton lointain mystère » dit Jésus en la prenant de son bras gauche pour l’attirer sur son cœur.

Marie lève son visage empourpré et soupire :

« Oui, mon Fils… et je songeais à ton premier battement de cœur en moi… »

Jésus dit :

« Que restent les sœur disciples, les apôtres, Marziam, les bergers disciples, le prêtre Jean, Etienne, Hermas et Manahen. Que les autres se dispersent pour chercher un logement…

– Je peux en loger plusieurs chez moi… » crie Simon, fils d’Alphée, du seuil de sa maison sur lequel il est bloqué. « Je suis leur condisciple et je les réclame.

– Oh ! Mon frère, avance, que je t’embrasse, s’exclame Jésus, expansif, alors qu’Alphée, fils de Sarah, ainsi qu’Ismaël et Aser, les deux disciples ex-âniers de Nazareth, disent à leur tour :

– Chez nous ! Venez, venez ! »

Les disciples qui n’ont pas été choisis s’en vont et on peut fermer la porte… pour la rouvrir cependant, tout de suite après, à la venue de Marie, femme d’Alphée, qui ne peut rester loin, même occupée par sa lessive. Il y a environ quarante personnes, aussi se répandent-elles dans le jardin tiède et tranquille jusqu’à ce que l’on partage les aliments auxquels tout le monde trouve une saveur céleste, tant il y a d’agrément à les consommer dans la maison du Seigneur, distribués par Marie.

Simon revient après avoir installé les disciples et il dit :

« Tu ne m’as pas appelé comme les autres, mais moi je suis ton frère et je reste quand même.

– Tu arrives à propos, Simon.

348.9

Je vous ai voulus ici pour vous faire connaître Marie. Pour beaucoup d’entre vous, vous connaissez Marie comme “ mère ”, certains comme “ épouse ”. Mais personne ne connaît Marie comme “ vierge ”. Moi, je veux vous la faire connaître dans ce jardin en fleurs dans lequel votre cœur vient plein de désir dans les séparations forcées et comme pour se reposer des fatigues de l’apostolat.

Je vous ai écouté parler, vous, apôtres, disciples et parents, et j’ai perçu vos impressions, vos souvenirs, vos jugements sur ma Mère. Je vais vous transfigurer tout cela – qui est très admirable mais encore très humain – en une connaissance surnaturelle. Car ma Mère, avant moi, doit être transfigurée aux yeux de ceux qui le méritent le plus, pour la montrer telle qu’elle est. Vous, vous voyez une femme. Une femme qui, par sa sainteté, vous paraît différente des autres, mais que vous voyez en réalité comme une âme enveloppée de chair, comme celle de toutes les femmes ses sœurs. Mais je veux maintenant vous dévoiler l’âme de ma Mère, sa véritable et éternelle beauté.

Viens ici, ma Mère. Ne rougis pas, ne te retire pas, intimidée, douce colombe de Dieu. Ton Fils est la Parole de Dieu, et il peut parler de toi et de ton mystère, de tes mystères, ô sublime Mystère de Dieu. Asseyons-nous ici, à l’ombre légère des arbres en fleurs, près de la maison, près de ta sainte demeure. Voilà ! Levons cette tenture ondoyante et qu’il sorte des flots de sainteté et de paradis de cette demeure virginale, pour nous combler tous de toi… Oui, moi aussi. Que je me parfume de toi, Vierge parfaite, pour que je puisse supporter les puanteurs du monde, pour que je puisse voir la pureté, de mes yeux débordants de ta pureté. Venez ici, Marziam, Jean, Etienne, et vous sœurs disciples, bien en face de la porte ouverte sur la chaste demeure de celle qui est la Chaste entre toutes les femmes. Quant à vous, mes amis, derrière. Et ici, à mes côtés, toi, ma Mère bien-aimée.

348.10

Je viens de vous parler de “ l’éternelle beauté de l’âme de ma Mère ”. Je suis la Parole et par conséquent je sais employer les mots exacts. J’ai dit “ éternelle ”, pas “ immortelle ”. Et ce n’est pas sans intention que je l’ai dit. Est immortel celui qui, une fois né, ne meurt plus. Ainsi l’âme des justes est immortelle au Ciel, l’âme des pécheurs est immortelle en enfer, car l’âme, une fois créée, ne meurt plus qu’à la grâce. Mais l’âme vit, existe à partir du moment où Dieu la pense. C’est la Pensée de Dieu qui la crée[2]. L’âme de ma Mère est depuis toujours pensée par Dieu. De ce fait, elle est éternelle dans sa beauté, à laquelle Dieu a octroyé toute perfection pour en tirer délice et réconfort.

Il est dit dans le Livre de notre aïeul Salomon[3] qui t’a vue à l’avance et qui est par conséquent ton prophète : “ Dieu m’a possédée au commencement de ses œuvres, dès le principe, avant la Création. Dès l’éternité je fus établie, dès le principe, avant l’origine de la terre. Quand les abîmes n’étaient pas, je fus enfantée. Avant que les sources ne jaillissent, avant que la lourde masse des montagnes ne soit constituée, j’étais là. Avant les collines, je fus enfantée. Avant qu’il eût fait la terre, les fleuves, et les premiers éléments du monde, j’existais déjà. Quand il préparait les cieux et le ciel, j’étais présente. Quand, par des lois inviolables, il renferma l’abîme sous la voûte, quand il rendit stable dans les hauteurs la voûte céleste et y suspendit les sources des eaux, quand il fixa son terme à la mer et donna comme loi aux eaux de ne pas dépasser leurs limites, quand il traça les fondements de la terre, j’étais à ses côtés comme le maître d’œuvre. Toujours dans la joie, je jouais continuellement en sa présence. Je jouais dans l’univers. ”

Oui, ô Mère, Dieu, l’Immense, le Sublime, le Vierge, l’Incréé, était enceint de toi et il te portait comme son très doux fardeau, se réjouissant de te sentir t’agiter en lui, en lui donnant les sourires dont il a fait la Création ! Toi qu’il a douloureusement enfantée pour te donner au Monde, âme très suave, née de Celui qui est vierge pour être la “ Vierge ”, perfection de la création, lumière du Paradis, conseil de Dieu, telle qu’en te regardant il put pardonner la Faute, car toi seule et de toi-même tu sais aimer comme toute l’humanité rassemblée ne sait pas aimer. En toi est le Pardon de Dieu ! En toi le Remède de Dieu, toi qui es la caresse de l’Eternel sur la blessure que l’homme a faite à Dieu ! En toi, le Salut du monde, Mère de l’Amour incarné et du Rédempteur qui a été accordé !

