Los Escritos de Maria Valtorta

406. A Joppé, Jésus d’adresse à Judas

406. En Joppe. Palabras inútiles a Judas de Keriot

406.1

Je vois Jésus assis dans la cour intérieure d’une maison d’aspect convenable sans être luxueuse. Il paraît très fatigué. Il s’est installé sur un banc de pierre situé près d’un puits aux rebords peu élevés, que recouvre l’arceau d’une tonnelle verte. Les grains de raisin commencent à peine à se former. Leur fleur doit être tombée depuis peu et ils ressemblent à des grains de mil suspendus à des pédoncules verts. Jésus tient sur son genou droit la pointe du coude droit, et il appuie son menton dans le creux de la main. Parfois, comme pour trouver une position plus confortable, il appuie son bras replié sur le rebord du puits et sa tête repose sur son bras, comme s’il voulait dormir. Ses cheveux voilent alors son visage fatigué qui, sans cela, paraît pâle et sérieux entre ses boucles d’un blond roux.

Les mains enfarinées, une femme va et vient, passant d’une pièce de la maison à un cagibi situé du côté opposé de la cour et où doit se trouver le four. Chaque fois, elle regarde Jésus, mais elle ne trouble pas son repos. Le soir doit approcher, car le soleil effleure à peine le haut de la terrasse au-dessus du toit, de moins en moins, jusqu’à ce qu’il la quitte.

406.2

Une dizaine de colombes descendent en roucoulant dans la cour pour leur dernier repas. Elles tournoient autour de Jésus comme pour voir quel est cet inconnu et, défiantes, n’osent se poser sur le sol. Jésus sort de ses réflexions, sourit, tend une main, la paume tournée vers le haut, et il dit : « Vous avez faim ? Venez », comme s’il parlait à des êtres humains. La plus audacieuse se pose sur cette main, puis d’autres suivent son exemple. Jésus sourit.

« Je n’ai rien, moi » dit-il devant leur roucoulement insistant.

Il appelle alors à haute voix :

« Femme ! Tes colombes ont faim. As-tu du grain pour elles ?

– Oui, Maître. Il est dans un sac sous le portique. J’arrive.

– Laisse-moi faire. Je vais leur en donner moi-même. Cela me plaît.

– Elles ne viendront pas. Elles ne te connaissent pas.

– Oh ! j’en ai sur les épaules et jusque sur la tête !… »

Jésus, en fait, marche avec son étrange plumet fait d’une colombe à la poitrine couleur de plomb qui semble être une cuirasse précieuse aux reflets changeants.

La femme, incrédule, se montre et dit :

« Oh !

– Tu vois ? Les colombes sont meilleures que les hommes. Elles comprennent qui les aime. Les hommes… non.

– Ne pense pas, Maître, à ce qui est arrivé. Il y en a peu ici qui te haïssent. Les autres — à peu près tous — t’aiment, ou du moins te respectent.

– Je ne me trouble pas pour cela. Je te fais seulement remarquer que les animaux sont souvent meilleurs que les hommes. »

Jésus a ouvert le sac, y a plongé sa longue main et en a sorti du grain blond qu’il a mis dans un repli de son manteau. Il referme le sac et revient au milieu de la cour en se défendant contre l’invasion des colombes qui veulent se servir elles-mêmes. Il ouvre le pli de son manteau, jette le grain par terre, et rit de voir la lutte et les rixes des oiseaux goulus. Le repas est vite consommé, et les colombes boivent à un plat creux qui se trouve près du puits, en regardant encore Jésus.

« Allez, maintenant, il n’y a plus rien. »

Les oiseaux volettent encore un peu sur les épaules et les genoux de Jésus, puis ils retournent à leurs nids. Jésus retombe dans sa méditation.

406.3

Des coups répétés font vibrer la porte. La femme court ouvrir : ce sont les disciples.

« Venez » dit Jésus. « Avez-vous distribué l’argent aux pauvres ?

– Oui, Maître.

– Jusqu’au dernier sou ? Rappelez-vous que ce qu’on nous donne n’est pas pour nous, mais pour la charité. Nous, nous sommes pauvres et vivons de la pitié d’autrui. Malheureux l’apôtre qui exploite sa mission à des fins humaines !

– Et si on en vient un jour à manquer de pain, et qu’on est accusé de violer la Loi parce qu’on égrène des épis comme font les moineaux ?

– Judas, as-tu jamais manqué de quelque chose d’essentiel depuis que tu es avec moi ? T’est-il arrivé de tomber de faiblesse sur la route ?

– Non, Maître.

– Quand je t’ai dit : “ Viens ”, t’ai-je promis confort et richesses ? Et lorsque je m’adresse à ceux qui m’écoutent, ai-je jamais dit que je procurerai à mes disciples des avantages sur la terre ?

– Non, Maître.

– Alors, Judas ? Pourquoi as-tu changé à ce point ? Ne sais-tu pas, ne sens-tu pas que ton mécontentement, ta froideur me font souffrir ? Ne vois-tu pas que ce mécontentement se communique à tes frères ? Judas, mon ami, toi qui es appelé à un pareil sort, qui es venu avec tant d’enthousiasme à mon amour et à ma lumière, pourquoi m’abandonnes-tu maintenant ?

– Maître, je ne t’abandonne pas ! Je suis celui qui se soucie le plus de toi, de tes intérêts, de ta réussite. Je voudrais te voir triompher partout, tu peux en être sûr !

– Je sais. Tu veux cela humainement, et c’est déjà beaucoup. Mais ce n’est pas ce que je désire, Judas, mon ami… Je suis venu pour bien autre chose qu’un triomphe humain et une royauté humaine… Je suis venu, non pas pour accorder à mes amis des bribes de triomphe humain, mais pour vous donner une récompense infinie, une mesure bien tassée, débordante, une récompense qui n’en est plus une, tant elle est plénitude : c’est la participation à mon Règne éternel, l’union dans les droits des enfants de Dieu… Ah ! Judas, pourquoi ce sublime héritage ne t’exalte-t-il pas ? On y accède par le renoncement, mais il ne connaît pas de crépuscule.

406.4

Viens encore plus près de moi, Judas. Tu vois ? Nous sommes seuls. Les autres ont compris que je voulais te parler, à toi, le distributeur de mes… richesses, des aumônes que le Fils de l’Homme, que le Fils de Dieu reçoit pour les distribuer au nom de Dieu et de l’Homme à l’homme. Ils sont rentrés. Nous sommes seuls, Judas, en cette heure si douce du soir où nos cœurs volent vers nos maisons lointaines, vers nos mères : elles pensent sûrement à nous en préparant leur dîner solitaire, et caressent de la main la place où nous nous asseyions avant cette heure de Dieu en laquelle la très sainte Volonté nous a pris pour le faire aimer en esprit et en vérité.

Nos mères ! La mienne, si sainte et si pure, qui vous aime tant et prie pour vous, les amis de son Jésus… La mienne qui, dans l’angoisse de sa maternité de Mère du Christ, n’a de paix que celle de me savoir entouré de votre affection… Ne décevez pas ce cœur de Mère, mes amis, ne le blessez pas. Ne le brisez pas par la moindre mauvaise action ! Et puis ta mère, Judas. La dernière fois que nous sommes passés par Kérioth, elle n’en finissait pas de me bénir et voulait me baiser les pieds, parce qu’elle est heureuse que son Judas soit dans la lumière de Dieu. Elle me disait : “ Maître, rends saint mon Judas ! Que désire un cœur de mère, sinon le bien de son enfant ? Or en existe-t-il un plus grand que le bien éternel ? ”

En effet, Judas, quel bien est plus grand que celui auquel je veux vous amener et auquel on arrive en suivant mon chemin ? Ta mère est une sainte femme, Judas, une vraie fille d’Israël. J’ai refusé qu’elle me baise les pieds, car vous êtes mes amis, et dans toutes vos mères, dans toute mère bonne, je reconnais la mienne, Judas. Et je souhaiterais que dans la vôtre, vous voyiez la mienne et son redoutable destin de Corédemptrice. Vous ne voudriez pas, non, vous ne voudriez pas la tuer parce que… parce qu’il vous semblerait tuer la vôtre.

