Los Escritos de Maria Valtorta

55. Une tâche confiée à Thomas.

55. Un encargo confiado a Tomás.­

55.1

Ce matin, au sortir d’une très lourde torpeur de plusieurs heures, j’étais en train de prier en attendant qu’il fasse jour, quand la vision reprend.

Je dis “ reprend ” car nous nous trouvons au même endroit : dans la cuisine, large et basse, sombre à cause de ses murs tout enfumés, à peine éclairée par une petite lampe à huile posée sur la table rustique, longue et étroite à laquelle sont assises huit personnes : Jésus et ses disciples, plus le maître de maison – soit quatre de chaque côté.

Jésus est encore tourné sur son tabouret. Il n’y a en effet que des tabourets à trois pieds et sans dossier, de vrais meubles de la campagne. Il parle toujours avec Thomas. La main de Jésus est passée de la tête de Thomas à son épaule. Jésus lui dit :

« Lève-toi, mon ami. Tu as dîné ?

– Non, Maître. J’ai fait quelques mètres avec l’autre homme qui m’accompagnait puis je l’ai laissé pour revenir sur mes pas, en prétextant que je voulais parler au lépreux guéri… Je lui ai dit cela car je pensais qu’il n’aurait pas daigné s’approcher d’un homme impur. J’avais deviné juste. Mais c’était toi que je cherchais, pas le lépreux… Je voulais te demander : “ Prends-moi ! ”… J’ai tourné autour de l’oliveraie jusqu’à ce qu’un jeune homme me demande ce que je faisais. Il a dû me prendre pour un individu mal intentionné… Il était près d’une borne, là où commence la propriété. »

Le maître de maison sourit.

« C’est mon fils » explique-t-il ensuite, et il ajoute : « Il monte la garde au pressoir. Nous avons dans des caves, sous le pressoir, presque toute la récolte de l’année. Elle a été excellente. Elle a produit beaucoup d’huile. Quand il y a foule, il s’y mêle des brigands qui cambriolent les endroits qui ne sont pas gardés. Il y a huit ans, exactement à la Parascève, ils nous ont tout volé. Depuis lors, chacun à notre tour nous prenons la garde de nuit. Sa mère est allée lui porter de quoi dîner.

– Eh bien, il m’a demandé : “ Que veux-tu ? ”, mais il me l’a dit sur un tel ton que, pour me protéger les épaules des coups de bâton, je me suis vite expliqué : “ Je cherche le Maître qui habite ici. ” Il m’a alors répondu : “ Si tu dis vrai, viens à la maison. ” Et il m’a accompagné jusqu’ici. C’est lui qui a frappé à la porte et il s’en est allé quand il a entendu mes premiers mots.

– Tu habites loin ?

– Je loge de l’autre côté de la ville, tout près de la Porte Orientale.

– Tu es seul ?

– J’étais avec mes parents. Mais ils sont allés chez d’autres parents sur la route de Bethléem. Je suis resté pour te chercher jour et nuit, jusqu’à ce que je te trouve. »

Jésus sourit et dit :

« Alors, personne ne t’attend ?

– Non, Maître.

– La route est longue, la nuit est noire. Les patrouilles ro­maines sillonnent la ville. Je te propose, si tu veux, de rester avec nous.

– Oh ! Maître ! »

Thomas est heureux.

« Faites-lui place, vous autres. Et donnez tous quelque chose à notre frère. »

Sur sa part, Jésus prélève la portion de fromage qui était devant lui. Il explique à Thomas :

« Nous sommes pauvres, et le repas est presque fini, mais c’est de tout cœur que tout le monde t’offre ce qu’il a. »

A Jean, assis à côté de lui, il dit :

« Cède ta place à notre ami. »

Aussitôt, Jean se lève et va s’asseoir au bout de la table, à côté du maître de maison.

