Los Escritos de Maria Valtorta

507. Grande discussion avec les Juifs.

507. El gran debate con los judíos.

507.1

Jésus rentre au Temple avec les apôtres et les disciples. Certains apôtres — et pas seulement eux — lui font remarquer que c’est imprudent. Mais lui répond :

« De quel droit pourrait-on m’en refuser l’entrée ? Suis-je donc condamné ? Non, pour le moment je ne le suis pas encore. Je monte donc vers l’autel de Dieu comme tout israélite qui craint le Seigneur.

– Mais tu as l’intention de parler…

– N’est-ce donc pas le lieu où d’ordinaire les rabbis se réunissent pour parler ? C’est l’exception d’être hors d’ici pour parler et enseigner ; cela peut correspondre au repos que prend un rabbi ou à quelque nécessité personnelle, mais c’est ici que chacun aime à faire l’école aux disciples. Ne voyez-vous pas autour des rabbis des gens de toutes nationalités s’approcher pour entendre au moins une fois les célèbres rabbis ? Au moins pour pouvoir dire en revenant dans leur pays : « Nous avons entendu un maître, un philosophe parler à la manière d’Israël. » Maître, pour ceux qui déjà sont juifs ou tendent à l’être ; philosophe, pour les païens proprement dits. Et les rabbis ne dédaignent pas d’être écoutés par ces derniers, dans l’espoir d’en faire des prosélytes. Sans cette espérance qui, si elle était humble, serait sainte, ils ne se tiendraient pas dans la Cour des Gentils, mais exigeraient de parler dans la Cour des Juifs et, si possible, dans le Saint lui-même : car, d’après le jugement qu’ils portent sur eux-mêmes, ils sont tellement saints que Dieu seul leur est supérieur… Et moi, qui suis Maître, je parle là où parlent les maîtres. Mais ne craignez rien ! Leur temps n’est pas encore venu. Quand ce sera le cas, je vous avertirai, pour que vous fortifiiez votre cœur.

– Tu ne nous avertiras pas, dit Judas.

– Pourquoi donc ?

– Parce que tu ne pourras pas le savoir. Aucun signe ne te l’indiquera. Il n’y a pas de signe. Cela fait presque trois ans que je suis avec toi, et je t’ai toujours vu menacé et persécuté. Qui plus est, tu étais seul, alors. Maintenant, tu as derrière toi le peuple qui t’aime et les pharisiens le craignent. Tu es donc plus fort. Qu’est-ce qui pourra t’indiquer que le moment sera venu ?

– Je le vois dans le cœur des hommes. »

Judas reste un instant interdit, puis il reprend :

« Une autre raison, c’est que… Tu nous épargnes en doutant de notre courage.

– C’est pour ne pas nous affliger qu’il se tait, intervient Jacques, fils de Zébédée.

– Cela aussi. Ce qui est sûr, c’est que tu ne diras rien.

– Je vous préviendrai. Et tant que je ne le ferai pas, quelles que soient la violence et la haine que vous verrez contre moi, n’en soyez pas épouvantés. Elles n’ont pas de conséquences.

507.2

Allez de l’avant. Je reste ici à attendre Manahen et Marziam. »

Les Douze et leurs compagnons obtempèrent à contrecœur.

Jésus revient vers la porte attendre les deux hommes. Il sort même dans la rue et tourne vers l’Antonia.

Des légionnaires, arrêtés près de la forteresse, se le montrent du doigt et conversent. Il semble qu’il y ait comme un peu de discussion, puis l’un d’eux dit à haute voix :

« Je le lui demande »

Il quitte ses compagnons pour venir vers Jésus.

« Salut, Maître. Parles-tu aussi aujourd’hui à l’intérieur ?

– Que la Lumière t’éclaire. Oui, je parlerai.

– Alors… prends garde à toi. Quelqu’un qui est au courant nous a avertis, et une femme qui t’admire nous a ordonné d’être vigilants. Nous nous tiendrons près du souterrain du côté de l’orient. En connais-tu l’entrée ?

– Je ne l’ignore pas, mais il est fermé aux deux bouts.

– Tu crois cela ? »

Le légionnaire a un bref rire et, dans l’ombre de son casque, ses yeux et ses dents brillent, le faisant paraître plus jeune. Puis il salue en se raidissant :

« Salut, Maître. Souviens-toi de Quintus Félix.

– Je m’en souviendrai. Que la Lumière t’éclaire » dit Jésus en se remettant en route.

Le légionnaire retourne à sa place et parle avec ses camarades.

« Maîtres, nous avons tardé ? Il y avait tant de lépreux ! s’exclament en même temps Manahen, vêtu simplement de marron foncé, et Marziam.

– Non. Vous avez vite fait. Dépêchons-nous cependant, les autres nous attendent. Manahen, est-ce toi qui as prévenu les Romains ?

– De quoi, Seigneur ? Je n’ai parlé avec personne. Et je ne saurais… Les Romaines ne sont pas à Jérusalem. »

Les voilà de nouveau près de la porte d’enceinte. Comme s’il s’y trouvait par hasard, le lévite Zacharie est là.

« Paix à toi, Maître. Je veux te dire… J’essaierai toujours d’être à tes côtés, ici à l’intérieur. Quant à toi, ne me perds pas de vue. Et s’il y a du tumulte et que tu vois que je m’en vais, cherche toujours à me suivre. Ils te haïssent tant ! Je ne puis faire davantage… Comprends-moi…

– Que Dieu te récompense et te bénisse pour la pitié que tu as pour son Verbe. Je ferai ce que tu dis, et ne crains pas que quiconque connaisse ton amour pour moi. »

Ils se séparent.

« C’est peut-être lui qui a parlé aux Romains. Comme il est à l’intérieur, il aura su… » murmure Manahen.

507.3

Ils vont prier en traversant la foule. Les gens les regardent avec des sentiments divers et se réunissent ensuite à Jésus quand, une fois sa prière finie, il revient de la Cour des Juifs.

Alors qu’il est sur le point de s’arrêter, hors de la seconde enceinte, il se trouve entouré par un groupe où se mêlent scribes, pharisiens et prêtres. Un des magistrats du Temple prend la parole au nom de tous.

« Tu es encore là ? Tu ne comprends pas que nous ne voulons pas de toi ? Ne redoutes-tu même pas le danger qui te menace ici ? Va-t’en. C’est déjà beaucoup que nous te laissions entrer pour prier. Nous ne te permettons pas d’enseigner tes doctrines.

– Oui. Va-t’en. Va-t’en, blasphémateur !

– Bien, je m’en vais comme vous le souhaitez. Et pas seulement hors de ces murs : je partirai. Je suis déjà en train de partir, plus loin, là où vous ne pourrez plus me rejoindre. Il viendra des heures où vous me chercherez vous aussi, et non plus seulement pour me persécuter : vous serez poussés par une terreur superstitieuse d’être frappés pour m’avoir chassé, par un désir superstitieux d’être pardonnés de votre péché pour obtenir miséricorde. Mais, je vous le dis : cette heure-ci est celle de la miséricorde. C’est l’heure de gagner l’amitié du Très-Haut. Une fois qu’elle sera passée, tout abri sera inutile. Vous ne m’aurez plus et vous mourrez dans votre péché. Même si vous parcouriez toute la terre, même si vous parveniez à atteindre les astres et les planètes, vous ne me trouveriez plus, car là où je vais, vous ne pouvez venir. Je vous l’ai déjà dit : Dieu vient et il passe. Le sage l’accueille avec ses dons à son passage. Le sot le laisse s’éloigner et ne le retrouve jamais plus. Vous êtes d’ici-bas ; moi, je suis d’en haut. Vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde. Aussi, une fois que je serai revenu dans la demeure de mon Père, hors de ce monde qui est le vôtre, vous ne me trouverez plus et vous mourrez dans vos péchés, car vous ne saurez même pas me rejoindre spirituellement par la foi.

– Tu veux te tuer, espèce de satan ? Dans ce cas, il est certain que dans l’enfer où descendent les violents, nous ne pourrons venir te rejoindre, car l’enfer appartient aux damnés, aux maudits. Or nous, nous sommes les enfants bénis du Très-Haut » disent certains.

Les uns approuvent :

« Il veut sûrement se tuer, puisqu’il prétend que, là où il va, nous ne pouvons aller. Il comprend qu’il est découvert et qu’il a raté son coup, et il se supprime sans attendre d’être supprimé comme l’autre faux Christ galiléen. »

D’autres sont bienveillants :

« Et si, au contraire, il était réellement le Christ et s’il retournait vraiment à Celui qui l’a envoyé ?

– Où ? Au Ciel ? Abraham n’y est pas, et tu veux que lui, il y aille ? Auparavant le Messie doit venir.

– Mais Elie a été enlevé au Ciel sur un char de feu.

– Sur un char, oui. Mais au Ciel !… Qui l’assure ? »

Et le débat se prolonge tandis que les pharisiens, les scribes, les magistrats, les prêtres, les juifs asservis aux prêtres, aux scribes, aux pharisiens, harcèlent le Christ sous les vastes portiques comme une meute de chiens harcèle le gibier qu’elle a repéré.

