The Writings of Maria Valtorta

423. Départ de Judas, qui provoque

423. The departure of the Iscariot which causes

423.1

Ils sont à présent sur l’autre rive. Ils ont à leur droite le mont Thabor et le petit Hermon, à leur gauche les montagnes de Samarie, par derrière le Jourdain, et en face, au-delà de la plaine, les collines devant lesquelles se trouve Megiddo (si j’ai bonne mémoire, c’est le nom que j’ai entendu dans une vision désormais lointaine[1], celle où Jésus retrouva Judas et Thomas, après la séparation causée par la nécessité de tenir caché le départ de Syntica et de Jean d’En-Dor).

Voici comment l’endroit se présente.[2]

Ils ont dû faire halte toute la journée dans quelque maison hospitalière, car le soir est venu, et il est visible qu’ils se sont reposés. Il fait encore chaud, mais la rosée commence déjà à tomber, tempérant la chaleur. Les ombres violacées du crépuscule descendent, succédant aux dernières rougeurs d’un brûlant coucher de soleil.

« Ici, la marche est aisée, observe Matthieu, tout content.

– Oui. Si nous continuons ainsi, nous serons à Megiddo avant le chant du coq, lui répond Simon le Zélote.

– Et, à l’aube, au-delà des collines, en vue de la plaine de Saron, ajoute Jean.

– Et de ta mer, hein ? lui dit son frère pour le taquiner.

– Oui, de ma mer…, répond Jean en souriant.

423.2

– Et tu partiras en esprit pour une de tes pérégrinations spirituelles » lui dit Pierre en l’embrassant avec une affection rude et débonnaire. Puis il achève : « Apprends-moi, à moi aussi, comment on fait pour que certaines pensées… d’ange viennent à l’esprit à la vue de la nature. Moi, j’ai regardé l’eau tant de fois… Je l’ai aimée… mais… elle ne m’a jamais servi à autre chose qu’à manger et à pêcher. Qu’est-ce que tu y perçois, toi ?..

– Je vois de l’eau, Simon, comme toi et comme tout le monde, de la même façon que je vois maintenant des champs et des vergers… Mais ensuite, en plus des yeux du corps, j’ai comme d’autres yeux à l’intérieur, et ce n’est plus l’herbe et l’eau que je contemple, mais des paroles de sagesse qui jaillissent de ces choses matérielles. Ce n’est pas moi qui pense, je n’en serais pas capable, mais un autre qui pense en moi.

– Serais-tu prophète ? demande Judas sur un ton un peu ironique.

– Oh ! non ! Je ne suis pas prophète…

– Alors quoi ? Tu crois posséder Dieu ?

– Encore moins…

– Alors, tu délires.

– Ce serait bien possible, tant je suis petit et faible. Mais, s’il en est ainsi, il est bien doux de délirer, car cela me porte à Dieu. Ma maladie devient alors un don, et j’en bénis le Seigneur.

– Ha ! Ha ! Ha ! » glousse bruyamment et faussement Judas.

Mais Jésus a entendu :

« Il n’est pas malade, il n’est pas prophète. Mais l’âme pure possède la sagesse. C’est elle qui parle dans le cœur de l’homme juste.

– Alors moi, je n’y arriverai jamais, car je n’ai pas toujours été bon…, dit Pierre, découragé.

– Et moi donc ? lui répond Matthieu.

– Mes amis, rares, trop rares seraient ceux qui pourraient posséder la sagesse parce qu’ils sont purs depuis toujours. Mais le repentir et la bonne volonté font que l’homme, auparavant coupable et imparfait, devient juste. Alors la conscience se purifie dans le bain de l’humilité, de la contrition et de l’amour, de sorte qu’elle peut rivaliser avec les purs.

– Merci, Seigneur » dit Matthieu en se penchant pour baiser la main du Maître.

423.3

Un silence s’établit. Puis Judas s’exclame :

« Je suis fatigué ! Je ne sais pas si j’arriverai à marcher toute la nuit.

