Los Escritos de Maria Valtorta

355. Le nouveau disciple Nicolaï d’Antioche et la deuxième annonce de la Passion.

355. El nuevo discípulo Nicolái de Antioquía

355.1

Jésus est tout seul sur la terrasse de la maison de Thomas de Capharnaüm. La ville paresse pendant le sabbat, avec une population déjà réduite, car les plus zélés pour pratiquer leur foi sont déjà partis pour Jérusalem, tout comme ceux qui s’y rendent en famille avec des enfants qui ne peuvent faire de longues marches et obligent les adultes à des haltes et à de courtes étapes. C’est ainsi que, dans cette journée en soi déjà un peu brumeuse, il manque la note d’or de l’enfance charmante.

Jésus est très pensif. Assis sur un banc très bas, dans un coin, près du parapet, tournant le dos à l’escalier, presque caché par ce mur, il a le coude sur le genou et appuie son front sur sa main d’un geste las, comme s’il souffrait.

355.2

Sa méditation est interrompue par un jeune enfant qui veut le saluer avant de partir pour Jérusalem. “ Jésus ! Jésus ! ” crie-t-il à chaque marche, sans le voir car le muret le cache à la vue de ceux qui sont en bas. Et Jésus est tellement concentré qu’il n’entend pas la petite voix légère et le pas d’oiseau… de sorte que, quand l’enfant arrive sur la terrasse, il est encore dans cette position de douleur.

L’enfant en reste intimidé. Il s’arrête au bord de la terrasse, met son petit doigt entre ses lèvres et réfléchit… puis il se décide et avance lentement… maintenant il est derrière Jésus… il se penche pour voir ce qu’il fait… et il dit :

« Non, ne pleure pas ! Pourquoi ? A cause de ces méchants d’hier ? Mon père disait avec Jaïre qu’ils sont indignes de toi. Mais toi, tu ne dois pas pleurer. Moi, je t’aime, et aussi ma petite sœur, Jacques, Tobit, et encore Jeanne, Marie, Michée et tous, tous les enfants de Capharnaüm. Ne pleure plus… »

Et il se jette à son cou, le couvre de caresses, et achève :

« Sinon je vais pleurer, moi aussi, et je pleurerai toujours… pendant tout le voyage…

– Non, David, je ne pleure plus. Tu m’as consolé. Tu es seul ? Quand partez-vous ?

– Après le crépuscule. En barque jusqu’à Tibériade. Viens avec nous. Mon père t’aime bien, tu sais ?

– Je le sais, mon chéri. Mais je dois aller voir d’autres enfants… Je te remercie d’être venu me saluer et je te bénis, petit David. Donne-moi le baiser d’adieu, puis retourne auprès de ta mère. Sait-elle que tu es ici ?…

– Non. Je me suis échappé parce que je ne t’ai pas vu avec tes disciples et j’ai pensé que tu pleurais.

– Je ne pleure plus, tu vois. Va trouver maman qui te cherche peut-être avec inquiétude. Adieu. Fais attention aux ânes des caravanes. Tu vois ? Il y en a d’arrêtés partout.

– Mais c’est bien vrai que tu ne pleures plus ?

– Non. Je n’ai plus de peine, tu me l’as enlevée. Merci, mon enfant. »

Le petit redescend l’escalier quatre à quatre et Jésus l’observe. Puis il hoche la tête, et revient à sa place reprendre sa douloureuse méditation.

355.3

Il se passe un certain temps. Des éclaircies laissent paraître le soleil à son couchant.

Un pas plus lourd dans l’escalier. Jésus relève la tête. Il voit Jaïre qui se dirige vers lui. Il le salue. Jaïre lui rend respectueusement sa salutation.

« Comment se fait-il que tu sois ici, Jaïre ?

– Seigneur ! J’ai peut-être été fautif. Mais toi qui vois le cœur des hommes, tu verras que dans mon cœur il n’y avait pas de mauvaise intention. Je ne t’ai pas invité à parler à la synagogue, aujourd’hui. Mais j’ai tant souffert pour toi hier, et je t’ai vu tellement souffrir que… je n’ai pas osé. J’ai questionné tes disciples. Ils m’ont dit : “ Il veut rester seul ”… Mais il y a un instant, Philippe est venu, le père de David, et il m’a dit que son fils t’a vu pleurer. Le petit a dit que tu l’avais remercié d’être venu vers toi. Je suis venu, moi aussi. Maître, ceux qui sont encore à Capharnaüm vont se réunir à la synagogue, or ma synagogue est la tienne, Seigneur.

