Los Escritos de Maria Valtorta

402. Judas se sent découvert

402. Judas Iscariote se siente descubierto

402.1

Je ne sais pas comment je vais faire pour écrire, à bout de forces comme je le suis à cause de continuelles crises cardiaques de jour et de nuit… Mais je vois, donc je dois écrire.

Je vois Jésus devant le palais de Jeanne à Béther. A cet endroit, le jardin qui précède la maison s’élargit en deux ailes vertes qui l’encerclent, formant ainsi une petite place semi-circulaire, sans plantations au milieu, mais entourée de grands arbres très vieux. Leur feuillage touffu frémit sous la brise qui souffle sur le sommet de cette colline, et ils projettent une ombre agréable pour protéger du soleil quand il est à l’occident. Sous les frondaisons, une haie de roses décrit un demi-cercle coloré et parfumé au bord de l’esplanade.

C’est le crépuscule. En effet, à cause de la position élevée du château, on voit nettement que le soleil est descendu d’un arc important de son orbite sur l’horizon, et qu’il va se coucher derrière les montagnes à l’occident. André les montre à Philippe en rappelant la peur qu’ils ont éprouvée, là-bas à Bet-Ginna, de devoir annoncer le Seigneur. On comprend que c’est sur ces monts que se trouve cette ville où le Seigneur, il y a un an, a guéri[1] la fille de l’hôtelier, au commencement de son voyage vers les rives de la Méditerranée, si j’ai bon souvenir. Je suis seule, je ne puis me faire donner les fascicules des mois écoulés pour vérifier, et ma tête n’arrive pas à s’en souvenir.

Les apôtres sont tous présents. Je ne sais pas comment s’est passée la rencontre de Jésus avec Judas. En apparence, il semble être on ne peut mieux : son visage ne trahit pas de réserve ni d’altération, et il est désinvolte, gai, comme si de rien n’était. C’est au point qu’il se montre vraiment aimable même avec les serviteurs les plus humbles, ce qui ne lui arrive pas facilement et qui disparaît complètement quand il est préoccupé.

Elise est présente, ainsi qu’Anastasica, certainement venue avec les apôtres et la servante d’Elise. Il y a encore Kouza, très obséquieux, qui tient Mathias par la main ; et Jeanne près d’Elise, avec la petite Marie à ses côtés. Jonathas se tient derrière sa maîtresse.

Jésus est abrité du soleil — qui tape encore dur sur la façade occidentale — par une toile tendue au moyen de cordes et de poteaux, comme un baldaquin. En face de lui se tiennent tous les serviteurs et jardiniers de Béther, non seulement ceux qui sont au service habituel de la propriété, mais aussi les employés temporaires venus du village qui dépend du château. Ils sont à l’ombre du demi-cercle, préservés du soleil par le feuillage des arbres, silencieux, en rangs, attendant la bénédiction du Seigneur, qui semble prêt à partir dès que le crépuscule marquera la fin du sabbat.

402.2

Jésus est maintenant un peu à part, en train de s’entretenir avec Kouza. Je ne sais pas ce qu’ils disent, car ils parlent à voix basse, mais je remarque que Kouza se confond en inclinations et en protestations, en mettant sa main droite sur sa poitrine comme pour dire : “ Tu as ma parole, tu peux être sûr que, pour mon compte ”, etc.

Par discrétion, les apôtres se sont groupés dans un coin. Mais personne ne peut les empêcher de regarder. Sur la figure de Pierre et de Barthélemy, on devine le simple intérêt de celui qui sait un peu de quoi il s’agit. Les visages des autres, Judas excepté, expriment de l’appréhension, de la tristesse, en particulier chez Jacques, fils d’Alphée, chez Jean, Simon et André. Jude, l’air sévère, semble presque inquiet, et Judas, qui veut paraître désinvolte, inspecte plus attentivement que tous et semble vouloir déchiffrer, d’après les gestes et le mouvement des lèvres, ce que Jésus et Kouza peuvent bien se dire.

