Los Escritos de Maria Valtorta

365. Le piège de Judas contre l’innocence de Marziam.

365. Judas Iscariote insidia la inocencia de Margziam.

365.1

Jésus entre dans la verdure paisible du Jardin des Oliviers.

Marziam est toujours à côté de lui, et il rit en pensant à la course haletante que Pierre va sûrement faire pour les rejoindre.

« Oh ! Maître ! Qui sait ce qu’il va dire ! Et si tu avais continué pour Béthanie sans t’arrêter ici, il serait vraiment dans un triste état. »

Jésus sourit lui aussi en regardant l’adolescent :

« Oui, il va m’ensevelir sous ses lamentations. Mais cela lui servira, la prochaine fois, à être plus attentif. Je parlais. Lui se distrayait en bavardant avec l’un ou l’autre…

– Ils l’interrogeaient, Seigneur, dit pour l’excuser Marziam, qui ne rit plus.

– On fait signe avec bonne grâce que l’on répondra plus tard, quand la Parole du Seigneur se tait.

365.2

Souviens-toi de cela pour ton avenir, quand tu seras prêtre. Exige le plus grand respect aux heures et dans les lieux où l’on donne l’instruction.

– Mais alors, Seigneur, ce sera le pauvre Marziam qui parlera…

– Peu importe. C’est toujours Dieu qui parle par les lèvres de ses serviteurs, aux heures de leur ministère. Et on doit les écouter en tant que tels, en silence et avec égards. »

Marziam fait une grimace significative pour commenter son raisonnement intérieur.

Jésus, qui l’observe, lui dit :

« Tu n’en es pas convaincu ? Pourquoi cette moue ? Parle sans crainte, mon enfant.

– Mon Seigneur, je me demandais si Dieu est aussi sur les lèvres et dans le cœur des prêtres d’aujourd’hui… et… je me demandais avec terreur si ceux de l’avenir seront pareils… Et j’en concluais que… beaucoup de prêtres donnent une piètre image du Seigneur… J’ai sûrement péché… Mais ils ont le cœur tellement mauvais, et avare, et sec… que…

– Ne juge pas. Rappelle-toi cependant ce sentiment de dégoût. Penses-y à l’avenir, et tends de toutes tes forces à ne pas ressembler à ceux qui te rebutent, pas plus que ceux qui dépendront de toi. Fais servir au bien jusqu’au mal que tu vois. Toute action et toute connaissance doivent se changer en bien en passant par une volonté et un jugement droits.

– Oh, Seigneur ! Avant d’entrer dans la maison que l’on voit déjà, réponds encore à une question ! Tu ne nies pas que le sacerdoce actuel est imparfait. Tu me demandes, à moi, de ne pas juger. Mais toi, tu juges et tu peux le faire. Et tu juges avec justice. Maintenant, Seigneur, écoute ce que je pense. Quand les prêtres d’aujourd’hui parlent de Dieu et de la religion, étant tels qu’ils sont pour la plupart (je parle maintenant des plus mauvais), faut-il encore les écouter comme s’ils disaient la vérité ?

– Toujours, mon fils, par respect pour leur mission. Quand ils agissent dans le cadre de leur ministère, ce n’est plus l’homme Hanne ou l’homme Sadoq, et ainsi de suite, mais c’est “ le prêtre ” qui agit. Sépare toujours du ministère la pauvre humanité.

– Mais s’ils s’en acquittent mal…

– Dieu suppléera.

365.3

Et puis… écoute, Marziam ! Il n’y a pas d’homme complètement bon ou complètement mauvais. Et personne n’est si complètement bon qu’il soit en droit d’estimer ses frères complètement mauvais. Il faut tenir compte de nos défauts, leur opposer les bonnes qualités de celui que nous voulons juger, alors nous aurons une juste mesure de jugement charitable. Je n’ai pas encore trouvé un homme complètement mauvais.

– Pas même Doras, Seigneur ?

– Pas même lui, car c’est un mari honnête et un père affectueux.

– Ni même son père ?

– Lui aussi était un mari honnête et un père affectueux.

– Mais il n’était pas que cela, pourtant !

– Il n’était pas que cela, mais en cela il n’était pas mauvais. Par conséquent, il n’était pas complètement mauvais.

– Même Judas n’est pas mauvais ?

– Non.

– Mais il n’est pas bon !

– Il n’est pas totalement bon, comme il n’est pas totalement mauvais. N’es-tu pas convaincu de ce que je dis ?

– Je suis convaincu que toi, tu es totalement bon et que tu es absolument exempt de méchanceté. Cela, oui. Tu l’es tellement que tu ne trouves jamais de quoi accuser personne…

– Oh ! mon enfant ! Si je disais la première syllabe d’un mot d’accusation, vous vous jetteriez tous comme des fauves sur l’accusé !… J’évite que vous vous souilliez du péché de jugement en agissant ainsi. Comprends-moi bien, Marziam. Ce n’est pas que je ne voie pas le mal là où il est. Ce n’est pas que je ne voie pas le mélange de mal et de bien qu’il y a chez certains. Ce n’est pas que je ne comprenne pas quand une âme monte ou descend du niveau où je l’ai amenée. Ce n’est pour rien de tout cela, mon fils. Mais c’est de la prudence, pour éviter les manques de charité en vous. Et j’agirai toujours ainsi, même dans les siècles à venir, quand je devrai me prononcer sur une créature. Ne sais-tu pas, mon enfant, qu’un éloge, un mot d’encouragement valent parfois mieux que mille reproches ? Ne sais-tu pas que, sur cent cas très mauvais signalés comme relativement bons, au moins la moitié deviennent réellement bons puisque, après ma parole bienveillante, l’aide des bons ne leur fait pas défaut, alors qu’ils fuiraient l’individu signalé comme très mauvais ? Il faut soutenir les âmes, et non les accabler. Mais si, moi, je ne suis pas le premier à les épauler, à voiler ce qu’il y a de mauvais, à susciter en vous bienveillance et secours pour elles, jamais vous ne viendriez à leur aide avec une miséricorde active. Souviens-t’en, Marziam…

– Oui, Seigneur… (profond soupir). Je m’en souviendrai… (nouveau soupir)… Mais c’est bien difficile devant certaines évidences… »

365.4

Jésus le regarde fixement, mais il ne voit que le haut du front du garçon, qui baisse beaucoup la tête.

« Marziam, lève la tête. Regarde-moi et réponds. Quelle est l’évidence qu’il est difficile de nier ? »

Marziam s’embrouille… Il rougit sous sa peau un peu brune… Il répond :

« Mais… il y en a tant, Seigneur… »

Jésus insiste :

« Pourquoi as-tu cité Judas ? Parce que c’est une “ évidence ”, peut-être celle qu’il t’est le plus difficile à surmonter… Que t’a fait Judas ? En quoi t’a-t-il scandalisé ? »

Jésus pose la main sur les épaules de l’adolescent, maintenant tout empourpré tant il est rouge. Marziam le regarde, les yeux brillants, puis il se dégage et s’échappe en criant :

« C’est un profanateur, Judas !… Mais je ne peux rien dire… Aie pitié de moi, Seigneur !… »

Et il va se cacher, en larmes, appelé en vain par Jésus qui a un geste de douleur découragée.

365.5

Son cri a pourtant attiré l’attention des habitants de la maison de Gethsémani, et sur le seuil de la cuisine apparaissent Jonas et la Mère de Jésus, suivis des femmes disciples : Marie, femme de Cléophas, Marie Salomé et Porphyrée. Voyant Jésus, elles s’avancent vers lui.

« Paix à vous toutes ! Me voici, Maman !

– Seul ? Pourquoi ?

– Je suis allé de l’avant. J’ai laissé les autres au Temple… Mais j’étais avec Marziam…

– Et où est maintenant mon fils, je ne le vois pas ? demande Porphyrée, un peu inquiète.

– Il est monté là-haut… Mais il va venir. Avez-vous de quoi nourrire tout le monde ? Les autres vont bientôt arriver.

