The Writings of Maria Valtorta

355. Le nouveau disciple Nicolaï d’Antioche et la deuxième annonce de la Passion.

355. The new disciple Nicolaus of Antioch

355.1

Jésus est tout seul sur la terrasse de la maison de Thomas de Capharnaüm. La ville paresse pendant le sabbat, avec une population déjà réduite, car les plus zélés pour pratiquer leur foi sont déjà partis pour Jérusalem, tout comme ceux qui s’y rendent en famille avec des enfants qui ne peuvent faire de longues marches et obligent les adultes à des haltes et à de courtes étapes. C’est ainsi que, dans cette journée en soi déjà un peu brumeuse, il manque la note d’or de l’enfance charmante.

Jésus est très pensif. Assis sur un banc très bas, dans un coin, près du parapet, tournant le dos à l’escalier, presque caché par ce mur, il a le coude sur le genou et appuie son front sur sa main d’un geste las, comme s’il souffrait.

355.2

Sa méditation est interrompue par un jeune enfant qui veut le saluer avant de partir pour Jérusalem. “ Jésus ! Jésus ! ” crie-t-il à chaque marche, sans le voir car le muret le cache à la vue de ceux qui sont en bas. Et Jésus est tellement concentré qu’il n’entend pas la petite voix légère et le pas d’oiseau… de sorte que, quand l’enfant arrive sur la terrasse, il est encore dans cette position de douleur.

L’enfant en reste intimidé. Il s’arrête au bord de la terrasse, met son petit doigt entre ses lèvres et réfléchit… puis il se décide et avance lentement… maintenant il est derrière Jésus… il se penche pour voir ce qu’il fait… et il dit :

« Non, ne pleure pas ! Pourquoi ? A cause de ces méchants d’hier ? Mon père disait avec Jaïre qu’ils sont indignes de toi. Mais toi, tu ne dois pas pleurer. Moi, je t’aime, et aussi ma petite sœur, Jacques, Tobit, et encore Jeanne, Marie, Michée et tous, tous les enfants de Capharnaüm. Ne pleure plus… »

Et il se jette à son cou, le couvre de caresses, et achève :

« Sinon je vais pleurer, moi aussi, et je pleurerai toujours… pendant tout le voyage…

– Non, David, je ne pleure plus. Tu m’as consolé. Tu es seul ? Quand partez-vous ?

– Après le crépuscule. En barque jusqu’à Tibériade. Viens avec nous. Mon père t’aime bien, tu sais ?

– Je le sais, mon chéri. Mais je dois aller voir d’autres enfants… Je te remercie d’être venu me saluer et je te bénis, petit David. Donne-moi le baiser d’adieu, puis retourne auprès de ta mère. Sait-elle que tu es ici ?…

– Non. Je me suis échappé parce que je ne t’ai pas vu avec tes disciples et j’ai pensé que tu pleurais.

– Je ne pleure plus, tu vois. Va trouver maman qui te cherche peut-être avec inquiétude. Adieu. Fais attention aux ânes des caravanes. Tu vois ? Il y en a d’arrêtés partout.

– Mais c’est bien vrai que tu ne pleures plus ?

– Non. Je n’ai plus de peine, tu me l’as enlevée. Merci, mon enfant. »

Le petit redescend l’escalier quatre à quatre et Jésus l’observe. Puis il hoche la tête, et revient à sa place reprendre sa douloureuse méditation.

355.3

Il se passe un certain temps. Des éclaircies laissent paraître le soleil à son couchant.

Un pas plus lourd dans l’escalier. Jésus relève la tête. Il voit Jaïre qui se dirige vers lui. Il le salue. Jaïre lui rend respectueusement sa salutation.

« Comment se fait-il que tu sois ici, Jaïre ?

