Los Escritos de Maria Valtorta

408. Dans le domaine de Joseph d’Arimathie.

408. Multiplicación del trigo

408.1

Là aussi, on est en pleine moisson. Il vaudrait mieux dire : on était… maintenant, les faux ne servent plus, car il ne reste plus un seul épi dans ces champs encore plus proches des rives de la Méditerranée que ceux de Nicodème. Jésus, en effet, n’est pas allé à Arimathie, mais dans le domaine que Joseph possède dans la plaine, du côté de la mer. Avant la moisson, ce devait être une autre petite mer d’épis, tant il est étendu.

Une maison large, basse, toute blanche, se trouve là, au milieu des champs moissonnés. C’est une maison de campagne, très bien tenue. Ses quatre aires sont remplies de quantité de gerbes, disposées en faisceaux comme font les soldats avec leurs armes quand ils font la pause au camp. Des nombreux chars amènent ce trésor agricole dans les cours, où une foule d’hommes les déchargent et les mettent en tas. Joseph va d’une aire à l’autre et veille à ce que tout soit fait et bien fait.

Un paysan, du haut d’un tas de gerbes amoncelées sur un char, annonce :

« Nous avons fini, maître. Tout le grain est sur tes aires. C’est le dernier char du dernier champ.

– C’est bien. Décharge le tout, dételle les bœufs, puis conduis-les aux abreuvoirs et aux étables. Ils ont bien travaillé et méritent leur repos. Vous aussi, vous avez bien travaillé et vous méritez votre repos. Mais la dernière fatigue sera légère car, pour des bons cœurs, la joie d’autrui est un réconfort.

408.2

Nous allons maintenant faire venir les enfants de Dieu pour leur transmettre le don du Père. Abraham, va les appeler », dit-il ensuite en s’adressant à un patriarche, peut-être le premier des serviteurs paysans de ce domaine de Joseph.

Ce qui me le laisse supposer, c’est le respect évident des autres pour ce vieillard, qui ne travaille pas, mais qui surveille et donne des conseils pour aider son maître.

Il s’éloigne… Je le vois se diriger vers une construction vaste et très basse, plus semblable à un hangar qu’à une maison, pourvue de deux portails gigantesques qui montent jusqu’à la gouttière. Je pense que c’est une sorte de magasin où l’on abrite les chars et tout le matériel agricole. Il y entre, et en ressort suivi d’une foule hétérogène de tout âge… et de toutes les misères… Il y a des êtres efflanqués mais sans disgrâces physiques, mais aussi des estropiés, des aveugles, des manchots, des gens qui souffrent des yeux… Il y a beaucoup de veuves entourées de nombreux orphelins, et aussi des femmes dont le mari est malade, et qui sont tristes, abattues, décharnées à cause des veilles et des sacrifices faits pour soigner le malade.

Ils ont cet air particulier des pauvres qui se rendent là où ils vont recevoir des bienfaits : regards timides, embarras de miséreux honnêtes, et pourtant un sourire qui affleure par dessus la tristesse que des jours de douleur ont imprimée sur les pâles visages, une petite étincelle triomphale, une sorte de réponse à l’acharnement du destin dans la longue série des jours tristes. C’est une manière de dire avec défi :

« Pour nous aussi, c’est un jour de fête, de réjouissance, et de consolation ! »

Les enfants écarquillent les yeux devant les tas de gerbes plus hauts que la maison, et les montrent à leurs mères :

« C’est pour nous ? Oh ! que c’est beau ! »

Les vieillards murmurent :

« Que le Seigneur bénisse l’homme qui a pitié ! »

Les mendiants, les estropiés, les aveugles, les manchots, ceux qui ont les yeux malades :

« Enfin, nous aurons du pain, nous aussi, sans devoir tendre la main ! »

Et les malades à leurs parents :

« Au moins, nous pourrons nous soigner en sachant que vous ne souffrirez pas pour nous. Les remèdes nous feront du bien, maintenant. »

Et les parents aux malades :

« Vous voyez ? Désormais, vous ne direz plus que nous jeûnons pour vous laisser notre bouchée de pain. Réjouissez-vous, à présent ! »

Et les veuves aux orphelins :