Les femmes disciples, silencieuses, respectueuses, observent elles aussi. Jeanne esquisse un sourire involontaire, d’une tristesse un peu ironique, et elle semble avoir pitié de son époux quand Kouza, élevant la voix à la fin de l’entretien, proclame :

« Ma dette de reconnaissance est telle qu’en aucune manière je ne pourrai jamais m’en acquitter. C’est pourquoi je t’accorde ce que j’ai de plus cher : ma Jeanne… Mais tu dois comprendre mon prévoyant amour pour elle… L’indignation d’Hérode… sa légitime défense… auraient éclaté en représailles sur nos biens, sur… sur notre influence… Or Jeanne est habituée à cette position, elle est délicate, elle en a besoin… Je veille sur ses intérêts. Mais, maintenant que je suis sûr qu’Hérode n’aura pas à s’emporter contre moi, comme si j’étais un serviteur complice de son ennemi, je te jure que je ne ferai rien d’autre que te servir avec une joie totale, en accordant à Jeanne une complète liberté…

– C’est bien. Mais rappelle-toi que troquer les biens éternels contre un honneur humain provisoire, cela revient à échanger son droit d’aînesse contre un plat de lentilles. Et bien pire encore… »

Les femmes disciples, mais aussi les apôtres ont entendu ces mots. A la plupart, ils font l’effet d’un discours académique, mais Judas y a trouvé une intonation particulière, si bien qu’il change de couleur et de physionomie, en jetant un regard à la fois effrayé et irrité sur Jeanne… Je comprends que Jésus ne lui a pas encore parlé de ce qui est arrivé, et que Judas commence seulement maintenant à soupçonner que son jeu est découvert.

402.3

Jésus s’adresse à Jeanne :

« Eh bien, maintenant faisons plaisir à ma bonne disciple. Comme tu l’as désiré, je parlerai à tes serviteurs avant de partir. »

Il s’avance à la limite de l’ombre, qui s’allonge de plus en plus à mesure que le soleil descend — bien lentement — ; on dirait déjà une orange coupée à sa base, et cette coupure augmente tandis que l’astre disparaît derrière les montagnes de Bet-Ginna en laissant une rougeur de feu sur le ciel clair.

« Mes chers amis Kouza et Jeanne, et vous, leurs bons serviteurs qui connaissez déjà le Seigneur par mon disciple Jonathas depuis de longues années, et aussi grâce à Jeanne depuis qu’elle est ma disciple fidèle, écoutez.

J’ai fait mes adieux à tous les villages de Judée, où j’ai des disciples plus nombreux, grâce au travail des premiers d’entre eux, les bergers, et à la manière dont ils ont répondu au Verbe qui est passé en instruisant pour sauver. Maintenant, je prends congé de vous, car jamais plus je ne reviendrai dans ce magnifique eden. Sa beauté ne lui vient pas seulement des rosiers et de la paix qui y règne, pas seulement de la bonne maîtresse qui en est la reine, mais de ce que ici on croit au Seigneur et qu’on vit selon sa Parole. Un paradis ! Oui. Qu’était le paradis d’Adam et d’Eve ? Un magnifique jardin où l’on vivait sans pécher et où retentissait la voix de Dieu, aimée, accueillie avec joie par ses deux premiers enfants…

402.4

Eh bien, je vous exhorte à veiller pour que n’arrive pas ce qui est survenu dans l’Eden : pour que ne s’y insinue pas le serpent du mensonge, de la calomnie, du péché, pour qu’il ne morde pas votre cœur en vous séparant de Dieu. Veillez et restez fermes dans la foi… Ne vous troublez pas. Ne faites pas d’actes d’incrédulité. Cela pourrait se produire, car le Maudit surgira, essaiera de pénétrer partout, comme il l’a déjà fait en beaucoup d’endroits, pour détruire l’œuvre de Dieu. Tant qu’il ne fait qu’y entrer, lui le Malin, l’Astucieux, l’Infatigable, et qu’il scrute, tend l’oreille, dresse des embûches, bave, tente de séduire, il y a encore peu de mal. Rien ni personne ne peut l’en empêcher. Il l’a bien fait au paradis terrestre… Mais le plus grand mal, c’est de le laisser séjourner sans le chasser. L’ennemi que l’on ne chasse pas finit par devenir le maître des lieux, car il s’y installe et y construit ses abris et ses citadelles. Faites-lui tout de suite la chasse, mettez-le en fuite avec l’arme de la foi, de la charité, de l’espérance dans le Seigneur. Mais le plus grand mal, le mal suprême, ensuite, c’est quand, non seulement on lui permet de vivre tranquillement parmi les hommes, mais quand on le laisse pénétrer de l’extérieur à l’intérieur, se faire un nid dans le cœur de l’homme. Ah ! dans ce cas… !