– Non, Seigneur. Tu avais dit que tu te rendais à Béthanie…

– Oui… Mais j’ai pensé bon de faire ainsi. Allez vite prendre ce qu’il faut. Moi, je reste avec ma Mère. »

Les femmes disciples obéissent sans discuter.

365.6

Jésus reste seul avec Marie, et ils marchent lentement sous l’entrelacement des branches, à travers lesquelles filtrent des rayons de soleil qui dessinent des cercles d’or sur l’herbe verte et fleurie.

« J’irai après le repas à Béthanie, avec Simon.

– Simon-Pierre ?

– Non, avec Simon le Zélote. Et j’emmènerai avec moi Marziam… »

Jésus se tait, pensif.

Marie l’observe, puis elle demande :

« Marziam te cause du chagrin ?

– Non, Maman. Au contraire ! Pourquoi penses-tu cela ?

– Pourquoi es-tu soucieux ?… Pourquoi l’as-tu appelé sur un ton de commandement ? Et pourquoi t’a-t-il quitté ? Pourquoi s’est-il détaché de toi comme s’il avait honte ? Il n’est même pas venu saluer sa mère et moi !

– L’enfant s’est enfui à cause d’une question que je lui posais.

– Oh !… »

Marie est dans une profonde stupeur. Elle se tait un instant, puis murmure comme si elle se parlait à elle-même :

« Au paradis terrestre, Adam et Eve s’enfuirent après avoir péché, en entendant la voix de Dieu… Mais, mon Fils, il faut avoir pitié de l’enfant. Il commence à devenir homme… et peut-être… Mon Fils, Satan mord tous les hommes… »

Marie est toute pitié et supplication… Jésus la regarde et lui dit :

« Comme tu es mère ! Comme tu es “ la Mère ” ! Mais ne crois pas que l’enfant ait péché. Au contraire, tu dois croire qu’il souffre à cause du choc d’une révélation. Il est très pur. Il est très bon… Je vais l’emmener avec moi aujourd’hui pour, sans rien dire, lui laisser découvrir que je le comprends. Toute parole serait de trop… et je n’en trouverais pas une pour excuser celui qui a violé une innocence. »

Jésus est sévère en disant ces derniers mots.

« Oh ! mon Fils ! Nous en sommes là ! Je ne te demande pas de nom. De nous tous, il n’y en a qu’un qui ait été capable de troubler l’enfant… Quel démon !

365.7

– Allons chercher Marziam, Maman. Il ne s’enfuira pas devant toi. »

Ils partent et le découvrent derrière un buisson d’aubépine.

« Cueillais-tu des fleurs pour moi, mon fils ? demande Marie en s’approchant de lui et en l’embrassant…

– Non, mais j’avais envie de ta présence, dit Marziam avec encore des larmes sur le visage.

– Et je suis venue. Allons, vite ! C’est qu’aujourd’hui tu dois aller avec mon Jésus à Béthanie ! Et tu dois être habillé convenablement. »

Le visage de Marziam, déjà oublieux du trouble qu’il éprouvait, s’illumine. Il dit :

« Moi, seul avec lui ?

– Et avec Simon le Zélote. »

Marziam, encore très enfant, saute de joie et bondit de sa cachette pour aller tomber sur la poitrine de Jésus… Il se trouve confus. Mais Jésus rit et l’excite :

« Cours voir si ton père est arrivé. »

Et pendant que Marziam part en courant, Jésus remarque :

« C’est un véritable enfant, bien que sa pensée soit déjà mûre. Lui troubler le cœur est un grand crime, mais j’y veillerai. »

Tout en parlant, il se dirige vers la maison avec Marie. Mais ils ne sont pas encore arrivés qu’ils voient Marziam revenir au galop.

« Maître… Mère… Il y a des gens… des gens qui étaient dans le Temple… Les prosélytes… Il y a une femme… Une femme qui veut te voir, Mère… Elle dit qu’elle t’a connue à Bethléem… Elle s’appelle Noémi.

– J’en ai tant connu, à cette époque ! Mais allons-y… »

365.8

Ils arrivent à la petite place où se trouve la maison. Un groupe de personnes attend et dès qu’elles voient Jésus, elles se prosternent. Mais aussitôt une femme se lève et va se jeter aux pieds de Marie, en l’appelant par son nom.

« Qui es-tu ? Moi, je ne me souviens pas de toi. Lève-toi. »

La femme se lève et va parler quand arrivent, hors d’haleine, les apôtres.

« Seigneur ! Mais pourquoi ? Nous avons couru comme des fous à travers Jérusalem. Nous croyions que tu étais allé chez Jeanne ou chez Annalia… Pourquoi ne t’es-tu pas arrêté ? »

Questions et informations se croisent confusément.

« Nous sommes ensemble, maintenant. Inutile d’en expliquer la raison. Laissez cette femme parler en paix. »

Tous se groupent pour écouter.

« Tu ne te souviens pas de moi, Marie de Bethléem. Mais moi, depuis trente et un ans, je me rappelle ton nom et ton visage comme celui de la pitié. J’étais venue de loin, moi aussi, de Pergé, pour l’édit. Et j’étais enceinte. Mais j’espérais revenir à temps. Mon mari est tombé malade en cours de route, et à Bethléem il s’est affaibli jusqu’à mourir. J’avais accouché depuis vingt jours au moment de sa mort. Mes cris percèrent le Ciel et tarirent mon lait ou le rendirent mauvais. Je fus couverte de pustules et mon fils aussi… On nous a jetés dans une caverne pour y mourir… Eh bien… Toi, toi seule tu es venue avec précaution, pendant presque toute une lune, pour m’apporter de la nourriture et soigner mes plaies, pleurant avec moi, donnant de ton lait à mon enfant qui est vivant grâce à toi, à toi seule… Tu as risqué d’être lapidée parce qu’ils m’appelaient “ la lépreuse ”… Oh ! ma douce étoile ! Je n’ai pas oublié cela. Je suis partie après ma guérison. J’ai appris le massacre à Ephèse. Je t’ai tellement, tellement cherchée ! Je ne pouvais croire que tu avais été tuée avec ton Fils au cours de cette nuit affreuse. Mais je ne t’ai jamais trouvée. L’été dernier, un habitant d’Ephèse a entendu ton Fils, il a su qui il était, il l’a suivi quelque temps, il l’a accompagné avec d’autres à la fête des Tentes… Et, à son retour, il en a parlé. Alors, je suis venue pour te voir, toi la Sainte, avant de mourir, pour te bénir autant de fois que tu as donné de gouttes de lait à mon Jean, en les enlevant à ton Fils béni… »

La femme pleure en une attitude respectueuse, légèrement courbée, serrant de ses mains les bras de Marie…

« On ne refuse jamais du lait, ma sœur. Et…

– Oh ! non, je ne suis pas ta sœur ! Toi, tu es la Mère du Sauveur, moi, une pauvre femme perdue, loin de chez elle, veuve avec un fils sur mon sein, sur mon sein desséché comme un torrent en été… Sans toi, je serais morte. Tu m’as tout donné, et j’ai pu retourner chez mes frères, marchands à Ephèse, grâce à toi.

– Nous étions deux mères, deux pauvres mères, avec deux bébés, pour le monde. Toi, tu avais la douleur du veuvage, moi celle de devoir être transpercée en mon Fils, comme le vieux Syméon l’avait prophétisé au Temple. Je n’ai fait que mon devoir de sœur en te procurant ce que tu n’avais plus.

365.9

Et ton fils, il est vivant ?

– Il est là. Ton saint Fils me l’a guéri ce matin. Qu’il en soit béni ! »

Et la femme se prosterne devant le Sauveur en s’écriant :

« Viens, Jean, remercier le Seigneur. »

Quittant ses compagnons, un homme de l’âge de Jésus s’avance, robuste, le visage loyal à défaut de beauté. De beau, il a l’expression de ses yeux profonds.

« Paix à toi, mon frère de Bethléem. De quoi t’ai-je guéri ?

– De la cécité, Seigneur. Un œil était perdu, et l’autre presque. J’étais chef de la synagogue, mais je ne pouvais plus lire les rouleaux sacrés.

– Désormais, tu les liras avec une plus grande foi.

