354.1
Avant la vision du 7 décembre a été placée celle de la seconde multiplication des pains reçue le 28 mai 1944, avec la dictée qui s’y rapporte.
Le 7 décembre 1945.
354.1
Avant la vision du 7 décembre a été placée celle de la seconde multiplication des pains reçue le 28 mai 1944, avec la dictée qui s’y rapporte.
Le 7 décembre 1945.
354.2
La plage de Capharnaüm fourmille de gens qui sortent d’une vraie flottille de barques de toutes tailles. Les premiers à débarquer partent dans la foule à la recherche du Maître, d’un apôtre ou au moins d’un disciple. Ils interrogent les uns et les autres….
Finalement, un homme répond :
« Le Maître ? Les apôtres ? Non. Ils sont partis dès la fin du sabbat et ne sont pas rentrés. Mais ils vont revenir, car il y a des disciples. J’ai parlé tout à l’heure avec l’un d’entre eux. Ce doit être un grand disciple. Il parle comme Jaïre ! Il est allé vers cette maison au milieu des champs, en suivant la mer. »
L’homme qui a posé la question en répand le bruit, et tous se précipitent vers l’endroit indiqué. Mais après avoir fait environ deux cents mètres sur la rive, ils rencontrent tout un groupe de disciples qui viennent vers Capharnaüm en faisant de grands gestes. Ils les saluent et demandent :
« Où est le Maître ? »
Les disciples répondent :
« Pendant la nuit, après le miracle, il est parti en barque de l’autre côté de la mer en compagnie de ses disciples. Nous avons vu, au clair de lune, les voiles qui cinglaient vers Dalmanutha.
– Ah ! Voilà ! Nous le cherchions à Magdala chez Marie, et il n’y était pas ! Pourtant… les pêcheurs de Magdala auraient pu nous le dire !
– Ils ne l’auront pas su. Peut-être est-il allé sur les monts d’Arbel pour prier. Il y est déjà passé une fois, l’an dernier avant la Pâque. Je l’ai rencontré à ce moment-là, par une très grande grâce du Seigneur à son pauvre serviteur, dit Etienne.
– Mais il ne revient pas ici ?
– Il va sûrement revenir. Il doit faire ses adieux et donner des ordres. Mais que voulez-vous ?
– L’entendre encore, le suivre, devenir ses disciples.
– Il va maintenant à Jérusalem. Vous l’y retrouverez. Et là, dans la Maison de Dieu, le Seigneur vous parlera, si pour vous il est utile de le suivre.
354.3
Car il est bon que vous sachiez que, s’il ne repousse personne, nous avons en nous des tendances qui repoussent la Lumière. Certains en sont saturés — cela ne serait qu’un moindre mal car lui, il est Lumière et si nous devenons loyalement ses disciples avec une volonté bien décidée, sa lumière nous pénètre et chasse nos ténèbres —. Mais s’ils y sont plongés et s’y attachent comme à leur propre chair, alors il vaut mieux qu’ils s’abstiennent de venir, à moins qu’ils ne se détruisent pour se recréer à neuf. Réfléchissez donc pour savoir si vous avez en vous la force de prendre un nouvel esprit, une nouvelle manière de penser, une nouvelle façon de vouloir. Priez pour pouvoir connaître la vérité sur votre vocation. Puis venez, si vous croyez. Et veuille le Très-Haut, qui a guidé Israël dans son “ Passage[1] ”, vous guider, en ce “ Pessah ”, pour que vous marchiez à la suite de l’Agneau, hors des déserts, vers la Terre éternelle, vers le Royaume de Dieu, dit Etienne au nom de tous ses compagnons.
– Non, non ! Tout de suite ! Tout de suite ! Personne ne fait ce que lui fait. Nous voulons le suivre » dit la foule en effervescence.
Etienne a un sourire où passent beaucoup d’expressions. Il ouvre les bras et dit :
« C’est parce qu’il vous a donné en abondance du bon pain que vous voulez venir ? Croyez-vous qu’à l’avenir il ne vous donnera que cela ? Lui, il promet à ceux qui le suivent ce qui est son lot : la souffrance, la persécution, le martyre. Ce ne sont pas des roses, mais des épines ; pas des caresses, mais des gifles, pas du pain, mais des pierres qui sont prêtes pour les “ christ ”. Et je parle ainsi sans blasphémer, parce que ses vrais fidèles seront oints de l’huile sainte faite de sa grâce et de sa souffrance, et nous serons “ oints ” pour être victimes sur l’autel et rois au Ciel.
– Eh bien ? En serais-tu jaloux ? Tu en es, toi ? Nous voulons en être nous aussi. Il est le Maître pour tous.
– C’est bien. Je vous le disais parce que je vous aime et que je veux que vous sachiez ce que c’est qu’être ses “ disciples ” pour ne pas être ensuite des déserteurs. Allons donc l’attendre tous ensemble à sa maison. Le crépuscule commence et c’est le début du sabbat. Il viendra le passer ici avant son départ. »
354.4
Ils se dirigent vers la ville en discutant. Plusieurs interrogent Etienne – et Hermas qui les a rejoints –, car, aux yeux des juifs, ils ont une lumière spéciale en tant qu’élèves préférés de Gamaliel. Plusieurs demandent : “ Mais que dit Gamaliel de lui ? ”, d’autres : “ Est-ce lui qui vous a envoyés ? ”, et d’autres encore : “ N’a-t-il pas souffert de vous perdre ? ”, ou bien : “ Et le Maître, que dit-il du grand rabbi ? ”
Les deux hommes répondent avec patience :
« Gamaliel parle de Jésus de Nazareth comme du plus grand homme d’Israël.
– Oh ! Plus grand que Moïse ? demandent certains, presque scandalisés.
– Il dit que Moïse est l’un des nombreux précurseurs du Christ, mais qu’il n’était que le serviteur du Christ.
– Alors, pour Gamaliel, celui-ci est le Christ ? C’est ce qu’il dit ? Si le rabbi Gamaliel l’affirme, la question est tranchée. C’est lui le Christ !
– Il ne dit pas cela. Il n’arrive pas encore à le croire, pour son malheur. Mais il assure que le Christ est sur la terre car il lui a parlé, il y a plusieurs années, ainsi que le sage Hillel. Et il attend le signe que le Christ lui a promis pour le reconnaître, dit Hermas.
– Mais comment a-t-il fait pour croire que cet homme était le Christ ? Que faisait-il ? Moi, je suis aussi âgé que Gamaliel, mais je n’ai jamais entendu dire que ce que le Maître fait l’ait déjà été chez nous. S’il n’est pas persuadé par ces miracles, qu’est-ce qu’il a donc vu de si surnaturel dans ce Christ pour pouvoir croire en lui ?
– Il l’a vu oint par la Sagesse de Dieu. C’est ce qu’il affirme, répond encore Hermas.
– Et alors qui est cet homme-ci pour Gamaliel ?
– Le plus grand homme, maître et précurseur d’Israël. S’il pouvait dire : “ C’est le Christ ”, l’âme sage et juste de mon premier maître serait sauvée » dit Etienne.
Et il achève :
« Et je prie pour que cela arrive, à tout prix.
– Et s’il ne croit pas que c’est le Christ, pourquoi vous y a-t-il envoyés ?
– Nous voulions y venir. Il nous a laissés faire en disant que c’était bien.
– Peut-être pour savoir et rapporter au Sanhédrin…, insinue quelqu’un.
– Homme, que dis-tu là ? Gamaliel est honnête. Il ne sert d’espion à personne et surtout pas aux ennemis d’un innocent ! »
Etienne se fâche et on dirait un archange, tant il est indigné, et presque rayonnant dans sa sainte colère.
« Il aura été désolé de vous perdre, pourtant, dit un autre.
– Oui et non. Comme homme qui nous aimait bien, oui. Comme âme très droite, non, parce qu’il a dit : “ Il est plus grand et plus jeune que moi. Je puis donc fermer les yeux, rassuré sur votre avenir, en sachant que vous appartenez au ‘ Maître des maîtres ’. ”
– Et Jésus de Nazareth, que dit-il du grand rabbi ?
– Oh ! Il n’a que des paroles élevées pour lui !
– Il n’en est pas jaloux ?
– Dieu ne jalouse pas » rétorque sévèrement Hermas. « Ne fais pas de suppositions sacrilèges.
– Mais pour vous, alors, il est Dieu ? En êtes-vous certains? »
Les deux hommes affirment d’une seule voix :
« Comme d’être vivants en ce moment. »
Et Etienne conclut :
« Et croyez-le vous aussi pour posséder la vraie vie. »
354.5
Les voilà de nouveau sur la plage devenue un lieu de réunion, et ils la traversent pour aller à la maison. Sur le seuil se trouve Jésus, qui caresse des enfants. Des disciples se groupent avec des curieux et ils demandent :
« Maître, quand es-tu arrivé ?
– Il y a quelques instants. »
Le visage de Jésus a encore la majesté solennelle, un peu extatique, qu’il prend après une prière prolongée.