Pourtant, beaucoup l’ont déjà accueilli dans leur cœur pour faire échec au Christ. Ils ont donné asile à Satan avec ses mauvaises passions en chassant le Christ. Si encore ils n’avaient pas eu la connaissance du Christ et de sa vérité, si elle avait été superficielle, comme on noue des relations entre voyageurs en se rencontrant au hasard d’une route, en ne se regardant souvent qu’un instant, en inconnus qui se voient pour la première et dernière fois, parfois pour échanger seulement quelques mots pour s’enquérir du bon chemin, pour demander une pincée de sel, de l’amadou pour allumer le feu ou un couteau pour apprêter la viande, si telle avait été la connaissance du Christ des cœurs qui, maintenant et davantage demain, de plus en plus, chassent le Christ pour faire place à Satan, on pourrait encore avoir pitié d’eux et les traiter avec miséricorde parce qu’ils sont dans l’ignorance du Christ. Mais malheur à ceux qui me connaissent pour ce que je suis réellement, qui se sont nourris de ma parole et de mon amour et maintenant me chassent pour accueillir Satan qui les séduit par des promesses trompeuses de triomphes humains dont la réalité sera l’éternelle damnation.

Vous, vous qui êtes humbles et ne rêvez pas aux trônes ou aux couronnes, vous qui ne cherchez pas les gloires humaines, mais la paix et le triomphe de Dieu, son Royaume, son amour, la vie éternelle, et cela seulement, ne les imitez jamais. Veillez ! Veillez ! Gardez-vous purs de toute corruption, forts contre les insinuations, contre les menaces, contre tout. »

Judas, qui a compris que Jésus sait quelque chose, est devenu un masque terreux. Ses yeux dardent des éclairs mauvais sur le Maître et sur Jeanne… Il se retire derrière ses compagnons, comme pour s’appuyer au mur. En réalité, il le fait pour cacher son dépit.

402.5

Jésus reprend, après une brève interruption qui semble destinée à séparer la première partie de son instruction de la seconde :

« Il fut un temps[2] où Nabot de Jezréel possédait une vigne près du palais d’Achab, roi de Samarie. Comme il la tenait de ses aïeux, elle était très chère à son cœur, presque sacrée, car c’était l’héritage que lui avait laissé son père, après l’avoir reçu lui-même de son propre père, ce dernier du sien, et ainsi de suite. Des générations d’ancêtres avaient travaillé durement dans cette vigne pour la rendre toujours plus florissante et plus belle. Nabot l’aimait beaucoup. Achab lui dit : “ Cède-moi ta vigne qui jouxte ma maison : elle me sera très utile pour en faire un jardin pour moi et pour ceux qui vivent avec moi. En échange, je te donnerai une vigne meilleure, ou de l’argent si tu préfères. ” Mais Nabot répondit : “ Je regrette de te déplaire, ô roi, mais je ne peux te faire ce plaisir. Cette vigne est un héritage de mes pères et elle est sacrée à mes yeux. Dieu me garde de te céder le patrimoine de mes aïeux. ”

Méditons cette réponse. Trop rares sont ceux qui réfléchissent à cela, en Israël. La plupart — ceux dont j’ai parlé tout à l’heure — chassent volontiers le Christ pour accueillir Satan, sans respect pour l’héritage de leurs ancêtres, pourvu qu’ils aient beaucoup d’argent ou de terrain — c’est-à-dire des honneurs à profusion et l’assurance de n’être pas supplantés facilement. Ils consentent donc à céder ce qui leur vient de leurs pères, c’est-à-dire l’idée messianique telle qu’elle est en vérité, comme elle a été révélée aux saints d’Israël : elle devrait être sacrée jusque dans ses moindres détails, pas négligée, ni altérée, ni rabaissée par des limitations humaines. Combien ne troquent-ils pas la lumineuse idée messianique, toute sainte et spirituelle, contre un fantoche de royauté humaine agité comme un épouvantail pour s’opposer aux autorités et à la vérité, et blasphémer contre elles !

402.6

Moi, qui suis Miséricorde, je n’arrive pas à les condamner par les terribles malédictions de Moïse contre les transgresseurs de la Loi. Mais derrière la Miséricorde, il y a la Justice. Que nul ne l’oublie ! Pour ma part, — et si l’un d’eux se trouve dans l’assistance, qu’il reçoive de bonne grâce cet avertissement — je leur rappelle d’autres paroles[3] de Moïse dites à ceux qui voulaient être plus grands que ce que Dieu avait fixé pour eux.