– Naturellement ! lui répond Jacques, fils de Zébédée. Aujourd’hui, tu as voulu tourniquer comme une grosse mouche, pendant qu’on dormait !

– Je voulais voir si je rencontrais des disciples…

– Et en quoi cela t’importait ? Le Maître ne l’a pas demandé. Par conséquent…

– Eh bien, je l’ai fait ! Et si le Maître me le permet, je vais rester à Megiddo. Je crois qu’il s’y trouve un de nos amis qui y descend chaque année à cette époque, après la moisson. Je voudrais lui parler de ma mère et…

– Fais ce que tu crois bon. Ton affaire terminée, tu te dirigeras vers Nazareth. Nous te retrouverons là. Ainsi tu aviseras ma Mère et Marie, femme d’Alphée, que nous serons bientôt à la maison.

– Moi aussi, je te dis comme Matthieu : “ Merci, Seigneur. ” »

Jésus ne répond pas et il reçoit le baiser sur la main de Judas comme il a reçu celui de Matthieu. On ne peut voir l’expression des visages, car c’est le moment de la soirée où la lumière du jour a complètement disparu, et celle des étoiles n’est pas encore là. Il fait si noir qu’ils ont du mal à se diriger sur la route et, pour parer à tout accident, Pierre et Thomas se décident à ramasser des branches dans les haies et à les allumer. Elles brûlent en crépitant… Mais l’absence de lumière d’abord, puis les lueurs mobiles et fumeuses, ne permettent pas de distinguer l’expression des visages.

Les collines se rapprochent pendant ce temps, et leurs sombres mamelons se dessinent de mieux en mieux grâce à un noir plus marqué que celui des champs, où les récoltes ont laissé des chaumes blanchâtres dans l’obscurité de la nuit, et à la faveur de la clarté des premières étoiles qui vient les éclairer…

« Je te quitterais bien ici, car mon ami habite un peu en dehors de Megiddo. Je suis si fatigué…

– Vas-y ! Que le Seigneur veille sur tes pas.

– Merci, Maître. Adieu, mes amis.

– Adieu, adieu » disent les autres, sans accorder beaucoup d’importance à cette salutation.

Jésus répète :

« Que le Seigneur veille sur tes actes. »

Judas s’éloigne rapidement

423.4

« Hum ! Il ne paraît plus si fatigué, observe Pierre.

– Oui ! ici il traînait des pieds. Maintenant, il court comme une gazelle… » dit Nathanaël.

Jude s’adresse à Jésus :

« Ton adieu a été saint, mon frère. Mais à moins que le Seigneur ne lui impose sa volonté, l’assistance de Dieu ne l’aidera pas à lui faire accomplir de bonnes démarches et des actions justes.

– Jude, ce n’est pas parce que tu es mon frère que tu es exempt de reproches ! Je te reprends donc, parce que tu t’es montré désagréable et sans pitié pour ton compagnon. Il a ses fautes, mais toi, tu as les tiennes. Et la première, c’est de ne pas savoir m’aider à former cette âme. Tu l’exaspères par tes reproches. Ce n’est pas par la violence que l’on gagne les cœurs. Crois-tu avoir le droit de censurer tous ses actes ? Te sens-tu assez parfait pour pouvoir le faire ? Je te rappelle que moi, ton Maître, je ne le fais pas, parce que j’aime cette âme informe. C’est celle qui me fait pitié plus que toute autre… précisément parce qu’elle est malade. Le crois-tu satisfait de son état ? Et comment pourras-tu, demain, être maître des âmes, si tu ne t’exerces pas sur un compagnon à faire preuve de la charité infinie qui rachète les pécheurs ? »

Jude baisse la tête dès les premiers mots. A la fin, il s’agenouille par terre en disant :

« Pardonne-moi. Je suis un pécheur et reprends-moi quand je suis en faute, car la correction est amour, et seul le sot ne comprend pas la grâce d’être corrigé par le sage.

