Los Escritos de Maria Valtorta

53. Les marchands chassés du Temple.

53. Los mercaderes expulsados del Templo.­

53.1

Je vois Jésus entrer dans l’enceinte du Temple avec Pierre, André, Jean et Jacques, Philippe et Barthélemy.

Il y a une très grande foule à l’intérieur et à l’extérieur, des pèlerins qui arrivent par bandes de tous les coins de la ville. Du haut de la colline sur laquelle le Temple est construit, on voit les rues de la ville, étroites et sinueuses, qui fourmillent de passants. On dirait qu’un ruban mouvant de mille couleurs s’est déroulé entre le blanc cru des maisons. Oui, la cité a l’aspect d’un jouet bizarre fait de rubans multicolores entre deux alignements de maisons blanches, et tous convergent vers le point où resplendissent les dômes de la Maison du Seigneur.

Mais à l’intérieur, c’est une vraie foire. Plus aucun recueillement dans le lieu saint. On court, on appelle, on achète des agneaux, on crie et on maudit à cause du prix exagéré, on pousse les pauvres bêtes bêlantes dans des parcs – ce sont de rudimentaires enclos délimités par des cordes et des pieux, aux entrées desquelles se tient le marchand ou éventuellement le propriétaire qui attend des acheteurs –. Coups de bâtons, bêlements, jurons, appels, insultes contre les serviteurs peu pressés de rassembler et d’enclore les animaux, ou contre les acheteurs qui lésinent sur le prix ou qui s’éloignent, insultes plus fortes contre les gens prévoyants qui ont amené l’agneau de chez eux.

Autour des comptoirs de change, autre vacarme. Je ne sais si c’est toujours ainsi ou seulement à l’occasion de la Pâque ; on se rend compte que le Temple fonctionnait comme… la Bourse ou le marché noir. La valeur des monnaies n’était pas fixée. Il y avait le cours légal qui était certainement déterminé, mais les changeurs en imposaient un autre, en s’appropriant un pourcentage arbitraire pour le change. Et je vous assure qu’ils s’y entendaient à étrangler les clients !… Plus un client était pauvre, plus il venait de loin, plus on le volait : les vieux plus que les jeunes, ceux qui arrivaient d’au-delà de la Palestine plus que les vieux.

De pauvres petits vieux regardaient et regardaient encore leur pécule mis de côté, avec combien de peine, tout le long de l’année, le sortaient et le rentraient cent fois en tournant autour des changeurs et finissaient enfin par revenir au premier qui se vengeait de leur éloignement temporaire en augmentant l’agio du change… Les grosses pièces quittaient alors avec force soupirs les mains de leur propriétaire pour passer dans les griffes de l’usurier en échange de pièces de monnaie plus légères. Et au moment du choix, nouvelle tragédie de comptes et de soupirs devant les marchands d’agneaux qui refilaient aux petits vieux, à moitié aveugles, les agneaux les plus chétifs.

53.2

Je vois revenir deux petits vieux, lui et elle, qui poussent un frêle agnelet que les sacrificateurs ont dû trouver défectueux. Pleurs, supplications, impolitesses, grossièretés se croisent sans que le vendeur s’en émeuve.

« Pour ce que vous voulez payer, Galiléens, ce que je vous ai donné est déjà trop beau ! Allez-vous-en ! Ou ajoutez cinq autres deniers pour en avoir un plus beau !

– Au nom de Dieu ! Nous sommes pauvres et vieux ! Veux-tu nous empêcher de faire la Pâque, la dernière, peut-être ? Est-ce que ce que tu nous as pris ne suffit pas pour une petite bête ?

– Faites place, crasseux que vous êtes ! Voici que vient à moi Joseph l’Ancien. Il m’honore de sa préférence. Dieu soit avec toi ! Viens, choisis ! »

Celui qu’on appelle Joseph l’Ancien ou Joseph d’Arimathie entre dans l’enclos et prend un magnifique agneau. Il passe avec un riche habit, tout fier, sans un coup œil pour les pauvres qui gémissent à la porte et même à l’entrée de l’enclos. Il les bouscule, pour ainsi dire, en sortant avec l’agneau gras qui bêle.

53.3

Mais Jésus également s’est approché. Il a lui aussi fait son achat et Pierre, qui a probablement négocié à sa place, tire derrière lui un agneau convenable.

Pierre voudrait aller tout de suite vers le lieu du sacrifice. Mais Jésus tourne à droite vers les deux petits vieux effarés, en larmes, indécis, que la foule bouscule et que le vendeur insulte.