Moïse dit à Coré, Datân et Abiram, qui se prétendaient égaux à Moïse et Aaron, et qui se révoltaient de n’être que des fils de Lévi dans le peuple d’Israël : “ Demain, le Seigneur fera connaître qui lui appartient et il fera approcher de lui les saints : ceux qu’il aura choisis s’avanceront vers lui. Mettez du feu dans vos encensoirs et, au-dessus, de l’encens en présence du Seigneur. Puis venez, vous et les vôtres, avec Aaron. Et nous verrons bien qui le Seigneur choisit. Vous passez la mesure, fils de Lévi ! ”

En bons juifs, vous connaissez la réponse de Dieu à ceux qui voulaient s’élever un peu trop, en oubliant que Dieu seul choisit les places de ses fils, et élit avec justice, à la fonction exacte. Moi aussi, je dois dire : “ Certains veulent s’élever un peu trop haut et ils seront punis de telle sorte que les bons comprennent qu’ils ont blasphémé le Seigneur. ”

Ceux qui troquent l’idée messianique, telle que l’a révélée le Très-Haut, contre leur pauvre idée, humaine, lourde, bornée, vindicative, ne ressemblent-ils pas aux hommes qui voulaient juger le saint qui était en Moïse et en Aaron ? A votre avis, ceux qui, pour atteindre leur but, la réalisation de leur pauvre projet, veulent d’eux-mêmes prendre des initiatives, en les prétendant orgueilleusement plus justes que celles de Dieu, ne veulent-ils pas trop s’élever et devenir illégalement race d’Aaron, alors qu’ils sont de la race de Lévi ? Ceux qui rêvent d’un pauvre roi d’Israël et le préfèrent au Roi des rois spirituel, ceux qui, à cause de leurs pupilles malades, sécrètent l’orgueil et la cupidité qui leur donnent une image déformée des vérités éternelles écrites dans les livres saints, et auxquels la fièvre d’une humanité pleine de désirs charnels rend incompréhensibles les paroles claires de la Vérité révélée, ne sont-ils pas de ces hommes qui vendent contre un rien sans valeur l’héritage de toute leur race ? L’héritage le plus sacré ?

Mais si eux le font, moi, je n’échangerai pas l’héritage du Père et de nos ancêtres, et je mourrai fidèle à cette promesse qui existe depuis le moment où la Rédemption fut nécessaire, à cette obéissance qui est de toujours. Car je n’ai jamais déçu mon Père, et jamais je ne le ferai par peur d’une mort, si horrible soit-elle. Que mes ennemis fassent comparaître de faux témoins, qu’ils feignent des pratiques et un zèle parfaits, cela ne changera rien à leur crime et à ma sainteté. Mais ceux qui en seront complices après en avoir été corrompus, et croiront pouvoir étendre la main sur ce qui est à moi, trouveront sur la terre les chiens et les vautours qui dévoreront leur sang, leur corps, et en enfer les démons qui se repaîtront de leur esprit sacrilège et déicide.

402.7

Je vous ai dit cela pour que vous le sachiez, pour que chacun le sache. Ainsi, que l’homme mauvais se repente, pendant qu’il peut encore le faire, à l’exemple d’Achab, et que le bon ne soit pas troublé à l’heure des ténèbres.

Adieu, fils de Béther. Que le Dieu d’Israël soit toujours avec vous et que la Rédemption fasse descendre sa rosée sur un champ pur, afin qu’y germent toutes les semences répandues dans vos cœurs par le Maître qui vous a aimés jusqu’à la mort. »

Jésus les bénit et les regarde s’en aller lentement.

Le crépuscule est arrivé. Seule reste, en souvenir du soleil, une lueur rouge qui s’atténue lentement en violacé. Le repos sabbatique est fini.

Jésus peut partir. Il embrasse les enfants, salue les femmes disciples, puis Kouza. Et sur le seuil du portail, il se retourne encore et dit à haute voix, de manière que tous entendent :

« Je parlerai, quand je pourrai le faire, à ces créatures. Mais toi, Jeanne, veille à leur faire savoir ceci : je ne suis l’ennemi que du Péché, et je suis le Roi seulement des âmes. Souviens-t’en, toi aussi, Kouza. Et ne crains rien. Personne n’a rien à craindre de moi, pas même les pécheurs puisque je suis le Salut. Seuls les impénitents jusqu’à la mort auront à craindre du Christ, qui sera le Juge après avoir été le Tout Amour… Que la paix soit avec vous. »

Il sort en premier, et commence la descente[4]

402.1

No sé cómo voy a poder escribir porque estoy agotada a causa de los continuos ataques cardíacos diurnos y nocturnos… Pero veo, y debo escribir.

