Los Escritos de Maria Valtorta

407. Dans le domaine de Nicodème.

407. En los campos de Nicodemo.

407.1

Jésus y arrive par une fraîche aurore. Cette campagne fertile du bon Nicodème est bien belle, aux premiers rayons du soleil. Pourtant, beaucoup de parcelles sont déjà fauchées et offrent cet aspect las des champs après la mort des blés qui, en meules d’or ou encore étendus comme des cadavres sur le sol, attendent d’être transportés sur les aires. Et avec eux meurent les bleuets étoilés couleur de saphir, les gueules-de-loup violettes, les minuscules pompons des scabieuses, les fragiles clochettes des campanules, les riantes corolles des camomilles et des marguerites, les coquelicots aux couleurs criardes, et cent autres fleurs en étoiles, en épis, en grappes, en calices, si riantes auparavant là où s’étend maintenant la couleur jaune des chaumes. Mais, pour consoler le deuil de la terre dépouillée des blés, les frondaisons des arbres fruitiers les rendent de plus en plus pimpants, avec leurs fruits qui grossissent et prennent des teintes variées et qui, en ce moment, brillent d’une poussière de diamants formée par la rosée que le soleil n’a pas encore bue.

Les paysans sont déjà sur place, heureux d’arriver à la fin du pénible travail de la moisson. Ils chantent tout en fauchant et rient gaiement, rivalisant à qui sera le plus agile et le plus adroit à manier la faux et à lier les gerbes… Ils forment de nombreux bataillons de paysans bien nourris qui sont heureux de travailler pour un bon maître. Et, aux bords des champs ou derrière ceux qui lient les gerbes, des enfants, des veuves, des vieillards attendent pour glaner, sans inquiétude parce qu’ils savent qu’il y en aura pour tout le monde, comme toujours, “ par ordre de Nicodème ”, comme l’explique une veuve à Jésus qui l’interroge.

« Il veille, dit-elle, à ce qu’on laisse exprès de nombreux épis hors des gerbes, pour nous. Et, non content encore d’une telle charité, après avoir pris une quantité convenable proportionnée à la semence, il nous distribue le reste. Ah ! il n’attend pas l’année sabbatique[1] pour cela ! Il fait toujours bénéficier le pauvre de son blé, et il agit de la même façon pour les oliviers et les vignes. C’est pour cela que Dieu le bénit par des récoltes miraculeuses. Les bénédictions des pauvres sont comme la rosée sur les graines et sur les fleurs, et il s’ensuit que chaque graine produit plus d’épis et qu’aucune fleur ne tombe sans qu’un fruit se forme.

407.2

D’ailleurs, cette année, il nous a fait savoir que tout est pour nous, parce que c’est une année de grâce. De quelle grâce il parle, je l’ignore. Si ce n’est qu’on dit entre nous, les pauvres, et parmi ses heureux serviteurs, qu’il est secrètement un disciple de celui qui se dit le Christ et prêche l’amour pour les pauvres en guise de preuve d’amour envers Dieu… Peut-être le connais-tu, si tu es un ami de Nicodème… Car les amis ont habituellement les mêmes affections… Joseph d’Arimathie, par exemple, est un intime de Nicodème, et on dit de lui aussi qu’il est proche du Rabbi… Ah ! Qu’ai-je dit ! Que Dieu me pardonne ! J’ai porté tort à deux hommes bons de la plaine !… »

La femme est consternée.

Jésus sourit et demande :

« Pourquoi, femme ?

– Parce que… Dis-moi, es-tu un véritable ami de Nicodème et de Joseph, ou es-tu un membre du Sanhédrin, un de ces faux amis qui nuiraient à ces deux hommes généreux s’ils avaient la certitude qu’ils sont des sympathisants du Galiléen ?

– Rassure-toi. Je suis un de leurs vrais amis. Mais tu sais beaucoup de choses, femme ! Comment cela se fait-il ?

– Nous les connaissons tous ! Ceux de la haute société avec un sentiment de haine, les petits gens avec amour. Parce que même si, lui, nous ne le connaissons pas, nous aimons le Christ, nous les abandonnés que lui seul aime et qui nous apprend à aimer. Et nous tremblons pour lui… les juifs, les pharisiens, les scribes et les prêtres sont si perfides !… Mais je te scandalise… Pardonne-moi. C’est une langue de femme qui ne sait pas se taire… Mais c’est parce qu’ils sont à l’origine de toutes nos souffrances, eux, les puissants qui nous oppriment sans pitié et nous obligent à respecter des jeûnes que ne prescrit pas la Loi, mais qui sont imposés par la nécessité de trouver de l’argent pour payer toutes les dîmes qu’eux, les riches, ont mises sur le dos des pauvres… C’est pourquoi nous mettons tout notre espoir dans le Royaume de ce Rabbi : s’il est tellement bon maintenant qu’il est persécuté, que sera-t-il donc quand il pourra être roi ?