« Tu as été en oraison, Maître ? demande Etienne à voix basse, par respect, comme il s’est incliné pour le même motif.
– Oui. A quoi le vois-tu, mon fils ? demande Jésus en posant la main sur ses cheveux foncés en une douce caresse.
– A ton visage d’ange. Je suis un pauvre homme, mais ton aspect est si limpide que j’y lis les palpitations et les actions de ton âme.
– Le tien aussi est limpide. Tu es l’un de ceux qui restent tout petits…
– Et qu’y a-t-il sur mon visage, Seigneur ?
– Viens à part et je te le dirai. »
Il le saisit par le poignet et l’entraîne dans un couloir obscur.
« Charité, foi, pureté, générosité, sagesse ; or tout cela, c’est Dieu qui te l’a donné, tu l’as cultivé, et tu l’approfondiras. Enfin, d’après ton nom, tu as la couronne d’or pur[2] et avec un grand joyau qui resplendit sur ton front. Sur l’or et les pierres sont gravés deux mots : “ Prédestination ” et “ Prémices ”. Sois digne de ton sort, Etienne. Va en paix avec ma bénédiction. »
Et il pose de nouveau la main sur ses cheveux tandis qu’Etienne s’agenouille pour ensuite se prosterner et lui baiser les pieds.
354.6
Ils reviennent vers les autres.
« Ces gens sont venus pour t’entendre, dit Philippe.
– On ne peut pas parler ici. Allons à la synagogue. Jaïre en sera heureux. »
Jésus en tête, suivi par le cortège des autres, se rend donc à la belle synagogue de Capharnaüm ; salué par Jaïre, il y entre et ordonne que toutes les portes restent ouvertes pour que ceux qui n’arrivent pas à pénétrer puissent l’entendre de la rue et de la place voisines.
Jésus va à sa place, dans cette synagogue amie. Cette fois, heureusement, les pharisiens sont absents : peut-être sont-ils déjà partis en grande pompe pour Jérusalem. Et il commence à parler.
« En vérité, je vous dis : vous me cherchez non pas pour m’entendre ni pour les miracles que vous avez vus, mais pour ce pain que je vous ai donné à manger à satiété et sans frais. Les trois quarts d’entre vous me cherchaient pour cette raison, et par curiosité, venant de toutes parts de notre patrie. Il manque donc à votre recherche l’esprit surnaturel ; et l’esprit humain reste dominant, avec ses curiosités malsaines ou pour le moins ses imperfections infantiles, une curiosité non pas simple comme celle des petits enfants, mais diminuée comme l’intelligence d’un esprit obtus. Et à la curiosité, s’allie la sensualité et un sentiment vicié. La sensualité, subtile comme le démon dont elle est la fille, se cache derrière des apparences et des actes qui semblent bons ; le sentiment vicié, simple déviation morbide du sentiment, ressent, comme tout ce qui est “ maladie ”, le besoin et le désir des drogues et non de la simple nourriture : le bon pain, l’eau limpide, l’huile pure, le lait frais, suffisant pour vivre, et bien vivre. Le sentiment vicié veut des sensations extraordinaires pour être remué et éprouver le frisson du plaisir, ce frisson maladif des paralysés qui ont besoin de se droguer pour goûter l’illusion d’être intègres et virils. La sensualité veut satisfaire sans fatigue sa gourmandise, dans ce cas, avec du pain qui n’a pas coûté de sueurs, puisque Dieu l’a donné par bonté.
354.7
Les dons de Dieu ne sont pas l’ordinaire, ils sont l’exceptionnel. On ne peut y prétendre, ni se livrer à la paresse en disant : “ Dieu me les donnera. ” Il est écrit : “ Tu mangeras ton pain baigné par la sueur de ton front ”, c’est-à-dire le pain gagné par le travail. Si celui qui est Miséricorde a dit : “ J’ai pitié de ces foules qui me suivent depuis trois jours, n’ont plus rien à manger et pourraient défaillir en route avant d’avoir atteint Hippos sur le lac, ou Gamla, ou d’autres villes ”, et s’il a pourvu à leurs besoins, cela ne signifie pas pour autant qu’on doive le suivre pour cette raison. C’est pour bien davantage qu’un peu de pain, destiné à devenir ordure après la digestion, que l’on doit me suivre. Ce n’est pas pour la nourriture qui remplit le ventre, mais pour celle qui nourrit l’âme, car vous n’êtes pas seulement des animaux occupés à brouter, ruminer, ou fouiller avec leur groin et s’engraisser. Mais vous êtes des âmes ! C’est cela que vous êtes ! La chair, c’est le vêtement, l’être c’est l’âme, et elle seule est immortelle. La chair, comme tout vêtement, s’use et finit en poussière : elle ne mérite pas qu’on s’en occupe comme si c’était une perfection à laquelle il faut accorder tous ses soins.
Cherchez donc ce qu’il est juste de se procurer, non ce qui est superflu. Cherchez à vous procurer non la nourriture périssable, mais celle qui dure pour la vie éternelle. Celle-là, le Fils de l’homme vous la donnera toujours, quand vous la voudrez. Car le Fils de l’homme dispose de tout ce qui vient de Dieu et il peut vous le donner ; car il est Maître – et le Maître magnanime – des trésors du Père qui a imprimé sur lui son sceau pour que les yeux honnêtes ne soient pas confondus. Et si vous avez en vous la nourriture éternelle, vous pourrez accomplir les œuvres de Dieu, puisque vous serez nourris de Dieu lui-même.
354.8
– Que devons-nous faire pour accomplir les œuvres de Dieu ? Nous observons la Loi et les prophètes. Nous sommes donc déjà nourris de Dieu et nous accomplissons les œuvres de Dieu.
– C’est vrai. Vous observez la Loi, ou plutôt vous “ connaissez ” la Loi. Mais connaître n’est pas pratiquer. Nous connaissons, par exemple, les lois de Rome et pourtant un juif fidèle ne les pratique pas autrement que dans les formules qui lui sont imposées par sa condition de sujet. Pour le reste, nous ne pratiquons pas – je parle des juifs fidèles – les usages païens des Romains bien que nous les connaissions. La Loi et les prophètes que vous tous connaissez devraient en effet vous nourrir de Dieu et vous donner par conséquent la capacité d’accomplir les œuvres de Dieu. Mais pour cela, ils devraient ne faire qu’un avec vous, comme l’air que vous respirez et la nourriture que vous assimilez, qui se changent tous deux en vie et en sang. Au contraire, ils restent étrangers, tout en étant dans votre maison, comme peut l’être un objet que vous appréciez et utilisez souvent, mais qui ne vous ôterait pas la vie s’il venait à manquer. Alors que… Ah ! Essayez un peu de ne pas respirer pendant quelques minutes, essayez de rester sans nourriture pendant des jours et des jours… et vous verrez que vous ne pouvez pas vivre. C’est ce que devrait ressentir votre moi à cause de sa dénutrition et de son asphyxie de la Loi et des prophètes, puisque vous les connaissez, mais ne les assimilez pas, et qu’ils ne font pas qu’un avec vous. C’est cela que je suis venu enseigner et donner : le suc, l’air de la Loi et des prophètes, pour rendre sang et respiration à vos âmes qui meurent de faim et d’asphyxie. Vous ressemblez à des enfants qu’une maladie rend incapables de savoir ce qui peut les nourrir. Vous avez des provisions, mais vous ne savez pas qu’elles doivent être mangées pour se changer en principe vital, et qu’elles deviennent vraiment nôtres, par une fidélité pure et généreuse à la Loi du Seigneur, qui a parlé à Moïse et aux prophètes pour vous tous. C’est donc un devoir de venir à moi pour avoir l’air et le suc de la vie éternelle. Mais ce devoir présuppose en vous une foi. Car si quelqu’un n’a pas la foi, il ne peut croire à mes paroles, et s’il ne croit pas, il ne vient pas me dire : “ Donne-moi le pain véritable. ” Et s’il n’a pas le pain véritable, il ne peut accomplir les œuvres de Dieu puisque cette capacité lui manque. Par conséquent, pour être nourris de Dieu et pour accomplir ses œuvres, il est nécessaire que vous fassiez cette démarche fondamentale : croire en Celui que Dieu a envoyé.
354.9
– Mais quels miracles fais-tu donc pour qu’il nous soit possible de croire en toi comme en un envoyé de Dieu et pour qu’on puisse voir sur toi le sceau de Dieu ? Que fais-tu que les prophètes n’aient déjà fait, certes sous une forme plus modeste ? Moïse t’a même surpassé, puisque ce n’est pas une seule fois, mais pendant quarante ans qu’il a nourri nos pères d’une nourriture merveilleuse. Il est écrit que, pendant quarante années, nos pères ont mangé la manne du désert[3] et il est dit par conséquent que Moïse leur donna à manger du pain venu du Ciel : lui, il le pouvait.
