Los Escritos de Maria Valtorta

543. Marthe envoie un serviteur prévenir le Maître.

543. Marta llama a un criado a llamar al Maestro.

543.1

Je me trouve encore dans la maison de Lazare, et je vois Marthe et Marie sortir dans le jardin pour accompagner un homme plutôt âgé, d’aspect très digne ; je ne pense pas que ce soit un Hébreu, car il a le visage complètement rasé comme les Romains.

Une fois qu’ils sont un peu éloignés de la maison, Marie lui demande :

« Eh bien, Nicomède ? Que dis-tu de notre frère ? Nous voyons qu’il est au plus mal… Parle. »

L’homme ouvre les bras dans un geste de commisération qui constate le caractère inéluctable de la maladie, et il dit :

« Il est très malade… Je ne vous ai jamais trompées depuis les premiers temps où je l’ai soigné. J’ai tout essayé, vous le savez. Mais cela n’a servi à rien. J’ai aussi… espéré, oui, j’ai espéré qu’il pourrait au moins vivre en réagissant contre l’épuisement de la maladie grâce à la bonne nourriture et aux remontants que je lui préparais. J’ai essayé aussi des poisons indiqués pour préserver le sang de la corruption et pour soutenir les forces, selon les vieux principes des grands maîtres de la médecine. Mais le mal est plus fort que les remèdes employés. Ces maladies sont une sorte de corrosion. Elles détruisent, et quand elles apparaissent à l’extérieur, l’intérieur des os est déjà envahi. Comme la sève d’un arbre monte des racines au sommet, ainsi, dans ce cas, la maladie s’est étendue des pieds à tout le corps…

– Mais il n’a que les jambes de malades… gémit Marthe.

– Oui. Mais la fièvre détruit là où vous pensez qu’il n’y a que santé. Regardez cette petite branche tombée de cet arbre : elle paraît rongée ici près de la cassure. Mais, voilà… (il la brise entre ses doigts). Vous voyez ? Sous l’écorce lisse, la carie s’est installée jusqu’à l’extrémité, qui donne l’impression de vivre parce qu’il y a encore des petites feuilles. Pauvres sœurs ! Lazare est désormais… mourant ! Le Dieu de vos pères, les dieux et les demi-dieux de notre médecine n’ont rien pu faire… ou voulu faire. Je parle de votre Dieu… Et donc… oui, je prévois que la mort est maintenant toute proche. Les signes en sont l’augmentation de la fièvre — symptôme de la corruption entrée dans le sang —, les mouvements désordonnés du cœur et l’absence de stimulations et de réactions chez le malade et dans tous ses organes. Vous voyez ! Il ne se nourrit plus, il ne retient pas le peu qu’il prend, et il n’assimile pas ce qu’il retient. C’est la fin…

Et — faites confiance à un médecin qui vous est reconnaissant en souvenir de Théophile — ce qu’il faut plutôt désirer désormais, c’est la mort… Ce sont des maux effroyables. Depuis des milliers d’années, ils détruisent l’homme et l’homme n’arrive pas à les détruire.

543.2

Les dieux seuls le pourraient si… »

Il s’arrête, les regarde en passant ses doigts sur son menton rasé. Il réfléchit, puis reprend :

« Pourquoi n’appelez-vous pas le Galiléen ? C’est votre ami. Lui peut, car il peut tout. J’ai examiné des personnes qui étaient condamnées et qu’il a guéries. Il sort de lui une force étrange, un fluide mystérieux qui ranime et rassemble les réactions dispersées et leur impose de vouloir guérir… Je ne comprends pas… Je l’ai suivi moi aussi, en restant mêlé à la foule, et j’ai vu des choses merveilleuses… Appelez-le. Moi, je suis un païen, mais j’honore le Thaumaturge mystérieux de votre peuple. Et je serais heureux si lui pouvait ce que, moi, je n’ai pas pu.

– Lui, il est Dieu, Nicomède. Il peut donc tout. La force que tu appelles fluide, c’est sa volonté de Dieu, explique Marie.

– Je ne me moque pas de votre foi. Au contraire, je la pousse à grandir jusqu’à l’impossible. Du reste… On lit que les dieux sont parfois descendus sur la terre. Moi… je n’y avais jamais cru… Mais avec ma science et ma conscience d’homme et de médecin, je dois reconnaître qu’il en est ainsi, car le Galiléen opère des guérisons que seul un dieu peut opérer.