406.5

Judas, ne pleure pas. Pourquoi pleurer ? Si tu n’as sur le cœur aucun remords envers ta mère et la mienne, pourquoi verser ces larmes ? Viens ici, pose ta tête sur mon épaule et partage à ton Ami ton angoisse. Tu as fauté ? Tu te sens près de fauter ?

Ah ! ne reste pas seul ! Triomphe de Satan avec l’aide de celui qui t’aime. Je suis Jésus, Judas. Je suis ce Jésus qui guérit les malades et chasse les démons. Je suis ce Jésus qui sauve… et qui t’aime tant, qui s’afflige de te voir ainsi affaibli. Je suis ce Jésus qui apprend à pardonner soixante-dix fois sept fois. Mais en ce qui me concerne, ce ne sont pas soixante-dix fois, mais sept cents fois, sept mille fois sept fois que je vous pardonne… et il n’y a pas de faute, Judas, il n’y a pas de faute, Judas, il n’y a pas de faute, Judas, que je ne pardonne pas, que je ne pardonne pas, que je ne pardonne pas si le coupable repentant reconnaît : “ Jésus, j’ai péché. ” Mieux : il suffit qu’il dise : “ Jésus ! ” ou même qu’il se borne à me regarder d’un air suppliant. Et sais-tu, mon ami, quels sont ceux à qui je pardonne en premier ? Les plus coupables et les plus repentis. Et sais-tu quelles sont les toutes premières fautes que je pardonne ? Celles qu’on commet envers moi.

Judas ?… Tu ne trouves rien à répondre à ton Maître ? Si lourde est ton angoisse qu’elle t’enlève les mots de la bouche ? Redoutes-tu que je te dénonce ? Ne crains pas cela ! Il y a si longtemps que je veux te parler ainsi, en te tenant sur mon cœur, comme deux jumeaux dans un seul berceau, enfantés ensemble, presque une seule chair, deux enfants qui se sont partagé mutuellement les seins tièdes et qui ont senti le goût de la salive de son frère en même temps que la douceur du lait maternel. Maintenant, je te tiens et je ne te quitte pas jusqu’à ce que tu me dises que je t’ai guéri. N’aie pas peur, Judas. C’est une confession que je veux. Mais tes compagnons penseront que c’est un colloque d’amour, tant nos visages rayonneront de paix réciproque, d’amour mutuel, après ce dialogue. Et je ferai en sorte qu’ils le croient de plus en plus en te tenant contre ma poitrine ce soir au repas, en trempant pour toi mon pain pour te l’offrir comme à un préféré ; et c’est à toi le premier que je tendrai la coupe après avoir rendu grâces à Dieu. Tu seras le roi du banquet, Judas, réellement. Tu seras l’épouse de l’Epoux, ô âme que j’aime, si tu te rends pur et libre en déposant ta poussière sur mon sein purificateur.

406.6

Tu ne me partages toujours pas ton chagrin ?

– Tu m’as parlé avec une telle douceur… de ma mère… de la maison… de ton amour… Un moment de faiblesse… Je suis si fatigué !… Et j’avais l’impression que tu ne m’aimais plus ainsi depuis quelque temps…

– Non. Ce n’est pas cela. Dans tes paroles, il n’y a qu’une partie de la vérité, et c’est que tu es fatigué. Pas de la route, de la poussière, du soleil, de la boue, de la foule. Tu es fatigué de toi-même. Ton âme est lasse de ta chair et de ton esprit, si lasse qu’elle finira par s’éteindre d’une fatigue mortelle. Pauvre âme que j’ai appelée aux splendeurs éternelles ! Pauvre âme qui sait que je t’aime, et te reproche de l’arracher à mon amour ! Pauvre âme qui te reproche, inutilement, — comme moi je te caresse en vain de mon amour — d’agir sournoisement à l’égard de ton Maître. Mais ce n’est pas toi qui agis. C’est celui qui te hait et qui me hait. C’est pour cela que je te recommandais : “ Ne reste pas seul. ” Eh bien, écoute : tu sais que je passe mes nuits en grande partie à prier. Si un jour tu te sens le courage d’être un homme et la volonté d’être mien, viens à moi pendant que tes compagnons dorment. Les étoiles, les fleurs, les oiseaux sont des témoins prudents et bons, silencieux, pleins de pitié. Les étoiles sont saisies d’horreur devant le crime qui a lieu sous leur lumière, mais elles n’ont pas de voix pour dire aux hommes : “ Celui-ci est un Caïn pour son frère. ” Tu as compris, Judas ?

– Oui, Maître. Mais, crois-moi : je n’ai rien d’autre que de la lassitude et de l’émotion. Moi, je t’aime de tout mon cœur et…

– Bien. Cela suffit.

– Tu me donnes un baiser, Maître ?

– Oui, Judas, et je t’en donnerai d’autres… »

Jésus pousse un profond soupir, avec peine. Mais il embrasse Judas sur la joue. Puis il lui prend la tête entre les mains, et la tient bien serrée en face de lui à quelques centimètres, il la fixe, l’étudie, la transperce de son regard magnétique. Et Judas, ce malheureux, ne tressaille pas. Il reste apparemment imperturbable sous cet examen. Il devient seulement un peu pâle et ferme les yeux un instant.

Jésus dépose un baiser sur ses paupières abaissées, puis sur sa bouche, sur son cœur, il s’incline pour trouver le cœur du disciple… et dit :

« Voilà : pour chasser les brumes, pour te faire sentir la douceur de Jésus, pour fortifier ton cœur. »

Puis il le quitte et se dirige vers la maison, suivi de Judas.

406.7

« Tu tombes bien, Maître ! Tout est prêt, on n’attendait que toi, dit Pierre.

– Bien. Je parlais avec Judas de tant de choses… N’est-ce pas, Judas ? Il faudrait s’occuper de ce pauvre vieillard dont le fils a été tué.

– Ah ! »

Judas saisit au vol l’occasion pour achever de se remettre et détourner, si besoin est, les soupçons des autres.

« Tu sais, Maître ? Aujourd’hui nous avons été arrêtés par un groupe de païens mêlés à des juifs des colonies romaines de Grèce. Ils voulaient savoir beaucoup de choses. Nous avons répondu comme nous l’avons pu. Mais nous ne les avons sûrement pas convaincus. Pourtant, ils ont été bons et ils nous ont donné de grosses sommes d’argent. Voilà, Maître. Nous pourrons faire beaucoup de bien. »

Judas pose sur la table un gros sac de peau luxueuse et, sous le choc, on entend le bruit des pièces. Il a la taille de la tête d’un enfant.

« C’est bien, Judas, tu distribueras l’argent équitablement. Que voulaient savoir ces païens ?

– Ce que sera la vie future… si l’homme a une âme et si elle est immortelle. Ils citaient leurs maîtres. Mais nous… que pouvions-nous répondre ?