– Tu vois que je le fais pour ton bien. Mais au reproche se joint le pardon, parce que je sais comprendre les raisons de ta rigueur, et parce que l’humilité de celui que l’on réprimande désarme celui qui le corrige. Relève-toi, Jude, et ne pèche plus. »

Puis il le garde auprès de lui avec Jean.

423.5

Les autres apôtres commentent le fait entre eux, d’abord à voix basse, puis plus fort à cause de l’habitude qu’ils ont de parler à haute voix, et c’est ainsi que je les entends établir un parallèle entre Jude et Judas.

« Si c’était Judas qui entendait ces reproches ! comme il se révolterait ! Ton frère est bon, dit Thomas à Jacques.

– Pourtant… voilà… On ne peut pas dire qu’il ait eu tort. Il a dit une vérité sur l’Iscariote. Tu y crois, toi, à l’ami qui va en Judée ? Moi pas, dit franchement Matthieu.

– Il s’agit peut-être… des affaires de vignes, comme au marché de Jéricho » dit Pierre, incapable d’oublier cette scène.[3]

Tout le monde rit.

« Il est certain que seul le Maître peut éprouver tant de compassion à son égard…, observe Philippe.

– Tant ? Toujours, devrais-tu dire, lui réplique Jacques, fils de Zébédée.

– Si c’était moi, je ne serais pas si patient, intervient Nathanaël.

– Et moi non plus, confirme Matthieu. La scène d’hier a été dégoûtante.

– Il ne doit pas avoir toute sa tête, dit Simon le Zélote, conciliant.

– Pourtant, dit Pierre, il sait toujours bien mener ses affaires, et même trop bien. Je parierais ma barque, mes filets, et même ma maison, en étant certain de ne rien perdre, qu’il est en train d’aller chez quelque pharisien en quête de protection…

– C’est vrai ! Ismaël ! Ismaël est à Megiddo ! Comment n’y avons-nous pas pensé ? ! Il faut le dire au Maître ! s’écrie Thomas en se frappant vigoureusement le front.

– Inutile. Le Maître l’excuserait encore et nous ferait des reproches, dit Simon le Zélote.

– Eh bien… essayons. Vas-y, toi, Jacques. Il t’aime, tu es son parent…

– Pour lui, nous sommes tous égaux. Il ne distingue pas en nous les parents des amis, il ne voit que les apôtres, et il est impartial. Mais j’y vais pour vous faire plaisir » dit Jacques, fils d’Alphée.

Il se hâte de quitter ses compagnons et de rejoindre Jésus.

423.6

« Vous pensez qu’il est allé chez un pharisien. Lui ou un autre, peu importe… Mais je pense qu’il l’a fait pour ne pas venir à Césarée. Il n’aime pas s’y rendre…, dit André.

– On dirait que, depuis quelque temps, il éprouve de la répulsion pour les romaines, remarque Thomas.

– Et pourtant… pendant que vous marchiez vers Engaddi et que moi, j’allais avec lui chez Lazare, il était tout heureux de s’entretenir avec Claudia…, se rappelle Simon le Zélote.

– Oui… mais… A mon avis, c’est à ce moment-là qu’il a commis quelque erreur, et je pense que Jeanne l’a appris ; c’est peut-être pour cela qu’elle a appelé Jésus et… et… je rumine tant de choses en moi depuis que Judas s’est ainsi emporté à Bet-çur…, marmonne Pierre entre ses dents.

– Qu’est-ce que tu dis ?… demande Matthieu, curieux.

– Mais… Je ne sais pas… Des idées… Nous verrons…

– Oh ! ne pensons pas à mal ! Le Maître ne le veut pas. Et nous n’avons pas de preuves qu’il ait mal agi, supplie André.

– Tu ne voudrais pas me dire qu’il fait bien d’affliger le Maître, de lui manquer de respect, de montrer sa mauvaise humeur, de…

– Tout doux ! Simon ! Je t’assure qu’il est un peu dérangé…, dit Simon le Zélote.

