Los Escritos de Maria Valtorta

41. La discussion de Jésus avec les docteurs au Temple.

41. La disputa de Jesús con los doctores en el Templo.

41.1

Je vois Jésus. C’est un adolescent. Il porte une tunique faite, me semble-t-il, de lin blanc qui lui descend jusqu’aux pieds. Par-dessus, il s’est drapé dans une étoffe rectangulaire rouge clair. Il est tête nue avec des cheveux longs qui lui descendent à la moitié des oreilles, plus foncés que lorsque je l’ai vu plus petit. C’est un garçon robuste, très grand pour son âge, mais dont le visage est encore enfantin.

Il me regarde et me sourit en me tendant les mains. Son sourire, pourtant, ressemble déjà à celui que je lui vois adulte : doux et plutôt sérieux. Il est seul. Je ne vois rien d’autre en ce moment. Il est appuyé à un petit mur au-dessus d’une ruelle tout en montées et en descentes, pierreuse, avec au milieu une rigole qui, par temps de pluie, se transforme sûrement en ruisseau. Mais il est à sec pour le moment car la journée est belle.

J’ai l’impression de m’approcher, moi aussi, du muret et de regarder à l’entour et en bas comme le fait Jésus. Je vois un groupe de maisons disposées sans aucun ordre. Il y en a de hautes, de basses, orientées dans tous les sens. On dirait – la comparaison est pauvre mais assez juste – une poignée de cailloux blancs jetés sur un terrain obscur. Les rues et ruelles ressemblent à des veines au milieu de cette blancheur. Çà et là des arbres sortent d’entre les murs. Beaucoup sont en fleurs et beaucoup couverts de feuilles nouvelles. Ce doit être le printemps.

A gauche, par rapport à moi qui regarde, il y a un grand ensemble de bâtiments, disposé sur trois rangées de terrasses cou­vertes de constructions, et puis des tours, des cours et des por­tiques au centre desquels s’élève un édifice plus haut, majestueux, très riche, à dômes ronds qui brillent au soleil comme s’ils étaient couverts de métal : cuivre ou or. Le tout est entouré d’une muraille crénelée, aux créneaux en forme decomme si c’était une forteresse. Une tour plus haute que les autres, à cheval sur une rue plutôt étroite et montante, domine nettement ce vaste ensemble. On dirait une sentinelle sévère.

Jésus regarde fixement cet endroit, puis il se retourne et s’adosse de nouveau au muret comme il l’était auparavant, puis il regarde une butte qui est en face de l’ensemble de bâtiments, un monticule couvert de maisons jusqu’à la base et ensuite dénudé. Je vois qu’une rue se termine là par un arc au-delà duquel il n’y a plus qu’une rue pavée de pierres quadrangulaires, irrégulières et disjointes. Elles ne sont pas exagérément grandes comme les pierres des routes consulaires romaines. Elles ressemblent plutôt aux pierres classiques mais disjointes des vieux trottoirs de Viareggio (je ne sais s’ils existent encore). C’est une mauvaise route. Le visage de Jésus devient tellement sérieux que je me mets à chercher sur ce monticule la cause de cette tristesse. Mais je n’y vois rien de spécial. C’est une hauteur dénudée, c’est tout. En revanche, je perds Jésus car, quand je me retourne, il n’est plus là. Et je m’assoupis avec cette vision…

41.2

…Quand je me réveille, gardant au cœur le souvenir de cette scène, et après avoir retrouvé un peu de forces et de calme – car tout le monde dort – je me trouve à un endroit que je n’ai jamais vu. Il y a des cours, des fontaines, des portiques, des maisons ­ ou plus exactement des pavillons, car elles ont plus l’air de pavillons que de maisons. Il y a là une foule nombreuse, habillée à l’ancienne mode hébraïque et beaucoup de brouhaha. En regardant autour de moi, je me rends compte que je suis à l’intérieur de cet ensemble de bâtiments que Jésus regardait. Je vois en effet la muraille crénelée qui l’entoure, la tour de guet et l’imposant édifice qui se dresse au centre et sur lequel s’appuient les très beaux et vastes portiques sous lesquels se presse une foule occupée, qui à une chose, qui à une autre.

Je me rends compte que je me trouve dans l’enceinte du Temple de Jérusalem. Je vois des pharisiens en longs vêtements flottants, des prêtres vêtus d’habits de lin avec une plaque de métal précieux au sommet de la poitrine et sur le front et d’autres points qui luisent çà et là sur leurs vêtements très amples et blancs que retient à la taille une ceinture de grand prix. Il y en a aussi d’autres, moins chamarrés, mais qui doivent eux aussi appartenir à la caste sacerdotale et qui sont entourés de disciples plus jeunes. Je comprends qu’il s’agit des docteurs de la Loi. Je me sens perdue au milieu de tous ces personnages, d’autant plus que je ne sais pas bien ce que j’ai à faire là dedans.

41.3

Je m’approche d’un groupe de docteurs où une discussion[1] théologique s’est engagée. Une grande foule en fait de même.

Parmi les « docteurs », il y a un groupe à la tête duquel se trouve un certain Gamaliel avec un autre, âgé et presque a­veugle, qui soutient Gamaliel au cours de la discussion. J’entends qu’on l’appelle Hillel (je mets le H parce que j’entends une aspiration au début de son nom), et il paraît être le maître ou le parent de Gamaliel parce que ce dernier le traite avec confiance et respect en même temps. Le groupe de Gamaliel a des vues plus larges, alors qu’un autre groupe, le plus nombreux, est dirigé par un certain Chammaï et se caractérise par cette intransigeance haineuse et rétrograde que l’Evangile met si bien en lumière.

Gamaliel, entouré d’un groupe important de disciples, traite de la venue du Messie. S’appuyant sur la prophétie de Daniel, il soutient que le Messie doit être déjà né. En effet, depuis une dizaine d’années environ, les soixante-dix semaines indiquées par la prophétie sont accomplies, à dater du décret de reconstruction du Temple. Chammaï le combat en affirmant que s’il est vrai que le Temple a été reconstruit, il n’en est pas moins vrai que l’esclavage d’Israël n’a fait que croître et que la paix qu’aurait dû apporter celui que les prophètes appellent « le Prince de la paix » est bien loin de régner dans le monde, et spécialement à Jérusalem opprimée par un ennemi qui ose pousser sa domination jusque dans l’enceinte du Temple dominée par la Tour Antonia remplie de légionnaires romains prêts à apaiser par l’épée tout soulèvement patriotique.

La discussion, pleine d’ergoteries, traîne en longueur : chaque maître fait étalage d’érudition, moins pour vaincre son rival que pour s’imposer à l’admiration des auditeurs. Cette intention est évidente.