407.3

– Son Royaume n’est pas de ce monde, femme. Lui n’aura ni palais ni armées. Il n’imposera pas de lois humaines. Il ne distribuera pas d’argent, mais il apprendra aux meilleurs à le faire. Et les pauvres trouveront, non pas deux, dix ou cent amis parmi les riches, mais tous ceux qui croient dans le Maître mettront en commun leurs biens pour aider leurs frères démunis. Car, désormais, on n’appellera plus son semblable “ prochain ”, mais “ frère ”, au nom du Seigneur.

– Oh !… »

La femme est stupéfaite à l’idée de cette ère d’amour. Elle caresse ses enfants, sourit, puis elle lève la tête :

« Alors tu m’assures que je n’ai pas nui à Nicodème… en parlant avec toi ? Cela m’est venu si spontanément… Tes yeux sont si doux !… ton aspect est si serein !… Je ne sais pas… Je me sens en sécurité comme si j’étais auprès d’un ange de Dieu… C’est pour cela que j’ai parlé…

– Tu ne lui as pas porté tort, sois-en certaine. Au contraire, tu as fait, de mon ami, un bel éloge pour lequel je le féliciterai, et il me sera plus cher que jamais. Tu es de cette région ?

– Oh ! non, Seigneur. Je viens d’entre Lida et Bétéron. Mais quand il s’agit de trouver quelque soulagement, Seigneur, on court, même si la route est longue ! les mois d’hiver et de faim sont plus longs…

– Et plus longue que la vie est l’éternité. Il faudrait avoir pour l’âme la sollicitude que l’on a pour la chair, et courir là où se trouvent les paroles de vie…

– C’est ce que je fais avec les disciples du Rabbi Jésus, cet homme bon, tu sais ? C’est le seul des trop nombreux rabbins que nous avons qui soit bon.

– Tu agis bien, femme » dit Jésus en souriant.

Mais il fait signe à André et à Jacques, fils de Zébédée, — qui sont présents, alors que les autres sont allés à la maison de Nicodème — de ne pas faire tout un manège pour permettre à la femme de comprendre que le Rabbi Jésus est celui qui lui parle.

« Bien sûr que j’agis bien. Je veux être exempte du péché de ne pas l’avoir aimé ni cru en lui… On dit que c’est le Christ… Moi, je ne le connais pas, mais je veux croire car je pense qu’il arrivera malheur à ceux qui ne veulent pas le reconnaître comme tel.

– Et si ses disciples se trompaient ? dit Jésus pour la tenter.

– C’est impossible, Seigneur. Ils sont trop bons, humbles et pauvres pour penser qu’ils suivent un maître qui n’est pas saint. D’ailleurs… J’ai parlé avec des gens guéris par lui. Ne fais pas le péché de ne pas croire, Seigneur ! Tu damnerais ton âme… Enfin… moi, je pense que, même si nous nous trompions tous et s’il n’était pas le Roi promis, il est certainement saint et ami de Dieu, s’il dit ces paroles et guérit les âmes et les corps… Et avoir de l’estime pour les bons, cela fait toujours du bien.

– Tu as bien parlé, persiste dans ta foi…

407.4

Voilà Nicodème…

– Oui, en compagnie de disciples du Rabbi. En effet, ils sont dans les campagnes en train d’évangéliser les moissonneurs. Pas plus tard qu’hier, nous avons mangé de leur pain. »

Pendant ce temps, Nicodème, en vêtements courts, s’approche sans apercevoir le Maître et il ordonne aux paysans de ne pas enlever un seul des épis qu’ils ont coupés.

« En ce qui nous concerne, nous avons du pain… Offrons ce don de Dieu à ceux qui en sont privés. Et faisons-le sans crainte. Une gelée tardive aurait pu détruire nos moissons. Il ne s’en est pas perdu un seul grain. Rendons à Dieu son pain en le donnant à ses enfants malheureux. Et je vous assure que la récolte de l’année prochaine sera encore plus fructueuse, à mille pour cent, parce qu’il a dit[2] : “ Celui qui a donné recevra une mesure débordante. ” »

Les paysans, respectueux et joyeux, écoutent et approuvent leur maître. Et Nicodème, de champ en champ, de groupe en groupe, répète son ordre plein de bonté.