– Vous êtes dans l’erreur. Ce n’est pas Moïse, mais le Seigneur qui a pu faire cela. Et dans l’Exode on lit : “ Voici : je ferai pleuvoir du pain du ciel. Que le peuple sorte et recueille ce qui lui suffit pour chaque jour ; ainsi je me rendrai compte si le peuple marche selon ma Loi. Et le sixième jour, qu’il en ramasse le double par respect pour le septième jour, le sabbat. ” Et les Hébreux virent le désert se recouvrir chaque matin de “ quelque chose de minuscule qui ressemble à ce qui est pilé dans le mortier, et au grésil, semblable à la graine de coriandre, et au bon goût de fleur de farine mélangée à du miel. ” Ce n’est donc pas Moïse, mais le Seigneur qui a procuré la manne. C’est Dieu qui peut tout. Tout. Punir et bénir, enlever et accorder. Et moi, je vous assure qu’entre les deux, il préfère bénir et accorder plutôt que punir et enlever.
Moïse, comme il est dit dans l’Ecclésiastique, était “ cher à Dieu et aux hommes, sa mémoire était bénie, car il était rendu par Dieu semblable aux saints dans leur gloire, grand et terrible pour les ennemis, capable de susciter des prodiges et d’y mettre fin, glorieux en présence des rois, son ministre en présence du peuple. Il avait vu la gloire de Dieu et entendu la voix du Très-Haut, il était le gardien des préceptes et de la Loi de vie et de sagesse. ” C’est pourquoi Dieu, comme le dit la Sagesse, par amour pour Moïse, a nourri son peuple du pain des anges, et lui a envoyé du ciel un pain déjà fait, sans fatigue, un pain délicieux et d’une douce saveur. Et — souvenez-vous bien de ce que dit la Sagesse — puisqu’il venait du ciel, et qu’il montrait la douceur de Dieu envers ses fils, il avait pour chacun le goût que celui-ci désirait, et procurait à chacun les effets qu’il voulait, étant utile aussi bien au bébé, à l’estomac encore imparfait, ou à l’adulte à l’appétit et à la digestion vigoureux, à la fillette délicate ou au vieillard décrépit. Et même, pour montrer que ce n’était pas œuvre d’homme, il renversa les lois des éléments car ce pain mystérieux qui, au lever du soleil, fondait comme du givre résistait au feu. Ou plutôt : le feu — c’est toujours la Sagesse qui parle — oublia sa propre nature par respect pour l’œuvre de Dieu son Créateur et pour les besoins des justes de Dieu. Ainsi, alors qu’il a l’habitude de s’enflammer pour tourmenter, ici il se fit doux pour faire du bien à ceux qui faisaient confiance au Seigneur.
C’est donc pour cela qu’en se transformant de toutes manières, il servit à la grâce du Seigneur, leur nourrice à tous, selon les besoins de celui qui priait le Père éternel, pour que ses enfants bien-aimés apprennent que ce n’est pas la reproduction des fruits qui nourrit les hommes, mais que c’est la parole du Seigneur qui conserve ceux qui croient en Dieu. En effet, le feu ne consumait pas – comme il le pouvait – la douce manne, pas même si la flamme était haute et puissante, alors que le doux soleil du matin suffisait à la faire fondre, afin que les hommes apprennent et se rappellent que les dons de Dieu doivent être recherchés dès le commencement du jour et de la vie, et que, pour les obtenir, il faut devancer la lumière et se lever pour louer l’Eternel dès la première heure du matin.
C’est cela que la manne enseignait aux Hébreux. Et moi, je vous le rappelle, car c’est un devoir qui dure et durera jusqu’à la fin des siècles. Cherchez le Seigneur et ses dons célestes, sans paresser jusqu’aux heures tardives du jour ou de la vie. Levez-vous pour le louer avant même que le soleil levant ne le fasse, et nourrissez-vous de sa parole qui consacre, préserve et conduit à la vie véritable.
Ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain du ciel mais, en vérité, c’est Dieu le Père, et maintenant, en vérité, c’est mon Père qui vous donne le Pain véritable, le Pain nouveau, le Pain éternel qui descend du ciel, le Pain de miséricorde, le Pain de vie, le Pain qui donne la vie au monde, le Pain qui rassasie toute faim et libère de toute faiblesse, le Pain qui donne à celui qui le prend la vie éternelle et l’éternelle joie.
354.10
– Seigneur, donne-nous de ce pain et nous ne mourrons plus.
– Vous mourrez comme tout homme, mais vous ressusciterez pour la vie éternelle si vous vous nourrissez saintement de ce Pain, parce qu’il rend incorruptible celui qui le mange. Pour ce qui est de vous, il sera donné à ceux qui le demandent à mon Père avec un cœur pur, une intention droite et une sainte charité. C’est pour cela que je vous ai appris à dire : “ Donne-nous notre pain quotidien. ” Mais pour ceux qui s’en nourriront indignement, il deviendra un grouillement de vers d’enfer, comme les paniers de manne conservés contre l’ordre reçu. Et ce Pain de salut et de vie deviendra, pour eux, mort et condamnation. Car le plus grand sacrilège sera commis par ceux qui mettront ce Pain sur une table spirituelle corrompue et fétide, et le profaneront en le mêlant à la sentine de leurs inguérissables passions. Mieux vaudrait pour eux ne l’avoir jamais pris !
354.11
– Mais où est ce Pain ? Comment le trouve-t-on ? Quel nom a-t-il ?
– Moi, je suis le Pain de vie. C’est en moi qu’on le trouve. Son nom est Jésus. Qui vient à moi n’aura plus jamais faim, et qui croit en moi n’aura plus jamais soif, car les fleuves célestes se déverseront en lui, éteignant toute ardeur matérielle. Je vous l’ai dit, désormais. Vous me connaissez à présent, et pourtant vous ne croyez pas. Vous ne pouvez croire que tout est en moi. Et pourtant, c’est ainsi. C’est en moi que se trouvent tous les trésors de Dieu. C’est à moi qu’est donné tout ce qui appartient à la terre, de sorte que les Cieux glorieux et la terre militante sont réunis en moi. Même, elle est en moi, la foule de ceux qui sont morts dans la grâce de Dieu et attendent en souffrant, car tout pouvoir est en moi et pour moi. Et je vous le dis : tout ce que le Père me donne viendra à moi. Et je ne chasserai pas celui qui vient à moi car je suis descendu du Ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. Or voici la volonté de mon Père, du Père qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. La volonté du Père qui m’a envoyé est que quiconque connaît le Fils et croit en lui ait la vie éternelle et que je puisse le ressusciter au Dernier Jour, en le voyant nourri de la foi en moi et marqué de mon sceau. »
354.12
Ce discours nouveau et hardi du Maître suscite tout un bourdonnement dans la synagogue et au-dehors. Et lui, après avoir repris haleine un instant, tourne ses yeux étincelants de ravissement là où l’on murmure davantage – or ce sont précisément les groupes où il y a des juifs. Il reprend :
« Pourquoi marmonner entre vous ? Oui, je suis le fils de Marie de Nazareth, fille de Joachim de la race de David, vierge consacrée au Temple, puis épousée par Joseph, fils de Jacob, de la race de David. Beaucoup d’entre vous ont connu les justes qui donnèrent la vie à Joseph, menuisier de race royale, et à Marie, vierge héritière de souche royale. Cela vous fait dire : “ Comment celui-ci peut-il se dire descendu du Ciel ? ” et le doute naît en vous.
Je vous rappelle ce qu’annoncent les prophètes sur l’incarnation du Verbe. Et je vous rappelle comment, plus pour nous israélites que pour tout autre peuple, nous croyons que Celui que nous n’osons pas nommer ne peut pas se donner une chair selon les lois humaines, qui plus est selon les lois d’une humanité déchue. Si le Très Pur, l’Incréé, s’est humilié jusqu’à se faire homme par amour pour l’homme, il ne pouvait choisir qu’un sein de Vierge plus pur que les lys pour revêtir de chair sa divinité.
Le Pain descendu du ciel au temps de Moïse a été placé dans l’arche d’or[4], recouverte du propitiatoire, veillée par les chérubins, derrière les voiles du Tabernacle. Et avec le Pain était la Parole de Dieu. Et il était juste qu’il en fût ainsi, parce que les dons de Dieu et les tables de sa très sainte Parole doivent être traités avec le plus grand respect. Mais alors qu’est-ce que Dieu aura préparé pour sa propre Parole et pour le Pain véritable descendu du Ciel ? Une arche plus inviolée et plus précieuse que l’arche d’or, couverte du précieux propitiatoire de sa pure volonté d’immolation, veillée par les chérubins de Dieu, voilée d’une candeur virginale, d’une parfaite humilité, d’une sublime charité et de toutes les vertus les plus saintes.
Alors ? Ne comprenez-vous pas encore que ma paternité est au Ciel et donc que c’est de là que je viens ? Oui, je suis descendu du Ciel pour accomplir le décret de mon Père, le décret de salut des hommes selon ce qui a été promis au moment même de la condamnation et répété aux patriarches et aux prophètes.