Jésus, si grand que la tête des deux vieux lui arrive à la hauteur du cœur pose une main sur l’épaule de la femme et de­mande :

« Pourquoi pleures-tu, femme ? »

La petite vieille se retourne et voit cet homme grand et jeune, solennel dans son bel habit blanc et son manteau couleur de neige tout neuf et propre. Elle doit le prendre pour un docteur à cause de son habit et de son aspect et, stupéfaite, car les docteurs et les prêtres ne font aucun cas des gens et ne protègent pas les pauvres contre la rapacité des marchands, elle dit les raisons de leur chagrin.

Jésus s’adresse à l’homme aux agneaux :

« Change cet agneau à ces fidèles. Il n’est pas digne de l’autel comme il n’est pas digne que tu profites de deux pauvres vieux parce qu’ils sont faibles et sans défense.

– Et toi, qui es-tu ?

– Un juste.

– Ton accent et celui de tes compagnons indique que tu es galiléen. Peut-il donc y avoir un juste en Galilée ?

– Fais ce que je te dis et sois juste, toi.

– Ecoutez cela ! Ecoutez le Galiléen défenseur de ses pairs ! Il veut nous faire la leçon, à nous qui sommes du Temple ! »

L’homme rit et se moque en contrefaisant l’accent galiléen, qui est plus chantant et plus doux que celui de Judée, du moins à ce qu’il me semble.

Des gens font cercle et d’autres marchands et changeurs prennent la défense de leur complice contre Jésus.

Au nombre des assistants se trouvent deux ou trois rabbins ironiques. L’un d’eux demande : « Es-tu docteur ? » sur un ton qui ferait perdre patience à Job.

« Tu l’as dit.

– Qu’enseignes-tu ?

– Voici ce que j’enseigne : que la Maison de Dieu doit redevenir une maison de prière et non pas une place d’usuriers et de marchands. Voilà mon enseignement. »

53.4

Jésus est terrible. On dirait l’archange posté au seuil du paradis perdu. Il ne tient pas d’épée flamboyante, mais ses yeux rayonnent de lumière et foudroient les moqueurs et les sacrilèges. Il n’a rien à la main, rien d’autre que sa sainte colère. Marchant d’un pas rapide et imposant au milieu des comptoirs, il éparpille les pièces de monnaie méticuleusement rangées selon leur valeur, renverse tables petites et grandes, de sorte que tout tombe avec fracas sur le sol au milieu d’un grand bruit de métaux qui rebondissent et de bois bousculés, avec cris de colère, d’effarement ou d’approbations. Puis il arrache des mains des gardiens de bestiaux des cordages qui attachaient bœufs, brebis et agneaux et en fait un martinet très dur dont les nœuds coulants assemblent les lanières. Il le lève, le fait tournoyer et l’abaisse sans pitié. Oui, je vous l’assure, sans pitié.

Cette grêle imprévue s’abat sur les têtes et les dos. Les fidèles s’esquivent, admirant la scène. Les coupables, poursuivis jusqu’en dehors de l’enceinte, se sauvent à toutes jambes, laissant par terre l’argent et derrière eux les bêtes de toutes tailles, dans une grande confusion de pattes, de cornes et d’ailes. Les unes courent, les autres s’échappent en volant. Mugissements, bêlements, roucoulements de colombes et de tourterelles unis aux rires et aux cris des fidèles derrière les usuriers en fuite, couvrent jusqu’au lamentable chœur des animaux qu’on égorge certainement dans une autre cour.

53.5

Des prêtres accourent, accompagnés de rabbins et de pharisiens. Jésus est encore au milieu de la cour, revenant de sa poursuite. Il a encore en main le martinet.

« Qui es-tu ? Comment te permets-tu de faire cela et de troubler les cérémonies prescrites ? De quelle école proviens-tu ? Nous ne te connaissons pas. Nous ne savons pas qui tu es.