A demi caché par un rideau de roseaux près d’un fossé de séparation, Jésus approuve et sourit. Son sourire s’élargit à mesure que Nicodème s’approche et que la surprise de la rencontre est imminente.

Le voilà qui saute le petit fossé pour aller vers d’autres champs… Soudain, il reste pétrifié en face de Jésus qui lui tend les bras.

Il retrouve enfin la parole :

« Maître saint, toi qui es béni, mais comment donc es-tu venu chez moi ?

– Pour te connaître, si c’était encore nécessaire, par les paroles de tes témoins les plus vrais : ceux que tu combles de bienfaits… »

Nicodème est à genoux, courbé jusqu’au sol, de même que les disciples dirigés par Etienne et Joseph d’Emmaüs de la montagne. Les paysans comprennent, les pauvres comprennent, et tous sont à terre, avec une stupeur pleine de vénération.

« Relevez-vous. Jusqu’à tout à l’heure, j’étais le voyageur qui inspire confiance… Ne changez pas votre regard sur moi, et aimez-moi sans peur.

407.5

Nicodème, j’ai envoyé chez toi les dix apôtres qui manquent…

– J’ai passé la nuit dehors pour veiller à ce que soit exécuté un ordre…

– Oui. Dieu te bénit pour cet ordre. Quelle voix t’a dit que c’est maintenant une année de grâce, et pas l’année suivante, par exemple ?

– … Je ne sais pas… et je sais… Je ne suis pas prophète. Mais je ne suis pas obtus et une lumière du Ciel s’est unie à mon intelligence. Mon Maître… je voulais que les pauvres profitent des dons de Dieu, pendant que Dieu est encore au milieu d’eux… Et je n’osais pas espérer ta présence ici, pour donner une douce saveur et une puissance sanctificatrice à ces blés, à mes olives, ainsi qu’aux vignes et aux vergers qui seront pour les pauvres enfants de Dieu, mes frères… Mais maintenant que tu es là, lève ta main bénie et donne ta bénédiction, afin que, avec la nourriture de la chair, descende sur ceux qui s’en repaîtront la sainteté qui émane de toi.

– Oui, Nicodème, c’est un juste désir que le Ciel approuve. »

Et Jésus ouvre les bras pour bénir.

« Ah ! Attends que j’appelle les paysans ! »

Et il donne trois coups de sifflet. Ce sifflement aigu se répand dans l’air paisible et provoque la course des moissonneurs, des glaneurs, des curieux qui arrivent de tous côtés. C’est déjà une petite foule…

Jésus ouvre les bras et dit :

« Par la vertu du Seigneur, par le désir de son serviteur, que la grâce du salut de l’esprit et de la chair descende dans chaque graine, dans chaque raisin, olive ou fruit, qu’elle rende prospères et sanctifie ceux qui s’en nourrissent avec un esprit bon, pur de toute concupiscence et de haine, et désireux de servir le Seigneur en obéissant à sa divine et parfaite volonté.

– Qu’il en soit ainsi, répondent Nicodème, André, Jacques, Etienne et les autres disciples…

– Qu’il en soit ainsi, répète la petite foule, en se levant — car elle s’était agenouillée pour que Jésus la bénisse.

407.6

– Suspends les travaux, mon ami. Je veux leur parler.

– C’est un don dans le don. Merci pour eux, Maître ! »

Ils vont à l’ombre d’un verger feuillu et attendent d’être rejoints par les dix apôtres qui avaient été envoyés à la maison et accourent, essoufflés et déçus de ne pas avoir trouvé Nicodème.

Puis Jésus parle :

« Que la paix soit avec vous. A vous tous qui m’entourez, je veux proposer une parabole. Que chacun en recueille l’enseignement et la partie qui lui convient davantage.