« Mes enfants, il faudra bien bénir le Père des cieux qui vous tient lieu de père ainsi que le bon Joseph qui est son administrateur. Maintenant, nous ne vous entendrons plus pleurer de faim, vous qui n’avez que vos mères pour vous secourir… ces pauvres mères qui n’ont de riche que leur cœur… »

C’est un chœur et un spectacle réjouissants, mais on en a les larmes aux yeux…

408.3

Face à tous ces malheureux, Joseph se met à parcourir les rangs, appelant les gens un par un, leur demandant combien ils sont dans la famille, de quand date leur veuvage, leur maladie, ou le reste… et il prend note. Et pour chaque cas, il enjoint aux paysans serviteurs :

« Donnes-en dix… Donnes-en trente… »

« Donnes-en soixante, dit-il après avoir entendu un vieillard à moitié aveugle qui vient à lui avec dix-sept petits-enfants, tous au-dessous de douze ans, dont les parents étaient morts, l’un pendant la moisson de l’année précédente, l’autre en enfantant…

– Et, ajoute le vieillard, l’époux de ma fille s’est consolé en se remariant au bout d’un an. Il m’a laissé ses cinq fils en me disant qu’il allait s’en occuper. Mais je n’ai jamais reçu d’argent ! Maintenant, ma femme est morte, et je suis seul… avec eux…

– Donnes-en soixante au vieux père. Et toi, père, reste pour que je te remette des vêtements pour les petits. »

Le serviteur fait remarquer que, s’il en offre soixante chaque fois, il n’y aura pas assez de grain pour tout le monde.

« Et où est ta foi ? Est-ce donc pour moi que j’entasse les gerbes et que je les distribue ? Non, mais pour les enfants les plus chers au Seigneur. Il pourvoira lui-même à ce qu’il y en ait assez pour tous, répond Joseph au serviteur.

– Oui, maître. Toutefois, le nombre, c’est le nombre…

– Mais la foi, c’est la foi. D’ailleurs, pour te montrer qu’elle peut tout, j’ordonne de doubler la mesure déjà accordée aux premiers. Que celui qui en a eu dix en reçoive dix autres, que celui qui en a eu vingt, en reçoivent vingt autres, et qu’on en remette cent vingt au vieillard. Allez, faites ! »

Les serviteurs haussent les épaules et s’exécutent. La distribution se poursuit donc, au milieu de l’étonnement joyeux des bénéficiaires qui se voient accorder une mesure dépassant leurs plus folles espérances. Joseph en sourit. Il caresse les enfants qui s’affairent à seconder leurs mères, aide les estropiés à faire leur petit tas, soutient les vieillards trop chancelants ou les femmes trop affaiblies. Il demande qu’on mette de côté deux malades pour les faire bénéficier d’autres secours, comme il l’a fait pour le vieillard aux dix-sept petits-enfants. Les tas, qui étaient plus hauts que la maison, sont maintenant très bas, presque au ras du sol. Mais tous ont eu leur part, et abondamment.

Joseph demande :

« Combien de gerbes reste-t-il encore ?

– Cent douze, maître, disent les serviteurs après les avoir comptées.

– Bien. Vous en prendrez… »

Joseph parcourt la liste des noms qu’il a relevés, puis il dit :

« Vous en prendrez cinquante. Vous les emporterez pour la semence, car elle est sainte. Que le reste soit distribué aux chefs de famille présents à raison d’une gerbe par tête. Ils sont exactement soixante-deux. »

Les serviteurs obéissent. Ils emportent les cinquante gerbes et répartissent le reste. Maintenant les aires n’ont plus les gros tas d’or, mais il y a par terre soixante-deux tas de tailles différentes. Leurs propriétaires s’affairent à les lier et à les charger sur des carrioles rudimentaires, ou sur des ânes qu’ils sont allés détacher d’une palissade à l’arrière de la maison.

408.4

Le vieil Abraham, qui a discuté avec les paysans serviteurs les plus importants, s’avance avec eux vers le maître, qui leur demande :

« Eh bien ? Vous avez vu ? Il y en a eu pour tous, et il en restait !

