Gli Scritti di Maria Valtorta

543. Marthe envoie un serviteur prévenir le Maître.

543. Marta manda un servo a chiamare il Maestro.

543.1

Je me trouve encore dans la maison de Lazare, et je vois Marthe et Marie sortir dans le jardin pour accompagner un homme plutôt âgé, d’aspect très digne ; je ne pense pas que ce soit un Hébreu, car il a le visage complètement rasé comme les Romains.

Une fois qu’ils sont un peu éloignés de la maison, Marie lui demande :

« Eh bien, Nicomède ? Que dis-tu de notre frère ? Nous voyons qu’il est au plus mal… Parle. »

L’homme ouvre les bras dans un geste de commisération qui constate le caractère inéluctable de la maladie, et il dit :

« Il est très malade… Je ne vous ai jamais trompées depuis les premiers temps où je l’ai soigné. J’ai tout essayé, vous le savez. Mais cela n’a servi à rien. J’ai aussi… espéré, oui, j’ai espéré qu’il pourrait au moins vivre en réagissant contre l’épuisement de la maladie grâce à la bonne nourriture et aux remontants que je lui préparais. J’ai essayé aussi des poisons indiqués pour préserver le sang de la corruption et pour soutenir les forces, selon les vieux principes des grands maîtres de la médecine. Mais le mal est plus fort que les remèdes employés. Ces maladies sont une sorte de corrosion. Elles détruisent, et quand elles apparaissent à l’extérieur, l’intérieur des os est déjà envahi. Comme la sève d’un arbre monte des racines au sommet, ainsi, dans ce cas, la maladie s’est étendue des pieds à tout le corps…

– Mais il n’a que les jambes de malades… gémit Marthe.

– Oui. Mais la fièvre détruit là où vous pensez qu’il n’y a que santé. Regardez cette petite branche tombée de cet arbre : elle paraît rongée ici près de la cassure. Mais, voilà… (il la brise entre ses doigts). Vous voyez ? Sous l’écorce lisse, la carie s’est installée jusqu’à l’extrémité, qui donne l’impression de vivre parce qu’il y a encore des petites feuilles. Pauvres sœurs ! Lazare est désormais… mourant ! Le Dieu de vos pères, les dieux et les demi-dieux de notre médecine n’ont rien pu faire… ou voulu faire. Je parle de votre Dieu… Et donc… oui, je prévois que la mort est maintenant toute proche. Les signes en sont l’augmentation de la fièvre — symptôme de la corruption entrée dans le sang —, les mouvements désordonnés du cœur et l’absence de stimulations et de réactions chez le malade et dans tous ses organes. Vous voyez ! Il ne se nourrit plus, il ne retient pas le peu qu’il prend, et il n’assimile pas ce qu’il retient. C’est la fin…

Et — faites confiance à un médecin qui vous est reconnaissant en souvenir de Théophile — ce qu’il faut plutôt désirer désormais, c’est la mort… Ce sont des maux effroyables. Depuis des milliers d’années, ils détruisent l’homme et l’homme n’arrive pas à les détruire.

543.2

Les dieux seuls le pourraient si… »

Il s’arrête, les regarde en passant ses doigts sur son menton rasé. Il réfléchit, puis reprend :

« Pourquoi n’appelez-vous pas le Galiléen ? C’est votre ami. Lui peut, car il peut tout. J’ai examiné des personnes qui étaient condamnées et qu’il a guéries. Il sort de lui une force étrange, un fluide mystérieux qui ranime et rassemble les réactions dispersées et leur impose de vouloir guérir… Je ne comprends pas… Je l’ai suivi moi aussi, en restant mêlé à la foule, et j’ai vu des choses merveilleuses… Appelez-le. Moi, je suis un païen, mais j’honore le Thaumaturge mystérieux de votre peuple. Et je serais heureux si lui pouvait ce que, moi, je n’ai pas pu.

– Lui, il est Dieu, Nicomède. Il peut donc tout. La force que tu appelles fluide, c’est sa volonté de Dieu, explique Marie.