– Je suis Celui qui peut. Je peux tout. Détruisez ce Temple vrai, et je le relèverai pour rendre gloire à Dieu. Je ne trouble pas, moi, la sainteté de la Maison de Dieu ni les cérémonies. C’est vous qui la troublez en permettant que les usuriers et les marchands s’installent dans sa demeure. Mon école, c’est l’école de Dieu, la même école qui fut celle de tout Israël, par la bouche de l’Eternel parlant à Moïse. Vous ne me connaissez pas ? Vous me connaîtrez. Vous ne savez pas d’où je viens ? Vous le saurez. »

53.6

Se tournant alors vers le peuple sans plus s’occuper des prêtres, dominant l’entourage par sa taille, revêtu de son habit blanc, le manteau ouvert et flottant derrière ses épaules, les bras étendus comme un orateur au moment le plus pathétique de son discours, il parle :

« Ecoutez, hommes d’Israël ! Dans le Deutéronome, il est dit[1] : “ Tu établiras des juges et des scribes en chacune des villes… Ils jugeront le peuple avec justice. Tu ne feras pas dévier le droit, tu n’auras pas égard aux personnes. Tu n’accepteras pas de présents, car le présent aveugle les yeux des sages et ruine les causes des justes. C’est la stricte justice que tu rechercheras, afin de vivre et de posséder le pays que Yahvé ton Dieu te donne. ”

Ecoutez, hommes d’Israël ! Dans le Deutéronome il est dit : “ Les prêtres lévites, toute la tribu de Lévi n’auront point de part ni d’héritage avec Israël : ils vivront des mets offerts à Yahvé et de son patrimoine ; cette tribu n’aura pas d’héritage au milieu de ses frères : c’est Yahvé qui sera son héritage. ”

Ecoutez, hommes d’Israël ! Dans le Deutéronome il est dit : “ Tu ne prêteras pas à intérêt à ton frère, qu’il s’agisse de prêt d’argent ou de vivres, ou de quoi que ce soit dont on exige intérêt. A l’étranger tu pourras prêter à intérêt, mais tu prêteras sans intérêt à ton frère. ”

Voilà ce qu’a dit le Seigneur.

Vous voyez maintenant que c’est sans justice à l’égard du pauvre que les juges siègent en Israël. On ne penche pas en faveur du juste, mais de celui qui est fort. Etre pauvre, appartenir au petit peuple, cela veut dire subir l’oppression. Comment le peuple peut-il dire : “ Celui qui nous juge est juste ”, s’il voit que seuls les puissants sont respectés et écoutés, alors que le pauvre ne trouve personne qui veuille l’entendre ? Comment le peuple peut-il respecter le Seigneur s’il voit que ceux qui en ont plus que d’autres le devoir ne le respectent pas ? Est-ce respecter le Seigneur que de violer son commandement ? Et pourquoi, en Israël, les prêtres ont-ils des propriétés et reçoivent-ils des cadeaux de la part des publicains et des pécheurs, qui agissent ainsi pour avoir la bienveillance des prêtres, de même que ceux-ci les acceptent pour avoir un coffret bien garni ?

C’est Dieu qui est l’héritage de ses prêtres. Lui, le Père d’Israël, est plus Père pour eux qu’aucun autre père ne l’a jamais été, et il pourvoit à leur nourriture comme cela est juste. Mais pas plus. Il n’a promis aux serviteurs de son Sanctuaire ni richesses ni propriétés. Dans l’éternité, ils auront le Ciel pour récompenser leur justice, comme l’ont Moïse et Elie, Jacob et Abraham ; mais sur cette terre ils ne doivent posséder qu’un vêtement de lin et un diadème d’or incorruptible : pureté et charité. Le corps doit être le serviteur de l’âme, qui est le serviteur du Dieu vrai. Ce n’est pas le corps qui doit dominer l’âme et s’opposer à Dieu.

On m’a demandé de quelle autorité je fais cela. Et eux, de quelle autorité profanent-ils le commandement de Dieu et permettent-ils, à l’ombre des murs sacrés, l’usure au détriment des frères d’Israël venus obéir au commandement de Dieu ? On m’a demandé de quelle école je viens et j’ai répondu : “ De l’école de Dieu. ” Oui, Israël. Je viens te ramener à cette école sainte et immuable.

53.7

Que celui qui veut connaître la lumière, la vérité, la vie, qui veut entendre la voix de Dieu parlant à son peuple, vienne à moi. Vous avez suivi Moïse à travers les déserts, hommes d’Israël. Suivez-moi, que je vous conduise, à travers un désert bien plus dépouillé, à la véritable Terre bienheureuse. A travers la mer qui s’ouvre au commandement de Dieu, c’est vers elle que je vous entraîne. En élevant mon Signe, je vous guéris de tout mal.

L’heure de la grâce est venue. Les patriarches l’ont attendue, et ils sont morts en l’attendant. Les prophètes l’ont prédite, et ils sont morts avec cette espérance. Les justes l’ont vue en songe, et ils sont morts réconfortés par ce songe. Maintenant, elle est venue.