– Merci, Jaïre. Aujourd’hui, d’autres parleront à la synagogue. Pour ma part, j’y viendrai comme simple fidèle…

– Et tu n’y serais pas tenu. Ta synagogue, c’est le monde. Mais ne vas-tu vraiment pas venir, Maître ?

– Non, Jaïre. Je reste ici devant le Père, qui me comprend et ne trouve pas de faute en moi. »

Une larme brille dans l’œil triste de Jésus.

« Moi aussi, je ne trouve pas de faute en toi… Adieu, Sei­gneur.

– Adieu, Jaïre. »

Et Jésus se rassied, toujours méditatif.

355.4

C’est alors la fille de Jaïre qui monte, légère comme une colombe, dans son vêtement blanc. Elle regarde… Elle appelle doucement :

« Mon Sauveur ! »

Jésus tourne la tête, la voit, lui sourit et lui dit :

« Approche-toi de moi.

– Oui, mon Seigneur. Mais je voudrais t’amener aux autres. Pourquoi la synagogue devrait-elle être muette, aujourd’hui ?

– Il y a ton père et beaucoup d’autres pour la remplir de pa­roles.

– Mais ce sont des paroles… La tienne, c’est la Parole. O mon Seigneur ! Par ta parole, tu m’as rendue à maman et à mon père : j’étais morte. Mais regarde ceux qui vont à la synagogue ! Beaucoup sont plus morts que je ne l’étais alors. Viens leur donner la vie.

– Ma fille, toi, tu le méritais ; eux… Aucune parole ne peut donner la vie à quelqu’un qui, pour lui, a choisi la mort.

– Oui, mon Seigneur, mais viens tout de même. Il y en a aussi qui vivent toujours plus, en t’entendant… Viens. Mets ta main dans la mienne, et allons-y. Moi, je porte témoignage de ta puissance, et je suis prête à l’affirmer même devant tes ennemis, même au prix de perdre cette seconde vie — qui d’ailleurs n’est plus la mienne. Tu me l’as donnée, bon Maître, par pitié pour une mère et un père. Mais moi… »

La jeune fille, une belle jeune fille qui est déjà une petite femme, aux doux yeux qui brillent dans son visage pur et intelligent, s’arrête à cause d’un flot de larmes qui l’étranglent en coulant de ses longs cils sur ses joues.

« Pourquoi pleures-tu maintenant ? demande Jésus en lui posant la main sur les cheveux.

– Parce que… on m’a rapporté que tu as annoncé ta mort…

– Tout le monde meurt, jeune fille.

– Mais pas comme tu dis ! Moi… ah ! Maintenant je n’aurais pas voulu redevenir vivante pour ne pas voir cela, pour n’être pas là quand… cette horreur sera…

– Alors tu ne serais pas là non plus pour me consoler comme tu le fais maintenant. Ne sais-tu pas que la parole, même un seul mot, d’une personne pure et aimante m’enlève toute peine ?

– Oui ? Oh ! Alors tu ne dois plus en avoir parce que je t’aime plus que ma mère, que mon père, que ma vie !

– C’est bien cela.

– Alors, viens. Ne reste pas seul. Parle pour moi, pour Jaïre, pour maman, pour le petit David, pour ceux qui t’aiment, en somme. Nous sommes nombreux et nous serons davantage encore. Mais ne reste pas seul. La mélancolie guette. »

Et, instinctivement maternelle comme toute femme honnête, elle achève :

« Avec moi, près de toi, personne ne te fera de mal. Et moi, du reste, je te défendrai. »

Jésus se lève et lui fait ce plaisir. Main dans la main, ils traversent les rues et entrent à la synagogue par une porte latérale.

355.5

Jaïre, qui est en train de lire à haute voix un rouleau, interrompt la lecture et dit, en s’inclinant profondément :

« Maître, je t’en prie, parle pour ceux qui ont le cœur droit. Prépare-nous à la Pâque par ta sainte parole.

– Tu étais en train de lire les Rois, n’est-ce pas ?

– Oui, Maître. J’essayais de faire comprendre que celui qui se sépare du vrai Dieu tombe dans l’idolâtrie des veaux d’or.