L’âme de ma Mère ! Uni au Père dans l’Amour, je te regardais en moi, ô âme de ma Mère !… Et ta splendeur, ta prière, la pensée que tu allais me porter me consolaient pour toujours de mon douloureux destin et des expériences inhumaines de ce qu’est le monde corrompu pour le Dieu absolument parfait. Merci, Mère ! Je suis venu déjà comblé de tes consolations. Je suis descendu en te sentant toi seule, ton parfum, ton chant, ton amour… Joie, ma joie !

348.11

Mais écoutez, vous qui savez maintenant combien est unique la Femme en laquelle il n’y a pas de tache, la seule et unique Créature qui n’a pas coûté de blessure au Rédempteur, écoutez la seconde transfiguration de Marie, l’Elue de Dieu.

C’était un paisible après-midi du mois d’Adar[4] et les arbres étaient en fleurs dans le jardin silencieux ; Marie, l’épouse de Joseph, avait cueilli le rameau d’un arbre en fleurs pour remplacer celui qui était dans sa chambre. Eduquée au Temple pour orner une maison de saints, Marie était arrivée depuis peu à Nazareth. Elle avait l’âme partagée entre le Temple, la maison et le Ciel. En regardant le rameau en fleurs, elle pensait que c’était par un rameau pareil que Dieu lui avait signifié sa volonté, un rameau qui avait fleuri d’une manière insolite, un rameau coupé dans ce jardin en plein hiver et qui avait fleuri comme pour le printemps devant l’Arche du Seigneur – peut-être le Soleil-Dieu l’avait-il réchauffé en rayonnant sur lui sa gloire… – Et elle pensait encore qu’au jour de ses noces, Joseph lui avait apporté d’autres fleurs, mais jamais semblables à la première qui portait, inscrite sur ses pétales légers : “ Je veux que tu sois unie à Joseph. ” Elle pensait à tant de choses… Et ce faisant, elle s’élevait vers Dieu. Ses mains étaient agiles entre la quenouille et le fuseau et elle filait un fil plus fin que l’un des cheveux de sa jeune chevelure…

Son âme tissait un tapis d’amour en passant, agile comme la navette sur le métier, de la terre au Ciel, des besoins de la maison et de son époux à ceux de l’âme, de Dieu. Elle chantait, elle priait. Et le tapis se formait sur le métier mystique, il se déroulait de la terre au Ciel, il s’élevait jusqu’à se perdre là-haut… Formé de quoi ? Des fils fins, solides, parfaits, de ses vertus, du fil qui volait de la navette, qu’elle croyait à elle alors qu’elle appartenait à Dieu : c’était la navette de la volonté de Dieu sur laquelle était enroulée la volonté de la petite, grande Vierge d’Israël, celle que le monde ne connaissait pas mais que Dieu connaissait, sa volonté enveloppée par celle du Seigneur et qui ne faisait qu’un avec elle. Et le tapis s’ornait des fleurs de l’amour, de la pureté, des palmes de la paix, des lauriers de la gloire, des humbles violettes, des jasmins odorants… Toutes les vertus fleurissaient sur le tapis de l’amour que la Vierge déroulait de la terre au Ciel comme une invitation. Et comme le tapis ne suffisait pas, elle offrait son cœur en chantant[5] : “ Que mon Bien-Aimé entre dans son jardin et qu’il goûte du fruit de ses arbres… Que mon Bien-Aimé descende au parterre des arômes, pour se rassasier dans les jardins et pour cueillir des lys. Je suis à mon Bien-Aimé, et mon Bien-Aimé est à moi, lui qui se repaît parmi les lys ! ”

Et des lointains infinis, parmi des torrents de lumière, arrivait une voix qu’aucune oreille humaine ne peut entendre, ni aucune gorge humaine exprimer. Elle disait : “ Que tu es belle, ma bien-aimée, que tu es belle ! Tes lèvres distillent du miel… Tu es un jardin bien clos, une source scellée, ô ma sœur, mon épouse…” et ces deux voix s’unissaient pour chanter l’éternelle vérité : “ L’amour est plus fort que la mort. Rien ne peut éteindre ou submerger ‘ notre ’ amour. ” Et la Vierge se transfigurait ainsi… ainsi… ainsi… pendant que Gabriel descendait et la rappelait, avec son ardeur, à la terre, réunissait son âme à sa chair pour qu’elle puisse entendre et comprendre la demande de Celui qui l’avait appelée “ Sœur ” mais qui la voulait “ Epouse ”.

C’est ici que le Mystère survint… Et une femme pudique, la plus pudique de toutes les femmes, celle qui ne connaissait même pas la poussée instinctive de la chair, fut boulversée devant l’Ange du Seigneur, parce que même un ange trouble l’humilité et la pudeur de la Vierge. Elle ne se tranquillisa qu’en l’entendant parler. Elle crut, et elle dit la parole par laquelle “ leur ” amour devint chair et vaincra la mort ; et il n’existe pas d’eau qui puisse l’éteindre ni de perversion qui puisse le submerger… »

348.12

Jésus s’incline doucement vers Marie qui a glissé à ses pieds, comme en extase, à ce rappel d’une heure lointaine, lumineuse d’une lumière spéciale que son âme paraît exhaler, et il lui demande doucement :

« Quelle fut ta réponse, ô Vierge très pure, à celui qui t’assurait qu’en devenant la Mère de Dieu tu n’allais pas perdre ta parfaite virginité ? »

Et Marie, comme en un rêve, lentement, en souriant, les yeux dilatés par des larmes de joie :

« Voici la Servante du Seigneur ! Qu’il me soit fait selon sa parole. »

Puis elle repose sa tête sur les genoux du Fils, en adoration.