Mais cela, c’est la foi. Or la foi est donnée par Dieu à ceux qui ont une âme de bonne volonté. Aussi personne ne peut venir à moi s’il n’est pas conduit à moi par mon Père, qui le voit dans les ténèbres, mais avec un vrai désir de la lumière. Il est écrit[5] dans les Prophètes : “ Ils seront tous instruits par Dieu. ” Voilà, c’est dit. C’est Dieu qui leur apprend où ils doivent aller pour être instruits par Dieu. Donc tout homme qui, au fond de son âme droite, a entendu Dieu parler, a appris de mon Père à venir vers moi.
– Et qui veux-tu qui ait entendu Dieu, ou vu sa Face ? » demandent plusieurs qui commencent à montrer des signes d’irritation et de scandale. Et ils finissent par dire :
« Tu délires ou tu es un illuminé.
– Personne n’a vu Dieu, excepté celui qui est de Dieu. Celui-là a vu le Père et c’est moi.
354.13
Et maintenant écoutez le “ Credo ” de la vie future sans lequel on ne peut se sauver.
En vérité, en vérité je vous dis que celui qui croit en moi a la vie éternelle. En vérité, en vérité je vous dis que je suis le Pain de la vie éternelle.
Dans le désert, vos pères ont mangé la manne et ils sont morts, car la manne était une nourriture sainte mais temporelle, et elle donnait la vie pour autant qu’il était nécessaire d’arriver à la Terre, promise par Dieu à son peuple. Mais la Manne que je suis n’aura pas de limites de temps ni de puissance. Non seulement elle est céleste, mais elle est divine, et elle produit ce qui est divin : l’incorruptibilité, l’immortalité de ce que Dieu a créé à son image et à sa ressemblance. Elle ne durera pas quarante jours, quarante mois, quarante ans, quarante siècles. Mais elle durera aussi longtemps que le temps, et elle sera donnée à tous ceux qui ont pour elle une faim sainte et agréable au Seigneur, qui se réjouira de se donner sans mesure aux hommes pour lesquels il s’est incarné afin qu’ils aient la Vie qui ne meurt pas.
Moi, je peux me donner, je peux me transsubstantier par amour pour les hommes, de sorte que le pain devienne Chair et que la Chair devienne pain, pour la faim spirituelle des hommes qui, sans cette nourriture, mourraient de faim et de maladies spirituelles. Mais si quelqu’un mange de ce Pain avec justice, il vivra éternellement. Le Pain que je donnerai, ce sera ma Chair immolée pour la vie du monde ; ce sera mon amour répandu dans les maisons de Dieu pour que viennent à la table du Seigneur ceux qui sont aimants ou malheureux et qu’ils trouvent un réconfort pour leur besoin de se fondre en Dieu et un soulagement pour leurs peines.
354.14
– Mais comment peux-tu nous donner ta chair à manger ? Pour qui nous prends-tu ? Pour des fauves sanguinaires ? Pour des sauvages ? Pour des homicides ? Le sang et le crime nous répugnent.
– En vérité, en vérité je vous dis que bien des fois l’homme est pire qu’un fauve et que le péché rend plus que sauvage, que l’orgueil donne une soif homicide, et que ce n’est pas à tous ceux qui sont ici présents que répugneront le sang et le crime. A l’avenir aussi, l’homme restera le même parce que Satan, la sensualité et l’orgueil en font une bête féroce. Et c’est pour satisfaire un besoin plus grand que jamais que vous devez et que l’homme devra se guérir lui-même des germes terribles par l’infusion du Saint. En vérité, en vérité je vous dis que si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas en vous la Vie. Celui qui mange dignement ma chair et qui boit mon sang possède la vie éternelle et je le ressusciterai au Dernier Jour. Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang un breuvage. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi, et moi en lui. Comme le Père vivant m’a envoyé et que je vis par le Père, de même celui qui me mange vivra par moi et ira là où je l’envoie. Il fera ce que je veux, il vivra avec austérité comme homme, il sera ardent comme un séraphin et il sera saint, car pour pouvoir se nourrir de ma chair et de mon sang, il s’interdira les fautes et il vivra en s’élevant pour finir son ascension aux pieds de l’Eternel.
– Mais cet homme est fou ! Qui peut vivre de cette façon ? Dans notre religion, il n’y a que le prêtre qui doive se purifier pour offrir la victime. Lui, ici, il veut faire de nous autant de victimes de sa folie. Cette doctrine est trop pénible et ce langage trop dur ! Qui peut l’écouter et le pratiquer ? » murmure-t-on dans l’assistance, dont plusieurs sont des disciples réputés tels.
354.15
Les gens se dispersent en commentant, et les rangs des disciples paraissent très réduits quand le Maître et les plus fidèles restent seuls dans la synagogue. Je ne les compte pas, mais je pense qu’on arrive à peu près à une centaine. Il doit donc y avoir eu une forte défection même dans les rangs des anciens disciples depuis longtemps au service de Dieu.
Parmi ceux qui sont restés, il y a les apôtres, le prêtre Jean et le scribe Jean, Etienne, Hermas, Timon, Hermastée, Agape, Joseph, Salomon, Abel de Bethléem de Galilée, et Abel l’ancien lépreux de Chorazeïn avec son ami Samuel, Elie (celui qui renonça à ensevelir son père pour suivre Jésus), Philippe d’Arbel, Aser et Ismaël de Nazareth, ainsi que d’autres dont je ne connais pas le nom. Tous ceux-là parlent doucement en commentant la défection des autres et les paroles de Jésus, qui reste pensif, les bras croisés, appuyé à un haut pupitre.
« Vous êtes scandalisés par mes paroles ? Et si je vous disais que vous verrez un jour le Fils de l’homme monter au Ciel, où il était auparavant, et s’asseoir à côté du Père ? Et qu’avez-vous compris, assimilé, cru, jusqu’à présent ? Et avec quoi avez-vous écouté et saisi ? Seulement avec ce qui est tout humain ? C’est l’esprit qui vivifie et a de la valeur. La chair n’a rien à y voir. Mes paroles sont esprit et vie, et c’est spirituellement qu’il faut les écouter et les comprendre pour y puiser la vie. Mais il y en a beaucoup parmi vous dont l’esprit est mort parce qu’il est sans foi. Beaucoup d’entre vous ne croient pas vraiment, et c’est inutilement qu’ils restent près de moi. Ils n’y trouveront pas la Vie, mais la Mort. Car ils restent, comme je l’ai déjà dit, par curiosité ou par affection humaine, ou pire, dans une intention encore plus indigne. Ils n’ont pas été amenés ici par le Père en récompense de leur bonne volonté, mais par Satan. Personne, en vérité, ne peut venir à moi, si cela ne lui est pas accordé par mon Père. Partez vous aussi, vous qui restez difficilement parce que vous avez honte, humainement, de m’abandonner, mais qui avez encore plus honte de rester au service d’un homme qui vous semble “ fou et dur ”. Partez. Il vaut mieux que vous soyez loin pour nuire. »
Plusieurs autres disciples se retirent alors, parmi lesquels le scribe Jean et Marc, le Gérasénien possédé, guéri par Jésus qui envoya les démons dans les porcs. Les bons disciples se consultent et courent derrière ceux qui ont abandonné, en essayant de les arrêter.
354.16
Il reste maintenant dans la synagogue Jésus, le chef de la synagogue, et les apôtres…
Jésus se tourne vers les Douze, désolés, regroupés dans un coin :
« Voulez-vous vous en aller, vous aussi ? »
Il dit cela sans amertume, sans tristesse, mais avec beaucoup de sérieux. Dans un élan douloureux, Pierre lui dit :
« Seigneur, où veux-tu que nous allions ? Vers qui ? Tu es notre vie et notre amour. Toi seul as les paroles de vie éternelle. Nous savons que tu es le Christ, le Fils de Dieu. Si tu veux, chasse-nous. Mais, pour notre part, nous ne te quitterons pas, pas même… pas même si tu ne nous aimais plus… »
Pierre pleure sans bruit, avec de grosses larmes… André aussi, Jean et les deux fils d’Alphée pleurent ouvertement ; les autres, pâles ou rouges par suite de l’émotion, ne pleurent pas, mais souffrent visiblement.