– Tu as raison. Personne n’a rien à dire ? »

Il s’élève un bruit dans la foule. Les uns veulent que Jésus parle, d’autres crient :

« Nous sommes pressés. Que l’on récite les prières et qu’on termine la réunion. Nous allons à Jérusalem, d’ailleurs, et là nous entendrons les rabbis. »

Ceux qui crient sont les nombreux déserteurs d’hier, que le sabbat a retenus à Capharnaüm.

Jésus les regarde avec une extrême tristesse :

« Vous êtes pressés, c’est vrai. Dieu aussi a hâte de vous juger. Partez donc. »

Puis, se tournant vers ceux qui les réprimandent, il dit :

« Ne leur faites pas de reproches. Tout arbre donne son fruit.

– Seigneur, réitère le geste de Néhémie[1] ! Parle contre eux, toi, le Prêtre suprême ! » s’écrie Jaïre avec indignation.

Les apôtres, les disciples et les habitants de Capharnaüm font chorus.

Jésus ouvre les bras en croix et, très pâle, l’air torturé et pourtant très doux, il crie :

« Souviens-toi de moi, ô mon Dieu ! Et favorablement ! Et souviens-toi aussi d’eux, favorablement ! Moi, je leur pardonne ! »

355.6

La synagogue se vide, et il ne reste que ceux qui sont fidèles à Jésus…

Il y a un étranger dans un coin, un homme robuste que personne ne regarde et à qui personne ne parle. D’ailleurs, lui non plus ne parle à personne. Il ne fait que regarder fixement Jésus si bien que le Maître tourne les yeux dans cette direction, le voit et demande à Jaïre de qui il s’agit.

« Je ne sais pas. Sûrement quelque homme de passage. »

Jésus l’interpelle :

« Qui es-tu ?

– Nicolaï, prosélyte d’Antioche ; je me rends à Jérusalem pour la Pâque.

– Qui cherches-tu ?

– Toi, Seigneur Jésus de Nazareth. Je désire te parler.

– Viens. »

Et, le prenant près de lui, il sort dans le jardin derrière la synagogue pour l’entendre.

« J’ai parlé à Antioche avec un de tes disciples nommé Félix. J’ai ardemment désiré te connaître. Il m’a dit que tu séjournais à Capharnaüm et que ta Mère vit à Nazareth. Et aussi que tu vas à Gethsémani ou à Béthanie. L’Eternel a fait que je te rencontre au premier endroit. Moi, j’y étais hier… et j’étais tout près de toi ce matin, lorsque tu pleurais en priant près de la fontaine… Je t’aime, Seigneur, parce que tu es saint et doux. Je crois en toi. Tes actions, tes paroles, m’avaient déjà fait tien. Mais ta miséricorde de tout à l’heure pour les coupables m’a décidé. Seigneur, accueille-moi à la place de ceux qui t’abandonnent ! Je viens à toi avec tout ce que j’ai : ma vie et mes biens, tout. »

A ces mots, il s’agenouille.

Jésus le regarde fixement… puis il lui dit :

« Viens. A partir d’aujourd’hui, tu appartiendras au Maître. Allons auprès de tes compagnons. »

Ils rentrent à la synagogue, où les apôtres et les disciples sont en grande conversation avec Jaïre.

« Voici un nouveau disciple. Le Père me console. Aimez-le comme un frère. Allons avec lui partager le pain et le sel. Puis, dans la nuit, vous partirez avec lui pour Jérusalem et nous, nous irons en barque à Hippos… Et n’indiquez mon chemin à personne pour qu’on ne me retienne pas. »

355.7

Mais le sabbat est terminé, et ceux qui veulent fuir Jésus se pressent sur la plage pour négocier leur traversée pour Tibériade. Ils se disputent avec Zébédée qui ne veut pas leur céder sa barque, déjà prête à côté de celle de Pierre, pour le départ de nuit de Jésus avec les Douze.

« Je vais l’aider ! » dit Pierre, irrité.

Jésus, pour éviter des heurts trop violents, le retient :

« Allons-y tous, pas toi seul. »

Ils s’y rendent donc ensemble… Et ils éprouvent toute l’amertume de voir que ceux qui fuient s’en vont sans même saluer, coupant net toute discussion pour s’éloigner de Jésus… Ils entendent quelques épithètes méprisantes et des conseils amers aux disciples fidèles…

Jésus se détourne pour revenir à la maison après le départ de la foule hostile, et il dit au nouveau disciple :

« Tu les entends ? Voilà ce qui t’attend en venant à moi.