« Assieds-toi, Thomas, mange. »

55.2

Puis, s’adressant à tous :

« Vous agirez toujours de cette manière, mes amis, pour pratiquer la loi de charité. Le pèlerin est déjà protégé par la Loi de Dieu. Mais désormais, en mon nom, vous devrez l’aimer encore davantage. Quand quelqu’un vient vous demander un pain, une gorgée d’eau, un abri au nom de Dieu, donnez-le, au nom de Dieu aussi. Dieu vous en récompensera. Vous devez agir ainsi avec tout le monde, même avec les ennemis. C’est la Loi nouvelle. Jusqu’ici, il vous était dit : “ Aimez ceux qui vous aiment et haïssez vos ennemis. ” Mais moi je vous dis : “ Aimez même ceux qui vous haïssent. ” Ah, si vous saviez comme vous serez aimés de Dieu si vous aimez comme je vous dis ! Quand quelqu’un vous dit ensuite : “ Je veux être votre compagnon pour servir le vrai Dieu et suivre son Agneau ”, il doit alors vous être plus cher qu’un frère de même sang, parce que vous serez unis par un lien éternel : celui du Christ.

– Mais si ensuite on s’aperçoit qu’il n’est pas sincère ? Dire : “ Je veux faire ceci et cela ”, c’est facile. Mais les mots ne correspondent pas toujours à la réalité » dit Pierre, plutôt fâché.

Je ne sais pas, il n’a pas sa jovialité habituelle.

« Pierre, écoute. Tu parles avec bon sens et justice. Mais vois : il vaut mieux pécher par bonté d’âme et par confiance que par défiance et dureté. Si tu fais du bien à un indigne, quel mal en résultera pour toi ? Aucun. Au contraire, la récompense de Dieu sera toujours fidèle pour toi, alors que l’autre aura le démérite d’avoir trahi ta confiance.

– Aucun mal ? Eh ! Il arrive quelquefois qu’un homme in­digne ne s’arrête pas à l’ingratitude, mais qu’il aille plus loin et en vienne même à nuire à la réputation, au patrimoine, si ce n’est à la vie elle-même.

– C’est vrai. Mais cela diminuerait-il ton mérite ? Non. Même si tout le monde ajoutait foi aux calomnies, même si tu en étais réduit à devenir plus pauvre que Job, même si un homme cruel t’enlevait la vie, qu’est-ce qui serait changé aux yeux de Dieu ? Rien. Il y aurait pour toi un changement, mais en mieux, car au mérite de la bonté s’ajouteraient les mérites d’un martyre d’ordre intellectuel, financier ou physique.

– Bien, bien ! Ce sera comme ça ! »

Pierre ne parle plus. Boudeur, il reste la tête appuyée sur sa main.

55.3

Jésus se tourne vers Thomas :

« Mon ami, je t’ai dit tout à l’heure dans l’oliveraie : “ Quand je reviendrai de ces régions, si tu le veux encore, tu seras mon disciple. ” Maintenant, je te dis : “ Es-tu disposé à faire plaisir à Jésus ?»

– Sans aucun doute.

– Mais si ce plaisir peut te demander un sacrifice ?

– Te servir n’aura rien d’un sacrifice. Que veux-tu ?

– Je voulais te dire… mais si tu as des relations, des affections…

– Rien, rien du tout ! Je t’ai, toi ! Parle.

– Ecoute. Demain, dès l’aube, le lépreux quittera les tombeaux pour trouver quelqu’un qui avertisse le prêtre. Tu commenceras par aller aux tombeaux. C’est charité. Tu y diras à haute voix : “ Toi, qui as été purifié hier, sors. C’est Jésus de Nazareth, le Messie d’Israël qui m’envoie vers toi, celui qui t’a guéri. ” Fais en sorte que le monde des “ morts-vivants ” connaisse mon Nom et frémisse d’espérance. Que celui qui a l’espérance, jointe à la foi, vienne à moi pour que je le guérisse. C’est la première manifestation de la pureté que j’apporte, de la résurrection dont je suis maître. Un jour, je donnerai une pureté plus profonde… Un jour, les tombeaux scellés vomiront les vrais morts qui apparaîtront pour rire, de leurs yeux vides, de leurs mâchoires décharnées pour la joie lointaine, et pourtant ressentie par les squelettes, des esprits libérés de l’attente des limbes. Ils apparaîtront pour rire de joie à cette libération et pour frémir en sachant à quoi ils la doivent… Toi, va. Il viendra vers toi. Tu feras ce qu’il te demandera de faire, tu l’aideras en tout comme si c’était ton frère. Et tu lui diras aussi : “ Quand tu seras totalement purifié, nous irons ensemble sur la route du fleuve au-delà de Docco et d’Ephraïm. Le Maître Jésus nous y attend toi et moi pour nous dire de quelle manière nous devons le servir. ”

– Je le ferai. Et l’autre ?