– Seigneur ! J’ai peut-être été fautif. Mais toi qui vois le cœur des hommes, tu verras que dans mon cœur il n’y avait pas de mauvaise intention. Je ne t’ai pas invité à parler à la synagogue, aujourd’hui. Mais j’ai tant souffert pour toi hier, et je t’ai vu tellement souffrir que… je n’ai pas osé. J’ai questionné tes disciples. Ils m’ont dit : “ Il veut rester seul ”… Mais il y a un instant, Philippe est venu, le père de David, et il m’a dit que son fils t’a vu pleurer. Le petit a dit que tu l’avais remercié d’être venu vers toi. Je suis venu, moi aussi. Maître, ceux qui sont encore à Capharnaüm vont se réunir à la synagogue, or ma synagogue est la tienne, Seigneur.

– Merci, Jaïre. Aujourd’hui, d’autres parleront à la synagogue. Pour ma part, j’y viendrai comme simple fidèle…

– Et tu n’y serais pas tenu. Ta synagogue, c’est le monde. Mais ne vas-tu vraiment pas venir, Maître ?

– Non, Jaïre. Je reste ici devant le Père, qui me comprend et ne trouve pas de faute en moi. »

Une larme brille dans l’œil triste de Jésus.

« Moi aussi, je ne trouve pas de faute en toi… Adieu, Sei­gneur.

– Adieu, Jaïre. »

Et Jésus se rassied, toujours méditatif.

355.4

C’est alors la fille de Jaïre qui monte, légère comme une colombe, dans son vêtement blanc. Elle regarde… Elle appelle doucement :

« Mon Sauveur ! »

Jésus tourne la tête, la voit, lui sourit et lui dit :

« Approche-toi de moi.

– Oui, mon Seigneur. Mais je voudrais t’amener aux autres. Pourquoi la synagogue devrait-elle être muette, aujourd’hui ?

– Il y a ton père et beaucoup d’autres pour la remplir de pa­roles.

– Mais ce sont des paroles… La tienne, c’est la Parole. O mon Seigneur ! Par ta parole, tu m’as rendue à maman et à mon père : j’étais morte. Mais regarde ceux qui vont à la synagogue ! Beaucoup sont plus morts que je ne l’étais alors. Viens leur donner la vie.

– Ma fille, toi, tu le méritais ; eux… Aucune parole ne peut donner la vie à quelqu’un qui, pour lui, a choisi la mort.

– Oui, mon Seigneur, mais viens tout de même. Il y en a aussi qui vivent toujours plus, en t’entendant… Viens. Mets ta main dans la mienne, et allons-y. Moi, je porte témoignage de ta puissance, et je suis prête à l’affirmer même devant tes ennemis, même au prix de perdre cette seconde vie — qui d’ailleurs n’est plus la mienne. Tu me l’as donnée, bon Maître, par pitié pour une mère et un père. Mais moi… »

La jeune fille, une belle jeune fille qui est déjà une petite femme, aux doux yeux qui brillent dans son visage pur et intelligent, s’arrête à cause d’un flot de larmes qui l’étranglent en coulant de ses longs cils sur ses joues.

« Pourquoi pleures-tu maintenant ? demande Jésus en lui posant la main sur les cheveux.

– Parce que… on m’a rapporté que tu as annoncé ta mort…

– Tout le monde meurt, jeune fille.

– Mais pas comme tu dis ! Moi… ah ! Maintenant je n’aurais pas voulu redevenir vivante pour ne pas voir cela, pour n’être pas là quand… cette horreur sera…

– Alors tu ne serais pas là non plus pour me consoler comme tu le fais maintenant. Ne sais-tu pas que la parole, même un seul mot, d’une personne pure et aimante m’enlève toute peine ?

– Oui ? Oh ! Alors tu ne dois plus en avoir parce que je t’aime plus que ma mère, que mon père, que ma vie !

– C’est bien cela.

