Los Escritos de Maria Valtorta

423. Départ de Judas, qui provoque

423. Partida del Iscariote, que ocasiona

423.1

Ils sont à présent sur l’autre rive. Ils ont à leur droite le mont Thabor et le petit Hermon, à leur gauche les montagnes de Samarie, par derrière le Jourdain, et en face, au-delà de la plaine, les collines devant lesquelles se trouve Megiddo (si j’ai bonne mémoire, c’est le nom que j’ai entendu dans une vision désormais lointaine[1], celle où Jésus retrouva Judas et Thomas, après la séparation causée par la nécessité de tenir caché le départ de Syntica et de Jean d’En-Dor).

Voici comment l’endroit se présente.[2]

Ils ont dû faire halte toute la journée dans quelque maison hospitalière, car le soir est venu, et il est visible qu’ils se sont reposés. Il fait encore chaud, mais la rosée commence déjà à tomber, tempérant la chaleur. Les ombres violacées du crépuscule descendent, succédant aux dernières rougeurs d’un brûlant coucher de soleil.

« Ici, la marche est aisée, observe Matthieu, tout content.

– Oui. Si nous continuons ainsi, nous serons à Megiddo avant le chant du coq, lui répond Simon le Zélote.

– Et, à l’aube, au-delà des collines, en vue de la plaine de Saron, ajoute Jean.

– Et de ta mer, hein ? lui dit son frère pour le taquiner.

– Oui, de ma mer…, répond Jean en souriant.

423.2

– Et tu partiras en esprit pour une de tes pérégrinations spirituelles » lui dit Pierre en l’embrassant avec une affection rude et débonnaire. Puis il achève : « Apprends-moi, à moi aussi, comment on fait pour que certaines pensées… d’ange viennent à l’esprit à la vue de la nature. Moi, j’ai regardé l’eau tant de fois… Je l’ai aimée… mais… elle ne m’a jamais servi à autre chose qu’à manger et à pêcher. Qu’est-ce que tu y perçois, toi ?..

– Je vois de l’eau, Simon, comme toi et comme tout le monde, de la même façon que je vois maintenant des champs et des vergers… Mais ensuite, en plus des yeux du corps, j’ai comme d’autres yeux à l’intérieur, et ce n’est plus l’herbe et l’eau que je contemple, mais des paroles de sagesse qui jaillissent de ces choses matérielles. Ce n’est pas moi qui pense, je n’en serais pas capable, mais un autre qui pense en moi.

– Serais-tu prophète ? demande Judas sur un ton un peu ironique.

– Oh ! non ! Je ne suis pas prophète…

– Alors quoi ? Tu crois posséder Dieu ?

– Encore moins…

– Alors, tu délires.

– Ce serait bien possible, tant je suis petit et faible. Mais, s’il en est ainsi, il est bien doux de délirer, car cela me porte à Dieu. Ma maladie devient alors un don, et j’en bénis le Seigneur.

– Ha ! Ha ! Ha ! » glousse bruyamment et faussement Judas.

Mais Jésus a entendu :

« Il n’est pas malade, il n’est pas prophète. Mais l’âme pure possède la sagesse. C’est elle qui parle dans le cœur de l’homme juste.

– Alors moi, je n’y arriverai jamais, car je n’ai pas toujours été bon…, dit Pierre, découragé.

– Et moi donc ? lui répond Matthieu.

– Mes amis, rares, trop rares seraient ceux qui pourraient posséder la sagesse parce qu’ils sont purs depuis toujours. Mais le repentir et la bonne volonté font que l’homme, auparavant coupable et imparfait, devient juste. Alors la conscience se purifie dans le bain de l’humilité, de la contrition et de l’amour, de sorte qu’elle peut rivaliser avec les purs.

– Merci, Seigneur » dit Matthieu en se penchant pour baiser la main du Maître.

423.3

Un silence s’établit. Puis Judas s’exclame :

« Je suis fatigué ! Je ne sais pas si j’arriverai à marcher toute la nuit.

– Naturellement ! lui répond Jacques, fils de Zébédée. Aujourd’hui, tu as voulu tourniquer comme une grosse mouche, pendant qu’on dormait !