– Mais, maître, il y a là un mystère ! Nos champs ne peuvent pas avoir produit le nombre de gerbes que tu as réparties. Je suis né ici, et j’ai soixante-dix-huit ans. Je fais la moisson depuis soixante-six ans. Alors je m’y connais ! Mon fils avait raison. Sans un mystère, nous n’aurions pas pu en distribuer autant !…

– Mais nous l’avons bien fait, Abraham. Tu étais à côté de moi. Les gerbes ont été apportées par les serviteurs. Il n’y a pas de sortilège, c’est la réalité. On peut encore les compter. Elles sont encore là, bien que séparées en tant de lots.

– Oui, maître. Mais… il est impossible que les champs en aient produit autant !

– Et la foi, mes enfants ? Qu’en faites-vous ? Le Seigneur pouvait-il démentir son serviteur qui promettait en son nom et pour une fin qui était sainte ?

– Alors, tu as fait un miracle ? ! disent les serviteurs déjà prêts à chanter ses louanges.

– Je ne suis pas un homme à faire des miracles, moi. Je suis un pauvre homme. C’est le Seigneur qui est intervenu. Il a lu dans mon cœur et y a vu deux désirs : le premier était de vous amener à ma propre foi. Le second était de faire un don considérable à mes frères malheureux. Dieu a consenti à mes désirs… et il a agi… Qu’il en soit béni ! dit Joseph en s’inclinant respectueusement, comme s’il était devant un autel.

– Et son serviteur avec lui, dit Jésus qui jusqu’alors était resté caché au coin d’une maisonnette entourée d’une haie, d’un four ou d’un pressoir, et qui maintenant apparaît ouvertement sur l’aire où se trouve Joseph.

– Mon Maître et mon Seigneur ! s’écrie Joseph en tombant à genoux pour vénérer Jésus.

– Paix à toi ! Je suis venu te bénir au nom du Père, pour récompenser ta charité et ta foi.

408.5

Je suis ton hôte, ce soir. Acceptes-tu ?

– Maître ! Tu me le demandes ? Seulement… je ne pourrai te faire honneur ici… Je suis au milieu des serviteurs et des paysans… dans ma maison de campagne… Je n’ai pas de nappes fines, pas de majordomes ni de serviteurs qualifiés… Je n’ai pas de mets raffinés… ni de vins choisis… Je n’ai pas d’amis. Ce sera une bien pauvre hospitalité… Mais tu m’excuseras. Pourquoi, Seigneur, ne m’as-tu pas fait prévenir ? J’aurais pourvu à tout… Mais, avant hier, Hermas était ici avec les siens… Je m’en suis même servi pour informer ceux auxquels je voulais donner, ou plutôt rendre, ce qui appartient à Dieu… Mais il ne m’a rien dit ! Si j’avais su !… Permets-moi, Maître, de donner des ordres afin d’y remédier… Pourquoi souris-tu ainsi ? » demande enfin Joseph.

Il est tout sens dessus dessous à cause de cette joie imprévue et de la situation qu’il juge… désastreuse.

« Je souris de tes tracas inutiles. Mais, Joseph, que cherches-tu ? Ce dont tu disposes ?

– Ce dont je dispose ? Je n’ai rien.

– Ah ! comme tu es homme maintenant ! Pourquoi n’es-tu plus le Joseph spirituel d’il y a un instant, quand tu parlais en sage, quand tu promettais avec assurance en raison de ta foi, et pour donner la foi ?

– Tu as entendu ?

– J’ai entendu et vu, Joseph. Cette haie de lauriers est très pratique pour voir que ce que j’ai semé n’est pas mort en toi, et c’est pourquoi je te dis que tu te crées des tracas inutiles. Tu n’as pas de majordomes ni de domestiques qualifiés ? Mais là où la charité s’exerce, Dieu est là, et quand Dieu est présent, ses anges le sont aussi. Et quels majordomes veux-tu avoir qui soient plus capables qu’eux ? Tu n’as pas de mets ni de vins recherchés ? Mais quelle nourriture veux-tu me donner et quelle boisson plus recherchée que l’amour que tu as montré pour eux et que celui que tu as pour moi ? Tu n’as pas d’amis pour me faire honneur ? Et que fais-tu de ceux-ci ? pour le Maître du nom de Jésus, quels amis peuvent donc être plus chers que les pauvres et les malheureux ? Allons, Joseph ! Même si Hérode se convertissait et m’ouvrait ses appartements pour me recevoir et me faire honneur dans un palais purifié, et si, avec lui, les chefs de toutes les castes étaient présents pour m’honorer, je n’aurais pas une cour plus choisie que celle-là, à laquelle je veux moi aussi dire une parole et faire un cadeau. M’y autorises-tu ?