41.4

Du groupe compact de ses fidèles sort une fraîche voix d’enfant :

« C’est Gamaliel qui a raison. »

Mouvement de la foule et du groupe des docteurs. On cherche l’intervenant. Mais nul besoin de le chercher, il ne se cache pas. Il se fraye un chemin et s’approche du groupe des “ rabbis ”. Je reconnais mon Jésus adolescent. Il est sûr de lui et franc, avec des yeux qui pétillent d’intelligence.

« Qui es-tu ? lui demande-t-on.

– Un fils d’Israël venu accomplir ce que la Loi ordonne. »

La réponse hardie et pleine d’assurance le rend sympathique et lui vaut des sourires d’approbation et de bienveillance. On s’intéresse au petit israélite :

« Comment t’appelles-tu ?

– Jésus de Nazareth. »

La bienveillance s’atténue dans le groupe de Chammaï. Mais Gamaliel, mieux disposé, poursuit le dialogue en même temps que Hillel. Ou plutôt c’est Gamaliel qui, respectueusement, con­seille au vieillard :

« Demande quelque chose à l’enfant.

– Sur quoi fondes-tu ta certitude ? » demande Hillel.

(Je mets les noms en tête des réponses pour abréger et pour que ce soit plus clair).

Jésus : « Sur la prophétie qui ne peut faire erreur sur l’époque et les signes qui l’ont accompagnée quand ce fut le moment de sa réalisation. C’est vrai que César nous domine. Mais le monde jouissait d’une telle paix et la Palestine était si calme quand expirèrent les soixante-dix semaines qu’il fut possible à César d’ordonner un recensement dans ses domaines. Il ne l’aurait pas pu s’il y avait eu la guerre dans l’Empire et des soulèvements en Palestine. De même que ce temps était accompli, on arrive à la fin de l’autre intervalle de temps de soixante-deux se­maines plus une depuis l’achèvement du Temple, pour que le Messie soit consacré et que se réalise la suite de la prophétie pour le peuple qui ne l’a pas accepté. Pouvez-vous avoir des doutes ? Ne vous rappelez-vous pas l’étoile que virent les sages d’Orient et qui alla justement se poser dans le ciel de Bethléem de Juda ? Oubliez-vous que les prophéties et les visions, depuis Jacob et par la suite, indiquent ce lieu comme destiné à accueillir la nais­sance du Messie, arrière-petit-fils de Jacob, par David qui était de Bethléem ? Ne vous rappelez-vous pas Balaam ? “ Une étoile naîtra de Jacob. ” Les sages d’Orient, auxquels la pureté et la foi gardaient ouverts les yeux et les oreilles, ont vu l’étoile et ont compris son nom : “ Messie ” et ils sont venus adorer la Lumière allumée dans le monde. »

41.5

Chammaï, le regard livide : « Tu affirmes que le Messie est né au temps de l’étoile à Bethléem Ephrata ? »

Jésus : « Je l’affirme. »

Chammaï : « Alors il n’existe plus. Ignores-tu, mon enfant, qu’Hérode a fait tuer tous les garçons d’un jour à deux ans de Bethléem et des environs ? Toi qui connais si bien les Ecritures, tu dois aussi savoir cela : “ Un cri s’est élevé… C’est Rachel qui pleure ses enfants. ” Les vallées et les collines de Bethléem qui ont recueilli les pleurs de Rachel mourante sont restées remplies de ces pleurs, et les mères en ont fait de même sur leurs fils massacrés. Parmi elles, il y avait certainement aussi la Mère du Messie. »

Jésus : « Tu te trompes, vieillard. Les pleurs de Rachel se sont changés en hosanna, parce que là où elle avait mis au jour “ le fils de sa douleur ”, la nouvelle Rachel a donné au monde le Benjamin du Père céleste, le Fils de sa droite, celui qui est destiné à rassembler les peuples sous son sceptre et à le libérer de la plus terrible des servitudes. »

Chammaï : « Et comment, s’il a été tué ? »

Jésus : « N’as-tu pas lu, en parlant d’Elie, qu’il fut enlevé dans un char de feu ? Par conséquent le Seigneur Dieu ne pourrait-il pas avoir sauvé son Emmanuel pour qu’il devienne le Messie de son peuple ? Lui qui a ouvert la mer devant Moïse afin qu’Israël rejoigne sa terre à pied sec, n’aurait-il donc pas pu envoyer ses anges sauver son Fils, son Christ, de la férocité de l’homme ? En vérité je vous le dis : le Christ vit et il est parmi vous, et quand son heure sera venue, il se manifestera dans toute sa puis­sance. »

En disant ces mots que je souligne, Jésus a dans la voix un éclat qui remplit l’espace. Ses yeux brillent encore plus fort et, avec quelque chose d’impérieux, comme poussé par la promesse, il tend le bras et la main droite comme pour un serment. C’est un enfant, mais il est aussi solennel qu’un homme.

41.6

Hillel : « Mon enfant, qui t’a enseigné ces paroles ? »

Jésus : « L’Esprit de Dieu. Je n’ai pas de maître humain. C’est la parole de Dieu que vous entendez de ma bouche. »

Hillel : « Viens parmi nous, que je te voie de près, mon enfant ! Que mon espérance se ravive au contact de ta foi et que mon âme s’illumine au soleil de la tienne ! »

On fait asseoir Jésus sur un siège élevé entre Gamaliel et Hillel et on lui apporte des rouleaux pour qu’il les lise et les explique. C’est un examen en règle. La foule se presse et écoute.

La voix enfantine de Jésus lit :

« “ Console-toi, ô mon peuple. Parlez au cœur de Jérusalem, consolez-la car son esclavage est fini… Voix de quelqu’un qui crie dans le désert : préparez les chemins du Seigneur… Alors apparaîtra la gloire du Seigneur… ” »

Chammaï : « Tu vois bien, Nazaréen ! On y parle d’esclavage fini. Or jamais nous n’avons été aussi esclaves qu’à notre époque. Et on y parle d’un précurseur. Où est-il donc ? Tu dis n’importe quoi ! »

Jésus : « Je te dis que c’est à toi plus qu’aux autres que s’a­dresse l’invitation du Précurseur. A toi et à tes semblables. Autrement tu ne verras pas la gloire du Seigneur et tu ne comprendras pas la parole de Dieu, car la bassesse, l’orgueil, l’hypocrisie t’empêcheront de voir et d’entendre. »

Chammaï : « C’est ainsi que tu parles à un maître ? »