Ecoutez : un homme avait deux fils. S’étant approché du premier, il lui dit :

“ Mon fils, viens travailler aujourd’hui à la vigne de ton père. ”

C’était une grande marque d’honneur de son père ! Il jugeait son fils capable de remplir la charge qu’il avait accomplie jusqu’alors. C’était signe qu’il voyait en son fils de la bonne volonté, de la constance, des capacités, de l’expérience, et un amour filial. Mais le fils, un peu distrait par les plaisirs du monde, craignant de ressembler à un serviteur — Satan se sert de ces mirages pour éloigner du bien —, redoutant des moqueries et peut-être aussi des représailles de la part d’ennemis de son père, qui n’osaient pas lever la main sur celui-ci, mais auraient eu moins d’égards pour son fils, répondit :

“ Je n’y vais pas. Je n’en ai pas envie. ”

Le père alla trouver son autre fils pour lui faire la même demande qu’au premier. Et le second fils répondit aussitôt :

“ Oui, père, j’y vais de ce pas. ”

Pourtant, qu’arriva-t-il ? Le premier fils avait l’âme droite. Après un moment de faiblesse dans la tentation, de révolte, il se repentit d’avoir déplu à son père et, sans rien dire, il alla à la vigne. Il travailla toute la journée, jusque tard dans la soirée, puis rentra à la maison, satisfait, avec dans le cœur la paix du devoir accompli. Le second, au contraire, était menteur et faible : il sortit de la maison, c’est vrai, mais ensuite il perdit son temps à flâner dans le village, à faire des visites inutiles à des amis influents dont il espérait tirer quelque profit. Et il disait dans son cœur :

“ Notre père est vieux et il ne sort plus de la maison. Je lui dirai que j’ai obéi, et il le croira…”

Mais, le soir venu pour lui aussi, il revint à la maison. Son air las d’homme oisif, ses vêtements sans faux plis, son manque d’assurance en saluant son père qui l’observait et le comparait à l’aîné — qui était rentré fourbu, sale, mal peigné, mais joyeux et sincère avec son regard franc, humble et bon, qui, sans vouloir se vanter du devoir accompli, voulait pourtant dire à son père : “ Je t’aime, et avec vérité, à tel point que, pour te faire plaisir, j’ai vaincu la tentation”, — parlaient clairement à l’intelligence du père, qui embrassa son fils fatigué en lui disant :

“ Tu es béni parce que tu as compris l’amour ! ”

En effet, qu’en pensez-vous ? Lequel des deux avait aimé ? Vous dites certainement : “ C’est celui qui a fait la volonté de son père. ” Or qui l’a faite ? Le premier ou le second fils ?

– Le premier, répond la foule unanime.

– Le premier. Oui.

407.7

En Israël aussi, les hommes saints aux yeux de Dieu ne sont pas ceux dont vous vous plaignez et qui disent : “ Seigneur ! Seigneur ! ” en se frappant la poitrine sans avoir au cœur un vrai repentir de leurs péchés — et c’est si vrai que leur cœur devient de plus en plus dur — ; ils observent les rites avec ostentation pour qu’on les qualifie de saints, mais dans la vie privée sont sans charité et sans justice ; en vérité, ils se révoltent contre la volonté de Dieu qui m’envoie et ils l’attaquent comme si c’était la volonté de Satan — et cela ne sera pas pardonné —. Mais les hommes saints et chers au Très-Haut sont ceux qui, en reconnaissant que Dieu fait bien tout ce qu’il fait, accueillent l’Envoyé de Dieu et écoutent ses paroles pour savoir toujours mieux accomplir la volonté du Père.

En vérité, je vous le dis : les ignorants, les pauvres, les publicains, les prostituées, passeront avant beaucoup de ceux que l’on appelle “ maîtres ”, “ puissants ”, “ saints ”, pour entrer dans le Royaume de Dieu.

Et ce sera justice. Car Jean est venu à Israël pour le conduire sur les chemins de la Justice, et beaucoup trop, en Israël, ne l’ont pas cru : l’Israël qui se donne à lui-même les titres de “ savant ” et “ saint ”. Mais les publicains et les prostituées, eux, ont cru en lui. Puis je suis venu, et les savants et les saints ne croient pas en moi, au contraire des pauvres, des ignorants, des pécheurs. J’ai fait des miracles : cela ne leur a pas suffi pour croire, et ils ne se sont pas repentis de ne pas avoir foi en moi. Au contraire, leur haine est tombée sur moi et sur ceux qui m’aiment.

Eh bien, moi je dis : “ Bienheureux ceux qui savent croire en moi, et faire cette volonté du Seigneur en laquelle se trouve le salut éternel. ” Augmentez votre foi et soyez constants. Vous posséderez le Ciel parce que vous aurez su aimer la vérité.