– Oh, Maître ! Tout ce que tu veux, je le veux ! Ordonne.

– Dis-leur de se réunir, ainsi qu’aux serviteurs. Pour nous, il y aura toujours un pain… Il vaut mieux qu’ils écoutent ma parole plutôt que de courir ici et là, affairés en pauvres soins. »

Les gens s’entassent, empressés, étonnés…

408.6

Jésus parle :

« Vous avez déjà appris ici que la foi peut multiplier le grain quand ce désir est suscité par l’amour. Mais ne bornez pas votre foi aux besoins matériels. Dieu a créé le premier grain de froment et, dès lors, il est devenu épi pour procurer du pain aux hommes. Mais Dieu a aussi créé le paradis qui attend ses habitants. Il a été formé pour ceux qui vivent conformément à la Loi et restent fidèles malgré les épreuves douloureuses de la vie. Ayez foi, et vous réussirez à vous garder saints avec l’aide du Seigneur, tout comme Joseph a réussi à vous distribuer une double mesure de blé pour vous rendre deux fois heureux et confirmer ses serviteurs dans la foi. En vérité, en vérité je vous dis que si l’homme croyait en Dieu, et s’il agissait pour un juste motif, les montagnes elles-mêmes, enracinées dans le sol par leurs entrailles rocheuses, ne pourraient résister et, à l’ordre de celui qui a foi dans le Seigneur, elles se déplaceraient. Avez-vous cette foi en Dieu ? demande-t-il en s’adressant à tous.

– Oui, Seigneur !

– Qui est Dieu pour vous ?

– Le Père très saint, comme les disciples du Christ l’enseignent.

– Et le Christ, qui est-il pour vous ?

– Le Sauveur, le Maître, le Saint !

– Cela seulement ?

– Le Fils de Dieu. Mais il ne faut pas le dire, car les pharisiens nous persécutent si nous le faisons.

– Mais vous, vous croyez qu’il l’est ?

– Oui, Seigneur.

– C’est bien, et que votre foi grandisse. Même si vous vous taisez, les pierres, les arbres, les étoiles, le sol, toutes choses, annonceront que le Christ est le vrai Rédempteur et Roi. Ils le proclameront à l’heure de son élévation, quand il sera dans la pourpre sainte et portera la couronne de la Rédemption. Bienheureux ceux qui sauront croire en lui dès maintenant, et plus encore à ce moment-là, qui auront foi dans le Christ et par conséquent la vie éternelle. L’avez-vous cette foi inébranlable dans le Christ ?

– Oui, Seigneur. Apprends-nous là où il est, et nous le prierons d’augmenter notre foi pour être heureux ainsi. »

Et ce ne sont pas seulement les pauvres, mais aussi les serviteurs, les apôtres et Joseph qui font la dernière partie de la prière.

« Si vous aviez de la foi gros comme un grain de moutarde, et si vous la gardez dans votre cœur — car c’est une perle précieuse —, sans vous la faire enlever par quoi que ce soit d’humain ou de maléfique et de pervers, vous pourriez tous dire à ce mûrier puissant qui ombrage le puits de Joseph : “ Déracine-toi et transplante-toi dans les flots de la mer. ”

408.7

– Mais le Christ, où est-il ? Nous l’attendions pour être guéris. Les disciples ne nous ont pas guéris, mais ils nous ont dit : “ Lui le peut. ” Nous, nous voudrions guérir pour travailler, disent les hommes malades ou handicapés.

– Croyez-vous que le Christ le puisse ? demande Jésus en faisant signe à Joseph de ne pas dire que le Christ, c’est lui.

– Nous le croyons. Il est le Fils de Dieu. Il peut tout.

– Oui. Il peut tout… et il veut tout ! » s’écrie Jésus.

