The Writings of Maria Valtorta

543. Marthe envoie un serviteur prévenir le Maître.

543. Martha sends a servant to call the Master.

543.1

Je me trouve encore dans la maison de Lazare, et je vois Marthe et Marie sortir dans le jardin pour accompagner un homme plutôt âgé, d’aspect très digne ; je ne pense pas que ce soit un Hébreu, car il a le visage complètement rasé comme les Romains.

Une fois qu’ils sont un peu éloignés de la maison, Marie lui demande :

« Eh bien, Nicomède ? Que dis-tu de notre frère ? Nous voyons qu’il est au plus mal… Parle. »

L’homme ouvre les bras dans un geste de commisération qui constate le caractère inéluctable de la maladie, et il dit :

« Il est très malade… Je ne vous ai jamais trompées depuis les premiers temps où je l’ai soigné. J’ai tout essayé, vous le savez. Mais cela n’a servi à rien. J’ai aussi… espéré, oui, j’ai espéré qu’il pourrait au moins vivre en réagissant contre l’épuisement de la maladie grâce à la bonne nourriture et aux remontants que je lui préparais. J’ai essayé aussi des poisons indiqués pour préserver le sang de la corruption et pour soutenir les forces, selon les vieux principes des grands maîtres de la médecine. Mais le mal est plus fort que les remèdes employés. Ces maladies sont une sorte de corrosion. Elles détruisent, et quand elles apparaissent à l’extérieur, l’intérieur des os est déjà envahi. Comme la sève d’un arbre monte des racines au sommet, ainsi, dans ce cas, la maladie s’est étendue des pieds à tout le corps…

– Mais il n’a que les jambes de malades… gémit Marthe.

– Oui. Mais la fièvre détruit là où vous pensez qu’il n’y a que santé. Regardez cette petite branche tombée de cet arbre : elle paraît rongée ici près de la cassure. Mais, voilà… (il la brise entre ses doigts). Vous voyez ? Sous l’écorce lisse, la carie s’est installée jusqu’à l’extrémité, qui donne l’impression de vivre parce qu’il y a encore des petites feuilles. Pauvres sœurs ! Lazare est désormais… mourant ! Le Dieu de vos pères, les dieux et les demi-dieux de notre médecine n’ont rien pu faire… ou voulu faire. Je parle de votre Dieu… Et donc… oui, je prévois que la mort est maintenant toute proche. Les signes en sont l’augmentation de la fièvre — symptôme de la corruption entrée dans le sang —, les mouvements désordonnés du cœur et l’absence de stimulations et de réactions chez le malade et dans tous ses organes. Vous voyez ! Il ne se nourrit plus, il ne retient pas le peu qu’il prend, et il n’assimile pas ce qu’il retient. C’est la fin…

Et — faites confiance à un médecin qui vous est reconnaissant en souvenir de Théophile — ce qu’il faut plutôt désirer désormais, c’est la mort… Ce sont des maux effroyables. Depuis des milliers d’années, ils détruisent l’homme et l’homme n’arrive pas à les détruire.

543.2

Les dieux seuls le pourraient si… »

Il s’arrête, les regarde en passant ses doigts sur son menton rasé. Il réfléchit, puis reprend :

« Pourquoi n’appelez-vous pas le Galiléen ? C’est votre ami. Lui peut, car il peut tout. J’ai examiné des personnes qui étaient condamnées et qu’il a guéries. Il sort de lui une force étrange, un fluide mystérieux qui ranime et rassemble les réactions dispersées et leur impose de vouloir guérir… Je ne comprends pas… Je l’ai suivi moi aussi, en restant mêlé à la foule, et j’ai vu des choses merveilleuses… Appelez-le. Moi, je suis un païen, mais j’honore le Thaumaturge mystérieux de votre peuple. Et je serais heureux si lui pouvait ce que, moi, je n’ai pas pu.

– Lui, il est Dieu, Nicomède. Il peut donc tout. La force que tu appelles fluide, c’est sa volonté de Dieu, explique Marie.

– Je ne me moque pas de votre foi. Au contraire, je la pousse à grandir jusqu’à l’impossible. Du reste… On lit que les dieux sont parfois descendus sur la terre. Moi… je n’y avais jamais cru… Mais avec ma science et ma conscience d’homme et de médecin, je dois reconnaître qu’il en est ainsi, car le Galiléen opère des guérisons que seul un dieu peut opérer.