– Vous deviez leur conseiller de venir.

– Nous le leur avons dit. Ils viendront peut-être. »

Le repas se poursuit.

Jésus a pour voisin Judas et il lui donne du pain trempé dans la sauce qui baigne le plat de viande rôtie. Ils sont en train de manger des petites olives noires, quand on entend frapper à la porte. Peu après, la maîtresse de maison entre :

« Maître, c’est toi qu’ils demandent.

– Qui est-ce ?

– Des étrangers.

– Mais c’est impossible !

– Le Maître est fatigué !

– Il ne cesse de marcher et de parler toute la journée !

– Des païens dans la maison ! Allons donc ! »

Les douze sont en émoi comme un essaim que l’on a dérangé.

« Chut ! Paix ! Ce n’est pas une fatigue pour moi d’écouter ceux qui me cherchent. C’est mon repos.

– Ce pourrait être un piège, à cette heure-ci !…

– Non. Ce n’est pas le cas. Restez tranquilles et reposez-vous. Moi, je me suis déjà reposé en vous attendant. J’y vais. Je ne vous demande pas de venir avec moi… bien que… je vous le dis : c’est justement chez les païens que vous devrez porter votre judaïsme, qui sera alors christianisme. Attendez-moi ici.

– Tu y vas seul ? Ah ! cela, jamais ! » s’écrie Pierre,

Il se lève.

« Reste là où tu es. J’y vais seul. »

406.8

Il sort. Il se présente à la porte qui donne sur la route. Dans le crépuscule, il y a une quantité de personnes qui attendent.

« Que la paix soit avec vous. Vous voulez me voir ?

– Salut, Maître ! »

C’est un imposant vieillard qui parle, enveloppé dans un vêtement romain qui dépasse d’un petit manteau rond avec un capuchon relevé sur la tête.

« Nous avons parlé aujourd’hui avec tes disciples, mais ils n’ont pas su nous donner beaucoup d’explications. C’est pourquoi nous souhaiterions discuter avec toi.

– C’est vous qui avez offert cette grosse obole ? Merci pour les pauvres de Dieu. »

Jésus s’adresse à la maîtresse de maison :

« Femme, je sors avec eux. Dis à mes apôtres de venir me retrouver près de la rive car, si je vois juste, ces hommes sont des commerçants des magasins…

– Et des navigateurs, Maître. Tu as vu juste. »

Ils sortent tous ensemble sur la route illuminée par un beau clair de lune.

« Vous venez de loin ? »

Jésus se tient au milieu du groupe avec, à côté de lui, le vieillard qui a parlé le premier, un beau vieillard avec un profil latin marqué. De l’autre côté se trouve un autre homme d’un certain âge, au visage nettement hébraïque. Autour, il y a deux ou trois hommes plutôt maigres au teint olivâtre, aux yeux vifs et un peu ironiques, ainsi que d’autres plus robustes d’âge variable. Cela fait en tout une dizaine de personnes.

« Nous venons des colonies romaines de Grèce et d’Asie, et nous sommes en partie des juifs et en partie des païens… Nous n’osions pas venir à cause de cela… Mais on nous a assuré que tu ne méprises pas les païens… comme le font les autres, les juifs scrupuleux — je parle de ceux d’Israël, car ailleurs il y a aussi des juifs… moins rigides —. De sorte que moi, qui suis romain, j’ai pour épouse une juive de Lycaonie, tandis que lui, qui est un Hébreu d’Ephèse, a pour épouse une romaine.

– Je ne méprise personne, mais il faut être indulgent envers ceux qui ne savent pas encore penser que, le Créateur étant un, tous les hommes sont du même sang.

– Nous savons que tu es grand parmi les philosophes. Et ce que tu dis le confirme : grand et bon.

– Est bon celui qui fait le bien, non celui qui parle bien.

– Tu parles bien et tu agis bien. Tu es donc bon.

406.9

– Que voulez-vous apprendre de moi ?

– Aujourd’hui, Maître, pardonne-nous si nous te fatiguons par notre curiosité. Mais il y a une bonne curiosité, parce qu’elle cherche la vérité avec amour… Aujourd’hui nous voulions connaître par tes apôtres la vérité sur une doctrine déjà ébauchée par les philosophes de l’Antiquité grecque. On nous a dit que tu reviens l’enseigner de façon plus ample et plus belle. Eunique, mon épouse, a parlé avec des juifs qui t’ont entendu, et elle m’a répété ces paroles. Tu sais, Eunique, qui est grecque, est cultivée et elle connaît les enseignements des sages de sa patrie. Elle a trouvé des correspondances entre tes discours et ceux d’un grand philosophe grec. Les paroles que tu as dites sont arrivées jusqu’à Ephèse. Aussi, venus dans ce port, les uns pour le commerce, les autres pour accomplir des rites religieux, nous nous sommes retrouvés entre amis et nous avons parlé. Les affaires n’empêchent pas de penser aussi à des choses plus élevées. Après avoir rempli les magasins et chargé nos bateaux, nous avons le temps de résoudre ce doute. Tu enseignes que l’âme est éternelle. Socrate a dit qu’elle est immortelle. Connais-tu les paroles du maître grec ?

– Non. Je n’ai pas étudié dans les écoles de Rome et d’Athènes, mais parle : je te comprends quand même. Je n’ignore pas la pensée du philosophe grec.

– Socrate, contrairement à ce que nous croyons, nous les Romains, et contrairement aussi à ce que croient vos sadducéens, admet et soutient que l’homme a une âme et qu’elle est immortelle. Il ajoute que la mort n’est donc pour elle qu’une libération, le passage d’une prison à un lieu libre où elle rejoint ceux qu’elle a aimés. Elle y fait la connaissance des sages dont elle a entendu parler, et des grands, des héros, des poètes. Elle n’y trouve plus ni injustice ni souffrance, mais un éternel bonheur dans un séjour de paix, ouvert aux âmes immortelles qui ont vécu avec justice. Toi, Maître, qu’en penses-tu ?

– Le maître grec, tout en étant dans l’erreur d’une religion qui n’est pas vraie, était dans la vérité quand il dit que l’âme est immortelle. En quête du Vrai et pratiquant la vertu, il sentait au fond de son esprit murmurer la voix du Dieu inconnu, du vrai Dieu, du Dieu unique : le Père très-haut, d’où je viens pour amener les hommes à la Vérité.

406.10

L’homme a une âme, une, vraie, éternelle, maîtresse, capable de mériter la récompense ou le châtiment. Créée par Dieu, toute à Lui, elle est destinée dans la Pensée créatrice à retourner à Dieu. Vous, les païens, vous vous adonnez trop au culte de la chair ; c’est une œuvre admirable, en vérité, sur laquelle se trouve la marque du Pouce éternel. Vous admirez trop l’intelligence, ce joyau renfermé dans l’écrin de votre tête et qui en fait couler ses rayons sublimes. C’est un grand don, un don supérieur du Créateur. Comme il vous a formés selon sa Pensée, vous êtes conformes à elle, et donc une œuvre parfaite d’organes et de membres, et il vous a donné la ressemblance avec sa Pensée et avec son Esprit. Or la perfection de la ressemblance se trouve dans l’esprit. Car Dieu n’a pas les membres et l’opacité de la chair, comme il n’a pas les sens et le foyer de la débauche. Mais c’est un Esprit très pur, éternel, parfait, immuable ; il ne se lasse pas d’agir et se renouvelle sans cesse dans ses œuvres, qu’il adapte paternellement au chemin d’élévation de sa créature. L’esprit, créé[1] pour tous les hommes à partir d’une même Source de puissance et de bonté, ne connaît pas de différence de perfection initiale. Il n’y a qu’un seul esprit créé, parfait et resté tel. Il y a trois esprits créés parfaits…

– Tu es l’un d’eux, Maître.