Il étend avec autorité son bras droit, l’abaisse comme pour jurer et achève par un cri puissant :

« Et qu’il en soit ainsi, pour la gloire de Dieu ! »

Il est sur le point de partir vers la maison. Mais les guéris — une vingtaine - crient, accourent, et l’enserrent dans un enchevêtrement de bras tendus pour le toucher, le bénir, chercher ses mains, ses vêtements, lui donner un baiser, le caresser. Ils l’isolent de Joseph, de tout le monde…

Et Jésus sourit, caresse, bénit… Il se dégage lentement et, encore poursuivi, disparaît à l’intérieur de la maison, tandis que des hosannas s’élèvent dans le ciel, qui prend les couleurs violacées de ce commencement de crépuscule.

408.1

También aquí trabajan fervientemente los segadores. Es más — está mejor dicho — ha sido ferviente el trabajo de los segadores. Ya son inútiles las hoces, porque no hay en pie una sola espiga en estos campos aún más cercanos a la orilla mediterránea que los de Nicodemo. Pero Jesús no ha ido a Arimatea, sino a los terrenos que José posee en el llano, hacia el mar, y que antes de la siega, por su gran extensión, debían ser otro pequeño mar de espigas.

Una casa baja, ancha, blanca, está ahí, en el centro de los campos desnudos. Una casa de campo, pero bien cuidada. Sus cuatro eras se están llenando de gran cantidad de gavillas, puestas en haces (como disponen los soldados el bagaje durante los altos en el campo). Muchos carros traen ese tesoro de los campos a las eras, y muchos hombres descargan y amontonan. José va de una era a otra y vigila que todo se haga, y se haga bien.

Un campesino, desde lo alto del montón hacinado en un carro, anuncia: «Hemos terminado, patrón. Todo el trigo está en tus eras. Éste es el último carro de tu último terreno».

«Bien. Descarga y luego suelta a los bueyes y llévalos a los pilones y a los establos. Han trabajado bien y merecen descanso. Y también todos vosotros habéis trabajado bien y merecéis descanso. Pero la última fatiga será leve, porque para los corazones buenos es alivio la alegría de los demás.

408.2

Ahora vamos a traer a los hijos de Dios y vamos a darles el don del Padre. Abraham, ve a llamarlos» dice luego volviéndose hacia un patriarcal campesino, que quizás es el primero de los campesinos al servicio de esta propiedad de José. Pienso esto porque veo que el respeto de los otros dependientes es muy visible hacia este anciano, que no trabaja pero ayuda al patrón vigilando y aconsejando.

Y el anciano va… Le veo dirigirse hacia una vasta y muy baja construcción, más parecida a un cobertizo que a una casa, provista de dos puertas gigantescas que tocan el canalón. Creo que será una especie de almacén donde estén guardados los carros y los otros aperos de labranza. Entra allí dentro y luego sale seguido por un heterogéneo y mísero grupo humano de todas las edades… y de todas las miserias… Hay seres macilentos, aunque sin desgracias físicas, y hay tullidos, ciegos, mancos, enfermos de los ojos… Muchas viudas rodeadas de sus muchos huerfanitos, o también las mujeres de algún enfermo, tristes, apocadas, enflaquecidas por las noches en vela y los sacrificios para cuidar al enfermo.

Vienen con ese aspecto particular de los pobres cuando van a un lugar donde recibirán una gracia: timidez en las miradas, esquivez propia del pobre honrado, no sin una sonrisa que aflora encima de la tristeza imprimida por días de dolor en los rostros demacrados, no sin una chispa mínima de triunfo, casi como una respuesta al destino, que se ha cebado sobre ellos en días tristes, continuos, una respuesta al destino: «¡Hoy es fiesta, para nosotros también hay un día de fiesta, hoy es fiesta, es alegría, es consuelo para nosotros!».

Los pequeños ponen ojos como platos al ver los montones de gavillas, más altos que la casa, y dicen a sus mamás mientras las señalan: «¿Para nosotros? ¡Qué bonitas!». Los ancianos susurran: «¡El Bendito bendiga al compasivo!». Los mendigos, tullidos, o ciegos, o mancos, o enfermos de los ojos: «¡Por fin tendremos pan también nosotros, sin tener que alargar siempre la mano!». Y los enfermos a sus familiares: «Al menos podremos medicarnos sabiendo que vosotros no sufrís por nosotros. Nos harán bien ahora las medicinas». Y los familiares a los enfermos: «¿Veis? Ahora ya no diréis que ayunamos para dejaros a vosotros el pedazo de pan. ¡Alegraos, pues, ahora!…». Y las viudas a los huerfanitos: «Hijitos míos, habrá que bendecir mucho al Padre de los Cielos que os hace de padre, y al buen José, que es su administrador. Ahora no os oiremos llorar por hambre, hijos nuestros que tenéis sólo a vuestras madres para ayudaros… a vuestras pobres mamás, que de rico tienen sólo el corazón…». Un coro y un espectáculo que alegran, pero también hacen venir lágrimas a los ojos…

