Gli Scritti di Maria Valtorta

53. Les marchands chassés du Temple.

53. La cacciata dei mercanti dal Tempio.

53.1

Je vois Jésus entrer dans l’enceinte du Temple avec Pierre, André, Jean et Jacques, Philippe et Barthélemy.

Il y a une très grande foule à l’intérieur et à l’extérieur, des pèlerins qui arrivent par bandes de tous les coins de la ville. Du haut de la colline sur laquelle le Temple est construit, on voit les rues de la ville, étroites et sinueuses, qui fourmillent de passants. On dirait qu’un ruban mouvant de mille couleurs s’est déroulé entre le blanc cru des maisons. Oui, la cité a l’aspect d’un jouet bizarre fait de rubans multicolores entre deux alignements de maisons blanches, et tous convergent vers le point où resplendissent les dômes de la Maison du Seigneur.

Mais à l’intérieur, c’est une vraie foire. Plus aucun recueillement dans le lieu saint. On court, on appelle, on achète des agneaux, on crie et on maudit à cause du prix exagéré, on pousse les pauvres bêtes bêlantes dans des parcs – ce sont de rudimentaires enclos délimités par des cordes et des pieux, aux entrées desquelles se tient le marchand ou éventuellement le propriétaire qui attend des acheteurs –. Coups de bâtons, bêlements, jurons, appels, insultes contre les serviteurs peu pressés de rassembler et d’enclore les animaux, ou contre les acheteurs qui lésinent sur le prix ou qui s’éloignent, insultes plus fortes contre les gens prévoyants qui ont amené l’agneau de chez eux.

Autour des comptoirs de change, autre vacarme. Je ne sais si c’est toujours ainsi ou seulement à l’occasion de la Pâque ; on se rend compte que le Temple fonctionnait comme… la Bourse ou le marché noir. La valeur des monnaies n’était pas fixée. Il y avait le cours légal qui était certainement déterminé, mais les changeurs en imposaient un autre, en s’appropriant un pourcentage arbitraire pour le change. Et je vous assure qu’ils s’y entendaient à étrangler les clients !… Plus un client était pauvre, plus il venait de loin, plus on le volait : les vieux plus que les jeunes, ceux qui arrivaient d’au-delà de la Palestine plus que les vieux.

De pauvres petits vieux regardaient et regardaient encore leur pécule mis de côté, avec combien de peine, tout le long de l’année, le sortaient et le rentraient cent fois en tournant autour des changeurs et finissaient enfin par revenir au premier qui se vengeait de leur éloignement temporaire en augmentant l’agio du change… Les grosses pièces quittaient alors avec force soupirs les mains de leur propriétaire pour passer dans les griffes de l’usurier en échange de pièces de monnaie plus légères. Et au moment du choix, nouvelle tragédie de comptes et de soupirs devant les marchands d’agneaux qui refilaient aux petits vieux, à moitié aveugles, les agneaux les plus chétifs.

53.2

Je vois revenir deux petits vieux, lui et elle, qui poussent un frêle agnelet que les sacrificateurs ont dû trouver défectueux. Pleurs, supplications, impolitesses, grossièretés se croisent sans que le vendeur s’en émeuve.

« Pour ce que vous voulez payer, Galiléens, ce que je vous ai donné est déjà trop beau ! Allez-vous-en ! Ou ajoutez cinq autres deniers pour en avoir un plus beau !

– Au nom de Dieu ! Nous sommes pauvres et vieux ! Veux-tu nous empêcher de faire la Pâque, la dernière, peut-être ? Est-ce que ce que tu nous as pris ne suffit pas pour une petite bête ?

– Faites place, crasseux que vous êtes ! Voici que vient à moi Joseph l’Ancien. Il m’honore de sa préférence. Dieu soit avec toi ! Viens, choisis ! »

Celui qu’on appelle Joseph l’Ancien ou Joseph d’Arimathie entre dans l’enclos et prend un magnifique agneau. Il passe avec un riche habit, tout fier, sans un coup œil pour les pauvres qui gémissent à la porte et même à l’entrée de l’enclos. Il les bouscule, pour ainsi dire, en sortant avec l’agneau gras qui bêle.

53.3

Mais Jésus également s’est approché. Il a lui aussi fait son achat et Pierre, qui a probablement négocié à sa place, tire derrière lui un agneau convenable.

Pierre voudrait aller tout de suite vers le lieu du sacrifice. Mais Jésus tourne à droite vers les deux petits vieux effarés, en larmes, indécis, que la foule bouscule et que le vendeur insulte.