– Pas un dieu quelconque, Nicomède. Le vrai Dieu, insiste Marie.

– Comme tu voudras. Pour ma part, je croirai en lui et je deviendrai son disciple si je vois que Lazare… ressuscite. Car désormais, plutôt que de guérison, c’est de résurrection qu’il faut parler. Appelez-le donc, et d’urgence… car, si je ne suis pas devenu idiot, il mourra tout au plus d’ici le troisième crépuscule à partir de celui-ci. J’ai dit “ tout au plus. ” Ce pourrait être avant.

– Oh ! si nous pouvions ! Mais nous ne savons pas où il se trouve… soupire Marthe.

– Moi, je le sais. C’est un de ses disciples qui m’a renseigné : il allait le rejoindre en accompagnant des malades, or deux étaient des miens. Il est au-delà du Jourdain, près du gué. C’est ce qu’il m’a dit. Vous, peut-être, connaissez mieux l’endroit ?

– Ah ! dans la maison de Salomon, certainement ! répond Marie.

– C’est très loin ?

– Non, Nicomède.

– Dans ce cas, envoyez-lui sur-le-champ un serviteur pour lui demander secours. Je vais revenir plus tard et je reste ici pour voir son action sur Lazare. Salut, dominae. Et… réconfortez-vous mutuellement. »

Il s’incline et se dirige vers la sortie, où un serviteur l’attend pour tenir son cheval et lui ouvrir le portail.

543.3

«Que faisons-nous, Marie ? demande Marthe après avoir vu partir le médecin.

– Obéissons au Maître. Il a dit de le faire appeler après la mort de Lazare. C’est ce que nous ferons.

– Mais, après sa mort… à quoi servira la venue du Maître ici ? Pour notre cœur, oui, ce sera utile. Mais pour Lazare !… J’envoie un serviteur l’appeler.

– Non. Tu empêcherais tout miracle. Jésus nous a recommandé d’espérer et de croire contre toute réalité contraire. Et si nous le faisons, nous obtiendrons le miracle, j’en suis certaine. Sinon, Dieu nous laissera avec notre présomption de vouloir agir mieux que lui, et il ne nous accordera rien.

– Mais tu ne vois pas combien Lazare souffre ? Tu ne te rends pas compte comment, dans les moments où il est conscient, il désire la présence du Maître ? Si tu refuses cette dernière joie à notre pauvre frère, c’est que tu n’as pas de cœur !… Notre pauvre frère ! Notre pauvre frère ! Bientôt nous n’aurons plus de frère ! Plus de père, plus de mère, plus de frère ! La famille décapitée, et nous seules, comme deux palmiers dans un désert. »

Dans sa souffrance, elle fait une crise de nerfs tout orientale, elle s’agite, se frappe le visage, se décoiffe…

Marie la saisit, lui impose :

« Tais-toi ! Mais tais-toi, donc ! Il peut entendre. Je l’aime plus et mieux que toi, et je sais me dominer. Tu ressembles à une femmelette malade. J’ai dit : tais-toi ! Ce n’est pas par cette agitation que l’on change les destinées, ni que l’on émeut les cœurs. Si tu le fais pour émouvoir le mien, tu te trompes. Sois-en sûre. Le mien se brise dans l’obéissance. Mais il tient bon par elle. »

Marthe, dominée par la force de sa sœur et par ses paroles, se calme quelque peu. Mais dans sa douleur, plus seraine maintenant, elle gémit en appelant sa mère :

« Maman ! Ah ! maman, console-moi. Il n’y a plus de paix en moi depuis que tu es morte. Si tu étais là, maman ! Si le chagrin ne t’avait pas tuée ! Si tu étais ici, tu nous guiderais et nous t’obéirions pour le bien de tous… Ah !… »

Marie change de couleur. Sans faire de bruit elle pleure, le visage angoissé, en se tordant les mains sans parler.