– Non, pas moi. Moi, dans ma chair, j’ai l’Esprit qui n’a pas été créé, mais qui a été engendré par le Père, par surabondance d’amour.

– Qui donc alors ?

– Les deux premiers parents d’où descend l’espèce humaine ont été créés parfaits, mais sont tombés, volontairement, dans l’imperfection. Le troisième, créé pour la joie de Dieu et de l’univers, est trop au-dessus des possibilités de pensée et de foi du monde d’aujourd’hui pour que je vous l’indique. Les âmes, disais-je, créées, provenant d’une même Source avec une égale mesure de perfection, subissent ensuite, d’après leur mérite et leur volonté, une double métamorphose.

– Alors tu admets une seconde vie ?

– Il n’y a qu’une seule vie. En elle, l’âme, qui a connu une ressemblance initiale à Dieu, passe, grâce à la justice fidèlement pratiquée en toutes choses, à une plus parfaite ressemblance, je dirais à une seconde création d’elle-même, par laquelle elle évolue vers une double ressemblance avec le Créateur, en se rendant capable de posséder la sainteté, qui est perfection de justice et ressemblance des fils avec le Père. Elle se trouve chez les bienheureux, c’est-à-dire en ceux dont votre Socrate dit qu’ils habitent l’Hadès. Mais je vous assure que lorsque la Sagesse aura prononcé ses paroles et les aura confirmées par le sang, ils seront les bienheureux du paradis, du Royaume, c’est-à-dire de Dieu.

– Et où sont-ils maintenant ?

– Dans l’attente.

– De quoi ?

– Du sacrifice, du pardon, de la libération.

– On dit que le Messie sera le Rédempteur et que c’est toi… Est-ce vrai ?

– C’est vrai. Je le suis, moi qui vous parle.

406.11

– Tu devras donc mourir ? Pourquoi, Maître ? Le monde a un tel besoin de lumière, et tu veux le quitter ?

– C’est toi, un grec, qui me demande cela ? Toi en qui trônent les paroles de Socrate ?

– Maître, Socrate était un juste. Toi, tu es un saint. Regarde comme le monde a besoin de la sainteté.

– Elle augmentera dix mille fois pour chaque douleur, pour chaque blessure, pour chaque goutte de mon sang.

– Par Jupiter ! Jamais stoïcien ne fut plus grand que toi, qui ne te bornes pas à prêcher le mépris de la vie, mais qui t’apprêtes à t’en débarrasser.

– Je ne méprise pas la vie. Je l’aime comme l’épreuve indispensable pour acheter le salut du monde.

– Mais tu es jeune, Maître, pour mourir !

– Ton philosophe dit : l’homme saint est cher aux dieux ; or tu m’as qualifié de saint. Si je le suis, je dois avoir soif de retourner à la sainteté d’où je suis venu. On n’est jamais assez jeune, par conséquent, pour n’avoir pas cette soif. Socrate dit aussi que l’homme saint se plaît à faire ce qui est agréable aux dieux. Or qu’y a-t-il de plus agréable que de rendre à l’étreinte du Père les enfants que la faute a éloignés et de donner à l’homme la paix avec Dieu, source de tout bien ?

– Tu prétends que tu ne connais pas les paroles de Socrate. Comment donc sais-tu ce que tu dis ?

– Moi, je sais tout. La pensée des hommes — en tant que pensée bonne — n’est que le reflet d’une des miennes. Ce qui n’est pas bon n’est pas de moi, mais je l’ai lu dans la succession des temps, et j’ai su, je sais et je saurai quand cela a été, est, et sera dit. Je le sais.

406.12

– Seigneur, viens à Rome : c’est le phare du monde. Ici, la haine t’environne. Là-bas, tu sera entouré de vénération.

– C’est l’homme qui le sera, pas le Maître du surnaturel. Moi, je suis venu pour le surnaturel. Je dois l’apporter aux enfants du peuple de Dieu, bien que ce soient les plus durs envers le Verbe.

– Rome et Athènes ne verront pas ta présence, alors ?

– Si, n’ayez pas peur. J’y serai présent. Ceux qui le voudront m’obtiendront.

– Mais s’ils te tuent…

– L’esprit de tout homme est immortel. Le mien, l’Esprit du Fils de Dieu, pourrait-il ne pas l’être ? Je viendrai par mon Esprit qui agira… Je viendrai… Je vois les foules sans nombre, et les maisons que l’on élève en mon nom… Je suis partout… Je parlerai dans les cathédrales et dans les cœurs… Mon évangélisation ne connaîtra pas de répit… L’Evangile parcourra la terre… Tous les bons viendront vers moi… Et voilà… Je passe à la tête de mon armée de saints et je les amène au Ciel. Venez à la vérité…

– Oh ! Seigneur ! Notre âme est engoncée dans les formules et les erreurs. Comment ferons-nous pour lui ouvrir les portes ?

– Moi, je desserrerai les portes de l’enfer. J’ouvrirai les portes de votre Hadès et de mes limbes. Et je ne pourrais pas ouvrir les vôtres ? Dites : “ Je le veux ” et, comme une serrure faite d’ailes de papillons, elles tomberont en poussière au passage de mon Rayon.

– Qui viendra en ton nom ?

– Vous voyez cet homme qui arrive en ce moment avec un autre à peine plus âgé qu’un adolescent ? Ils viendront à Rome et par toute la terre, et avec eux, beaucoup d’autres. Pleins de zèle, comme maintenant, à cause de leur amour pour moi qui les pousse et ne leur fait trouver de repos qu’à côté de moi, ils viendront, pour l’amour des hommes rachetés par mon sacrifice, vous chercher, vous rassembler, vous amener à la lumière. Pierre ! Jean ! Venez. J’ai fini, je crois, et je suis à vous. Avez-vous autre chose à me dire ?

– Rien d’autre, Maître. Nous partons en emportant tes paroles.

– Qu’elles germent en vous et poussent avec des racines éternelles. Allez. Que la paix soit avec vous.

– Salut à toi, Maître. »

Et la vision se termine…

406.13

Mais Jésus dit encore :

« Tu es épuisée ? C’était une lourde dictée, une dictée plus qu’une vision. Mais c’est un sujet que certains désirent aborder. Qui ? Tu le sauras en mon Jour. Maintenant va en paix toi aussi. »

J’ajoute de moi-même que cette conversation entre Jésus et les païens avait lieu le long d’un quai d’une ville maritime. Bien visibles au clair de lune, le ressac des flots paisibles venait mourir sur les écueils de la digue avancée d’un grand port rempli de navires. Je n’ai pas pu en parler auparavant car le groupe n’a pas cessé de parler, et si j’avais décrit l’endroit, j’aurais perdu le fil de la conversation. Ils parlaient en allant et venant sur une partie du rivage, près du port. La route est solitaire, car il n’y a pas de passagers et les navigateurs sont tous revenus à leurs navires, dont on voit les fanaux rouges briller dans la nuit comme des étoiles de rubis. Je ne sais de quelle ville il s’agit. Elle est sûrement belle et importante.