– Alors, viens. Ne reste pas seul. Parle pour moi, pour Jaïre, pour maman, pour le petit David, pour ceux qui t’aiment, en somme. Nous sommes nombreux et nous serons davantage encore. Mais ne reste pas seul. La mélancolie guette. »

Et, instinctivement maternelle comme toute femme honnête, elle achève :

« Avec moi, près de toi, personne ne te fera de mal. Et moi, du reste, je te défendrai. »

Jésus se lève et lui fait ce plaisir. Main dans la main, ils traversent les rues et entrent à la synagogue par une porte latérale.

355.5

Jaïre, qui est en train de lire à haute voix un rouleau, interrompt la lecture et dit, en s’inclinant profondément :

« Maître, je t’en prie, parle pour ceux qui ont le cœur droit. Prépare-nous à la Pâque par ta sainte parole.

– Tu étais en train de lire les Rois, n’est-ce pas ?

– Oui, Maître. J’essayais de faire comprendre que celui qui se sépare du vrai Dieu tombe dans l’idolâtrie des veaux d’or.

– Tu as raison. Personne n’a rien à dire ? »

Il s’élève un bruit dans la foule. Les uns veulent que Jésus parle, d’autres crient :

« Nous sommes pressés. Que l’on récite les prières et qu’on termine la réunion. Nous allons à Jérusalem, d’ailleurs, et là nous entendrons les rabbis. »

Ceux qui crient sont les nombreux déserteurs d’hier, que le sabbat a retenus à Capharnaüm.

Jésus les regarde avec une extrême tristesse :

« Vous êtes pressés, c’est vrai. Dieu aussi a hâte de vous juger. Partez donc. »

Puis, se tournant vers ceux qui les réprimandent, il dit :

« Ne leur faites pas de reproches. Tout arbre donne son fruit.

– Seigneur, réitère le geste de Néhémie[1] ! Parle contre eux, toi, le Prêtre suprême ! » s’écrie Jaïre avec indignation.

Les apôtres, les disciples et les habitants de Capharnaüm font chorus.

Jésus ouvre les bras en croix et, très pâle, l’air torturé et pourtant très doux, il crie :

« Souviens-toi de moi, ô mon Dieu ! Et favorablement ! Et souviens-toi aussi d’eux, favorablement ! Moi, je leur pardonne ! »

355.6

La synagogue se vide, et il ne reste que ceux qui sont fidèles à Jésus…

Il y a un étranger dans un coin, un homme robuste que personne ne regarde et à qui personne ne parle. D’ailleurs, lui non plus ne parle à personne. Il ne fait que regarder fixement Jésus si bien que le Maître tourne les yeux dans cette direction, le voit et demande à Jaïre de qui il s’agit.

« Je ne sais pas. Sûrement quelque homme de passage. »

Jésus l’interpelle :

« Qui es-tu ?

– Nicolaï, prosélyte d’Antioche ; je me rends à Jérusalem pour la Pâque.

– Qui cherches-tu ?

– Toi, Seigneur Jésus de Nazareth. Je désire te parler.

– Viens. »

Et, le prenant près de lui, il sort dans le jardin derrière la synagogue pour l’entendre.

« J’ai parlé à Antioche avec un de tes disciples nommé Félix. J’ai ardemment désiré te connaître. Il m’a dit que tu séjournais à Capharnaüm et que ta Mère vit à Nazareth. Et aussi que tu vas à Gethsémani ou à Béthanie. L’Eternel a fait que je te rencontre au premier endroit. Moi, j’y étais hier… et j’étais tout près de toi ce matin, lorsque tu pleurais en priant près de la fontaine… Je t’aime, Seigneur, parce que tu es saint et doux. Je crois en toi. Tes actions, tes paroles, m’avaient déjà fait tien. Mais ta miséricorde de tout à l’heure pour les coupables m’a décidé. Seigneur, accueille-moi à la place de ceux qui t’abandonnent ! Je viens à toi avec tout ce que j’ai : ma vie et mes biens, tout. »

A ces mots, il s’agenouille.

Jésus le regarde fixement… puis il lui dit :

« Viens. A partir d’aujourd’hui, tu appartiendras au Maître. Allons auprès de tes compagnons. »

Ils rentrent à la synagogue, où les apôtres et les disciples sont en grande conversation avec Jaïre.