Jésus : « C’est ainsi que je parle et que je parlerai jusqu’à ma mort. Car au-dessus de mon intérêt il y a celui du Seigneur et l’amour pour la Vérité dont je suis le Fils. Et j’ajoute pour toi, rabbi, que l’esclavage dont parle le prophète et dont je parle moi aussi, n’est pas celui que tu crois, de même que la royauté n’est pas celle à laquelle tu penses. Au contraire, c’est par les mérites du Messie que l’homme sera libéré de l’esclavage du Mal qui le sépare de Dieu ; le signe du Christ s’imprimera sur les âmes libérées de tout joug et elles deviendront des sujets de son Royaume éternel. Toutes les nations inclineront la tête, ô race de David, devant le Germe né de toi et devenu l’arbre qui recouvre toute la terre et s’élève jusqu’au ciel. Au Ciel et sur la terre toute bouche louera son nom et tout genou fléchira devant l’Oint de Dieu, le Prince de la paix, le Chef, celui qui enivrera de lui-même toute âme fatiguée et rassasiera toute âme affamée, le Saint qui conclura une alliance entre la terre et le Ciel. Non pas comme celle qui fut conclue avec les Pères d’Israël quand Dieu les fit sortir d’Egypte, en les traitant encore comme des serviteurs, mais en gravant la pensée de la paternité céleste dans les âmes des hommes par la grâce nouvellement versée en eux par les mérites du Rédempteur. Par lui, tous les bons connaîtront le Seigneur, et le Sanctuaire de Dieu ne sera plus abattu ni détruit. »

Chammaï : « Mais ne blasphème pas, mon enfant ! Rappelle-toi Daniel. Il dit qu’après la mort du Christ, le Temple et la Cité seront détruits par un peuple et un chef qui viendra. Or toi, tu soutiens que le Sanctuaire de Dieu ne sera plus abattu ! Respecte les prophètes ! »

Jésus : « En vérité, je te dis qu’il y a Quelqu’un de plus grand que les prophètes ; tu ne le connais pas et ne le connaîtras pas parce qu’il te manque le désir de le connaître. Et je t’affirme que tout ce que j’ai dit est vrai. Le vrai Sanctuaire ne connaîtra plus la mort mais, comme celui qui le sanctifie, il ressuscitera pour la vie éternelle et à la fin des jours du monde, il vivra au Ciel. »

41.7

Hillel : « Ecoute, mon enfant. Aggée dit : “ … Il viendra, le Désiré des nations. Grande alors sera la gloire de cette maison et de cette dernière plus que de la première. ” Veut-il donc parler du même sanctuaire que toi ? »

Jésus : « Oui, Maître, c’est bien ce qu’il veut dire. Ta droiture t’achemine vers la lumière et moi je te dis : quand le sacrifice du Christ sera accompli, la paix viendra vers toi parce que tu es un israélite juste. »

Gamaliel : « Dis-moi, Jésus. La paix dont parlent les prophètes, comment peut-on l’espérer si la guerre vient détruire ce peuple ? Parle et éclaire-moi, moi aussi. »

Jésus : « Ne te souviens-tu pas, Maître, de ce qu’ont dit ceux qui étaient présents la nuit de la naissance du Christ ? Que les troupes angéliques ont chanté : “ Paix aux hommes de bonne volonté. ” Mais ce peuple ne fait preuve d’aucune bonne volonté et il n’obtiendra pas la paix. Il méconnaîtra son Roi, le Juste, le Sauveur, parce qu’il attend un roi revêtu de la puissance humaine alors qu’il est le Roi de l’esprit. Ce peuple ne l’aimera pas, car le Christ prêchera ce qui ne plaît pas à ce peuple. Le Christ ne combattra pas des ennemis pourvus de chars et de cavalerie, mais les ennemis de l’âme qui inclinent vers des jouissances infernales le cœur de l’homme créé pour le Seigneur. Or ce n’est pas la victoire qu’Israël attend de lui. Il viendra, Jérusalem, ton Roi monté sur l’“ ânesse et l’ânon ”, c’est-à-dire les justes d’Israël et les païens. Mais l’ânon, je vous le dis, lui sera plus fidèle et le suivra en précédant l’ânesse et il grandira sur la voie de la vérité et de la vie. Israël, à cause de sa volonté mauvaise, perdra la paix et souffrira en lui-même, pendant des siècles, ce qu’il a fait souffrir à son Roi qu’il aura réduit à être l’Homme des douleurs dont parle Isaïe. »

41.8

Chammaï : « Ta bouche profère à la fois des enfantillages et des blasphèmes, Nazaréen. Réponds : et où se trouve le Précurseur ? Quand l’avons-nous eu ? »

Jésus : « Il existe. Malachie ne dit-il pas : “ Voici que j’envoie mon ange préparer devant moi le chemin ; alors viendra aussitôt à son Temple le Dominateur que vous cherchez et l’Ange du Testament que vous désirez ardemment ” ? Donc, le Précurseur précède immédiatement le Christ. Il est déjà là, comme le Christ. S’il y avait des années entre celui qui prépare le chemin du Seigneur et le Christ, tous les chemins s’encombreraient et dévieraient. Dieu le sait et il a décidé que le Précurseur précèderait d’une seule heure le Maître. Quand vous verrez ce Précurseur, vous pourrez dire : “ La mission du Christ est commencée. ” Et je te dis, à toi : le Christ ouvrira beaucoup d’yeux et beaucoup d’oreilles quand il viendra sur ces chemins. Mais ni les tiens ni ceux de tes semblables, car vous lui donnerez la mort en échange de la Vie qu’il vous apporte. Mais lorsque le Rédempteur sera sur son trône et sur son autel, plus haut que ce Temple, plus haut que le tabernacle enfermé dans le Saint des Saints, plus haut que la gloire que soutiennent les chérubins, la malédiction pour les déicides et la vie pour les païens couleront de ses milliers de blessures. Car lui, ô maître qui l’ignores, n’est pas, je le répète, le roi de quelque domination humaine, mais d’un Royaume spirituel, et ses sujets seront uniquement ceux qui sauront renaître spirituellement par amour et, comme Jonas, renaître sur d’autres rivages après une première naissance : “ ceux qui appartiennent à Dieu ” par la régénération spirituelle advenue par le Christ qui donnera la vraie vie à l’humanité. »

41.9

Chammaï et son entourage : « Ce Nazaréen, c’est Satan ! »

Hillel et les siens : « Non. Cet enfant est un prophète de Dieu. Reste avec moi, mon garçon. Ma vieillesse te transmettra ce qu’elle sait à ton savoir et tu seras Maître du Peuple de Dieu. »

Jésus : « En vérité, je te dis que si beaucoup étaient comme toi, le salut arriverait à Israël. Mais mon heure n’est pas venue. Les voix du Ciel me parlent et c’est dans la solitude que je dois les recevoir jusqu’à ce que mon heure arrive. Alors, c’est de ma bouche et par mon sang que je m’adresserai à Jérusalem, et mon sort sera celui des prophètes lapidés et assassinés par elle. Mais, au-dessus de mon être, il y a le Seigneur Dieu, auquel je me soumets moi-même pour qu’il fasse de moi l’escabeau de sa gloire, en attendant qu’il fasse du monde un escabeau pour les pieds du Christ. Attendez-moi à mon heure. Ces pierres entendront de nouveau ma voix et frémiront à ma dernière parole. Bienheureux ceux qui, en cette voix, auront écouté Dieu et croiront en lui par son entremise. A ceux-là le Christ donnera son Royaume que votre égoïsme rêve tout humain alors qu’il est céleste. Pour l’avènement de ce Royaume, moi, je dis : “ Voici ton serviteur, Seigneur, venu pour faire ta volonté. Réalise-la entièrement, car je brûle de l’accomplir. ” »

Et ici se termine la vision de Jésus, le visage enflammé d’ardeur spirituelle, tourné vers le ciel, les bras ouverts, debout au milieu des docteurs stupéfaits.