406.1

Veo a Jesús sentado en un patio interior de una casa de decente aspecto, mas no lujosa. Parece muy cansado. Está sentado en un banco de piedra colocado al lado de un pozo, bajo de brocal, sobre el cual hay una pérgola verde en forma de arco. Los racimos apenas si se insinúan. Hace poco debe haber caído la flor, y los pequeños granos parecen de mijo, colgados de sutiles pedúnculos verdes. Jesús tiene apoyado el codo derecho en la rodilla derecha, y el mentón en el hueco de la mano; algunas veces, como para descansar mejor, apoya el brazo, doblado, en el borde del pozo, y en el brazo la cabeza. Como si quisiera dormir. El pelo entonces desciende como velo sobre su rostro cansado, que, si no, vese pálido y serio entre las matas onduladas de sus cabellos blondo-rojos.

Una mujer va y viene con las manos enharinadas, pasando de una habitación de la casa a un tabuco que está en el lado opuesto del patio y que debe ser el horno. Todas las veces mira a Jesús. Pero no turba su descanso. Debe estar ya cercano el atardecer, porque el Sol apenas ya toca la cima de la terraza que corona la casa; cada vez menos, cada vez menos, hasta que la abandona.

406.2

Unas diez palomas quieren bajar al patio, zureando, para su última comida. Giran alrededor de Jesús, como para hacerse idea de quién es el desconocido, y, desconfiadas, no se atreven a posarse en el suelo. Jesús deja sus pensamientos y sonríe, extiende una mano, vuelta hacia arriba la palma, y dice: «¿Tenéis hambre? Venid» como si hablara a seres humanos. La más audaz se posa en esa mano, y, después de ésta, otra y otra más. Jesús sonríe: «No tengo nada Yo» dice ante sus peticiones hechas de arrullos. Y luego llama a la mujer en voz alta: «¿Mujer! Tus palomas tienen hambre. Tienes grano para ellas?».

«Sí, Maestro. Está en el saco que hay debajo del pórtico. Voy yo ahora».

«Deja. Se lo doy Yo. Me gusta».

«No irán. No te conocen».

«¡Tengo ya palomas en los hombros y hasta en la cabeza!…».

Jesús camina, en efecto, con su extraña cimera, hecha de una paloma plomosa, que tiene un pecho que parece una coraza preciosa por su riqueza de tornasoles.

La mujer, incrédula, se asoma y exclama: «¡Oh!».

«¿Lo ves? Las palomas son mejores que los hombres, mujer. Sienten quién las quiere. Los hombres… no».

«No te preocupes por lo sucedido, Maestro. Aquí son pocos los que te odian; los otros, si no todos, te quieren, te respetan al menos».

«No, si esto no me deprime. Lo digo para hacerte la observación de que frecuentemente los animales son mejores que los hombres».

Jesús ha abierto el saco y ha hundido en él su larga mano, ha extraído el dorado grano y se lo ha puesto en el vuelo de su manto. Lo cierra y vuelve al centro del patio, defendiéndose de la intromisión de las palomas, que quieren servirse ellas mismas. Abre su taleguito y esparce por el suelo los granos, y ríe ante el carrusel que forman estas glotonas aves, y por sus riñas. Pronto acaba la comida. Las palomas beben en un plato hondo que hay junto al pozo, y miran todavía a Jesús.

«Ahora marchaos. No hay nada más».

Los animalitos revolotean y se posan aún un poco en los hombros y las rodillas de Jesús para volver luego a sus nidos. Jesús cae de nuevo en su meditación.

406.3

Golpes vigorosos en la puerta. La mujer se apresura a abrir. Son los discípulos.

«Venid» dice Jesús. «¿Habéis distribuido el dinero a los pobres?».

«Sí, Maestro».

«¿Hasta la última moneda? Recordad que lo que nos dan no es para nosotros, sino para la caridad. Nosotros somos pobres y vivimos de la misericordia de los demás. ¡Desdichado el apóstol que aprovecha su misión para fines humanos!».

«¿Y si un día estamos sin pan y nos acusan de violar la Ley porque imitamos a los gorriones desgranando espigas?».

«¿Te ha faltado algo alguna vez, Judas?, ¿algo esencial, desde que estás conmigo? ¿Has caído desfallecido alguna vez por el camino?».

«No, Maestro».

«¿Cuando te dije: “Ven”, te prometí comodidades y riquezas? ¿En mis palabras a los que me escuchan, he prometido alguna vez que daría a los “míos” ganancia en la Tierra?».

«No, Maestro».

«¿Y entonces, Judas? ¿Por qué estás tan distinto? ¿No sabes, no sientes que tu descontento, tu mengua me producen dolor? ¿No ves que este descontento se comunica a tus hermanos? ¿Por qué, Judas, amigo, tú que has sido llamado a tan alto destino, tú que viniste con tanto entusiasmo a mi amor y a mi luz, ahora me abandonas?».

«Maestro, no te abandono. Soy el que más se preocupa de ti, de tus intereses, de tu éxito. Quisiera verte triunfar en todas partes, créeme».

«Lo sé. Humanamente quieres esto. Ya es mucho. Pero Yo no quie­ro eso, Judas, amigo mío… He venido para mucho más que un triunfo humano y un reino humano… He venido, no para dar a mis amigos migajas de un triunfo humano, sino para daros una retribución generosa, llena, copiosa; una retribución que de tan llena no es ya retribución: es coparticipación en mi Reino eterno, es unión en los derechos de hijos de Dios… ¡Oh! ¡Judas! ¿Por qué no te exalta esta sublime herencia, a que se accede por renuncia, pero que no conoce ocaso?

406.4

Ven más cerca, Judas. ¿Ves? Estamos solos. Los otros han comprendido que quería hablarte a ti, distribuidor de mis… riquezas, de las limosnas que el Hijo del hombre, que el Hijo de Dios recibe para darlas en nombre de Dios y del Hombre al hombre. Y se han retirado a la casa. Estamos solos, Judas, en esta hora tan dulce del atardecer, en que nuestro corazón vuela a nuestras casas lejanas, a nuestras madres, que, sin duda, mientras preparan sus cenas solitarias, piensan en nosotros y acarician con su mano el lugar donde nos sentábamos antes de esta hora de Dios, en que la Voluntad santísima nos ha tomado para promover el amor a Él en espíritu y en verdad.

¡Nuestras madres! La mía, tan santa y pura, y que tanto os quiere y que ora por vosotros, amigos de su Jesús… La mía, cuya única paz en las tribulaciones de su maternidad de Madre del Cristo, es la de verme rodeado de vuestro afecto… No defraudéis, no hiráis este corazón de Madre, amigos. ¡No le quebrantéis con una mala acción vuestra! Tu madre, Judas. Tu madre, que la última vez que hemos pasado por Keriot no terminaba de bendecirme y quería besarme los pies, porque es feliz de que su Judas esté en la luz de Dios, y me decía: “¡Oh! ¡Maestro! ¡Haz santo a mi Judas! ¿Qué quiere un corazón de madre, sino el bien de su hijo? ¿Y qué bien hay mayor que el Bien eterno?”. ¡Exacto! ¿Qué bien será mayor, Judas, que aquel al que quiero llevaros y al cual se llega siguiendo mi camino? Santa mujer tu madre, Judas. Una verdadera hija de Israel. No quise que me besara los pies, porque sois mis amigos y porque en cada una de vuestras madres, en cada madre buena, veo a la mía, Judas. Y Yo quisiera que vosotros, en la vuestra, vierais a la mía con su tremendo destino de Corredentora; y no quisierais matarla, no, no quisierais matarla… porque os parecería matar a la vuestra.