« Voici un nouveau disciple. Le Père me console. Aimez-le comme un frère. Allons avec lui partager le pain et le sel. Puis, dans la nuit, vous partirez avec lui pour Jérusalem et nous, nous irons en barque à Hippos… Et n’indiquez mon chemin à personne pour qu’on ne me retienne pas. »

355.7

Mais le sabbat est terminé, et ceux qui veulent fuir Jésus se pressent sur la plage pour négocier leur traversée pour Tibériade. Ils se disputent avec Zébédée qui ne veut pas leur céder sa barque, déjà prête à côté de celle de Pierre, pour le départ de nuit de Jésus avec les Douze.

« Je vais l’aider ! » dit Pierre, irrité.

Jésus, pour éviter des heurts trop violents, le retient :

« Allons-y tous, pas toi seul. »

Ils s’y rendent donc ensemble… Et ils éprouvent toute l’amertume de voir que ceux qui fuient s’en vont sans même saluer, coupant net toute discussion pour s’éloigner de Jésus… Ils entendent quelques épithètes méprisantes et des conseils amers aux disciples fidèles…

Jésus se détourne pour revenir à la maison après le départ de la foule hostile, et il dit au nouveau disciple :

« Tu les entends ? Voilà ce qui t’attend en venant à moi.

– Je le sais. C’est pour cela que je reste. Je t’avais vu, un jour de gloire, au milieu de la foule qui t’acclamait en te saluant comme “ roi ”. J’ai haussé les épaules en pensant : “ Encore un qui se fait des illusions ! Un malheur de plus pour Israël ! ” Et je ne t’ai pas suivi parce que tu me semblais être un roi : je ne pensais même plus à toi. Maintenant je te suis parce que, dans tes paroles et dans ta bonté, je vois le Messie promis.

– En vérité, tu es plus juste que beaucoup d’autres. Néanmoins, je le répète : que celui qui espère trouver en moi un roi de la terre se retire. Que celui qui sent qu’il aura honte en face du monde accusateur se retire. Que celui qui se scandalisera de me voir traité de malfaiteur se retire. Je vous le dis pendant que vous pouvez encore le faire sans être compromis aux yeux du monde. Imitez ceux qui fuient sur ces barques, si vous ne vous sentez pas le courage de partager mon sort dans l’opprobre, pour pouvoir le partager ensuite dans la gloire. Car voilà ce qui va arriver : le Fils de l’homme sera accusé puis remis aux hommes, qui le tueront comme un malfaiteur et croiront l’avoir vaincu. Mais c’est inutilement qu’ils auront commis leur crime, car je ressusciterai trois jours plus tard et je triompherai. Bienheureux ceux qui sauront rester avec moi jusqu’à la fin ! »

355.8

A leur arrivée à la maison, Jésus confie aux disciples le nouveau venu. Il monte, seul, là où il était auparavant. Il va même dans la pièce du haut et s’y assied, pour réfléchir.

Peu après, Pierre monte avec Judas.

« Maître, Judas m’a fait réfléchir à des choses qui sont justes.

– Dis-moi de quoi il s’agit.

– Tu prends ce Nicolaï, un prosélyte, dont nous ignorons le passé. Nous avons déjà eu tellement d’ennuis et encore aujourd’hui. D’ailleurs, que savons-nous de lui ? Est-ce que nous pouvons lui faire confiance ? Judas dit, à juste raison, que ce pourrait être un espion envoyé par des ennemis.

– Mais oui ! Un traître ! Pourquoi n’a-t-il pas voulu dire d’où il vient et qui l’envoie ? Je l’ai interrogé, mais il se borne à répondre : “ Je suis Nicolaï d’Antioche, prosélyte. ” Moi, j’ai de forts soupçons.

– Je te rappelle qu’il vient parce qu’elle me voit trahi.

– C’est peut-être un mensonge ! Ce peut être une trahison !