– Je ne me moque pas de votre foi. Au contraire, je la pousse à grandir jusqu’à l’impossible. Du reste… On lit que les dieux sont parfois descendus sur la terre. Moi… je n’y avais jamais cru… Mais avec ma science et ma conscience d’homme et de médecin, je dois reconnaître qu’il en est ainsi, car le Galiléen opère des guérisons que seul un dieu peut opérer.

– Pas un dieu quelconque, Nicomède. Le vrai Dieu, insiste Marie.

– Comme tu voudras. Pour ma part, je croirai en lui et je deviendrai son disciple si je vois que Lazare… ressuscite. Car désormais, plutôt que de guérison, c’est de résurrection qu’il faut parler. Appelez-le donc, et d’urgence… car, si je ne suis pas devenu idiot, il mourra tout au plus d’ici le troisième crépuscule à partir de celui-ci. J’ai dit “ tout au plus. ” Ce pourrait être avant.

– Oh ! si nous pouvions ! Mais nous ne savons pas où il se trouve… soupire Marthe.

– Moi, je le sais. C’est un de ses disciples qui m’a renseigné : il allait le rejoindre en accompagnant des malades, or deux étaient des miens. Il est au-delà du Jourdain, près du gué. C’est ce qu’il m’a dit. Vous, peut-être, connaissez mieux l’endroit ?

– Ah ! dans la maison de Salomon, certainement ! répond Marie.

– C’est très loin ?

– Non, Nicomède.

– Dans ce cas, envoyez-lui sur-le-champ un serviteur pour lui demander secours. Je vais revenir plus tard et je reste ici pour voir son action sur Lazare. Salut, dominae. Et… réconfortez-vous mutuellement. »

Il s’incline et se dirige vers la sortie, où un serviteur l’attend pour tenir son cheval et lui ouvrir le portail.

543.3

«Que faisons-nous, Marie ? demande Marthe après avoir vu partir le médecin.

– Obéissons au Maître. Il a dit de le faire appeler après la mort de Lazare. C’est ce que nous ferons.

– Mais, après sa mort… à quoi servira la venue du Maître ici ? Pour notre cœur, oui, ce sera utile. Mais pour Lazare !… J’envoie un serviteur l’appeler.

– Non. Tu empêcherais tout miracle. Jésus nous a recommandé d’espérer et de croire contre toute réalité contraire. Et si nous le faisons, nous obtiendrons le miracle, j’en suis certaine. Sinon, Dieu nous laissera avec notre présomption de vouloir agir mieux que lui, et il ne nous accordera rien.

– Mais tu ne vois pas combien Lazare souffre ? Tu ne te rends pas compte comment, dans les moments où il est conscient, il désire la présence du Maître ? Si tu refuses cette dernière joie à notre pauvre frère, c’est que tu n’as pas de cœur !… Notre pauvre frère ! Notre pauvre frère ! Bientôt nous n’aurons plus de frère ! Plus de père, plus de mère, plus de frère ! La famille décapitée, et nous seules, comme deux palmiers dans un désert. »

Dans sa souffrance, elle fait une crise de nerfs tout orientale, elle s’agite, se frappe le visage, se décoiffe…

Marie la saisit, lui impose :

« Tais-toi ! Mais tais-toi, donc ! Il peut entendre. Je l’aime plus et mieux que toi, et je sais me dominer. Tu ressembles à une femmelette malade. J’ai dit : tais-toi ! Ce n’est pas par cette agitation que l’on change les destinées, ni que l’on émeut les cœurs. Si tu le fais pour émouvoir le mien, tu te trompes. Sois-en sûre. Le mien se brise dans l’obéissance. Mais il tient bon par elle. »

Marthe, dominée par la force de sa sœur et par ses paroles, se calme quelque peu. Mais dans sa douleur, plus seraine maintenant, elle gémit en appelant sa mère :

« Maman ! Ah ! maman, console-moi. Il n’y a plus de paix en moi depuis que tu es morte. Si tu étais là, maman ! Si le chagrin ne t’avait pas tuée ! Si tu étais ici, tu nous guiderais et nous t’obéirions pour le bien de tous… Ah !… »

Marie change de couleur. Sans faire de bruit elle pleure, le visage angoissé, en se tordant les mains sans parler.