– Non, Seigneur. Désormais, c’est toi que je lirai. Je veux rester comme disciple, et sans faire valoir mes droits pour les gouttes de lait que j’ai sucées au sein qui t’a nourri. Les jours d’une lune pour créer un lien ne sont rien, mais la pitié de ta Mère autrefois et la tienne ce matin sont tout. »

Jésus se tourne vers la femme :

« Et toi, qu’en penses-tu ?

– Que mon fils t’appartient deux fois. Accepte-le, Seigneur, et le rêve de la pauvre Noémi sera réalisé.

– C’est bien. Tu seras disciple du Christ. Quant à vous, recevez ce compagnon au nom du Seigneur » dit-il en s’adressant aux apôtres.

Tout émus, les prosélytes sont enthousiastes. Tous les hommes voudraient rester immédiatement. Mais Jésus dit avec fermeté :

« Non. Vous, restez ce que vous êtes. Rentrez chez vous en gardant la foi et attendez l’heure de l’appel. Et que le Seigneur soit toujours avec vous. Allez.

– Pourrons-nous encore te trouver ici ? demandent-ils.

– Non. Comme un oiseau qui vole de branche en branche, je marcherai sans m’arrêter. Vous ne me trouverez pas ici. Je n’ai pas d’itinéraire ni de demeure fixes. Mais, si c’est juste, nous nous reverrons et vous m’entendrez. Partez. Que la femme reste avec le nouveau disciple. »

Et il entre dans la maison, suivi des femmes et des apôtres qui commentent avec émotion cette histoire jusqu’alors ignorée et la charité profonde de Marie.

365.10

Jésus, d’un pas rapide, se rend à Béthanie. Simon le Zélote et Marziam marchent à ses côtés, heureux d’avoir été tous deux choisis pour cette visite. Marziam, complètement rasséréné, pose mille questions sur la femme venue d’Ephèse. Il demande si Jésus connaissait ce fait, et ainsi de suite.

« Je ne le connaissais pas. Les bontés de ma Mère sont infinies et accomplies avec un si doux silence que la plupart restent ignorées.

– C’est pourtant un très bel épisode, souligne le Zélote.

– Oui. A tel point que je veux le faire connaître à Jean d’En-Dor. Que dis-tu, Maître ? Trouverons-nous ses lettres à Béthanie ?

– J’en suis presque certain.

– Nous devrions trouver aussi la femme guérie de la lèpre, rappelle Simon le Zélote.

– Oui, elle a fidèlement observé les préceptes, mais maintenant le temps de la purification doit être accompli. »

365.11

Béthanie apparaît sur son plateau.

Ils passent devant la maison où il y avait autrefois des paons, des flamants et des espèces de hérons. Elle est aujourd’hui abandonnée et fermée. Simon le remarque, mais son observation est interrompue par la joyeuse salutation de Maximin qui débouche par le portail.

« Maître saint ! Quel bonheur dans une si grande douleur !

– Paix à toi. Pourquoi douleur ?

– Parce que Lazare souffre à cause de ses jambes ulcérées, et nous ne savons que faire pour le soulager. Mais à ta vue, il ira mieux, au moins pour l’esprit. »

Ils entrent dans le jardin et, tandis que Maximin court en avant, eux avancent lentement vers la maison.

Marie de Magdala accourt dehors avec son cri d’adoration : “ Rabbouni ”, suivie par Marthe, qui est plus calme. Elles sont toutes les deux pâles comme des personnes qui ont souffert et veillé.

« Relevez-vous. Allons tout de suite voir Lazare.

– Oh, Maître ! Maître qui peux tout, guéris mon frère ! supplie Marthe.

– Oui, bon Maître ! Il souffre plus qu’il ne peut le supporter ! Il s’épuise, il gémit. Il va certainement mourir si cela continue. Aie pitié de lui, Seigneur ! insiste Marie.

– Je suis toute pitié. Mais l’heure du miracle n’est pas venue pour lui. Qu’il soit courageux, et vous avec lui. Aidez-le à faire la volonté du Seigneur.

– Ah ! Tu veux dire qu’il doit mourir ? » gémit Marthe toute en pleurs.

Marie a les yeux noyés de larmes mais brillants de passion, d’une double passion pour Jésus et pour son frère :

« Oh ! Maître, mais en agissant ainsi, tu m’empêches de te suivre et de te servir, et tu empêches mon frère de jouir de ma résurrection. Ne veux-tu donc pas que, dans la maison de Lazare, on se réjouisse d’une résurrection ? »

Jésus la regarde avec un fin et bon sourire :

« D’une seule ? Allons ! Vous me prenez pour bien incapable, si vous croyez que je ne peux vous relever qu’une seule fois ! Soyez bonnes et courageuses. Allons. Et ne pleurez pas ainsi. Vous l’accableriez de soupçons pénibles. »

Et il s’éloigne le premier.

365.12

Certainement pour faciliter les soins, Lazare a été transporté dans une salle proche de la bibliothèque, en face de la grande pièce réservée aux banquets. Maximin lui indique la porte, mais laisse Jésus entrer seul.

« Paix à toi, Lazare, mon ami !

– Maître saint ! Paix à toi. Pour moi, dans mes membres, il n’y a plus de paix. Mon âme est accablée. Je souffre tant, Seigneur ! Donne-moi ton cher commandement : “ Lazare, sors ” et je me lèverai, guéri, pour te servir…

– Je te l’ordonnerai. Mais pas maintenant » répond Jésus en l’embrassant.

Lazare est très maigre, jaune, les yeux enfoncés. Il est visiblement très malade et très affaibli. Il pleure comme un enfant en montrant ses jambes enflées, bleuâtres, avec des plaies que je qualifierai de variqueuses, ouvertes en plusieurs endroits. Il espère peut-être qu’en lui montrant cette ruine, le Seigneur sera ému et fera un miracle. Mais Jésus se borne à replacer délicatement sur les plaies les linges enduits de baume.

« Tu es venu pour rester ? demande Lazare, déçu.

– Non, mais je viendrai souvent.

– Comment ? Tu ne passe pas la Pâque avec moi, cette année encore ? Je me suis fait porter ici exprès. Tu m’avais promis, à la fête des Tentes, que tu resterais longtemps avec moi après les Encénies…

– Je le ferai, mais pas maintenant. Cela te gêne que je reste assis ici, sur le bord de ton lit ?

– Oh, non ! Au contraire, la fraîcheur de ta main semble adoucir l’ardeur de ma fièvre. Pourquoi ne restes-tu pas, Seigneur ?

– Parce que, comme tu es tourmenté par tes plaies, moi je le suis par mes ennemis. Pour tous, Béthanie a beau être comprise dans les limites prescrites pour la Cène, pour moi, on considérerait comme un péché de consommer la Pâque ici. Pour le Sanhédrin et les pharisiens, tout ce que je fais est mal…

– Ah ! les pharisiens ! C’est vrai ! Mais dans l’une de mes maisons, alors… au moins cela !

– Cela, oui. Mais, par prudence, je le dirai au dernier moment.

– Oui. Ne fais confiance à personne.

365.13

Tout s’est bien passé avec Jean. Tu sais ? Hier, Ptolmaï est venu avec d’autres, et il m’a apporté des lettres pour toi. Ce sont mes sœurs qui les ont. Mais où sont restées Marthe et Marie ? Elles ne se soucient pas de te faire honneur ? »

Lazare est irrité comme beaucoup de malades.

« Sois tranquille ! Elles sont dehors avec Simon et Marziam. Je suis venu avec eux et je n’ai besoin de rien. Je vais les appeler. »

Il hèle ceux qui, par respect, étaient restés dehors.

Marthe sort et revient avec deux rouleaux qu’elle tend à Jésus. Marie rapporte que le serviteur de Nicodème a dit qu’il précédait son maître, qui arrive avec Joseph d’Arimathie. En même temps, Lazare se souvient d’une femme “ qui s’est présentée hier en ton nom ”.

« Ah oui ! Sais-tu de qui il s’agit ?

– Elle nous l’a dit. C’est la fille d’un homme riche de Jéricho, parti en Syrie tout jeune, depuis des années. Il l’a appelée Anastasica[1], en souvenir de la fleur du désert. Cependant, elle n’a pas voulu faire connaître le nom de son mari, explique Marthe.