« Pourquoi devrais-je vous chasser ? N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, tous les douze ? »
Prudemment, Jaïre s’est retiré pour laisser Jésus libre de réconforter ou de réprimander ses apôtres. Jésus, qui remarque sa retraite silencieuse, s’assied d’un air accablé, comme si la révélation qu’il fait lui coûtait un effort supérieur à ses moyens, épuisé comme il l’est, dégoûté, endolori. Puis il dit :
« Et pourtant, l’un de vous est un démon. »
La parole tombe lentement, effrayante, dans la synagogue où il n’y a que la lumière des nombreuses lampes qui soit joyeuse… et personne n’ose rien dire. Mais ils se regardent les uns les autres avec un frisson de peur, en se posant une question angoissée et, par une réponse encore plus angoissée et intime, chacun s’examine lui-même…
Personne ne bouge pendant un moment. Jésus reste seul sur son siège, les mains croisées sur les genoux, la tête basse. Il la relève enfin et dit :
« Venez. Je ne suis tout de même pas un lépreux ! Ou bien me croyez-vous tel ? »
Alors Jean s’avance rapidement et lui passe les bras autour du cou en disant :
« Dans ce cas, j’ai la lèpre avec toi, mon seul amour. Avec toi dans la condamnation. Avec toi dans la mort, si tu crois que c’est cela qui t’attend… »
Et Pierre rampe à ses pieds, il les lui prend et les pose sur ses épaules en sanglotant :
« Presse-moi, foule-moi aux pieds ! Mais ne me laisse pas penser que tu te méfies de ton Simon. »
Voyant que Jésus caresse les deux premiers, les autres s’avancent et lui donnent des baisers sur ses vêtements, sur ses mains, sur ses cheveux… Seul Judas ose lui embrasser le visage.
Jésus se lève tout à coup et semble le repousser brusquement tant son mouvement est imprévu, et il dit :
« Allons à la maison. Demain soir, à la nuit, nous partirons en barque pour Hippos. »
354.1
Antes de la visión del 7-12 hay que poner, con su respectivo dictado, la de la segunda multiplicación de los panes, tenida el 28 de mayo de 1944.
7 de diciembre de 1945.
354.2
La playa de Cafarnaúm bulle de gente que desembarca de una verdadera flotilla de barcas de todas las dimensiones. Y los primeros que echan pie a tierra se ponen a buscar entre la gente para ver si ven al Maestro, a un apóstol o, al menos, a un discípulo. Y van preguntando…
Un hombre, por fin, responde: «¿Maestro? ¿Apóstoles? No. Se han marchado después del sábado, en seguida, y no han vuelto. Pero volverán porque hay algunos discípulos. Acabo de hablar con uno de ellos. Debe ser un discípulo importante. ¡Habla como Jairo! Ha ido hacia aquella casa que está entre los campos, costeando el mar».
El hombre que ha preguntado hace extender la voz, y todos se ponen en rápido movimiento hacia el lugar indicado. Pero, recorridos unos doscientos metros por la orilla, encuentran a todo un grupo de discípulos que vienen hacia Cafarnaúm gesticulando animadamente. Los saludan y preguntan: «¿El Maestro dónde está?».
Los discípulos responden: «Durante la noche, después del milagro, se ha marchado con los suyos con las barcas atravesando el mar. Hemos visto las velas bajo el claror de la Luna, en dirección a Dalmanuta».
«¡Ah! ¡claro! ¡Le hemos buscado en Magdala, en casa de María, y no estaba! ¡De todas formas… nos lo podían haber dicho los pescadores de Magdala!».
«No lo sabrían. Quizás había subido a los montes de Arbela a orar. Ya fue allí una vez el año pasado antes de la Pascua. Le encontré en esa ocasión por suma gracia del Señor a su pobre siervo» dice Esteban.
«¿Pero no va a volver aquí?».
«Ciertamente volverá. Nos debe despedir y darnos las indicaciones. Pero, ¿qué queréis?».
«Seguirle oyendo. Seguirle. Hacernos suyos».
«Ahora va a Jerusalén. Le encontraréis allí. Allí, en la Casa de Dios, el Señor os hablará. Si os conviene ir tras Él.
354.3
Porque debéis saber que, si bien Él no rechaza a nadie, nosotros tenemos dentro aspectos que rechazan la Luz. De forma que quien tenga tantos aspectos de éstos que no sólo esté ya saturado — lo cual no sería un gran mal, porque Él es la Luz y, cuando nos hacemos lealmente suyos con voluntad decidida, su Luz penetra en nosotros venciendo a las tinieblas —, sino que esté incluso unido a ellos como a la carne de nuestro cuerpo, y los estime como a la carne de su cuerpo, entonces éste conviene que se abstenga de venir, a menos que no se destruya para rehacerse nuevo. Meditad, pues, sobre si tenéis en vosotros la fuerza de asumir un nuevo espíritu, un nuevo modo de pensar, un nuevo modo de querer. Y luego, si lo juzgáis conveniente, venid. Quiera el Altísimo, que guió a Israel en su “paso”, guiaros a vosotros en este “pésac” a seguir la estela del Cordero, allende los desiertos, hacia la Tierra eterna, hacia el Reino de Dios» dice Esteban, hablando por todos sus compañeros.
«¡No, no! ¡Inmediatamente! ¡Inmediatamente! Nadie hace las cosas que Él hace. Queremos seguirle» dice, agitada, la muchedumbre.
Esteban expresa con una sonrisa muchas cosas. Abre los brazos y dice: «¿Porque os haya dado pan bueno y abundante queréis venir? ¿Creéis que os va a dar siempre sólo esto? A los que le siguen les promete aquello que constituye su acervo: dolor, persecución, martirio; no rosas sino espinas, no caricias sino bofetadas, no pan sino piedras están preparadas para los “cristos”. Y diciendo esto no blasfemo, porque sus verdaderos fieles serán ungidos con el aceite santo hecho con su Gracia, generado con su sufrimiento; nosotros seremos “ungidos” para ser víctimas en el altar y reyes en el Cielo».
«¿Y! ¿Es que tienes celos? ¿No estás tú? Pues también queremos estar nosotros. El Maestro es de todos».
«Bien. Os lo decía porque os amo y quiero que sepáis lo que significa ser “discípulos”, de forma que después no sea uno un desertor. Vamos entonces todos juntos a esperarle a su casa. Se está empezando a poner el Sol y comienza el sábado. Vendrá para pasarlo aquí antes de partir».
354.4
Y se dirigen, conversando, a la ciudad. Muchos hacen preguntas a Esteban y a Hermas (que ha llegado también); los israelitas ven a los dos con una luz especial por ser alumnos predilectos de Gamaliel. Muchos preguntan: «¿Pero qué dice Gamaliel de Él?», otros: «¿Os ha dicho él que vinierais?», y otros: «¿No le ha dolido perderos?», o: «¿Y el Maestro qué dice del gran rabí?».
Los dos, pacientemente, responden: «Gamaliel habla de Jesús de Nazaret como del hombre más grande de Israel».
«¡Más grande que Moisés?» dicen casi escandalizados.
«Dice que Moisés es uno de los muchos precursores del Cristo, pero que no es sino el siervo suyo».
«Entonces para Gamaliel es el Cristo? ¿Es esto lo que dice? Si dice eso el rabí Gamaliel, la cosa está clara: ¡es el Cristo!».
«No dice eso. Todavía no es capaz de creerlo, por desgracia para él. Pero dice que el Cristo está ya en la Tierra porque habló con Él hace muchos años; él y el sabio Hil.lel. Espera una señal que aquel Cristo le prometió para reconocerle» dice Hermas.
«¿Pero por qué creyó que aquél era el Cristo? ¿Qué hacía? Yo tengo tantos años como Gamaliel y no he oído nunca que en nuestra tierra alguien hiciera las cosas que el Maestro hace. Si no se convence con estos milagros, ¿qué vio de milagroso en aquel Cristo para poder creer en Él?».
«Vio que estaba ungido con la Sabiduría de Dios. Así dice» responde otra vez Hermas.
«¿Y entonces qué es éste para Gamaliel?».
«El mayor de entre los hombres, maestro y precursor de Israel. Si pudiera decir: “Es el Cristo”, quedaría salvada el alma sabia y justa de mi primer maestro» dice Esteban, y termina: «Y pido porque se cumpla esto cueste lo que cueste».
«Y si no cree que es el Cristo, ¿por qué os ha dicho que vinierais?».
«Nosotros queríamos venir. Nos ha dejado venir, diciendo que estaba bien venir».
«Quizás para sacar informaciones y referírselas al Sanedrín…» insinúa uno.
«¿Qué dices! Gamaliel es una persona honesta. No espía al servicio de nadie, ¡y menos al servicio de los enemigos de un inocente!» reacciona inmediatamente Esteban (y tanto es su desdén, casi radiante santamente indignado, que parece un arcángel).
«De todas formas, le habrá dolido perderos» dice otro.
«Sí y no: como hombre que nos quería, sí; como espíritu muy recto, no. Porque dijo: “Él es más que yo y más joven; por tanto podré cerrar los ojos, en paz respecto a vuestro futuro, sabiendo que sois del ‘Maestro de los maestros’”».
«¿Y Jesús de Nazaret qué dice del gran rabí?».
«¡Sólo tiene para él palabras selectas!».
«¿No le tiene envidia?».
«Dios no envidia» dice Hermas en tono severo. «No hagas suposiciones sacrílegas».
«¿Pero para vosotros entonces es Dios? ¿Estáis seguros?».
Y los dos, a una sola voz: «Como de que estamos vivos en este momento». Y Esteban termina: «¡Y os exhorto a que queráis creerlo también vosotros para obtener la verdadera Vida».