Marthe la regarde et dit :

« Notre mère, quand elle fut près de mourir, m’a fait promettre d’être une mère pour Lazare. Si elle était ici…

– Elle obéirait au Maître, car c’était une femme juste. C’est inutilement que tu essaies de m’émouvoir. Dis-moi donc que j’ai assassiné ma mère par les douleurs que je lui ai causées ! Je le reconnaîtrai. Mais si tu veux me faire reconnaître que tu as raison de vouloir appeler le Maître, je te répondrai toujours “ Non ”. Je m’y refuserai toujours. Et je suis certaine que, du sein d’Abraham, elle m’approuve et me bénit. Rentrons à la maison.

– Plus rien ! Plus rien !

– Tout ! C’est “ tout ” que tu devrais dire. En vérité, tu écoutes le Maître et tu sembles attentive pendant qu’il parle, mais ensuite tu ne te rappelles pas ce qu’il a dit. Ne nous a-t-il pas toujours appris qu’aimer et obéir nous rend enfants de Dieu et héritiers de son Royaume ? Comment donc peux-tu supposer que nous allons rester sans rien, si nous avons Dieu et si nous possédons le Royaume grâce à notre fidélité ? En vérité, il faut être absolues, comme je l’ai été dans le mal, pour pouvoir savoir et vouloir l’être dans le bien, dans l’obéissance, dans l’espérance, dans la foi, dans l’amour !…

– Tu permets aux juifs de se moquer du Maître et de faire des insinuations sur son compte. Tu les as entendus avant-hier…

– Tu penses encore aux croassements de ces corbeaux et aux cris de ces vautours ? Laisse-les donc cracher ce qu’ils ont en eux ! Que t’importe le monde ? Qu’est le monde par rapport à Dieu ? Regarde : moins que ce taon dégoûtant, engourdi par le froid ou empoisonné pour avoir sucé des ordures, et que j’écrase ainsi. »

Elle donne un énergique coup de talon à l’insecte qui avance lentement sur le gravier du chemin. Puis elle prend Marthe par le bras :

« Allons, viens à la maison et…

– Au moins, envoyons quelqu’un informer Jésus de l’état de Lazare, sans rien ajouter…

– Comme s’il avait besoin de l’apprendre par nous ! Non, c’est inutile. Il nous a recommandé : “ Quand il sera mort, faites-le-moi savoir. ” C’est ce que nous ferons, mais pas avant.

– Personne, personne n’a pitié de ma douleur ! Et toi moins que tous…

– Et cesse de pleurer ainsi. Je ne peux le supporter… »

Dans sa propre souffrance, elle se mord les lèvres pour donner du courage à sa sœur et ne pas pleurer, elle aussi.

543.4

Marcelle sort en courant de la maison, suivie de Maximin :

« Marthe ! Marie ! Venez vite ! Lazare va mal, il ne répond plus… »

Les deux sœurs se hâtent de rentrer… Peu après, on entend la forte voix de Marie qui donne des ordres pour organiser les secours qui s’imposent, on voit les serviteurs passer avec des potions fortifiantes et des bassins d’eau bouillante, on devine des chuchotements et on assiste à des gestes de douleur…

Puis le calme revient tout doucement. Les serviteurs con­versent avec moins d’agitation, mais ils ponctuent leurs dires par des gestes qui marquent un grand découragement. Certains hochent la tête, plusieurs ouvrent les bras et les lèvent vers le ciel comme pour dire : “ C’est ainsi ”, d’autres pleurent et d’autres encore veulent espérer un miracle.

543.5

Et voici de nouveau Marthe, pâle comme une morte. Elle se retourne pour voir si on la suit. Elle regarde le personanel qui se presse avec anxiété autour d’elle. De nouveau, elle se tourne vers la maison, puis ordonne à un serviteur :

« Toi ! Viens avec moi. »

L’homme se détache du groupe et la suit dans la tonnelle des jasmins. Marthe parle sans quitter des yeux la maison qu’elle peut apercevoir à travers l’entrelacement des branches :