– Celui qui partout voit le mensonge ou la trahison est une âme qui en est elle-même capable, parce qu’il juge d’après son propre modèle, dit Jésus avec sérieux.

– Seigneur, tu m’offenses ! S’écrie Judas, indigné.

– Laisse-moi donc et va avec ceux qui m’abandonnent. »

Judas sort en claquant la porte brutalement.

« Pourtant, Seigneur, Judas n’a pas tout-à-fait torts… Et puis je ne voudrais pas que… cet homme parle de Jean. Ce ne peut être que l’homme d’En-Dor, ce Félix, qui te l’a envoyé…

– Certainement, mais Jean d’En-Dor est prudent et il a repris son ancien nom. Sois tranquille, Simon. Un homme qui devient disciple parce qu’il sait que ma cause humaine est déjà perdue, ne peut être qu’un esprit droit. Il est bien différent de celui qui vient de sortir et qui est venu à moi parce qu’il espérait être le premier ministre d’un roi puissant… et qui ne se persuade pas que je suis Roi seulement au niveau spirituel…

– As-tu des soupçons sur lui, Seigneur ?

– Sur personne. Mais en vérité, je te dis que là où arrivera Nicolaï, disciple et prosélyte, Judas, fils de Simon, apôtre juif et Judéen, n’arrivera pas.

– Seigneur, je voudrais interroger Nicolaï sur… Jean.

– Ne le fais pas. Jean ne l’a chargé de rien parce qu’il est prudent. Toi, ne sois pas imprudent.

– Non, Seigneur. Je te le demandais seulement…

– Descendons pour hâter le repas. Quand il fera nuit noire, nous partirons… Simon… m’aimes-tu ?

– Oh ! Mon Maître ! Mais que dis-tu ?

– Simon, mon cœur est plus sombre que le lac en une nuit de tempête, et aussi agité que lui…

– Oh ! Mon Maître !… Que dois-je te dire, si je suis encore plus… sombre et agité que toi ? Je te dirai : “ Voici ton Simon, et si mon cœur peut te réconforter, prends-le. ” Je n’ai que lui, mais il est sincère. »

Jésus pose un moment sa tête sur la poitrine large et robuste, puis il se lève et descend avec Pierre.

355.1

Jesus is all alone on the terrace of the house Thomas of Capernaum. The town is quiet on the Sabbath and its population is already greatly reduced, as the most zealous in practising their religion have already left for Jerusalem, as well as those who go there with their families and have children who cannot march long distances and thus compel adults to make frequent stops and short journeys. One thus misses the bright note of cheerful children, even more so on a rather cloudy day. Jesus is pensive. He is sitting on a low bench in a corner near the parapet, with His back to the staircase almost hidden by the parapet; He is resting one elbow on His knee and reclines His head on His hand with a tired almost painful gesture.

355.2

He is interrupted in His meditation by the arrival of a little boy who wants to say goodbye to Him before leaving for Jerusalem. «Jesus! Jesus!» he calls at each step, as he cannot see Jesus because the low wall conceals Him from the sight of whoever is below. And Jesus is so engrossed in thought that He does not hear the light voice or the step of the child, which is as light as a dove’s… so that when the boy arrives on the terrace, He is still in the same painful position. And the little boy is frightened. He stops on the threshold, puts a finger between his lips and thinks… he then makes up his mind and moves slowly forward… he is now almost behind Jesus’ back… he bends to see what He is doing… and says: «No, lovely Jesus! Don’t weep! Why? Because of those bad ugly men of yesterday? My father was saying to Jairus that they are not worthy of You. But You must not weep. I love You. And my little sister, and James and Toby, and Johanna, and Mary and Micah and all the children in Capernaum, they all love You. Don’t weep anymore…» and he clasps Jesus’ neck caressing Him and concludes: «Otherwise I will weep, too and I will weep during all the journey…»

«No, David, I am not weeping anymore. You have consoled Me. Are you alone? When are you leaving?»