Marthe la regarde et dit :

« Notre mère, quand elle fut près de mourir, m’a fait promettre d’être une mère pour Lazare. Si elle était ici…

– Elle obéirait au Maître, car c’était une femme juste. C’est inutilement que tu essaies de m’émouvoir. Dis-moi donc que j’ai assassiné ma mère par les douleurs que je lui ai causées ! Je le reconnaîtrai. Mais si tu veux me faire reconnaître que tu as raison de vouloir appeler le Maître, je te répondrai toujours “ Non ”. Je m’y refuserai toujours. Et je suis certaine que, du sein d’Abraham, elle m’approuve et me bénit. Rentrons à la maison.

– Plus rien ! Plus rien !

– Tout ! C’est “ tout ” que tu devrais dire. En vérité, tu écoutes le Maître et tu sembles attentive pendant qu’il parle, mais ensuite tu ne te rappelles pas ce qu’il a dit. Ne nous a-t-il pas toujours appris qu’aimer et obéir nous rend enfants de Dieu et héritiers de son Royaume ? Comment donc peux-tu supposer que nous allons rester sans rien, si nous avons Dieu et si nous possédons le Royaume grâce à notre fidélité ? En vérité, il faut être absolues, comme je l’ai été dans le mal, pour pouvoir savoir et vouloir l’être dans le bien, dans l’obéissance, dans l’espérance, dans la foi, dans l’amour !…

– Tu permets aux juifs de se moquer du Maître et de faire des insinuations sur son compte. Tu les as entendus avant-hier…

– Tu penses encore aux croassements de ces corbeaux et aux cris de ces vautours ? Laisse-les donc cracher ce qu’ils ont en eux ! Que t’importe le monde ? Qu’est le monde par rapport à Dieu ? Regarde : moins que ce taon dégoûtant, engourdi par le froid ou empoisonné pour avoir sucé des ordures, et que j’écrase ainsi. »

Elle donne un énergique coup de talon à l’insecte qui avance lentement sur le gravier du chemin. Puis elle prend Marthe par le bras :

« Allons, viens à la maison et…

– Au moins, envoyons quelqu’un informer Jésus de l’état de Lazare, sans rien ajouter…

– Comme s’il avait besoin de l’apprendre par nous ! Non, c’est inutile. Il nous a recommandé : “ Quand il sera mort, faites-le-moi savoir. ” C’est ce que nous ferons, mais pas avant.

– Personne, personne n’a pitié de ma douleur ! Et toi moins que tous…

– Et cesse de pleurer ainsi. Je ne peux le supporter… »

Dans sa propre souffrance, elle se mord les lèvres pour donner du courage à sa sœur et ne pas pleurer, elle aussi.

543.4

Marcelle sort en courant de la maison, suivie de Maximin :

« Marthe ! Marie ! Venez vite ! Lazare va mal, il ne répond plus… »

Les deux sœurs se hâtent de rentrer… Peu après, on entend la forte voix de Marie qui donne des ordres pour organiser les secours qui s’imposent, on voit les serviteurs passer avec des potions fortifiantes et des bassins d’eau bouillante, on devine des chuchotements et on assiste à des gestes de douleur…

Puis le calme revient tout doucement. Les serviteurs con­versent avec moins d’agitation, mais ils ponctuent leurs dires par des gestes qui marquent un grand découragement. Certains hochent la tête, plusieurs ouvrent les bras et les lèvent vers le ciel comme pour dire : “ C’est ainsi ”, d’autres pleurent et d’autres encore veulent espérer un miracle.

543.5

Et voici de nouveau Marthe, pâle comme une morte. Elle se retourne pour voir si on la suit. Elle regarde le personanel qui se presse avec anxiété autour d’elle. De nouveau, elle se tourne vers la maison, puis ordonne à un serviteur :

« Toi ! Viens avec moi. »

L’homme se détache du groupe et la suit dans la tonnelle des jasmins. Marthe parle sans quitter des yeux la maison qu’elle peut apercevoir à travers l’entrelacement des branches :

« Ecoute-moi bien. Lorsque tous les serviteurs seront revenus, et que je leur aurai donné des ordres pour qu’ils soient occupés à l’intérieur, tu iras aux écuries, tu prendras un cheval des plus rapides, tu le selleras… Si par hasard quelqu’un te voit, dis que tu vas chercher le médecin… Tu ne mentiras pas et je ne t’apprends pas à mentir, car vraiment je t’envoie auprès du Médecin béni… Emporte de l’avoine pour ta monture, de la nourriture pour toi ainsi que cette bourse pour tout ce qui pourrait arriver. Sors par la petite porte et passe par les champs labourés pour que les sabots ne fassent pas de bruit. Eloigne-toi de la maison, puis prends la route de Jéricho et galope sans jamais t’arrêter, même la nuit. As-tu compris ? Sans jamais t’arrêter. La nouvelle lune éclairera ta route si l’obscurité vient pendant que tu galopes encore. Pense que la vie de ton maître est entre tes mains et dépend de ta rapidité. Je me fie à toi.