« Ecoute-moi bien. Lorsque tous les serviteurs seront revenus, et que je leur aurai donné des ordres pour qu’ils soient occupés à l’intérieur, tu iras aux écuries, tu prendras un cheval des plus rapides, tu le selleras… Si par hasard quelqu’un te voit, dis que tu vas chercher le médecin… Tu ne mentiras pas et je ne t’apprends pas à mentir, car vraiment je t’envoie auprès du Médecin béni… Emporte de l’avoine pour ta monture, de la nourriture pour toi ainsi que cette bourse pour tout ce qui pourrait arriver. Sors par la petite porte et passe par les champs labourés pour que les sabots ne fassent pas de bruit. Eloigne-toi de la maison, puis prends la route de Jéricho et galope sans jamais t’arrêter, même la nuit. As-tu compris ? Sans jamais t’arrêter. La nouvelle lune éclairera ta route si l’obscurité vient pendant que tu galopes encore. Pense que la vie de ton maître est entre tes mains et dépend de ta rapidité. Je me fie à toi.

– Maîtresse, je te servirai comme un esclave fidèle.

– Prends la direction du gué de Beth-Abara. Franchis-le et va au village de Béthanie, celui de l’autre côté du Jourdain. Tu sais, là où Jean baptisait au début.

– Je connais. J’y suis allé pour me purifier, moi aussi.

– Dans ce village se trouve le Maître. Tout le monde t’indiquera la maison où il habite. Mais si, au lieu de suivre la route principale, tu longes les rives du fleuve, cela vaut mieux. On te verra moins et tu trouveras la maison par toi-même. C’est la première de l’unique route du village qui va de la campagne au fleuve. Tu ne peux pas te tromper : une maison basse sans terrasse ni chambre haute, avec un jardin qui se trouve, quand on vient du fleuve, avant la maison, un jardin fermé par un petit portail de bois et une haie d’aubépine, je crois, une haie en somme. Tu as bien compris ? Répète. »

Le serviteur répète patiemment.

« C’est bien. Demande à lui parler, et à lui seul, et dis-lui que tes maîtresses t’envoient pour l’informer que Lazare est très malade, qu’il va mourir, que nous n’en pouvons plus, que Lazare souhaite le voir et demande-lui de venir immédiatement, immédiatement, par pitié. Tu as bien compris ?

– Oui, maîtresse.

– Ensuite, hâte-toi de revenir, de façon que personne ne remarque trop ton absence. Prends une lanterne avec toi pour les heures d’obscurité. Va, cours, galope, crève le cheval, mais reviens vite avec la réponse du Maître.

– Je le ferai, maîtresse.

– Va ! Va ! Tu vois ? Ils sont déjà tous rentrés dans la maison. Pars tout de suite. Personne ne te verra faire les préparatifs. Je te porterai moi-même de quoi boire et manger, je te le mettrai sur le seuil du petit portail. Va ! Et que Dieu soit avec toi. Va !… »

Elle le pousse avec impatience, puis court rapidement vers la maison en prenant mille précautions ; aussitôt après, elle se glisse au dehors par une porte secondaire, du côté sud, avec un petit sac dans les mains, longe une haie jusqu’à la première ouverture, tourne, disparaît…

543.1

Mi trovo ancora nella casa di Lazzaro e vedo che Marta e Maria escono nel giardino accompagnando un uomo piuttosto anziano, molto dignitoso nell’aspetto e direi non ebreo, perché ha il volto completamente rasato come lo hanno i romani.

Allontanate che sono un poco dalla casa, Maria gli chiede: «Ebbene, Nicomede? Che ci dici di nostro fratello? Noi lo vediamo molto… malato… Parla».

L’uomo apre le braccia con un gesto di commiserazione e di costatazione dell’ineluttabilità del fatto, e dice fermandosi: «È molto malato… Io non vi ho mai ingannate sin dai primi tempi che l’ho preso in cura. Ho tentato di tutto, voi lo sapete. Ma non è servito. Ho anche… sperato, sì, ho sperato che almeno potesse vivere reagendo all’estenuazione della malattia con il buon nutrimento e i cordiali che gli preparavo. Ho tentato anche con veleni atti a preservare il sangue dalla corruzione e a sostenere le forze, secondo le vecchie scuole dei grandi maestri della medicina. Ma il male è più forte dei mezzi per curare il male. Sono come corrosioni queste malattie. Distruggono. E quando appaiono all’esterno, l’interno delle ossa ne è già invaso, e come la linfa in un albero dall’imo si alza alla vetta così qui dal piede la malattia si è estesa a tutto il corpo…».