Venez. “ Le Seigneur va juger son peuple et faire miséri­corde à ceux qui le servent ”, comme il l’a promis par la bouche de Moïse. »

Les gens qui font cercle autour de Jésus sont restés bouche bée à l’écouter. Puis, ils commentent l’enseignement du nouveau Rabbi et interrogent ses compagnons.

Jésus se dirige vers une autre cour séparée de celle-ci par un portique. Ses amis le suivent, et la vision prend fin.

53.1

Veo a Jesús entrando con Pedro, Andrés, Juan y Santiago, Felipe y Bartolomé, en el recinto del Templo.

Dentro y fuera hay una grandísima muchedumbre. Son peregrinos que, desde todas las partes de la ciudad, llegan en grupos. Desde lo alto de la colina en que está construido el Templo, se ven las calles de la ciudad, estrechas y retortijadas, y un hormiguear de gente. Parece como si entre el blanco crudo de las casas se hubiera extendido una cinta en movimiento de mil colores. Sí, la ciudad tiene el aspecto de un juguete singular hecho de cintas multicolores entre dos hilos blancos, convergente todo hacia el punto en que resplandecen las cúpulas de la Casa del Señor.

Pero luego, dentro, hay... una verdadera verbena. Ha quedado anulado cualquier tipo de recogimiento de lugar sagrado. Hay quien corre y quien llama, quien contrata los corderos y grita y lanza maldiciones por el precio desorbitado de las cosas, quien empuja hacia los recintos a los pobres animales, que balan (los recintos son lugares toscamente separados con cuerdas o estacas, en cuya entrada está el mercader, o propietario, a la espera de los compradores). Leñazos, balidos, blasfemias, unos que llaman a otros, insultos a los peones que no se muestran solícitos en las operaciones de reagrupamiento y selección de los animales y a los compradores que regatean el precio o que se van, mayores insultos a quienes, previsores, han traído su propio cordero.

Alrededor de los bancos de los cambistas, otro griterío. Se entiende que — no sé si en todo momento o durante la Pascua — el Templo funcionaba como... Bolsa (y además bolsa negra). El valor de las monedas no era fijo. Había un precio legal — ciertamente lo habría — pero los cambistas imponían otro, apropiándose de una cantidad arbitraria por el cambio de las monedas. ¡Y le aseguro que no se andaban con chiquitas en las operaciones de usura!... Cuanto más pobre era uno, y venía de más lejos, más le pelaban: más a los viejos que a los jóvenes; y a los que provenían de fuera de Palestina, más que a los viejos.

Algunos pobres viejecitos miran una y otra vez su dinerillo ahorrado durante todo el año quién sabe con cuánto esfuerzo, se lo sacan y se lo vuelven a meter junto al pecho cien veces, yendo de uno a otro cambista, y quizás terminan volviendo al primero, que se venga de su inicial deserción aumentando la prima del cambio... y las monedas de valor abandonan, entre suspiros, las manos del propietario y pasan a las garras del usurero para ser cambiadas por monedas de menos valor. Luego otra tragedia de selección, de cuentas y de suspiros ante los vendedores de corderos, quienes a los viejos medio ciegos les encasquetan los corderos más míseros.

53.2

Veo que vuelven dos viejos, él y ella, empujando a un pobre corderito que los sacrificadores han debido encontrar defectuoso. Se entrecruzan, por un lado, malos modales y palabrotas; por otro, llanto y ruegos; y el vendedor no se conmueve.

«Para lo que queréis gastar, galileos, es incluso demasiado lo que os he dado. ¡Marchaos o añadís otros cinco denarios por uno mejor!».

«¡Por el amor de Dios! ¡Somos pobres y viejos! ¿Quieres impedirnos celebrar la Pascua, que es quizás la última? ¿No te es suficiente lo que has pedido por un animal pequeño?».

«Dejad paso, zarrapastrosos. Viene hacia mí José, el Anciano. Me honra con su preferencia. ¡Dios sea contigo! ¡Ven, escoge!».

José, el Anciano — así le llaman —, o sea, el de Arimatea, entra en el recinto y toma un magnífico cordero. Pasa vestido pomposamente, soberbio, sin mirar a estos dos pobrecillos que gimen a la puerta, o digamos más bien entrada, del recinto. Casi los choca, especialmente al salir con un hermoso cordero que bala.

53.3

Mas Jesús se encuentra también ya cerca. También ha hecho su compra, y Pedro, que probablemente ha llevado a cabo el trato en lugar de Él, trae un cordero bastante normal.