– Pas un dieu quelconque, Nicomède. Le vrai Dieu, insiste Marie.

– Comme tu voudras. Pour ma part, je croirai en lui et je deviendrai son disciple si je vois que Lazare… ressuscite. Car désormais, plutôt que de guérison, c’est de résurrection qu’il faut parler. Appelez-le donc, et d’urgence… car, si je ne suis pas devenu idiot, il mourra tout au plus d’ici le troisième crépuscule à partir de celui-ci. J’ai dit “ tout au plus. ” Ce pourrait être avant.

– Oh ! si nous pouvions ! Mais nous ne savons pas où il se trouve… soupire Marthe.

– Moi, je le sais. C’est un de ses disciples qui m’a renseigné : il allait le rejoindre en accompagnant des malades, or deux étaient des miens. Il est au-delà du Jourdain, près du gué. C’est ce qu’il m’a dit. Vous, peut-être, connaissez mieux l’endroit ?

– Ah ! dans la maison de Salomon, certainement ! répond Marie.

– C’est très loin ?

– Non, Nicomède.

– Dans ce cas, envoyez-lui sur-le-champ un serviteur pour lui demander secours. Je vais revenir plus tard et je reste ici pour voir son action sur Lazare. Salut, dominae. Et… réconfortez-vous mutuellement. »

Il s’incline et se dirige vers la sortie, où un serviteur l’attend pour tenir son cheval et lui ouvrir le portail.

543.3

«Que faisons-nous, Marie ? demande Marthe après avoir vu partir le médecin.

– Obéissons au Maître. Il a dit de le faire appeler après la mort de Lazare. C’est ce que nous ferons.

– Mais, après sa mort… à quoi servira la venue du Maître ici ? Pour notre cœur, oui, ce sera utile. Mais pour Lazare !… J’envoie un serviteur l’appeler.

– Non. Tu empêcherais tout miracle. Jésus nous a recommandé d’espérer et de croire contre toute réalité contraire. Et si nous le faisons, nous obtiendrons le miracle, j’en suis certaine. Sinon, Dieu nous laissera avec notre présomption de vouloir agir mieux que lui, et il ne nous accordera rien.

– Mais tu ne vois pas combien Lazare souffre ? Tu ne te rends pas compte comment, dans les moments où il est conscient, il désire la présence du Maître ? Si tu refuses cette dernière joie à notre pauvre frère, c’est que tu n’as pas de cœur !… Notre pauvre frère ! Notre pauvre frère ! Bientôt nous n’aurons plus de frère ! Plus de père, plus de mère, plus de frère ! La famille décapitée, et nous seules, comme deux palmiers dans un désert. »

Dans sa souffrance, elle fait une crise de nerfs tout orientale, elle s’agite, se frappe le visage, se décoiffe…

Marie la saisit, lui impose :

« Tais-toi ! Mais tais-toi, donc ! Il peut entendre. Je l’aime plus et mieux que toi, et je sais me dominer. Tu ressembles à une femmelette malade. J’ai dit : tais-toi ! Ce n’est pas par cette agitation que l’on change les destinées, ni que l’on émeut les cœurs. Si tu le fais pour émouvoir le mien, tu te trompes. Sois-en sûre. Le mien se brise dans l’obéissance. Mais il tient bon par elle. »

Marthe, dominée par la force de sa sœur et par ses paroles, se calme quelque peu. Mais dans sa douleur, plus seraine maintenant, elle gémit en appelant sa mère :

« Maman ! Ah ! maman, console-moi. Il n’y a plus de paix en moi depuis que tu es morte. Si tu étais là, maman ! Si le chagrin ne t’avait pas tuée ! Si tu étais ici, tu nous guiderais et nous t’obéirions pour le bien de tous… Ah !… »

Marie change de couleur. Sans faire de bruit elle pleure, le visage angoissé, en se tordant les mains sans parler.

Marthe la regarde et dit :

« Notre mère, quand elle fut près de mourir, m’a fait promettre d’être une mère pour Lazare. Si elle était ici…

– Elle obéirait au Maître, car c’était une femme juste. C’est inutilement que tu essaies de m’émouvoir. Dis-moi donc que j’ai assassiné ma mère par les douleurs que je lui ai causées ! Je le reconnaîtrai. Mais si tu veux me faire reconnaître que tu as raison de vouloir appeler le Maître, je te répondrai toujours “ Non ”. Je m’y refuserai toujours. Et je suis certaine que, du sein d’Abraham, elle m’approuve et me bénit. Rentrons à la maison.