– Il n’en est pas besoin. Il l’a répudiée, et elle est donc uniquement “ une femme disciple ”. Où se trouve-t-elle ?

– Elle est bien fatiguée et elle dort. Ces derniers jours et nuits, elle n’était pas en forme. Si tu veux, je vais l’appeler.

– Non, laisse-la dormir. Je m’en occuperai demain. »

365.14

Lazare regarde Marziam avec admiration. Et Marziam est sur les charbons ardents. Il voudrait bien savoir ce qu’il y a sur les rouleaux.

Jésus le comprend et les ouvre. Lazare dit :

« Comment ? Il est au courant ?

– Oui. Lui et les autres, excepté Nathanaël, Philippe, Thomas et Judas…

– Tu as bien fait de le lui tenir caché, à celui-là ! » tranche Lazare. « Moi, j’ai beaucoup de soupçons…

– Je ne suis pas imprudent, mon ami » interrompt Jésus.

Et il lit les rouleaux en en rapportant les principales nouvelles, à savoir qu’ils se sont bien acclimatés tous les deux, que l’école est prospère et que, sans l’affaiblissement de Jean, tout irait bien.

365.15

Mais il ne peut en dire plus, parce qu’on annonce l’arrivée de Nicodème et de Joseph.

« Dieu te garde, Maître ! Toujours, comme ce matin !

– Merci, Joseph. Et toi, Nicodème, tu n’étais pas là ?

– Non. Mais dès que j’ai appris ton arrivée, j’ai pensé à venir chez Lazare : j’étais presque certain de te trouver. Joseph m’a accompagné. »

Ils parlent des événements de la matinée autour du lit de Lazare, qui s’y intéresse tellement qu’il semble oublier sa souffrance.

« Mais ce Gamaliel, Seigneur ! Tu as entendu ? dit Joseph d’Arimathie.

– J’ai entendu. »

Nicodème dit :

« En revanche, moi je dis : ce Judas de Kérioth, Seigneur ! Après ton départ, je l’ai trouvé, vociférant comme un démon, au milieu d’un groupe d’élèves des rabbis. Il t’accusait et te défendait à la fois. Et je suis sûr qu’il était vraiment convaincu de bien faire. Eux voulaient te prendre en défaut, sûrement poussés par leurs maîtres. Lui combattait leurs accusations avec une fougue peinée en disant : “ Mon Maître n’a qu’un tort : c’est de faire trop peu éclater sa puissance. Il laisse passer l’occasion. Il fatigue les bons par son excessive douceur. Il est Roi, et il doit agir en roi ! Vous le traitez en serviteur parce qu’il est doux. Et lui se ruine à n’être que doux. Pour vous, qui êtes lâches et cruels, il n’y a que le fouet d’un pouvoir absolu et violent. Ah ! pourquoi ne puis-je faire de lui un violent Saül ! ” »

Jésus hoche la tête sans mot dire.

« Néanmoins, il t’aime à sa manière, observe Nicodème.

– Quel homme déconcertant ! s’exclame Lazare.

– Oui, tu l’as dit. Moi, depuis deux ans que je suis avec lui, je ne le comprends toujours pas » confirme Simon le Zélote.

Marie de Magdala se lève avec la majesté d’une reine, et de sa voix splendide elle proclame :

« Moi, je l’ai compris mieux que vous tous : c’est l’opprobre à côté de la Perfection. Et il n’y a rien d’autre à dire. »

Puis elle sort pour quelque occupation, emmenant avec elle Marziam.

« Peut-être Marie a-t-elle raison, dit Lazare.

– Moi aussi, je le pense, dit Joseph.

365.16

– Et toi, Maître, qu’en dis-tu ?

– Je dis que Judas, c’est “ l’homme ”, comme Gamaliel : l’homme borné près du Dieu infini. L’homme est si étroit de pensée — tant qu’on ne lui fait pas respirer le surnaturel —, qu’il ne peut accueillir qu’une seule idée, l’incruster en lui, s’incruster en elle et s’en tenir là, en dépit de l’évidence. Il est têtu, obstiné, peut-être à cause de sa foi en ce qui l’a le plus frappé. Au fond, Gamaliel, comme peu de gens en Israël, a foi dans le Messie qu’il a entrevu et reconnu dans un enfant. Et il est fidèle à la parole de cet Enfant… Et Judas de même. Empli de l’idée messianique telle que la plus grande partie d’Israël la cultive, confirmé en elle par la première manifestation qu’il a vue de moi, il voit, il veut voir dans le Christ le roi temporel et puissant… et il est fidèle à l’idée qu’il s’est faite.

Ah ! combien, même à l’avenir, se perdront à cause d’une idée erronée de la foi, rebelles à toute raison ! Mais vous, que croyez-vous ? Qu’il est facile de suivre la vérité et la justice en toute chose ? Que croyez-vous ? Qu’il est facile de se sauver parce qu’on est un Gamaliel ou un Judas apôtre ? Non. En vérité, en vérité je vous dis qu’il est plus facile à un enfant, à un fidèle du commun de se sauver, que pour quelqu’un qui est élevé à une charge spéciale, à une mission particulière. Généralement, ceux qui sont appelés à un destin extraordinaire laissent entrer en eux l’orgueil de leur vocation, et cet orgueil ouvre les portes à Satan, en chassant Dieu. La chute des étoiles fait plus de bruit que celle des grains de sable. Le Maudit cherche à éteindre les astres et il s’insinue, il s’insinue sournoisement pour servir de levier à ceux qui sont choisis afin de les faire chuter. Si mille, ou même dix mille individus tombent dans les erreurs communes, leur chute n’entraîne qu’eux-mêmes. Mais si celui qui tombe a été choisi pour un destin extraordinaire, et devient un instrument de Satan au lieu d’être celui de Dieu, sa voix au lieu d’être “ ma ” voix, son disciple au lieu d’être “ mon ” disciple, alors la ruine est bien plus grande et peut même donner naissance à des hérésies profondes qui nuisent à des âmes innombrables.

Le bien que je donne à quelqu’un produira beaucoup de bien s’il tombe sur un terrain humble et qui sait le rester. Mais s’il tombe sur un terrain orgueilleux ou qui le devient à cause du don reçu, alors de bien il devient mal. L’une des premières manifestations du Christ fut accordée à Gamaliel. Ce devait être pour lui un précoce appel vers le Christ. C’est la raison de sa surdité à l’appel de ma voix qui le poursuit. A Judas, il a été accordé d’être apôtre, l’un des douze apôtres parmi les milliers d’hommes d’Israël. Cela devait être sa sanctification. Mais qu’en sera-t-il ?… Mes amis, l’homme est un éternel Adam… Adam avait tout, sauf une chose. Il voulut l’avoir. Si encore l’homme restait Adam ! Mais, bien souvent, il devient Lucifer. Il a tout, excepté la divinité.[2] Il la veut. Il veut le surnaturel pour étonner, pour être acclamé, craint, connu, célébré… Et pour avoir quelque chose de ce que seul Dieu peut donner gratuitement, il s’agrippe à Satan, qui est le singe de Dieu et procure de prétendus dons surnaturels. Ah ! quel horrible sort est celui de ces satanisés !

365.17

Je vous quitte, mes amis. Je me retire pour quelque temps. J’ai besoin de me recueillir en Dieu… »

Jésus sort, très troublé… Ceux qui sont restés, Lazare, Joseph, Nicodème et Simon le Zélote, se regardent.

« Tu as remarqué comme il était bouleversé ? demande à mi-voix Joseph à Lazare.

– Oui. Il semblait voir un spectacle horrible.

– Que peut-il avoir dans le cœur ? demande Nicodème.

– Il n’y a que lui et l’Eternel qui le sachent, répond Joseph.

– Tu ne sais rien, Simon ?

– Non. Il est certain que, depuis des mois, il est très angoissé.

– Que Dieu le sauve ! Mais il est incontestable que la haine augmente.

– Oui, Joseph, la haine augmente… Je crois que bientôt la Haine va vaincre l’Amour.