(On est le 29 à 3 h 30).

Le 29 janvier 1944

41.10

Il me faut vous rapporter ici deux choses qui vous intéresseront certainement, et que j’avais décidé d’écrire dès mon réveil. Mais puisqu’il y en a d’autres plus pressantes, j’écrirai plus tard.

[…].

Voici ce que je voulais dire au début :

Vous me demandiez aujourd’hui comment j’avais pu connaître les noms d’Hillel et de Gamaliel ainsi que celui de Chammaï.

C’est la voix que j’appelle “ ma seconde voix ” qui me révèle ces choses. C’est une voix encore moins sensible que celle de mon Jésus et des autres qui dictent. Ces dernières sont des voix, je vous l’ai déjà dit et je vous le répète, que mon entendement spirituel perçoit comme s’il s’agissait de voix humaines. Je les perçois douces ou indignées, fortes ou légères, riantes ou tristes, exactement comme si on parlait tout près de moi. En revanche, cette “ seconde voix ” est comme une lumière, une intuition qui parle dans mon esprit. Je dis bien “ dans ” mon esprit et non pas à mon esprit. C’est une indication.

Ainsi, comme je m’approchais du groupe des gens qui discutaient, sans savoir quel était cet illustre personnage qui parlait avec tant de chaleur à côté d’un vieillard, cette “ voix ” inté­rieure me dit : « Gamaliel - Hillel. » Oui, d’abord Gamaliel et ensuite Hillel, je n’ai aucun doute. Pendant que je me demandais qui ils étaient, mon conseiller intérieur me montra le troisième individu antipathique tout juste au moment où Gamaliel l’appelait par son nom. C’est ainsi que j’ai pu savoir qui était l’homme à l’aspect de pharisien.

[…]

Le 22 février 1944.

[…]

41.11

Jésus dit :

[…]

« Revenons en arrière, très en arrière. Revenons au Temple où, à l’âge de douze ans, je suis en train de discuter. Revenons même sur les chemins qui mènent à Jérusalem et de Jérusalem au Temple.

Tu vois la douleur de Marie lorsque, au moment où les groupes d’hommes et de femmes se réunissent, elle se rend compte que je ne suis pas avec Joseph.

Elle ne s’emporte pas en durs reproches envers son époux. Toutes les femmes l’auraient fait. Elles l’auraient fait pour bien moins que cela, en oubliant que l’homme est toujours le chef de famille.

Mais la douleur qui se manifeste sur le visage de Marie transperce le cœur de Joseph plus qu’aucun reproche. Marie ne s’abandonne pas à des scènes dramatiques. Vous le faites pour bien moins que cela afin qu’on vous remarque et pour vous attirer la pitié. Mais sa douleur contenue est si évidente, à voir le tremblement qui la saisit, la pâleur de son visage, ses yeux dilatés, qu’elle émeut davantage qu’une scène de pleurs et de cris.

Elle ne sent plus la fatigue ni la faim. Pourtant, l’étape avait été longue et depuis si longtemps elle n’avait rien pris ! Mais elle laisse tout : la couchette que l’on préparait, la nourriture qui va être distribuée. Elle revient sur ses pas. C’est le soir et la nuit tombe. Peu importe. Chaque pas la rapproche de Jérusalem. Elle arrête les caravanes, les pèlerins, elle les interroge. Joseph la suit et l’aide. Une journée de marche à rebours, et puis l’angoissante recherche dans toute la ville.

Où, où donc peut être son Jésus ? Dieu permet que, pendant de si longues heures, elle ne sache pas où me chercher. Chercher un enfant au Temple n’avait pas de sens. Que pouvait bien faire un enfant au Temple ? Tout au plus s’il était perdu en ville et y était revenu, porté par ses petits pas, sa voix plaintive aurait appelé sa maman et attiré l’attention des adultes, des prêtres, qui auraient pensé à rechercher ses parents au moyen d’écriteaux apposés sur les portes. Or il n’y avait aucun écriteau. Personne en ville ne savait rien de cet enfant. Beau ? Blond ? Robuste ? Mais il y en a tellement ! C’était insuffisant pour pouvoir affirmer : “ Je l’ai vu, il était ici ou là ! ”

41.12

Puis, après trois jours ­ qui symbolisent les trois jours de sa future angoisse, Marie, à bout de forces, pénètre dans le Temple, traverse les cours et les vestibules. Rien. Elle cherche, elle court, la pauvre Maman, partout où elle entend une voix d’enfant. Les bêlements des agneaux eux-mêmes lui paraissent être la voix de celui qu’elle cherche. Mais Jésus ne pleure pas : il enseigne. Voilà que Marie entend, par delà une barrière de personnes, la chère voix qui dit : “ Ces pierres frémiront… ” Elle tente de se frayer un chemin à travers la foule et elle y réussit après beaucoup d’efforts. Le voilà, son Fils, les bras ouverts, bien droit au milieu des docteurs.

Marie est la Vierge prudente mais, cette fois, le chagrin la fait sortir de sa réserve. C’est un ouragan qui abat tout obstacle. Elle court vers son Fils, l’embrasse en le soulevant de son siège et le pose à terre en s’écriant :

“ Oh ! Pourquoi nous as-tu fait cela ? Cela fait trois jours que nous marchons à ta recherche. Ta Mère se meurt de chagrin, mon Enfant. Ton père tombe de fatigue. Pourquoi, Jésus ? ”

On ne demande pas “ pourquoi ” à Celui qui sait. Le “ pourquoi ” de sa façon d’agir. A ceux qui sont appelés, on ne de­mande pas “ pourquoi ” ils laissent tout pour suivre la voix de Dieu. J’étais la Sagesse et je savais. J’étais “ appelé ” à une mission et je l’accomplissais. Au-dessus du père et de la mère de la terre, il y a Dieu, le Père divin. Ses intérêts dépassent les nôtres, ses affections passent avant toutes les autres. C’est ce que je réponds à ma Mère.

Je termine l’enseignement aux docteurs par l’enseignement à Marie, Reine des docteurs. Et elle ne l’a jamais oublié. Le soleil est revenu dans son cœur, tandis qu’elle me tient par la main, humble et obéissant, mais mes paroles lui sont restées au plus profond du cœur. Beaucoup de jours ensoleillés ou nuageux passeront au cours de ces vingt et une années où je serai encore sur terre. Beaucoup de joies et beaucoup de peines et de pleurs alterneront dans son cœur pendant les vingt et une autres années qui suivront, mais elle ne demandera plus : “ Pourquoi, mon Fils, nous as-tu fait cela ? ”

Apprenez cette leçon, ô hommes arrogants.