Veo a Jesús en la parte de delante del palacio de Juana en Béter. Ahí el jardín que precede a la casa se ensancha, formando como dos alas verdes en forma de tenaza, creando así una pequeña explanada semicircular, desnuda de árboles en el centro, pero limitada en los bordes por árboles muy altos y añosos, frondosos, que, con la brisa que corre por esta cima de colina, susurran levemente su frufrú y proyectan una propicia sombra para protección del Sol cuando éste está en occidente. Debajo de los árboles, un seto de rosas pone un semicírculo de colores y fragancias como linde de la explanada.

La hora se acerca al ocaso, porque el Sol, que — estando este castillo sobre un lugar elevado — se ve nítidamente descender por un buen arco de horizonte, está para ocultarse detrás de los montes que hay a occidente y que Andrés señala a Felipe recordando el miedo de los dos, allí, en Bet-Yinna, por tener que anunciar al Señor. Se comprende que en estos montes está Bet-Yinna, donde el Señor, hace un año, curó a la hija del posadero, al principio de su peregrinaje hacia las orillas mediterráneas, si recuerdo bien. Estoy sola y no puedo pedir que me den los fascículos de hace unos meses, para confrontar; y mi cabeza no es capaz de recordar.

Están presentes todos los apóstoles. No sé cómo ha tenido lugar el encuentro de Jesús con Judas. Aparentemente en el mejor de los modos, porque no noto caras serias ni alteradas, y Judas se muestra desenvuelto, alegre, como si no pasara nada; tanto que es todo amabilidad incluso con los subalternos más humildes, cosa que no es muy fácil en él y que desaparece del todo cuando está inquieto.

Está todavía Elisa, y también Anastática, que ha venido, sin duda, con los apóstoles y la doméstica de Elisa. Y está Cusa, respetuoso todo, con Matías de la mano; y Juana, junto a Elisa, con la pequeña María al lado. Y Jonatán está detrás de su ama.

Frente a Jesús — a quien protege del sol, que todavía cae sobre esta fachada occidental, un toldo tendido sobre unas cuerdas y unos postes, como un baldaquino — están todos los domésticos y jardineros de Béter, y no son sólo los habituales, sino también los adventicios, tomados del pueblo que depende del castillo. Están a la sombra fresca del frondoso semicírculo, protegidos del sol, silenciosos, alineados, esperando la bendición de Jesús, que parece ya próximo a la partida, en espera sólo de que el ocaso señale el final del sábado.

402.2

Jesús habla ahora con Cusa; están un poco retirados. No sé qué le dice, porque hablan en voz baja. Pero veo que Cusa se prodiga en reverencias y en declaraciones de garantías, poniéndose la mano derecha en el pecho como para decir: «Empeño mi palabra, estáte seguro de que por mi parte» etc. etc.

Los apóstoles, discretos, se han reunido en un ángulo. Pero ninguno les puede impedir observar, y, si en el rostro de Pedro y Bartolomé se ve la sencilla mirada de quien sabe ya un poco de qué se trata, en el rostro de los otros, menos Judas, hay aprensión, una expresión triste, especialmente en los rostros de Santiago de Alfeo, Juan y Simón y Andrés, mientras que Judas de Alfeo parece casi inquieto y severo; el otro Judas, que quiere aparecer desenvuelto, mira más que todos, y parece querer descifrar, por los movimientos de las manos, de los labios, lo que Jesús y Cusa dicen.

Las discípulas, calladas, respetuosas, también observan, y Juana sonríe involuntariamente, con un poco de ironía en medio de su tristeza, y parece compadecer a su esposo cuando Cusa, alzando la voz al final del coloquio, proclama: «Mi deuda de gratitud es tal, que de ninguna manera podré jamás quedar desobligado. Por tanto, te concedo lo que más amo: mi Juana… Pero debes comprender mi prudente amor por ella… El enojo de Herodes… su legítima defensa… se habrían descargado en forma de represalias contra nuestros bienes, contra… contra nuestro poder… y Juana está habituada a estas cosas, está delicada… necesita estas cosas… Yo tutelo sus intereses. Pero te juro que ahora que estoy seguro de que Herodes no se va a enojar conmigo, como contra un siervo suyo cómplice de un enemigo, te voy a servir con absoluta alegría y nada más, y concederé a Juana toda libertad…».