507.4

Mais certains, les bons au sein de cette masse hostile, ceux qui sont vraiment conduits par un désir honnête, se fraient un passage pour rejoindre Jésus et lui posent l’anxieuse question que j’ai déjà tant de fois entendue poser avec amour ou avec haine :

« Qui es-tu ? Dis-le, pour que nous sachions comment nous conduire. Dis la vérité, au nom du Très-Haut !

– Je suis la Vérité même, et je ne mens jamais. Je suis celui que je vous ai toujours déclaré être depuis le premier jour où je me suis adressé aux foules, partout en Palestine, celui que j’ai déclaré être ici, plusieurs fois, près du Saint des Saints dont je ne crains pas les foudres, puisque je dis la vérité. J’ai encore beaucoup de choses à dire et à juger pendant mon jour et en ce qui concerne ce peuple ; bien que le soir paraisse déjà proche pour moi, je sais que je les dirai et que je jugerai tout le monde, car c’est ce que m’a promis Celui qui m’a envoyé et qui est véridique. Il a parlé avec moi dans une éternelle étreinte d’amour, en me partageant toute sa Pensée pour que moi, je puisse la révéler au monde par ma Parole. Je ne pourrai me taire et personne ne pourra me faire taire jusqu’à ce que j’aie annoncé au monde tout ce que j’ai entendu de mon Père.

– Tu blasphèmes encore ? Et tu continues à te prétendre Fils de Dieu ? Mais à qui espères-tu faire croire cela ? Qui pourrait reconnaître en toi le Fils de Dieu ? » lui jettent avec force gestes ses ennemis, lançant leurs poings presque sur son visage, devenus fous de haine.

Les apôtres, les disciples et des gens bien intentionnés les repoussent, en faisant une sorte de barrage pour protéger le Maître.

Le lévite Zacharie se faufile tout doucement, en calculant ses mouvements pour ne pas attirer l’attention des énergumènes, jusqu’à Jésus, à côté de Manahen et des deux fils d’Alphée.

507.5

Ils sont maintenant au bout du Portique des Païens, parce que la marche est lente entre les courants contraires, et Jésus s’arrête à sa place habituelle à la dernière colonne du côté oriental. Du lieu où ils se trouvent, les païens eux-mêmes ne peuvent chasser un véritable israélite sans exciter la foule, ce que, sournoisement, ils évitent de faire. Et de là, il reprend la parole pour répondre à ceux qui l’offensent, et avec eux à tout le monde :

« Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme… »

Les pharisiens et les scribes s’écrient :

« Et qui veux-tu qui t’élève ? Misérable pays qui a pour roi un bavard fou et un blasphémateur honni de Dieu… Aucun de nous ne t’élèvera, sois-en certain. Et le peu de lumière qui te reste te l’a fait comprendre à temps quand on t’a mis à l’épreuve[1]. Tu sais bien que nous ne pourrons jamais faire de toi notre roi !

– Je le sais. Vous ne m’élèverez pas sur un trône, et pourtant vous m’élèverez. Et vous croirez m’abaisser en m’élevant. Mais c’est justement quand vous croirez m’avoir abaissé que je serai élevé : non seulement sur la Palestine, non seulement sur l’ensemble d’Israël répandu dans le monde, mais sur le monde entier, et jusque sur les nations païennes, jusque sur les lieux qu’ignorent encore les savants du monde. Et je le serai, non pas pour la durée d’une vie d’homme, mais pour toute la durée de la vie de la terre, et l’ombre du pavillon de mon trône s’étendra sur la terre jusqu’à la couvrir tout entière. C’est seulement alors que je reviendrai et que vous me verrez. Ah ! vous me verrez !

– Mais écoutez ces discours de fou ! Nous le relèverons en l’abaissant, et nous l’abaisserons en l’élevant ! Un fou ! Un fou ! Et l’ombre de son trône s’étendrait sur toute la terre ! Il se dit plus grand que Cyrus ! Qu’Alexandre ! Que César ! Où le mets-tu, César ? Crois-tu qu’il te laissera prendre l’empire de Rome ? Et il resterait sur le trône pour toute la durée du monde ! Ha ! Ha ! Ha ! »

Leur ironie est plus cinglante qu’un fouet.

507.6

Mais Jésus les laisse dire. Il hausse la voix pour être entendu dans la clameur de ceux qui se moquent de lui et de ceux qui le défendent, et qui remplit les lieux comme la rumeur d’une mer en courroux.

« Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez qui je suis et que je ne fais rien de moi-même ; mais je dis ce que mon Père m’a enseigné et je fais ce qu’il veut. Et Celui qui m’a envoyé ne me laisse pas seul, mais il est avec moi. Comme l’ombre suit le corps, de même le Père est derrière moi, veillant, présent bien qu’invisible. Il est derrière moi pour me réconforter et m’aider, et il ne s’éloigne pas parce que je fais toujours ce qui lui plaît. Dieu s’éloigne au contraire quand ses enfants n’obéissent pas à ses lois et à ses inspirations. Alors il s’en va et les laisse seuls. C’est à cause de cela que beaucoup pèchent en Israël. Car l’homme laissé à lui-même a du mal à se garder juste, et il tombe facilement entre les anneaux du Serpent. Et en vérité, en vérité je vous dis qu’à cause de votre péché de résistance à la lumière et à la miséricorde de Dieu, Dieu s’éloigne de vous. Il laissera vide de lui-même ce lieu et vos cœurs ; et ce qu’a pleuré Jérémie dans ses prophéties et les Lamentations s’accomplira exactement. Méditez ces paroles prophétiques[2], tremblez et faites retour sur vous-mêmes avec un bon esprit. Ecoutez non pas les menaces, mais la bonté du Père qui avertit ses enfants pendant qu’il leur est encore permis de réparer et de se sauver. Ecoutez Dieu dans les paroles et dans les faits, et si vous ne voulez pas croire à mes paroles, parce que le vieil Israël vous étouffe, croyez au moins au vieil Israël. En lui, les prophètes crient les dangers et les malheurs de la cité sainte et de notre patrie tout entière si elle ne se tourne pas vers le Seigneur son Dieu et si elle ne suit pas le Sauveur. La main de Dieu a déjà pesé sur ce peuple au cours des siècles passés, mais le passé comme le présent ne seront rien par rapport à l’avenir redoutable qui l’attend pour n’avoir pas voulu accueillir l’Envoyé de Dieu. Ce qui attend Israël qui répudie le Christ n’est comparable ni en rigueur ni en durée. C’est moi qui vous l’affirme, en plongeant mon regard dans les siècles : tel un arbre brisé et jeté dans les tourbillons d’un fleuve impétueux, ainsi sera la race hébraïque frappée par l’anathème divin. Avec ténacité, elle cherchera à se fixer sur les rives en tel ou tel lieu et, vigoureuse comme elle l’est, elle jettera des surgeons et des racines. Mais quand elle croira s’être installée à demeure, elle sera reprise par la violence du courant qui l’arrachera encore, brisera ses racines et ses rejets, et elle ira plus loin souffrir, s’accrocher pour être de nouveau arrachée et dispersée. Et rien ne pourra lui donner la paix, car le courant qui la poursuit sera la colère de Dieu et le mépris des peuples. Ce n’est qu’en se jetant dans une mer de sang vivant et sanctifiant qu’elle pourrait trouver la paix ; mais elle fuira ce sang bien qu’il l’invite encore, parce qu’il lui semblera qu’il a la voix du sang d’Abel, qui l’appelle, elle, le Caïn de l’Abel céleste. »

Un autre vaste brouhaha se propage dans l’enceinte comme la rumeur de la marée, mais il manque dans ce bruit les voix âpres des pharisiens et des scribes, et des juifs qui leur sont attachés. Jésus en profite pour essayer de s’en aller.

507.7

Mais certains qui étaient au loin s’approchent de lui :

« Maître, écoute-nous. Nous ne sommes pas tous comme eux (et ils indiquent les ennemis), mais nous avons du mal à te suivre, en particulier parce que ta voix est seule contre des centaines qui disent le contraire de toi – mais justement ce que nous avons entendu de nos pères dès notre enfance. Cependant tes paroles nous incitent à croire. Mais comment faire pour croire complètement et avoir la vie ? Nous sommes comme liés par la pensée du passé…

– Si vous vous attachez à ma Parole, ce sera comme une nouvelle naissance, vous croirez complètement et deviendrez mes disciples. Mais il faut que vous vous dépouilliez du passé et que vous acceptiez ma Doctrine. Elle n’efface pas tout le passé. Au contraire, elle maintient et revigore ce qui est saint et surnaturel dans le passé et enlève tout superflu humain en mettant la perfection de ma Doctrine là où étaient les doctrines humaines toujours imparfaites. Si vous venez à moi, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres.

– Maître, il est vrai que nous t’avons dit que nous sommes comme liés par le passé, mais ce lien n’est pas une prison ni un esclavage. Nous sommes la descendance d’Abraham[3] dans les réalités spirituelles. En effet, si nous ne sommes pas dans l’erreur, on dit descendance d’Abraham pour parler de postérité spirituelle, par opposition à celle d’Agar qui est une descendance d’esclaves. Comment donc peux-tu nous demander de devenir libres ?