– Ne dis pas cela, Simon ! S’il devait en être ainsi, je ne demanderais plus de guérir ! Mieux vaut mourir que d’assister à la plus horrible des erreurs.

– Des sacrilèges, devrais-tu dire, Lazare…

– Et pourtant… Israël en est capable. Il est mûr pour réitérer le geste de Lucifer, en faisant la guerre au Seigneur béni » soupire Nicodème.

Un silence pénible s’établit, comme une morsure qui leur serre la gorge… La nuit tombe dans la pièce où quatre hommes honnêtes pensent aux futurs criminels.

365.1

Jesús entra en la verde quietud del Huerto de los Olivos.

Margziam sigue a su lado, y sonríe al pensar en la afanosa carrera que va a pegarse Pedro para alcanzarlos. Dice: «¡Maestro, quién sabe lo que dirá! Y, si hubieras seguido hasta Betania sin pararte aquí, se sentiría verdaderamente desconsolado».

También sonríe Jesús, mirando al jovencito, y responde: «Sí. Me va a sepultar a lamentos. De todas formas, le servirá para otra vez. Así estará más atento. Yo hablaba y él se distraía charlando con unos o con otros…».

«Es que le preguntaban, Señor» dice Margziam para disculpar, sin reírse ya.

«Se hace un gesto delicado de que se responderá después, cuando calle la Palabra del Señor.

365.2

Acuérdate de esto para tu vida futura. Para cuando seas sacerdote. Exige el máximo respeto en las horas y lugares de instrucción».

«Pero entonces será el pobre Margziam, Señor, el que hable…».

«No importa. Es Dios el que habla por los labios de sus siervos en las horas de su ministerio, y como tal debe ser escuchado con silencio y respeto».

Margziam hace una leve mueca significativa, como comentario de un razonamiento suyo interior.

Jesús, que le observa, dice: «¿No estás convencido? ¿Por qué esa expresión? Habla, hijo, sin temor».

«Señor mío, me preguntaba si Dios está también en los labios y en el corazón de sus sacerdotes de ahora… y… con terror me decía si serían iguales los futuros… Y concluía diciendo que… muchos sacerdotes hacen quedar mal al Señor… He pecado, sin duda… Pero son tan malos y antipáticos, tan secos… que…».

«No juzgues. Pero recuerda esta impresión de disgusto. Tenla presente en el futuro. Y, con todas tus fuerzas, preocúpate de no ser como estos que te desagradan; y que tampoco lo sean los que dependan de ti. Haz servir para el bien incluso el mal que ves. Toda acción y toda cognición deben ser transformadas en bien pasando por un juicio y una voluntad rectos».

«¡Señor, antes de entrar en la casa, que ya se ve, respóndeme a otra cosa! Tú no niegas que el actual sacerdocio sea defectuoso. Me dices a mí que no juzgue. Pero Tú juzgas. Y puedes hacerlo. Y juzgas con justicia. Escucha, Señor, mi pensamiento. Cuando los actuales sacerdotes hablan de Dios y de la religión — siendo la mayoría de ellos como son, y me refiero ahora a los peores —, ¿deben ser escuchados como verdad?».

«Siempre, hijo mío. Por respeto a su misión. Cuando realizan actos de su ministerio, no son el hombre Anás, el hombre Sadoq… Son “el sacerdote”. Separa siempre del ministerio la pobre humanidad».

«Pero si realizan mal también su ministerio…».

«Dios suplirá.

365.3

¡Y, además!… ¡Escúchame, Margziam! No hay ningún hombre completamente bueno ni completamente malo. Y ninguno es tan completamente bueno que tenga derecho a juzgar a los hermanos como completamente malos. Tenemos que tener presentes nuestros defectos, contrastar con ellos las buenas cualidades de los que queremos juzgar. Entonces tendríamos una medida justa de juicio caritativo. Yo todavía no he encontrado un hombre completamente malo».

«¿Ni siquiera Doras, Señor?».

«Ni siquiera él, porque es marido honesto y padre amoroso».

«¿Ni siquiera el padre de Doras?».

«También él era marido honesto y padre amoroso».

«¡Pero nada más que eso, ¿eh?!».

«Sólo eso. Pero en eso no era malo. Por tanto, no era completamente malo».

«¿Y tampoco Judas es malo?».

«No».

«Pero no es bueno».

«No es totalmente bueno, como no es totalmente malo. ¿No estás convencido de lo que digo?».

«Estoy convencido de que Tú eres totalmente bueno, y que estás absolutamente exento de maldad. Tanto, que no encuentras nunca una acusación para ninguno. Esto sí».

«¡Oh, hijo mío! ¡Si pronunciara la primera sílaba de una palabra de acusación, todos vosotros arremeteríais como fieras contra el acusado!… Yo, actuando así, evito que os manchéis con pecado de juicio. Entiéndeme, Margziam. No es que Yo no vea el mal donde lo hay. No es que no vea la mezcla de mal y bien que hay en algunos. No es que no comprenda cuándo un alma sube o baja del nivel en que la puse. No es nada de esto, hijo mío. Es prudencia, para evitar las anticaridades entre vosotros. Y actuaré siempre así. También en los siglos venideros, cuando tenga que pronunciarme sobre una criatura. ¿No sabes, hijo, que a veces vale más una palabra de alabanza, de ánimo, que mil reprensiones? ¿No sabes que de cien casos pésimos, señalados como relativamente buenos, al menos la mitad vienen a ser realmente buenos al no faltarles, después de mi benévola palabra, la ayuda de los buenos, que, en caso distinto, huirían del individuo señalado como pésimo? Hay que sostener a las almas, no hundirlas. Pero si Yo no soy el primero en sostener, en celar las partes feas, en solicitar para ellas vuestra benevolencia y ayuda, jamás os entregaríais a ellas con activa misericordia. Recuérdalo, Margziam…».

«Sí, Señor… (un fuerte suspiro). Lo recordaré… (otro fuerte suspiro)… Pero es muy difícil ante ciertas evidencias…».

365.4

Jesús le mira fijamente. Pero del jovencito no ve sino la parte alta de la frente porque baja mucho la cara.

«Margziam, levanta la cara. Mírame. Y respóndeme. ¿Qué evidencia es esa que es difícil pasar por alto?».

Marg­ziam se azara… Se pone rojo bajo el color morenito de la piel… Responde: «Pues… son muchas, Señor…».

Jesús insta: «¿Por qué has nombrado a Judas? Porque es una “evidencia”. Quizás la que te es más difícil superar… ¿Qué te ha hecho Judas? ¿En qué te ha escandalizado?» y Jesús pone las manos encima de los hombros del muchacho, que ahora está tan colorado que es todo púrpura obscura.

Margziam le mira, con los ojos brillantes… luego se suelta y se marcha gritando: «¡Judas es un profanador!… Pero no puedo hablar… ¡Respétame, Señor!…» y se introduce en el bosque, llorando, en vano llamado por Jesús, que pone un gesto de desconsolado dolor.

365.5

Su voz, de todas formas, ha llamado la atención de los que están en la casa del Getsemaní. Y a la puerta de la cocina se asoma Jonás, luego la Madre de Jesús, detrás las discípulas: María de Cleofás, María Salomé y Porfiria. Ven a Jesús y se echan a andar hacia Él.

«¡La paz a todos vosotros! ¡Aquí me tienes, Mamá!».

«¿Sólo? ¿Por qué?».

«Me he adelantado. He dejado a los demás en el Templo… Pero estaba con Margziam…».

«¿Y dónde está ahora mi hijo, que no le veo?» pregunta Porfiria un poco inquieta.

«Ha subido allá arriba… Pero ahora vendrá. ¿Tenéis comida para todos? Dentro de poco vendrán los demás».

«No, Señor. Habías dicho que ibas a Betania…».

«Sí, claro… Pero he pensado que convenía hacer esto. Id sin demora por todo lo necesario, y volved sin demora. Yo me quedo con mi Madre».

Las discípulas obedecen sin replicar.