– Qui ? Judas Iscariote ?

– Oui, Maître.

– Pour lui, mon conseil reste le même. Laisse-le se décider tout seul et prendre tout son temps. Evite même de le rencontrer.

– Je resterai près du lépreux. Dans la vallée des tombeaux, il n’y a que les impurs qui se déplacent ou ceux qui s’en approchent par pitié. »

55.4

Pierre bougonne quelque chose. Jésus l’entend.

« Pierre, qu’est-ce que tu as ? Tu te tais ou tu murmures. Tu sembles mécontent. Pourquoi ?

– Je le suis. Nous sommes les premiers et toi, tu ne nous fais pas cadeau d’un miracle. Nous sommes les premiers et toi, tu fais asseoir près de toi un étranger. Nous sommes les premiers, mais c’est à lui que tu confies des charges, et pas à nous. Nous sommes les premiers et… oui, vraiment, on dirait que nous sommes les derniers. Pourquoi les attends-tu sur le chemin du fleuve ? Sûrement pour leur confier quelque mission. Pourquoi à eux et pas à nous ? »

Jésus le regarde. Il n’est pas fâché. Il lui sourit même, comme on sourit à un enfant. Il se lève, va lentement vers Pierre, lui pose la main sur l’épaule et lui dit en souriant :

« Pierre, Pierre ! Tu es un grand enfant, un vieil enfant ! »

Puis il se tourne vers André, assis près de son frère :

« Va à ma place » lui dit-il.

Il s’assied à côté de Pierre, lui passe un bras sur les épaules et lui parle en le tenant ainsi contre son épaule :

« Pierre, tu as l’impression que je commets une injustice, mais ce n’en est pas une. C’est au contraire la preuve que je connais votre valeur. Regarde : qui a besoin d’être mis à l’épreuve ? Celui qui n’est pas encore sûr. Eh bien ! Je vous savais si sûrs de moi que je n’ai pas éprouvé le besoin de vous donner des preuves de ma puissance. Ici, à Jérusalem, il faut des preuves là où le vice, l’irréligion, la politique, tant de choses du monde obscurcissent les esprits au point qu’ils ne peuvent voir la Lumière qui passe. Mais là-bas, sur notre beau lac, si pur, sous un ciel si pur lui aussi, parmi des gens honnêtes et désireux de faire le bien, les preuves ne sont pas nécessaires. Vous les aurez, les miracles. C’est à flots que je déverserai sur vous les grâces. Mais regarde comme je vous ai estimés : je vous ai pris sans exiger de preuves et sans éprouver le besoin de vous en donner, parce que je sais qui vous êtes : chers, très chers, et très fidèles ! »

Pierre retrouve sa sérénité :

« Pardonne-moi, Jésus.

– Oui, je te pardonne, car ta bouderie, c’est de l’amour. Mais ne sois plus envieux, Simon, fils de Jonas. Sais-tu ce qu’est le cœur de ton Jésus ? Tu n’as jamais vu la mer, la vraie mer ? Si ? Eh bien ! Mon cœur est bien plus vaste que son étendue. Il y a de la place pour tous. Pour toute l’humanité. Le plus petit y a place comme le plus grand. Et le pécheur y trouve l’amour comme l’innocent. Je donne à ceux-ci une mission, bien sûr. Veux-tu m’empêcher de la leur donner ? C’est moi qui vous ai choisis, pas vous. Je suis donc libre de juger comment je dois vous employer. Si donc je les laisse ici avec une mission – qui peut être aussi une épreuve comme peut être miséricorde le laps de temps laissé à Judas Iscariote – peux-tu m’en faire reproche ? Sais-tu si, à toi, je n’en réserve pas une plus importante ? Et n’est-ce pas la plus belle que de t’entendre dire : “ Tu viendras avec moi ” ?