– La descendance d’Abraham, c’était aussi Ismaël et ses enfants, je vous le fais remarquer, car Abraham était le père d’Isaac et d’Ismaël.

– Mais une descendance impure, car c’était le fils d’une femme esclave et égyptienne.

– En vérité, en vérité je vous dis qu’il n’y a qu’un esclavage : celui du péché. Seul celui qui commet le péché est un esclave, et d’une servitude qu’aucune somme d’argent ne rachète. Son maître est inexorable et cruel, et il perd tout droit à la libre souveraineté dans le Royaume des Cieux. L’homme que la guerre ou des malheurs ont réduit en esclavage, peut aussi tomber en possession d’un bon maître, mais sa bonne situation est toujours précaire car son propriétaire peut le vendre à un maître cruel. Il est une marchandise, et rien de plus. On s’en sert parfois même comme d’argent pour payer une dette. Et il n’a même pas le droit de pleurer. Le serviteur, au contraire, vit dans la maison de son patron jusqu’à ce qu’il soit congédié. Mais le fils reste toujours dans la maison du père et le père ne pense pas à le chasser : c’est seulement par sa libre volonté qu’il peut en partir. C’est en cela que réside la différence entre esclavage et service, et entre service et filiation. L’esclavage maintient l’homme dans les chaînes, le service le met à la disposition d’un patron, la filiation le place pour toujours et avec parité de vie dans la maison du père. L’esclavage annihile l’homme, le service le rend sujet, la filiation le rend libre et heureux. Le péché rend esclave, et sans fin, du maître le plus cruel qui soit : Satan. Le service — dans ce cas l’ancienne Loi — rend l’homme craintif à l’égard de Dieu comme d’un Etre intransigeant. La filiation, c’est-à-dire le fait de venir à Dieu avec son Premier-Né, avec moi, rend l’homme libre et heureux, car il connaît son Père et il a confiance en son amour. Recevoir ma Doctrine, c’est venir à Dieu avec moi, qui suis le Premier-Né de nombreux enfants bien-aimés. Je briserai vos chaînes pourvu que vous veniez à moi pour que je les brise, et vous serez vraiment libres et cohéritiers avec moi du Royaume des Cieux.

507.8

Je sais parfaitement que vous êtes la postérité d’Abraham. Mais ceux d’entre vous qui cherchent à me faire mourir n’honorent plus Abraham, mais Satan, et le servent en esclaves fidèles. Pourquoi ? Parce qu’ils repoussent ma parole, de sorte qu’elle ne peut pénétrer en beaucoup d’entre vous. Dieu ne violente pas l’homme pour l’obliger à croire, il ne le violente pas pour l’obliger à m’accepter, mais il m’envoie pour que je vous indique sa volonté. Et moi, je vous dis ce que j’ai vu et entendu auprès de mon Père et je fais ce qu’il veut. Mais ceux d’entre vous qui me persécutent font ce qu’ils ont appris de leur père et ce qu’il leur suggère. »

Comme un paroxysme qui revient après une rémission dans une maladie, la colère des juifs, pharisiens et scribes, qui semblait un peu calmée, se réveille avec violence. Ils pénètrent comme un coin dans le cercle compact qui enserre Jésus et ils cherchent à l’approcher. La foule ondoie en vagues aussi contraires que les sentiments des cœurs. Les juifs, livides de colère et de haine, hurlent :

« Notre père, c’est Abraham. Nous n’en avons pas d’autre.

– Le Père des hommes, c’est Dieu. Abraham lui-même est fils du Père universel. Mais beaucoup répudient le vrai Père pour quelqu’un qui n’est pas père, mais qu’ils choisissent comme tel parce qu’il semble plus puissant et disposé à satisfaire leurs désirs immodérés. Les enfants reproduisent les œuvres qu’ils voient leur père commettre. Si vous êtes les fils d’Abraham, pourquoi ne faites-vous pas les œuvres d’Abraham ? Vous ne les connaissez pas ? Dois-je vous les énumérer, comme nature et comme symbole ? Abraham obéit en allant dans le pays que Dieu lui indiqua, figure d’un homme qui doit être prêt à tout quitter pour aller là où Dieu l’envoie. Abraham fit preuve de complaisance envers le fils de son frère et le laissa choisir la région qu’il préférait, figure du respect pour la liberté d’action et de la charité que l’on doit avoir pour son prochain. Abraham se montra humble après que Dieu lui eut marqué sa prédilection et il l’honora à Mambré, se sentant toujours un néant en face du Très-Haut qui lui avait parlé, figure de la position de l’amour révérenciel que l’homme doit toujours avoir envers son Dieu. Abraham crut en Dieu et lui obéit, même dans les ordres les plus difficiles à recevoir et les plus pénibles à accomplir, et pour se sentir en sécurité, il ne se rendit pas égoïste, mais il pria pour les habitants de Sodome. Abraham ne conclut pas de pacte avec le Seigneur en voulant être récompensé de ses nombreuses obéissances, et même, pour l’honorer jusqu’à la fin, jusqu’à la dernière limite, il lui sacrifia son fils bien-aimé…

– Il ne l’a pas sacrifié.

– Si, car en vérité son cœur l’avait déjà sacrifié durant le trajet par sa volonté d’obéir, que l’ange arrêta quand déjà le cœur du père se fendait au moment de fendre le cœur de son fils. Il tuait son fils pour honorer Dieu. Vous, c’est de Dieu que vous tuez le Fils pour honorer Satan. Faites-vous donc les œuvres de Celui que vous appelez votre père ? Non, certes pas. Vous cherchez à me tuer parce que je vous dis la vérité, comme je l’ai entendue de Dieu. Abraham n’agissait pas ainsi. Au lieu ignorer la voix qui venait du Ciel, il lui obéissait. Non, vous ne faites pas les œuvres d’Abraham, mais celles que vous indique votre père.

507.9

– Nous ne sommes pas nés d’une prostituée, nous ne sommes pas des bâtards. Tu as dit toi-même que le Père des hommes, c’est Dieu. Or nous, nous appartenons au peuple élu, et aux castes élues dans ce peuple. Nous avons donc Dieu pour unique Père.

– Si vous reconnaissiez Dieu pour Père, en esprit et en vérité, vous m’aimeriez, car je procède et je viens de Dieu ; je ne viens pas de moi-même, mais c’est lui qui m’a envoyé. Par conséquent, si vous connaissiez vraiment le Père, vous me connaîtriez moi aussi, son Fils et votre Frère et Sauveur. Est-ce que les frères peuvent ne pas se reconnaître ? Est-ce que les enfants de l’Unique peuvent ne pas reconnaître le langage que l’on parle à la Maison de l’Unique Père ? Pourquoi donc ne comprenez-vous pas mon langage et ne supportez-vous pas mes paroles ? C’est que je viens de Dieu, et pas vous. Vous avez quitté la demeure paternelle et oublié le visage et le langage de Celui qui l’habite. Vous êtes partis de votre plein gré dans d’autres régions, dans d’autres demeures, où règne un autre qui n’est pas Dieu, et où l’on parle un autre langage. Or, pour en permettre l’entrée, celui qui y règne impose que l’on devienne son fils et qu’on lui obéisse. Vous l’avez fait et vous continuez. Vous abjurez, vous reniez le Dieu Père pour vous choisir un autre père : Satan. Vous avez pour père le démon et vous voulez accomplir ce qu’il vous suggère. Or les désirs du démon sont des désirs de péché et de violence, et vous leur faites bon accueil. Dès le commencement, il était homicide. S’il n’a pas persévéré dans la vérité c’est que lui, qui s’est révolté contre la Vérité, ne peut avoir en lui l’amour du vrai. Quand il parle, il parle comme il est, c’est-à-dire en être menteur et ténébreux car, en vérité, c’est un menteur : il a engendré et enfanté le mensonge après s’être fécondé par l’orgueil et nourri par la rébellion. Il a en son sein toute la concupiscence et il la crache, il l’inocule pour empoisonner toutes les créatures. C’est le ténébreux, le railleur, le maudit reptile rampant, c’est l’Opprobre et l’Horreur. Depuis des siècles et des siècles, ses œuvres tourmentent l’homme, et l’intelligence des hommes a devant elle leurs signes et leurs fruits.

Et pourtant, c’est à lui qui ment et détruit que vous prêtez l’oreille, alors que si je parle et dis ce qui est vrai et bon, vous ne me croyez pas et me traitez de pécheur. Mais qui, parmi tous ceux qui m’ont approché, avec haine ou avec amour, peut dire qu’il m’a vu pécher ? Qui peut l’assurer en toute vérité ? Où sont les preuves pour me convaincre et convaincre ceux qui croient en moi, que je suis un pécheur ? Auquel des dix commandements ai-je manqué ? Qui peut jurer devant l’autel de Dieu qu’il m’a vu violer la Loi et les coutumes, les préceptes, les traditions, les prières ? Quel homme peut me faire changer d’expression pour être, avec des preuves certaines, convaincu de péché ? Personne, aucun homme et aucun ange. Dieu crie au cœur des hommes : « Il est l’Innocent. » De cela vous êtes tous convaincus, et vous qui m’accusez encore davantage que ces autres qui ignorent qui, de vous ou de moi, a raison. Mais seul l’homme qui appartient à Dieu écoute les paroles de Dieu. Vous, vous ne les écoutez pas, bien qu’elles tonnent en vos âmes nuit et jour, parce que vous n’êtes pas de Dieu.