– Maîtresse, je te servirai comme un esclave fidèle.

– Prends la direction du gué de Beth-Abara. Franchis-le et va au village de Béthanie, celui de l’autre côté du Jourdain. Tu sais, là où Jean baptisait au début.

– Je connais. J’y suis allé pour me purifier, moi aussi.

– Dans ce village se trouve le Maître. Tout le monde t’indiquera la maison où il habite. Mais si, au lieu de suivre la route principale, tu longes les rives du fleuve, cela vaut mieux. On te verra moins et tu trouveras la maison par toi-même. C’est la première de l’unique route du village qui va de la campagne au fleuve. Tu ne peux pas te tromper : une maison basse sans terrasse ni chambre haute, avec un jardin qui se trouve, quand on vient du fleuve, avant la maison, un jardin fermé par un petit portail de bois et une haie d’aubépine, je crois, une haie en somme. Tu as bien compris ? Répète. »

Le serviteur répète patiemment.

« C’est bien. Demande à lui parler, et à lui seul, et dis-lui que tes maîtresses t’envoient pour l’informer que Lazare est très malade, qu’il va mourir, que nous n’en pouvons plus, que Lazare souhaite le voir et demande-lui de venir immédiatement, immédiatement, par pitié. Tu as bien compris ?

– Oui, maîtresse.

– Ensuite, hâte-toi de revenir, de façon que personne ne remarque trop ton absence. Prends une lanterne avec toi pour les heures d’obscurité. Va, cours, galope, crève le cheval, mais reviens vite avec la réponse du Maître.

– Je le ferai, maîtresse.

– Va ! Va ! Tu vois ? Ils sont déjà tous rentrés dans la maison. Pars tout de suite. Personne ne te verra faire les préparatifs. Je te porterai moi-même de quoi boire et manger, je te le mettrai sur le seuil du petit portail. Va ! Et que Dieu soit avec toi. Va !… »

Elle le pousse avec impatience, puis court rapidement vers la maison en prenant mille précautions ; aussitôt après, elle se glisse au dehors par une porte secondaire, du côté sud, avec un petit sac dans les mains, longe une haie jusqu’à la première ouverture, tourne, disparaît…

543.1

Me encuentro todavía en la casa de Lázaro, y veo que Marta y María salen al jardín acompañando a un hombre entrado ya en años, de aspecto muy noble, y del que diría que no es hebreo, porque tiene la cara completamente afeitada, como los romanos.

Una vez que se han alejado un poco de la casa, María le pregunta: «Bueno, Nicomedes, ¿qué nos dices, entonces, de nuestro hermano? Nosotras le vemos muy… enfermo… Habla».

El hombre abre los brazos en un gesto de conmiseración y de constatación de lo innegable, y, parándose, dice: «Está muy enfermo… Desde los primeros momentos en que empecé a cuidar de su salud nunca os he engañado. He intentado todo. Vosotras lo sabéis. Pero no ha sido eficaz. Esperaba también… sí, esperaba que, al menos, pudiera vivir reaccionando al agotamiento de la enfermedad con la buena nutrición y los cordiales que le preparaba. He probado incluso con tóxicos adecuados para preservar a la sangre de la corrupción y para sostener las fuerzas, según las viejas escuelas de los grandes maestros de la medicina. Pero la enfermedad es más fuerte que los medios para curarla. Estas enfermedades son como corrosiones. Destruyen. Y cuando se manifiestan externamente ya los huesos por dentro están invadidos, y, de igual manera que la savia en un árbol se alza desde lo profundo hasta la cima, aquí la enfermedad se ha extendido desde los pies a todo el cuerpo…».

«Pero tiene enfermas sólo las piernas» gime Marta.