408.3

Y José, teniendo ya delante a estos infelices, se pone a recorrer las filas, a llamar a uno por uno, preguntando cuántos son en su familia, desde cuánto tiempo están viudas, o desde cuándo están enfermos, etc… y toma nota. Y para cada caso ordena a los campesinos que están a su servicio: «Da diez. Da treinta».

«Da sesenta» dice después de escuchar a un anciano semiciego que se le ha acercado con diecisiete nietecitos, todos por debajo de los doce años, hijos de dos hijos suyos, muertos uno en la siega del año anterior, la otra de parto… «y» dice el anciano «el marido ha encontrado consuelo y se ha casado otra vez, pasado un año. Me ha remitido los cinco hijos diciendo que se preocuparía de ellos. Sin embargo, ¡jamás un sólo denario!… Ahora se me ha muerto también mi mujer y estoy solo… con éstos…».

«Da sesenta al anciano padre. Tú, padre, espera, que después te voy a dar vestidos para los pequeños».

El campesino observa que, si se va a sesenta gavillas por cada vez, no va a llegar el trigo para todos…

«¿Dónde está tu fe? Si acumulo y distribuyo las gavillas, ¿lo hago por mí? No. Es para los más amados hijos del Señor. El Señor mismo proveerá a que baste para todos» responde José al campesino.

«Sí, patrón. Pero el número es número…».

«Y la fe es fe. Y yo, para mostrarte que la fe puede todo, ordeno que se doble la medida que ha sido dada a los primeros. Quien ha recibido diez que reciba otras diez, quien veinte otras veinte, y al anciano dadle ciento veinte. ¡Hacedlo! ¡Hacedlo!».

Los campesinos se encogen de hombros y cumplen la orden. Y continúa la distribución, en medio del gozoso asombro de los beneficiados, que ven que les dan una medida que supera todas sus más descabelladas esperanzas. José sonríe por ello, y acaricia a los pequeñuelos, que ponen todo su ahínco en ayudar a sus mamás; o ayuda a los tullidos, que hacen su pequeño montón; ayuda a los ancianos demasiado caducos como para hacerlo; o a las mujeres demasiado macilentas; y ordena apartar a dos enfermos para darles otras ayudas, como ha hecho con el anciano de los diecisiete nietos. Los montones, más altos que la casa, ahora son muy bajos, casi al nivel del suelo. Pero todos han recibido su parte, y en medida abundante.

José pregunta: «¿Cuántas gavillas quedan todavía?».

«Ciento doce, patrón» dicen los campesinos tras contar lo que queda.

«Bien. Tomaréis…». José recorre la lista de los nombres que ha apuntado, y dice: «Tomaréis cincuenta. Las guardaréis para simiente, porque es semilla santa. Que se dé el resto, una a cada uno, a cada cabeza de familia aquí presente. Son exactamente sesenta y dos cabezas de familia».

Los campesinos obedecen. Meten bajo un pórtico las cincuenta gavillas y distribuyen el resto. Ahora las eras ya no tienen los voluminosos montones de oro. Pero, en el suelo, hay sesenta y dos pequeños montones de distinto volumen. Y sus propietarios, solícitos, los atan y los cargan en rudimentarias carretillas, o en precarios jumentos a los que han ido a desatar de un vallado que está detrás de la casa.

408.4

El anciano Abraham, que ha hablado aparte con los principales campesinos al servicio de José, se acerca con éstos al patrón, y éste les pregunta: «¿Entonces? ¿Habéis visto? ¡Ha habido para todos! ¡Y ha sobrado!».