– Je voulais voir si je rencontrais des disciples…

– Et en quoi cela t’importait ? Le Maître ne l’a pas demandé. Par conséquent…

– Eh bien, je l’ai fait ! Et si le Maître me le permet, je vais rester à Megiddo. Je crois qu’il s’y trouve un de nos amis qui y descend chaque année à cette époque, après la moisson. Je voudrais lui parler de ma mère et…

– Fais ce que tu crois bon. Ton affaire terminée, tu te dirigeras vers Nazareth. Nous te retrouverons là. Ainsi tu aviseras ma Mère et Marie, femme d’Alphée, que nous serons bientôt à la maison.

– Moi aussi, je te dis comme Matthieu : “ Merci, Seigneur. ” »

Jésus ne répond pas et il reçoit le baiser sur la main de Judas comme il a reçu celui de Matthieu. On ne peut voir l’expression des visages, car c’est le moment de la soirée où la lumière du jour a complètement disparu, et celle des étoiles n’est pas encore là. Il fait si noir qu’ils ont du mal à se diriger sur la route et, pour parer à tout accident, Pierre et Thomas se décident à ramasser des branches dans les haies et à les allumer. Elles brûlent en crépitant… Mais l’absence de lumière d’abord, puis les lueurs mobiles et fumeuses, ne permettent pas de distinguer l’expression des visages.

Les collines se rapprochent pendant ce temps, et leurs sombres mamelons se dessinent de mieux en mieux grâce à un noir plus marqué que celui des champs, où les récoltes ont laissé des chaumes blanchâtres dans l’obscurité de la nuit, et à la faveur de la clarté des premières étoiles qui vient les éclairer…

« Je te quitterais bien ici, car mon ami habite un peu en dehors de Megiddo. Je suis si fatigué…

– Vas-y ! Que le Seigneur veille sur tes pas.

– Merci, Maître. Adieu, mes amis.

– Adieu, adieu » disent les autres, sans accorder beaucoup d’importance à cette salutation.

Jésus répète :

« Que le Seigneur veille sur tes actes. »

Judas s’éloigne rapidement

423.4

« Hum ! Il ne paraît plus si fatigué, observe Pierre.

– Oui ! ici il traînait des pieds. Maintenant, il court comme une gazelle… » dit Nathanaël.

Jude s’adresse à Jésus :

« Ton adieu a été saint, mon frère. Mais à moins que le Seigneur ne lui impose sa volonté, l’assistance de Dieu ne l’aidera pas à lui faire accomplir de bonnes démarches et des actions justes.

– Jude, ce n’est pas parce que tu es mon frère que tu es exempt de reproches ! Je te reprends donc, parce que tu t’es montré désagréable et sans pitié pour ton compagnon. Il a ses fautes, mais toi, tu as les tiennes. Et la première, c’est de ne pas savoir m’aider à former cette âme. Tu l’exaspères par tes reproches. Ce n’est pas par la violence que l’on gagne les cœurs. Crois-tu avoir le droit de censurer tous ses actes ? Te sens-tu assez parfait pour pouvoir le faire ? Je te rappelle que moi, ton Maître, je ne le fais pas, parce que j’aime cette âme informe. C’est celle qui me fait pitié plus que toute autre… précisément parce qu’elle est malade. Le crois-tu satisfait de son état ? Et comment pourras-tu, demain, être maître des âmes, si tu ne t’exerces pas sur un compagnon à faire preuve de la charité infinie qui rachète les pécheurs ? »

Jude baisse la tête dès les premiers mots. A la fin, il s’agenouille par terre en disant :

« Pardonne-moi. Je suis un pécheur et reprends-moi quand je suis en faute, car la correction est amour, et seul le sot ne comprend pas la grâce d’être corrigé par le sage.

– Tu vois que je le fais pour ton bien. Mais au reproche se joint le pardon, parce que je sais comprendre les raisons de ta rigueur, et parce que l’humilité de celui que l’on réprimande désarme celui qui le corrige. Relève-toi, Jude, et ne pèche plus. »

Puis il le garde auprès de lui avec Jean.

423.5

Les autres apôtres commentent le fait entre eux, d’abord à voix basse, puis plus fort à cause de l’habitude qu’ils ont de parler à haute voix, et c’est ainsi que je les entends établir un parallèle entre Jude et Judas.

« Si c’était Judas qui entendait ces reproches ! comme il se révolterait ! Ton frère est bon, dit Thomas à Jacques.

– Pourtant… voilà… On ne peut pas dire qu’il ait eu tort. Il a dit une vérité sur l’Iscariote. Tu y crois, toi, à l’ami qui va en Judée ? Moi pas, dit franchement Matthieu.