– C’est vrai, c’est vrai. Je suis bête ! Pardon…

– Oui. Je pardonne tout. Ah, Pierre… Mais, je vous en prie tous : ne discutez jamais sur les mérites et sur les places. J’aurais pu naître roi. Je suis né pauvre, dans une étable. J’aurais pu être riche. J’ai vécu de mon travail et maintenant de charité. Et pourtant, croyez-le, mes amis, personne n’est plus grand aux yeux de Dieu que moi, qui suis ici : serviteur de l’homme.

– Toi, serviteur ? Jamais !

– Pourquoi, Pierre ?

– Parce que c’est moi qui te servirai.

– Même si tu me servais comme une mère soigne son enfant, je suis venu pour servir l’homme. Pour lui je serai le Sauveur. Quel service est comparable à celui-là ?

– Oh Maître ! Tu expliques tout. Et ce qui était obscur se fait tout à coup lumineux !

– Content, maintenant, Pierre ?

55.5

Alors laisse-moi finir de parler à Thomas. Es-tu certain de reconnaître le lépreux ? Il n’y a que lui de guéri. Mais il pourrait bien être déjà parti à la lueur des étoiles pour trouver un voyageur complaisant. Et un autre, désirant entrer dans la ville pour voir des parents, pourrait peut-être se substituer à lui. Voici donc son portrait. J’étais tout à côté, de lui, et au crépuscule, je l’ai bien observé. Il est grand et maigre. Il a le teint foncé d’un sang mêlé, des yeux profonds et très noirs sous des sourcils blancs comme la neige, des cheveux blancs comme le lin et plutôt frisés, un nez long épaté à l’extrémité, comme les Libyens, des lèvres épaisses, surtout l’inférieure, et proéminentes. Il est tellement olivâtre que ses lèvres tirent sur le violet. Au front, une vieille cicatrice est restée et ce sera son unique tache, maintenant qu’il est purifié des croûtes et des saletés.

– C’est un vieux, s’il est tout blanc.

– Non, Philippe, il en donne l’impression, mais il ne l’est pas. C’est la lèpre qui l’a blanchi.

– Qu’est-ce qu’il est ? Un sang mêlé ?

– Peut-être, Pierre. Il ressemble aux peuples d’Afrique.

– Sera-t-il israélite, alors ?

– Nous le saurons, mais s’il ne l’était pas ?

– Eh bien ! S’il ne l’était pas, il pourrait s’en aller. C’est déjà beaucoup d’avoir eu la chance d’être guéri.

– Non, Pierre. Même s’il était idolâtre, moi, je ne le chasserais pas. Jésus est venu pour tout le monde. Et en vérité je te dis que les peuples des ténèbres surpasseront les fils du peuple de la Lumière… »

Jésus soupire. Puis il se lève. Il rend grâce au Père en récitant une hymne et il bénit.

La vision cesse ainsi.

55.6

Je fais remarquer en passant que mon conseiller intérieur m’a dit, dès hier soir, quand je regardais le lépreux :

« C’est Simon, l’apôtre. Tu verras son arrivée et celle de Jude auprès du Maître. »

Ce matin, après la communion (c’est vendredi) j’ouvre le missel et je vois que c’est justement aujourd’hui la vigile de la fête des saints Simon et Jude, et l’Evangile de demain parle précisément de la charité en répétant presque les paroles que j’ai entendues à la première vision. Quant à Jude, cependant, je ne l’ai pas encore vu.

55.1

Esta mañana, despertándome de un pesadísimo sopor de muchas horas, mientras oro esperando que se haga de día, se me reanuda la visión.

Digo “se me reanuda” porque estamos todavía en el mismo lugar: la baja y ancha cocina, oscura en sus paredes ahumadas, apenas iluminada por la llamita de aceite puesta encima de la rústica mesa, larga y estrecha, a la que están sentadas ocho personas: Jesús y los seis discípulos, más el dueño de la casa; cuatro por cada lado.

Jesús, aún vuelto de espaldas en su taburete — porque aquí no hay más que taburetes sin respaldo, de tres patas (cosas de campo) — está hablando todavía con Tomás. La mano de Jesús ha bajado desde la cabeza de Tomás a su hombro. Jesús dice: «Levántate, amigo. ¿Has cenado ya?».