«¡Pero patrón, aquí hay un misterio! Nuestros campos no pueden haber dado el número de gavillas que has distribuido. Yo he nacido aquí y tengo setenta y ocho años. Siego desde hace sesenta y seis. Y sé. Mi hijo tenía razón. ¡Sin un misterio, no habríamos podido dar tanto!…».

«Pero que lo hemos dado es una realidad, Abraham. Tú estabas a mi lado. Los campesinos han entregado las gavillas. No hay ningún sortilegio. No es irrealidad. Las gavillas se pueden contar todavía. Están todavía allí, aunque sea divididas en muchas partes».

«Sí, patrón. Pero… No es posible que los campos hayan dado tantas gavillas».

«¿Y la fe, hijos míos? ¿Y la fe? ¿Dónde metéis la fe? ¿Podía desacreditar el Señor a su siervo, que prometía en su Nombre y con santo fin?».

«¡¿Entonces tú has hecho un milagro?!» dicen los campesinos, ya dispuestos a los gritos de hosanna.

«No soy hombre de milagros. Soy un pobre hombre. Lo ha hecho el Señor. Ha leído en mi corazón y ha visto en él dos deseos: el primero, llevaros a la misma fe; el segundo, dar mucho, mucho, mucho a estos hermanos míos infelices. Dios ha asentido a mis deseos… y ha actuado. ¡Bendito sea!» dice José inclinándose reverentemente como si estuviera delante de un altar.

«Y su siervo con Él» dice Jesús, que hasta ese momento ha estado oculto detrás de la esquina de una pequeña casa — no sé si horno o almazara — rodeada por un seto, y que ahora aparece abiertamente en la era donde está José.

«¡¡Maestro mío y Señor mío!!» exclama José, cayendo de rodillas para venerar a Jesús.

«La paz a ti. He venido para bendecirte en nombre del Padre. Para premiar tu caridad y tu fe.

408.5

Soy huésped tuyo esta noche. ¿Me acep­tas?».

«¡Oh, Maestro! ¿Y lo preguntas? La única cosa… La única cosa es que aquí no voy a poder darte honor… Estoy con mis domésti­­­cos-campesinos… en mi casa del campo… No tengo vajilla fina ni maestros de mesa ni criados capacitados… No tengo ni manjares ni vinos selectos… No tengo amigos… Será una hospitalidad muy pobre… Pero bueno, serás comprensivo… ¿Por qué, Señor, no me has avisado? Habría dispuesto lo necesario… Pero anteayer Hermas, con los suyos, estuvo aquí… Es más, he aprovechado sus servicios para avisar a éstos, a quienes quería dar, devolver, lo que es de Dios… ¡Pero Hermas no me dijo nada! ¡Si lo hubiera sabido!… Permíteme, Maestro, que dé indicaciones, que trate de remediar… ¿Por qué sonríes así?» pregunta, en fin, José, que está todo agitado por la improvisa alegría y por la situación que juzga… desastrosa.

«Sonrío por tus inútiles penas. José, ¿qué buscas? ¿Lo que tienes?».

«¿Qué tengo? No tengo nada».

«¡Cuán hombre eres todavía! ¿Por qué no eres ya el José espiritual de hace un rato, cuando hablabas como persona sabia y prometías, seguro, por la fe y para dar la fe?».

«¡Oh! ¿Has estado oyendo?».

«He oído y he visto, José. Aquel seto de laureles es muy útil para ver que lo que he sembrado no ha muerto en ti. Y por esto te digo que te creas inútiles penas. ¿Que no tienes ni maestros de mesa ni servidores capacitados? Pero si donde se ejercita la caridad está Dios, y donde está Dios están sus ángeles. ¿Y qué maestros de casa quieres tener más capacitados que ellos? ¿Que no tienes ni manjares ni vinos selectos? ¿Y qué manjar quieres ofrecerme, y qué bebida, más selectos que el amor que has tenido hacia éstos y tienes hacia mí? ¿Que no tienes amigos para darme honor? ¿Y éstos? ¿A qué amigos ama el Maestro de nombre Jesús más que a los pobres y a los infelices? ¡Ánimo, hombre, José! Ni siquiera convirtiéndose Herodes y abriéndome sus salas para recibirme y darme honor, en un palacio purificado, y teniendo con él los jefes de todas las castas para darme honor, Yo tendría una corte más selecta que ésta. Y quiero dirigirles unas palabras y ofrecerles un don. ¿Permites?».