«After sunset. We are going by boat as far as Tiberias. Come with us. My father loves You; You know?»

«Yes, I know, My dear. But I must go to other children… Thank you for coming to say goodbye to Me. I bless you, little David. Let us kiss each other goodbye and then you will go back to your mother. Does she know that you are here?…»

«No, she doesn’t. I ran away because I did not see You with Your disciples and I thought that You might be weeping.»

«I am not weeping anymore, as you can see. Go back to your mother, who perhaps is looking for you and is worried. Goodbye. Watch the donkeys of the caravans. See? They stop everywhere.»

«Are You really not weeping anymore?»

«No. I am no longer grieved. You have comforted Me. Thank you, My child.»

The boy runs down the steps while Jesus watches him. He then shakes His head and goes back to His place in the same sorrowful meditation as before.

355.3

Some time goes by. The setting sun appears now and again when the cloudy sky clears.

A heavy step is heard coming up the staircase. Jesus looks up. He sees Jairus going towards Him. He greets him. Jairus replies respectfully.

«How come you are here, Jairus?»

«Lord! Perhaps I have done the wrong thing. But as You see the hearts of men You know that there was no ill-will in mine. I did not invite You to speak in the synagogue today. But I suffered for You so much yesterday, and I saw You suffer so much… that I did not dare. I spoke to Your disciples. They said to me: “He wishes to be alone”… But a little while ago Philip, David’s father, came to me saying that his son had seen You weep. He said that You thanked him for coming to see You. So I came, too. Master, the people who are still in Capernaum, are about to meet in the synagogue. And my synagogue is Yours, Lord.»

«Thank you, Jairus. Other people will speak there today. I will come as a simple believer…»

«And You would not be obliged to come. The world is Your synagogue. Are You not really coming, Master?»

«No, Jairus. I am staying here with My spirit before the Father Who understands Me and finds no fault in Me.» Jesus’ sad eyes shine with tears.

«Neither do I find fault in You… Goodbye, Lord.»

«Goodbye, Jairus.» And Jesus sits down once again, meditating.

355.4

Jairus’ daughter, in a white dress, goes upstairs as lightly as a dove. She looks around… She then calls in a low voice: «My Saviour!»

Jesus looks around, sees her, smiles and says: «Come near Me.»

«Yes, my Lord. But I would like to take You to the others. Why is the synagogue to be silent today?»

«There is your father and many others to fill it with words.»

«But they are words… Yours is the Word. Oh! My Lord! Through Your word You gave me back to my mother and father, and I was dead. But look at those who are now going towards the synagogue! Many of them are more dead than I was. Come and give them Life.»

«My dear daughter, you deserved it; they… No word can give life to those who choose death for themselves.»

«Yes, my Lord. But come just the same. There are also some who live more intensely when they hear You… Come. Give me Your hand and let us go. I am the witness of Your power and I am ready to bear witness also before Your enemies, even at the cost of being deprived of this second life, which in any case is no longer mine. You gave it to me, my dear Master, out of pity for a mother and a father. But I…» the girl, a beautiful girl, almost a young woman, with large bright eyes and a pure intelligent face, stops choked by tears, which from her long eyelashes stream down her cheeks.

«Why are you weeping, now?» asks Jesus laying His hand on her hair.

«Because… I was told that You say that You will die…»

«Everybody must die, my girl.»

«But not as You say!… I… oh! now I would not have liked to be brought back to life, in order not to see that, not to be there when… that horrible thing will happen…»

«In that case, you would not have been here either to comfort Me as you are doing now. Do you not know that a word, even one word only, of a pure soul who loves Me, takes all grief away from Me?»

«Does it? Oh! Then You must no longer be grieved because I love you more than I love my father, my mother and my own life!»

«It is so.»

«Then come. Don’t be alone. Speak for me, for Jairus, for my mother, for little David, for those who love You. We are many, and we will be more. But do not be alone. It makes You sad» and through motherly instinct, like every honest woman, she ends saying: «No one will hurt You if I am near You. In any case, I will defend You.»