«Está bien. Pero recuerda que trocar los bienes eternos por un breve honor humano es como trocar la primogenitura por un plato de lentejas. Y mucho peor todavía…».

Las discípulas han oído estas palabras. Pero también los apóstoles. Y, mientras que a la mayor parte les sabe a discurso académico, Judas de Keriot percibe en ellas un sabor especial: cambia de color y de expresión, y echa una mirada entre asustada e irritada a Juana… Intuyo que hasta este momento Jesús no ha hablado de cuanto ha sucedido, y que sólo ahora Judas tiene la primera sospecha de que su juego ha sido descubierto.

402.3

Jesús se vuelve a Juana y le dice: «Bueno, pues ahora vamos a complacer a la buena discípula. Voy a hablar, como has deseado, a tus dependientes antes de partir».

Da unos pasos hacia delante, hasta el límite de sombra que se va alargando cada vez más, debido a que el Sol va descendiendo, va descendiendo lentamente (parece ya una naranja cortada por la base, y cada vez más se va ensanchando el corte, a medida que el astro va bajando por detrás de los montes de Bet-Yinna, dejando un enrojecimiento de fuego en el cielo terso).

«Amados amigos Cusa y Juana, y vosotros, servidores buenos de ella, que ya conocéis al Señor por boca de mi discípulo Jonatán, desde hace muchos años, y por boca de Juana desde cuando es fiel discípula mía, escuchad.

Me he despedido de todos los lugares judíos donde tengo mayor número de discípulos, por obra de mis primeros discípulos, los pastores, y también por la respuesta coherente al Verbo, que ha pasado instruyendo para salvar. Ahora me despido de vosotros, porque no volveré nunca más a este Edén, bellísimo (no tanto por los rosales y la paz que reinan en él, y no sólo por la buena ama que en él es reina, cuanto porque aquí se cree en el Señor y se vive según su Palabra). ¡Un paraíso! Sí. ¿Qué era el paraíso de Adán y Eva? Un espléndido jardín donde se vivía sin pecado y donde resonaba la voz de Dios, amada, acogida con alegría por sus primeros dos hijos…

402.4

Ahora bien, Yo os exhorto a vigilar para que no os suceda lo que sucedió en el Edén: no suceda que se introduzca la serpiente de la mentira, de la calumnia, del pecado, y os muerda en el corazón y os separe de Dios. Vigilad y manteneos firmes en la Fe… No os turbéis. No hagáis actos de incredulidad, lo cual podría suceder porque el Maldito entrará, tratará de entrar, por todas partes, como ya ha entrado en muchos lugares, para destruir la obra de Dios. Y mientras que entre en los lugares, el Perspicaz, el Astuto, el Incansable, y escudriñe y se ponga a la escucha y tienda asechanzas y desbabe y trate de seducir, poco mal será todavía. Nada ni nadie pueden impedirle que lo haga. Lo hizo en el Paraíso Terrenal… Pero un mal mayor es dejarle estar y no echarle. El enemigo que no se expulsa acaba haciéndose amo del lugar, porque se instala en él y en él construye sus defensas y sus ofensas. Id a la caza de él en seguida, ponedle en fuga usando el arma de la fe, de la caridad, de la esperanza en el Señor. Pero es sumo mal cuando no sólo se le deja vivir tranquilamente entre los hombres, sino que se le deja penetrar desde el exterior hasta el interior, y se le deja hacer un nido en el corazón del hombre. ¡¡Ah, entonces!!

Y, a pesar de todo, ya muchos hombres le han acogido en su corazón, contra Cristo. Han acogido a Satanás con sus malas pasiones, arrojando fuera a Cristo. Y si no hubieran conocido todavía a Cristo en su verdad; si su conocimiento hubiera sido superficial, como se conocen unos viandantes que se ven por casualidad en un camino, muchas veces sólo mirándose un momento, desconocidos que se ven por primera y última vez, otras veces intercambiando solamente algunas palabras para preguntar el camino procedente, para pedir un poco de sal, o yesca para encender el fuego, o el cuchillo para preparar la carne; si así hubieran conocido a Cristo estos corazones que ahora, y más mañana, cada vez más, arrojan a Cristo para dejar espacio a Satanás… aún podrían ser compadecidos y tratados con misericordia, por ser ignorantes respecto a Cristo. Pero, ¡ay de aquellos que me conocen como lo que soy, realmente, que se han nutrido de mi palabra y de mi amor, y ahora me arrojan afuera, acogiendo a Satanás, que los seduce con falaces promesas de triunfos humanos cuya realidad será la eterna condenación!