– Je le sais. C’est pour cela que je reste. Je t’avais vu, un jour de gloire, au milieu de la foule qui t’acclamait en te saluant comme “ roi ”. J’ai haussé les épaules en pensant : “ Encore un qui se fait des illusions ! Un malheur de plus pour Israël ! ” Et je ne t’ai pas suivi parce que tu me semblais être un roi : je ne pensais même plus à toi. Maintenant je te suis parce que, dans tes paroles et dans ta bonté, je vois le Messie promis.

– En vérité, tu es plus juste que beaucoup d’autres. Néanmoins, je le répète : que celui qui espère trouver en moi un roi de la terre se retire. Que celui qui sent qu’il aura honte en face du monde accusateur se retire. Que celui qui se scandalisera de me voir traité de malfaiteur se retire. Je vous le dis pendant que vous pouvez encore le faire sans être compromis aux yeux du monde. Imitez ceux qui fuient sur ces barques, si vous ne vous sentez pas le courage de partager mon sort dans l’opprobre, pour pouvoir le partager ensuite dans la gloire. Car voilà ce qui va arriver : le Fils de l’homme sera accusé puis remis aux hommes, qui le tueront comme un malfaiteur et croiront l’avoir vaincu. Mais c’est inutilement qu’ils auront commis leur crime, car je ressusciterai trois jours plus tard et je triompherai. Bienheureux ceux qui sauront rester avec moi jusqu’à la fin ! »

355.8

A leur arrivée à la maison, Jésus confie aux disciples le nouveau venu. Il monte, seul, là où il était auparavant. Il va même dans la pièce du haut et s’y assied, pour réfléchir.

Peu après, Pierre monte avec Judas.

« Maître, Judas m’a fait réfléchir à des choses qui sont justes.

– Dis-moi de quoi il s’agit.

– Tu prends ce Nicolaï, un prosélyte, dont nous ignorons le passé. Nous avons déjà eu tellement d’ennuis et encore aujourd’hui. D’ailleurs, que savons-nous de lui ? Est-ce que nous pouvons lui faire confiance ? Judas dit, à juste raison, que ce pourrait être un espion envoyé par des ennemis.

– Mais oui ! Un traître ! Pourquoi n’a-t-il pas voulu dire d’où il vient et qui l’envoie ? Je l’ai interrogé, mais il se borne à répondre : “ Je suis Nicolaï d’Antioche, prosélyte. ” Moi, j’ai de forts soupçons.

– Je te rappelle qu’il vient parce qu’elle me voit trahi.

– C’est peut-être un mensonge ! Ce peut être une trahison !

– Celui qui partout voit le mensonge ou la trahison est une âme qui en est elle-même capable, parce qu’il juge d’après son propre modèle, dit Jésus avec sérieux.

– Seigneur, tu m’offenses ! S’écrie Judas, indigné.

– Laisse-moi donc et va avec ceux qui m’abandonnent. »

Judas sort en claquant la porte brutalement.

« Pourtant, Seigneur, Judas n’a pas tout-à-fait torts… Et puis je ne voudrais pas que… cet homme parle de Jean. Ce ne peut être que l’homme d’En-Dor, ce Félix, qui te l’a envoyé…

– Certainement, mais Jean d’En-Dor est prudent et il a repris son ancien nom. Sois tranquille, Simon. Un homme qui devient disciple parce qu’il sait que ma cause humaine est déjà perdue, ne peut être qu’un esprit droit. Il est bien différent de celui qui vient de sortir et qui est venu à moi parce qu’il espérait être le premier ministre d’un roi puissant… et qui ne se persuade pas que je suis Roi seulement au niveau spirituel…

– As-tu des soupçons sur lui, Seigneur ?

– Sur personne. Mais en vérité, je te dis que là où arrivera Nicolaï, disciple et prosélyte, Judas, fils de Simon, apôtre juif et Judéen, n’arrivera pas.

– Seigneur, je voudrais interroger Nicolaï sur… Jean.

– Ne le fais pas. Jean ne l’a chargé de rien parce qu’il est prudent. Toi, ne sois pas imprudent.

– Non, Seigneur. Je te le demandais seulement…

– Descendons pour hâter le repas. Quand il fera nuit noire, nous partirons… Simon… m’aimes-tu ?