«No, Maestro. He recorrido pocos metros con el otro que estaba conmigo, luego le he dejado y me he vuelto para atrás diciéndole que quería hablar con el leproso curado... He dicho esto porque pensaba que rehuiría de acercarse a un impuro. He acertado. Pero yo te buscaba a ti, no al leproso... Quería decirte: “¡Acéptame!”... He estado dando vueltas arriba y abajo por el olivar, hasta que un joven me ha preguntado qué hacía. Debe haber creído que era una persona malintencionada... Estaba cerca de una pilastra, en donde empieza la propiedad».

El dueño de la casa sonríe. Aclara: «Es mi hijo», y añade: «Está de guardia en el molino. Tenemos todavía en las cuevas, debajo del molino, casi toda la cosecha del año. Ha sido muy buena. Nos ha dado mucho aceite. En tiempos de aglomeraciones siempre se unen malandrines para desvalijar los lugares no custodiados. Hace ocho años, precisamente durante la Parasceve, nos robaron todo. Desde entonces, una noche cada uno, montamos buena guardia. Su madre ha ido a llevarle la cena».

«“¿Qué quieres?” me ha dicho, con un tono tal que, para salvar mi espalda de su bastón, le he explicado en seguida: “Busco al Maestro, que está viviendo aquí”. Entonces me ha respondido: “Si es verdad lo que dices, ven a la casa”. Y me ha acompañado hasta aquí. Es él quien ha llamado a la puerta, y no se ha marchado hasta que ha oído mis primeras palabras».

«¿Vives lejos?».

«Estoy en la otra punta de la ciudad, cerca de la Puerta Orien­tal».

«¿Estás solo?».

«Estaba con los parientes. Pero se han marchado adonde otros familiares que están en el camino de Belén. Yo me he quedado para buscarte día y noche hasta que te hubiera encontrado».

Jesús sonríe y dice: «Entonces, ¿no te espera nadie?».

«No, Maestro».

«El camino es largo, está oscura la noche, las patrullas romanas están por la ciudad. Yo te digo: si quieres, quédate con nosotros».

«¡Oh..., Maestro!». Se le ve feliz a Tomás.

«Haced un hueco vosotros. Y dadle todos algo al hermano». Por su parte, Jesús le da la porción de queso que tenía delante. Explica a Tomás: «Somos pobres y la cena casi se ha terminado. Pero hay mucho corazón en quien da». Y a Juan, que está sentado a su lado, le dice: «Cédele el puesto al amigo».

Juan se levanta en seguida y va a sentarse en la esquina de la mesa, cerca del dueño de la casa.

«Siéntate, Tomás. Come».

55.2

Y luego dice a todos: «Esto haréis siempre, amigos, por ley de caridad. La Ley de Dios, ya de por sí, protege al peregrino. Pero ahora, en mi nombre, le deberéis amar más aún. Cuando uno en nombre de Dios os pida un pan, un sorbo de agua, un lugar donde cobijarse, en nombre de Dios debéis dárselo. Y Dios os recompensará. Esto debéis hacerlo con todos. También con los enemigos. Ésta es la Ley nueva. Hasta ahora se os había dicho: “Amad a los que os aman y odiad a los enemigos”. Yo os digo: “Amad también a los que os odian”. ¡Si supierais cómo os amará Dios si amáis como Yo os digo! Y si uno dijere: “Quiero ser compañero vuestro en servir al Señor Dios verdadero y en seguir a su Cordero”, entonces debéis quererle más que a un hermano de sangre, porque estaréis unidos por un vínculo eterno: el del Cristo».

«Pero, ¿si te topas con uno que no es sincero? Decir: “Quiero hacer esto o aquello” es fácil. Pero no siempre la palabra refleja la verdad» dice Pedro más bien enfadado. No sé, no se le ve con su habitual humor jovial.

«Pedro, escucha. Hablas con sensatez y justicia. Pero, mira: mejor es pecar de bondad y de confianza que de desconfianza y dureza. Si haces el bien a un indigno, ¿qué mal te acarreará ello? Ninguno. Antes bien, el premio de Dios para ti permanecerá siempre activo, mientras que él recibirá el demérito de haber traicionado tu confianza».

«¿Ningún mal, ¡eh!? A veces quien es indigno no se conforma con la ingratitud, sino que va más allá, y llega incluso a difamar, a dañar el patrimonio y la vida misma».