365.6

Se quedan solos Jesús y María, y pasean lentamente bajo los enmarañados ramajes de los árboles, a través de cuyas copas se filtran agujas solares que ponen circulitos de oro en la hierbecilla verde y florida.

«Después de comer iré a Betania con Simón».

«¿Simón de Jonás?».

«No. Con Simón Zelote. Y llevaré conmigo a Margziam…». Jesús calla pensativo.

María le observa. Luego pregunta: «¿Te causa sinsabores Margziam?».

«¡No, Mamá, todo lo contrario! ¿Por qué piensas eso?».

«¿Por qué estás pensativo?… ¿Por qué le llamabas con autoridad? ¿Por qué te ha dejado? ¿Por qué se ha separado de ti como vergonzoso? ¡No ha venido siquiera a saludar a su madre ni a mí!».

«El niño ha huido por una pregunta que le he hecho».

«¡Oh!…» el estupor de María es profundísimo. Guarda silencio por un momento y luego susurra, como hablando para sí: «Los dos en el Paraíso[1] Terrenal huyeron, después del pecado, al oír la voz de Dios… Pero, Hijo mío, hay que tener compasión del niño. Empieza a ser hombre… y quizás… Hijo mío, Satanás muerde a todos los hombres…». Es una María toda compasiva y suplicante…

Jesús la mira y le dice: «¡Cuán madre eres! ¡Cuánto eres “la Madre”! Mas no pienses que el niño ha pecado. Debes pensar que sufre por la quemadura de una revelación. Es muy puro. Es muy bueno… Le llevaré conmigo, hoy. Para que comprenda, sin palabras, que le comprendo. Cualquier palabra sobraría… y no encontraría ninguna para disculpar al profanador de un inocente». Es un Jesús severo en estas últimas palabras.

«¡Hijo! ¡En esto estamos? No te pido nombres. Pero si uno de entre nosotros ha sido capaz de turbar al niño, sólo puede haber sido uno… ¡Hay que ver qué diablo!».

365.7

«Vamos a buscar a Margziam, Mamá. Ante ti no huirá».

Van y le descubren detrás de una mata de espino albar.

«¿Estabas cogiendo flores para mí, hijo mío?» pregunta María mientras se acerca a él y le abraza…

«No. Pero te echaba de menos» dice Margziam con lágrimas en la cara todavía.

«Y yo he venido. ¡Ánimo, sin demora! ¡Que hoy tienes que ir con mi Jesús a Betania! Y debes estar arreglado como conviene».

La cara de Margziam, ya olvidado de su turbación de antes, se ilumina, y dice: «¿Yo solo con Él?».

«Y con Simón Zelote».

Margziam, muy niño todavía, da un salto de alegría, sale inmediatamente de su escondite y va a caer en el pecho de Jesús… Está confuso.

Pero Jesús sonríe y le instiga diciendo: «Corre a ver si ha venido tu padre». Margziam se echa a correr, y Jesús observa: «Es un niño todavía, a pesar de ser ya juicioso de pensamiento. Turbar su corazón es un gran delito. Pero pondré una solución» y mientras tanto camina con María hacia la casa.

Pero antes de llegar ya ven a Margziam galopando tras ellos. «Maestro… Madre… Hay personas… personas de las que estaban en el Templo… Los prosélitos… Hay una mujer… Una mujer que quiere verte, Madre… Dice que te conoció en Belén… Se llama Noemí».

«¡Conocí a muchas entonces! Pero vamos…».

365.8

Llegan a la pequeña explanada donde está la casa. Un grupo de personas espera. En cuanto ven a Jesús se postran. Pero, en seguida, una mujer se levanta y corre a arrojarse a los pies de María mientras la saluda con su nombre.

«¿Quién eres? No me acuerdo de quién eres. Levántate».

La mujer se alza, pero, cuando está para hablar, llegan, jadeantes, los apóstoles.

«¡Pero Señor! ¿Por qué? Hemos corrido como locos por Jerusalén. Pensábamos que habías ido a casa de Juana o de Analía… ¿Por qué no has esperado?» preguntan, e informan, confusamente.

«Ahora estamos juntos. Es inútil explicar el porqué. Dejad que esta mujer hable tranquila».

Todos se apiñan para escuchar.

«Tú no te acuerdas de mí, María de Belén. Pero yo recuerdo desde hace treinta y un años tu nombre y tu rostro como nombre y rostro de piedad. Había venido yo también de lejos, de Perge, por el Edicto. Estaba embarazada. Pero esperaba regresar a tiempo. Mi marido enfermó por el camino, y en Belén se debilitó hasta el extremo de que murió. Yo había dado a luz veinte días antes de que muriera. Mis gritos perforaron el cielo y me secaron la leche y la hicieron veneno. Me cubrí de pústulas, y de pústulas se cubrió mi hijo… Nos arrojaron a una gruta a morir… Pues bien… tú, sólo tú, viniste, cautelosa, cada poco tiempo durante toda la luna, a traerme comida y a curar mis llagas, y llorabas conmigo y dabas leche a mi criatura, que si vive es sólo por ti… Corriste el riesgo de que te lapidaran, porque me llamaban “la leprosa”… ¡Oh, mi estrella delicada! Esto no lo he olvidado. Una vez curada, me marché. En Éfeso tuve noticias de la matanza. ¡Te busqué mucho! ¡Mucho! ¡Mucho! No podía pensar que te hubieran matado con tu Hijo en aquella noche tremenda. Pero jamás te encontré. El verano pasado, uno de Éfeso oyó a tu Hijo, supo quién era, le siguió durante un tiempo, fue, acompañado de otros, a los Tabernáculos… Y, cuando volvió, contó. He venido para verte, ¡oh Santa!, antes de morir. Para bendecirte tantas veces cuantas fueron las gotas de leche que diste a mi Juan, en detrimento incluso de tu Hijo bendito…». La mujer llora, en una posición reverencial, un poco inclinada, agarrando con sus manos los brazos de María…

«La leche no se niega nunca, hermana. Y…».

«¡Oh, no! ¡No hermana tuya! Tú, Madre del Salvador. Yo era una pobre mujer sola, lejos de su casa, viuda, con un hijo de pecho y con el pecho agotado como torrente en verano… Sin ti me habría muerto. Me diste todo, y, si pude volver donde mis hermanos, mercaderes de Éfeso, fue por ti».

«Éramos dos madres, dos pobres madres, con dos hijos, por el mundo. Tú tenías el dolor de haberte quedado viuda, yo el de tener que ser traspasada en mi Hijo, como decía en el Templo el anciano Simeón. No hice otra cosa sino cumplir con mi deber de hermana dándote lo que tú ya no tenías.

365.9

¿Y tu hijo vive?».

«Está ahí. Tu Hijo santo me le ha curado esta mañana. ¡Bendito sea!» y la mujer se postra ante el Salvador gritando: «Ven, Juan, a dar gracias al Señor».

Se aproxima, dejando a sus compañeros, un hombre de la edad de Jesús, fuerte, de rostro no hermoso pero leal; de hermoso tiene la expresión de sus ojos profundos.

«La paz a ti, hermano de Belén. ¿De qué te he curado?».

«De la ceguera, Señor. Un ojo perdido, el otro próximo a perderse. Era arquisinagogo, pero ya no podía leer los sagrados rollos».

«Ahora los leerás con mayor fe».

«No, Señor. Ahora te leeré a ti. Quiero quedarme como discípulo. Y sin pretender derechos por las gotas de leche extraídas del pecho en que Tú te nutrías. Nada son los días de una luna para crear un vínculo; todo, la piedad de tu Madre entonces y la tuya de esta mañana».

Jesús se vuelve hacia la mujer: «¿Y tú que opinas?».

«Que mi hijo te pertenece doblemente. Acéptale, Señor. Y se cumplirá el sueño de la pobre Noemí».

«De acuerdo. Serás de Cristo. A vosotros: recibid a este compañero en nombre del Señor» dice volviéndose a los apóstoles.

Los prosélitos están exaltados de emoción. Los hombres querrían quedarse también inmediatamente. Todos. Pero Jesús dice con firmeza: «No. Vosotros seguid siendo lo que sois. Volved a vuestras casas, conservad la fe y esperad la hora de la llamada. El Señor esté siempre con vosotros. Podéis marcharos».