– Il s’agit peut-être… des affaires de vignes, comme au marché de Jéricho » dit Pierre, incapable d’oublier cette scène.[3]

Tout le monde rit.

« Il est certain que seul le Maître peut éprouver tant de compassion à son égard…, observe Philippe.

– Tant ? Toujours, devrais-tu dire, lui réplique Jacques, fils de Zébédée.

– Si c’était moi, je ne serais pas si patient, intervient Nathanaël.

– Et moi non plus, confirme Matthieu. La scène d’hier a été dégoûtante.

– Il ne doit pas avoir toute sa tête, dit Simon le Zélote, conciliant.

– Pourtant, dit Pierre, il sait toujours bien mener ses affaires, et même trop bien. Je parierais ma barque, mes filets, et même ma maison, en étant certain de ne rien perdre, qu’il est en train d’aller chez quelque pharisien en quête de protection…

– C’est vrai ! Ismaël ! Ismaël est à Megiddo ! Comment n’y avons-nous pas pensé ? ! Il faut le dire au Maître ! s’écrie Thomas en se frappant vigoureusement le front.

– Inutile. Le Maître l’excuserait encore et nous ferait des reproches, dit Simon le Zélote.

– Eh bien… essayons. Vas-y, toi, Jacques. Il t’aime, tu es son parent…

– Pour lui, nous sommes tous égaux. Il ne distingue pas en nous les parents des amis, il ne voit que les apôtres, et il est impartial. Mais j’y vais pour vous faire plaisir » dit Jacques, fils d’Alphée.

Il se hâte de quitter ses compagnons et de rejoindre Jésus.

423.6

« Vous pensez qu’il est allé chez un pharisien. Lui ou un autre, peu importe… Mais je pense qu’il l’a fait pour ne pas venir à Césarée. Il n’aime pas s’y rendre…, dit André.

– On dirait que, depuis quelque temps, il éprouve de la répulsion pour les romaines, remarque Thomas.

– Et pourtant… pendant que vous marchiez vers Engaddi et que moi, j’allais avec lui chez Lazare, il était tout heureux de s’entretenir avec Claudia…, se rappelle Simon le Zélote.

– Oui… mais… A mon avis, c’est à ce moment-là qu’il a commis quelque erreur, et je pense que Jeanne l’a appris ; c’est peut-être pour cela qu’elle a appelé Jésus et… et… je rumine tant de choses en moi depuis que Judas s’est ainsi emporté à Bet-çur…, marmonne Pierre entre ses dents.

– Qu’est-ce que tu dis ?… demande Matthieu, curieux.

– Mais… Je ne sais pas… Des idées… Nous verrons…

– Oh ! ne pensons pas à mal ! Le Maître ne le veut pas. Et nous n’avons pas de preuves qu’il ait mal agi, supplie André.

– Tu ne voudrais pas me dire qu’il fait bien d’affliger le Maître, de lui manquer de respect, de montrer sa mauvaise humeur, de…

– Tout doux ! Simon ! Je t’assure qu’il est un peu dérangé…, dit Simon le Zélote.

– Bien ! C’est possible. Mais il pèche contre la bonté de notre Seigneur. Moi, même s’il me crachait au visage, s’il me giflait, je le supporterais afin d’offrir cela à Dieu pour sa rédemption. Je me suis mis en tête de faire toutes sortes de sacrifices à son intention, et je me mords la langue, je m’enfonce les ongles dans les paumes, pour me dominer quand il fait le fou. Mais ce que je ne peux pas pardonner, c’est qu’il soit mauvais avec notre Maître. Le péché qu’il commet contre lui, c’est comme si c’était contre moi, et je ne le lui pardonne pas. Et puis… si c’était rare ! Mais c’est toujours à recommencer ! Je n’arrive pas à apaiser en moi l’irritation qui me fait bouillir pour une scène qu’il a faite, que déjà il en commence une autre ! Une, deux, trois… Il y a une limite ! »

Pierre crie presque en parlant, et il gesticule avec toute son impétuosité.

423.7

Jésus, qui les précède d’une dizaine de mètres, se retourne, tel une ombre blanche dans la nuit :

« Il n’y a pas de limite à l’amour et au pardon, non. Ni en Dieu, ni chez les vrais enfants de Dieu. Tant qu’il y a de la vie, il n’y a pas de limite. L’unique barrière à la venue du pardon et de l’amour, c’est la résistance impénitente du pécheur. Mais s’il se repent, il est toujours pardonné, même s’il venait à pécher non pas une, deux, trois fois par jour, mais davantage.