406.5

Judas, no llores. ¿Por qué llorar? Si no tienes en el corazón nada que te remuerda hacia tu madre, que lo es también mía, ¿por qué te brota ese llanto? Ven aquí, pon la cabeza en mi hombro y manifiesta a tu Amigo tu angustia. ¿Has faltado? ¿Te sientes próximo a faltar? ¡Oh! ¡No estés solo! Vence a Satanás con la ayuda de quien te ama. Soy Jesús, Judas. Soy el Jesús que sana las enfermedades y expulsa a los demonios. Soy el Jesús que salva… y que te quiere mucho, que se aflige viéndote tan debilitado. Soy el Jesús que enseña que se debe perdonar setenta veces siete. Pero Yo, en mi caso, no setenta sino setecientas, siete mil veces siete os perdono… y no hay pecado, Judas, no hay pecado, Judas, no hay pecado, Judas, que Yo no perdone, que Yo no perdone, que Yo no perdone, si, arrepentido, el culpable me dice: “Jesús, he pecado”. Menos aún, si tan sólo dice: “¡Jesús!”. Aún menos, con sólo mirarme suplicante. Y los primeros pecados que perdono, ¿sabes, amigo, a quiénes se los perdono? A los más culpables y a los más arrepentidos. Y los primeros en absoluto que perdono, ¿sabes cuáles son?: los pecados contra mí.

¿Judas?… ¿No encuentras una palabra de respuesta para tu Maestro?… ¿Tan grave es tu angustia que te corta la palabra? ¿Temes que te denuncie? ¡No lo temas! Hace mucho que quiero hablarte así, teniéndote apoyado en mi Corazón, como dos hermanos nacidos en una cuna, de un único parto, casi una carne sola, dos que se han intercambiado recíprocamente el tibio pezón y han sentido el sabor de la saliva fraterna unida al dulzor de la leche materna. Ahora te tengo y no te dejo, hasta que no me digas que te he curado. No temas, Judas. Es una confesión lo que quiero. Pero tus compañeros, de tanto como resplandecerán después de este coloquio nuestros rostros, de paz recíproca y de recíproco amor, pensarán que es un coloquio de amor. Y haré que lo crean cada vez más, teniendo tu cabeza sobre mi pecho esta noche en la cena, untándote mi propio pan y ofreciéndotelo con predilección, y serás el primero al que dé la copa, después de haber dado las gracias a Dios. Serás el rey del convite, Judas. Y lo serás realmente. Esposa del Esposo serás, oh alma a la que amo, si te haces pura y libre, depositando tu fango en mi seno purificador.

406.6

¿Todavía no hablas para explicarme tu llanto?».

«Me has hablado tan dulcemente… de mi madre… de la casa… de tu amor… Un momento de debilidad… ¡Estoy tan cansado!… Y me parecía que Tú ya no me amaras así desde hacía tiempo…».

«No. No es esto. En tus palabras no hay más que una verdad: que estás cansado. Pero no cansado del camino, del polvo, del sol, del barro, de la multitud. Estás cansado de ti. Tu alma está cansada de tu carne y de tu mente. Tan cansada que acabará apagándose por mortal cansancio. ¡Pobre alma a la que llamé a los resplandores eternos! ¡Pobre alma que sabe que te amo y te acusa de arrebatarla a mi amor! ¡Pobre alma que te acusa — inútilmente, como Yo, inútilmente, te acaricio con mi amor — de obrar engañosamente con tu Maestro! Pero no eres tú el que actúa. Es el que te odia y me odia. Por eso te decía: “No estés solo”. Pues bien, escucha. Tú sabes que mis noches pasan en gran parte en oración. Si un día sientes en ti la valentía de ser hombre y la voluntad de ser mío, ven a mí mientras tus compañeros duermen. Las estrellas, las flores, los pájaros son testigos prudentes y buenos. Secretos. Compasivos. Se horrorizan por el delito cometido ante sus ojos, pero no toman la palabra para decir a los hombres: “Éste es un Caín de su hermano”. ¿Has comprendido, Judas?».

«Sí, Maestro. Pero, créeme, lo único que me pasa es que estoy cansado y emocionado. Yo te amo con todo mi corazón y…».

«Bien. Basta».

«¿Me das un beso, Maestro?».

«Sí, Judas. Éste y otros te daré…».

Jesús suspira profundamente, con pena. Pero besa a Judas en la mejilla. Y luego le toma la cabeza entre las palmas y, teniéndole bien apretado entre la prensa de sus manos, frente a sí, a la distancia de pocos decímetros, le mira fijamente, le escruta, le perfora con su mirada magnética. Y el infame de Judas ni se inmuta. Aparentemente permanece impertérrito ante este examen. Sólo se pone un poco pálido y cierra un instante los ojos. Y Jesús le besa en los párpados bajados, y luego en la boca y luego en el corazón, agachando la cabeza para buscar el corazón del discípulo… y dice: «Para alejar las ofuscaciones, para hacerte sentir la dulzura de Jesús, para fortalecerte el corazón». Y luego le suelta y se encamina hacia la casa, seguido por Judas.

406.7

«¡Llegas a punto, Maestro! Todo está listo. Te esperábamos sólo a ti» dice Pedro.

«Ya. Bien. Estaba hablando con Judas de muchas cosas… ¿Verdad, Judas? Habrá que pensar también en aquel pobre anciano al que le mataron al hijo».

«¡Ah!». Judas coge al vuelo esta buena ocasión para terminar de recobrarse y para desviar las sospechas de los demás, si es que las hubiera. «¡Ah! ¿Sabes, Maestro? Hoy nos ha parado un grupo de gentiles mezclados con judíos de las colonias romanas de Grecia. Querían saber muchas cosas. Hemos respondido como hemos podido. Pero está claro que no los hemos convencido. De todas formas, han sido buenos y nos han dado mucha moneda. Aquí está, Maestro. Vamos a poder hacer mucho bien». Y Judas pone en la mesa un gruesa bolsa de blanda piel, la cual, golpeando contra aquélla, suena con sonido de plata. Es gruesa como una cabeza de niño.

«De acuerdo, Judas. Distribuirás el dinero con equidad. ¿Qué querían saber esos gentiles?».

«Cosas sobre la vida futura… si el hombre tiene alma y si es inmortal. Mencionaban los nombres de maestros suyos. Pero nosotros… ¿qué podíamos decir?».

«Debíais haberles dicho que vinieran».

«Se lo hemos dicho. Quizás vienen».

Sigue la comida. Jesús tiene cerca a Judas y le da el pan mojado en el jugo que hay en el plato de la carne asada.

Están comiendo pequeñas aceitunas negras cuando se oye llamar a la puerta. Pasado un momento, entra la mujer de la casa y dice: «Maestro, te requieren».

«¿Quiénes son?».

«Hombres extranjeros».

«¡Imposible!», «¡El Maestro está cansado!», «¡Lleva todo el día andando y hablando!» «¡Y además, gentiles en casa! ¡Figúrate!». Los doce están revolucionados como una colmena disturbada.

«¡Chist! ¡Paz! No me es fatigoso escuchar a quien me busca. Es mi descanso».

«¡Podría ser una trampa! ¡A esta hora!…».

«No. No lo es. Estad tranquilos y descansad vosotros. Yo ya he descansado mientras os esperaba. Voy. No os pido que vengáis conmigo, a pesar de que… a pesar de que os digo que precisamente a los gentiles tendréis que llevar vuestro judaísmo, que ya no será sino cristianismo. Esperadme aquí».