– Plus rien ! Plus rien !

– Tout ! C’est “ tout ” que tu devrais dire. En vérité, tu écoutes le Maître et tu sembles attentive pendant qu’il parle, mais ensuite tu ne te rappelles pas ce qu’il a dit. Ne nous a-t-il pas toujours appris qu’aimer et obéir nous rend enfants de Dieu et héritiers de son Royaume ? Comment donc peux-tu supposer que nous allons rester sans rien, si nous avons Dieu et si nous possédons le Royaume grâce à notre fidélité ? En vérité, il faut être absolues, comme je l’ai été dans le mal, pour pouvoir savoir et vouloir l’être dans le bien, dans l’obéissance, dans l’espérance, dans la foi, dans l’amour !…

– Tu permets aux juifs de se moquer du Maître et de faire des insinuations sur son compte. Tu les as entendus avant-hier…

– Tu penses encore aux croassements de ces corbeaux et aux cris de ces vautours ? Laisse-les donc cracher ce qu’ils ont en eux ! Que t’importe le monde ? Qu’est le monde par rapport à Dieu ? Regarde : moins que ce taon dégoûtant, engourdi par le froid ou empoisonné pour avoir sucé des ordures, et que j’écrase ainsi. »

Elle donne un énergique coup de talon à l’insecte qui avance lentement sur le gravier du chemin. Puis elle prend Marthe par le bras :

« Allons, viens à la maison et…

– Au moins, envoyons quelqu’un informer Jésus de l’état de Lazare, sans rien ajouter…

– Comme s’il avait besoin de l’apprendre par nous ! Non, c’est inutile. Il nous a recommandé : “ Quand il sera mort, faites-le-moi savoir. ” C’est ce que nous ferons, mais pas avant.

– Personne, personne n’a pitié de ma douleur ! Et toi moins que tous…

– Et cesse de pleurer ainsi. Je ne peux le supporter… »

Dans sa propre souffrance, elle se mord les lèvres pour donner du courage à sa sœur et ne pas pleurer, elle aussi.

543.4

Marcelle sort en courant de la maison, suivie de Maximin :

« Marthe ! Marie ! Venez vite ! Lazare va mal, il ne répond plus… »

Les deux sœurs se hâtent de rentrer… Peu après, on entend la forte voix de Marie qui donne des ordres pour organiser les secours qui s’imposent, on voit les serviteurs passer avec des potions fortifiantes et des bassins d’eau bouillante, on devine des chuchotements et on assiste à des gestes de douleur…

Puis le calme revient tout doucement. Les serviteurs con­versent avec moins d’agitation, mais ils ponctuent leurs dires par des gestes qui marquent un grand découragement. Certains hochent la tête, plusieurs ouvrent les bras et les lèvent vers le ciel comme pour dire : “ C’est ainsi ”, d’autres pleurent et d’autres encore veulent espérer un miracle.

543.5

Et voici de nouveau Marthe, pâle comme une morte. Elle se retourne pour voir si on la suit. Elle regarde le personanel qui se presse avec anxiété autour d’elle. De nouveau, elle se tourne vers la maison, puis ordonne à un serviteur :

« Toi ! Viens avec moi. »

L’homme se détache du groupe et la suit dans la tonnelle des jasmins. Marthe parle sans quitter des yeux la maison qu’elle peut apercevoir à travers l’entrelacement des branches :

« Ecoute-moi bien. Lorsque tous les serviteurs seront revenus, et que je leur aurai donné des ordres pour qu’ils soient occupés à l’intérieur, tu iras aux écuries, tu prendras un cheval des plus rapides, tu le selleras… Si par hasard quelqu’un te voit, dis que tu vas chercher le médecin… Tu ne mentiras pas et je ne t’apprends pas à mentir, car vraiment je t’envoie auprès du Médecin béni… Emporte de l’avoine pour ta monture, de la nourriture pour toi ainsi que cette bourse pour tout ce qui pourrait arriver. Sors par la petite porte et passe par les champs labourés pour que les sabots ne fassent pas de bruit. Eloigne-toi de la maison, puis prends la route de Jéricho et galope sans jamais t’arrêter, même la nuit. As-tu compris ? Sans jamais t’arrêter. La nouvelle lune éclairera ta route si l’obscurité vient pendant que tu galopes encore. Pense que la vie de ton maître est entre tes mains et dépend de ta rapidité. Je me fie à toi.