– Oh ! Mon Maître ! Mais que dis-tu ?

– Simon, mon cœur est plus sombre que le lac en une nuit de tempête, et aussi agité que lui…

– Oh ! Mon Maître !… Que dois-je te dire, si je suis encore plus… sombre et agité que toi ? Je te dirai : “ Voici ton Simon, et si mon cœur peut te réconforter, prends-le. ” Je n’ai que lui, mais il est sincère. »

Jésus pose un moment sa tête sur la poitrine large et robuste, puis il se lève et descend avec Pierre.

355.1

Jesús está completamente solo en la terraza de la casa de Tomás de Cafarnaúm. El pueblo ocia por el sábado. Un pueblo ya muy reducido de habitantes, porque los más cuidadosos en cumplir las prácticas de fe se han puesto ya en marcha hacia Jerusalén; como también aquellos que van con las familias, y tienen niños que no pueden hacer marchas largas y obligan a los adultos a pararse y a hacer breves trayectos. Así que falta, en este día ya de por sí un poco nublado, la nota de oro de la infancia festiva.

Jesús está muy pensativo: sentado en un banco pequeño y bajo, en un rincón, junto al pretil, de espaldas a la escalera, casi escondido por el antepecho; tiene un codo apoyado en la rodilla, y la frente en la mano con gesto cansado, casi de sufrimiento.

355.2

Interrumpe su meditación la llegada de un niñito que quiere saludarle antes de salir para Jerusalén. «¡Jesús! ¡Jesús!» llama, a cada peldaño que sube (no ve a Jesús, que está celado por el murete a la vista de quien está abajo). Y Jesús está tan concentrado que no oye la vocecita ligera ni el paso de palomita… de forma que, cuando el pequeño llega a la terraza, está todavía en esa postura de sufrimiento. El niño se atemoriza. Se para en el umbral de la terraza, se mete un dedito entre los labios y piensa… luego decide: lentamente se acerca… ya está casi junto a Jesús por detrás… se inclina para ver lo que hace… y dice: «¡No, bonito! ¡No llores! ¿Por qué? ¿Por esos hombrachos feos de ayer? Lo hablaba mi padre con Jairo, que son indignos de ti. Pero no debes llorar. Yo te quiero. Y también te quiere mi hermanita y Santiago y Tobías, y Juana y María y Miqueas y todos, todos los niños de Cafarnaúm. No llores más…» y se echa a su cuello, muy cariñoso, para terminar: «Si no, voy a llorar también yo, y siempre… durante todo el viaje…».

«No, David, ya no lloro. Tú me has consolado. ¿Has venido solo? ¿Cuándo partís?».

«Después de que se ponga el Sol. Con la barca hasta Tiberíades. Ven con nosotros. Mi padre te quiere, ¿sabes?».

«Lo sé, querido mío. Pero tengo que ir a ver a otros niños… Gracias por haber venido a saludarme. Te bendigo, pequeño David. Vamos a darnos el beso de adiós y luego vuelve con tu mamá. ¿Sabe que estás aquí?…».

«No. Me he escabullido porque no te he visto con tus discípulos y he pensado que estabas llorando».

«Ya ves que ya no lloro. Ve, ve donde tu mamá, que quizás te está buscando temiendo mucho por ti. Adiós. Ten cuidado con los asnos de las caravanas. ¿Ves? En todas partes hay asnos parados».

«¿Pero ya de verdad que no lloras?».

«No. Ya no estoy afligido. Tú me has consolado. Gracias, niño».

El niño baja la escalera saltando. Jesús le observa. Menea la cabeza. Luego vuelve a su sitio, a la dolorosa meditación de antes.

355.3

Pasa un rato. El Sol, cuando se abren las nubes, se muestra descendiendo.

Un paso más pesado en la escalera. Jesús alza la cara. Ve a Jairo, que viene hacia Él. Le saluda. Recibe de Jairo un saludo respetuoso.

«¿Cómo por aquí, Jairo?».