Allez. Que Dieu soit toujours avec vous. »

Il les bénit et les congédie, puis, à côté de Nicodème, il se dirige vers la maison du disciple pour y faire halte pendant la grosse chaleur…

407.1

Jesús llega durante una fresca aurora. Es hermosa esta fértil campiña del buen Nicodemo bajo las primeras luces del Sol. Hermosa a pesar de que muchas parcelas ya hayan sido segadas y muestren el aspecto cansado de los campos tras la muerte de las mieses, que, en parvas de oro, o todavía extendidas en el suelo como cadáveres, esperan a que las lleven a las eras. Y con ellas mueren los lises estrellados y zafíreos, las violáceas becerras, las menudas corolas de las escabiosas, el lábil cáliz de las campanillas, los rientes nimbos radiados de las camomilas y margaritas, las violentas amapolas y las cien otras flores que, en forma de estrellas o de panojas, de racimos o de nimbos radiados, reían antes donde ahora hay… amarillez de rastrojos. Pero, para consuelo del dolor de la tierra despojada de sus mieses, están las frondas de los árboles frutales, cada vez más alegres por los frutos que ya crecen y se pincelan con distintas tonalidades, y que, en esta hora, tienen el brillo de un polvo diamantino por las gotitas de rocío todavía no evaporadas por el sol.

Los campesinos están ya trabajando, contentos de acercarse ya al final del fatigoso trabajo de la siega; y cantan mientras siegan, y ríen alegres, desafiándose a quién es más rápido y experto en manejar la hoz o apretar las gavillas… Filas y filas de bien nutridos campesinos, contentos de trabajar para su buen señor. Y, en las lindes de los campos, o detrás de los atadores, niños, viudas, ancianos, que esperan para espigar, y esperan sin ansia porque saben que habrá para todos, como siempre, «por orden de Nicodemo», como explica una viuda a Jesús, que le ha preguntado.

«Vigila» dice «para que, a sabiendas, se dejen muchas espigas fuera de las gavillas, para nosotros. Y, no satisfecho todavía de tanta caridad, después de coger el justo fruto en proporción a lo sembrado, distribuye el resto entre nosotros. ¡Y no es que espere a hacerlo en el año sabático[1]! Esto de favorecer al pobre con sus cereales lo hace siempre, y lo mismo hace con las aceitunas y la vid. Por eso Dios le bendice con cosechas milagrosas. Las bendiciones de los pobres son como rocío para las semillas y las flores, y hacen que cada semilla dé varias espigas y que no caiga una flor sin cuajar en fruto.

407.2

Y este año nos ha dicho que todo es nuestro, porque es un año de gracia. No sé a qué gracia se refiere. A no ser que sea porque decimos nosotros los pobrecillos y dicen sus felices dependientes que es discípulo en secreto del que dice ser el Cristo, que predica el amor a los pobres para mostrar amor a Dios… Quizás le conoces, si eres amigo de Nicodemo… Porque los amigos normalmente tienen los mismos afectos… José de Arimatea, por ejemplo, es muy amigo de Nicodemo, y también de él se dice que es amigo del Rabí… ¡Oh, qué he dicho? ¡Que Dios me perdone! ¡He perjudicado a dos hombres buenos de la llanura!…». La mujer está consternada.

Jesús sonríe y pregunta: «¿Por qué, mujer?».

«Porque… Dime: ¿eres verdadero amigo de Nicodemo y de José, o eres uno del Sanedrín, uno de los falsos amigos que harían daño a dos hombres buenos si tuvieran la certeza de que son amigos del Galileo?».

«Tranquilízate. Soy verdadero amigo de estos dos hombres buenos. ¡Pero tú sabes muchas cosas, mujer. ¿Cómo las sabes?».

«¡Todos las sabemos! Arriba con odio, abajo con amor. Porque, aunque no conozcamos al Cristo, le amamos; nosotros, el desecho de todos, amados sólo por Él, que enseña a amarnos. Y tememos por Él… ¡Son tan pérfidos los judíos, los fariseos, los escribas y los sacerdotes!… ¡Oh, te estoy escandalizando!… Perdona. Es lengua de mujer y no sabe callar… Pero es porque todo el dolor nos viene de ellos, de los poderosos que nos aplastan sin piedad y nos obligan a ayunos no prescritos por la Ley, sino impuestos por la necesidad de encontrar denarios para pagar todos los diezmos que ellos, los ricos, han cargado sobre los pobres… Y es porque toda la esperanza está en el reino de este Rabí que, si es tan bueno ahora que le persiguen, ¿cómo será cuando pueda ser rey!».