Jésus, si grand que la tête des deux vieux lui arrive à la hauteur du cœur pose une main sur l’épaule de la femme et de­mande :

« Pourquoi pleures-tu, femme ? »

La petite vieille se retourne et voit cet homme grand et jeune, solennel dans son bel habit blanc et son manteau couleur de neige tout neuf et propre. Elle doit le prendre pour un docteur à cause de son habit et de son aspect et, stupéfaite, car les docteurs et les prêtres ne font aucun cas des gens et ne protègent pas les pauvres contre la rapacité des marchands, elle dit les raisons de leur chagrin.

Jésus s’adresse à l’homme aux agneaux :

« Change cet agneau à ces fidèles. Il n’est pas digne de l’autel comme il n’est pas digne que tu profites de deux pauvres vieux parce qu’ils sont faibles et sans défense.

– Et toi, qui es-tu ?

– Un juste.

– Ton accent et celui de tes compagnons indique que tu es galiléen. Peut-il donc y avoir un juste en Galilée ?

– Fais ce que je te dis et sois juste, toi.

– Ecoutez cela ! Ecoutez le Galiléen défenseur de ses pairs ! Il veut nous faire la leçon, à nous qui sommes du Temple ! »

L’homme rit et se moque en contrefaisant l’accent galiléen, qui est plus chantant et plus doux que celui de Judée, du moins à ce qu’il me semble.

Des gens font cercle et d’autres marchands et changeurs prennent la défense de leur complice contre Jésus.

Au nombre des assistants se trouvent deux ou trois rabbins ironiques. L’un d’eux demande : « Es-tu docteur ? » sur un ton qui ferait perdre patience à Job.

« Tu l’as dit.

– Qu’enseignes-tu ?

– Voici ce que j’enseigne : que la Maison de Dieu doit redevenir une maison de prière et non pas une place d’usuriers et de marchands. Voilà mon enseignement. »

53.4

Jésus est terrible. On dirait l’archange posté au seuil du paradis perdu. Il ne tient pas d’épée flamboyante, mais ses yeux rayonnent de lumière et foudroient les moqueurs et les sacrilèges. Il n’a rien à la main, rien d’autre que sa sainte colère. Marchant d’un pas rapide et imposant au milieu des comptoirs, il éparpille les pièces de monnaie méticuleusement rangées selon leur valeur, renverse tables petites et grandes, de sorte que tout tombe avec fracas sur le sol au milieu d’un grand bruit de métaux qui rebondissent et de bois bousculés, avec cris de colère, d’effarement ou d’approbations. Puis il arrache des mains des gardiens de bestiaux des cordages qui attachaient bœufs, brebis et agneaux et en fait un martinet très dur dont les nœuds coulants assemblent les lanières. Il le lève, le fait tournoyer et l’abaisse sans pitié. Oui, je vous l’assure, sans pitié.

Cette grêle imprévue s’abat sur les têtes et les dos. Les fidèles s’esquivent, admirant la scène. Les coupables, poursuivis jusqu’en dehors de l’enceinte, se sauvent à toutes jambes, laissant par terre l’argent et derrière eux les bêtes de toutes tailles, dans une grande confusion de pattes, de cornes et d’ailes. Les unes courent, les autres s’échappent en volant. Mugissements, bêlements, roucoulements de colombes et de tourterelles unis aux rires et aux cris des fidèles derrière les usuriers en fuite, couvrent jusqu’au lamentable chœur des animaux qu’on égorge certainement dans une autre cour.

53.5

Des prêtres accourent, accompagnés de rabbins et de pharisiens. Jésus est encore au milieu de la cour, revenant de sa poursuite. Il a encore en main le martinet.

« Qui es-tu ? Comment te permets-tu de faire cela et de troubler les cérémonies prescrites ? De quelle école proviens-tu ? Nous ne te connaissons pas. Nous ne savons pas qui tu es.