– Bien ! C’est possible. Mais il pèche contre la bonté de notre Seigneur. Moi, même s’il me crachait au visage, s’il me giflait, je le supporterais afin d’offrir cela à Dieu pour sa rédemption. Je me suis mis en tête de faire toutes sortes de sacrifices à son intention, et je me mords la langue, je m’enfonce les ongles dans les paumes, pour me dominer quand il fait le fou. Mais ce que je ne peux pas pardonner, c’est qu’il soit mauvais avec notre Maître. Le péché qu’il commet contre lui, c’est comme si c’était contre moi, et je ne le lui pardonne pas. Et puis… si c’était rare ! Mais c’est toujours à recommencer ! Je n’arrive pas à apaiser en moi l’irritation qui me fait bouillir pour une scène qu’il a faite, que déjà il en commence une autre ! Une, deux, trois… Il y a une limite ! »

Pierre crie presque en parlant, et il gesticule avec toute son impétuosité.

423.7

Jésus, qui les précède d’une dizaine de mètres, se retourne, tel une ombre blanche dans la nuit :

« Il n’y a pas de limite à l’amour et au pardon, non. Ni en Dieu, ni chez les vrais enfants de Dieu. Tant qu’il y a de la vie, il n’y a pas de limite. L’unique barrière à la venue du pardon et de l’amour, c’est la résistance impénitente du pécheur. Mais s’il se repent, il est toujours pardonné, même s’il venait à pécher non pas une, deux, trois fois par jour, mais davantage.

Vous aussi, vous péchez et vous voulez que Dieu vous pardonne. Vous allez lui dire : “ J’ai péché ! Remets-moi ma faute ”, et le pardon vous est doux, comme il est doux à Dieu de pardonner. Vous n’êtes pas des dieux, par conséquent moins grave est l’offense que vous fait l’un de vos semblables qu’elle ne l’est à Celui qui n’est semblable à aucun autre. Ne le pensez-vous pas ? Pourtant, Dieu pardonne. Vous aussi, faites de même. Prenez garde à vous ! Veillez à ce que votre intransigeance ne vous porte pas tort, en provoquant l’intransigeance de Dieu envers vous.

Je l’ai déjà dit, mais je le répète : soyez miséricordieux pour obtenir miséricorde. Personne n’est assez exempt de péché pour pouvoir se montrer inexorable envers le pécheur. Regardez les poids qui pèsent sur votre propre cœur avant de voir ceux d’autrui. Enlevez d’abord les vôtres de votre âme, puis tournez-vous vers ceux des autres pour leur montrer, non pas la rigueur qui condamne, mais l’amour qui instruit et aide à se délivrer du mal.

Pour pouvoir dire, sans que le pécheur vous impose silence : “ Tu as péché envers Dieu et envers ton prochain ”, il faut ne pas avoir péché ou du moins avoir réparé sa faute.

Pour pouvoir dire à l’homme mortifié d’avoir péché : “ Aie foi, Dieu pardonne à celui qui se repent ” comme serviteurs de ce Dieu qui pardonne aux repentis, vous devez faire preuve de miséricorde dans le pardon.

Alors vous pourrez dire : “ Vois-tu, pécheur repenti ? Moi, je pardonne tes fautes soixante-dix-sept fois sept fois parce que je suis le serviteur du Dieu qui pardonne un nombre incalculable de fois à celui qui se repent autant de fois de ses péchés. Imagine donc comme le Parfait te pardonne, si moi je sais pardonner, uniquement parce que je suis son serviteur. Aie foi ! ” Voilà ce que vous devez pouvoir dire, non pas en paroles mais en actes : en pardonnant.