Jésus la voile de son manteau pour la cacher aux yeux de tous puis il reprend :

« Et ce fut fait et cela se fera jusqu’à la fin, jusqu’à chacune de ses transfigurations. Elle sera toujours “ la Servante de Dieu ”. Elle fera toujours ce que “ la Parole ” dira. Ma Mère ! Telle est ma Mère. Et il est bon que vous commenciez à la connaître dans la plénitude de sa sainte figure… Mère ! Mère ! Relève la tête, mon Aimée… Rappelle tes sentiments à la terre sur laquelle nous sommes pour le moment… » dit-il en découvrant Marie après un certain temps durant lequel il n’y avait d’autre bruit que le bourdonnement des abeilles et le clapotis de la petite source.

Marie lève son visage trempé de larmes et murmure :

« Pourquoi, mon Fils, m’as-tu fait cela ? Les secrets du Roi sont sacrés…

– Mais le Roi peut les dévoiler[6] quand il le veut. Mère, je l’ai fait pour que la parole d’un prophète soit comprise : “ Une Femme enfermera l’Homme en elle ”, ainsi que cette autre parole d’un autre prophète : “ La Vierge concevra et enfantera un Fils. ” Et c’est aussi pour que ceux qui souffrent de trop de vexations, qui sont humiliantes pour eux, concernant le Verbe de Dieu, aient en compensation bien d’autres consolations qui les confirment dans la joie de m’appartenir. De cette façon, ils ne se scandaliseront jamais plus, et c’est même pourquoi ils conquerront le Ciel…

348.13

Maintenant, que ceux qui doivent aller dans des maisons hospitalières s’y rendent. Moi, je reste avec les femmes et Marziam. Demain à l’aube, que tous les hommes soient présent, parce que je veux vous amener près d’ici. Puis nous reviendrons saluer les femmes disciples pour retourner ensuite à Capharnaüm afin de rassembler d’autres disciples et les envoyer à leur suite. »

348.1

Cuando ponen pie en la playita de Cafarnaúm, los recibe el griterío de los niños, que, tanto corren, veloces, chillando con sus vocecitas, desde la playa a las casas, que emulan a las golondrinas afanadas en la construcción de los nuevos nidos; alborozados con esa sencilla alegría de los niños, para los cuales es espectáculo maravilloso un pececito muerto encontrado en la orilla, y mágico objeto una piedrecita pulida por las olas y que por su color asemeja a una piedra preciosa, o la flor descubierta entre dos piedras, o el escarabajo tornasolado capturado en vuelo: prodigios todos dignos de ser mostrados a las mamás, para que participen de la alegría de su hijito.

Mas ahora estas golondrinitas humanas han visto a Jesús, y todos sus vuelos convergen hacia Él, que está para desembarcar en la playita. Entonces se abate sobre Jesús una templada, viva avalancha de carnes niñas, y le ciñe; una cadena suave de tiernas manitas, que le ata; un amor de corazones infantiles, que, cual dulce fuego, le da calor.

«¡Yo! ¡Yo!».

«¡Un beso!».

«¡A mí!».

«¡También yo!».

«Jesús! ¡Te quiero!».

«¡No te vuelvas a marchar por tanto tiempo!».

«Venía todos los días aquí para ver si venías».

«Yo iba a tu casa».

«Ten esta flor. Era para mi mamá. Pero te la doy».

«Otro beso más para mí, muy fuerte. El de antes no me ha tocado, porque Yael me ha empujado para atrás…».

Y las vocecitas continúan mientras Jesús trata de caminar entre esa red de ternuras.

«¡Pero dejadle un poco en paz! ¡Fuera! ¡Basta!» gritan discípulos y apóstoles tratando de aflojar el cerco. ¡Ya, ya! ¡Parecen lianas provistas de ventosas! Por esta parte las separan, por allá se pegan.

«¡Dejad! ¡Dejadlos! Con paciencia llegaremos» dice Jesús sonriendo, y da pasos increíblemente pequeños para poder andar sin pisar piececitos descalzos.

348.2

Pero lo que le libra del amoroso cerco es la improvisa llegada de Manahén con otros discípulos, entre los cuales los pastores que estaban en Judea.

«¡La paz a ti, Maestro!» dice con voz potente el solemne Manahén, espléndidamente vestido, aunque ya sin objetos de oro en la frente y en los dedos; eso sí, con una magnífica espada a la cintura, que suscita la admiración llena de reverencia de los niños, los cuales, ante este magnífico caballero vestido de púrpura y con un arma tan estupenda en su cintura, se apartan atemorizados.

Y así Jesús puede abrazarle, y abrazar a Elías, a Leví, a Matías, a José, a Juan, a Simeón, y no sé a cuántos otros más. «¿Cómo es que estás aquí? ¿Y cómo has sabido que había arribado?».

«Saberlo, se ha sabido por los gritos de los niños. Han traspasado los muros como flechas de alegría. Pero he venido aquí porque pensaba que está próximo tu viaje a Judea y que ciertamente tomarán parte en él las mujeres… He querido estar también yo… Para protegerte, Señor, si no es demasiada soberbia pensarlo. Hay mucha efervescencia en Israel contra ti. Esto es una cosa dolorosa de decir. Pero no la ignoras».

348.3

Hablando así, llegan a la casa y entran en ella. Manahén continúa hablando después de que el jefe de casa y su mujer han saludado reverentemente al Maestro.