– Je suis Celui qui peut. Je peux tout. Détruisez ce Temple vrai, et je le relèverai pour rendre gloire à Dieu. Je ne trouble pas, moi, la sainteté de la Maison de Dieu ni les cérémonies. C’est vous qui la troublez en permettant que les usuriers et les marchands s’installent dans sa demeure. Mon école, c’est l’école de Dieu, la même école qui fut celle de tout Israël, par la bouche de l’Eternel parlant à Moïse. Vous ne me connaissez pas ? Vous me connaîtrez. Vous ne savez pas d’où je viens ? Vous le saurez. »

53.6

Se tournant alors vers le peuple sans plus s’occuper des prêtres, dominant l’entourage par sa taille, revêtu de son habit blanc, le manteau ouvert et flottant derrière ses épaules, les bras étendus comme un orateur au moment le plus pathétique de son discours, il parle :

« Ecoutez, hommes d’Israël ! Dans le Deutéronome, il est dit[1] : “ Tu établiras des juges et des scribes en chacune des villes… Ils jugeront le peuple avec justice. Tu ne feras pas dévier le droit, tu n’auras pas égard aux personnes. Tu n’accepteras pas de présents, car le présent aveugle les yeux des sages et ruine les causes des justes. C’est la stricte justice que tu rechercheras, afin de vivre et de posséder le pays que Yahvé ton Dieu te donne. ”

Ecoutez, hommes d’Israël ! Dans le Deutéronome il est dit : “ Les prêtres lévites, toute la tribu de Lévi n’auront point de part ni d’héritage avec Israël : ils vivront des mets offerts à Yahvé et de son patrimoine ; cette tribu n’aura pas d’héritage au milieu de ses frères : c’est Yahvé qui sera son héritage. ”

Ecoutez, hommes d’Israël ! Dans le Deutéronome il est dit : “ Tu ne prêteras pas à intérêt à ton frère, qu’il s’agisse de prêt d’argent ou de vivres, ou de quoi que ce soit dont on exige intérêt. A l’étranger tu pourras prêter à intérêt, mais tu prêteras sans intérêt à ton frère. ”

Voilà ce qu’a dit le Seigneur.

Vous voyez maintenant que c’est sans justice à l’égard du pauvre que les juges siègent en Israël. On ne penche pas en faveur du juste, mais de celui qui est fort. Etre pauvre, appartenir au petit peuple, cela veut dire subir l’oppression. Comment le peuple peut-il dire : “ Celui qui nous juge est juste ”, s’il voit que seuls les puissants sont respectés et écoutés, alors que le pauvre ne trouve personne qui veuille l’entendre ? Comment le peuple peut-il respecter le Seigneur s’il voit que ceux qui en ont plus que d’autres le devoir ne le respectent pas ? Est-ce respecter le Seigneur que de violer son commandement ? Et pourquoi, en Israël, les prêtres ont-ils des propriétés et reçoivent-ils des cadeaux de la part des publicains et des pécheurs, qui agissent ainsi pour avoir la bienveillance des prêtres, de même que ceux-ci les acceptent pour avoir un coffret bien garni ?

C’est Dieu qui est l’héritage de ses prêtres. Lui, le Père d’Israël, est plus Père pour eux qu’aucun autre père ne l’a jamais été, et il pourvoit à leur nourriture comme cela est juste. Mais pas plus. Il n’a promis aux serviteurs de son Sanctuaire ni richesses ni propriétés. Dans l’éternité, ils auront le Ciel pour récompenser leur justice, comme l’ont Moïse et Elie, Jacob et Abraham ; mais sur cette terre ils ne doivent posséder qu’un vêtement de lin et un diadème d’or incorruptible : pureté et charité. Le corps doit être le serviteur de l’âme, qui est le serviteur du Dieu vrai. Ce n’est pas le corps qui doit dominer l’âme et s’opposer à Dieu.

On m’a demandé de quelle autorité je fais cela. Et eux, de quelle autorité profanent-ils le commandement de Dieu et permettent-ils, à l’ombre des murs sacrés, l’usure au détriment des frères d’Israël venus obéir au commandement de Dieu ? On m’a demandé de quelle école je viens et j’ai répondu : “ De l’école de Dieu. ” Oui, Israël. Je viens te ramener à cette école sainte et immuable.

53.7

Que celui qui veut connaître la lumière, la vérité, la vie, qui veut entendre la voix de Dieu parlant à son peuple, vienne à moi. Vous avez suivi Moïse à travers les déserts, hommes d’Israël. Suivez-moi, que je vous conduise, à travers un désert bien plus dépouillé, à la véritable Terre bienheureuse. A travers la mer qui s’ouvre au commandement de Dieu, c’est vers elle que je vous entraîne. En élevant mon Signe, je vous guéris de tout mal.