«Ma ha le gambe malate, quelle sole…», geme Marta.

«Sì. Ma la febbre distrugge là dove voi non pensate esservi che sanità. Guardate questo ramicello caduto da quell’albero. Pare tarlato qua, presso la frattura. Ma, ecco… (lo sbriciola fra le dita). Vedete? Sotto la scorza ancor liscia è la carie sino in cima, dove ancora sembra esservi vita perché vi sono ancora delle foglioline. Lazzaro ormai è… morente, povere sorelle! Il Dio dei vostri padri, e gli dèi e semidèi della nostra medicina, nulla hanno potuto fare… o voluto fare. Parlo del vostro Dio… E perciò… sì, prevedo ormai prossima la morte anche per l’aumento della febbre, sintomo della corruzione entrata nel sangue, per i moti disordinati del cuore, e per la mancanza di stimoli e reazioni nel malato e in tutti i suoi organi. Voi vedete! Non si nutre più, non ritiene il poco che prende e non assimila ciò che ritiene. È la fine… E — credete ad un medico che è riconoscente a voi ricordando Teofilo — e la cosa più da desiderarsi ormai è la morte… Sono mali tremendi. Da migliaia di anni distruggono l’uomo, e l’uomo non riesce a distruggere loro.

543.2

Soltanto gli dèi potrebbero se…». Si arresta, le guarda sfregandosi con le dita il mento rasato. Pensa. Poi dice: «Perché non chiamate il Galileo? È vostro amico. Egli può perché tutto Egli può. Io ho controllato persone che erano condannate e che sono guarite. Una forza strana esce da Lui. Un fluido misterioso che rianima e raduna le disperse reazioni e impone loro di voler guarire… Non so. So che l’ho seguito anche, stando mescolato nella folla, e ho visto cose meravigliose… Chiamatelo. Io sono un gentile. Ma onoro il Taumaturgo misterioso del vostro popolo. E sarei felice se Egli potesse ciò che io non ho potuto».

«Egli è Dio, Nicomede. Perciò può. La forza che tu chiami fluido è il suo volere di Dio», dice Maria.

«Non derido la vostra fede. Anzi la sprono a crescere sino all’impossibile. Del resto… Si legge che gli dèi sono scesi sulla Terra qualche volta. Io… non ci avevo creduto mai… Ma, con scienza e coscienza di uomo e di medico, devo dire che così è, perché il Galileo opera guarigioni che solo un dio può operare».

«Non un dio, Nicomede. Il vero Dio», insiste Maria.

«E va bene. Come tu vuoi. E io lo crederò e diventerò suo seguace se vedrò che Lazzaro… risorge. Perché ormai, più che di guarigione, di risurrezione è d’uopo parlare. Chiamatelo, dunque, e con urgenza… perché, se stolto non sono divenuto, al massimo entro il terzo tramonto da questo egli morrà. Ho detto “al massimo”. Potrebbe essere anche prima, ormai».

«Oh! potessimo! Ma non sappiamo dove sia…», dice Marta.

«Io lo so. Me lo ha detto un suo discepolo che andava a raggiungerlo accompagnandogli dei malati, e due erano dei miei. È oltre il Giordano, presso il guado. Così ha detto. Voi forse sapete meglio il luogo».

«Ah! in casa di Salomon, certo!», dice Maria.

«Lontano molto?».

«No, Nicomede».

«E allora mandate subito un servo a dirgli che venga. Io più tardi ritorno e resto qui per vedere la sua azione su Lazzaro. Salve, domine. E… fatevi cuore a vicenda». Le inchina e se ne va verso l’uscita, là dove un servo lo attende per tenergli il cavallo e aprirgli il cancello.

543.3

«Che facciamo, Maria?», chiede Marta dopo aver visto partire il medico.

«Ubbidiamo al Maestro. Egli ha detto di mandarlo a chiamare dopo la morte di Lazzaro. E noi lo faremo».

«Ma, morto che sia…, che giova avere più qui il Maestro? Per il nostro cuore sì, sarà utile. Ma per Lazzaro!… Io mando un servo a chiamarlo».