Jesus stands up and pleases her. With His hand in hers, they cross the street and enter the synagogue by a side door.

355.5

Jairus, who is reading a roll in a loud voice, stops reading and bowing lowly says: «Master, please speak to those whose hearts are righteous. Prepare us for Passover with Your holy word.»

«You are reading the Book of Kings, are you not?»

«Yes, Master. I was endeavouring to make them consider that those who part from the true God become idolaters of golden calves.»

«You are quite right. Does anybody wish to speak?»

The crowd begins to whisper. Some want Jesus to speak, some shout: «We are in a hurry. Let us say the prayers and dismiss the congregation. We are going to Jerusalem in any case and we will hear the rabbis there.» Those who shout thus are the deserters of yesterday who have been held up in Capernaum because of the Sabbath.

Jesus looks at them with deep sadness and says: «You are in a hurry. That is true. God also is in a hurry to judge you. You may go.» Then addressing the people who are reproaching them He says: «Do not rebuke them. Each tree bears its own fruit.»

«Master! Repeat the gesture[1] of Nehemia! Since You are the High Priest, speak against them!» shouts Jairus indignantly and the apostles, the faithful disciples and the people of Capernaum join in with him.

Jesus stretches out His arms crosswise; He is very pale and His countenance is most sorrowful, although very kind while He cries: «Remember Me, My God! Remember Me propitiously! And remember them propitiously, too! I forgive them!»

355.6

The synagogue is soon empty, only those who are faithful to Jesus have remained… There is a stranger in a corner. A strong man whom no one notices and to whom no one speaks. On the other hand he does not speak to anybody. He stares at Jesus, so much so that the Master turns His eyes towards him and asks Jairus who he is.

«I do not know. He must be a passer-by.»

Jesus asks him: «Who are you?»

«Nicolaus, a proselyte from Antioch. I am going to Jerusalem for Passover.»

«Whom are you looking for?»

«For You, Lord, Jesus of Nazareth. I wish to speak to You.»

«Come, then.» And when he comes near, Jesus goes out with him into the kitchen garden behind the synagogue, to listen to him.

«I spoke in Antioch with a disciple of Yours, whose name is Felix. I have longed to meet You. He told me that you are often in Capernaum and that Your Mother lives in Nazareth. And that You go to Gethsemane or to Bethany. The Eternal Father has granted me to find You in the first place. I was here yesterday… And I was near You this morning, while You were weeping and praying near the fountain… I love You, Lord, because You are holy and meek. I believe in You. Your actions and Your words had already conquered me. But Your mercy of a little while ago, on the culprits, has finally convinced me. Lord, accept me in place of those who leave You! I will come to You with everything I have: my life, my wealth, everything.» He has knelt down while saying the last words.

Jesus gazes at him… then He says: «Come. As from today you belong to the Master. Let us go to your companions.»

They go back into the synagogue where the disciples and apostles are discussing animatedly with Jairus.

«Here is a new disciple. The Father has comforted Me. Love him as your brother. Let us go and share with him our bread and salt. Then, during the night, you will leave for Jerusalem with him and we will go to Hippo by boat… And do not tell anybody which way I am going so that I shall not be held up.»

355.7

In the meantime the Sabbath is over and those who want to shun Jesus have gathered on the beach haggling over the price of boats to Tiberias. And they quarrel with Zebedee who does not want to hire out his boat, which is ready near Peter’s to depart during the night with Jesus and the Twelve.

«I will go and help him!» says Peter who is annoyed.

To avoid too big a clash, Jesus holds him back saying: «We will all go, not just yourself.»

And they go… And they experience a bitter disappointment seeing the fugitives go away without even a nod, avoiding all contact in order to go away from Jesus… and they also hear some unpleasant epithets and acrid advice to the faithful disciples…

Jesus turns around to go back home after the hostile crowd has left, and He says to the new disciple: «Have you heard them? That is what you are to expect if you come with Me.»