L’heure de la grâce est venue. Les patriarches l’ont attendue, et ils sont morts en l’attendant. Les prophètes l’ont prédite, et ils sont morts avec cette espérance. Les justes l’ont vue en songe, et ils sont morts réconfortés par ce songe. Maintenant, elle est venue.

Venez. “ Le Seigneur va juger son peuple et faire miséri­corde à ceux qui le servent ”, comme il l’a promis par la bouche de Moïse. »

Les gens qui font cercle autour de Jésus sont restés bouche bée à l’écouter. Puis, ils commentent l’enseignement du nouveau Rabbi et interrogent ses compagnons.

Jésus se dirige vers une autre cour séparée de celle-ci par un portique. Ses amis le suivent, et la vision prend fin.

53.1

Vedo Gesù che entra con Pietro, Andrea, Giovanni e Giacomo, Filippo e Bartolomeo, nel recinto del Tempio.

Vi è grandissima folla entro e fuori di esso. Pellegrini che giungono a frotte da ogni parte della città. Dall’alto del colle, su cui il Tempio è costruito, si vedono le vie cittadine, strette e contorte, formicolare di gente. Pare che fra il bianco crudo delle case si sia steso un nastro semovente dai mille colori. Sì, la città ha l’aspetto di un bizzarro giocattolo, fatto di nastri variopinti fra due fili bianchi e tutti convergenti al punto dove splendono le cupole della Casa del Signore.

Nell’interno poi è… una vera fiera. Ogni raccoglimento di luogo sacro è annullato. Chi corre e chi chiama, chi contratta gli agnelli e urla e maledice per il prezzo esoso, chi spinge le povere bestie belanti nei recinti (sono rudimentali divisioni di corde o di pioli, al cui ingresso sta il mercante, o proprietario che sia, in attesa dei compratori). Legnate, belati, bestemmie, richiami, insulti ai garzoni non solleciti nelle operazioni di adunata e di cernita delle bestie e ai compratori che lesinano sul prezzo o che se ne vanno, maggiori insulti a quelli che, previdenti, hanno portato, di loro, l’agnello.

Intorno ai banchi dei cambiavalute, altro vocìo. Si capisce che, non so se in ogni momento o in questo pasquale, si capisce che il Tempio funzionava da… Borsa, e borsa nera. Il valore delle monete non era fisso. Vi era quello legale, di certo vi sarà stato, ma i cambiavalute ne imponevano un altro, appropriandosi di un tanto, messo a capriccio, per il cambio delle monete. E le assicuro che non scherzavano nelle operazioni di strozzinaggio!… Più uno era povero e veniva da lontano, e più era pelato. I vecchi più dei giovani, quelli provenienti da oltre Palestina più dei vecchi.

Dei poveri vecchierelli guardavano e riguardavano il loro peculio, messo da parte con chissà che fatica in tutta l’annata, se lo levavano e se lo rimettevano in seno cento volte, girando dall’uno all’altro cambiavalute, e finivano magari per tornare dal primo, che si vendicava della loro iniziale diserzione aumentando l’aggio del cambio… e le grosse monete lasciavano, tra dei sospiri, le mani del proprietario e passavano fra le grinfie dell’usuraio e venivano mutate in monete più spicciole. Poi altra tragedia di scelte, di conti e di sospiri davanti ai venditori di agnelli, i quali, ai vecchietti mezzi ciechi, appioppavano gli agnelli più grami.

53.2

Vedo tornare due vecchietti, lui e lei, spingendo un povero agnelletto che deve esser stato trovato difettoso dai sacrificatori. Pianti, suppliche, mali garbi, parolacce si incrociano senza che il venditore si commuova.

«Per quello che volete spendere, galilei, è fin troppo bello quanto vi ho dato. Andatevene! O aggiungete altri cinque denari per averne uno più bello».

«In nome di Dio! Siamo poveri e vecchi! Vuoi impedirci di fare la Pasqua, che è l’ultima forse? Non ti basta quello che hai voluto per una piccola bestia?».

«Fate largo, lerciosi. Viene a me Giuseppe l’Anziano. Mi onora della sua preferenza. Dio sia con te! Vieni, scegli!».

Entra nel recinto, e prende un magnifico agnello, quello che è chiamato Giuseppe l’Anziano, ossia il d’Arimatea. Passa pomposo nelle vesti e superbo, senza guardare i poverelli gementi alla porta, anzi all’apertura del recinto. Li urta quasi, specie quando esce coll’agnello grasso e belante.