Pedro querría ir en seguida hacia el lugar donde se sacrifica, pero Jesús se desvía a la derecha, hacia los dos viejecitos asustados, llorosos, indecisos, medio arrollados por la muchedumbre e insultados por el vendedor.

Jesús, tan alto que la cabeza de los dos abuelitos le llega a la altura del corazón, pone una mano sobre el hombro de la mujer y pregunta: «¿Por qué lloras, mujer?».

La viejecita se vuelve y ve a este joven alto, solemne con su hermoso vestido blanco y con su manto también de nieve todo nuevo y limpio. Debe creer que es un doctor, por el vestido y el aspecto, y, asombrada — porque los doctores y los sacerdotes no hacen caso de la gente, ni tutelan a los pobres contra la avidez de los mercaderes —, le cuenta por qué lloran.

Jesús se dirige al hombre de los corderos diciéndole: «Cambia este cordero a estos fieles; no es digno del altar. Como tampoco es digno que tú te aproveches de dos viejecitos porque son débiles y están indefensos».

«¿Y Tú quién eres?».

«Un justo».

«Tu acento y el de tus compañeros dicen que eres galileo. ¿Puede, acaso, haber en Galilea un justo?».

«Haz lo que te digo y sé justo tú».

«¡Oíd! ¡Oíd al galileo defensor de los de su condición! ¡Quiere enseñarnos a nosotros, los del Templo!». El hombre se ríe y se burla, imitando sarcásticamente la cadencia galilea, que es más cantarina y de mayor dulzura que la judía; al menos, así me parece.

Se forma un corro de gente, y otros mercaderes y cambistas salen en defensa de su colega contra Jesús.

Entre los presentes hay dos o tres rabíes irónicos. Uno de ellos pregunta: «¿Eres doctor?» (lo pregunta de una forma que haría perder la paciencia a Job).

«Tú lo has dicho».

«¿Qué enseñas?».

«Enseño esto: a hacer la Casa de Dios casa de oración y no un lugar de usura y de mercado. Esto enseño».

53.4

Se le ve terrible a Jesús. Parece el arcángel puesto en el umbral del Paraíso perdido. No tiene espada llameante en las manos, pero tiene rayos en los ojos, y fulmina a los burladores y a los sacrílegos. No tiene nada en la mano, sólo su santa ira. Y con ésta, caminando veloz e imponente entre banco y banco, desbarata las monedas tan meticulosamente apiladas por tipos; vuelca mesas grandes y pequeñas, y todo cae, con estruendo, al suelo, entre un gran ruido de metales y tablas que chocan y gritos de ira, de pánico y de aprobación. Luego, arrancando de las manos a los mozos de los ganaderos unas sogas con que sujetaban bueyes, ovejas y corderos, hace de ellas un azote bien duro, en que los nudos para formar los lazos corredizos son flagelos, y lo levanta y lo voltea y lo baja, sin piedad. Sí, se lo aseguro, sin piedad.

El inesperado granizo golpea cabezas y espaldas. Los fieles se apartan admirando la escena; los culpables, perseguidos hasta la muralla externa, se echan a correr dejando por el suelo dinero y detrás animales grandes y pequeños en medio de un gran enredo de piernas, de cuernos, de alas. Se huye corriendo, o volando. Mugidos, balidos, chillidos de pichones y tórtolas, junto a carcajadas y gritos de fieles detrás de los prestamistas dados a la fuga, ahogan incluso el lamentoso coro de los corderos, degollados ciertamente en otro patio.

53.5

Acuden sacerdotes, rabíes y fariseos. Jesús está todavía en medio del patio, de vuelta de su persecución. El azote está todavía en su mano.

«¿Quién eres? ¿Cómo te permites hacer esto, turbando las ceremonias prescritas? ¿De qué escuela provienes? Nosotros no te conocemos, ni sabemos quién eres».

«Yo soy Él que puede. Todo lo puedo. Destruid este Templo verdadero y Yo lo levantaré de nuevo para dar gloria a Dios. No turbo la santidad de la Casa de Dios y de las ceremonias, sois vosotros los que la turbáis permitiendo que su morada se transforme en sede de usureros y mercaderes. Mi escuela es la escuela de Dios. La misma que tuvo todo Israel por boca del Eterno que habló a Moisés. ¿No me conocéis? Me conoceréis. ¿No sabéis de dónde vengo? Lo sabréis».