«Cierto. Pero ¿esto disminuirá tu mérito? No. Aunque todo el mundo creyera las calumnias, aunque te quedaras en la ruina más que Job, aunque el cruel te quitase la vida, ¿qué cambiaría a los ojos de Dios? Nada. O, más bien, sí, habría un cambio, pero en favor tuyo. Dios, a los méritos de la bondad, uniría los méritos del martirio intelectual, financiero, físico...».

«¡Bien, bien! Será así». Pedro no habla más. Malhumorado como está, tiene la cabeza apoyada en la mano.

55.3

Jesús se dirige a Tomás: «Amigo, antes te he dicho, en el olivar: “Cuando vuelva por aquí, si todavía quieres, serás mío”. Ahora te digo: “¿Estás dispuesto a hacer un favor a Jesús?”».

«Sin duda».

«¿Y si este favor puede comportar un sacrificio?».

«Servirte no es ningún sacrificio. ¿Qué quieres?».

«Quería decirte... Pero, tú tendrás cosas que resolver, afectos...».

«¡Nada, nada! ¡Te tengo a ti! Habla».

«Escucha. Mañana, al alba, el leproso dejará los sepulcros para encontrar a alguien que ponga al sacerdote en conocimiento de lo sucedido. Tú lo primero que harás será ir a los sepulcros. Es caridad. Y dirás fuerte: “Tú, que ayer has quedado limpio, sal fuera. Me manda a ti Jesús de Nazaret, el Mesías de Israel, el que te ha curado”. Haz que el mundo de los “muertos-vivos” conozca mi Nombre y arda de esperanzas, y que quien a la esperanza una la fe venga a mí, para que le cure. Es la primera forma de la limpieza que Yo traigo, la primera forma de la resurrección de que soy dueño. Un día otorgaré una limpieza mucho más profunda... Un día los sepulcros sellados arrojarán a los muertos verdaderos, que aparecerán para reír, a través de sus cuencas vacías y sus mandíbulas descarnadas, por el lejano júbilo — oído no obstante por los esqueletos — de los espíritus liberados del Limbo de espera. Aparecerán para sonreírle a esta liberación y para conmoverse sabiendo a qué la deben... Tú ve. Él se acercará ti. Harás lo que él te pida que hagas. Le ayudarás en todo, como si fuera un hermano para ti. Y le dirás también: “Cuando estés completamente purificado, iremos juntos por el camino del río, más allá de Doco y Efraím. Allí el Maestro Jesús te espera, y me espera, para decirnos en qué le debemos servir”».

«Así lo haré. ¿Y el otro?».

«¿Quién? ¿El Iscariote?».

«Sí, Maestro».

«Para él todavía vale mi consejo. Déjale decidir por sí mismo, y durante un largo tiempo. E incluso trata de no verte con él».

«Estaré con el leproso. Por el valle de los sepulcros sólo andan los impuros o quien por piedad tiene contacto con ellos».

55.4

Pedro masculla unas palabras. Jesús oye.

«Pedro, ¿qué te pasa? ¿Callas o murmuras? Pareces descontento. ¿Por qué?».

«Me siento descontento. Nosotros somos los primeros y Tú no nos ofreces un milagro. Nosotros somos los primeros y Tú sientas a tu lado a un extraño. Nosotros somos los primeros y Tú le confías a él una misión y no a nosotros. Nosotros somos los primeros y... sí, exactamente, y parecemos los últimos. ¿Por qué los esperas en el camino del río? Para confiarles alguna misión, claro. ¿Por qué a ellos y no a nosotros?».

Jesús le mira. No se muestra airado. Hasta incluso sonríe como se le sonríe a un muchacho. Se levanta, va lentamente hacia Pedro, le pone la mano en el hombro y dice sonriendo: «¡Pedro, Pedro, eres un niño grande, un niño mayor!»; y a Andrés, que está sentado junto a su hermano, le dice: « Ponte donde Yo estaba sentado», y se sienta al lado de Pedro, le coge del hombro y le habla, estrechándole contra su costado: «Pedro, a ti te parece que Yo cometo injusticia, pero no es injusticia lo que hago; antes bien, es una prueba de que sé lo que valéis. Mira. ¿Quién necesita pruebas? Quien todavía no está seguro. Ahora bien, Yo os sabía tan seguros de mí, que no he sentido la necesitad de daros pruebas de mi poder. Aquí, en Jerusalén, hacen falta pruebas; aquí, donde el vicio, la irreligión, la política, tantas cosas del mundo, ofuscan los espíritus hasta el punto de que no pueden ver la Luz que pasa. Pero allí, en nuestro hermoso lago, tan puro bajo un cielo puro, allí entre gente honesta y deseosa de bien, no son necesarias las pruebas. Tendréis milagros. A ríos derramaré sobre vosotros las gracias. Pero — mira lo que os he estimado — Yo os he tomado conmigo sin exigir pruebas y sin sentir la necesidad de daros pruebas, porque sé quiénes sois. Amados, muy amados, y muy fieles a mí».