«¡Señor! Quizás me he equivocado. Pero Tú que ves el corazón de los hombres verás que en mi error no había mala voluntad. Yo hoy no te he envitado a la sinagoga para que hablaras. Pero he sufrido mucho por ti, ayer, y te he visto sufrir tanto, que… no me he atrevido. He consultado a los tuyos y me han respondido: “Quiere estar solo”… Pero hace poco ha llegado Felipe, padre de David, diciéndome que su hijo te ha visto llorar. Ha dicho que le has dado las gracias por haber venido a ti. He venido yo también. Maestro, los que quedan todavía en Cafarnaúm están para reunirse en la sinagoga. Y mi sinagoga es tuya, Señor».

«Gracias, Jairo. Hoy hablarán otros en ella. Iré como simple fiel…».

«No estarías obligado. Tu sinagoga es el mundo. ¿Entonces no vienes, Maestro?».

«No, Jairo. Estoy aquí con mi espíritu ante el Padre, que me conoce y que no encuentra culpas en mí». Un titileo de lágrimas aparece en los ojos tristes de Jesús.

«Yo tampoco encuentro culpas en ti… Adiós, Señor».

«Adiós, Jairo». Y Jesús se sienta de nuevo. Sigue meditabundo.

355.4

Ligera como una paloma sube, vestida de blanco, la hija de Jairo. Mira… Llama delicadamente: «¡Salvador mío!».

Jesús vuelve la cabeza, la ve, le sonríe, le dice: «Ven a mí».

«Sí, mi Señor. Pero quisiera llevarte a los demás. ¿Por qué debe estar hoy muda la sinagoga?».

«Están tu padre y muchos otros para llenarla de palabras».

«Pero son palabras… La tuya es la Palabra. ¡Oh, mi Señor! Con tu palabra me restituiste para mi madre y mi padre, y estaba muerta. ¡Mira a los que se dirigen a la sinagoga! Muchos están más muertos que yo entonces. Ven a darles la Vida».

«Hija, tú la merecías; ellos… Ninguna palabra puede dar vida a uno que para sí elige la muerte».

«Sí, mi Señor. Pero ven de todas formas. Hay también personas que, oyéndote, viven cada vez más… Ven. Pon tu mano en la mía y vamos. Yo soy el testimonio de tu poder, y estoy pronta para testificarlo incluso ante tus enemigos, aunque me costara perder esta segunda vida, que la verdad es que ya no es mía. Tú me la has dado, Maestro bueno, por compasión hacia una madre y un padre. Pero yo…». La niña, una bonita niña, ya mujercita, de dulces ojos grandes que brillan en su rostro puro e inteligente, se detiene a causa de un acceso de llanto que la ahoga y gotea de las largas pestañas a las mejillas.

«¿Por qué lloras ahora?» pregunta Jesús poniéndole la mano en el pelo.

«Porque… me han dicho que Tú dices que vas a morir…».

«Todos morimos, niña».

«¡Pero no como Tú dices! Yo… no querría ahora estar viva de nuevo, para no verlo, para no estar cuando… suceda este horror…».

«Entonces no habrías estado tampoco para darme el consuelo que ahora me das. ¿No sabes que la palabra — una sola incluso — de una persona pura y de una persona que me ama me quita todas las penas?».

«¿Sí? ¡Oh! Entonces no tienes que tener ya penas, porque te quiero más que a mi padre, más que a mi madre y más que a mi vida!».

«Así es».

«Entonces ven. No estés solo. Habla para mí, para Jairo, para mi madre, para el pequeño David, en fin, para los que te quieren. Somos muchos. Y seremos más todavía. Pero no estés solo. Viene melancolía» y, materna por instinto, como toda mujer honesta, termina así: «Conmigo cerca, ninguno te hará ningún mal. Y además yo te defenderé».

Jesús la complace y se levanta. La mano en la mano, atraviesan las calles y entran en la sinagoga por una puerta lateral.

355.5

Jairo, que está leyendo en voz alta un libro, suspende la lectura y, mediando un reverente saludo, dice: «Maestro, te ruego que hables para los rectos de corazón. Prepáranos para la Pascua con tu santa palabra».

«¿Estás leyendo de los Reyes, no?».

«Sí, Maestro. Quería que meditaran que quien se separa del Dios verdadero cae en idolatría de becerros de oro».

«Bien has hablado. ¿Ninguno tiene nada que decir?».

Se crea rumor entre la gente. Quién quiere que hable Jesús, quién grita: «Tenemos prisa. Que se digan las oraciones y se concluya la reunión. Además, vamos a Jerusalén; allí oiremos a los rabíes» (los que gritan así son los muchos desertores de ayer, retenidos en Cafarnaúm por el sábado).