«Ya en estos momentos la efervescencia y el interés que suscitas ha penetrado por todas partes, agitando y llamando la atención incluso de los más insensibles y distraídos por cosas muy distintas de lo que Tú eres. Las noticias de tus obras han penetrado incluso dentro de las sucias murallas de Maqueronte y en los lujuriosos refugios de Herodes, bien sean éstos el palacio de Tiberíades, o los castillos de Herodías o la espléndida mansión de los Asmoneos cerca del Sixto. Franquean, como oleadas de luz y poder, las barreras de tinieblas y mezquindad. Abaten los cúmulos de pecados dispuestos como trinchera y refugio para los sucios amores de la Corte y los atroces delitos. Asaetean, como dardos de fuego, escribiendo palabras mucho más graves que las del banquete de Baltasar[1] en las licenciosas paredes de las alcobas y de las salas del trono y de los banquetes. Gritan tu Nombre y tu poder, tu naturaleza y tu misión. Y Herodes tiembla de miedo por ello; y Herodías se contuerce en los lechos, con miedo a que Tú seas el Rey vengador que habrá de arrebatarle riquezas e inmunidades, si no incluso la vida, y arrojarla a merced de las turbas, que vengarían sus muchos delitos. En la Corte tiemblan. Y es por ti. Tiemblan de miedo humano y sobrehumano. Desde que la cabeza de Juan cayó cortada, un fuego parece devorar las entrañas de quienes le mataron. Ya no tienen siquiera su mísera paz de antes, paz de puercos hartos de comilonas, que encuentran el silencio a las acusaciones de la conciencia en la ebriedad y en la cópula. Ya no hay nada que les dé paz… Están perseguidos… Y después de cada una de las horas de amor se odian, hartos el uno de la otra, culpándose recíprocamente de haber cometido el delito que turba, que ha sobrepasado la medida; mientras que Salomé, como poseída por un demonio, vive zarandeada por un erotismo que degradaría a una esclava de las moliendas. El Palacio es más hediondo que un albañal. Herodes me ha preguntado varias veces acerca de ti. Siempre he respondido: “Para mí es el Mesías, el Rey de Israel de la única estirpe real, la de David. Es el Hijo del hombre a que se refieren los Profetas, es el Verbo de Dios, Aquel que, por ser el Cristo, el Ungido de Dios, tiene derecho a reinar sobre todos los vivientes”. Y Herodes palidece de miedo sintiéndote el Vengador. Y rechaza el miedo, el grito de la conciencia desmembrada por el remordimiento, diciendo — porque los de la Corte para confortarle dicen que Tú eres Juan falsamente considerado muerto, y con ello le hacen deprimirse más que nunca, de horror; o Elías, o algún otro profeta del pasado —, diciendo: “¡No, no puede ser Juan! Le decapitaron por orden mía y su cabeza la tiene Herodías en segura custodia. Y no puede ser uno de los profetas. No se vive de nuevo una vez muertos. Pero tampoco puede ser el Cristo. ¿Quién lo dice? ¿Quién dice que lo es? ¿Quién osa decirme que es el Rey de la única estirpe regia? ¡Yo soy el rey! ¡Yo! Y ningún otro. El Mesías fue matado por Herodes el Grande: fue ahogado, recién nacido, en un mar de sangre. Fue degollado como un corderito… y tenía pocos meses… ¿Oyes cómo llora? Su balido me grita continuamente dentro de la cabeza, junto con el rugido de Juan: ‘No te es lícito’… ¡¿No me es lícito?! Sí. Todo me es lícito, porque yo soy ‘el rey’. Aquí vino y mujeres, si Herodías rechaza mis abrazos amorosos, y que dance Salomé para despertar mis apetitos aterrorizados por esas cosas pavorosas que dices”. Y se emborracha entre las mimas de la Corte, mientras en sus habitaciones grita la desquiciada mujer sus blasfemias contra el Mártir, y sus amenazas contra ti; y, en las suyas, Salomé conoce lo que es el haber nacido del pecado de dos lujuriosos y el haber sido cómplice de un delito conseguido con el abandono del propio cuerpo a los frenesíes lúbricos de un hombre inmundo. Pero luego Herodes vuelve en sí y quiere saber de ti, y querría verte. Y por este motivo favorece el que yo venga a ti, con la esperanza de que te lleve a su presencia; cosa que no haré nunca, para no llevar tu santidad a un antro de fieras inmundas. Y querría tenerte Herodías para agredirte; y lo grita con su estilete en las manos… Y querría tenerte Salomé, que te vio en Tiberíades sin que Tú lo supieras, el pasado Etanim, en su insania por ti… ¡Éste es el Palacio, Maestro! Pero yo permanezco en él, porque así vigilo las intenciones respecto a ti».

«Yo te lo agradezco y el Altísimo te bendice por ello. También esto es servir al Eterno en sus decretos».

«Lo he pensado. Y por este motivo he venido».

«Manahén, dado que has venido, te ruego una cosa. No bajes a Jerusalén conmigo, sino con las mujeres. Yo voy con éstos por camino ignoto; no podrán hacerme ningún mal. Pero ellas son mujeres indefensas, y el que las acompaña es de corazón manso y está enseñado a ofrecer la mejilla a quien ya le ha golpeado. Tu presencia será segura protección. Un sacrificio, lo comprendo. Pero estaremos juntos en Judea. No me niegues esto, amigo».

«Señor, todo deseo tuyo es ley para tu siervo. Estoy al servicio de tu Madre y de las condiscípulas, desde este momento hasta cuando quieras».

«Gracias. Esta obediencia tuya también será escrita en el Cielo.

348.4

Ahora vamos a dedicar la espera de las barcas para todos a curar a los enfermos que me aguardan».

Y Jesús baja al huerto, donde hay camillas o enfermos, y los cura rápidamente, mientras recibe el saludo deferente de Jairo y de los amigos, pocos, de Cafarnaúm.

Las mujeres, entretanto — y son Porfiria y Salomé, más la anciana esposa de Bartolomé y la menos anciana de Felipe con sus hijas jovencitas — se ocupan de la comida para el numeroso grupo de los discípulos, que habrán de saciar el hambre con las nasas de pescado que Betsaida y Cafarnaúm han ofrecido. Y una intensa actividad de abrir vientres argénteos todavía palpitantes, de enjuagar peces en los barreños, y una intensa crepitación de frito sobre las parrillas, se produce en la cocina, mientras Margziam, con otros discípulos, alimenta los fuegos y trae cántaros de agua para ayudar a las mujeres.

La comida pronto está hecha y pronto consumida. Y habiendo sido ya reclutadas las barcas para el transporte de tanta gente, no falta sino embarcarse en dirección a Magdala, por un lago de encanto: tan sereno… tan angélico, engastado en sus orillas esmeraldinas.