«¿Podremos encontrarte todavía aquí?» preguntan.

«No. Como un pájaro que vuela de rama en rama me moveré continuamente. No me encontraréis aquí. No tengo ni itinerario ni morada. Pero, si es justo, nos veremos y me escucharéis. Marchaos. Que se quede la mujer con el nuevo discípulo».

Y entra en casa, seguido por las mujeres y los apóstoles, que comentan con emoción el episodio ignorado hasta ese momento y la caridad profunda de María.

365.10

Y Jesús, con paso raudo, va hacia Betania; a un lado y otro de Él, Simón Zelote y Margziam. Felices de ser ellos dos los preferidos para esta visita.

Margziam, ya completamente tranquilo, hace mil preguntas sobre la mujer que ha venido de Éfeso, pregunta si Jesús sabía ese hecho, etc.

«No lo sabía. El tesoro de bondades de mi Madre es infinito, y lo hace con un silencio tan delicado, que, la mayor parte de las veces, sus buenas acciones quedan secretas».

«Pero es un episodio muy bonito, ¿eh?» dice el Zelote.

«Sí. Tanto que quiero contárselo a Juan de Endor. Maestro, ¿crees que vamos a encontrar sus cartas en Betania?».

«Estoy casi seguro».

«Debería estar también la mujer curada de la lepra» observa el Zelote.

«Sí. Ha observado con fidelidad los preceptos. Pero ya debe haberse cumplido el tiempo de la purificación».

365.11

Betania aparece en su llanura elevada. Pasan por delante de la casa en que en otros tiempos había pavos reales, flamencos y grullas. Ahora está abandonada y cerrada. Simón lo observa.

Pero su observación se ve interrumpida por el jovial saludo de Maximino que improvisamente sale por la cancilla. «¡Maestro santo! ¡Qué felicidad en medio de tanto dolor!».

«Paz a ti. ¿Por qué, dolor?».

«Porque Lázaro tiene dolores lancinantes a causa de sus piernas ulceradas. Y no sabemos qué hacer para aliviar ese dolor. Pero viéndote a ti estará mejor, al menos de espíritu».

Entran en el jardín, y, mientras Maximino se adelanta veloz, ellos siguen a paso lento hacia la casa.

Corre afuera María de Magdala con su grito adorador: «¡Rabbuní!». La sigue, más sosegada, Marta. Ambas están pálidas como quien ha sufrido y velado.

«Levantaos. Vamos inmediatamente donde Lázaro».

«¡Maestro, Maestro que todo lo puedes, cúrame a mi hermano!» suplica Marta.

«¡Sí, Maestro bueno! ¡Sufre por encima de sus fuerzas! Se está consumiendo. Gime. Y, claro, morirá si sigue así. ¡Ten piedad de él, Señor!» insta María.

«Tengo toda la piedad. Pero no es para él hora de milagro. Debe ser fuerte, y vosotras con él. Ayudadle a hacer la voluntad del Señor».

«¿¡Quieres decir que deberá morir?!» pregunta, gimiendo, Marta en lágrimas.

Y María, nadando sus ojos en el llanto y la pasión en la voz, la dúplice pasión por Jesús y por su hermano: «¡Oh, Maestro, pero de esta forma me impides seguirte y servirte, e impides a mi hermano gozar de mi resurrección. ¿Es que no quieres en casa de Lázaro el júbilo por una resurrección?».

Jesús la mira con una sonrisa buena y perspicaz, y dice: «¿Por una? ¿Sólo una? ¡Pero entonces me creéis muy poca cosa, si creéis que puedo una cosa sola! Sed buenas y fuertes. Vamos. Y no lloréis de esa forma. Le abatiríais con dolorosas conjeturas». Y, Él el primero, se encamina hacia donde está Lázaro,

365.12

el cual, sin duda para que sea más fácil asistirle, ha sido acomodado en una sala que está junto a la biblioteca, en frente de la sala mayor, dedicada a convites. Maximino señala la puerta, pero deja a Jesús que entre solo.

«¡Paz a ti, Lázaro, amigo mío!».

«¡Oh, Maestro santo! La paz a ti. Para mí, en mis miembros, la paz ya no existe. Y siento abatido mi espíritu. ¡Sufro mucho, Señor! Pronuncia para mí la amada orden: “Lázaro, sal afuera”, y me pondré en pie, curado, para servirte…».

«Te daré esa orden, Lázaro. Pero no ahora» responde Jesús abrazándole.

Lázaro está muy delgado, amarillento, visiblemente muy enfermo y muy debilitado, y tiene hundidos los ojos. Llora como un niño al enseñar sus piernas hinchadas, azuladas, con llagas que yo diría varicosas, abiertas en varios puntos. Quizás espera que Jesús, al mostrarle ese destrozo, se conmueva y haga un milagro. Pero Jesús se limita a colocar de nuevo, con delicadeza, sobre las llagas, las vendas untadas de bálsamo.

«¿Has venido para quedarte?» pregunta Lázaro, no sin desilusión.

«No. Pero vendré a menudo».

«¿Cómo? ¿Tampoco vas a celebrar este año la Pascua conmigo? He dicho que me trajeran aquí por ese motivo. Me habías prometido, cuando los Tabernáculos, que ibas a estar mucho conmigo, después de las Encenias…».

«Y estaré. Pero no ahora. ¿Te molesto si me siento aquí en la orilla de tu cama?».

«¡No, no! Todo lo contrario. La frescura de tu mano parece como si mitigara el ardor de mi fiebre. ¿Por qué no te quedas, Señor?».

«Porque como a ti te atormentan las llagas, a mí los enemigos. A pesar de que Betania esté considerada dentro de los límites para la Cena, y para todos; para mí, celebrar aquí la Pascua se consideraría pecado. De lo que Yo hago, para el Sanedrín y los fariseos, todo son camellos y vigas…».

«¡Ah! ¡Los fariseos! ¡Es verdad! Pero entonces en una casa mía… ¡Esto al menos!».

«Eso sí. Pero lo diré en el último momento. Por prudencia».

«¡Ah, sí, no te fíes!

365.13

Te ha ido bien con Juan, ¡eh!, ¿sabes? Ayer ha venido Tolmái con otros y me ha traído cartas para ti. Las tienen mis hermanas. ¿Pero dónde se han quedado Marta y María? ¿No se preocupan de recibirte con honor?». Lázaro está inquieto, como muchos enfermos.

«Tranquilo. Están afuera, con Simón y Margziam. He venido con ellos. Y no necesito nada. Ahora los llamo». Y así es; llama a los que prudentemente se habían quedado afuera.

Marta sale y vuelve con dos rollos y se los entrega a Jesús. María, entre tanto, refiere que el siervo de Nicodemo ha dicho que precede a su señor, que viene con José de Arimatea. Y, contemporáneamente, Lázaro se acuerda de una mujer («que ha llegado ayer en nombre tuyo» dice).

«¡Ah! ¡Sí! ¿Sabes quién es?».

«Nos lo ha dicho. Es hija de un rico de Jericó que hace años fue a Siria, de joven. La llamó Anastásica[2], en recuerdo de la flor del desierto. Pero no ha querido revelar el nombre de su marido» explica Marta.

«No es necesario. La ha repudiado. Por tanto, ella es únicamente “la discípula”. ¿Dónde está?».

«Duerme. Está cansada. Ha vivido muy mal estos días y estas noches. Si quieres la llamo».

«No. Deja que duerma. Me ocuparé mañana».

365.14

Lázaro mira admirado a Margziam, el cual está en ascuas; y es que quisiera saber lo que dicen los rollos. Jesús lo comprende y los abre. Lázaro dice: «¿Cómo? ¿Él lo sabe?».

«Sí. Él y los otros, excepto Natanael, Felipe, Tomás y Judas…».

«¡Has hecho bien en no revelárselo a él!» interviene brúscamente Lázaro. «Tengo muchas sospechas…».

«No soy imprudente, amigo» le interrumpe Jesús. Lee los rollos y luego refiere las noticias principales, o sea, que los dos se han aclimatado, que la escuela prospera y que, si no fuera por el declinar de Juan, todo iría bien.