423.8

Si votre frère commet quelque faute, reprenez-le avec amour, et s’il se repent, pardonnez-lui. S’il a péché sept fois dès le commencement du jour et s’il vous dit sept fois : “ Je me repens ”, pardonnez-lui autant de fois. Avez-vous compris ? Me promettez-vous de le faire ? Me promettez-vous d’en avoir compassion pendant qu’il est au loin ? De m’aider à le guérir en vous maîtrisant, par esprit de sacrifice, quand il se trompe ? Ne voulez-vous pas m’aider à le sauver ? C’est votre frère d’âme, qui vient d’un unique Père, un frère de race qui vient d’un unique peuple, un frère de mission puisqu’il est apôtre comme vous. C’est donc trois fois que vous devez l’aimer. Si vous aviez dans votre famille un frère qui afflige votre père et fait parler de lui, ne chercheriez-vous pas à le corriger pour que votre père ne souffre plus et que les gens ne parlent plus de votre famille ? Alors ? Ne faites-vous pas partie d’une plus grande et plus sainte famille, dont le Père est Dieu et dont je suis l’Aîné ? Pourquoi donc ne voulez-vous pas consoler le Père et moi-même et nous aider à rendre bon le pauvre frère qui, croyez-le, n’est pas heureux d’être ainsi… »

Jésus implore anxieusement en faveur de l’apôtre si plein de défauts… Et il achève :

« Je suis le grand Mendiant, et je vous demande l’obole la plus précieuse : les âmes. Moi, je vais à leur recherche, mais vous, vous devez m’aider… Rassasiez la faim de mon cœur qui cherche l’amour et ne le trouve qu’en trop peu de personnes. Car ceux qui ne tendent pas à la perfection sont pour moi autant de pains enlevés à ma faim spirituelle. Donnez des âmes à votre Maître affligé de ne pas être aimé et d’être incompris… »

423.9

Les apôtres sont émus… Ils voudraient lui dire tant de choses ! Mais toute parole leur semble superflue… Ils se serrent contre le Maître, tous voudraient le caresser pour lui faire sentir à quel point ils l’aiment.

Finalement, c’est le doux André qui dit :

« Oui, Seigneur, par la patience, le silence et le sacrifice, ces armes qui convertissent, nous te donnerons des âmes. Celle-là aussi… si Dieu nous aide…

– Oui, Seigneur. Et toi, soutiens-nous par ta prière.

– Oui, mes amis. En attendant, prions ensemble pour notre compagnon qui est parti : “ Notre Père, qui es aux Cieux… ” »

La voix parfaite de Jésus récite les mots du Notre Père en les scandant lentement. Les autres l’accompagnent à mi-voix. Et ils s’éloignent dans la nuit en priant.

423.1

They are now on the other bank. On their right are mount Tabor and the little Hermon, on their left the mountains of Samaria, the Jordan is behind them, and in front of them, beyond the plain in which they are, the hills in front of which is Megiddo; (if my memory does not fail me, I heard this name in a remote vision[1], the one in which Jesus joins Judas of Kerioth and Thomas, after the separation brought about by the necessity of concealing the departure of Syntyche and John of Endor).

They must have rested all day in some hospitable house, because it is evening once again and it is evident that they have rested. It is still warm, but dew is already beginning to form, mitigating the heat. And violet shadows of twilight are falling after the last red flares of a blazing sunset.

«We can walk without difficulty here» remarks Matthew happily.

«Yes. If we proceed this fast, we shall be at Megiddo before cock-crow » the Zealot replies to him.

«And at dawn we shall be beyond the hills, in sight of the plain of Sharon» concludes John.

«And of your sea, eh?» says his brother teasing him.

«Yes. Of my sea…» replies John smiling.

423.2

«And with your spirit you will depart on one of your spiritual wanderings» says Peter pressing his arm with strong fatherly affection. And he concludes: «Teach me as well, how to draw certain… angelical thoughts from the sight of things. I have looked at water so many times… I have loved it… but… but it has never been of any avail to me other than to earn my living by fishing in it. What do you see in it?…»

«I see water, Simon. Like you and everybody else. As I now see fields and orchards… But then, beside the eyes of my body, I have other eyes in here, and I no longer see grass and water but words of wisdom come out from those material things. It is not I who think. I would not be able. It is somebody else who thinks in me.»