507.10

– Nous, nous qui vivons pour la Loi et dans l’observance la plus minutieuse des préceptes pour honorer le Très-Haut, nous ne serions pas de Dieu ? Et c’est toi qui oses dire cela ? Ah !!! »

Ils semblent asphyxiés par l’horreur comme si une corde leur serrait le cou.

« Et nous ne devrions pas dire que tu es un possédé et un Samaritain ?

– Je ne suis ni l’un ni l’autre, mais j’honore mon Père, même si vous le niez pour m’en faire un reproche ; mais votre blâme ne m’afflige pas. Je ne cherche pas ma gloire. Il y a Quelqu’un qui en prend soin et qui juge. Je vous le dis à vous qui voulez m’humilier, mais aux hommes de bonne volonté j’affirme que celui qui accueillera ma parole, ou l’a déjà accueillie et qui saura la garder, ne verra jamais la mort pour l’éternité.

– Ah ! maintenant nous voyons bien que le démon qui te possède parle par ta bouche ! Tu l’as déclaré toi-même : « Il parle en menteur. » Ce que tu as dit est une parole de mensonge, ta parole est donc démoniaque. Abraham est mort, les prophètes sont morts, et tu prétends que celui qui gardera ta parole ne verra jamais la mort pour l’éternité. Tu ne mourras donc pas ?

– Je ne mourrai que comme Homme pour ressusciter au temps de grâce, mais comme Verbe je ne mourrai pas. La Parole est vie et elle ne meurt pas. Et celui qui accueille la Parole possède en lui la vie et ne meurt pas pour l’éternité, mais il ressuscite en Dieu, car moi je le ressusciterai.

– Blasphémateur ! Fou ! Démon ! Es-tu plus grand que notre père Abraham qui est mort, et que les prophètes ? Qui prétends-tu donc être ?

– Le Principe, moi qui vous parle. »

Il se produit un grand charivari, pendant lequel le lévite Zacharie pousse insensiblement Jésus dans un coin du portique, aidé en cela par les fils d’Alphée et par d’autres qui l’épaulent, peut-être sans même savoir ce qu’ils font.

507.11

Lorsque Jésus est bien adossé au mur et protégé par les plus fidèles qui se tiennent devant lui, et que le tumulte s’apaise un peu même dans la cour, il dit de sa voix si pénétrante et si belle, si calme, même dans les moments les plus troublés :

« Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’a pas de valeur. Chacun peut dire de lui-même ce qu’il veut. Mais Celui qui me glorifie, c’est mon Père dont vous affirmez qu’il est votre Dieu, bien qu’il soit si peu vôtre que vous ne le connaissez pas et que vous ne l’avez jamais connu, et que ne voulez pas le connaître à travers moi, qui vous en parle parce que je le connais. Et si je prétendais ne pas le connaître pour apaiser votre haine envers moi, je serais menteur, comme vous l’êtes, vous, quand vous assurez le connaître. Je sais que je ne dois pas mentir, pour aucune raison. Le Fils de l’homme ne doit pas mentir, même si dire la vérité doit être la cause de sa mort. Car si le Fils de l’homme mentait, il ne serait plus le fils de la Vérité, et la Vérité le repousserait loin d’elle. Je connais Dieu, à la fois comme Dieu et comme homme. Par conséquent, comme Dieu et comme homme, je garde ses paroles et je les observe. Israël, réfléchis ! C’est ici que s’accomplit la promesse. C’est en moi qu’elle s’accomplit. Reconnaissez-moi pour ce que je suis ! Abraham, votre père, a ardemment désiré voir mon jour. Il l’a vu prophétiquement, par une grâce de Dieu, et il en a exulté de joie. Et vous qui le vivez en réalité…

– Mais tais-toi donc ! Tu n’as pas encore cinquante ans et tu veux dire qu’Abraham t’a vu et que tu l’as vu ? »

Leur rire railleur se propage comme un flot empoisonné ou un acide qui ronge.

« En vérité, en vérité je vous le dis : avant qu’Abraham naisse, moi, Je suis.

– « Je suis » ? Seul Dieu peut dire cela, puisqu’il est éternel. Pas toi ! Blasphémateur ! « Je suis » ! Anathème ! Serais-tu donc Dieu, toi, pour affirmer cela ? » lui lance un homme qui doit être un grand personnage car, arrivé depuis peu, il est déjà près de Jésus, tout le monde s’étant écarté presque avec terreur à sa venue.

« Tu l’as dit » répond Jésus d’une voix de tonnerre.

Tout devient une arme aux mains de ceux qui haïssent. Pendant que le dernier à avoir interrogé le Maître s’abandonne à toute une mimique d’horreur scandalisée, arrache son couvre-chef, tripatouille ses cheveux et sa barbe, et défait les boucles qui retiennent son vêtement à son cou, comme s’il se sentait défaillir d’horreur, des poignées de terre, des pierres dont se servent les marchands de colombes et autres animaux pour tendre les cordages des enclos, et des changeurs pour… garder prudemment leurs coffres auxquels ils tiennent plus qu’à leur vie, sont projetées contre le Maître, et naturellement retombent sur la foule elle-même, car Jésus est trop à l’intérieur, sous le portique, pour qu’on puisse l’atteindre. La foule bougonne et se plaint…

507.12

Zacharie, le lévite, donne une forte bourrade à Jésus, seul moyen de le faire arriver à une petite porte basse, cachée dans le mur du portique et déjà prête à s’ouvrir, et il l’y pousse en même temps que les deux fils d’Alphée, Jean, Manahen et Thomas. Les autres restent dehors, dans le tumulte… dont le bruit arrive affaibli dans une galerie, entre les puissantes murailles de pierre, dont je ne sais comment elles s’appellent en architecture. Elles sont pour ainsi dire encastrées dans des pierres larges qui encadrent les plus petites, et vice versa. J’ignore si je m’explique bien. Elles sont grises, puissantes, taillées grossièrement, à peine visibles dans la pénombre des fentes étroites placées en haut à des distances régulières pour aérer et empêcher l’endroit d’être complètement obscur. C’est une étroite galerie dont je ne vois à quoi elle sert, mais qui me donne l’impression de tourner sous tout le portique. Peut-être avait-elle été faite pour protéger, pour abriter, pour doubler et donc rendre plus résistantes, les murailles des portiques qui constituent comme autant d’enceintes au Temple proprement dit, au Saint des Saints. En somme, je ne sais pas. Je dis ce que je vois. Il y règne une odeur d’humidité, et de cette humidité dont on ne sait si elle est froide ou non, comme dans certaines caves.

« Et que faisons-nous ici ? demande Thomas.

– Tais-toi ! Zacharie m’a dit qu’il viendra et que nous devions rester silencieux et immobiles, répond Jude.

– Mais… peut-on avoir confiance ?

– Je l’espère.

– Ne craignez pas. C’est un homme bon, dit Jésus, pour les réconforter.

Au dehors, le tumulte d’apaise. Il se passe un certain temps. Puis arrive un bruit sourd de pas et une petite lueur tremblante provient des profondeurs obscures.

« Es-tu là, Maître ? dit une voix qui veut se faire entendre, tout en redoutant d’être entendue.

– Oui, Zacharie.

– Dieu soit loué ! J’ai été long ? Il m’a fallu attendre que tous courent aux autres sorties. Viens, Maître… Tes apôtres… J’ai réussi à dire à Simon d’aller tous à Bethesda et d’attendre là. D’ici, on descend… Malgré le peu de lumière, le chemin est sûr. On descend aux citernes… et on sort vers le Cédron. C’est un chemin ancien, pas toujours destiné à un bon usage. Mais cette fois, si… Et cela le sanctifie… »

Ils ne cessent de descendre dans une obscurité que rompt seulement la lueur tremblotante de la lampe jusqu’à ce qu’une lumière différente apparaisse, au fond… et au-delà, une clarté verte qui paraît lointaine… Une grille, qui est presque une porte tant elle est massive et serrée, termine la galerie.

« Maître, je t’ai sauvé. Tu peux partir, mais écoute-moi. Cesse de venir pendant quelque temps. Je ne pourrais pas toujours te rendre service sans être remarqué. Et… oublie, oubliez tous ce chemin et moi qui vous y ai conduits » dit Zacharie en faisant fonctionner des mécanismes à l’intérieur de la lourde porte et en l’entrouvrant juste pour laisser passer les personnes.

Et il répète :

« Oubliez, par pitié pour moi.

– Ne crains rien. Aucun de nous ne parlera, et que Dieu soit avec toi en raison de ta charité. »

Jésus lève la main pour la poser sur la tête inclinée du jeune homme.