354.5
Están otra vez en la playa, que se ha transformado en plaza; la atraviesan para ir a la casa. En la puerta está Jesús acariciando a unos niños.
Discípulos y curiosos se aglomeran y preguntan: «Maestro, ¿cuándo has venido?».
«Hace unos momentos». El rostro de Jesús presenta todavía esa majestuosidad solemne un poco extática de cuando ha orado mucho.
«¿Has estado en oración, Maestro?» pregunta Esteban en voz baja por reverencia (y, por el mismo motivo, tiene inclinado su cuerpo).
«Sí. ¿Qué te lo hace pensar, hijo mío?» pregunta Jesús mientras le pone, con una dulce caricia, la mano sobre su pelo obscuro.
«Tu rostro de ángel. Yo soy un pobre hombre, pero tu aspecto es tan límpido que en él se leen los latidos y acciones de tu espíritu».
«También el tuyo es límpido. Tú eres uno de esos que permanecen niños…».
«¿Qué hay en mi rostro, Señor?».
«Ven aparte y te lo digo» y le toma de la muñeca y le lleva a un pasillo obscuro. «Caridad, fe, pureza, generosidad, sabiduría. Te las ha dado Dios. Tú las has cultivado y las cultivarás más todavía. En fin, de acuerdo con tu nombre, tienes la corona: de oro puro con una gran gema que brilla en la frente. En el oro y en la gema hay dos palabras grabadas: “Predestinación” y “Primicia”. Sé digno de tu destino, Esteban. Ve en paz con mi bendición». Y le pone nuevamente la mano en el pelo mientras Esteban se arrodilla para luego inclinarse y besar los pies de Jesús.
354.6
Vuelven adonde los demás.
«Esta gente ha venido para escucharte…» dice Felipe.
«Aquí no se puede hablar. Vamos a la sinagoga. Jairo se pondrá contento».
Jesús delante, detrás el cortejo de los demás, se encaminan hacia la bonita sinagoga de Cafarnaúm. Jesús es saludado por Jairo y luego entra. Ordena que todas las puertas queden abiertas para que los que no logren entrar puedan oírle desde la calle y la plaza, que están a los lados de la sinagoga.
Jesús va a su sitio, en esta sinagoga amiga en que hoy, por buena ventura, no están los fariseos (quizás se han puesto ya en marcha pomposamente hacia Jerusalén). Empieza a hablar.
«En verdad os digo: me buscáis no por escucharme y por los milagros que habéis visto, sino por el abundante pan que os he dado, gratis, con que saciar vuestra hambre. Las tres cuartas partes de vosotros por esto me buscabais, y por curiosidad, viniendo de todas las partes de nuestra Patria. Es, pues, una búsqueda sin espíritu sobrenatural. Domina el espíritu humano con sus curiosidades malsanas (o, al menos, de una imperfección infantil: no por ser curiosidad sencilla como la de los niños, sino deficiente cual la inteligencia de un obtuso mental). Y, con la curiosidad, quedan la sensualidad y el sentimiento viciado: la sensualidad, que se esconde, sutil como el demonio, de quien es hija, detrás de apariencias y en actos aparentemente buenos; el sentimiento viciado, que es simplemente una desviación morbosa del sentimiento y que, como todo aquello que es “enfermedad” necesita drogas, y tiende a ellas, drogas que no son el alimento sencillo (el buen pan, el agua buena, el aceite genuino, la leche pura) suficiente para vivir, y vivir bien. El sentimiento viciado quiere cosas extraordinarias para sentirse impresionado y sentir el estremecimiento placentero, el estremecimiento enfermo de los paralizados, que necesitan drogas para experimentar sensaciones con que creerse aún íntegros y vigorosos. La sensualidad que quiere satisfacer sin esfuerzo la gula (en este caso con el pan no sudado recibido por bondad de Dios).
354.7
Estos regalos de Dios no son lo habitual, sino lo extraordinario. No se pueden exigir. No se puede uno volver perezoso y decir: “Dios me los dará”. Está escrito: “Comerás el pan mojado con el sudor de tu frente”, o sea, el pan ganado con el trabajo. Porque si Aquel que es Misericordia dijo: “Siento compasión de las turbas, que me siguen desde hace tres días y no tienen ya nada que comer y podrían desfallecer por el camino antes de llegar a Ippo, en la orilla del lago, o a Gamala o a otros ciudades”, y proveyó a esta necesidad, no quiere ello decir que deba ser seguido por esto. A mí se me ha de seguir por mucho más que por un poco de pan, destinado a estiércol después de la digestión; no por el alimento que llena el vientre, sino por el que nutre al alma. Porque no sois sólo animales que deben rozar y rumiar, u hozar en el plato y engordar. ¡Sois almas! ¡Esto es lo que sois! La carne es la vestidura, el ser es el alma. Es el alma la que perdura. La carne, como todo vestido, se aja y acaba, y no merece la pena ocuparse de ella cual si fuere una perfección a la que hubiera que prestar todos los cuidados.
Buscad, pues, lo que es oportuno procurarse, no lo que no lo es. Tratad de procuraros no el alimento perecedero, sino el que permanece para la vida eterna. El Hijo del hombre os dará siempre este alimento, cuando lo queráis. Porque el Hijo del hombre tiene a su disposición todo lo que viene de Dios, y puede darlo, Él, que es el dueño, magnánimo dueño, de los tesoros del Padre Dios, que ha imprimido en Él su sello para que los ojos honestos no sean confundidos. Y, si tenéis en vosotros el alimento imperecedero, siendo nutridos con el alimento de Dios, podréis hacer obras de Dios».
354.8
«¿Qué tenemos que hacer para realizar las obras de Dios? Observamos la Ley y los Profetas. Por tanto, ya nos nutrimos de Dios y hacemos obras de Dios».
«Es verdad. Observáis la Ley; más exactamente: “conocéis” la Ley. Pero conocer no es practicar. Nosotros conocemos, por ejemplo, las leyes de Roma, y, no obstante, un fiel israelita no las practica sino en aquellas fórmulas impuestas por su condición de súbdito. Por lo demás, nosotros — hablo de los fieles israelitas — no practicamos las costumbres paganas de los romanos aunque las conozcamos. La Ley que todos vosotros conocéis, y los Profetas, deberían, efectivamente, nutriros de Dios, y daros, por tanto, capacidad de realizar obras de Dios. Pero, para hacer esto, deberían haberse hecho unidad en vosotros, como sucede con el aire que respiráis y el alimento que asimiláis, que se transforman en vida y sangre. Sin embargo, os son extraños, a pesar de estar en vuestra casa, como lo es un objeto de la casa, que conocéis y os es útil pero que si un día faltara no os quitaría la existencia. Mientras que… ¡privaos unos minutos de respirar, o, durante muchos días, de comer, a ver qué sucede! Veréis que no podéis vivir. Pues así debería sentirse vuestro yo en la desnutrición y asfixia de una Ley y unos Profetas conocidos pero no asimilados y hechos unidad con vosotros. Yo he venido a enseñar y dar esto: la savia, el aire de la Ley y los Profetas; para procurar de nuevo sangre y respiro a vuestras almas agonizantes por inanición y asfixia. Sois semejantes a niños incapacitados, por una enfermedad, para distinguir aquello que puede nutrirlos. Tenéis ante vosotros mucha abundancia de alimentos, pero no sabéis que deben ser ingeridos para transformarse en algo vital, o sea, que debemos hacerlos verdaderamente nuestros, con una fidelidad pura y generosa a la Ley del Señor, que habló a Moisés y a los Profetas por todos vosotros. Venir, pues, a mí para recibir aire y savia de Vida eterna es un deber. Pero este deber presupone en vosotros una fe. Porque si uno no tiene fe no puede creer en mis palabras, y si no cree no viene a decirme: “Dame el verdadero pan”. Y si no tiene el verdadero pan no puede hacer obras de Dios, no teniendo la capacidad de realizarlas. Por tanto, para nutriros de Dios y realizar obras de Dios es necesario que realicéis la obra-base, que es ésta: creer en Aquel que Dios ha enviado».
354.9
«Bien, ¿pero qué milagros haces para que podamos creer en ti como en el Enviado de Dios, y para que podamos ver en ti el sello de Dios? ¿Qué haces Tú que ya — aunque de forma menor — no hayan hecho los Profetas? Moisés incluso te superó, porque durante cuarenta años, y no sólo alguna que otra vez, nutrió con maravilloso alimento a nuestros padres. Así está escrito: que nuestros padres, durante cuarenta años, comieron el maná en el desierto; y está escrito que, por eso, Moisés — él, que podía dárselo — les dio de comer pan bajado del cielo».