41.13

J’ai voulu instruire et éclairer moi-même cette vision, parce que tu n’es pas en état de faire plus. »

[…]

41.1

Veo a Jesús. Es ya un adolescente. Lleva una túnica blanca que le llega hasta los pies; me parece que es de lino. Encima, se coloca, formando elegantes pliegues, una prenda rectangular de un color rojo pálido. Lleva la cabeza descubierta. Los cabellos, de una coloración más intensa que cuando le vi de niño, le llegan hasta la mitad de las orejas. Es un muchacho de complexión fuerte, muy alto para su edad (muy tierna aún, como refleja el rostro).

Me mira y me sonríe tendiendo las manos hacia mí. Su sonrisa de todas formas se asemeja ya a la que le veo de adulto: dulce y más bien seria. Está solo. Por ahora no veo nada más. Está apoyado en un murete de una callecita toda en subidas y bajadas, pedregosa y con una zanja que está aproximadamente en su centro y que en tiempo de lluvia se transforma en regato; ahora, como el día está sereno, está seca.

Me da la impresión de estarme acercando yo también al murete y de estar mirando alrededor y hacia abajo, como está haciendo Jesús. Veo un grupo de casas; es un grupo desordenado: unas son altas; otras, bajas; van en todos los sentidos. Parece — haciendo una comparación muy pobre pero muy válida — un puñado de cantos blancos esparcidos sobre un terreno oscuro. Las calles, las callejas, son como venas en medio de esa blancura. Ora aquí, ora allá, hay árboles que descuellan por detrás de las tapias; muchos de ellos están en flor, muchos otros están ya cubiertos de hojas nuevas: debe ser primavera.

A la izquierda respecto a mí que estoy mirando, se alza una voluminosa construcción, compuesta de tres niveles de terrazas cubiertas de construcciones, y torres y patios y pórticos; en el centro se eleva una riquísima edificación, más alta, majestuosa, con cúpulas redondeadas, esplendorosas bajo el sol, como si estuvieran recubiertas de metal, cobre u oro. El conjunto está rodeado por una muralla almenada (almenas de esta forma: “M”, como si fuera una fortaleza). Una torre de mayor altura que las otras, horcada en su base sobre una vía más bien estrecha y en subida, cual severo centinela, domina netamente el vasto conjunto.

Jesús observa fijamente ese lugar. Luego se vuelve otra vez, apoya de nuevo la espalda sobre el murete, como antes, y dirige su mirada hacia una pequeña colina que está frente al conjunto del Templo. El collado sufre el asalto de las casas sólo hasta su base, luego aparece virgen. Veo que una calle termina en ese lugar, con un arco tras el cual sólo hay un camino pavimentado con piedras cuadrangulares, irregulares y mal unidas; no son demasiado grandes, no son como las piedras de las calzadas consulares romanas; parecen más bien las típicas piedras de las antiguas aceras de Viareggio (no sé si existen todavía), pero colocadas sin conexión: un camino de mala muerte. El rostro de Jesús toma un aspecto tan serio, que yo fijo mi atención buscando en este collado la causa de esta melancolía. Pero no encuentro nada de especial; es una elevación del terreno, desnuda, nada más. Eso sí, cuando me vuelvo, he perdido a Jesús; ya no está ahí. Y me quedo adormilada con esta visión.

41.2

...Cuando me despierto, con el recuerdo en mi corazón de lo que he visto, recobradas un poco las fuerzas y en paz, porque todos están durmiendo, me encuentro en un lugar que nunca antes había visto. En él hay patios y fuentes, pórticos y casas (más bien pabellones, porque tienen más las características de pabellones que de casas). Hay una gran muchedumbre de gente vestida al viejo uso hebreo, y... mucho griterío. Me miro a mi alrededor y, al hacerlo, me doy cuenta de que estoy dentro de esa construcción que Jesús estaba mirando; efectivamente, veo la muralla almenada que circunda el conjunto, y la torre centinela, y la imponente obra de fábrica que se yergue en su centro, pegando a la cual hay pórticos, muy bellos y amplios, y, bajo éstos, multitud de personas ocupadas, quiénes en una cosa, quiénes en otra.

Comprendo que se trata del recinto del Templo de Jerusalén. Veo fariseos, con sus largas vestiduras ondeantes, sacerdotes vestidos de lino y con una placa de precioso material en la parte superior del pecho y de la frente, y con otros reflejos brillantes esparcidos aquí o allá por los distintos indumentos, muy amplios y blancos, ceñidos a la cintura con un cinturón también de material precioso. Luego veo a otros, menos engalanados, pero que de todas formas deben pertenecer también a la casta sacerdotal, y que están rodeados de discípulos más jóvenes que ellos; comprendo que se trata de los doctores de la Ley. Entre todos estos personajes me encuentro como perdida, porque no sé qué pinto yo ahí.

41.3

Me acerco al grupo de los doctores, donde ha comenzado una disputa teológica. Mucha gente hace lo mismo.

Entre los “doctores” hay un grupo capitaneado por uno llamado Gamaliel y por otro, viejo y casi ciego, que apoya a Gamaliel en la disputa; oigo que le llaman Hil.lel (pongo la hache porque oigo una aspiración al principio del nombre), y creo que es o maestro o pariente de Gamaliel: lo deduzco de la confidencia y al mismo tiempo respeto con que éste le trata. El grupo de Gamaliel es de mentalidad más abierta, mientras que el otro grupo, que es el más numeroso, está dirigido por uno llamado Siammai, y adolece de esa intransigencia llena de resentimiento, y retrógrada, tan claramente descrita por el Evangelio.

Gamaliel, rodeado de un nutrido grupo de discípulos, habla de la venida del Mesías, y, apoyándose en la profecía de Daniel, sostiene que el Mesías debe haber nacido ya, puesto que ya han pasado unos diez años desde que se cumplieron las setenta semanas profetizadas contando desde que fue publicado el decreto de reconstrucción del Templo. Siammai le plantea batalla afirmando que, si bien es cierto que el Templo fue reconstruido, no es menos cierto que la esclavitud de Israel ha aumentado, y que la paz que debía haber traído Aquel que los Profetas llamaban “Príncipe de la paz” está bien lejos de ser una realidad en el mundo, y especialmente en Jerusalén, oprimida bajo el peso de un enemigo que osa extender su dominio hasta incluso dentro del recinto del Templo, controlado por la Torre Antonia, que está llena de legionarios romanos dispuestos a aplacar con la espada cualquier tumulto de independencia patria.