«¡Pero Maestro, si todo lo que Tú quieres lo quiero yo! Ordena».

«Diles que se reúnan. Que se reúnan también los campesinos. Para nosotros siempre habrá un pan… Mejor es que ahora escuchen mi palabra en vez de correr para acá o allá, afanándose en pobres cuidados».

La gente se apiña con diligencia, asombrada…

408.6

Jesús habla: «Aquí habéis visto que la fe puede multiplicar el trigo cuando este deseo viene de un deseo de amor. Pero no limitéis vuestra fe a las necesidades materiales. Dios creó el primer grano de trigo y desde entonces el trigo produce espigas para el pan de los hombres. Pero Dios creó también el Paraíso, que espera a sus ciudadanos. Ha sido creado para los que viven en la Ley y permanecen fieles a pesar de las pruebas dolorosas de la vida. Tened fe y lograréis conservaros santos con la ayuda del Señor, de la misma forma que José ha logrado asignar el doble de trigo para haceros felices doblemente y confirmar en la fe a sus campesinos. En verdad, en verdad os digo que si el hombre tuviera fe en el Señor, y esa fe fuera por un justo motivo, ni siquiera las montañas, hincadas en el suelo con sus entrañas rocosas, podrían resistir, y ante la orden de quien tiene fe en el Señor cambiarían de sitio. ¿Tenéis vosotros fe en Dios?» pregunta dirigiéndose a todos.

«¡Sí, Señor!».

«¿Quién es Dios para vosotros?».

«El Padre santísimo, como enseñan los discípulos del Cristo».

«¿Y el Cristo quién es para vosotros?».

«El Salvador. El Maestro. ¡El Santo!».

«¿Sólo esto?».

«El Hijo de Dios. Pero no se debe decir, porque los fariseos nos persiguen si lo decimos».

«¿Pero vosotros creéis que lo es?».

«Sí, Señor».

«Pues bien, creced en vuestra fe. Aunque calléis vosotros, las piedras, las plantas, las estrellas, el suelo, todas las cosas, proclamarán que el Cristo es el verdadero Redentor y Rey. Lo proclamarán en la hora de su elevación, cuando le envuelva la púrpura santísima y tenga la corona de Redención. Bienaventurados los que sepan creer esto ya desde ahora, y que más aún lo crean entonces, y tengan fe en Cristo y, por tanto, vida eterna. ¿Tenéis vosotros esta fe inquebrantable en Cristo?».

«Sí, Señor. Enséñanos dónde está Él, y nosotros le pediremos que aumente nuestra fe para ser bienaventurados de esa forma». Y la última parte de esta súplica la dicen no sólo los pobres, sino también los campesinos, los apóstoles y José.

«Si tenéis fe como un grano de mostaza, y la tenéis — perla preciosa — en el corazón, sin dejar que os la arrebate ninguna cosa humana, o sobrehumana pero mala, podréis todos decir incluso a ese robusto moral que da sombra al pozo de José: “Arráncate de ahí y trasplántate a las olas del mar”».

408.7

«¿Pero Cristo dónde está? Le esperamos para ser curados. Los discípulos no nos han curado, pero nos han dicho: “Él puede hacerlo”. Quisiéramos curarnos para trabajar» dicen unos hombres enfermos o impedidos.

«¿Y creéis que Cristo lo puede?» dice Jesús mientras hace una señal a José de que no diga que Cristo es Él.

«Lo creemos. Es el Hijo de Dios. Lo puede todo».

«Sí. Lo puede todo… ¡Y lo quiere todo!» grita Jesús extendiendo con imperio el brazo derecho y bajándole como para jurar. Y termina con un grito potente: «¡Y así sea, para gloria de Dios!».

Y hace ademán de volverse hacia la casa. Pero los curados, unos veinte, gritan, se acercan y le encierran en un laberinto de manos extendidas para tocar, bendecir, buscar sus manos, sus vestidos, para besar, acariciar. Le aíslan de José, de todos…

Y Jesús sonríe, acaricia, bendice… Se libera lentamente y, todavía seguido, desaparece entrando en la casa, mientras los gritos de hosanna suben al cielo, que se pone violáceo con el principio del crepúsculo.