«Estáis en un error. No Moisés, sino el Señor, pudo hacer eso. En el Éxodo se lee[1]: “Mira: haré llover pan del cielo. Que el pueblo salga y recoja la cantidad suficiente cada día; así probaré si el pueblo camina según mi ley. Y que el sexto día recoja el doble, por respeto al séptimo día, que es el sábado”. Y los hebreos vieron que el desierto se cubría cada mañana de aquella “cosa menuda, como algo machacado en el mortero, semejante a la escarcha de la tierra, semejante a la semilla de cilantro, con agradable sabor a flor de harina mezclada con miel”. Así pues, no fue Moisés, sino Dios, quien proporcionó el maná. Dios, que todo lo puede. Todo. Castigar y bendecir. Privar de algo y concederlo. Y os digo que de estas dos cosas prefiere siempre bendecir y conceder, antes que castigar o negar.
Dios, como dice la Sabiduría[2], por amor a Moisés — de quien el Eclesiástico dice que era “amado de Dios y de los hombres, de bendita memoria, hecho por Dios semejante en gloria a los santos, grande y terrible para los enemigos, capaz de suscitar prodigios y poner fin a ellos, glorioso delante de los reyes, ministro suyo ante su pueblo, conocedor de la gloria de Dios y de la voz del Altísimo, custodio de los preceptos y de la Ley de vida y ciencia” —, Dios, decía, por amor a Moisés, alimentó a su pueblo con el pan de los ángeles; le dio un pan que bajaba del cielo, ya bien hechito, sin necesidad de trabajo, y que contenía todas las delicias, todas las suavidades de sabor. Y — tened bien presente lo que dice la Sabiduría —, y, como venía del Cielo, de Dios, y revelaba su dulzura hacia sus hijos, para cada uno tenía el sabor que cada uno quería, y en cada uno producía los efectos deseados: era útil tanto al niño, con su estómago todavía imperfecto, como al adulto, con su apetito y digestión vigorosos; tanto a la niña delicada, como al anciano caduco. Y también, para testificar que no era obra de hombre, subvirtió las leyes de los elementos, de forma que resistió al fuego ese misterioso pan que cuando salía el Sol se derretía como escarcha. O más exactamente: el fuego — sigue diciendo la Sabiduría — olvidó su propia naturaleza por respeto a la obra de Dios su Creador y a las necesidades de los justos de Dios; de forma que, mientras que lo que normalmente hace es inflamarse para consumir, aquí se hizo suave para hacer el bien a los que confiaban en el Señor.
Por eso entonces, transformándose todo, sirvió a la gracia del Señor que a todos sustentaba, según la voluntad de quien oraba al Eterno Padre, para que sus hijos amados aprendieran que no es la reproducción de los frutos lo que alimenta a los hombres, sino que es la palabra del Señor la que conserva a quien cree en Dios. Efectivamente, el fuego no consumió — como habría podido — el suave maná, a pesar de que la llama era alta y viva, mientras que bastaba para derretirlo el suave sol de la mañana; para que los hombres recordaran y aprendieran que deben buscar los dones de Dios desde el principio de la jornada y de la vida, y que, para recibirlos, es necesario adelantarse a la luz, y erguirse para alabar al Eterno desde el rayar del día.
Esto les enseñó el maná a los hebreos. Yo os lo recuerdo porque es un deber que permanece, y permanecerá, hasta el final de los siglos. Buscad al Señor y sus dones celestes, sin ser perezosos, hasta las postreras horas del día o de la vida. Levantaos para alabarle antes incluso de que lo haga el naciente Sol; alimentaos con su palabra, que conserva, preserva y conduce a la Vida verdadera.
No fue Moisés el que os dio el pan del Cielo; en verdad, fue el Padre Dios el que lo dio; y ahora, verdad de las verdades, es mi Padre el que os da el verdadero Pan, el Pan nuevo, el Pan eterno que baja del Cielo, el Pan de misericordia, de Vida, el Pan que da al mundo la Vida, que calma toda hambre y elimina toda flaqueza, el Pan que da, a quien lo toma, la Vida eterna y la eterna alegría».
354.10
«¡Danos, Señor, ese pan, y ya no moriremos».
«Vosotros moriréis como muere todo hombre. Pero, si os alimentáis santamente con este Pan, resucitaréis para Vida eterna, porque hace incorruptible a quien lo come. Respecto a dároslo, será dado a quienes se lo piden a mi Padre con puro corazón, recta intención y santa caridad. Por eso he enseñado a decir: “Danos el pan cotidiano”. Pero los que se nutran indignamente con este Pan vendrán a ser un hervidero de gusanos infernales, como los gomor de maná conservados en contra de la orden recibida. Ese Pan de salvación y vida se transformará para ellos en muerte y condena. Porque el sacrilegio más grande lo cometerán aquellos que pongan ese Pan en una mesa espiritual corrompida y fétida, o lo profanen mezclándolo con la sentina de sus incurables pasiones. ¡Más les valdría no haberlo tomado nunca!».
354.11
«¿Pero dónde está este Pan? ¿Cómo se halla? ¿Qué nombre tiene?».
«Yo soy el Pan de Vida. En mí se halla. Su nombre es Jesús. Quien viene a mí no tendrá ya hambre, y quien cree en mí no tendrá ya sed, porque los ríos celestes verterán sobre él sus aguas y extinguirán toda sed material. Ya os lo he dicho. Ya me habéis conocido. Y, a pesar de todo, no creéis. No podéis creer que todo está en mí. Y, sin embargo, es así. En mí están todos los tesoros de Dios. Todas las cosas de la tierra me han sido dadas. De forma que en mí se reúnen el glorioso Cielo y la tierra militante; e incluso está en mí la masa, la que purga y espera, de los muertos en gracia de Dios. Porque todo poder está en mí y a mí me es dado todo poder. Y os digo que todo lo que el Padre me da vendrá a mí, y no rechazaré a quien venga a mí, porque he bajado del Cielo no para hacer mi voluntad sino la de Aquel que me ha enviado. Y la voluntad del Padre mío, del Padre que me ha enviado, es ésta: que no pierda ni siquiera uno de los que me ha dado, sino que los resucite en el último día. Ahora bien, la voluntad del Padre que me ha enviado es que todo el que conoce al Hijo y cree en Él tenga la Vida eterna y Yo le pueda resucitar en el Último Día, viéndole nutrido de la fe en mí y signado con mi sello».
354.12
Se oye no poco rumor en la sinagoga y fuera de ella por las nuevas e intrépidas palabras del Maestro, el cual, tras un momento para recuperar el aliento, vuelve sus ojos centelleantes de arrobamiento hacia el lugar donde más se murmura (son exactamente los grupos en que hay judíos). Reanuda su discurso.
«¿Por qué murmuráis entre vosotros? Sí, Yo soy el Hijo de María de Nazaret, hija de Joaquín de la estirpe de David, virgen consagrada en el Templo, luego casada con José de Jacob, de la estirpe de David. Muchos de vosotros conocieron a los justos que dieron vida a José, carpintero regio, y a María, virgen heredera de la estirpe regia. Por ello murmuráis: “¿Cómo puede éste decir que ha bajado del Cielo?” y surge en vosotros la duda.
Os recuerdo a los Profetas, sus profecías sobre la Encarnación del Verbo. Os recuerdo también cómo — más para nosotros israelitas que para cualquier otro pueblo —, es dogmático que Aquel que no osamos nombrar no podía darse una Carne según las leyes de la humanidad, y de una humanidad, además, caída. El Purísimo, el Increado, si se ha humillado haciéndose Hombre por amor al hombre, no podía sino elegir un seno de Virgen más pura que las azucenas para revestir de Carne su Divinidad.
El pan bajado del Cielo en tiempos de Moisés fue depositado en el arca de oro cubierta por el propiciatorio, custodiada por los querubines, tras los velos del Tabernáculo. Y con el pan estaba la Palabra de Dios. Así debía ser, porque debe prestarse sumo respeto a los dones de Dios y a las tablas de su santísima Palabra. Pues bien, ¿qué habrá preparado entonces Dios para su misma Palabra y para el Pan verdadero venido del Cielo? Un arca más inviolada y preciosa que el arca de oro, y cubierta con el precioso propiciatorio de su pura voluntad de inmolación, custodiada por los querubines de Dios, velada tras el velo de un candor virginal, de una humildad perfecta, de una caridad sublime, de todas las más santas virtudes.
¿Entonces? ¿No comprendéis todavía que mi paternidad está en el Cielo y que, por tanto, de allí vengo? Sí, Yo he bajado del Cielo para cumplir el decreto de mi Padre, el decreto de salvación de los hombres, según cuanto prometió en el momento mismo de la condena y repitió a los Patriarcas y Profetas.
Pero esto es fe. Y la fe la da Dios a quien tiene una disposición de buena voluntad. Por tanto, nadie puede venir a mí si mi Padre no le trae, viéndole en las tinieblas pero rectamente deseoso de luz. Está escrito en los Profetas: “Serán todos adoctrinados por Dios”. Está escrito. Es Dios quien les enseña a dónde ir para ser instruidos en orden a Dios. Todo aquel, pues, que ha oído, en el fondo de su espíritu recto, hablar a Dios ha aprendido del Padre a venir a mí».
«¿Y quién puede haber oído a Dios o haber visto su Rostro?» preguntan no pocos de los presentes, y empiezan a dar señales de irritación y de escándalo. Y terminan: «O deliras o eres un iluso».