Il sort, suivi par ses cousins et les autres. Il se trouve sur un petit emplacement sauvage encombré de ronces qui peut à peine les recevoir tous, en face de l’Oliveraie. Un sentier de chèvres descend au milieu des ronces vers le torrent.

« Allons. Nous allons remonter ensuite à la hauteur de la porte des Brebis et moi j’irai avec mes frères chez Joseph, tandis que vous irez chercher les autres à Bethesda avant de me rejoindre. Nous irons à Nobé demain soir après le crépuscule. »

507.1

Jesús entra otra vez en el Templo con apóstoles y discípulos. Y algunos apóstoles, y no sólo apóstoles, le hacen la observación de que es imprudente entrar. Pero Él responde: «¿Con qué derecho podrían negármelo? ¿Estoy condenado acaso? No, por ahora todavía no lo estoy. Subo, pues, al altar de Dios como todo israelita que teme al Señor».

«Pero tienes intención de hablar…».

«¿Y no es éste el lugar donde habitualmente se reúnen los rabíes para hablar? Estar fuera de aquí para hablar y adoctrinar es la excepción, y puede representar un descanso que se ha tomado un rabí, o una necesidad personal. Pero el lugar en que todos apetecen enseñar a los discípulos es éste. ¿No veis en torno a los rabíes gente de todas las nacionalidades, que se acercan a oír al menos una vez a los célebres rabíes? Al menos para poder decir al regresar a su tierra natal: “Hemos oído a un maestro, a un filósofo hablar según el modo de Israel”. Maestro para los que ya son o tienden a ser hebreos; filósofo para los que son gentiles en el verdadero sentido de la palabra. Y los rabíes no se desdeñan de ser escuchados por éstos, porque esperan hacer de ellos prosélitos. Sin esta esperanza, que si fuera humilde sería santa, no estarían en el Patio de los Paganos, sino que exigirían hablar en el de los Hebreos, y, si fuera posible, en el Santo mismo, porque, según su juicio sobre sí mismos, son tan santos que sólo Dios es superior a ellos… Y Yo, Maestro, hablo donde hablan los maestros. Pero ¡no temáis! No es todavía su momento. Cuando sea su momento os lo diré, para que fortalezcáis vuestro corazón».

«No lo dirás» dice Judas Iscariote.

«¿Por qué?».

«Porque no lo podrás saber. Ninguna señal te lo indicará. No hay señal. Hace casi tres años que estoy contigo y siempre te he visto amenazado y perseguido. Es más, antes estabas solo, mientras que ahora tienes detrás de ti al pueblo que te ama y que es temido por los fariseos. Así que eres más fuerte. ¿Por qué cosa esperas comprender el momento?».

«Por lo que veo en el corazón de los hombres».

Judas se queda un momento desorientado, luego dice: «Y tampoco lo dirás porque… al dudar de nuestro valor, nos eximirás de ello».

«Por no afligirnos, calla» dice Santiago de Zebedeo.

«También. Pero seguro que no lo dirás».

«Os lo diré. Y hasta que no os lo diga, cualquiera que fuese la violencia y el odio que vierais contra mí, no os asustéis. Son cosas sin consecuencias.

507.2

Seguid adelante. Yo me quedo aquí a esperar a Manahén y a Margziam».

A regañadientes, los doce y quien está con ellos se adelantan.

Jesús vuelve hacia la puerta para esperar a los dos; es más, sale a la calle y tuerce hacia la Antonia.

Unos legionarios, parados al pie de la fortaleza, le señalan —unos a otros se lo señalan— y hablan entre sí. Parece que hay un poco de discusión, luego uno dice más fuerte: «Yo se lo pregunto», y se separa yendo hacia Jesús. «¡Salve, Maestro! ¿Vas a hablar también hoy ahí dentro?».

«Que la Luz te ilumine. Sí. Hablaré».

«Entonces… ten cuidado. Uno que sabe nos ha advertido. Y una que te admira ha ordenado vigilar. Estaremos cabe el subterráneo de oriente. ¿Sabes dónde está la entrada?».

«No lo ignoro. Pero está cerrada por las dos partes».

«¿Tú crees?». El legionario ríe con una breve sonrisa, y en la sombra de su yelmo los ojos y dientes brillan haciéndole más joven. Luego, cuadrándose, saluda: «¡Salve, Maestro! Acuérdate de Quinto Félix».

«Me acordaré. Que la Luz te ilumine».

Jesús se echa a andar de nuevo y el legionario regresa al sitio de antes y habla con sus conmilitones.

«¿Maestro, hemos tardado? ¡Eran muchos los leprosos!» dicen juntos Manahén —vestido sencillamente de marrón obscuro— y Margziam.

«No. Habéis tardado poco. De todas formas, vamos; los otros nos esperan. ¿Manahén, has sido tú el que ha avisado a los romanos?».

«¿De qué, Señor? No he hablado con nadie. Y no sabría… Las romanas no están en Jerusalén».

De nuevo están junto a la puerta de la muralla y, como si estuviera por azar, está allí cerca el levita Zacarías.

«La paz a ti, Maestro. Quiero decirte… Trataré de estar siempre donde ti aquí dentro. Y no me pierdas de vista. Y, si hay tumulto y ves que me marcho, trata de seguirme siempre. ¡Te odian mucho! No puedo hacer más… Compréndeme…».

«Que Dios te lo pague y te bendiga por la piedad que tienes por su Verbo. Haré lo que dices. Y no temas, que ninguno sabrá de tu amor por mí».

Se separan.

«Quizás ha sido él el que se lo ha dicho a los romanos. Estando ahí dentro, habrá sabido…» susurra Manahén.

507.3

Van a orar, pasando entre la gente, que los mira con diferentes sentimientos, y que se reúne luego detrás de Jesús cuando, terminada la oración, Él vuelve del patio de los Hebreos.

Fuera ya de la segunda muralla, Jesús hace ademán de pararse, pero un grupo mixto de escribas, fariseos y sacerdotes, le rodea. Uno de los magistrados del Templo habla por todos.

«¿Estás todavía aquí? ¿No comprendes que no te aceptamos? ¿No temes siquiera el peligro que te amenaza? Vete. Ya es mucho si te dejamos orar. No te permitimos ya más que enseñes tus doctrinas».

«Sí. Vete. ¡Vete, blasfemo!».

«Sí, me voy, como queréis. Y no sólo fuera de estos muros. Me voy a marchar, estoy ya marchándome, más lejos, a donde ya no podréis ir. Y llegarán horas en que me buscaréis también vosotros, y ya no sólo para perseguirme, sino también por un supersticioso terror de una acción contra vosotros por haberme echado; por una ansia supersticiosa de ser perdonados de vuestro pecado para obtener misericordia. Pero os digo que ésta es la hora de la misericordia, la hora de hacerse amigos del Altísimo. Pasada esta hora, será inútil todo remedio. Ya no me tendréis, y moriréis en vuestro pecado. Aunque recorrierais toda la Tierra y lograrais alcanzar astros y planetas, no me encontraríais, porque a donde Yo voy vosotros no podéis ir. Ya os lo he dicho. Dios viene y pasa. El sabio le acoge con sus dones cuando pasa. El necio le deja marcharse y ya no vuelve a encontrarle. Vosotros soy de abajo, Yo soy de arriba. Vosotros sois de este mundo, Yo no soy de este mundo. Por eso, una vez que Yo haya regresado a la morada de mi Padre, fuera de este mundo vuestro, ya no me encontraréis y moriréis en vuestros pecados, porque ni siquiera sabréis alcanzarme espiritualmente con la fe».

«¿Te quieres matar, demoniado? Claro que, entonces, en el Infierno donde bajan los violentos nosotros no podremos alcanzarte, porque el Infierno es de los condenados, de los malditos, y nosotros somos los benditos hijos del Altísimo» dicen algunos.

Y otros aprueban, diciendo: «Seguro que se quiere matar, porque dice que a donde Él va nosotros no podemos ir. Comprende que ha sido descubierto y que ha fallado el intento, y se quita la vida sin esperar a que se la quiten, como al otro galileo[1] falso Cristo».

Y otros, benévolos: «¿Y si fuera realmente el Cristo y realmente volviera a Aquel que le ha enviado?».

«¿A dónde? ¿Al Cielo? ¿No está allí Abraham y piensas que va a ir Él? Antes tiene que venir el Mesías».

«Pero Elías fue raptado al Cielo en un carro de fuego».

«En un carro, sí. Pero al Cielo… ¿quién lo asegura?».

Y el contraste continúa mientras fariseos, escribas, magistrados, sacerdotes, judíos al servicio de sacerdotes, escribas y fariseos, van siguiendo a Cristo por los amplios pórticos como una jauría de perros acosa a la salvajina levantada.

507.4

Pero algunos, los buenos de la masa hostil, aquellos a quienes verdaderamente mueve un deseo honesto, se abren paso hasta llegar a Jesús y le hacen esa ansiosa pregunta que tantas veces se ha oído hacer, o con amor o con odio: «¿Quién eres Tú? Dínoslo, para que sepamos obrar en consecuencia. ¡Di la verdad en nombre del Altísi­mo!».