«I know. That is why I am staying. I saw You one glorious day when the crowds cheered You and hailed You “king”. I shrugged my shoulders saying: “Another poor day-dreamer! Another plague for Israel!”, and I did not follow You because You looked like a king and I forgot all about You. I will now follow You because I see the promised Messiah in Your words and kindness.»

«You are really more just than many others. But once again I warn you. He who hopes that I am an earthly king, should go away. He who feels that he will be ashamed of Me before the world accusing Me, should go away. He who will be scandalised seeing Me treated as an evil-doer, should go away. I am telling you so that you may do so before being compromised in the eyes of the world. Imitate those who are escaping in those boats, if you feel that you cannot share My lot in disgrace, to be able to share it later in glory. Because this is what is about to happen: the Son of man is about to be accused and put into the hands of men, who will kill Him as a criminal and will believe that they defeated Him. But they will have accomplished their crime in vain. Because after three days I will rise from the dead and triumph. Blessed are those who will be able to stay with Me till the end!»

355.8

They have now reached the house and Jesus entrusts the new-comer to the disciples, and goes upstairs where He was before. He goes into the upper room and sits down meditating.

Shortly afterwards the Iscariot goes upstairs with Peter. «Master, Judas has made me ponder on certain matters that I think are right.»

«Tell Me.»

«You have accepted this Nicolaus, a proselyte, whose past is unknown to us. We have already had so much trouble… and we are still experiencing it. And now? What do we know about him? Can we trust him? Judas quite rightly says that he may be a spy sent by our enemies.»

«Of course! A traitor! Why does he not want to tell us where he comes from and who sent him? I have asked him, but he only says: “I am Nicolaus from Antioch, a proselyte”. I am very suspicious.»

«I would remind you that he came because he saw that I was betrayed.»

«It may be a lie! It may be treachery!»

«He who sees falsehood and treachery everywhere is a soul capable of such things, because he measures himself on his own model» replies Jesus seriously.

«Lord, You are offending me!» shouts Judas indignantly.

«Leave Me, then, and go with those who abandoned Me.»

Judas goes out slamming the door very rudely.

«But, Lord, Judas is not entirely wrong… In any case, I would not like that man… to mention John. It must be Felix, the man of Endor, who sent him to You…»

«It is certainly so. But John of Endor is a wise man and he resumed his old name. Do not worry, Simon. A man who becomes a disciple because he realizes that My human cause is lost, can but be a righteous spirit. Quite different from him who just went out and who came to Me because he was hoping to become the prince of a powerful king… and he cannot convince himself that I am King only for the spirit…»

«Do You suspect him, Lord?»

«I suspect no one. But I solemnly tell you that the apostle Judas of Simon, an Israelite and Judaean, will never go as far as Nicolaus, a disciple and proselyte.»

«Lord, I would like to ask Nicolaus after… John.»

«No, do not. John has not entrusted him with any task, because he is wise. Do not be the unwise one.»

«No, Lord, I was only asking You…»

«Let us go downstairs and hasten the supper. At the dead of night we will leave… Simon… do you love Me?»

«Oh! Master! What are You asking?»

«Simon, My heart is darker than the lake in a stormy night and as agitated as it…»

«Oh! Master of mine!… What shall I tell You, if I am more sullen and agitated than You are? I can only say: “Here is Your Simon. And if my heart can comfort You, take it”. It is the only thing I have, but it is sincere.»

For a moment Jesus rests His head on Peter’s wide strong chest and then stands up and goes downstairs with him.


Notes

  1. le geste de Néhémie invoqué par Jaïre est la menace de châtiment de Ne 5, 13. Mais la réponse de Jésus est l’invocation de miséricorde qui suit en Ne 5, 19.

Notes

  1. the gesture, invoked by Jairus, is the threat made in Nehemiah 5:13; but Jesus’s reply is an invocation of forgiveness as in Nehemiah 5:19.