Vous aussi, vous péchez et vous voulez que Dieu vous pardonne. Vous allez lui dire : “ J’ai péché ! Remets-moi ma faute ”, et le pardon vous est doux, comme il est doux à Dieu de pardonner. Vous n’êtes pas des dieux, par conséquent moins grave est l’offense que vous fait l’un de vos semblables qu’elle ne l’est à Celui qui n’est semblable à aucun autre. Ne le pensez-vous pas ? Pourtant, Dieu pardonne. Vous aussi, faites de même. Prenez garde à vous ! Veillez à ce que votre intransigeance ne vous porte pas tort, en provoquant l’intransigeance de Dieu envers vous.

Je l’ai déjà dit, mais je le répète : soyez miséricordieux pour obtenir miséricorde. Personne n’est assez exempt de péché pour pouvoir se montrer inexorable envers le pécheur. Regardez les poids qui pèsent sur votre propre cœur avant de voir ceux d’autrui. Enlevez d’abord les vôtres de votre âme, puis tournez-vous vers ceux des autres pour leur montrer, non pas la rigueur qui condamne, mais l’amour qui instruit et aide à se délivrer du mal.

Pour pouvoir dire, sans que le pécheur vous impose silence : “ Tu as péché envers Dieu et envers ton prochain ”, il faut ne pas avoir péché ou du moins avoir réparé sa faute.

Pour pouvoir dire à l’homme mortifié d’avoir péché : “ Aie foi, Dieu pardonne à celui qui se repent ” comme serviteurs de ce Dieu qui pardonne aux repentis, vous devez faire preuve de miséricorde dans le pardon.

Alors vous pourrez dire : “ Vois-tu, pécheur repenti ? Moi, je pardonne tes fautes soixante-dix-sept fois sept fois parce que je suis le serviteur du Dieu qui pardonne un nombre incalculable de fois à celui qui se repent autant de fois de ses péchés. Imagine donc comme le Parfait te pardonne, si moi je sais pardonner, uniquement parce que je suis son serviteur. Aie foi ! ” Voilà ce que vous devez pouvoir dire, non pas en paroles mais en actes : en pardonnant.

423.8

Si votre frère commet quelque faute, reprenez-le avec amour, et s’il se repent, pardonnez-lui. S’il a péché sept fois dès le commencement du jour et s’il vous dit sept fois : “ Je me repens ”, pardonnez-lui autant de fois. Avez-vous compris ? Me promettez-vous de le faire ? Me promettez-vous d’en avoir compassion pendant qu’il est au loin ? De m’aider à le guérir en vous maîtrisant, par esprit de sacrifice, quand il se trompe ? Ne voulez-vous pas m’aider à le sauver ? C’est votre frère d’âme, qui vient d’un unique Père, un frère de race qui vient d’un unique peuple, un frère de mission puisqu’il est apôtre comme vous. C’est donc trois fois que vous devez l’aimer. Si vous aviez dans votre famille un frère qui afflige votre père et fait parler de lui, ne chercheriez-vous pas à le corriger pour que votre père ne souffre plus et que les gens ne parlent plus de votre famille ? Alors ? Ne faites-vous pas partie d’une plus grande et plus sainte famille, dont le Père est Dieu et dont je suis l’Aîné ? Pourquoi donc ne voulez-vous pas consoler le Père et moi-même et nous aider à rendre bon le pauvre frère qui, croyez-le, n’est pas heureux d’être ainsi… »

Jésus implore anxieusement en faveur de l’apôtre si plein de défauts… Et il achève :

« Je suis le grand Mendiant, et je vous demande l’obole la plus précieuse : les âmes. Moi, je vais à leur recherche, mais vous, vous devez m’aider… Rassasiez la faim de mon cœur qui cherche l’amour et ne le trouve qu’en trop peu de personnes. Car ceux qui ne tendent pas à la perfection sont pour moi autant de pains enlevés à ma faim spirituelle. Donnez des âmes à votre Maître affligé de ne pas être aimé et d’être incompris… »

423.9

Les apôtres sont émus… Ils voudraient lui dire tant de choses ! Mais toute parole leur semble superflue… Ils se serrent contre le Maître, tous voudraient le caresser pour lui faire sentir à quel point ils l’aiment.