«Nadie ha visto a Dios excepto Aquel que viene de Dios. Éste ha visto al Padre. Éste soy Yo.
354.13
Y ahora escuchad el “credo” de la vida futura, sin el cual ninguno se puede salvar.
En verdad, en verdad os digo que quien cree en mí tiene la Vida eterna. En verdad, en verdad os digo que Yo soy el Pan de la Vida eterna.
Vuestros padres comieron en el desierto el maná y murieron. Porque el maná era un alimento santo pero temporal, y daba la vida en la medida necesitada para llegar a la tierra prometida por Dios a su pueblo. Mas el Maná que Yo soy no tendrá límites ni de tiempo ni de poder. No sólo es celeste, es divino; produce aquello que es divino: la incorruptibilidad, la inmortalidad de cuanto Dios ha creado a su imagen y semejanza. Este Maná no durará sólo cuarenta días, cuarenta meses, cuarenta años, cuarenta siglos. Durará mientras dure el tiempo, y será dado a todos aquellos que tengan hambre de él, hambre santa y grata al Señor, que exultará dándose sin medida a los hombres por quienes se ha encarnado, para que tengan la Vida que no muere.
Yo puedo darme, puedo transubstanciarme por amor a los hombres, para que el pan sea Carne y la Carne sea Pan, para saciar el hambre espiritual de los hombres, que sin este Alimento morirían de hambre y enfermedades espirituales. Pero el que coma de este Pan con justicia vivirá eternamente. El pan que Yo daré será mi Carne inmolada para la vida del mundo, será mi Amor distribuido en las casas de Dios para que a la mesa del Señor se acerquen todos los que aman o son infelices, y encuentren la satisfacción de su necesidad de unirse con Dios o de sentir aliviada su pena».
354.14
«¿Pero cómo puedes darnos de comer tu carne? ¿Por quién nos has tomado? ¿Por fieras sanguinarias?, ¿por salvajes?, ¿por homicidas? Nos repugna la sangre y el delito».
«En verdad, en verdad os digo que muchas veces el hombre es peor que una fiera, y que el pecado hace al hombre más que salvaje, que el orgullo provoca sed homicida y que no a todos los presentes les repugnará ni la sangre ni el delito. Y también en el futuro el hombre será así, porque Satanás se pone ferino con la sensualidad y el orgullo. Por tanto, más necesidad que nunca tiene y tendrá el hombre de eliminar de sí los terribles gérmenes con la infusión del Santo. En verdad, en verdad os digo que si no coméis la Carne del Hijo del hombre y no bebéis su Sangre no tendréis en vosotros la Vida. Quien come dignamente mi Carne y bebe mi Sangre tiene la Vida eterna y Yo le resucitaré en el Último Día. Porque mi Carne es verdaderamente Comida y mi Sangre es verdaderamente Bebida. El que come mi Carne y bebe mi Sangre permanece en mí y Yo en él. Como el Padre que vive me envió, y Yo vivo por el Padre, así el que me come vivirá por mí e irá a donde le envíe, y hará lo que Yo deseo; vivirá austero como hombre, ardiente como serafín; será santo, porque para poder nutrirse de mi Carne y de mi Sangre se prohibirá a sí mismo los pecados y vivirá ascendiendo para acabar su ascensión a los pies del Eterno».
«¡Pero éste está desquiciado! ¿Quién puede vivir así? En nuestra religión sólo el sacerdote debe ser purificado para ofrecer la víctima. Aquí Él quiere hacer de cada uno de nosotros una víctima de su demencia. ¡Esta doctrina es demasiado penosa y este lenguaje es demasiado duro! ¿Quién puede escuchar esto y practicarlo?» murmuran los presentes, y muchos son de los ya reputados discípulos.
354.15
La gente desaloja el lugar haciendo comentarios. Y muy mermadas aparecen las filas de los discípulos cuando se quedan solos en la sinagoga el Maestro y los más fieles. No los cuento, pero digo que, a ojo de buen cubero, no sé si llegarán a cien. Es decir que la defección ha debido ser abundante incluso en las filas de los antiguos discípulos que ya estaban al servicio de Dios.
Entre los que quedan están los apóstoles, el sacerdote Juan y el escriba Juan, Esteban, Hermas, Timoneo, Hermasteo, Ágapo, José, Salomón, Abel de Belén de Galilea y Abel el que fue leproso de Corazín, con su amigo Samuel, Elías (el que dejó de enterrar a su padre por seguir a Jesús), Felipe de Arbela, Aser e Ismael de Nazaret, y otros que no conozco de nombre. Todos éstos hablan en voz baja entre sí, comentando la defección de los otros y las palabras de Jesús, que está pensativo, con los brazos cruzados y apoyado en un alto ambón.
«¿Y os escandalizáis de lo que he dicho? Y si os dijera que veréis un día al Hijo del hombre subir al Cielo adonde estaba antes y sentarse al lado del Padre? ¿Qué habéis entendido, absorbido, creído, hasta ahora? ¿Con qué habéis escuchado y asimilado? ¿Sólo con vuestra humanidad? Es el espíritu lo que vivifica y tiene valor. La carne nada aprovecha. Mis palabras son espíritu y vida; hay que oírlas y comprenderlas con el espíritu para que den vida. Pero muchos de vosotros tienen muerto el espíritu porque no tiene fe. Muchos de vosotros no creen con verdad. Inútilmente permanecen conmigo. No recibirán Vida, sino Muerte. Porque están, como he dicho al principio, o por curiosidad o por humano gusto, o, peor, con fines todavía más indignos. No los trae el Padre como premio a su buena voluntad, sino Satanás. En verdad, ninguno puede venir a mí si no le es concedido por mi Padre. Marchaos, sí, vosotros que permanecéis a duras penas porque humanamente os avergonzáis de abandonarme pero sentís más vergüenza aún de estar al servicio de Uno que os parece “loco y duro”. Marchaos. Mejor lejos que aquí para perjudicar».
Y muchos otros se separan del grupo de los discípulos (entre ellos el escriba Juan y Marcos, el geraseno endemoniado que había sido curado mandando los demonios a los cerdos). Los discípulos buenos se consultan y corren tras estos renegados tratando de pararlos.
354.16
En la sinagoga están ahora Jesús, el arquisinagogo y los apóstoles…
Jesús se vuelve a los doce — que, apesadumbrados, están en un rincón — y dice: «¿Queréis marcharos también vosotros?». Lo dice sin acritud, sin tristeza, pero sí con mucha seriedad.
Pedro, con ímpetu doloroso, le dice: «Señor, ¿y a dónde quieres que vayamos? ¿Con quién? Tú eres nuestra vida y nuestro amor. Sólo Tú tienes palabras de Vida eterna. Nosotros hemos conocido que eres el Cristo, Hijo de Dios. Si quieres, recházanos. Pero nosotros, por nosotros, no te dejaremos, ni aunque… ni aunque dejaras de amarnos…» y Pedro llora quedo, con grandes lagrimones…
También Andrés, Juan, los dos hijos de Alfeo, lloran abiertamente. Los otros, pálidos o rojos por la emoción, no lloran, pero sufren visiblemente.
«¿Por qué habría de rechazaros? ¿No os he elegido Yo a vosotros doce?…».
Jairo, prudentemente, se ha retirado para dejar a Jesús que conforte o reprenda a sus apóstoles. Jesús, notando su silencioso alejamiento, sentándose abatido, como si la revelación que hace le costase un esfuerzo superior a lo que puede hacer, cansado, disgustado, apenado, dice: «Y, sin embargo, uno de vosotros es un demonio».
La frase cae lenta, terrible, en la sinagoga en que la única cosa alegre es la luz de las muchas lámparas… y ninguno se atreve a decir nada. Pero se miran unos a otros con pávido horror, angustiosamente inquisitivos; y cada uno, con un interrogante aún más angustioso e íntimo, se examina a sí mismo…
Pasa un tiempo en que ninguno se mueve. Jesús está ahí, solo, en su asiento, con las manos cruzadas encima de las rodillas y la cara baja. La alza, en fin, y dice: «Venid. ¡No me he vuelto leproso! ¿O creéis que lo soy?…».
Entonces Juan corre adelante, se enrosca a su cuello y dice: «Contigo entonces en la lepra, mi único amor. Contigo en la condena, contigo en la muerte, si crees que te espera eso…»; y Pedro se arrastra hasta sus pies, los toma y los pone encima de sus hombros y dice entre singultos: «¡Aquí, aprieta, pisa! Pero evita que piense que desconfías de tu Simón».
Los otros, viendo que Jesús acaricia a los dos primeros, se acercan y besan a Jesús en el vestido, en las manos, en el pelo… Sólo Judas Iscariote osa besarle en la cara.
Jesús se levanta de repente, y su reacción es tan improvisa que casi le aparta bruscamente, y dice: «Vamos a casa. Mañana por la noche partiremos con las barcas hacia Ippo».