407.3

«Su Reino no es de este mundo, mujer. No tendrá ni palacios ni soldados. No impondrá leyes humanas. No distribuirá denarios, pero enseñará a los mejores a hacerlo. Y los pobres encontrarán no dos o diez o cien amigos entre los ricos, sino que todos los que creen en el Maestro unirán sus bienes para ayudar a los hermanos sin bienes. Porque de ahora en adelante no se llamará “prójimo” al propio semejante, sino “hermano”, en nombre del Señor».

«¡Oh!…». La mujer está admirada, soñando ya esta era del amor. Acaricia a sus niños, sonríe, luego levanta la cabeza y dice: «¿Entonces me aseguras que no he perjudicado a Nicodemo… hablando contigo? Me ha venido espontáneo… ¡Son tan dulces tus ojos!… ¡Es tan sereno tu aspecto!… No sé… Me siento segura como si estuviera al lado de un ángel de Dios… Por eso he hablado…».

«No has perjudicado. Puedes estar segura. Es más, has dicho de mi amigo una gran alabanza, por la que Yo le alabaré y le apreciaré más todavía… ¿Eres de estos lugares?».

«¡No, no, Señor! Soy de entre Lida y Bet-Dagón. ¡Pero, cuando hay posibilidad de alivio, uno corre, Señor, aunque sea largo el camino! Más largos son los meses de invierno y hambre…».

«Y más larga que la vida es la eternidad. Habría que tener para el alma la diligencia que se tiene para la carne, y correr a donde hay palabras de vida…».

«Yo lo hago con los discípulos del Rabí Jesús, el bueno, el único bueno de entre los demasiados rabíes que tenemos».

«Haces bien, mujer» dice Jesús sonriendo y haciendo una señal a Andrés y a Santiago de Zebedeo — que están con Él, mientras que los otros han ido hacia la casa de Nicodemo — de que dejen de hacer un verdadero jeribeque para dar a entender a la mujer que el Rabí Jesús es el que le está hablando.

«Claro que hago bien. No quiero tener el pecado de no haberle amado y no haber creído en Él… Dicen que es el Cristo… Yo no le conozco. Pero quiero creer. Porque pienso que buena les va a caer a los que no quieren aceptarle como tal».

«¿Y si sus discípulos estuvieran en un error?» pone a prueba Jesús.

«No puede ser, Señor. Son demasiado buenos, humildes y pobres como para pensar que sigan a uno no santo. Y además… He hablado con gente curada por Él. ¡No cometas el pecado de no creer, Señor! Te condenarías el alma… En fin… yo creo que, aun en el caso de que todos estuviéramos en error y Él no fuera el Rey prometido, seguro que es santo y amigo de Dios, si dice esas palabras y cura almas y cuerpos… Y estimar a los buenos siempre beneficia».

«Bien has hablado. Persevera en tu fe…

407.4

Ahí está Nicodemo…».

«Sí. Con algunos discípulos del Rabí. Es que están evangelizando por los campos a los segadores. También ayer comimos su pan».

Nicodemo, entretanto, sin haber visto al Maestro, se acerca, vestido con una sucinta túnica, y ordena a los campesinos que no recojan ni siquiera una espiga de las que han segado. «Tenemos pan para nosotros… Vamos a dar el don de Dios a quien carece de él. Y démoselo sin temor. El hielo tardío podía habernos destruido los cereales, y no se ha perdido ni una sola semilla. Devolvamos a Dios su pan dándoselo a sus hijos infelices. Y os aseguro que la cosecha del año que viene será aún más fructífera, el mil por ciento, porque Él lo ha dicho: “A quien dé le será dada una medida rebosante”».

Los campesinos, deferentes y contentos, escuchan al amo con gesto de asentimiento. Y Nicodemo, de una parcela a otra, de una fila a otra, va repitiendo su orden buena.

Jesús, semioculto por una cortina de cañas que hay en una zanja divisoria, aprueba y sonríe. Y aumenta su sonrisa a medida que Nicodemo se va acercando y va siendo inminente el encuentro y la sorpresa.

Ya está saltando la pequeña zanja para pasar a las otras parcelas… ya se queda petrificado frente a Jesús, que tiende a él los brazos. En fin, le vuelve la palabra: «Maestro santo, ¿cómo Tú, bendito, a mí?».

«Para conocerte, si hubiera necesidad, por las palabras de los testigos más verdaderos: las personas a las que favoreces…».