«Sí, pero la fiebre destruye donde vosotras pensáis que no hay sino salud. Mirad esta ramita caída de ese árbol. Parece carcomido aquí, junto a la fractura. Pero, mirad… (la desmenuza con sus dedos). ¿Veis? Bajo la corteza, todavía lisa, está la caries hasta el extremo superior, donde todavía parece que hay vida porque tiene todavía unas hojitas. Lázaro está ya… muriendo. ¡Oh, pobres hermanas! El Dios de vuestros padres, y los dioses y semidioses de nuestra medicina, nada han podido hacer… o… querido hacer (me refiero a vuestro Dios)… Así que… sí, preveo ya cercana la muerte, incluso por el aumento de la fiebre, que es síntoma de que la descomposición ha entrado en la sangre, por los movimientos desordenados del corazón y por la falta de estímulos y reacciones en el enfermo y en todos sus órganos. ¡Ya lo veis vosotras! No se alimenta, no retiene lo poco que toma y no asimila lo que retiene. Es el final… Y —creed en lo que os dice un médico que recordando a Teófilo os está agradecido— y la cosa más deseable en estos momentos es la muerte… Son enfermedades terribles. Desde hace miles de años destruyen al hombre y el hombre no logra destruirlas a ellas.

543.2

Sólo los dioses podrían, si…».

Se para, las mira mientras se pasa repetidamente los dedos por el mentón rasurado. Piensa. Luego dice: «¿Por qué no llamáis al Galileo? Es vuestro amigo. Él puede, porque lo puede todo. Yo he observado a personas que estaban condenadas y que se curaron. Una fuerza extraña sale de Él. Un fluido misterioso que reanima y reúne las reacciones disgregadas y les impone la voluntad de curar… No sé. Sé que le he seguido incluso, mezclado con la muchedumbre, y he visto cosas maravillosas… Llamadle. Yo soy un gentil, pero honro al Taumaturgo misterioso de vuestro pueblo. Y me alegraría si Él pudiera lo que yo no he podido».

«Es Dios, Nicomedes. Por eso puede. La fuerza que llamas fluido es su voluntad divina» dice María.

«No ridiculizo vuestra fe. Al contrario, la impulso a que crezca hasta lo imposible. Además… se lee que los dioses alguna vez han descendido a la Tierra. Yo… nunca lo había creído… Pero, con ciencia y conciencia de hombre y médico, tengo que decir que es así, porque el Galileo obra curaciones que sólo un dios puede obrar».

«No un dios, Nicomedes. El verdadero Dios» insiste María.

«Bueno, de acuerdo, como tú quieras. Y yo lo creeré y me haré discípulo suyo, si veo que Lázaro… resucita. Porque ya, más que de curación, hay que hablar de resurrección. Llamadle, pues, y con urgencia… porque, si no me he vuelto un ignorante, al máximo a la tercera puesta de Sol a partir de ésta, morirá. He dicho “al máximo”. Podría ser antes».

«¡Oh, si pudiéramos! Pero no sabemos dónde está…» dice Marta.

«Yo lo sé. Me lo dijo un discípulo suyo que iba donde Él llevándole unos enfermos (y dos eran míos). Está al otro lado del Jordán, en los alrededores del vado. Eso dijo. Vosotros quizás conocéis mejor el lugar».

«¡Ah, sin duda, en casa de Salomón!» dice María.

«¿Muy lejos?».

«No, Nicomedes».

«Pues mandad inmediatamente a un criado para decirle que venga. Yo vuelvo más tarde y me quedo aquí para ver su acción en Lázaro. Salve, señoras. Y… animaos mutuamente». Les hace una reverencia y se marcha hacia la salida. Allí un criado le espera para sujetarle el caballo y abrirle la cancilla.

543.3

Marta ve partir al médico y luego pregunta: «¿Qué hacemos, María?».

«Obedecemos al Maestro. Dijo que le avisáramos después de la muerte de Lázaro. Y nosotras lo haremos».

«Pero, una vez muerto… ¿de qué sirve tener aquí al Maestro? Para nuestro corazón sí, será útil. ¡Pero para Lázaro!… Yo mando a un criado a llamarle».

«No. Destruirías el milagro. Él dijo que había que saber esperar y creer contra toda realidad contraria. Si lo hacemos, tendremos el milagro; estoy segura. Si no sabemos hacerlo, Dios nos dejará con nuestra presunción de querer hacer las cosas mejor que Él, y no nos concederá nada».