Vosotros, vosotros que sois humildes y no soñáis tronos ni coronas, vosotros que no buscáis las glorias humanas, sino la paz y el triunfo de Dios, su Reino, su amor, la vida eterna, y sólo esto, no los imitéis jamás. ¡Vigilad! ¡Vigilad! Conservaos limpios de corrupciones, fuertes contra las acusaciones malignas, contra las amenazas, contra todo».

Judas, que ha comprendido que Jesús sabe algo, ha tomado el aspecto de una máscara térrea de hiel. Sus ojos lanzan fulgores malignos contra el Maestro y contra Juana… Se retira, detrás de sus compañeros, como para apoyarse en la pared. En realidad lo hace para que no se vea su contrariedad.

402.5

Jesús prosigue después de una breve interrupción, colocada como para separar la primera parte del discurso de la segunda. Dice:

«Hubo un tiempo[1] en que el yizreelita Nabot tenía una viña junto al palacio de Ajab, rey de Samaria. Una viña de sus padres, muy apreciada, por tanto, por su corazón, casi sagrada para él porque era la herencia que su padre le había dejado tras haberla heredado a su vez de su padre, y éste del suyo, y así sucesivamente. Generaciones de parientes habían sudado en aquella viña para que fuera cada vez más pujante y hermosa. Nabot la apreciaba mucho. Ajab le dijo: “Cédeme tu viña, que está pegando a mi casa y me servirá para hacerme una huerta para mí y los que viven conmigo. Yo en cambio te daré una viña mejor, o dinero si lo prefieres”. Pero Nabot respondió: “Siento no complacerte, oh rey. No puedo complacerte. Esta viña me viene en herencia de mis padres y me es sagrada. Dios me guarde de darte la herencia de mis padres”.

Vamos a meditar esta respuesta. Se medita en ella demasiado poco, y demasiados pocos en Israel meditan en ella. Los otros, la mayoría, los que he mencionado antes, que con facilidad arrojan afuera a Cristo para acoger a Satanás, no tienen mucho respeto hacia la herencia de sus padres, y, con tal de tener mucho dinero o mucho terreno, o sea, los honores y la seguridad de que no los suplanten fácilmente, aceptan ceder la herencia de sus padres, o sea, la idea mesiánica en lo que ella es verdaderamente, como ha sido revelada a los santos de Israel, y que debía ser sagrada en todos sus detalles sin manipular en ella, sin alterarla, sin rebajarla con limitaciones humanas. ¡Cuántos, cuántos, cuántos truecan la luminosa idea mesiánica, enteramente santa y espiritual, por un títere de regiedumbre humana, agitado como un espantajo para perjuicio de la autoridad o blasfemo contra la verdad!

402.6

Yo, Misericordia, no llego a maldecirlos con las tremendas maldiciones de Moisés contra los transgresores de la Ley. Pero detrás de la Misericordia está la Justicia. ¡Deben recordarlo todos! Yo, por mi parte, les recuerdo a éstos — y, si entre los presentes hay alguno de éstos, que reciba la corrección con corazón bueno —, les recuerdo otras palabras de Moisés[2], dichas para los que querían ser más de lo que Dios había establecido para ellos.

Dijo Moisés a Coré, Datán y Abirón, que se consideraban santos al igual que Moisés y Aarón y se oponían a ser sólo hijos de Leví en el pueblo de Israel: “Mañana el Señor dará a conocer quién le pertenece y dejará que se acerquen a Él los santos; aquellos a quienes haya elegido se acercarán a Él. Meted fuego en vuestro incensario y, en el fuego, incienso delante del Señor, y venid vosotros y los vuestros con Aarón. Y veremos a quién elige el Señor. ¡Os ensalzáis un poco demasiado, hijos de Leví!”.