«Are you perhaps a prophet?» asks the Iscariot somewhat ironically.

«Oh! no! I am not a prophet…»

«What then? Do you think that you possess God?»

«Even less so…»

«You must be raving then.»

«It might well be so, I am so small and weak. But if it is so, it is pleasant raving and leads me to God. My disease then becomes a gift and I bless the Lord for it.»

«Ha! Ha! Ha!» Judas guffaws maliciously.

Jesus, Who has been listening, says: «He is not ill, he is not a prophet. But a pure soul possesses wisdom. It is wisdom that speaks in the heart of a just man.»

«In that case I will never get there, because I have not always been good…» says Peter, somewhat discouraged.

«What about me, then?» replies Matthew.

«My friends, only few people, too few could possess wisdom because they have always been pure. But repentance and goodwill make man, previously guilty and imperfect, just, and then the conscience is purified in the bath of humbleness, contrition and love, and thus purified, it can vie with those who are pure.»

«Thank You, Lord» says Matthew bending to kiss the hand of the Master.

423.3

There is silence. Then Judas exclaims: «I am tired! I don’t know whether I will be able to walk all night.»

«No wonder! Today you wandered about like a blowfly, while we were sleeping!» James of Zebedee replies to him.

«I wanted to see if I met any of the disciples…»

«What did it matter to you? The Master did not tell you. So…»

«Well, I did it. And if the Master allows me, I will stop at Megiddo. I think a friend of ours is there, he goes there every year, at this time, after harvest-time. I would like to speak to him of my mother and…»

«Do as you wish. After your errand you will go to Nazareth. We will meet you there. You can thus inform My Mother and Mary of Alphaeus that we shall soon be home.»

«I also say to You, as Matthew did: “Thank You, Lord”.»

Jesus does not reply, and He receives the kiss on His hand as He received Matthew’s. It is not possible to see His countenance because it is the moment in the evening when daylight has disappeared completely and there is no starlight as yet. It is so dark that they are proceeding along the road with difficulty and to avoid all possible trouble Peter and Thomas decide to light some twigs, which they have taken from hedges and which burn with a crackle. But the lack of light previously and the smoky moving light later do not enable one to see the expressions of faces.

In the meantime they are approaching the hills, the dark tops of which are visible because they are darker than the mown fields, where the stubble looks whitish against the black of the night, and they become more and more visible as they are approached and as the light of the first stars illuminates them…

«I would leave You here, as my friend lives a little outside Megiddo. I am so tired…»

«You may go. May the Lord watch over your steps.»

«Thank You, Master. Goodbye, friends.»

«Goodbye, goodbye» say the others without attaching much importance to their greetings.

Jesus repeats: «May the Lord watch over your actions.»

Judas goes away quickly.

423.4

«H’m! He doesn’t look so tired» remarks Peter.

«True! He was dragging his feet here. But now he is running like a gazelle over there…» says Nathanael.

«Your farewell was a holy one, Brother. But unless the Lord overwhelms him with His will, the assistance of God will not help him to take good steps and do fair actions.»

«Judas, the fact that you are My brother does not exempt you from being reproached! I therefore reproach you for being harsh and pitiless towards your companion. He has his faults. But you also have yours. And the first is that you do not endeavour to help Me to perfect his soul. You exasperate him with your words. It is not with violence that you bend hearts. Do you think that you are entitled to censor every action of his? Do you consider yourself so perfect as to be able to do so? May I remind you that I, your Master, do not do so, because I love that imperfect soul. It moves Me to pity more than any other soul… just because it is imperfect. Do you think that he is happy with his state? And how will you be able to be a master of spirits in future, if with one of your companions you do not practise to make use of the infinite charity which redeems sinners?»

Judas of Alphaeus has bent his head as from the first words. But at the end he kneels on the ground saying: «Forgive me. I am a sinner. And reproach me when I am wrong, because reproof is love, and only a fool does not appreciate the grace of being corrected by a wise person.»