Finalement, c’est le doux André qui dit :

« Oui, Seigneur, par la patience, le silence et le sacrifice, ces armes qui convertissent, nous te donnerons des âmes. Celle-là aussi… si Dieu nous aide…

– Oui, Seigneur. Et toi, soutiens-nous par ta prière.

– Oui, mes amis. En attendant, prions ensemble pour notre compagnon qui est parti : “ Notre Père, qui es aux Cieux… ” »

La voix parfaite de Jésus récite les mots du Notre Père en les scandant lentement. Les autres l’accompagnent à mi-voix. Et ils s’éloignent dans la nuit en priant.

423.1

Ya están en la otra margen. Tienen a la derecha el monte Tabor y el pequeño Hermón; a la izquierda, los montes de Samaria; a sus espaldas, el Jordán; de frente, acabada la llanura en que se hallan, los collados ante los que se encuentra Meguiddó (si recuerdo bien este nombre, oído en una visión ya lejana[1], la en que Jesús se reúne con Judas de Keriot y Tomás, después de la separación causada por la necesidad de tener oculta la presencia de Síntica y Juan de Endor).

Deben haber descansado todo el día en alguna casa hospitalaria, porque ya cae de nuevo la tarde y es visible que están descansados. Hace todavía calor, pero el relente empieza a bajar y a suavizar el ardor. Y descienden las sombras violáceas del crepúsculo tras los últimos arreboles de un ocaso de fuego.

«Aquí se camina bien» observa, contento, Mateo.

«Sí. Andando tan bien, estaremos antes del galicinio en Meguiddó» le responde el Zelote.

«Y al alba habremos pasado los collados y veremos la llanura de Sarón» termina Juan.

«Y tu mar, ¿eh?» le estimula su hermano.

«Sí. Mi mar…» responde Juan sonriendo.

423.2

«Y te marcharás con el espíritu en una de tus peregrinaciones espirituales» le dice Pedro, agarrándole con fuerza un brazo con afecto rudo y benigno. Y termina: «Enséñame también a mí la manera de extraer, a partir de la visión de las cosas, ciertos pensamientos tan… angélicos. Yo he mirado muchas veces el agua… la he amado… pero… nunca me ha servido para otra cosa sino para navegar y pescar. ¿Qué ves tú en el mar?…».

«Veo agua, Simón. Como tú y como todos. De la misma forma que ahora veo campos y árboles frutales… Pero luego, además de los ojos de la cabeza, tengo como otros ojos aquí dentro y ya no veo la hierba y el agua, sino palabras de sabiduría que salen de esas cosas materiales. No soy yo quien piensa. No sería capaz de ello. Es otro quien piensa en mí».

«¿Eres acaso profeta?» pregunta un poco irónico Judas Iscariote.

«¡Oh, no! No soy profeta…».

«¿Y entonces? ¿Crees que posees a Dios?».

«Menos todavía…».

«Entonces desvarías».

«Pueda ser, porque soy muy pequeño y débil. Pero si es así, es un desvarío bien dulce y me lleva a Dios. Mi enfermedad se transforma entonces en un don, y bendigo por ello al Señor».

«¡Ja! ¡Ja! ¡Ja!» ríe fragorosa y falsamente Judas.

Jesús, que ha escuchado, dice: «No está enfermo, no es profeta. Pero el alma pura posee la sabiduría, que es la que habla en el corazón del hombre justo».

«Entonces yo no llegaré nunca, porque no he sido siempre bueno…» dice Pedro desconsolado.

«¿Y yo entonces?» le responde Mateo.

«Amigos, pocos, demasiado pocos serían los que podrían poseer la sabiduría por ser puros desde siempre. Pero el arrepentimiento y la buena voluntad hacen al hombre, antes culpable e imperfecto, justo; entonces la conciencia recobra su virginidad en el lavacro de la humildad, de la contrición y del amor; y, virgen así de nuevo, puede emular a los puros».

«Gracias, Señor» dice Mateo, inclinándose a besar la mano del Maestro.

423.3

Un silencio. Luego Judas Iscariote exclama: «¡Estoy cansado! No sé si voy a ser capaz de andar toda la noche».

«¡Hombre, claro! ¡Hoy has querido estar dando vueltas por ahí como un moscardón mientras nosotros dormíamos!» le responde San­tiago de Zebedeo.

«Quería ver si encontraba a algunos discípulos…».

«¿Y qué te apuraba? El Maestro no lo ha dicho, así que…».