«¿Pero no ves cuánto sufre Lázaro? ¿No oyes cómo, en los momentos que está consciente, desea la presencia del Maestro? ¿Quieres negarle la última alegría al pobre hermano nuestro? ¡No tienes corazón!… ¡Pobre hermano nuestro! ¡Pobre hermano nuestro! ¡Dentro de poco ya no tendremos hermano! ¡Sin padre, sin madre, sin hermano! La casa destruida, y nosotras solas, como dos palmas en un desierto». Cae en una crisis de dolor. Yo diría que también en una crisis de nervios típica oriental: se contorsiona, se golpea el rostro, se despeina.

María la agarra. Le impone: «¡Calla! ¡Calla, te digo! Lázaro puede oír. Yo le quiero más y mejor que tú, y sé dominarme. Pareces una mujer enferma. ¡Calla, digo! No se cambia el curso de las cosas con estas vehemencias, ni tampoco así se conmueven los corazones. Si lo haces para conmover el mío, te equivocas. Piénsalo bien. El mío queda aplastado en la obediencia, pero resiste en ella».

Marta, dominada por la fuerza de su hermana y por sus palabras, se calma mucho; pero —expresión de su dolor, ahora más tranquilo— gime invocando a la madre: «¡Mamá! ¡Oh, madre mía, consuélame. Ya no hay paz en mí, desde que moriste. ¡Si estuvieras aquí, madre! ¡Si la pena no te hubiera matado! Si tú estuvieras, nos guiarías y nosotras te obedeceríamos, por el bien de todos… ¡Oh!…».

María cambia de color y, silenciosamente, llora con un rostro angustiado y retorciéndose las manos sin decir nada.

Marta la mira y dice: «Nuestra madre, estando ya para morir, me hizo prometer que sería una madre para Lázaro. Si ella estuviera aquí…».

«Obedecería al Maestro porque era una mujer justa. En vano tratas de conmoverme. Dime, si quieres, que he sido la asesina de mi madre por las penas que le causé. Te diré: “Tienes razón”. Pero, si quieres hacerme decir que tienes razón queriendo que venga el Maestro, te digo: “No”. Y siempre diré: “No”. Y estoy segura de que desde el seno de Abraham ella me aprueba y bendice. Vamos a casa».

«¡Ya no tenemos nada! ¡Nada!».

«¡Todo! ¡Debes decir: “Todo”! La verdad es que escuchas al Maestro y pareces atenta mientras habla, pero luego no recuerdas lo que dice. ¿No ha dicho siempre que amar y obedecer nos hace hijos de Dios y herederos de su Reino? ¿Y entonces cómo es que dices que nos vamos a quedar sin nada?, pues tendremos a Dios y poseeremos el Reino por nuestra fidelidad. ¡Oh, verdaderamente hemos de ser absolutas como yo lo fui en el mal, incluso para poder ser, y saber, y querer ser absolutas en el bien, en la obediencia, en la esperanza, en la fe, en el amor!…».

«Tú consientes que los judíos ridiculicen al Maestro y hagan insinuaciones respecto a Él. Los has oído anteayer…».

«¿Y piensas todavía en el graznido de esas cornejas, en los chillidos de esos buitres? ¡Déjales que escupan lo que tienen dentro! ¿Qué te importa el mundo! ¿Qué es el mundo respecto a Dios? Mira: menos que este sucio moscón, entorpecido o envenenado por haber chupado inmundicias, que piso así» y da un enérgico golpe con el talón a un tábano de torpes movimientos que camina lentamente por el guijo del paseo. Luego toma a Marta de un brazo y dice: «Venga, ven a casa y…».

«Comuniquémoselo al menos al Maestro. Mandémosle aviso de que está muriendo. Sin decirle nada más…».

«¡Como si tuviera necesidad de saberlo por nosotras! No, he dicho. Es inútil. Él dijo: “Cuando haya muerto, comunicádmelo”. Y lo haremos. No antes de que suceda».

«¡Nadie, nadie tiene piedad de mi dolor! Tú menos que nadie…».

«Deja de llorar de esa manera, ¿no? No puedo soportarlo…». Sufriendo ella, se muerde los labios para dar fuerza a su hermana sin llorar ella también.