«¿Vas solo? ¡Ah! ¡Eso nunca!» dice Pedro, y se levanta.

«Quédate donde estás. Voy solo».

406.8

Sale. Se asoma a la puerta de la calle. En el crepúsculo son muchos hombres los que esperan.

«La paz sea con vosotros. ¿Me requeríais?».

«¡Salve, Maestro!». Habla un anciano de grave aspecto, vestido con una túnica romana que sobresale bajo un pequeño manto de forma redondeada y provisto de capucha, que cubre su cabeza. «Hoy hemos hablado con tus discípulos. Pero no nos han sabido decir mucho. Quisiéramos hablar contigo».

«¿Sois los de la generosa limosna? Gracias por los pobres de Dios». Jesús se vuelve a la dueña de la casa y dice: «Mujer, salgo con éstos. Di a los míos que vengan a reunirse conmigo a la orilla, porque, si no veo mal, éstos son comerciantes de los emporios…».

«Y navegantes, Maestro. Bien ves».

Salen todos juntos a la calle, iluminada por un hermoso claro de luna.

«¿Venís de lejos?». Jesús está en el centro del grupo. A su lado, el anciano que habló primero, un anciano de buena presencia y afilado perfil latino. Al otro lado va otro también entrado en años, de rostro netamente hebreo; y luego, alrededor, dos o tres delgados y aceitunados, de ojos penetrantes y un poco irónicos, y otros más robustos de distintas edades. Unas diez personas.

«Somos de las colonias romanas de Grecia y Asia. Parte judíos, parte gentiles… No nos atrevíamos a venir por este motivo… Pero nos han asegurado que no desprecias a los gentiles… como hacen los otros… Los judíos observantes, quería decir, los de Israel, porque en otros lugares también los judíos son… menos intransigentes. Tanto que yo, romano, tengo por esposa a una judía de Licaonia, y éste, hebreo de Éfeso, tiene por esposa a una romana».

«No desprecio a nadie… Pero hay que comprender a quienes todavía no saben pensar que, siendo Uno el Creador, todos los hombres son de una única sangre».

«Sabemos que eres grande entre los filósofos. Y cuanto dices lo confirma. Grande y bueno».

«Bueno es quien hace el bien. No quien habla bien».

«Tú hablas bien y obras el bien. Por tanto eres bueno».

406.9

«¿Qué queríais saber por mí?».

«Hoy — y perdona, Maestro, si te cansamos con nuestras curiosidades, pero son curiosidades buenas, porque buscan con amor la Verdad —, hoy queríamos saber por los tuyos la verdad acerca de una doctrina que fue ya señalada por filósofos antiguos de Grecia, y que Tú — eso nos dicen — vuelves a predicar más grande y hermosa. Eunica, mi mujer, habló con judíos que te escucharon y me repitió aquellas palabras. Es que Eunica, griega, es culta y conoce las palabras de los sabios de su patria. Encontró puntos comunes entre tus palabras y las de un gran filósofo griego. Y también a Éfeso llegaron esas palabras tuyas. Conque, habiendo venido a este puerto, quién por comercio, quién por rito, nos hemos encontrado de nuevo los amigos y hemos hablado. Los negocios no distraen de pensar también en otras cosas más elevadas. Llenados los almacenes y las bodegas, tenemos tiempo de resolver esta duda. Tú dices que el alma es eterna. Sócrates dice que es inmortal. ¿Conoces las palabras del maestro griego?».

«No. No he estudiado en las escuelas de Roma ni de Atenas. Pero, de todas formas, habla. Te entiendo igualmente. No ignoro el pensamiento del filósofo griego».

«Sócrates, contrariamente a lo que creemos nosotros los de Roma, y también a lo que creen vuestros saduceos, admite y sostiene que el hombre tiene un alma, y que ésta es inmortal. Dice que, siendo inmortal, la muerte no es más que una liberación para el alma y paso de ella de una cárcel a un lugar libre, donde se reúne con aquellos a quienes amó, y allí conoce a los sabios de cuyo ingenio oyó hablar, y a los grandes, a los héroes, a los poetas, y no encuentra ya ni injusticias ni dolor, sino felicidad eterna, en una morada de paz, abierta a las almas inmortales que vivieron con justicia. ¿Tú que opinas de esto, Maestro?».

«En verdad te digo que el maestro griego, a pesar de estar en el error de una religión no verdadera, estaba en la verdad llamando inmortal al alma. Buscador de lo Verdadero y cultor de la Virtud, sentía en el fondo de su espíritu susurrar la voz del Dios desconocido, del verdadero Dios, del Dios único: el altísimo Padre de quien Yo vengo para llevar a los hombres a la Verdad.

406.10

El hombre tiene un alma. Una. Verdadera. Eterna. Señora. Merecedora de premio o castigo. Toda suya. Creada por Dios. Destinada, en el Pensamiento creador, a volver a Dios. Vosotros, gentiles, demasiado os dedicáis al culto de la carne. Admirable obra, en verdad, que lleva la señal del Pulgar eterno. Demasiado admiráis la mente, joya encerrada en el cofre de vuestra cabeza, desde donde emana sus sublimes rayos. Grande, superno don de Dios Creador, que os ha hecho según su Pensamiento como formas, o sea, obra perfecta de órganos y miembros, y os ha dado su semejanza con el Pensamiento y con el Espíritu. Pero la perfección de la semejanza está en el espíritu. Porque Dios no tiene miembros ni calígine de carne, como tampoco tiene sentidos ni fómite de lujuria, sino que es Espíritu purísimo, eterno, perfecto, inmutable, incansable en el obrar, y se renueva continuamente en sus obras, adecuadas paternalmente al camino ascendente de su criatura. El espíritu, creado por una misma Fuente de potencia y bondad, para cada hombre, no conoce inicial variación de perfección, pero conoce muchas variaciones a partir de su infusión en la carne. Uno solo es el Espíritu increado y perfectísimo, y que siempre ha permanecido así; tres han sido los espíritus creados perfectos y…».

«Uno eres Tú, Maestro».

«No Yo[1]. En mi Carne Yo tengo el Espíritu divino, no creado sino generado por el Padre por exuberancia de amor. Y tengo alma, el alma que me ha creado el Padre, siendo Yo, ahora, el Hombre; alma perfecta como conviene al Hombre Dios. Hablo de otros espíritus».

«¿Cuáles, pues?».

«Los dos progenitores de quienes viene la raza, creados perfectos y posteriormente caídos, voluntariamente, en imperfección. El tercero, creado para delicia de Dios y del universo, es demasiado superior a la posibilidad de pensamiento y de fe del mundo de ahora como para que os lo señale. Los espíritus, decía, creados por una misma Fuente con igual medida de perfección, sufren luego, por su mérito y voluntad, una dúplice metamorfosis».

«¿Entonces admites segundas vidas?».

«No hay más que una vida. En ella el alma, que ha recibido la semejanza inicial con Dios, pasa, por la justicia fielmente practicada en todas las cosas, a una más perfecta semejanza, a una, diría, segunda creación de sí misma, por lo que pasa a una doble semejanza con su Creador, haciéndose capaz de pasar a poseer la santidad, que es perfección de justicia y semejanza de hijo con el Padre. Ésta se da en los bienaventurados, o sea, en aquellos que vuestro Sócrates dice que habitan en el Hades, mientras que Yo os digo que, cuando la Sabiduría haya dicho sus palabras y las haya firmado con la sangre, éstos serán llamados los bienaventurados del Paraíso, del Reino, es decir, de Dios».

«¿Y dónde están ahora éstos?».