«No. Tu distruggeresti il miracolo. Egli ha detto di saper sperare e credere contro ogni realtà contraria. E se lo faremo noi avremo il miracolo, ne sono sicura. Se non lo sapremo fare, Dio ci lascerà con la nostra presunzione di voler fare meglio di Lui e non ci concederà nulla».

«Ma non lo vedi quanto soffre Lazzaro? Non senti come, nei momenti che è in sé, desidera il Maestro? Non hai cuore tu a volergli negare l’ultima gioia al povero fratello nostro!… Povero fratello nostro! Povero fratello nostro! Fra poco non avremo più fratello! Più padre, più madre, più fratello! La casa distrutta, e noi sole come due palme in un deserto». Viene presa da una crisi di dolore, direi anche da una crisi di nervi tutta orientale, e si agita, percuotendosi il viso, spettinandosi i capelli.

Maria l’afferra. Le impone: «Taci! Taci, ti dico! Egli può sentire. Io lo amo più e meglio di te, e so dominarmi. Tu sembri una femmina malata. Taci, dico! Non è con queste smanie che si cambiano le sorti, e neppure che si commuovono i cuori. Se lo fai per commuovere il mio, ti sbagli. Pensalo bene. Il mio si schianta nell’ubbidienza. Ma resiste in essa».

Marta, dominata dalla forza della sorella e dalle sue parole, si calma alquanto, ma nel suo dolore, più calmo ora, geme invocando la madre: «Mamma! oh! mamma mia, consolami. Più pace in me da quando tu sei morta. Se fossi qui, madre! Se i dolori non ti avessero uccisa! Se ci fossi, ci guideresti e noi ti ubbidiremmo, per il bene di tutti… Oh!…».

Maria muta di colore e, senza far del rumore, piange con un volto angosciato e torcendosi le mani senza parlare.

Marta la guarda e dice: «Nostra madre, quando fu per morire, mi fece promettere che sarei stata una madre per Lazzaro. Se ella fosse qui…».

«Ubbidirebbe al Maestro perché era una donna giusta. Inutilmente cerchi di commuovermi. Dimmi pure che io sono stata l’assassina di mia madre per i dolori che le ho dato. Ti dirò: “Hai ragione”. Ma se vuoi farmi dire che hai ragione a volere il Maestro, io ti dico: “No”. E sempre dirò: “No”. E sono certa che dal seno di Abramo ella mi approva e benedice. Andiamo in casa».

«Più nulla! Più nulla!».

«Tutto! Tutto devi dire! In verità tu ascolti il Maestro e sembri attenta mentre Egli parla, ma poi non ricordi ciò che Egli dice. Non ha Egli sempre detto che amare e ubbidire ci fa figli di Dio e eredi del suo Regno? E allora come puoi dire che rimarremo senza nulla più, se avremo Dio e possederemo il Regno per la nostra fedeltà? Oh! che in verità bisogna essere assolute come io lo fui nel male, anche per poter essere, e sapere, e volere essere assolute nel bene, nell’ubbidienza, nella speranza, nella fede, nell’amore!…».

«Tu permetti che i giudei deridano e facciano insinuazioni sul Maestro. Li hai sentiti ieri l’altro…».

«E pensi ancora al gracchiare di quelle cornacchie, allo squittìo di quegli avvoltoi? Ma lasciali sputare ciò che hanno dentro! Che ti importa del mondo? Che è il mondo rispetto a Dio? Guarda: meno di questo lurido moscone intirizzito, o avvelenato dall’aver succhiato sozzure, che io calpesto così», e dà un energico colpo di tallone ad un tardo tafano che cammina lentamente sulla ghiaia del viale. Poi prende Marta per un braccio, dicendo: «Su. Vieni in casa e…».

«Facciamoglielo almeno sapere al Maestro. Mandiamogli a dire che è morente, senza dirgli di più…».

«Come avesse bisogno di saperlo da noi! No, ho detto. È inutile. Egli ha detto: “Quando sarà morto fatemelo sapere”. E lo faremo. Non prima di allora».

«Nessuno, nessuno ha pietà del mio dolore! Tu meno di tutti…».

«E smettila di piangere così. Non lo posso sopportare…». Nel suo dolore si morde le labbra per dare forza alla sorella e non piangere essa pure.