La disputa, llena de cavilosidades, está destinada a durar. Cada uno de los maestros hace su alarde de erudición, no tanto para vencer a su rival, cuanto para atraerse la admiración de los que escuchan; este propósito es evidente.

41.4

Del interior del nutrido grupo de fieles se oye una tierna voz de niño: «Gamaliel tiene razón».

Movimiento en la gente y en el grupo de doctores: buscan al que acaba de interrumpir; de todas formas, no hace falta buscarle, Él no se esconde; antes bien, se abre paso entre la gente y se acerca al grupo de los “rabíes”. Reconozco en Él a mi Jesús adolescente. Se le ve seguro y franco, y sus ojos centellean llenos de inteligencia.

«¿Quién eres?» le preguntan.

«Un hijo de Israel que ha venido a cumplir con lo que la Ley ordena».

Gusta esta respuesta intrépida y segura, y obtiene sonrisas de aprobación y de benevolencia. Despierta interés el pequeño israelita.

«¿Cómo te llamas?».

«Jesús de Nazaret».

Y aquí acaba la benevolencia del grupo de Siammai. Sin embargo, Gamaliel, más benigno, prosigue el diálogo junto con Hil.lel. Es más, es Gamaliel el que, con deferencia, le dice al anciano: «Pregúntale alguna cosa al niño».

«¿En qué basas tu seguridad?» pregunta Hil.lel.

(Encabezo las respuestas con los nombres para abreviar y para que sea más claro).

Jesús: «En la profecía, que no puede errar respecto a la época, y en los signos que la acompañaron cuando llegó el tiempo de su cumplimiento. Cierto es que César nos domina. Pero el mundo gozaba de gran paz y estaba muy tranquila Palestina cuando se cumplieron las setenta semanas. Tanto es así que le fue posible a César ordenar el censo en sus dominios; no habría podido hacerlo si hubiera habido guerra en el Imperio o revueltas en Palestina. De la misma forma que se cumplió ese tiempo, ahora se está cumpliendo ese otro de las sesenta y dos más una desde la terminación del Templo, para que el Mesías sea ungido y se cumpla lo que conlleva la profecía para el pueblo que no le quiso. ¿Podéis dudarlo? No recordáis que la estrella fue vista por los Sabios de Oriente y que fue a detenerse justo en el cielo de Belén de Judá, y que las profecías y las visiones, desde Jacob en adelante, indican ese lugar como el destinado a recibir el nacimiento del Mesías, hijo del hijo del hijo de Jacob, a través de David, que era de Belén? ¿No os acordáis de Balaam? “Una estrella nacerá de Jacob”. Los Sabios de Oriente, cuya pureza y fe abría sus propios ojos y sus propios oídos, vieron la Estrella y comprendieron su Nombre: “Mesías”, y vinieron a adorar a la Luz que había descendido al mundo».

41.5

Siammai, con mirada maligna: «¿Dices que el Mesías nació cuando la Estrella, en Belén Efratá?».

Jesús: «Yo lo digo».

Siammai: «Entonces ya no existe. ¿No sabes, niño, que Herodes mandó matar a todos los nacidos de mujer de un día a dos años de edad de Belén y de los alrededores? Tú, Tú que sabes tan bien la Escritura, debes saber también que “un grito se ha oído en lo alto... Es Raquel que está llorando por sus hijos”. Los valles y las alturas de Belén, que recogieron el llanto de la agonizante Raquel, se llenaron de llanto revivido por las madres ante sus hijos asesinados. Entre ellas estaba, sin duda, también la Madre del Mesías».

Jesús: «Te equivocas, anciano. El llanto de Raquel hízose himno, pues donde ella había dado a luz al “hijo de su dolor”, la nueva Raquel dio al mundo al Benjamín del Padre celestial, Hijo de su derecha, Aquel que ha sido destinado para congregar al pueblo de Dios bajo su cetro y liberarle de la más terrible de las esclavitudes».

Siammai: «¿Y cómo, si le mataron?».

Jesús: «¿No has leído de Elías que fue raptado por el carro de fuego? ¿Y no va a haber podido salvar el Señor Dios a su Emmanuel para que fuera Mesías de su pueblo? Él, que separó el mar ante Moisés para que Israel pasase sin mojarse hacia su tierra, ¿no va a haber podido mandar a sus ángeles a librar a su Hijo, a su Cristo, de la crueldad del hombre? En verdad os digo: el Cristo vive y está entre vosotros, y cuando llegue su hora se manifestará en su potencia». La voz de Jesús, al decir estas palabras que he subrayado, resuena en un modo que llena el espacio. Sus ojos centellean aún más, y, con un gesto de dominio y de promesa, tiende el brazo y la mano derecha, y luego los baja, como para jurar. Es todavía un niño, pero ya tiene la solemnidad de un hombre.

41.6

Hil.lel: «Niño, ¿quién te ha enseñado estas palabras?».

Jesús: «El Espíritu de Dios. Yo no tengo maestro humano. Ésta es la Palabra del Señor que os habla a través de mis labios».

Hil.lel: «Ven aquí entre nosotros, que quiero verte de cerca, ¡oh, niño!, para que mi esperanza se reavive en contacto con tu fe y mi alma se ilumine con el sol de la tuya».

Y le sientan a Jesús en un asiento alto y sin respaldo, entre Gamaliel e Hil.lel, y le entregan unos rollos para que los lea y los explique. Es un examen en toda regla. La muchedumbre se agolpa atenta.

La voz infantil de Jesús lee: «“Consuélate, pueblo mío. Hablad al corazón de Jerusalén, consoladla porque su esclavitud ha terminado... Voz de uno que grita en el desierto: preparad los caminos del Señor... Entonces se manifestará la gloria del Señor...”».

Siammai: «Como puedes ver, nazareno, aquí se habla de una esclavitud ya terminada. Y nosotros somos ahora más esclavos que nunca. Aquí se habla de un precursor. ¿Dónde está? Tú desvarías».

Jesús: «Yo te digo que tú y los que son como tú, más que los demás, necesitáis escuchar la llamada del Precursor. Si no, no verás la gloria del Señor, ni comprenderás la palabra de Dios, porque las bajezas, las soberbias, las dobleces, te obstaculizarán ver y oír».

Siammai: «¿Así le hablas a un maestro?».