«Bien. Y yo lo he hecho. Y, si el Maestro me lo permite, me quedo en Meguiddó. Creo que hay allí un amigo nuestro que baja todos los años por esta época, después de la cosecha de los cereales. Querría hablarle de mi madre y…».

«Haz lo que creas conveniente. Una vez terminada tu ocupación te dirigirás a Nazaret. Allí llegaremos nosotros. Avisarás así a mi Madre y a María de Alfeo de que al cabo de poco estaremos en casa».

«Yo también te digo como Mateo: “Gracias, Señor”».

Jesús no responde nada y acoge el beso en la mano como ha acogido el de Mateo. No es posible ver las expresiones porque es ese momento de la noche en que la luz diurna ha desaparecido ya totalmente y todavía no hay luz estelar. Hay tanta obscuridad, que con dificultad siguen por el camino y, para eliminar todo inconveniente, Pedro y Tomás se deciden a encender unas ramas — que arden crepitando — cogidas de las matas. Pero la luz, primero ausente, ahora móvil y humeante, no permite ver bien las expresiones de los rostros.

Los collados, entretanto, se aproximan. Sus obscuras prominencias se delinean con un negro más negro que el de los campos segados y blancuzcos de rastrojos en medio de la negrura de la noche, y cada vez se delinean más por la cercanía y el claror de las primeras estrellas…

«Yo te dejaría aquí, porque mi amigo está un poco fuera de Meguiddó. Estoy muy cansado…».

«Bien, ve. Que el Señor vele sobre tus pasos».

«Gracias, Maestro. Adiós, amigos».

«Adiós, adiós» dicen los otros sin dar mucha importancia al saludo.

Jesús repite: «Que el Señor vele sobre tus acciones».

Judas se marcha raudo.

423.4

«¡Mmm! Ya no parece tan cansado» observa Pedro.

«Sí. Aquí iba arrastrando las sandalias. Allí corre como una gacela…» dice Natanael.

«Tu saludo ha sido santo, Hermano. Pero, a menos que el Señor le someta con su voluntad, no servirá la asistencia de Dios para hacerle cumplir buenos pasos y acciones justas».

«¡Judas, no porque me seas hermano estás exento de reprensión! Te reprendo, por tanto, tu acritud e intransigencia hacia tu compañero. Él tiene sus culpas. Pero tú también tienes las tuyas. Y la primera es el no saber ayudarme a formar esa alma. Le exasperas con tus palabras. Los corazones no se vencen con la violencia. ¿Crees que tienes derecho a censurar todas sus acciones? ¿Te sientes tan perfecto como para poder hacerlo? Te recuerdo que Yo, tu Maestro, no lo hago, porque amo a esa alma informe. Es la que más piedad me produce de todas… precisamente por ser informe. ¿Crees que goza de su estado? ¿Y cómo vas a poder ser mañana maestro de espíritus, si no te ejercitas con un compañero en usar la infinita caridad que redime a los pecadores?».

Judas de Alfeo agacha la cabeza ya desde las primeras palabras. Pero, al final, hinca en tierra sus rodillas y dice: «Perdóname. Soy un pecador. Y repréndeme cuando esté en culpa, porque la corrección es amor y el único que no comprende la gracia de ser corregido por el sabio es el necio».

«Ya ves que lo hago, por tu bien. Pero con la reprensión va unido el perdón, porque sé comprender la razón de tu rigor y porque la humildad del corregido desarma al que corrige. Levántate, Judas, y no peques más» y le tiene a su lado con Juan.

423.5

Los otros apóstoles hacen comentarios entre sí, primero bisbiseando, luego más alto por el hábito que tienen de hablar en voz alta. Y así oigo que están comparando a los dos Judas.

«¡Si hubiera sido Judas de Keriot el que hubiera oído ese reproche! ¡Habría que haber visto cómo se habría sublevado! Tu hermano es bueno» dice Tomás a Santiago.

«Pero… bueno… no se puede decir que haya hablado mal. Ha dicho una verdad sobre Judas de Keriot. ¿Tú crees eso del amigo que va a Judea? Yo no» dice con franqueza Mateo.

«Serán… cuestiones de viñas como en el mercado de Jericó» dice Pedro recordando la escena que no puede olvidar. Todos ríen.

«Cierto que se necesita el Maestro para compadecerle tanto…» observa Felipe.

«¿Tanto? “Siempre”, debes decir» le rebate Santiago de Zebedeo.