Los jardines y la casa de María de Magdala se abren hospitalarios en el mediodía solar para recibir al Maestro y a sus discípulos, y toda Magdala se lanza a la calle a saludar al Rabí que va hacia Jerusalén.

348.5

Y las frescas laderas de las colinas galileas sienten la marcha diligente y alegre de la turba fiel, seguida de un cómodo carro en que van Juana con Porfiria, Salomé, las mujeres de Bartolomé y Felipe y las dos hijas jovencitas de este último, más los risueños María y Matías, de aspecto irreconocible respecto a lo que eran cinco meses antes. Margziam marcha con bravura con los adultos; es más, por voluntad de Jesús, está incluso en el grupo apostólico, entre Pedro y Juan, y no se pierde ni una palabra de cuanto dice Jesús.

El Sol resplandece en un cielo purísimo. Tibias rachas de viento traen olor a bosque, a calamanto, a violeta, y el olor de los primeros muguetes y de los rosales que se van poblando cada vez más de flores; soberano, sobrepujando a todos, ese olor fresco, levemente amargoso, de las flores de los árboles frutales, que, desde todas partes, esparcen nieve de pétalos sobre los prados. Todos tienen algunos de estos pétalos entre el pelo, mientras caminan en medio de un continuo gorjeo de pájaros, en medio de cantos de seducción y vibrantes reclamos de unas frondas a otras entre los audaces machos y las púdicas hembras; y mientras las ovejas rozan, pingües de maternidad, y los primeros corderitos chocan el morrito rosado contra la torneada ubre para aumentar la secreción de leche, o, como niños felices, corretean haciendo círculos por los prados de hierba reciente.

348.6

¡Qué pronto llega Nazaret después de Caná!, donde Susana se une a las otras mujeres llevando consigo los productos de su tierra en cestas y frascos, y una rama entera de rosas rojas, todas en capullo todavía, próximos a abrirse, que — dice — «son ofrenda para María».

«Yo también, ¿ves?» dice Juana, y destapa una especie de caja donde están cuidadosamente colocadas bastantes rosas entre musgo húmedo: «Las primeras y las más bonitas. ¡Siempre será nada para Ella, que es tan encantadora!».

Veo que todas las mujeres han traído consigo provisiones para el viaje pascual; y, con las provisiones, quién esta flor, quién esa otra planta, para el huerto de María… Porfiria se disculpa porque no ha traído más que una maceta de alcanfor, espléndido con esas diminutas hojitas glaucas que emanan su aroma con sólo rozarlas. «María deseaba esta planta balsámica…» dice. Y todas la elogian por la belleza exuberante del arbolito. «¡Oh! Le he vigilado todo el invierno, resguardándole del hielo y del granizo en mi habitación. Margziam me ayudaba a llevarle al sol todas las mañanas y a retirarle cuando caía la tarde… Este niño encantador, si no hubiera estado la barca y ahora el carro, se lo habría cargado a las espaldas para llevárselo a María, por cortesía con Ella y conmigo» dice la humilde mujer, que cada vez se siente más segura por la bondad de Juana, y que no cabe en sí de la alegría de estar en viaje hacia Jerusalén, y además con el Maestro, con su marido y con su Margziam.

«¿No has estado nunca en Jerusalén?».

«Mientras vivía mi padre, todos los años. Pero luego… Mi madre no volvió a ir… Mis hermanos me habrían llevado, pero yo servía de ayuda a mi madre y ella no me dejaba partir. Después me casé con Simón… y no he vuelto a estar muy bien de salud. Simón habría debido estar mucho de viaje, y se aburría… Así que me quedaba en casa esperándole… El Señor veía mi deseo… y era como si hiciera el sacrificio en el Templo…» dice la mansa mujer.

Y Juana, que la tiene cerca, le pone una mano en sus espléndidas trenzas y le dice: «¡Querida mía!». Y en esa expresión hay mucho amor, mucha comprensión, mucho significado.

348.7

Llegan a Nazaret… Llegan a la casa de María de Alfeo, que ya está entre los brazos de sus hijos, y ella, con las manos goteando y rojas por la colada que está haciendo, los acaricia, para correr luego, secándoselas en el tosco mandil, a abrazar a Jesús… Llegan a la casa de Alfeo de Sara, que precede inmediatamente a la de María. Alfeo ordena al nietecito más grande que corra a avisar a María, mientras se dirige a pasos de gigante hacia Jesús, con una brazada de nietecitos encima; y le saluda junto con esa nidada estrechada entre sus brazos como un ramo de flores ofrecido a Jesús.

He ahí a María, asomándose a la puerta, bajo el sol, con su vestido de casa de un azul claro un poco descolorido, y con el oro — brillante, vaporoso sobre la frente virginal, macizo en el tupido nudo de las trenzas sobre la nuca — el oro de sus cabellos; hela cayendo sobre el pecho de su Hijo, que la besa con todo su amor. Los demás se detienen, prudentes, para dejarlos libres en los primeros momentos.

Pero Ella se separa en seguida y vuelve el rostro, inexpugnable a la edad, ahora todo rosado por la sorpresa y luminoso por la sonrisa, y saluda con su voz de ángel: «La paz a vosotros, siervos del Señor y discípulos de mi Hijo. La paz a vosotras, hermanas en el Señor» y, con las discípulas, que han bajado del carro, intercambia un beso fraterno.

«¡Oh, Margziam, ya no voy a poder tenerte entre mis brazos! Ya eres un hombre. Pero ven con la Mamá de todos los buenos, que sí te daré un beso todavía. ¡Tesoro mío! Que Dios te bendiga y te haga crecer en sus caminos, robusto como crece tu joven cuerpo, y más aún. Hijo mío, habrá que llevarle a que le vea su abuelo. Se pondrá muy contento de verle así» dice luego volviéndose hacia Jesús.

Y luego abraza a Santiago y a Judas de Alfeo. Y les da la noticia que ciertamente desean oír: «Este año Simón viene conmigo, como discípulo del Maestro. Me lo ha dicho».

Luego saluda, uno por uno, a los más conocidos, a los más influyentes, y tiene para cada uno de ellos una palabra de gracia. Jesús acerca a Manahén a Ella y se le presenta como escolta suya en el viaje hacia Jerusalén.