53.3

Ma anche Gesù è ormai vicino. Anche Lui ha fatto il suo acquisto, e Pietro, che probabilmente ha contrattato per Lui, si tira dietro un agnello discreto.

Pietro vorrebbe andare subito verso il luogo dove si sacrifica. Ma Gesù piega a destra, verso i due vecchietti sgomenti, piangenti, indecisi, che la folla urta e il venditore insulta.

Gesù, tanto alto da avere il capo dei due nonnetti all’altezza del cuore, pone una mano sulla spalla della donna e chiede: «Perché piangi, donna?».

La vecchietta si volge e vede questo giovane alto, solenne nel suo bell’abito bianco e nel mantello pure di neve, tutto nuovo e mondo. Lo deve scambiare per un dottore sia per la veste che per l’aspetto e, stupita perché dottori e sacerdoti non fanno caso alla gente né tutelano i poveri contro l’esosità dei mercanti, dice le ragioni del loro pianto.

Gesù si rivolge all’uomo degli agnelli: «Cambia questo agnello a questi fedeli. Non è degno dell’altare, come non è degno che tu ti approfitti di due vecchierelli perché deboli e indifesi».

«E Tu chi sei?».

«Un giusto».

«La tua parlata e quella dei compagni ti dicono galileo. Può esser mai in Galilea un giusto?».

«Fa’ quello che ti dico e sii giusto tu».

«Udite! Udite il galileo difensore dei suoi pari! Egli vuole insegnare a noi del Tempio!». L’uomo ride e beffeggia, contraffacendo la cadenza galilea, che è più cantante e più ricca di dolcezza della giudiaca, almeno così mi pare.

Della gente si fa intorno, e altri mercanti e cambiavalute prendono le difese del consocio contro Gesù.

Fra i presenti vi sono due o tre rabbini ironici. Uno di questi chiede: «Sei Tu dottore?», in un modo tale da far perdere la pazienza a Giobbe.

«Lo hai detto».

«Che insegni?».

«Questo insegno: a rendere la Casa di Dio casa di orazione e non un posto d’usura e di mercato. Questo insegno».

53.4

Gesù è terribile. Pare l’arcangelo posto sulla soglia del Paradiso perduto. Non ha spada fiammeggiante fra le mani, ma ha i raggi negli occhi, e fulmina derisori e sacrileghi. In mano non ha nulla. Solo la sua santa ira. E con questa, camminando veloce e imponente fra banco e banco, sparpaglia le monete così meticolosamente allineate per qualità, ribalta tavoli e tavolini, e tutto cade con fracasso al suolo fra un gran rumore di metalli rimbalzanti e di legni percossi e grida di ira, di sgomento e di approvazione. Poi, strappate di mano, a dei garzoni dei bestiai, delle funi con cui essi tenevano a posto bovi, pecore e agnelli, ne fa una sferza ben dura, in cui i nodi per formare i lacci scorsoi divengono flagelli, e l’alza e la rotea e l’abbassa, senza pietà. Sì, le assicuro: senza pietà.

La impensata grandine percuote teste e schiene. I fedeli si scansano ammirando la scena; i colpevoli, inseguiti fino alla cinta esterna, se la dànno a gambe lasciando per terra denaro e indietro bestie e bestiole in un grande arruffio di gambe, di corna, di ali; chi corre, chi vola via; e muggiti, belati, scruccolii di colombe e tortore, insieme a risate e urla di fedeli dietro agli strozzini in fuga, soverchiano persino il lamentoso coro degli agnelli, sgozzati in un altro cortile di certo.

53.5

Accorrono sacerdoti insieme a rabbini e farisei. Gesù è ancora in mezzo al cortile, di ritorno dal suo inseguimento. La sferza è ancora nella sua mano.

«Chi sei? Come ti permetti fare questo, turbando le cerimonie prescritte? Da quale scuola provieni? Noi non ti conosciamo, né sappiamo chi sei».

«Io sono Colui che posso. Tutto Io posso. Disfate pure questo Tempio vero ed Io lo risorgerò per dar lode a Dio. Non Io turbo la santità della Casa di Dio e delle cerimonie, ma voi la turbate permettendo che la sua dimora divenga sede agli usurai e ai mercanti. La mia scuola è la scuola di Dio. La stessa che ebbe tutto Israele per bocca dell’Eterno parlante a Mosè. Non mi conoscete? Mi conoscerete. Non sapete da dove Io vengo? Lo saprete».