– Maîtresse, je te servirai comme un esclave fidèle.

– Prends la direction du gué de Beth-Abara. Franchis-le et va au village de Béthanie, celui de l’autre côté du Jourdain. Tu sais, là où Jean baptisait au début.

– Je connais. J’y suis allé pour me purifier, moi aussi.

– Dans ce village se trouve le Maître. Tout le monde t’indiquera la maison où il habite. Mais si, au lieu de suivre la route principale, tu longes les rives du fleuve, cela vaut mieux. On te verra moins et tu trouveras la maison par toi-même. C’est la première de l’unique route du village qui va de la campagne au fleuve. Tu ne peux pas te tromper : une maison basse sans terrasse ni chambre haute, avec un jardin qui se trouve, quand on vient du fleuve, avant la maison, un jardin fermé par un petit portail de bois et une haie d’aubépine, je crois, une haie en somme. Tu as bien compris ? Répète. »

Le serviteur répète patiemment.

« C’est bien. Demande à lui parler, et à lui seul, et dis-lui que tes maîtresses t’envoient pour l’informer que Lazare est très malade, qu’il va mourir, que nous n’en pouvons plus, que Lazare souhaite le voir et demande-lui de venir immédiatement, immédiatement, par pitié. Tu as bien compris ?

– Oui, maîtresse.

– Ensuite, hâte-toi de revenir, de façon que personne ne remarque trop ton absence. Prends une lanterne avec toi pour les heures d’obscurité. Va, cours, galope, crève le cheval, mais reviens vite avec la réponse du Maître.

– Je le ferai, maîtresse.

– Va ! Va ! Tu vois ? Ils sont déjà tous rentrés dans la maison. Pars tout de suite. Personne ne te verra faire les préparatifs. Je te porterai moi-même de quoi boire et manger, je te le mettrai sur le seuil du petit portail. Va ! Et que Dieu soit avec toi. Va !… »

Elle le pousse avec impatience, puis court rapidement vers la maison en prenant mille précautions ; aussitôt après, elle se glisse au dehors par une porte secondaire, du côté sud, avec un petit sac dans les mains, longe une haie jusqu’à la première ouverture, tourne, disparaît…

543.1

I am still in Lazarus’ house and I see Martha and Mary go out into the garden in the company of a rather elderly man, who looks very dignified and I would say that he is not a Hebrew because his face is clean-shaven, as is customary with Romans. As soon as they are at a little distance from the house, Mary asks him: «Well, Nicomedes? What do you think of our brother? We see that he is seriously… ill… Tell us.»

The man opens his arms in a gesture of commiseration and acknowledgement of the ineluctable situation, and he stops and says: «He is very ill… I have never deceived you since I began to attend him. I have tried everything, as you know. But to no avail. I also… hoped, yes, I hoped that he might at least live reacting against the exhaustion of the disease with the good nourishment and the cordials I prepared for him. I tried also with poisons that preserve the blood from corruption and support one’s strength, according to the old schools of the great masters in medicine. But the disease is stronger than the means we use to cure it. Such diseases are like corrosions, they can destroy one. And when they appear exteriorly, the inside of the bones has already been affected, and like the lymph that in a tree ascends from the roots to its top, also in this case, the disease has spread from his feet to his whole body…»

«But only his legs are diseased…» says Martha plaintively.

«Yes, but a high temperature causes damage to parts of the body that instead you think are healthy. Look at this little branch that has fallen off that tree. It seems to be worm-eaten only here, where it is broken. But, look… (he crumbles it with his fingers). See? Under the bark, which is still smooth, it is rotten right to the top, where there still seems to be life, because there are still some little leaves. Lazarus is now… dying, poor sisters! The God of your fathers, and the gods and demigods of our medicine have not been able to do anything… or they did not want to do it. I am speaking of your God. Therefore… I do foresee that his death is close at hand, also because his temperature has risen, a symptom of the deterioration of his blood brought about by his disorderly heart-beats, and by the lack of stimuli and reactions in the invalid and in all his organs. As you can see, he gets no nourishment any more, he cannot hold the little food he takes and he does not assimilate the little he can hold. It’s the end… And – believe a doctor who is grateful to you because he remembers Theophilus – the thing to be most desired now is death… Such diseases are dreadful. For thousands of years they have destroyed man and man cannot destroy them.