«Si fuera yo, yo no sería tan paciente» dice Natanael.

«Tampoco yo. La escena de ayer ha sido verdaderamente desagradable» confirma Mateo.

«Ese hombre no debe estar completamente sano de mente» dice conciliador el Zelote.

«Pero siempre sabe hacer bien sus cosas, demasiado bien incluso. Me apostaría mi barca, mis redes, la casa incluso, con la seguridad de no perder nada, a que está yendo a ver a algún fariseo mendigando protecciones…» dice Pedro.

«¡Es verdad! ¡Ismael! ¡Ismael está en Meguiddó! ¡¿Cómo no lo hemos pensado?! ¡Hay que decírselo al Maestro!» exclama Tomás, dándose un manotazo en la frente.

«Es inútil. El Maestro le seguiría disculpando y a nosotros nos reprendería» dice el Zelote.

«De todas formas… vamos a probar. Ve tú, Santiago. Te ama, eres su pariente…».

«Para Él somos todos iguales. Aquí, en nosotros, no ve parientes o amigos; ve solamente apóstoles, y es imparcial. Pero por complaceros voy» dice Santiago de Alfeo. Y acelera el paso para destacarse de los compañeros y alcanzar a Jesús.

423.6

«Pensáis que ha ido a ver a un fariseo. A uno o a otro, poco importa… Pero yo pienso que lo ha hecho por no venir a Cesarea. No va allí de buena gana…» dice Andrés.

«De un tiempo a esta parte, da la impresión de que siente repulsa por las romanas» nota Tomás.

«Y, a pesar de todo… mientras vosotros ibais a Engadí y yo a casa de Lázaro con él, estuvo todo contento de hablar con Claudia…» observa el Zelote.

«Sí… pero… Creo que precisamente entonces había hecho alguna cosa mal hecha. Y yo creo que Juana lo sabe y que llamó a Jesús por eso y… y… muchas cosas trituro aquí dentro desde que Judas se enfureció así en Betsur…» masculla Pedro.

«¿Dices que…?» pregunta curioso Mateo.

«Pues… No sé… Ideas… Veremos…».

«¡No pensemos mal! El Maestro no quiere. Y no tenemos ninguna prueba de que haya hecho algo malo» dice Andrés con tono de ruego.

«¡No me querrás decir que hace bien causando dolor al Maestro, faltándole al respeto, creando malos humores…!».

«¡Tranquilo, Simón! Te aseguro que está un poco loco…» dice el Zelote.

«Bien. Será así. Pero es uno que peca contra la bondad de nuestro Señor. Yo, aunque me escupiera en la cara, aunque me abofeteara, lo soportaría por ofrecérselo a Dios por su redención. Me he metido en la cabeza hacer todo tipo de sacrificio por esto, y, para dominarme, me muerdo la lengua, me hinco las uñas en las palmas cuando se comporta como un loco. Pero lo que no puedo perdonar es que sea malo con nuestro Maestro. El pecado que comete contra Él es como si me lo hiciera a mí, y no lo perdono. ¡Además… si fuera de vez en cuando! ¡Qué va! ¡Está siempre detrás! ¡No consigo hacer que se me pase la rabia que me hierve dentro por alguna escena suya, y ya arma otra! Una, dos, tres… ¡Hay un límite!». Pedro habla casi gritando, y gesticulando lleno de genio.

423.7

Jesús, que va unos diez metros por delante, se vuelve —sombra blanca en la noche — y dice:

«No hay límite para el amor y el perdón. No lo hay. Ni en Dios ni en los verdaderos hijos de Dios. Mientras hay vida no hay límite. La única barrera que es obstáculo para que descienda el perdón y el amor es la resistencia impenitente del pecador. Pero, si éste se arrepiente, se le ha de perdonar siempre. Aunque pecase no una, dos, tres veces al día, sino muchas más.

Vosotros también pecáis y queréis perdón de Dios y a Él vais y decís: “¡He pecado! ¡Perdóname!”. Y os es dulce el perdón, de la misma forma que a Dios le es dulce perdonar. Y vosotros no sois dioses. Por eso, menos grave es la ofensa que un semejante vuestro os hace, que la que hace a Aquel que no es semejante de ningún otro. ¿No os parece? Y, sin embargo, Dios perdona. Haced también vosotros lo mismo. ¡Estad atentos a vosotros! Estad atentos a que vuestra intransigencia no se transforme en daño, provocando intransigencia de Dios hacia vosotros. Ya lo he dicho, pero lo repito otra vez: Sed misericordiosos para obtener misericordia. Ninguno está tan sin pecado, que pueda ser intransigente con el pecador. Mirad vuestros pesos, antes de los que gravan el corazón ajeno; quitad primero de vuestro espíritu los vuestros, luego ocupaos de los ajenos, para mostrar a los demás no rigor que condena sino amor que enseña y ayuda a ser liberados del mal.