53.6

E, volgendosi al popolo senza più curarsi dei sacerdoti, alto nell’abito bianco, col mantello aperto e fluente dietro le spalle, a braccia aperte come un oratore nel più vivo della sua orazione, dice:

«Udite, voi di Israele! Nel Deuteronomio è detto[1]: “Tu costituirai dei giudici e dei magistrati a tutte le porte… ed essi giudicheranno il popolo con giustizia, senza propendere da nessuna parte. Tu non avrai riguardi personali, non accetterai donativi, perché i donativi accecano gli occhi dei savi ed alterano le parole dei giusti. Con giustizia seguirai ciò che è giusto per vivere e possedere la terra che il Signore Iddio tuo ti avrà data”.

Udite, o voi di Israele! Nel Deuteronomio è detto: “I sacerdoti e i leviti e tutti quelli della tribù di Levi non avranno parte né eredità col resto di Israele, perché devono vivere coi sacrifizi del Signore e colle offerte che a Lui sono fatte; nulla avranno tra i possessi dei loro fratelli, perché il Signore è la loro eredità”.

Udite, o voi di Israele! Nel Deuteronomio è detto: “Non presterai ad interesse al tuo fratello né denaro, né grano, né qualsiasi altra cosa. Potrai prestare ad interesse allo straniero; al tuo fratello, invece, presterai senza interesse quello che gli bisogna”.

Questo ha detto il Signore.

Ora voi vedete che senza giustizia verso il povero si siede in Israele. Non nel giusto, ma nel forte si propende, ed esser povero, esser popolo, vuol dire esser oppresso. Come può il popolo dire: “Chi ci giudica è giusto”, se vede che solo i potenti sono rispettati e ascoltati, mentre il povero non ha chi lo ascolti? Come può il popolo rispettare il Signore, se vede che non lo rispettano coloro che più dovrebbero farlo? È rispetto al Signore la violazione del suo comando? E perché allora i sacerdoti in Israele hanno possessi e accettano donativi da pubblicani e peccatori, i quali così fanno per aver benigni i sacerdoti, così come questi fanno per aver ricco scrigno?

Dio è l’eredità dei suoi sacerdoti. Per essi, Egli, il Padre di Israele, è più che mai Padre e provvede al cibo come è giusto. Ma non più di quanto sia giusto. Non ha promesso ai suoi servi del Santuario borsa e possessi. Nell’eternità avranno il Cielo per la loro giustizia, come lo avranno Mosè e Elia e Giacobbe e Abramo, ma su questa Terra non devono avere che veste di lino e diadema di incorruttibile oro: purezza e carità; e che il corpo sia servo allo spirito che è servo del Dio vero, e non sia il corpo colui che è signore sullo spirito e contro Dio.

M’è stato chiesto con quale autorità Io faccio questo. Ed essi con quale autorità profanano il comando di Dio e all’ombra delle sacre mura permettono usura contro i fratelli di Israele, venuti per ubbidire al comando divino? M’è stato chiesto da quale scuola Io provengo, ed ho risposto: “Dalla scuola di Dio”. Sì, Israele. Io vengo e ti riporto a questa scuola santa e immutabile.

53.7

Chi vuol conoscere la Luce, la Verità, la Vita, chi vuole risentire la Voce di Dio parlante al suo popolo, a Me venga. Avete seguito Mosè attraverso i deserti, o voi di Israele. Seguitemi, ché Io vi porto, attraverso a ben più tristo deserto, incontro alla vera Terra beata. Per mare aperto al comando di Dio, ad essa vi traggo. Alzando il mio Segno, da ogni male vi guarisco.

L’ora della Grazia è venuta. L’hanno attesa i Patriarchi e sono morti nell’attenderla. L’hanno predetta i Profeti e sono morti con questa speranza. L’hanno sognata i giusti e sono morti confortati da questo sogno. Ora è sorta.

Venite. “Il Signore sta per giudicare il suo popolo e per fare misericordia ai suoi servi”, come ha promesso per bocca di Mosè».

La gente, assiepata intorno a Gesù, è rimasta a bocca aperta ad ascoltarlo. Poi commenta le parole del nuovo Rabbi e interroga i suoi compagni.

Gesù si avvia verso un altro cortile, separato da questo da un porticato. Gli amici lo seguono e la visione ha fine.


Notes

  1. dit en : Dt 16, 18-20 ; 18, 1-2 ; 23, 20-21.

Note

  1. è detto, in: Deuteronomio 16, 18-20; 18, 1-2; 23, 20-21.