Jesús: «Así hablo y así hablaré hasta la muerte. Porque por encima de mi propio beneficio está el interés del Señor y el amor a la Verdad, de la cual soy Hijo. Y además te digo, rabí, que la esclavitud de que habla el Profeta, que es de la que Yo hablo, no es la que crees, como tampoco la regalidad será la que tú piensas. Antes bien, por mérito del Mesías, el hombre será liberado de la esclavitud del Mal que le separa de Dios, y la señal del Cristo, liberados los espíritus de todo yugo, hechos súbditos del Reino eterno, signará a éstos. Todas las naciones inclinarán su cabeza, ¡oh, estirpe de David!, ante el Vástago de ti nacido, árbol ahora que extiende sus ramas sobre toda la Tierra y se alza hacia el Cielo. Y en el Cielo y en la Tierra toda boca glorificará su Nombre y doblará su rodilla ante el Ungido de Dios, ante el Príncipe de la Paz, el Caudillo, ante Aquel que, tomando de sí mismo, embriagará a toda alma cansada y saciará toda alma hambrienta; el Santo que estipulará una alianza entre la Tierra y el Cielo; no como la que fue estipulada con los Padres de Israel cuando Dios los sacó de Egipto (siguiendo considerándolos de todas formas siervos), sino imprimiendo la paternidad celeste en el espíritu de los hombres con la Gracia de nuevo infundida por los méritos del Redentor, por el cual todos los hombres buenos conocerán al Señor y el Santuario de Dios no volverá a ser derruido y hollado».

Siammai: «¡Pero, niño, no blasfemes! Acuérdate de Daniel, que dice que, cuando hayan matado al Cristo, el Templo y la Ciudad serán destruidos por un pueblo y por un caudillo venideros. ¡Y tú sostienes que el Santuario de Dios no volverá a ser derribado! ¡Respeta a los Profetas!».

Jesús: «En verdad te digo que hay Uno que está por encima de los Profetas, y tú no le conoces, ni le conocerás, porque te falta el deseo de ello. Y has de saber que todo cuanto he dicho es verdad. No conocerá ya la muerte el Santuario verdadero. Al igual que su Santificador, resucitará para vida eterna y, al final de los días del mundo, vivirá en el Cielo».

41.7

Hil.lel: «Préstame atención, niño. Ageo dice: “... Vendrá el Deseado de las gentes... Grande será entonces la gloria de esta casa, y de esta última más que de la primera”. ¿Crees que se refiere al Santuario de que Tú hablas?».

Jesús: «Sí, maestro. Esto es lo que quiere decir. Tu rectitud te conduce hacia la Luz, y Yo te digo que, una vez consumado el Sacrificio del Cristo, recibirás paz porque eres un israelita sin malicia».

Gamaliel: «Dime, Jesús: ¿Cómo puede esperarse la paz de que hablan los Profetas, si tenemos en cuenta que este pueblo ha de sufrir la devastación de la guerra? Habla y dame luz también a mí».

Jesús: «¿No recuerdas, maestro, que quienes estuvieron presentes la noche del nacimiento del Cristo dijeron que las formaciones angélicas cantaron: “Paz a los hombres de buena voluntad”? Ahora bien, este pueblo no tiene buena voluntad, y no gozará de paz; no reconocerá a su Rey, al Justo, al Salvador, porque le espera como rey con poder humano, mientras que es Rey del espíritu; y no le amará, puesto que el Cristo predicará lo que no le gusta a este pueblo. Los enemigos, los que llevan carros y caballos, no serán subyugados por el Cristo; sí los del alma, los que doblegan, para infernal dominio, el corazón del hombre, creado por el Señor. Y no es ésta la victoria que de Él espera Israel. Tu Rey vendrá, Jerusalén, sobre “la asna y el pollino”, o sea, los justos de Israel y los gentiles; mas Yo os digo que el pollino le será más fiel a Él y, precediendo a la asna, le seguirá, y crecerá en el camino de la Verdad y de la Vida. Israel, por su mala voluntad, perderá la paz, y sufrirá en sí, durante siglos, aquello mismo que hará sufrir a su Rey al convertirle en el Rey de dolor de que habla Isaías».

41.8

Siammai: «Tu boca tiene al mismo tiempo sabor de leche y de blasfemia, nazareno. Responde: ¿Dónde está el Precursor? ¿Cuándo lo tuvimos?».

Jesús: «Él ya es una realidad. ¿No dice Malaquías: “Yo envío a mi ángel para que prepare delante de mí el camino; en seguida vendrá a su Templo el Dominador que buscáis y el Ángel del Testamento, anhelado por vosotros”? Luego entonces el Precursor precede inmediatamente al Cristo. Él es ya una realidad, como también lo es el Cristo. Si transcurrieran años entre quien prepara los caminos al Señor y el Cristo, todos los caminos volverían a llenarse de obstáculos y a hacerse retortijados. Esto lo sabe Dios y ha previsto que el Precursor preceda en una hora sólo al Maestro. Cuando veáis al Precursor, podréis decir: “Comienza la misión del Cristo”. Y a ti te digo que el Cristo abrirá muchos ojos y muchos oídos cuando venga a estos caminos; mas no vendrá a los tuyos, ni a los de los que son como tú. Vosotros le daréis muerte por la Vida que os trae. Pero cuando — más alto que este Templo, más alto que el Tabernáculo que está dentro del Santo de los Santos, más alto que la Gloria que está sostenida por los Querubines — el Redentor ocupe su trono y su altar, de sus numerosísimas heridas fluirán: maldición para los deicidas; vida para los gentiles. Porque Él, ¡oh, maestro insipiente!, no es, lo repito, Rey de un reino humano, sino de un Reino espiritual, y sus súbditos serán únicamente aquellos que por su amor sepan renovarse en el espíritu y, como Jonás, nacer una segunda vez, en tierras nuevas, “las de Dios”, a través de la generación espiritual que tendrá lugar por Cristo, el cual dará a la humanidad la Vida verdadera».

41.9

Siammai y sus seguidores: «¡Este nazareno es Satanás!».

Hil.lel y los suyos: «No. Este niño es un Profeta de Dios. Quédate conmigo, Niño; así mi ancianidad transfundirá lo que sabe en tu saber, y Tú serás Maestro del pueblo de Dios».

Jesús: «En verdad te digo que si muchos fueran como tú, Israel sanaría; mas la hora mía no ha llegado. A mí me hablan las voces del Cielo, y debo recogerlas en la soledad hasta que llegue mi hora. Entonces hablaré, con los labios y con la sangre, a Jerusalén; y correré la misma suerte que corrieron los Profetas, a quienes Jerusalén misma lapidó y les quitó la vida. Pero sobre mi ser está el del Señor Dios, al cual Yo me someto como siervo fiel para hacer de mí escabel de su gloria, en espera de que Él haga del mundo escabel para los pies del Cristo. Esperadme en mi hora. Estas piedras oirán de nuevo mi voz y trepidarán cuando diga mis palabras últimas. Bienaventurados los que hayan oído a Dios en esa voz y crean en Él a través de ella: el Cristo les dará ese Reino que vuestro egoísmo sueña humano y que, sin embargo, es celeste, y por el cual Yo digo: “Aquí tienes a tu siervo, Señor, que ha venido a hacer tu voluntad. Consúmala, porque ardo en deseos de cumplirla”».

Y con la imagen de Jesús con su rostro inflamado de ardor espiritual elevado al cielo, con los brazos abiertos, erguido entre los atónitos doctores, me termina la visión.