«You can see that I do it for your own good. And forgiveness is joined to My reproach because I can understand the reason for your severity and because the humbleness of the person corrected disarms him who corrects. Stand up, Judas, and sin no more» and He keeps him beside Himself with John.

423.5

The other apostles exchange comments with one another, whispering at first, then in louder voices out of their habit of speaking aloud. I can thus hear them make comparisons between the two Judases.

«If it had been Judas of Kerioth to get that reproach, I wonder how he would have reacted! Your brother is good» says Thomas to James.

«But… well… We cannot say that what he said was wrong. He said one thing which is true with regard to Judas of Kerioth. Do you believe the story of the friend who goes to Judaea? I don’t» says Matthew frankly.

«It must be… vineyard matters as it happened at the Jericho market» says Peter referring to the scene[2] which he cannot forget. They all laugh.

«It certainly takes the Master to pity him so much…» remarks Philip.

«So much? Always, you should say» replies James of Zebedee.

«If it were I, I would not be so patient» says Nathanael.

«Neither would I. Yesterday’s scene was disgusting» confirms Matthew.

«The man cannot be completely sound of mind» says the Zealot conciliatorily.

«But he knows how to look after his business. He is even too clever. I would bet my boat, my nets, even my house, sure that I would not lose anything, that he has gone to see some Pharisee to beg for protection…» says Peter.

«That’s right. Ishmael! There is Ishmael at Megiddo! How come we never thought of that?! We must tell the Master!» exclaims Thomas striking his forehead vigorously with his hand.

«It is of no use. The Master would excuse him once again and would reproach us» says the Zealot.

«Well… let us try. James, go: He loves you and you are a relative of His…»

«We are all alike, as far as He is concerned. Here, He does not see us as relatives or friends, He sees only apostles and He is impartial. But I will go, just to please you» says James of Alphaeus. And he quickens his step to depart from his companions and join Jesus.

423.6

«You think that he has gone to see a Pharisee. This one or that one… it does not matter… But I think he did it in order not to come to Caesarea. He does not come there willingly…» says Andrew.

«He seems to have been disgusted with the Roman ladies for some time» remarks Thomas.

«And yet… while you were going to Engedi and I was going with him to Lazarus, he was so happy to speak to Claudia…» says the Zealot.

«Yes… but… I think that he did something wrong just then. And I think that Johanna knows and that is why she sent for Jesus and… and I have been making many suppositions since Judas flew into a passion at Bethzur…» grumbles Peter between his teeth.

«Do you mean that?…» asks Matthew curiously.

«Well… I don’t know… Ideas… We shall see…»

«Oh! Don’t let us think of evil things! The Master does not approve of that. And we have no proof that he did anything wrong» says Andrew imploringly.

«You are not going to tell me that he acts rightly in grieving the Master, in lacking in respect to Him, in causing ill feelings…»

«Be good, Simon! I can assure you that he is somewhat mad…» says the Zealot.

«Well. He may be. But he sins against the kindness of our Lord. If he spat in my face, if he boxed my ears, I would put up with that and offer it to God for his redemption. I have taken it into my head to make every sacrifice for that and I bite my tongue and I run my nails into the palms of my hands when he plays the fool, in order to control myself. But I cannot forgive him for being bad to our Master. The sin he commits against Him, it’s the same as if he committed it against me, and I cannot forgive him. Then… if it were only now and again! But he is always at it! I cannot get over the anger boiling within me about one of his quarrels, and he makes a fresh scene! Once, twice, three times… There is a limit!» Peter is almost shouting his words and is gesticulating impetuously.