53.6

Y, volviéndose hacia el pueblo, sin preocuparse ya más de los sacerdotes, alto, vestido de blanco, el manto abierto y fluente tras los hombros, con los brazos abiertos como un orador en lo más vivo de su discurso, dice:

«¡Oíd, vosotros de Israel! En el Deuteronomio está escrito: “Constituirás jueces y magistrados en todas las puertas... y ellos juzgarán al pueblo con justicia, sin propender a parte alguna. No tendrás acepción de personas, no aceptarás donativos, porque los donativos ciegan los ojos de los sabios y alteran las palabras de los justos. Con justicia seguirás lo que es justo para vivir y poseer la tierra que el Señor tu Dios te dé”.

¡Oíd, oh vosotros de Israel! Dice el Deuteronomio: “Los sacerdotes y los levitas y todos los de la tribu de Leví no tendrán parte ni herencia con el resto de Israel, porque deben vivir con los sacrificios del Señor y con las ofrendas hechas a Él; nada tendrán entre las posesiones de sus hermanos, porque el Señor es su herencia”.

¡Oíd, oh vosotros de Israel! Dice el Deuteronomio: “No prestarás con interés a tu hermano ni dinero ni trigo ni cualquier otra cosa. Podrás prestar con interés al extranjero; mas a tu hermano le prestarás, sin interés, aquello de que tenga necesidad”.

Esto ha dicho el Señor.

Ahora bien, vosotros mismos veis que sin justicia hacia el pobre se juzga en Israel. No hacia el justo, sino hacia el fuerte se propende, y ser pobre, ser pueblo, quiere decir ser oprimido. ¿Cómo puede el pueblo decir: “Quien nos juzga es justo” si ve que sólo a los poderosos se los respeta y escucha, mientras que el pobre no tiene quien le escuche? ¿Cómo puede el pueblo respetar al Señor si ve que no le respetan los que más deberían hacerlo? ¿Es respeto al Señor la violación de su mandamiento? ¿Y por qué entonces los sacerdotes en Israel tienen posesiones y aceptan donativos de publicanos y pecadores, los cuales actúan así para que les sean benignos los sacerdotes, de la misma forma que éstos actúan así para tener ricas arcas?

Dios es la herencia de sus sacerdotes. Para ellos, Él, el Padre de Israel, es, como en ningún caso, Padre, y pone los medios para que reciban el alimento como es justo; pero no más de lo que sea justo. No ha prometido a sus siervos del Santuario bolsa y posesiones. En la eternidad, por su justicia, tendrán el Cielo, como lo tendrán Moisés y Elías y Jacob y Abraham, pero en esta tierra no deben tener más que vestido de lino y diadema de oro incorruptible: pureza y caridad, y que el cuerpo sea siervo del espíritu que es siervo del Dios verdadero, y no sea el cuerpo señor del espíritu, y contra Dios.

Se me ha preguntado con qué autoridad hago esto. ¿Y ellos?, ¿con qué autoridad profanan el mandamiento de Dios, y a la sombra de los sagrados muros permiten usura contra los hermanos de Israel, que han venido para cumplir el mandato divino? Se me ha preguntado de qué escuela provengo, y he respondido: “De la escuela de Dios”. Sí, Israel. Yo vengo y te llevo de nuevo a esta escuela santa e inmutable.

53.7

Quien quiera conocer la Luz, la Verdad, la Vida, quien quiera volver a oír la Voz de Dios que habla a su pueblo, venga a mí. Seguisteis a Moisés a través de los desiertos, ¡oh, vosotros de Israel! Seguidme; que Yo os conduzco, a través de un desierto, sin duda, más dificultoso, hacia la verdadera Tierra beata. Por mar abierto al mandato de Dios, a ella os llevo. Alzando mi Signo, os curo de todo mal.

Ha llegado la hora de la Gracia. La esperaron los Patriarcas, murieron esperándola. La predijeron los Profetas y murieron con esta esperanza. La soñaron los justos y murieron confortados por este sueño. Ha surgido ahora.

Venid. “El Señor va a juzgar de un momento a otro a su pueblo y será misericordioso para con sus siervos”, como prometió por boca de Moisés».

La gente, arracimada en torno a Jesús, se ha quedado a escucharle estupefacta. Luego comenta las palabras del nuevo Rabí y hace preguntas a sus compañeros.

Jesús se dirige hacia otro patio, separado de éste por un pórtico. Los amigos le siguen y la visión termina.


Notes

  1. dit en : Dt 16, 18-20 ; 18, 1-2 ; 23, 20-21.