Jesús los mira con suma tristeza y dice: «Tenéis prisa. Es verdad. También Dios tiene prisa de juzgaros. Marchaos, marchaos». Luego, volviéndose hacia los que los reprenden, dice: «No los increpéis. Cada planta da su fruto».

«¡Señor! ¡Repite el gesto de Nehemías![1] ¡Habla contra ellos, Tú, Sacerdote supremo!» grita, indignado, Jairo; y le hacen coro los apóstoles, los discípulos fieles y los de Cafarnaúm.

Jesús extiende en cruz los brazos. Palidísimo (un rostro verdaderamente mortificado, y, no obstante, dulcísimo), grita: «¡Acuérdate, propicio, de mí, oh mi Dios! ¡Y acuérdate también propiciamente de ellos! ¡Yo los perdono!».

355.6

La sinagoga se vacía. Quedan los que son fieles a Jesús…

Hay un extranjero en un rincón. Un hombre robusto, no observado por ninguno, al que ninguno dirige la palabra; bueno, él tampoco habla con nadie. Sólo mira fijamente a Jesús; tanto que el Maestro vuelve su mirada en aquella dirección, le ve y pregunta a Jairo que quién es.

«No sé. Sin duda uno de paso».

Jesús lo interpela: «¿Quién eres?».

«Nicolái, prosélito de Antioquía. Me dirijo a Jerusalén para la Pascua».

«¿A quién buscas?».

«A ti, Señor Jesús de Nazaret. Deseo hablarte».

«Ven». Y sale, ya con él al lado, al huerto de detrás de la sinagoga para escucharle.

«Hablé en Antioquía con un discípulo tuyo de nombre Félix. He deseado ardientemente conocerte. Me dijo que Cafarnaúm es lugar en que te detienes, y que tienes a tu Madre en Nazaret; y también que vas al Getsemaní o a Betania. El Eterno ha hecho que te encuentre en el primer lugar. Estaba ayer… Estaba no lejos de ti, esta mañana, mientras llorabas orando cabe la fuente… Te amo, Señor. Porque eres santo y manso. Creo en ti. Tus acciones, tus palabras, me habían hecho ya tuyo. Pero tu misericordia de hace un rato para con los culpables me ha determinado. ¡Señor, acógeme en cambio de quien te abandona! Vengo a ti con todo lo que tengo: la vida, los bienes, todo». Se ha arrodillado diciendo las últimas palabras.

Jesús le mira fijamente… luego dice: «Ven. Desde hoy serás del Maestro. Vamos adonde tus compañeros».

Vuelven a la sinagoga, donde hay una intensa conversación de los discípulos y los apóstoles con Jairo.

«Aquí tenéis a un nuevo discípulo. El Padre me consuela. Amadle como a un hermano. Vamos con él a compartir el pan y la sal. Luego, ya de noche, saldréis con él hacia Jerusalén; nosotros iremos a Ippo con las barcas… Y no digáis mi camino a nadie, para que no me entretengan».

355.7

Entretanto el sábado ha terminado, y los que quieren evitar a Jesús se agolpan en la playa para contratar las barcas para Tiberíades. Y discuten con Zebedeo, que no quiere ceder su barca ya preparada para la partida nocturna de Jesús con los doce y cercana a la de Pedro.

«¡Voy a ayudarle!» dice Pedro, que está irritado.

Jesús, para evitar choques demasiado fuertes, le retiene y dice: «Vamos todos, no tú solo».

Y así lo hacen… Y saborean la amargura de ver que los que huyen se van sin siquiera un saludo, cortando netamente toda discusión con tal de alejarse de Jesús… y oyen algún que otro epíteto despreciante y consejos mordaces a los discípulos fieles…

Jesús se vuelve para regresar a casa, una vez que la turba hostil se ha marchado, y dice al nuevo discípulo: «¿Los has oído? Esto es lo que te espera siguiéndome».

«Lo sé. Por eso me quedo. Te había visto en un día glorioso, entre la muchedumbre que te aclamaba y te saludaba como rey. Me encogí de hombros diciendo: “¡Otro pobre iluso! ¡Otro azote para Israel!”, y no te seguí porque parecías un rey. Ya me había olvidado de ti. Ahora te sigo porque en tus palabras y en tu bondad veo al Mesías prometido».