543.2

Only the gods could if…» He stops, he looks at them rubbing his clean-shaven chin. He is pensive. He then says: «Why do you not call the Galilean? He is a friend of yours. He can cure him because He can do everything. I have examined people who were doomed and who have been cured. A strange power emanates from Him. It is a mysterious fluid that revives and gathers together the scattered reactions and makes them wish to recover… I don’t know. I know that I have followed Him, being also mingled with the crowd, and I have seen wonderful things… Send for Him. I am a Gentile. But I pay homage to the mysterious Thaurnaturge of your people. And I would be happy if He could do what I could not do.»

«He is God, Nicomedes. That is why He can. The power that you call fluid is His will of God» says Mary.

«I do not ridicule your faith. On the contrary I spur it to reach impossible limits. In any case… We read that at times the gods have descended upon the Earth. I… had never believed it… But, with the science and conscience of a man and a doctor, I must admit that it is so, because the Galilean works such cures that only a god can work.»

«Not a god, Nicomedes. The true God» insists Mary.

«All right. As you wish. And I will believe in Him and become one of His followers if I see Lazarus… rise from the dead. Because we must speak of resurrection now, rather than recovery. So send for Him urgently… because, if I have not become a fool, he will die within the next three days, at the most. I said “at the most”. But it could be sooner, now.»

«Oh! I wish we could! But we do not know where He is…» says Martha.

«I know where He is. I was told by one of His disciples who was going to meet Him taking some sick people, two of whom were my patients. He is beyond the Jordan, near the ford. So he said. Perhaps you know the place better than I do.»

«Ah! He is certainly in Solomon’s house!» says Mary.

«Is it very far?»

«No, Nicomedes.»

«Then send a servant at once to tell Him to come. I will come back later and I will stay here to see His action on Lazarus. Hail, ladies. And… give courage to each other.» He bows to them and goes away towards the exit, where a servant is waiting for him to hold his horse and open the gate to him.

543.3

«What shall we do, Mary?» asks Martha after she sees the doctor depart.

«We will obey the Master. He told us to send for Him after Lazarus’ death. And we will do that.»

«But when he is dead… what is the use of having the Master here? It will only help our hearts, I agree. But with regard to Lazarus!… I am going to send a servant to call Him.»

«No. You would destroy the miracle. He said that we must be able to hope and believe against every adverse reality. And if we do so, we shall have the miracle, I am sure of it. If we do not do so, God will leave us with the presumption that we can act better than He can, and He will grant us nothing.»

«But don’t you see how much Lazarus is suffering? Have you not heard, when he recovers consciousness, how he longs to see the Master? You are hard-hearted if you want to deny our poor brother this last joy!… Our poor brother! We shall soon have no brother! No father, no mother, no brother! The family is destroyed, and we are all alone, like two palm-trees in a desert.» She is overwhelmed by grief and I would say that she falls into hysterics, in typically eastern style, and she tosses herself, striking her face and ruffling her hair.

Mary grasps her. She commands her to be silent saying: «Be quiet! Be quiet, I tell you! He may hear you. I love him more and better than you do, and I can control myself. You look like a sickly woman. Be silent, I tell you! It is not with such frenzies that one can change situations or move hearts. If you behave thus to move mine, you are making a mistake. Think about it. My heart breaks, but it obeys: it persists in obedience.»

Martha, overwhelmed by the strength of her sister and by her words, calms down a little but in her grief, which is more composed, she moans invoking her mother: «Mother! oh! mother, console me. I have had no peace since you died. If you were here, mother! If sorrows had not killed you! If you were here, you would guide us and we would obey you, for the welfare of us all… Oh!»

Mary changes colour and she weeps silently, she looks dejected and wrings her hands without speaking.

Martha looks at her and says: «When our mother was about to die, she made me promise that I would look after Lazarus like a mother. If she were here…»

«She would obey the Master, because she was a just woman. You are trying to move me in vain. You can say to me that I murdered my mother through the pains I gave her. I will say to you. “You are right”. But if you want to make me say that you are right in wanting the Master, I say to you: “No”. And I will always say: “No”. And I am sure that from Abraham’s bosom she approves of me and blesses me. Let us go into the house.»

«We have nothing left! Nothing left!»