«Esperando».

«¿A qué?».

«Al Sacrificio. Al Perdón. A la Liberación».

«Se dice que será el Mesías el Redentor, y que ése eres Tú… ¿Es verdad?».

«Es verdad. Soy Yo, el que os habla».

406.11

«¿Entonces deberás morir? ¿Por qué, Maestro? El mundo tiene mucha necesidad de Luz, ¿y Tú quieres dejarle?».

«Tú, griego, me preguntas esto? ¿Tú, en quien las palabras de Sócrates tienen trono?».

«Maestro, Sócrates era un justo. Tú eres santo. Mira cuánta necesidad de santidad tiene la Tierra».

«Aumentará potenciada diez mil veces por cada dolor, cada herida, cada gota de mi Sangre».

«¡Por Júpiter! Jamás hubo un estoico mayor que Tú, que no te limitas a predicar el desprecio de la vida, sino que te apresuras a desecharla».

«No desprecio la vida. La amo como la cosa más útil para comprar la salvación del mundo».

«¡Pero eres joven, Maestro, para morir!».

«Tu filósofo dice que los dioses aman lo santo, y tú me has llamado santo. Si soy santo, debo tener sed de volver a la Santidad de la cual he venido. Nunca tan joven, pues, como para no tener esta sed. Dice también Socrates que quien es santo anhela hacer cosas gratas a los dioses. ¿Qué cosa más grata que restituir al abrazo del Padre a los hijos que la culpa ha alejado y dar al hombre la paz con Dios, fuente de todo bien?».

«Dices que no conoces las palabras socráticas. ¿Cómo es que sabes entonces estas que dices?».

«Yo sé todo. El pensamiento de los hombres — cuanto es pensamiento bueno — no es sino el reflejo de un pensamiento mío. Cuanto no es bueno no es mío; de todas formas, lo he leído en las épocas históricas y he sabido, sé y sabré, cuando fue, es y será dicho. Yo sé».

406.12

«Señor, ven a Roma, faro del mundo. Aquí estás rodeado de odio, allí te rodeará la veneración».

«Al hombre. No al Maestro de lo sobrenatural. Yo he venido para lo sobrenatural, que debo ofrecer a los hijos del pueblo de Dios, a pesar de que sean los más duros con el Verbo».

«¿Roma y Atenas no te tendrán, entonces?».

«Me tendrán. No temáis. Me tendrán. Los que quieran tenerme me tendrán».

«Pero si te matan…».

«El espíritu es inmortal. El de cada uno de los hombres. ¿No lo va a ser el mío, Espíritu del Hijo de Dios? Iré con mi Espíritu operante… Iré… Veo las muchedumbres infinitas y las casas elevadas en honor de mi Nombre… Están en todos los lugares… Hablaré en las catedrales y en los corazones… No conocerá pausa mi evangelización… El Evangelio recorrerá la Tierra… los buenos, todos a mí… y… paso a la cabeza de mi ejército de santos y le llevo al Cielo. Venid a la Verdad…».

«¡Oh! ¡Señor! Tenemos el alma envuelta en fórmulas y en errores. ¿Cómo lograremos abrir sus puertas?».

«Yo abriré las puertas del Infierno, abriré las puertas de vuestro Hades y de mi Limbo. ¿No voy a poder abrir las vuestras? Decid: “Quiero” y, como cierre hecho con alas de mariposa, caerán pulverizadas al paso de mi Rayo».

«¿Quién vendrá en tu Nombre?».

«¿Veis a aquel hombre que viene hacia aquí junto con otro poco más que adolescente? Ellos irán a Roma y al mundo. Y con ellos muchos otros. Tan diligentes, como ahora, por el amor a mí que los impulsa y que no les deja hallar descanso sino a mi lado, irán, por el amor de los redimidos por mi Sacrificio, a buscaros, a reuniros, a conduciros a la Luz. ¡Pedro! ¡Juan! Venid. He terminado, creo. Ahora estoy con vosotros. ¿Tenéis algo más que decirme?».

«Sí, Maestro. Que nos vamos y llevamos con nosotros tus pala­bras».

«Germinen en vosotros con raíces eternas. Id. La paz sea con vosotros».

«Salve a ti, Maestro».

Y la visión termina…

406.13

Pero dice todavía Jesús: «¿Estás agotada? El dictado ha sido cansado. Más dictado que visión. Pero es un tema deseado por algunos. ¿Quién? Lo sabrás en mí Día. Ahora ve en paz tú también».

Por mi parte añado que el coloquio entre Jesús y los gentiles tenía lugar en una calle de ciudad marítima paralela a la orilla. Bien vivibles con el claro de luna eran las serenas olas, que iban a morir con resaca en los escollos del rompeolas de un vasto puerto lleno de naves. No he podido decirlo antes, porque el grupo ha hablado sin parar y, si describía el lugar, perdía el hilo de las palabras. Hablan caminando por un tramo de la calle cercano al puerto. La calle está solitaria porque no hay viandantes y todos los marineros han regresado a sus naves, cuyos faroles rojos se ven resplandecer como estrellas de rubí en la noche. No sé qué ciudad es. Eso sí, es bonita e importante.


Notes

  1. L’esprit créé… jusqu’à les esprits créés parfaits… a été réécrit par Maria Valtorta sur une page dactylographiée de la façon suivante : L’esprit, créé pour tous les hommes à partir d’une même Source de puissance et de bonté, ne connaît pas de différence de perfection “ initiale ”, mais il en connaît beaucoup dès qu’il est uni à la chair. Il y a un seul Esprit incréé et parfait, et qui l’est toujours resté. Il y a trois esprits créés parfaits et… La réponse suivante de Jésus, qui commence par Non, pas moi a été entièrement réécrite par Maria Valtorta sur une copie dactylographiée de la manière suivante : J’ai dans ma chair l’Esprit divin, incréé, mais engendré par le Père par surabondance d’amour. Et j’ai l’âme que le Père m’a créée puisque je suis, maintenant, l’Homme. C’est une âme parfaite, comme cela convient à l’Homme-Dieu. Mais je parle d’autres esprits. Toujours sur la même copie dactylographiée, Maria Valtorta a ajouté cette note : Il parle ici en tant que Dieu-Verbe “ par qui tout a été fait ”, même son âme d’Homme. S’il parlait en tant qu’homme, il dirait que Dieu — donc encore lui-même — a créé “ l’unique esprit parfait ” pour l’unir à sa chair de Verbe incarné, en qui se concentrent toutes les perfections. Et il s’adresse à des païens, donc d’une manière adaptée à leur ignorance en la matière. Il faut aussi tenir compte de notre note en 17.2 sur l’usage parfois ambigu des termes “ âme ” et “ esprit ”. A la lumière de ce que Jésus dit de lui en 80.9 et en 272.4, on peut affirmer que l’esprit (une des trois parties qui constituent l’homme : corps, âme et esprit), créé (et infusé) par le Père pour tout homme, a été, dans le cas du Christ, engendré (et non pas créé) par le Père. Par conséquent, l’âme du Christ est créée et son esprit incréé.

Notas

  1. No Yo. En una copia mecanografiada, MV añadió: Habla aquí como Dios-Verbo “por quien todas las cosas fueron hechas”, incluso su alma de Hombre. Si hablara como Hombre, diría que Dios, o sea, también Él, creó “el único espíritu perfectísimo ” para unirlo a su Carne de Verbo encarnado en que todos las perfecciones convergen. Y habla a Gentiles, por tanto, de forma adecuada a su ignorancia pagana.