(Son las 3 y media del día 29).

29 de enero de 1944.

41.10

Debería decirle ahora dos cosas que sin duda le interesan y que había decidido poner por escrito en cuanto me despertara del sopor. No obstante, dado que hay otras cosas más urgentes, lo escribiré más tarde.

Lo que le quería decir antes es lo siguiente.

Usted hoy me decía que cómo había podido saber los nombres de Hil.lel y Gamaliel y el de Siammai.

Pues bien, es la voz que yo llamo “segunda” la que me dice estas cosas. Se trata de una voz de carácter menos sensible aún que la de mi Jesús o que la de los otros que dictan; éstas son voces que — ya se lo he dicho y ahora se lo repito — mi oído espiritual percibe iguales que voces humanas; las oigo serenas o airadas, fuertes o bajas, jubilosas o tristes: es como si uno hablase a mi lado. Esta “segunda voz”, sin embargo, es como una luz, una intuición que habla en mi espíritu. “En”, no “a”, mi espíritu. Se trata de una indicación.

Así, mientras me acercaba al grupo de los que estaban discutiendo, sin saber quién era el noble personaje que, al lado de un anciano, disputaba con tanto calor, este “algo” interior me dijo: «Gamaliel — Hil.lel». Sí, primero Gamaliel, luego Hil.lel; estoy segura. Y mientras estaba pensando en quiénes eran éstos, este indicador interno me indicó a su vez el tercero, antipático individuo, justo en el momento en que Gamaliel le estaba llamando por su nombre. Así he podido saber quién era éste, de farisaico aspecto.

22 de febrero de 1944.

41.11

Dice Jesús:

«Volvemos muy atrás en el tiempo, muy atrás. Volvemos al Templo, donde Yo, con doce años, estoy disputando; es más, volvemos a las vías que van a Jerusalén, y de Jerusalén al Templo.

Observa la angustia de María al ver — una vez congregados de nuevo juntos hombres y mujeres — que Yo no estoy con José.

No levanta la voz regañando duramente a su esposo. Todas las mujeres lo habrían hecho; lo hacéis, por motivos mucho menores, olvidándoos de que el hombre es siempre cabeza del hogar. No obstante, el dolor que emana del rostro de María traspasa a José más de lo que pudiera hacerlo cualquier tipo de reprensión. No se da tampoco María a escenas dramáticas. Por motivos mucho menores, vosotras lo hacéis deseando ser notadas y compadecidas. No obstante, su dolor contenido es tan manifiesto (se pone a temblar, palidece su rostro, sus ojos se dilatan) que conmueve más que cualquier escena de llanto y gritos.

Ya no siente ni fatiga ni hambre. ¡Y el camino había sido largo, y sin reparar fuerzas desde hacía horas! Deja todo; deja al camastro que se estaba preparando, deja la comida que iban a distribuir. Deja todo y regresa. Está avanzada la tarde, anochece; no importa; todos sus pasos la llevan de nuevo hacia Jerusalén; hace detenerse a las caravanas, a los peregrinos; pregunta. José la sigue, la ayuda. Un día de camino en dirección contraria, luego la angustiosa búsqueda por la Ciudad.

¿Dónde, dónde puede estar su Jesús? Y Dios permite que Ella, durante muchas horas, no sepa dónde buscarme. Buscar a un niño en el Templo no era cosa juiciosa: ¿qué iba a tener que hacer un niño en el Templo? En el peor de los casos, si se hubiera perdido por la ciudad y, llevado de sus cortos pasos, hubiera vuelto al Templo, su llorosa voz habría llamado a su mamá, atrayendo la atención de los adultos y de los sacerdotes, y se habrían puesto los medios para buscar a los padres fijando avisos en las puertas. Pero no había ningún aviso. Nadie sabía nada de este Niño en la ciudad. ¿Guapo? ¿Rubio? ¿Fuerte? ¡Hay muchos con esas características! Demasiado poco para poder decir: “¡Le he visto! ¡Estaba allí o allá!”.

41.12

Y vemos a María, pasados tres días, símbolo de otros tres días de futura angustia, entrando exhausta en el Templo, recorriendo patios y vestíbulos. Nada. Corre, corre la pobre Mamá hacia donde oye una voz de niño. Hasta los balidos de los corderos le parecen el llanto de su Hijo buscándola. Mas Jesús no está llorando; está enseñando. Y he aquí que desde detrás de una barrera de personas llega a oídos de María la amada voz diciendo: “Estas piedras trepidarán...”. Entonces trata de abrirse paso por entre la muchedumbre, y lo consigue después de una gran fatiga: ahí está su Hijo, con los brazos abiertos, erguido entre los doctores.

María es la Virgen prudente. Pero esta vez la congoja sobrepuja su comedimiento. Es una presa que derriba todo lo que pilla a su paso. Corre hacia su Hijo, le abraza, levantándole y bajándole del escabel, y exclama: “¡Oh! ¿Por qué nos has hecho esto! Hace tres días que te estamos buscando. Tu Madre está a punto de morir de dolor, Hijo. Tu padre está derrengado de cansancio. ¿Por qué, Jesús?”.

No se preguntan los “porqués” a Aquel que sabe, los “porqués” de su forma de actuar. A los que han sido llamados no se les pregunta “por qué” dejan todo para seguir la voz de Dios. Yo era Sabiduría y sabía; Yo había “sido llamado” a una misión y la estaba cumpliendo. Por encima del padre y de la madre de la tierra, está Dios, Padre divino; sus intereses son superiores a los nuestros; su amor es superior a cualquier otro. Y esto es lo que le digo a mi Madre.

Termino de enseñar a los doctores enseñando a María, Reina de los doctores. Y Ella no se olvidó jamás de ello. Volvió a surgir el Sol en su corazón al tenerme de la mano, de esa mano humilde y obediente; pero mis palabras también quedaron en su corazón. Muchos soles y muchas nubes habrían de surcar todavía el cielo durante los veintiún años que debía Yo permanecer aún en la tierra. Mucha alegría y mucho llanto, durante veintiún años, se darán el relevo en su corazón. Mas nunca volverá a preguntar: “¿Por qué nos has hecho esto, Hijo mío?”.

¡Aprended, hombres arrogantes!

41.13

He explicado e iluminado Yo la visión porque tú no estás en condiciones de hacer más».


Notes

  1. discussion qui portera sur des passages bibliques que nous citons (selon la norme) dans l’ordre canonique et non dans l’ordres des citations: Gn 35, 16-18 ; Ex 14, 21-22 ; 24 ; Nb 24, 17 ; 2R 2, 11 ; Is 9, 5 ; 40, 1-5 ; 52, 13-15 ; 53, 1-12 ; Jr 31, 15 ; Dn 9, 24-27 ; Jon 2 ; Mi 5, 1 ; Ag 2, 7-9 ; Za 9, 9 ; Ml 3, 1.