Para poder decir — sin que el pecador te haga callar —, para poder decir: “Has pecado respecto a Dios y respecto al prójimo”, es necesario no haber pecado, o, al menos, haber expiado el pecado. Para poder decir a quien se siente abatido por haber pecado: “Ten fe, que Dios perdona a quien se arrepiente”, como siervos de este Dios que perdona a quien se arrepiente, debéis perdonar mostrando mucha misericordia. Entonces podréis decir: “¿Ves, pecador arrepentido? Yo perdono tus culpas una y mil veces, porque soy siervo de Aquel que perdona innumerables veces a quien otras tantas veces se arrepiente de sus pecados. Piensa entonces cómo te perdona el Perfecto, si yo, sólo porque le sirvo, sé perdonar. ¡Ten fe!”. Esto debéis poder decir. Y decirlo con la acción, no con las palabras. Decir perdonando.

423.8

Por eso, si vuestro hermano peca, reprendedle con amor y, si se arrepiente, perdonadle. Y si al cabo del día ha pecado siete veces y siete veces os dice: “Me arrepiento”, otras tantas veces perdonadle. ¿Habéis comprendido? ¿Me prometéis que lo haréis? Mientras está lejos, ¿me prometéis que tendréis compasión de él? ¿Me prometéis ayudarme a curarle con vuestro sacrificio de conteneros cuando yerra? ¿No queréis ayudarme a salvarle? Es un hermano vuestro de espíritu, al venir de un único Padre; de raza, al venir de un único pueblo; de misión, al ser apóstol como vosotros. Tres veces debéis amarle pues. Si en vuestra familia tuvierais un hermano que diera dolor a vuestro padre y diera de sí motivo de críticas, ¿no trataríais de corregirle para que vuestro padre no sufriera más y el pueblo no hablase mal de vuestra familia? ¿Y entonces? ¿No es la vuestra una más grande y santa familia cuyo Padre es Dios, cuyo Primogénito soy Yo? ¿Por qué, entonces, no queréis consolarnos al Padre y a mí, y ayudarnos a hacer bueno al pobre hermano que — creedme — no es feliz de ser así?…».

Jesús, angustiadamente, suplica por el apóstol tan lleno de faltas… Y termina: «Yo soy el gran Mendigo. Y os pido el óbolo más preciado: almas os pido. Las voy buscando. Pero vosotros me tenéis que ayudar… Saciad el hambre de mi Corazón, que busca amor y no lo encuentra sino en demasiado pocos. Porque los que no tienden a la perfección, para mí son como panes arrebatados a mi hambre espiritual. Dad almas a vuestro Maestro, afligido de ser aborrecido e incomprendido…».

423.9

Los apóstoles están conmovidos… Muchas cosas quisieran decir. Y todas las palabras les parecen demasiado mezquinas… Se arriman al Maestro, todos quieren acariciarle para hacerle sentir que le quieren.

En fin, es el manso Andrés el que dice: «Sí, Señor. Con paciencia y silencio y sacrificio, las armas que convierten, te daremos almas. También ésa… si Dios nos ayuda…».

«Sí, Señor. Y Tú ayúdanos con tu oración».

«Sí, amigos. Entretanto, vamos a orar juntos por el compañero que se ha marchado. “Padre nuestro que estás en el Cielo…”».

La voz perfecta de Jesús dice las palabras del Pater articulándolas clara y lentamente. Los otros le hacen coro en tono bajo. Y, orando, se alejan en la noche.


Notes

  1. vision désormais lointaine : elle a eu lieu cinq mois plus tôt, en 334.7.
  2. comment l’endroit se présente. Suit le dessin où Maria Valtorta présente au centre, du nord au sud, Thabor, le petit Hermon, les monts de Samarie ; à l’est Jourdain ; à l’ouest Megiddo, suivi d’un point d’interrogation.
  3. cette scène qui est relatée en 112.2.

Notas

  1. visión ya lejana, de cinco meses antes, en 334.7.