«¿No vienes con nosotros, Hijo?».

«Madre, tengo más lugares que evangelizar. Nos veremos en Betania».

«Hágase tu voluntad ahora y siempre. Gracias, Manahén. Tú: ángel humano; nuestros custodios: ángeles del Cielo; estaremos tan seguras como estando en el Santo de los Santos». Y ofrece su mano menuda a Manahén en señal de amistad. El caballero, crecido en el fasto, se arrodilla para besar la gentil mano que se le ofrece.

348.8

Entretanto, han descargado las flores y todas las otras cosas que deben quedarse en Nazaret. Luego el carro va a su lugar: alguna de las caballerizas de la ciudad.

La pequeña casa parece una rosalera por las rosas que las discípulas han distribuido por todas partes. Pero la planta de Porfiria, que ha sido puesta encima de la mesa, recoge la más viva admiración de María; y dice que la lleven a un lugar apropiado según las indicaciones de la mujer de Pedro.

Ciertamente no pueden entrar todos en la minúscula casa, ni en el huerto, que no es ni un latifundio ni una hacienda, pero que, eso sí, parece ascender hacia el cielo sereno, hacerse etéreo (por la gran cantidad de nubes de flores de los árboles de este hortezuelo).

Y Judas de Alfeo, sonriendo, pregunta a María: «¿Has cortado hoy también la rama para tu ánfora?».

«Claro, Judas. La estaba contemplando cuando habéis llegado…».

«Y soñando de nuevo, Mamá, tu vasto misterio» dice Jesús, ciñéndola con su brazo izquierdo y arrimándola contra su pecho.

María alza su rostro enrojecido, y suspira: «Sí, Hijo mío… y también el primer latido de tu corazón en mí…».

Jesús dice: «Que se queden las discípulas, los apóstoles, Margziam, los discípulos pastores, el sacerdote Juan, Esteban, Hermas y Manahén. Los demás que se dispersen en busca de alojamiento…».

«Muchos pueden alojarse en mi casa…» grita desde la puerta, donde está retenido, Simón de Alfeo. «Soy condiscípulo de ellos y los reclamo».

«¡Hermano, acércate para que te pueda besar» dice, efusivo, Jesús, mientras Alfeo de Sara e Ismael y Aser, los dos discípulos ex arrieros de asnos, de Nazaret, dicen, a su vez: «A nuestra casa. ¡Venid, venid!».

Los discípulos que no habían sido nombrados se marchan. Se puede entonces cerrar la puerta… para ser abierta de nuevo inmediatamente, por la llegada de María de Alfeo, que no puede estar lejos aunque se estropee su colada. Son casi cuarenta personas, así que se esparcen por el huerto tibio y calmo. Se distribuyen los alimentos. Todos, tan contentos como están de consumirlos en la casa del Señor y además distribuidos por María, los encuentran de un sabor celestial.

Regresa Simón, después de acomodar convenientemente a los discípulos, y dice: «No me has llamado como a los demás, pero soy hermano tuyo y vengo de todas formas».

«Bien. Ven, Simón.

348.9

He querido que estuvierais aquí para daros a conocer a María. Muchos de vosotros conocéis a la “madre” María; algunos a la “esposa” María. Pero ninguno conoce a la “virgen” María. Os la quiero dar a conocer en este jardín en flor, al cual vuestro corazón viene, con el deseo, en los momentos de lejanía forzada, como a un lugar de reposo, durante las fatigas del apostolado.

He oído lo que decíais, apóstoles, discípulos y parientes; he oído vuestras impresiones, vuestros recuerdos, vuestras afirmaciones acerca de mi Madre. Quiero transfiguraros todo esto — cargado de admiración pero todavía muy humano — en conocimiento sobrenatural. Porque mi Madre, antes de mí, debe ser transfigurada ante los ojos de los más merecedores, para ser mostrada cual Ella es. Veis a una mujer. Una mujer que por su santidad os parece distinta de las demás, y que veis en realidad como un alma envuelta en la carne, como la de todas sus hermanas de sexo. Pero ahora quiero descubriros el alma de mi Madre, su verdadera y eterna belleza.

Ven aquí, Madre mía. No te ruborices. No te eches hacia atrás atemorizada, paloma suave de Dios. Tu Hijo es la Palabra de Dios, y puede hablar de ti y de tu misterio, de tus misterios, ¡oh sublime Misterio de Dios! Vamos a sentarnos aquí, bajo esta sombra ligera de árboles en flor, junto a la casa, junto a tu habitación santa. ¡Así! Vamos a descorrer esta cortina ondeante. Que salgan olas de santidad y de Paraíso de esta habitación virginal para saturarnos de ti a todos… Sí. A mí también, y quede perfumado de ti, Virgen perfecta, para poder soportar los hedores del mundo, para, teniendo saturada la pupila de tu Candor, poder ver candor… Venid aquí, Margziam, Juan, Esteban, y vosotras, discípulas, poneos bien de frente a la puerta abierta de la morada casta de la que es Casta entre todas las mujeres. Y detrás vosotros, amigos míos. Y aquí, a mi lado, tú, amada Madre mía.

348.10

Poco antes os he dicho: “la eterna belleza del alma de mi Madre”. Soy la Palabra y por ello sé hacer uso de la palabra sin error. He dicho: eterna, no inmortal. Y no lo he dicho sin una finalidad. Inmortal es quien, habiendo nacido, ya no muere. Así, el alma de los justos es inmortal en el Cielo, el alma de los pecadores es inmortal en el Infierno; porque el alma, una vez creada, ya no muere sino a la gracia.

Pero el alma tiene vida, existe desde el momento en que Dios la piensa. La crea el Pensamiento de Dios[2]. El alma de mi Madre desde siempre es pensada por Dios. Por tanto es eterna en su belleza, en la cual Dios ha vertido todas las perfecciones para recibir de ella delicia y confortación.