543.4

Marcela sale corriendo de la casa, seguida por Maximino: «¡Marta! ¡María! ¡Corred! Lázaro está mal. Ya no responde…».

Las dos hermanas se echan a correr, raudas, y entran en la casa… Después de un poco, se oye la voz fuerte de María que da órdenes para los socorros propios de esta situación, y se ve a criados correr con cordiales y barreños humeantes de agua hirviendo; se oyen bisbiseos y se ven gestos de dolor…

A tanta agitación, poco a poco, le va substituyendo la calma. Se ve a los criados que cuchichean unos con otros, menos nerviosos pero con gestos de intenso desconsuelo que remarcan lo que dicen: quién menea la cabeza, quién la alza al cielo abriendo los brazos, como diciendo: “así es”, quién llora, quién quiere esperar todavía en un milagro.

543.5

Ahí tenemos de nuevo a Marta, pálida como una muerta. Mira tras sí, para ver si la siguen. Mira a los siervos que están apretadamente en torno a ella angustiados. Vuelve a mirar para ver si de la casa sale alguien a seguirla. Luego dice a un criado: «¡Tú, ven conmigo!».

El criado se separa del grupo y la sigue hacia la pérgola de los jazmines y dentro de ella. Marta habla, sin perder de vista la casa, que se puede ver a través de la tupida maraña de las ramas: «Escucha bien. Cuando todos los criados hayan entrado y yo les de indicaciones para que estén ocupados en la casa, tú irás a las caballerizas, tomarás un caballo de los más rápidos, lo ensillarás… Si por casualidad alguien te ve, di que vas por el médico… No mientes tú ni te enseño a mentir yo, porque verdaderamente te envío donde el Médico bendito… Toma contigo forraje para el animal y comida para ti, y esta bolsa para todo lo que puedas necesitar. Sal por la puerta pequeña y, pasando por los campos arados, que no producen ruido con los cascos, te alejas de la casa. Luego tomas el camino de Jericó y galopas sin detenerte nunca, ni siquiera de noche. ¿Has comprendido? Sin detenerte nunca. La Luna nueva te iluminará el camino, si viene la obscuridad mientras todavía sigues galopando. Piensa que la vida de tu señor está en tus manos y en tu rapidez. Me fío de ti».

«Señora, te serviré como un esclavo fiel».

«Ve al vado de Betabara. Pasas y vas al pueblo que hay más allá de Betania de la Transjordania. ¿Sabes? Donde al principio bautizaba Juan».

«Lo sé. Fui allí yo también, a purificarme».

«En ese pueblo está el Maestro. Todos te dirán cuál es la casa donde le dan alojamiento. Pero si sigues en vez del camino principal las orillas del río, es mejor. Te ven menos y encuentras por ti mismo la casa. Es la primera de la única calle del pueblecito, la que va de los campos al río. No tienes posibilidad de error. Una casa baja, sin terraza ni habitación alta, con un huerto que se encuentra, viniendo del río, antes de la casa, un huerto cerrado por una pequeña portilla de madera y un seto de espino albar, creo… bueno, un seto. ¿Entendido? Repite».

El criado repite pacientemente.

«Bien. Solicita hablar con Él, sólo con Él, y le dices que tus señoras te envían para decirle que Lázaro está muy enfermo, que está agonizando, que nosotras ya no podemos más, que él le precisa y que venga en seguida, en seguida, por piedad. ¿Has comprendido bien?».

«He comprendido, señora».

«Y después vuelve inmediatamente, de forma que ninguno note mucho tu ausencia. Toma un farol contigo, para las horas de obscuridad. Ve, corre, galopa, revienta al caballo, pero vuelve pronto con la respuesta del Maestro».

«Lo haré, señora».

«¡Ve! ¡Ve! ¿Ves? Han entrado ya todos en casa. Ve inmediatamente. Nadie te va a ver hacer los preparativos. Yo misma te llevo la comida. ¡Ve! Te la pongo al pie de la puerta pequeña. ¡Ve! Que Dios te acompañe. ¡Ve!…».

Le empuja, ansiosa, y luego corre a casa, rápida y cauta, para salir después sigilosa por una puerta secundaria que está en el lado sur, con un pequeño saco en sus manos; camina rozando un seto hasta la primera apertura, tuerce, desaparece…