423.7

Jesus, Who is about ten metres ahead of them, turns around, a white shadow in the night, and He says:

«There is no limit to love and forgiveness. There is none. Neither in God nor in the true children of God. As long as there is life, there is no limit. The only obstacle to the descent of forgiveness and love is the impenitent resistance of the sinner. But if he repents, he is always to be forgiven, even if he sinned not once, twice or three times a day, but much more frequently. You also sin and you want to be forgiven by God and you go to Him saying: “I have sinned! Forgive me”. And forgiveness is pleasant to you and it is pleasant to God to forgive. And you are not gods. Consequently the offence given to you by people like yourselves is less serious than that given to God, Who is not like anybody else. Do you not think so? And yet God forgives. Do likewise yourselves. Be careful! Watch that your intolerance does not become detrimental to you by causing God to be intolerant towards you. I have already told you, but I will repeat it once again. Be merciful in order to have mercy. No one is so sinless as to be inexorable towards a sinner. Look at your own burdens before considering those weighing on the hearts of other people. Remove yours from your souls and then turn to those of other people to show them not the severity that condemns, but the love that teaches and helps to be freed from evil. In order to be able to say – and not be silenced by a sinner – in order to be able to say: “You have sinned against God and against your neighbour” it is necessary not to have sinned or at least to have made amends for the sin. In order to be able to say to those who are dejected because they have sinned: “Have faith that God forgives those who repent” as servants of God Who forgives repentant souls – you must show so much mercy in forgiving. Then you will be able to say: “See, repentant sinner? I forgive your sins seven and seven times, because I am a servant of Him Who forgives countless times those who repent of their sins as many times. Consider then how the Perfect One forgives, if I know how to forgive, simply because I serve Him. Have faith!”. You must be able to say so, and say so with your deeds, not just with words. You must say so forgiving.

423.8

So if your brother sins, admonish him kindly, and if he repents, forgive him. And if at the end of the day he has sinned seven times and says to you seven times: “I repent”, forgive him seven times. Have you understood? Will you promise Me that you will do that? While he is away, do you promise Me to be indulgent to him and to help Me to cure him making the sacrifice of controlling yourselves when he does anything wrong? Do you not want to help Me to save him? He is your brother in spirit as he comes from one sole Father, by race as he comes from one sole people, by mission as he is an apostle like you. So you ought to love him three times. If in your family you had a brother who grieved your father and exposed himself to censure, would you not try to correct him so that your father suffered no longer and no one spoke ill of your family? So? Is your family not a greater and holier one as its Father is God and I am the First-born? Why, then, do you not want to console the Father and Me and help us to improve the poor brother who, believe Me, is not happy to be so?…»

Jesus is anxiously imploring on behalf of the apostle who is so full of faults… And He concludes: «I am the Great Beggar and I ask you for the most valuable alms: I ask you to give Me souls. I go about looking for them, but you must help Me… Satisfy the hunger of My Heart, which seeks love and finds it only in too few people. Because those who do not aim at perfection are like as many loaves of bread of which My spiritual hunger is deprived. Give souls to your Master Who is distressed at not being loved and understood…»

423.9

The apostles are moved… They would like to say so many things, but every word seems too mean… They press around the Master, each one wishing to caress Him, to make Him feel that they all love Him.

At last it is meek Andrew who says: «Yes, Lord. With patience, silence and sacrifice, the powerful means of conversion, we will give You souls. Also that one… if God helps us…»

«Yes, Lord. And You help us with Your prayer.»

«Yes, friends. And in the meantime let us pray together for your companion who has gone away. “Our Father Who art in Heaven…”»

Jesus’ perfect voice repeats the words of the Our Father pronouncing them distinctly and slowly. The others chorus in a subdued tone. And while praying they move away in the night.


Notes

  1. vision désormais lointaine : elle a eu lieu cinq mois plus tôt, en 334.7.
  2. comment l’endroit se présente. Suit le dessin où Maria Valtorta présente au centre, du nord au sud, Thabor, le petit Hermon, les monts de Samarie ; à l’est Jourdain ; à l’ouest Megiddo, suivi d’un point d’interrogation.
  3. cette scène qui est relatée en 112.2.

Notes

  1. remote vision, of five months before in 334.7.
  2. the scene, as in 112.2.