Está escrito en el Libro de nuestro antepasado Salomón[3], que te antevio, y, por tanto, puede ser llamado profeta tuyo: “Dios me poseyó al principio de sus obras, desde el mismo principio, antes de la Creación. Ab aeterno fui establecida, al principio, antes de que fuera hecha la Tierra. No existían todavía los abismos y yo había sido ya concebida. No manaban aún las fuentes de las aguas, no habían sido asentadas aún las montañas sobre su pesada mole y yo ya existía. Antes de las colinas había sido dada a luz. Él no había hecho todavía la Tierra, ni los ríos, ni los fundamentos del mundo, y yo ya existía. Cuando preparaba los cielos y el Cielo, estaba presente. Cuando con ley inviolable cerró debajo de la bóveda el abismo, cuando afianzó en lo alto la bóveda celeste y colgó de ella las fuentes de las aguas, cuando fijó al mar sus confines y dictó a las aguas la ley de no superarlos, mientras echaba los cimientos de la Tierra, yo estaba con Él dando orden a todas las cosas. En medio de una constante alegría, jugaba en su presencia continuamente. Jugaba en el orbe”.

¡Sí, oh Madre de la que Dios, el Inmenso, el Sublime, el Virgen, el Increado, estaba grávido, y te llevaba como al dulcísimo fruto de su seno, exultando al sentirte agitarte dentro de Él, dándole las sonrisas con las que hizo la Creación! Tú, a la que dio a luz al dolor para darte al Mundo, alma suavísima, nacida del Virgen para ser la “Virgen”, Perfección de la Creación, Luz del Paraíso, Consejo de Dios, el cual, mirándote, pudo perdonar la Culpa, porque sólo tú, tú sola, sabes amar como no sabe hacerlo toda la Humanidad junta. ¡En ti el Perdón de Dios! ¡En ti la Medicina de Dios, tú, caricia del Eterno en la herida infligida por el hombre a Dios! ¡En ti la Salud del mundo, Madre del Amor encarnado y del Redentor concedido!

¡Oh, el alma de mi Madre! ¡Fundido en el Amor con el Padre, te miraba dentro de mí, oh alma de mi Madre!… Tu esplendor, tu oración, la idea de que tú me llevaras, eran eterno consuelo de mi destino de dolor y de experiencias inhumanas, de lo que significa para el Dios perfectísimo el mundo corrompido. ¡Gracias, Madre! He venido ya saturado de tus consuelos, he descendido sintiéndote sólo a ti, tu perfume, tu canto, tu amor… ¡Alegría, alegría mía!

348.11

Pero, oíd, vosotros que ahora sabéis que una sola es la mujer en la que no hay mancha, una sola la Criatura que no cuesta heridas al Redentor, oíd la segunda transfiguración de María, la Elegida de Dios.

Era una tarde serena de Adar. Estaban en flor los árboles en el huerto silencioso. María, desposada con José, había cogido una rama de árbol florecido para substituir a la otra que había en su habitación. Hacía poco que María había venido a Nazaret, tomada del Templo para adornar una casa de santos. Y, con el alma tripartita (entre el Templo, la casa y el Cielo), miraba la rama florecida, pensando que con una parecida a ésa, florecida en modo insólito, una rama cortada en este hortezuelo en pleno invierno y que había echado flores como en primavera delante del Arca del Señor — quizás le había dado calor el Sol-Dios radiante en el lugar de su Gloria — Dios le había expresado su voluntad… Y pensaba también que el día de la boda José le había llevado otras flores, aunque no como esa primera, que tenía escrito en sus pétalos ligeros: “Te quiero unida a José”… Muchas cosas pensaba… Y pensando subió a Dios. Las manos se movían diligentes entre la rueca y el huso, e hilaban un hilo más delgado que un cabello de su joven cabeza…

El alma tejía un tapiz de amor, yendo diligente, como la lanzadera del telar, de la tierra al Cielo; de las necesidades de la casa, de su esposo, a las del alma, de Dios. Y cantaba y oraba. El tapiz se formaba en el místico telar, se desenrollaba desde la tierra al Cielo, subía para perderse arriba… ¿Formado con qué? Con los hilos finos, perfectos, fuertes, de sus virtudes; con el veloz hilo de la lanzadera que Ella creía “suya”, y, sin embargo, era de Dios: la lanzadera de la Voluntad de Dios en la cual estaba arrollada la voluntad de la pequeña, grande Virgen de Israel, la Desconocida para el Mundo, la Conocida para Dios; su voluntad arrollada, hecha una con la Voluntad del Señor. Y el tapiz se adornaba con flores de amor, de pureza, con palmas de paz, de gloria, con violetas, jazmines… Todas las virtudes florecían en el tapiz del amor que la Virgen de Dios extendía, invitante, desde la tierra hasta el Cielo. Y, no bastando el tapiz, lanzaba su corazón cantando[4]: “Venga mi Amado a su jardín y coma el fruto de sus árboles frutales… Baje mi Amado a su jardín, a la era de los aromas, a halagarse en los jardines, a recoger lirios. ¡Yo soy de mi Amado, y mi Amado es mío; Él, que se halaga entre los lirios!”.

Y, desde lejanías infinitas, entre torrentes de Luz, venía una Voz cual oído humano no puede oír, ni garganta humana formar. Decía: “¡Cuán hermosa eres, amiga mía! ¡Qué hermosa!… Miel gotean tus labios… ¡Un jardín cerrado eres tú, una fuente sellada, oh hermana, esposa mía!…”, y las dos voces se unían para cantar la eterna verdad: “El amor es más fuerte que la muerte. Nada puede extinguir o ahogar ‘nuestro’ amor”. La Virgen se transfiguraba así… así… así… mientras descendía Gabriel y la reclamaba, con su llamear, a la Tierra; uníale de nuevo el espíritu al cuerpo, para que Ella pudiera oír y comprender la demanda de Aquel que la había llamado “Hermana” pero que la quería “Esposa”.

Pues bien, allí tuvo lugar el Misterio… Y una púdica, la más púdica entre todas las mujeres, Aquella que ni siquiera conocía el estímulo instintivo de la carne, se turbó ante el ángel de Dios, porque hasta un ángel turba la humildad y la verecundia de la Virgen; y sólo se calmó oyéndole hablar; y creyó; y dijo la palabra por la que el amor “de Ella y Él ” se hizo Carne y vencerá a la Muerte, y no habrá agua que pueda apagarle ni maldad que pueda sumergirle…».