Nicodemo está de rodillas, profundamente prosternado hasta tocar el suelo; también están de rodillas los discípulos, capitaneados por Esteban y José de la Emaús montana. Los campesinos intuyen, intuyen los pobres, y todos están de rodillas con devotísimo estupor.

«Alzaos. Hasta hace poco era el Viandante que inspira confianza… Seguidme viendo todavía así. Y amadme sin miedos.

407.5

Nicodemo, he mandado a tu casa a los diez que faltan…».

«He pasado la noche fuera, para cuidar de que se cumpliera una orden…».

«Sí. Una orden por la que Dios te bendice. ¿Qué voz te ha dicho que éste es un año de gracia, y no el año que viene, por ejemplo?».

«…No lo sé… Y sí que lo sé… No soy profeta, pero tampoco estúpido. A mi inteligencia se ha unido una luz del Cielo. Maestro mío… quería que los pobres gozaran de los dones de Dios mientras Dios está todavía en medio de los pobres… Y no me atrevía a esperar tenerte aquí, a dar sabor delicado y potencia santificadora a estos cereales, y a mis aceitunas, y a las viñas y pomares, que serán para los pobres hijos de Dios, mis hermanos… Pero ahora que estás aquí, alza tu bendita mano y bendice, para que, junto con el alimento para la carne, descienda a los que lo coman la santidad que de ti emana».

«Sí, Nicodemo. Justo deseo que el Cielo aprueba». Y Jesús abre los brazos para bendecir.

«¡Espera! Que voy a llamar a los campesinos» y con un silbato silba tres veces; un silbido agudo que se expande por el aire quieto y provoca una carrera de segadores, espigadores, curiosos, de todas las partes. Una pequeña muchedumbre…

Jesús abre los brazos y dice: «Por la fuerza del Señor, por el deseo de su siervo, la gracia de la salud del espíritu y de la carne descienda a cada uno de los granos, a cada uva, aceituna o fruto, y favorezca y santifique a los que lo coman con espíritu bueno, libre de concupiscencias y de odios y deseoso de servir al Señor con la obediencia a su divina y perfecta Voluntad».

«Así sea» responden Nicodemo, Andrés, Santiago, Esteban y los otros discípulos… «Así sea» repite la pequeña muchedumbre, y se levantan, porque se habían arrodillado para ser bendecidos.

407.6

«Suspende las labores, amigo. Quiero hablarles».

«Don sobre don. ¡Gracias por ellos, Maestro!».

Van a la sombra de un espeso pomar y esperan a que se unan a ellos los diez que han sido enviados a la casa. Éstos llegan jadeantes, y desilusionados de no haber encontrado a Nicodemo.

Luego Jesús habla:

«La paz sea con vosotros. Os voy a proponer, a todos vosotros que estáis alrededor de mí, una parábola. Y que cada uno coja la enseñanza y la parte que más sintonice con él. Oíd.

Un hombre tenía dos hijos. Se acercó al primero y dijo: “Hijo mío, ven a trabajar hoy en la viña de tu padre”. ¡Gran signo de honor este del padre! Consideraba al hijo capaz de trabajar en donde, hasta ese momento, el padre había trabajado. Señal de que veía en su hijo buena voluntad, constancia, aptitud, experiencia y amor hacia su padre. Pero el hijo, un poco distraído por cosas del mundo, temiendo aparecer externamente como un siervo — Satanás usa estos espejismos para alejar del Bien —, temiendo burlas y quizás incluso represalias de enemigos de su padre, que contra éste no se atrevían a levantar la mano pero que tendrían menos consideraciones con su hijo, respondió: “No voy. No tengo ganas”. El padre fue entonces al otro hijo y le dijo lo mismo que había dicho al primero; y el segundo hijo respondió en seguida: “Sí, padre. Voy inmediatamente”.

¿Pero qué sucedió? Pues que el primer hijo, siendo de ánimo recto, después de un primer momento de debilidad en la tentación y de rebelión, arrepentido de haber disgustado a su padre, fue a la viña sin decir nada y estuvo trabajando todo el día aprovechando hasta la anochecida; luego volvió satisfecho a su casa, con la paz en el corazón por el deber cumplido. El segundo, por el contrario, mentiroso y débil, salió de casa, sí, pero luego se entretuvo a vagabundear por el pueblo haciendo inútiles visitas a amigos influyentes, de los cuales esperaba obtener alguna ventaja. Y decía en su corazón: “Mi padre es viejo y no sale de casa. Le diré que le he obedecido y se lo creerá…”. Pero, llegado el anochecer también para él y habiendo regresado a casa, su aspecto cansado de ocioso, los indumentos sin arrugas y el saludo inseguro a su padre, que le observaba y le comparaba con el primero — que había vuelto cansado, sucio, despeinado, pero jovial y con una mirada humilde y sincera, buena, que, sin querer jactarse del deber cumplido, quería decir al padre: “Te amo. Te amo de verdad. Tanto que, para complacerte, he vencido la tentación” — hablaron claramente al intelecto del padre, el cual, abrazando al hijo cansado, dijo: “¡Bendito tú, porque has comprendido el amor!”.