«Yo soy la Verdad misma y no uso nunca la mentira. Yo soy el que siempre os he dicho que soy, desde el primer día que he hablado a las muchedumbres, en todo lugar de Palestina; el que aquí he dicho que soy, varias veces, cerca del Santo de los Santos, cuyos rayos no temo porque digo la verdad. Todavía me quedan de decir muchas cosas, y de juzgar en mi día y respecto a este pueblo, y, aunque parezca para mí cercano ya el atardecer, sé que las diré y que juzgaré a todos, porque así me lo ha prometido el que me ha enviado, que es veraz. Él ha hablado conmigo en un eterno abrazo de amor, diciéndome todo su Pensamiento, para que Yo lo pudiera expresar con mi Palabra al mundo, y no podré callar, ni nadie podrá hacerme callar hasta que haya anunciado al mundo todo aquello que he oído al Padre mío».

«¿Y todavía blasfemas? ¿Sigues llamándote Hijo de Dios? ¿Y quién piensas que te va a creer? ¿Quién crees que va a ver en ti al Hijo de Dios?» le dicen los enemigos, gesticulando casi con los puños delante de la cara, pareciendo, a causa del odio, personas trastornadas.

Apóstoles, discípulos y la gente bienintencionada los rechazan, formando como una barrera de protección para el Maestro. El levita Zacarías, lentamente, con movimientos atentos para no llamar la atención de los energúmenos, se acerca a Jesús, a Manahén y a los dos hijos de Alfeo.

507.5

Ya están en el final del pórtico de los Paganos, porque la marcha es lenta entre las corrientes contrarias, y Jesús se detiene en su sitio habitual, en la última columna del lado oriental. Se para. Del lugar donde hasta los paganos están no pueden expulsar a un verdadero israelita, so pena de soliviantar a la muchedumbre, cosa que los farsantes evitan hacer. Y allí empieza a hablar otra vez, respondiendo a sus ofensores y con ellos a todos: «Cuando elevéis al Hijo del hombre…».

Gritan los fariseos y escribas: «¿Quién crees que te va a elevar? Mísero es el país que tiene por rey a un charlatán desquiciado y a un blasfemo aborrecido por Dios. Ninguno de nosotros te alzará, puedes estar seguro. El resto de luz que te queda te lo hizo comprender a tiempo, cuando fuiste tentado[2]. ¡Sabes que nunca podremos hacerte nuestro rey!».

«Lo sé. No me elevaréis a un trono, pero me elevaréis. Y, alzándome, creeréis que me estáis bajando. Pero precisamente cuando creáis que me habéis bajado, seré alzado. No sólo en Palestina, no sólo en todo el Israel esparcido por el mundo, sino en todo el mundo, incluso en las naciones paganas, incluso en los lugares todavía ignorados por los doctos del mundo. Y seré elevado no durante una vida de hombre, sino durante toda la vida de la Tierra, y la sombra del dosel de mi trono se irá extendiendo cada vez más sobre la Tierra hasta cubrirla por entero. Sólo entonces volveré y me veréis. ¡Me veréis!».

«¿Pero estáis oyendo que forma demente de hablar? ¡Le elevaremos bajándole y le bajaremos alzándole! ¡Un loco! ¡Un loco! ¡Y la sombra de su trono sobre toda la Tierra! ¡Más grande que Ciro! ¡Más que Alejandro! ¡Más que César! ¿Dónde pones a César? ¿Crees que te va a dejar tomar el imperio de Roma? ¡Y permanecerá en el trono durante todo el tiempo del mundo! ¡Ja!, ¡ja!, ¡ja!». Con su ironía dan bofetadas, más: latigazos, peor que con un flagelo.

507.6

Pero Jesús deja que hablen. Alza la voz para ser oído en medio del clamor de quien se ríe y de quien defiende, y que llena el lugar con rumor de mar agitado.

«Cuando levantéis al Hijo del hombre, comprenderéis quién soy y que no hago por mí mismo nada, sino que digo aquello que mi Padre me ha enseñado y hago lo que Él quiere. Y el que me ha enviado, ciertamente, no me deja solo, sino que está conmigo. De la misma manera que la sombra sigue al cuerpo, lo mismo está el Padre detrás de mí, vigilante y, aunque invisible, presente. Está detrás de mí y me conforta y ayuda y no se aleja, porque hago siempre lo que a Él le agrada. Dios, por el contrario, se aleja cuando sus hijos no obedecen sus leyes e inspiraciones. Entonces se marcha y los deja solos. Por eso muchos en Israel pecan. Porque el hombre, abandonado a sí mismo, difícilmente se conserva justo y fácilmente cae en las espiras de la Serpiente. Y en verdad, en verdad os digo que por vuestro pecado de resistencia a su Luz y Misericordia Dios se aleja de vosotros y dejará vacío de sí este lugar y vuestros corazones; y lo que con llanto dijo Jeremías en sus profecías y lamentaciones se cumplirá exactamente. Meditad esas palabras proféticas, y temblad. Temblad y entrad otra vez en vosotros mismos con espíritu bueno. Oíd no las amenazas, sino aún la bondad del Padre que advierte a sus hijos mientras todavía les es concedido reparar y salvarse. Oíd a Dios en las palabras y en los hechos y, si no queréis creer en mis palabras, porque el viejo Israel os ahoga, creed al menos en el viejo Israel. En él gritan los profetas los peligros y las calamidades de la Ciudad Santa y de toda nuestra Patria, si no se convierte al Señor su Dios y no sigue al Salvador. Ya pesó sobre este pueblo la mano de Dios en los siglos pasados. Pero el pasado y el presente no serán nada respecto al tremendo futuro que le espera por no haber querido acoger a Aquel al que Dios ha enviado. Ni en rigor ni en duración es comparable lo que espera al Israel que repudia al Cristo. Yo os lo digo, adelantando la mirada a través de los siglos: como árbol tronchado y arrojado a un vortiginoso río, así será la raza hebraica alcanzada por el anatema divino. Tenaz, tratará de detenerse en las orillas en uno u otro punto; siendo exuberante, brotarán de él vástagos y raíces. Pero, cuando ya crea que ha arraigado, volverá contra él la violencia de la riada y ésta volverá a arrancarlo, romperá sus raíces y vástagos y el árbol irá más allá, a sufrir, para arraigar y ser de nuevo arrancado y vagar de nuevo. Y nada podrá darle paz, porque la riada que hostigará será la ira de Dios y el desprecio de los pueblos. Sólo arrojándose a un mar de Sangre viva y santificante podría hallar paz. Mas evitará esa Sangre, porque, a pesar de las palabras de solicitación que ésta le dirigirá, le parecerá —Caín del Abel celeste— oír la voz de la sangre de Abel».

Otro amplio rumor que se propaga por el vasto recinto como rumor de olas. Pero en este rumor faltan las voces ásperas de los fariseos y escribas, y de los judíos a ellos subyugados. Jesús aprovecha para tratar de marcharse.

507.7

Pero algunos que estaban lejos se acercan a Él y le dicen: «Maestro, escúchanos. No todos somos como ellos (y señalan a los enemigos), pero nos es costoso seguirte, incluso porque tu voz está sola contra una gran abundancia de voces que dicen lo contrario de lo que dices Tú. Y las cosas que dicen ellos son las que hemos oído a nuestros padres desde que éramos niños. Pero tus palabras nos inducen a creer. ¿Cómo lograremos, pues, creer completamente y tener vida? Estamos como atados por el pensamiento del pasado…».

«Si os establecéis en mi Palabra como si renacierais ahora, creeréis completamente y seréis mis discípulos. Pero es necesario que os despojéis del pasado y aceptéis mi doctrina, que no borra todo el pasado, sino que mantiene y vigoriza lo santo y sobrenatural del pasado y quita lo superfluo humano, y coloca la perfección de mi doctrina donde ahora están las doctrinas humanas, que siempre son imperfectas. Si venís a mí, conoceréis la Verdad, y la Verdad os hará li­bres».

«Maestro, es verdad que te hemos dicho que estamos como atados por el pasado. Pero este vínculo no es cautiverio ni esclavitud. Nosotros somos descendencia de Abraham. En las cosas del espíritu. Porque con “descendencia de Abraham”, si no nos equivocamos, se quiere significar descendencia espiritual contrapuesta a la de Agar, que es descendencia de esclavos. ¿Cómo es que dices, entonces, que seremos libres?».

«Os hago la observación de que también era descendencia de Abraham[3] Ismael y los hijos de él. Porque Abraham fue padre de Isaac y de Ismael».

«Pero impura, porque era hijo de una mujer esclava y egipcia».