348.12

Jesús se inclina dulcemente hacia María, que ha caído a sus pies, casi extática, al rememorar la lejana hora, iluminada con una luz especial que parece exhalar del alma; y le pregunta quedo: «¿Cuál fue, ¡Purísima!, tu respuesta a aquel que te aseguraba que viniendo a ser Madre de Dios no perderías tu perfecta Virginidad?».

Y María, casi en sueño, lentamente, sonriendo, con los ojos dilatados por un feliz llanto: «¡He aquí a la Sierva del Señor! Hágase en mí según su Palabra» y reclina, adorando, la cabeza en las rodillas de su Hijo.

Jesús la cubre con su manto, celándola así a los ojos de todos, y dice: «Y se cumplió. Y se cumplirá hasta el final. Hasta sus otras transfiguraciones. Ella será siempre “la Sierva de Dios”. Hará siempre lo que diga “la Palabra”. ¡Ésta es mi Madre! Bueno es que empecéis a conocerla en toda su santa Figura… ¡Madre! ¡Madre! Alza tu cara, Amada… Llama a tus devotos a esta Tierra en que por ahora estamos…» dice mientras destapa a María, después de un rato en que no se ha oído ningún sonido aparte del zumbido de las abejas y el gorgoteo de la fuentecita.

María levanta la cara, cubierta de llanto, y susurra: «¿Por qué me has hecho esto Hijo? Los secretos del Rey son sagrados…».

«Pero el Rey los puede revelar cuando quiere. Madre, lo he hecho para que se comprenda lo que dijo un Profeta[5]: “Una Mujer abarcará al Hombre”, y lo otro del otro Profeta: “La Virgen concebirá y dará a luz a un Hijo”. Y también para que ellos, que se horrorizan por demasiadas cosas del Verbo de Dios que consideran humillantes, tengan como contrapeso otras muchas cosas que los confirmen en el gozo de ser “míos”. Así no se volverán a escandalizar, y conquistarán así también el Cielo…

348.13

Ahora los que tengan que ir a las casas hospitalarias que vayan. Yo me quedo aquí con las mujeres y Margziam. Que mañana, al alba, estén aquí todos los hombres; quiero llevaros a un lugar cercano. Luego regresaremos para saludar a las discípulas. Después volveremos a Cafarnaúm y reuniremos a los otros discípulos para enviarlos detrás de ellas»…


Notes

  1. celles du festin de Balthazar, en Dn 5.
  2. Mais l’âme vit, existe à partir du moment où Dieu la pense. C’est la Pensée de Dieu qui la crée. Ces expressions ont été modifiées par Maria Valtorta sur une copie dactylographiée de la manière suivante : Mais l’âme a en réalité déjà une vie à partir du moment où Dieu la pense. La pensée de Dieu la crée, ensuite, quand le moment est venu de l’infuser. L’âme de Marie est de toute éternité non pas créée mais conçue par la Pensée divine, qui l’a créée quand vint le moment de l’infuser dans le corps conçu. La création et l’infusion de l’âme sont deux actes qui s’accomplissent au même moment, comme l’explique la note de 290.9.
  3. Il est dit dans le Livre de notre aïeul Salomon, c’est-à-dire en Pr 8, 22-31. Comme déjà dans les premières pages de l’œuvre (en 5.8, avec note), les paroles de la Sagesse créatrice de l’univers sont appliquées à l’âme de Marie, qui était présente dans la Pensée du Créateur. Maria Valtorta ajoute ici la note suivante sur une copie dactylographiée : la Révélation, l’Eglise et les Pères la qualifient donc de “ première-née ”. On peut donc dire que Marie qui a été dite au début de l’œuvre (en 1.2) “ seconde-née ” par rapport à Jésus (Premier-né dans l’absolu du Père) est “ première-née par rapport à toute autre créature humaine, car son âme précède toutes les autres, tant dans la pensée et la prédilection du Père que par sa propre perfection.
  4. Adar : février / mars.
  5. en chantant : ces expressions du dialogue mystique sont tirées du Cantique des cantiques : Ct 5, 1 ; 6, 2-3 ; 4, 1.11.12 ; 8, 6-7.
  6. peut les dévoiler : comme cela est dit en Tb 12, 7 ; la parole d’un prophète : Jr 31, 22 ; cette autre parole d’un autre prophète : Is 7, 14.

Notas

  1. Las palabras... del banquete de Baltasar están en el episodio de Daniel 5.
  2. Pero el alma tiene vida, existe desde el momento en que Dios la piensa. La crea el Pensamiento de Dios. Tales expresiones fueron modificadas por MV en una copia mecanografiada, de la siguiente manera: Pero el alma tiene en realidad ya una vida desde el momento en que Dios la piensa. Y el pensamiento de Dios la crea cuando se verifica el momento de infundirla.
  3. Está escrito en el Libro de nuestro antepasado Salomón, es decir, en Proverbios 8, 22-31, que recoge las palabras de la Sabiduría creadora del universo, en la cual la Obra valtortiana ve la imagen del alma de María Stma., presente en el pensamiento de Dios Creador. Al final del fragmento bíblico citado, MV anota en una copia mecanografiada: La Revelación, la Iglesia y los Santos Padres la llaman por eso “primogénita”. De esta manera, MV quiere corroborar que el alma de María Stma., en cuanto “pensada” eternamente (para ser luego “creada” en la plenitud del tiempo), precede, también en predilección del Padre y en perfección propia, a cualquier otra alma de humana criatura. El título de “segundogénita”, que la propia Obra da a María Stma. en 1.2, lo es sólo en relación a Jesús, Hijo suyo encarnado y, hablando absolutamente, Primogénito del Padre.
  4. ...cantando: las expresiones del místico diálogo están tomadas de Cantar de los Cantares 5, 1; 6, 2-3; 4, 1 y 11-12; 8, 6-7, como MV anota en una copia mecanografiada.
  5. lo que dijo un Profeta: Jeremías 31, 22; y lo otro del otro Profeta: Isaía 7, 14 (esto último está anotado, por MV, en una copia mecanografiada).