Efectivamente, ¿qué os parece? ¿Cuál de los dos había amado? Sin duda decís: “El que había hecho la voluntad del padre suyo”. ¿Y quién la había hecho? ¿El primero o el segundo hijo?».

«El primero» responde la gente con unanimidad.

«El primero. Sí.

407.7

También en Israel, y vosotros os quejáis de ello, no son los que dicen :”¡Señor! ¡Señor!”, dándose golpes de pecho sin tener en su corazón el verdadero arrepentimiento de sus pecados — tanto es así, que cada vez se hacen más duros de corazón —, no son los que ostentan devotos ritos para que los llamen santos, y luego, privadamente, se comportan sin caridad ni justicia, no son éstos, que se rebelan en verdad contra la voluntad de Dios que me envía y la impugnan como si fuera voluntad de Satanás — y esto no será perdonado —, no son éstos los que son santos a los ojos de Dios; sino que lo son los que, reconociendo que Dios todo lo que hace lo hace bien, acogen al Enviado de Dios y escuchan su palabra para saber hacer mejor, cada vez mejor, lo que el Padre quiere; son éstos los que son santos y amados para el Altísimo.

En verdad os digo: los ignorantes, los pobres, los publicanos, las meretrices precederán a muchos que son llamados “maestros”, “poderosos”, “santos”, y entrarán en el Reino de Dios.

Y será justo. Porque vino Juan a Israel para guiarle por los caminos de la Justicia, y demasiado Israel no le creyó, el Israel que a sí mismo se llama “docto y santo”, mientras que los publicanos y las meretrices le creyeron. Y he venido Yo, y los doctos y santos no me creen, y, sin embargo, creen en mí los pobres, los ignorantes, los pecadores. Y he hecho milagros, y ni siquiera se ha creído en ellos, y tampoco viene arrepentimiento de no creer en mí; al contrario, se desata el odio contra mí y contra los que me aman.

Pues bien, digo: “Benditos los que saben creer en mí y hacer esta voluntad del Señor en que hay salud eterna”. Aumentad vuestra fe y sed constantes. Poseeréis el Cielo, porque habréis sabido amar la Verdad.

Podéis marcharos. Dios esté siempre con vosotros».

Los bendice y se despide de ellos. Luego, al lado de Nicodemo, se dirige hacia la casa del discípulo para estar en ella mientras el sol abrasa…


Notes

  1. l’année sabbatique était la dernière d’une série de sept. On observait alors les prescriptions indiquées en Ex 21, 2-6 ; 23, 10-11 ; Lv 25, 3-7.20-22 ; Dt 15. L’institution de l’année sabbatique est liée à celle du sabbat, c’est-à-dire du repos du septième jour, comme le prescrivent Ex 20, 8-11 ; 23, 12 ; 31, 12-17 ; Lv 23, 3 ; 25, 1-2 ; Dt 5, 15. L’oeuvre de Maria Valtorta parle fréquemment de la loi du sabbat, auquel un discours est consacré en 125.2/4. Elle fut confirmée par le prophète Néhémie (comme on le lit en 50.8) et allait jusqu’à établir la distance maximale qu’il était permis de parcourir (comme le rappellent 84.1, 472.4 ; 585.1).
  2. il a dit, en 171.4.

Notas

  1. El año sabatico era el ultimo año de una serie de siete, y en él debía cesar, por ejemplo, un estado de esclavitud o el pago de una deuda. Respecto a la tierra, cesaba el trabajo del hombre, y los productos crecidos espontáneamente estaban reservados para los pobres y para los animales, como se prescribe en Éxodo 23, 10-11 y en Levítico 25, 3-7. La institución del año sabático está en relación con la del sábado, es decir, del reposo del séptimo día, recordado con frecuencia en la Obra valtortiana, y prescrito en Éxodo 20, 8-11; 23, 12; 31, 12-17; Levítico 23, 3; 25, 1-2.