«Verdaderamente eres más justo que muchos otros. Y digo, una vez más, que se retire quien espere de mí un rey terreno; se retire quien siente que se va a avergonzar de mí ante el mundo acusador; se retire quien se vaya a escandalizar de verme tratado como un malhechor. Os digo esto mientras todavía podéis hacerlo sin veros comprometidos ante los ojos del mundo. Imitad a los que huyen en aquellas barcas, si no os sentís dispuestos a compartir mi destino en el oprobio para poder compartirlo después en la gloria. Porque va a suceder pronto esto: van a acusar al Hijo del hombre, le van a entregar en manos de los hombres, los cuales le van a matar como a un malhechor y creerán que le han vencido. Mas habrán cometido su delito inútilmente, porque resucitaré a los tres días y triunfaré. ¡Dichosos aquellos que sepan estar conmigo hasta el final!».

355.8

Ya han llegado a la casa. Jesús confía a los discípulos el nuevo llegado, y sube solo al lugar de antes; más exactamente, entra en la habitación de arriba, y se sienta a pensar.

Pasa un rato. Suben Judas Iscariote y Pedro.

«Maestro, Judas me ha hecho reflexionar en cosas convenientes».

«Dilas».

«Tomas contigo a este Nicolái, un prosélito cuyo pasado además ignoramos. Ya hemos tenido muchas complicaciones… y las tenemos todavía. ¿Y ahora? ¿Qué sabemos de él? ¿Podemos fiarnos? Judas, con razón, dice que podría ser un espía enviado por los enemigos».

«¡Que sí! ¡Un traidor! ¿Por qué no quiere decir de dónde viene ni quién le envía? Le he hecho preguntas, pero sólo dice: “Soy Nicolái de Antioquía, prosélito”. Yo tengo serias sospechas».

«Te recuerdo que viene porque me ve traicionado».

«¡Puede ser mentira! ¡Puede ser una traición!».

«Quien por todas partes ve mentira o traición es alma capaz de esas cosas. Porque se mide con el propio modelo» dice serio Jesús.

«¡Señor, me ofendes!» grita Judas indignado.

«Pues déjame y vete con los que me abandonan».

Judas sale dando un portazo con malos modales.

«De todas formas, Señor, Judas no está equivocado en todo… Y además no quisiera que… ese hombre hablara de Juan. Sólo puede ser el hombre de Endor el Félix que te le manda…».

«Ciertamente es así. Pero Juan de Endor es prudente y ha tomado de nuevo su viejo nombre. Estáte tranquilo, Simón. Un hombre que se hace discípulo porque siente que mi causa humana está ya perdida, no puede ser sino una persona recta de espíritu. Muy distinto es el que ha salido ahora, que vino a mí porque esperaba ser príncipe de un rey poderoso… y no se convence de que Yo soy Rey sólo para el espíritu…».

«¿Sospechas de él, Señor?».

«De ninguno. Pero, en verdad te digo que adonde llegará Nicolái, discípulo y prosélito, Judas de Simón, apóstol, israelita y judío, no llegará».

«Señor, quisiera preguntar a Nicolái sobre… Juan».

«No lo hagas. Juan no le ha dado ningún encargo porque es prudente. No seas tú el imprudente».

«No, Señor. Sólo te lo preguntaba…».

«Vamos a bajar para acelerar la cena. Partiremos con la noche plena… Simón… ¿me amas tú?».

«¡Maestro, pero ¿qué dices?!».

«Simón, mi corazón está más obscuro que el lago en una noche de tormenta, y tan desazonado como él…».

«¡Oh, Maestro mío!… ¿Qué te puedo decir, si yo estoy todavía más… obscuro y desazonado que Tú? Te digo: “Aquí tienes a tu Simón. Si mi corazón te puede confortar, tómalo”. Es lo único que tengo. Pero es sincero».

Jesús pone unos momentos la cabeza en ese pecho amplio y fuerte; luego se pone de pie y baja con Pedro.


Notes

  1. le geste de Néhémie invoqué par Jaïre est la menace de châtiment de Ne 5, 13. Mais la réponse de Jésus est l’invocation de miséricorde qui suit en Ne 5, 19.

Notas

  1. el gesto de Nehemías, pedido por Jairo es la amenaza de castigo expresada en Nehemías 5, 13; pero la respuesta de Jesús es la invocación de misericordia de Nehemías 5, 19.