«Everything! You must say everything! You do listen to the Master and you seem to pay attention while He speaks, but later you do not remember what He says. Has He not always said that to love and obey makes us the children of God and the heirs to His Kingdom? So how can you say that we will be left without anything, if we have God and we possess the Kingdom through our loyalty? Oh! it is true that one must be firmly determined in evil, as I was, in order to be, to know how to be, and to want to be firmly determined in good, in obedience, in hope, in faith, in love!…»

«You allow the Judaeans to laugh at and throw out innuendoes against the Master. You heard them the day before yesterday…»

«Are you still thinking of the chattering of those crows, of the cheeping of those vultures? Let them spit out what they have inside! What does the world matter to you? What is the world as compared with God? Look: it is less than this filthy bluebottle, which is benumbed or poisoned with the filth it has sucked and which I trample on thus» and with a vigorous blow of her heel she crushes a horse-fly that is creeping slowly on the gravel of the avenue. She then takes Martha by the arm saying: «Come into the house and…»

«At least let us inform the Master. Let us send someone to tell Him that Lazarus is dying, without saying anything else…»

«As if He needed to be told by us! No! It is useless. He said: “Let Me know when he is dead”. And that is what we will do. But not before his death.»

«No one takes pity on my grief! Least of all you…»

«Stop weeping like that. I cannot bear it…» In her own sorrow she bites her lip to encourage her sister and restrain her tears.

543.4

Marcella runs out of the house followed by Maximinus: «Martha! Mary! Quick! Lazarus is not well. He does not reply any more…»

The two sisters rush back into the house… and shortly afterwards one can hear Mary’s loud voice giving orders for the circumstance, and see servants run with cordials and basins steaming with boiling water, whispering and making gestures of sorrow…

Calm slowly takes over after so much excitement. I see the servants talking to one another in low voices, less excitedly, but with gestures of deep depression to give emphasis to their words. Some shake their heads, some raise them looking at the sky and stretching out their arms as if to say: «It is so», some weep, and some still hope for a miracle.

543.5

Martha appears again. She is as white as death. She turns around to see whether she is being followed. She looks at the servants who press around her anxiously. She turns around again to see whether anyone has come out of the house to follow her. She then says to a servant: «Come with me.»

The servant leaves the group and follows her towards the jasmine pergola and goes into it. Martha speaks, still keeping an eye on the house, which can be seen through the thickly entangled branches, and she says: «Listen to me carefully. When all the servants have gone back into the house, and I have given them orders to keep them busy inside, you shall go to the stables, you shall take one of the fastest horses and saddle it… If anyone should by chance see you, say that you are going to call the doctor… You will not be telling a lie and I am not teaching you to lie, because I am really sending you to the blessed Doctor… Take some fodder for the horse and some food for yourself and this purse for what you may need. Go out through the small gate and through the ploughed fields, where the hoofs make no noise, when you go away from the house. Then take the Jericho road and gallop without ever stopping, not even at night. Have you understood? You must never stop. The new moon will illuminate the road for you if it gets dark while you are still galloping. Bear in mind that the life of your master is in your hands and depends on your speed. I rely on you.»

«Mistress, I will serve you as a faithful slave.»

«Go to the Bethabara ford. Cross the river and go to the village after Bethany beyond the Jordan. You know… where John used to baptise at the beginning.»

«I know. I went there as well to be purified.»

«The Master is in that village. Anybody will tell you the house where He is a guest. But it is better if you follow the banks of the river, instead of taking the main road. You will not be noticed so much and you will find the house by yourself. It is the first one on the only road of the village and it takes one from the country to the river. You cannot go wrong. It’s a low house, with no terrace or upper room, with a kitchen garden, when coming from the river, before the house, and the kitchen garden is enclosed by a small wooden gate and a hawthorn hedge, I think, a hedge, in any case. Is that clear? Repeat those details.»

The servant repeats them patiently.

«All right. Ask to speak to Him, to Him alone, and tell Him that your mistresses have sent you to inform Him that Lazarus is very ill, that he is dying, that we cannot resist any longer, that Lazarus wants Him and ask Him to come at once, at once, for pity’s sake. Have you understood?»

«Yes, I have, mistress.»

«Then come back here immediately, so that no one may notice your absence. Take a lamp with you, you will need it when it gets dark. Go, be quick, gallop, run the horse off its legs, but come back quickly with the Master’s reply.»

«I will do so, mistress.»

«Go now! See? They have all gone back into the house. Go at once. No one will see you making preparations. I will bring you some food myself. Go! I will leave it on the threshold of the small gate. Go! And may God be with you. Go!…»

She pushes him anxiously and then she runs into the house cautiously, and shortly afterwards she steals out from a back door on the southern side of the house, with a little bag in her hands, she walks along a hedge as far as the first opening, she turns and disappears…