«En verdad, en verdad os digo que no hay más que una esclavitud, la del pecado. Sólo el que comete pecado es un esclavo, y esta esclavitud ninguna moneda la rescata. Hacia un amo implacable y cruel. Una esclavitud que incluye la pérdida de todos los derechos a la libre soberanía en el Reino de los Cielos. El esclavo, el hombre hecho esclavo por una guerra o por desgracias, puede caer en manos de un buen amo. Pero siempre es precaria su buena posición, porque el amo puede venderle a otro amo, cruel. El esclavo es una mercancía y nada más. A veces sirve como moneda para saldar una deuda. Y ni siquiera tiene el derecho a llorar. El criado, sin embargo, vive en la casa de su señor, si bien sólo mientras éste no le despide. Pero el hijo se queda siempre en la casa de su padre y el padre no piensa en echarle. Sólo por su libre voluntad puede salir. Y en esto está la diferencia entre esclavitud y servidumbre y entre servidumbre y filiación. La esclavitud encadena al hombre, la servidumbre le pone a servicio de un señor, la filiación le coloca para siempre, y con igualdad de vida, en la casa del padre. La esclavitud aniquila al hombre, la servidumbre lo somete, la filiación le hace libre y feliz. El pecado hace al hombre esclavo del amo más cruel y sin término: Satanás. La servidumbre, en este caso la antigua Ley, hace al hombre temeroso de Dios, como de un Ser intransigente. La filiación, o sea, el ir a Dios junto con su Primogénito, conmigo, hace del hombre un ser libre y feliz, que conoce la caridad de su Padre y en ella confía. Aceptar mi doctrina es ir a Dios junto conmigo, Primogénito de muchos hijos preferidos. Yo romperé vuestras cadenas —basta con que vengáis a mí para que las rompa—, y seréis verdaderamente libres y coherederos conmigo del Reino de los Cielos.

507.8

Sé que sois descendencia de Abraham. Pero aquel de vosotros que trate de hacerme morir ya no honra a Abraham sino a Satanás, y sirve a éste como fiel esclavo. ¿Por qué? Porque rechaza mi palabra; de forma que mi palabra no puede penetrar en muchos de vosotros. Dios no fuerza al hombre a creer, no le fuerza a aceptarme; pero me envía para que os indique cuál es su voluntad. Y Yo os refiero lo que he visto y oído al lado de mi Padre. Y hago lo que Él quiere. Pero aquellos de vosotros que me persiguen hacen lo que han aprendido de su padre y lo que él sugiere».

Como paroxismo que resurge después de una pausa del mal, la ira de los judíos, fariseos y escribas, que parecía muy calmada, se despierta violenta. Se van introduciendo como una cuña en el círculo compacto que aprieta a Jesús, y tratan de llegarse a Él. La masa de gente se mueve con vaivén de fuertes y contrarias ondas, como contrarios son los sentimientos de los corazones. Gritan los judíos, lívidos de ira y de odio: «El padre nuestro es Abraham. No tenemos ningún otro padre».

«El Padre de los hombres es Dios. El mismo Abraham es hijo del Padre universal. Pero muchos repudian al Padre verdadero a cambio de uno que no es padre, pero que lo eligen como tal porque parece más poderoso y dispuesto a contentarlos en sus deseos desordenados. Los hijos hacen las obras que ven hacer a su padre. Si sois hijos de Abraham, ¿por qué no hacéis las obras de Abraham? ¿No las conocéis? ¿Os las debo enumerar[4] como naturaleza y como símbolo? Abraham obedeció yendo al país que le fue indicado por Dios, y es figura del hombre que debe estar preparado para dejar todo e ir a donde Dios le envíe. Abraham fue condescendiente con el hijo de su hermano y le dejó elegir la región preferida, y es figura del respeto a la libertad de acción y de la caridad que debemos tener para con nuestro prójimo. Abraham fue humilde después de la predilección de Dios y le honró en Mambré, y se sintió siempre nada respecto al Altísimo, que le había hablado; es figura de la postura de amor reverencial que el hombre debe tener siempre hacia su Dios. Abraham creyó en Dios y le obedeció incluso en las cosas más difíciles de creer y penosas de cumplir, y por el hecho de sentirse seguro no se hizo egoísta, sino que oró por los de Sodoma. Abraham no buscó un pacto con el Señor queriendo un premio por sus muchas obediencias, sino que, al contrario, para honrarle hasta el fin, hasta el máximo límite, le sacrificó su amadísimo hijo…».

«No lo sacrificó».

«Le sacrificó su amadísimo hijo, porque verdaderamente su corazón ya había sacrificado durante el trayecto, con su voluntad de obedecer, que fue detenida por el ángel cuando ya el corazón del padre se partía estando para partir el corazón de su hijo. Mataba al hijo por honrar a Dios. Vosotros le matáis a Dios el Hijo por honrar a Satanás. ¿Hacéis, pues, vosotros las obras de aquel a quien llamáis padre? No, no las hacéis. Tratáis de matarme a mí porque os digo la verdad tal y como la he oído de Dios. Abraham no hacía eso. No trataba de matar la voz que venía del Cielo, sino que la obedecía. No, vosotros no hacéis las obras de Abraham, sino las que os indica vuestro padre».

507.9

«No hemos nacido de una prostituta. No somos espurios. Has dicho, Tú mismo lo has dicho, que el Padre de los hombres es Dios, y nosotros además somos del Pueblo elegido, y pertenecemos a las castas distinguidas de este Pueblo. Por tanto, tenemos a Dios como único Padre».

«Si reconocierais a Dios como Padre en espíritu y en verdad, me amaríais, porque Yo procedo y vengo de Dios; ciertamente no vengo de mí mismo, sino que es Él el que me ha enviado. Por eso, si verdaderamente conocierais al Padre, me conoceríais también a mí como Hijo suyo y hermano y Salvador vuestro. ¿Pueden los hermanos no reconocerse? ¿Pueden los hijos de Uno solo no conocer el lenguaje que se habla en la Casa del único Padre? ¿Por qué, entonces, no comprendéis mi lenguaje y no toleráis mis palabras? Porque Yo vengo de Dios y vosotros no. Vosotros habéis abandonado el hogar paterno y habéis olvidado el rostro y el lenguaje de Aquel que lo habita. Habéis ido voluntariamente a otras regiones, a otras moradas, donde reina otro, que no es Dios, y donde se habla otro idioma. Y quien allí reina impone que, para entrar, uno se haga hijo suyo y le obedezca. Y vosotros lo habéis hecho y seguís haciéndolo. Vosotros abjuráis, renegáis del Padre Dios para elegiros otro padre. Y éste es Satanás. Vosotros tenéis como padre al demonio y queréis llevar a cabo lo que él os sugiere. Y los deseos del demonio son de pecado y violencia, y vosotros los acogéis. Desde el principio era homicida, y no perseveró en la verdad porque él, que se rebeló contra la Verdad, no puede tener en sí amor a la verdad. Cuando habla, habla como lo que es, o sea, como mentiroso y tenebroso, porque verdaderamente es mentiroso y ha engendrado y ha dado nacimiento a la mentira tras haberse fecundado con la soberbia y nutrido con la rebelión. Toda la concupiscencia está en su seno, y la escupe e inocula para envenenar a las criaturas. Es el tenebroso, el menospreciador, el rastrero reptil maldito, es el Oprobio y el Horror. Desde hace muchos siglos sus obras atormentan al hombre, y las señales y frutos de ellas están ante las mentes de los hombres. Y, no obstante, a él, que miente y destruye, le prestáis oídos, mientras que si hablo Yo y digo lo que es verdad y es bueno no me créis y me llamáis pecador. ¿Pero quién de entre los muchos que me han conocido, con odio o amor, puede decir que me ha visto pecar? ¿Quién puede decirlo con verdad? ¿Dónde, las pruebas para convencernos a mí y a los que creen en mí de que soy pecador? ¿Contra cuál de los diez mandamientos he faltado? ¿Quién, ante el altar de Dios, puede jurar que me ha visto violar la Ley y las costumbres, los preceptos, las tradiciones, las oraciones? ¿Quién de entre todos los hombres podrá hacerme mudar el rostro por haber sido convencido, con pruebas seguras, de pecado? Ninguno puede hacerlo. Ningún hombre y ningún ángel. Dios grita en el corazón de los hombres: “Es el Inocente”. De esto estáis todos convencidos, y, vosotros que me acusáis, más todavía que estos otros, que vacilan acerca de quién entre Yo y vosotros tiene razón. Mas sólo el que es de Dios escucha las palabras de Dios. Vosotros no las aceptáis a pesar de que resuenen en vuestras almas día y noche, y no las escucháis porque no sois de Dios».

507.10

«¿Nosotros, nosotros que vivimos para la Ley y en la más minuciosa observancia de los preceptos para honrar al Altísimo, no somos de Dios? ¿Y Tú osas decir esto? ¡¡¡Ah!!!». Parecen ahogarse del horror, como si fuera un dogal. «¿Y no hemos de decir que eres un endemoniado y un samaritano?».

«No soy ni lo uno ni lo otro, sino que honro a mi Padre, aunque vosotros lo neguéis para vilipendiarme. Pero vuestro vilipendio no me aflige. No busco mi gloria. Hay quien se preocupa de ella y juzga. Esto os digo a vosotros que me queréis denigrar. Pero a los que tienen buena voluntad les digo que quien acoja mi palabra, o ya la haya acogido, y la sepa custodiar, no verá la muerte por los siglos de los siglos».