365.15

Pero no puede decir nada más porque se anuncia la llegada de Nicodemo y José.

«¡Dios te salve, Maestro, esta mañana y siempre!».

«Gracias, José. ¿Y tú, Nicodemo, no estabas?».

«No. Pero, sabido que habías llegado, he pensado en venir a casa de Lázaro, casi seguro de que te encontraría. Y José se ha unido a mí».

Hablan alrededor de la cama de Lázaro de los hechos de la mañana. Y él se interesa tanto, que parece aliviado de su sufrimiento.

«¡Y Gamaliel, Señor? ¿Oíste?» dice José de Arimatea.

«Oí».

Nicodemo dice: «Yo, sin embargo, digo: ¡Y Judas de Keriot, Señor? Después de tu partida, me le encontré vociferando como un demonio en medio de un grupo de alumnos de los rabíes. Te acusaba y defendía al mismo tiempo. Estoy seguro de que estaba convencido de actuar bien. Ellos querían encontrarte culpas, ciertamente estimulados por sus maestros. Él rebatía las acusaciones con pasión enardecida. Decía: «Sólo una culpa tiene mi Maestro: hacer resaltar demasiado poco su poder. Deja pasar el momento oportuno. Cansa a los buenos con su excesiva mansedumbre. ¡Rey es, debe actuar como rey! Vosotros le tratáis como a un siervo, porque es manso. Y Él, por ser sólo manso, se destruye. Para vosotros, que sois viles y crueles, no hay otra casa aparte del azote de un poder absoluto y violento. ¡Ah, si pudiera hacer de Él un violento Saúl!”».

Jesús menea la cabeza sin decir nada.

«De todas formas, a su manera, te ama» observa Nicodemo.

«¡Qué hombre más desconcertante!» exclama Lázaro.

«Sí. Bien has dicho. Yo no le entiendo, y hace dos años que estoy con él» confirma el Zelote.

María de Magdala se alza, con majestuosidad de reina, y con su espléndida voz proclama: «Yo le he entendido más que todos: es el oprobio al lado la Perfección. Y no hay nada más que decir», y sale para alguna incumbencia, llevándose consigo a Margziam.

«Quizás María tiene razón» dice Lázaro.

«También lo creo yo» dice José.

365.16

«¿Y Tú, Maestro, qué dices?».

«Digo que Judas es “el hombre”. Como lo es Gamaliel. El hombre limitado junto a Dios infinito. El hombre está tan restringido en su pensamiento, mientras no le airea sobrenaturalmente, que puede acoger una sola idea, incrustarla dentro de sí, o incrustarse en ella, y quedarse así. Incluso contra la evidencia. Terco. Obstinado. Incluso por fidelidad hacia la cosa que más le ha impresionado. En el fondo, Gamaliel tiene una fe, como pocos en Israel, en el Mesías que vislumbró y reconoció en un niño. Y es fiel a las palabras de aquel niño… Y lo mismo Judas. Saturado de la idea mesiánica como la mayor parte de Israel la cultiva, confirmado en ella por mi primera manifestación a él, ve, quiere ver, en el Cristo el rey. El rey temporal y poderoso… Y es fiel a este concepto suyo. ¡Cuántos, incluso en el futuro, se malograrán por una concepción de fe equivocada, terca contra toda razón! ¿Pero qué creéis, que es fácil seguir la verdad y la justicia en todas las cosas? ¿Qué creéis, que es fácil salvarse sólo porque se sea un Gamaliel y un Judas apóstol? No. En verdad, en verdad os digo que es más fácil que se salve un niño, un fiel común, que uno elevado a especial cargo y a especial misión. Generalmente entra, en los llamados a extraordinaria suerte, la soberbia de su vocación, y esta soberbia abre las puertas a Satanás, expulsando a Dios. Las caídas de las estrellas son más fáciles que las de las piedras. El Maldito trata de apagar los astros y se insinúa, se insinúa tortuoso para hacer de palanca contra los elegidos y poder volcarlos. Si miles de hombres caen en los errores comunes, su caída no arrastra nada más que a ellos mismos. Pero si cae uno de los elegidos para una extraordinaria suerte, y viene a ser instrumento de Satanás en vez de serlo de Dios, su voz en vez de “mi” voz, su discípulo en vez de “mi” discípulo, entonces la ruina es mucho mayor y puede dar origen incluso a profundas herejías que dañan a un número sin número de espíritus. El bien que Yo doy a una persona producirá mucho bien si cae en un terreno humilde y que sabe permanecer humilde; pero, si cae en un terreno soberbio o que se hace soberbio por el don recibido, entonces de bien se transforma en mal. A Gamaliel le fue concedida una de las primeras epifanías del Cristo. Debía ser su precoz llamada a Cristo; sin embargo, es la razón de su sordera a mi voz que le llama. A Judas le ha sido concedido ser apóstol: uno de los doce apóstoles entre los millares de hombres de Israel. Debía ser esto su santificación. Pero, ¿qué será?… Amigos míos, el hombre es el eterno Adán… Adán tenía todo. Todo menos una cosa. Quiso ésa. ¡Y si el hombre se queda en Adán! ¡Ah, pero muy a menudo se transforma en Lucifer! Tiene todo menos la divinidad[3]. Quiere la divinidad. Quiere lo sobrenatural para causar asombro, para ser aclamado, temido, conocido, celebrado… Y, para conseguir algo de eso que sólo Dios puede gratuitamente dar, se agarra fuertemente a Satanás, que es el Simio de Dios y da sucedáneos de dones sobrenaturales. ¡Qué horrenda suerte la de estos que se han transformado en demonios!

365.17

Os dejo, amigos. Me retiro bastante. Tengo necesidad de recogerme en Dios…».

Jesús, muy turbado, sale… Los que se quedan (Lázaro, José, Nicodemo y el Zelote) se miran.

«¿Has visto cómo se ha turbado?» pregunta en voz baja José a Lázaro.

«Sí, lo he visto. Parecía como si estuviera viendo un espectáculo horrendo».

«¿Qué tendrá en el corazón?» pregunta Nicodemo.

«Sólo Él y el Eterno lo saben» responde José.

«¿Tú no sabes nada, Simón?».

«No. Lo cierto es que hace meses que está muy angustiado».

«¡Dios le proteja! Pero lo cierto es que el odio aumenta».

«Sí, José. El odio aumenta… Creo que pronto el Odio va a vencer al Amor».

«¡No digas eso, Simón! ¡Si debe suceder así, no volveré a pedir la curación! Mejor morir que asistir al más horrendo de los errores».

«De los sacrilegios, debes decir, Lázaro…».

«Y… Israel es capaz de esto. Está maduro para repetir el gesto de Lucifer declarando la guerra al Señor bendito» suspira Nicodemo.

Un silencio penoso se forma, cual mordaza que estrangula todas las gargantas… Declina la tarde en la habitación en que cuatro hombres honestos piensan en los futuros delincuentes.


Notes

  1. Anastasica (plus correctement orthographiée Anastatica, comme en 366.1) est la Rose de Jéricho rencontrée en 360.13/14. Les deux noms, qui désignent la même personne, sont ceux d’une plante appelée fleur du désert et qui pourrait être les plants de roses de Jéricho cités en Si 24, 14.
  2. Il a tout, excepté la divinité. Une note de Maria Valtorta sur une copie dactylographiée l’explique ainsi : « L’homme est divinisé par la grâce, mais il n’est pas Dieu. Il devient semblable à Dieu par participation, mais pas par égalité de nature. »

Notas

  1. Lo dos en el Paraíso... es cita de Génesis 3, 8.
  2. Anastásica (más correctamente Anastática) es la Rosa de Jericó que encontramos en 360.13/14. Los dos nombres, pertenecientes a la misma persona, son de una planta denominada flor del desierto.
  3. Tiene todo menos la divinidad. MV, en una copia mecanografiada, lo explica de la siguiente manera: La Gracia diviniza al hombre, pero el hombre no es Dios. Viene a ser semejante a Dios por participación, no por una naturaleza igual.