Vosotros, buenos israelitas, conocéis cuál fue la respuesta de Dios a los que se querían ensalzar un poco demasiado, olvidándose de que el único que destina los puestos de sus hijos y elige es Dios, y elige con justicia, y elige hasta el punto exacto. Yo también tengo que decir: “Hay algunos que se quieren ensalzar un poco demasiado, y serán castigados de forma que los buenos comprendan que aquellos han blasfemado contra el Señor”.

Los que truecan la idea mesiánica, tal y como la ha revelado el Altísimo, por la pobre idea suya, humana, onerosa, limitada, vindicativa, ¿no son, acaso, semejantes a aquellos que querían juzgar la santidad de Moisés y Aarón? ¿No os parece que los que, con tal de alcanzar su objetivo, la realización de su pobre idea, quieren tomar propias iniciativas motu proprio, considerándolas soberbiamente más justas que las de Dios, no os parece que quieren ensalzarse un poco demasiado y que quieren pasar ilegalmente de estirpe de Leví a estirpe de Aarón? Aquellos que sueñan con un pobre rey de Israel y le prefieren al Rey de reyes espiritual, aquellos que tienen por pupilas, enfermas, la soberbia y la ambición — por lo cual ven deformadas las verdades eternas que están escritas en los libros santos — y a los cuales la fiebre de una humanidad concupiscente les hace incomprensibles las palabras clarísimas de la Verdad revelada, ¿no son, acaso, los que truecan por una insignificancia sin valor la herencia de toda la estirpe, la más sagrada herencia?

Pero, aunque ellos lo hagan, Yo no trocaré la herencia del Padre y de los padres, y moriré fiel a esta promesa, que vive desde cuando la redención fue necesaria, fiel a esta obediencia que existe desde siempre, porque Yo no he defraudado nunca a mi Padre y nunca le defraudaré por temor a la muerte, por horrenda que sea. Se procuren los enemigos los falsos testigos, finjan celo y práctica perfectas. No cambiará esto ni su delito ni mi santidad. Mas aquel y aquellos que — cómplices suyos después de haber sido sus corruptores — crean poder extender la mano sobre lo que es mío, hallarán en la Tierra a perros y buitres para ingerir su cuerpo y su sangre, y en el Infierno a demonios para ingerir su sacrílego espíritu, sacrílego y deicida.

402.7

Os he dicho esto para vuestro conocimiento. Para que todos tengáis conocimiento, y quien sea malvado pueda arrepentirse mientras pueda hacerlo, imitando a Ajab, y quien es bueno no sea turbado en la hora de las tinieblas.

¡Oh, hijos de Béter, adiós! Que el Dios de Israel esté siempre con vosotros y la Redención haga descender su rocío sobre un campo limpio, para que en él se abran todas las semillas que el Maestro, que os ha amado hasta la muerte, ha esparcido en vuestros corazones».

Jesús los bendice y los mira mientras ellos se marchan lentamente. Ya se ha puesto el Sol, del cual, como recuerdo, queda sólo un color rojo, que se va apagando lentamente, pasando a violáceo. El reposo sabático ha terminado.

Jesús puede partir. Besa a los pequeños, saluda a las discípulas, saluda a Cusa. Y en el umbral de la cancilla se vuelve y dice fuerte, para que todos oigan: «Hablaré, cuando pueda, a esas criaturas. Pero tú, Juana, preocúpate de hacerles saber que en mí sólo se halla el enemigo del pecado y el rey del espíritu. Y recuérdalo tú también, Cusa. Y no temas. Ninguno debe tener miedo de mí. Ni siquiera los pecadores, porque soy la Salud. Sólo los impenitentes hasta la muerte deben tener miedo de Cristo, Juez después de haber sido el Todo Amor… La paz sea con vosotros». Y es el primero en salir, y empieza a bajar…


Notes

  1. a guéri, en 215.7.
  2. Il fut un temps… est le début de l’épisode relaté en 1 R 21.
  3. d’autres paroles, comme en Nb 16, 4-7.
  4. et commence la descente… Le dessin de Maria Valtorta, que nous reproduisons ici, se trouve sur un feuillet cousu à la dernière page manuscrite du chapitre suivant. On y lit les quatre points cardinaux et, dans le rond au sud-est, Béther.

Notas

  1. Hubo un tiempo... es el comienzo del episodio reseñado en 1 R 21.
  2. otras palabras de Moisés son las de Números 16, 4-7 (en el contexto del episodio que ocupa todo el capítulo 16), como anota MV en una copia macanografiada.