«¡Ah! ¡Ahora vemos claro que por tus labios habla el demonio que te posee! Tú mismo lo has dicho: “Habla como mentiroso”. Lo que acabas de decir es palabra mentirosa, por tanto es palabra demoniaca. Abraham murió y murieron los profetas. Y dices que el que guarde tu palabra no verá la muerte por los siglos de los siglos. ¿Entonces Tú no vas a morir?».

«Moriré sólo como Hombre, para resucitar en el tiempo de Gracia, pero como Verbo no moriré. La Palabra es Vida y no muere. Y quien acoge en sí la Palabra tiene en sí la Vida y no muere para siempre, sino que resucita en Dios porque Yo le resucitaré».

«¡Blasfemo! ¡Loco! ¡Demonio! ¿Eres más que nuestro padre Abraham, que murió, y que los profetas? ¿Quién te crees ser?».

«El Principio que os habla».

Se produce un pandemónium. Y, mientras esto sucede, el levita Zacarías empuja a Jesús insensiblemente hacia un ángulo del pórtico, ayudado en ello por los hijos de Alfeo y por otros que quizás colaboran, sin quizás saber siquiera bien lo que hacen.

507.11

Cuando Jesús está bien arrimado al muro y tiene delante de sí la protección de los más fieles, y un poco se calma el tumulto también en el patio, dice con su voz incisiva y hermosa, tranquila incluso en los momentos más agitados: «Si me glorifico a mí mismo, no tiene valor mi gloria. Todos pueden decir de sí lo que quieran. Pero el que me glorifica es mi Padre, el que decís que es vuestro Dios, si bien es tan poco vuestro que no le conocéis y no le habéis conocido nunca ni le queréis conocer a través de mí, que os hablo de Él porque le conozco. Y si dijera que no le conozco para calmar vuestro odio hacia mí, sería un embustero como lo sois vosotros diciendo que le conocéis. Yo sé que no debo mentir por ningún motivo. El Hijo del hombre no debe mentir, si bien el decir la verdad será causa de su muerte. Porque si el Hijo del hombre mintiera, ya no sería verdaderamente Hijo de la Verdad y la Verdad le alejaría de sí. Yo conozco a Dios, como Dios y como Hombre. Y como Dios y como Hombre conservo sus palabras y las acato. ¡Israel, reflexiona! Aquí se cumple la Promesa. En mí se cumple. ¡Reconóceme en lo que soy! Vuestro padre Abraham suspiró por ver mi día. Lo vio proféticamente por una gracia de Dios, y exultó. Y vosotros en verdad lo vivís…».

«¡Cállate! ¿No tienes todavía cincuenta años y pretendes decir que Abraham te ha visto y que Tú le has visto?», y su carcajada de burla se propaga como una ola de veneno o de ácido corrosivo.

«En verdad, en verdad os lo digo: antes de que Abraham naciera, Yo soy».

«¿”Yo soy”? Sólo Dios puede decir que es, porque es eterno. ¡No Tú! ¡Blasfemo! ¡”Yo soy”! ¡Anatema! ¿Eres, acaso, Dios para decirlo?», le grita uno que debe ser un alto personaje porque acaba de llegar y ya está cerca de Jesús, dado que todos se han apartado con terror cuando ha venido.

«Tú lo has dicho» responde Jesús con voz de trueno.

Todo se hace arma en las manos de los que odian. Mientras el último que ha preguntado al Maestro se entrega a toda una mímica de escandalizado horror y se quita violentamente la prenda que cubre su cabeza, y se alborota el pelo y la barba y se desata las hebillas que sujetan la túnica al cuello, como si se sintiera desfallecer del horror, puñados de tierra, y piedras (usadas por los vendedores de palomas y otros animales para tener tensas las cuerdas de los cercados, y por los cambistas para… prudente custodia de sus arquetas, de las que se muestran más celosos que de la propia vida) vuelan contra el Maestro, y naturalmente caen sobre la propia gente, porque Jesús está demasiado dentro, bajo el pórtico, como para ser alcanzado, y la gente impreca y se queja…

507.12

Zacarías, el levita, da —único medio para hacerle llegar hasta una puertecita baja, escondida en el muro del pórtico y ya preparada para abrirse— un fuerte empujón a Jesús; le empuja hacia la puerta a la par que a los dos hijos de Alfeo, Juan, Manahén y Tomás. Los otros se quedan afuera, en el tumulto… Y el rumor de éste llega debilitado a la galería que está entre unos poderosos muros de piedra que no sé cómo se llaman en arquitectura. Están construidos con técnica de ensamblaje, diría yo, o sea, con piedras anchas y piedras más pequeñas, y encima de éstas, sobre las pequeñas, las anchas, y viceversa. No sé si me explico bien. Oscuras, fuertes, talladas toscamente, apenas visibles en la penumbra producida por estrechas aspilleras puestas arriba a distancias uniformes, para ventilar y para que no sea completamente tenebroso este lugar, que es una angosta galería que no sé para lo que sirve, pero que me da la impresión de que da la vuelta por todo el patio. Quizás había sido hecha como protección, como refugio, para hacer dobles y, por tanto, más resistentes los muros de los pórticos, que forman como cinturones de protección para el Templo propiamente dicho, para el Santo de los Santos. En fin, no sé. Digo lo que veo. Olor de humedad, de esa humedad que no se sabe decir si es frío o no, como en ciertas bodegas.

«¿Y qué hacemos aquí?» pregunta Tomás.

«¡Calla! Me ha dicho Zacarías que vendrá, y que estemos callados y parados» responde Judas Tadeo.

«¿Pero… podemos fiarnos?».

«Eso espero».

«No temáis. Ese hombre es bueno» consuela Jesús.

Afuera, el tumulto se aleja. Pasa tiempo. Luego, un rumor sordo de pasos y una pequeña luz trémula que se acerca desde profundidades obscuras.

«¿Estás ahí, Maestro?» dice una voz que quiere ser oída pero teme que la oigan.

«Sí, Zacarías».

«¡Alabado sea Yeohveh! ¿He tardado? He tenido que esperar a que corrieran todos hacia las otras salidas. Ven, Maestro… Tus apóstoles… He podido decirle a Simón que vayan todos hacia Betesda y que esperen. Por aquí se baja… Poca luz. Pero camino seguro. Se baja a las cisternas… y se sale hacia el Cedrón. Camino antiguo. No siempre destinado a buen uso, pero esta vez sí… y esto lo santifi­ca…».

Bajan continuamente en medio de sombras quebradas sólo por la llamita tembleteante de la lámpara, hasta que un claror distinto se vislumbra en el fondo… y detrás el claror del verde, que parece lejano… Una verja —tan maciza y apretada que es casi puerta— termina la galería.

«Maestro, te he salvado. Puedes marcharte. Pero, escúchame: no vuelvas durante un tiempo. No podría servirte siempre sin ser notado; y… olvida, olvidad todos este camino, y a mí que os he guiado aquí» dice Zacarías, moviendo unos artificios que hay en la pesada verja, y entreabriendo ésta lo indispensable para dejar salir a las personas. Y repite: «Olvidad, por piedad hacia mí».

«No temas. Ninguno de nosotros hablará. Dios esté contigo por tu caridad». Jesús alza la mano y la pone encima de la cabeza agachada del joven.

Sale, seguido de sus primos y de los otros. Se encuentra en un pequeño espacio llano —casi no caben todos—, agreste, con zarzas, frente al Monte de los Olivos. Un senderito de cabras baja entre las zarzas hacia el torrente.

«Vamos. Subiremos luego a la altura de la puerta de los Ovejas y Yo con mis hermanos iré a casa de José, mientras vosotros vais a Betesda por los otros y venís. Iremos a Nob mañana al añochecer después del ocaso».


Notes

  1. quand on t’a mis à l’épreuve, comme c’est expliqué en 464.19.
  2. ces paroles prophétiques qui forment la quasi-totalité du livre de Jérémie et celui des Lamentations, attribué à ce même prophète.
  3. descendance d’Abraham, dans le récit de Gn 16-17 ; 21, 8-20 ; œuvres d’Abraham, dans les récits de Gn 12 ; 13 ; 15 ; 18 ; 22. Cité dans l’œuvre de Maria Valtorta depuis 8.2 (en relation avec l’épisode bien connu du sacrifice de son fils Isaac), Abraham est dit être le père d’Israël et de tous les croyants. On appelle « sein d’Abraham » (note de 223.7) le lieu de l’attente bienheureuse de ceux qui meurent dans la fidélité au Dieu d’Israël. En plus de la note 300.2 qui concerne Rébecca, l’épouse d’Isaac, on trouvera d’autres notes sur Abraham en 509.4 ; 514.3 ; 635.18 ; 638.8.15.

Notas

  1. el otro galileo podría ser el personaje que será recordado en Hechos 5, 37.
  2. fuiste tentado, como se explica en 464.19.
  3. descendencia de Abraham, como en Génesis 16; 17.
  4. las debo enumerar, con referencia a lo que se lee en Génesis 12; 13; 15; 18; 22.