543.4

Marcella corre fuori dalla casa, seguita da Massimino: «Mar­ta! Maria! Correte! Lazzaro sta male. Non risponde più…».

Le due sorelle corrono via rapide entrando in casa… e dopo poco si sente la voce forte di Maria dare ordini per i soccorsi del caso, e si vedono correre servi con cordiali e catini fumanti d’acque bollenti, e si sentono bisbigli e si vedono gesti di dolore…

Subentra pian piano la calma dopo tanta agitazione. Si vedono i servi parlottare fra loro, meno agitati ma con atti di grande sconforto a punteggiatura del loro dire. Chi scuote il capo, chi lo alza al cielo allargando le braccia come per dire: «Così è», chi piange e chi ancora vuole sperare in un miracolo.

543.5

Ecco Marta di nuovo. Pallida come una morta. Si guarda dietro le spalle per vedere se è seguita. Guarda i servi che le si stringono intorno ansiosi. Torna a guardare se dalla casa esce qualcuno a seguirla. Poi dice ad un servo: «Tu! Vieni con me».

Il servo si stacca dal gruppo e la segue verso la pergola dei gelsomini e dentro la stessa. Marta parla, sempre tenendo d’occhio la casa, che si può vedere attraverso il folto intreccio dei rami: «Ascolta bene. Quando tutti i servi saranno rientrati, ed io darò loro ordini perché siano occupati nella casa, tu andrai alle scuderie, prenderai un cavallo dei più rapidi, lo sellerai… Se per caso alcuno ti vede, di’ che vai per il medico… Non menti tu e non ti insegno a mentire io, perché veramente ti mando dal Medico benedetto… Prendi con te biada per la bestia e cibo per te e questa borsa per tutto quanto ti possa occorrere. Esci dal piccolo cancello e, passando per i campi arati, che non dànno rumore sotto lo zoccolo, ti allontani dalla casa. Poi prendi la via di Gerico e galoppi senza fermarti mai, neppure a notte. Hai capito? Senza fermarti mai. La luna novella ti illuminerà la via se viene il buio mentre ancora galoppi. Pensa che la vita del tuo padrone è nelle tue mani e nella tua sveltezza. Mi fido di te».

«Padrona, io ti servirò come uno schiavo fedele».

«Vai al guado di Betabara. Passi e vai al paese oltre Betania d’Oltre-Giordano. Sai? Dove in principio battezzava Giovan­ni».

«Lo so. Ci andai anche io a purificarmi».

«In quel paese c’è il Maestro. Tutti ti indicheranno la casa dove è ospitato. Ma se tu, in luogo della via maestra, segui le sponde del fiume, è meglio. Sei meno visto e trovi da te la casa. È la prima dell’unica via del paesello che dalla campagna va al fiume. Non puoi sbagliare. Una casa bassa, senza terrazzo né camera alta, con l’orto che si trova, venendo dal fiume, prima della casa, un orto chiuso da un cancelletto di legno e una siepe di spinalbe, credo, una siepe insomma. Hai capito? Ripeti».

Il servo ripete pazientemente.

«Va bene. Chiedi di parlare con Lui, con Lui solo, e gli dici che le tue padrone ti mandano a dirgli che Lazzaro è molto malato, che sta per morire, che noi non resistiamo più, che egli lo vuole e che venga subito, subito, per pietà. Hai capito be­ne?».

«Ho capito, padrona».

«E dopo torna subito indietro, di modo che nessuno noti molto la tua assenza. Prendi un fanale con te, per le ore buie. Va’, corri, galoppa, stronca il cavallo, ma torna presto con la risposta del Maestro».

«Lo farò, padrona».

«Va’! Va’! Vedi? Sono già tutti rientrati in casa. Va’ subito. Nessuno ti vedrà fare i preparativi. Io stessa ti porterò il cibo. Va’! Te lo metterò alla soglia del piccolo cancello. Va’! E Dio sia con te. Va’!…».

Lo spinge, ansiosa, e poi corre in casa rapida e guardinga, e dopo poco sguscia fuori da una porta secondaria, sul lato sud, con un piccolo sacco fra le mani, rasenta una siepe sino alla prima apertura, svolta, scompare…