Pedro se calma: «Perdóname, Jesús».

«Sí, te perdono porque tu gesto de enojo es amor. Pero acaba con la envidia, Simón de Jonás. ¿Sabes qué es el corazón de tu Jesús? ¿Has visto alguna vez el mar, el verdadero mar? ¿Sí? Pues bien, ¡mi corazón es mucho más amplio que el ancho mar! Y en él hay lugar para todos, para toda la humanidad. Y el más pequeño tiene, como el más grande, un lugar. Y el pecador, como el inocente, encuentra amor en él. A éstos les encargo una misión. Seguro. ¿Me quieres prohibir el darla? Yo os he elegido, no vosotros. Por tanto puedo, libremente, juzgar cómo emplearos. Y si a éstos les dejo aquí con una misión — que también puede ser una prueba, como puede ser misericordia el espacio de tiempo dejado al Iscariote — ¿puedes reprochármelo? ¿Sabes si a ti no te reservo una más grande? ¿Y no es la más hermosa la de oír que te digo: “Tú vendrás conmigo”?».

«¡Es cierto, es cierto! ¡Soy un animal! Perdón...».

«Sí, todo, todo el perdón. ¡Oh, Pedro!... Pero os ruego a todos: no discutáis nunca por los méritos o por los puestos. Habría podido nacer rey; he nacido pobre, en un establo. Podría haber sido rico; he vivido del trabajo, y ahora de la caridad. Y, no obstante, creedlo amigos, no hay nadie más grande que Yo a los ojos de Dios; que Yo que estoy aquí: siervo del hombre».

«¿Siervo Tú? ¡No, jamás!».

«¿Por qué, Pedro?».

«Porque yo te serviré».

«Aunque me sirvieras como una madre sirve a su pequeñuelo, Yo he venido para servir al hombre. Seré su Salvador. ¿Qué servicio puede ser comparado a éste?».

«¡Maestro, Tú lo explicas todo, y lo que parecía oscuro se torna claro en seguida!».

«¿Contento ahora, Pedro?

55.5

Entonces déjame terminar de hablar con Tomás. ¿Estás seguro de reconocer al leproso? No hay ningún otro curado, pero podría haberse ido ya, a la luz de las estrellas, para tratar de encontrar un viandante solícito. Y quizás otro, por el ansia de entrar en la ciudad, ver a los familiares... podría ocupar su puesto. Escucha su retrato. Yo estaba cerca de él y a la luz del crepúsculo le he visto bien. Es alto y delgado. Piel oscura como de mestizo, ojos profundos y negrísimos bajo unas cejas de nieve, cabellos blancos como el lino y tirando a rizados, nariz larga, chata hacia la punta como la de los libios, labios gruesos, especialmente el inferior, y salientes. Es tan aceitunado, que el labio tiende al violáceo. En la frente le ha quedado una antigua cicatriz, que será la única mácula, ahora, limpio como estará de costras y de porquería».

«Es un viejo, si es todo blanco».

«No, Felipe. Lo parece, pero no lo es. La lepra le ha hecho cano».

«¿Qué es? ¿Tiene mezcla de razas?».

«Tal vez, Pedro. Tiene parecido con los pueblos de Africa».

«¿Será israelita, entonces?».

«Ya lo sabremos. ¿Y si no lo fuera?».

«¡Ah!, si no lo fuera, se marcharía. Ya está bien con haber merecido que se le cure».

«No, Pedro. Aunque fuera un idólatra, no le rechazaré. Jesús ha venido para todos. Y en verdad te digo que los pueblos de las tinieblas precederán a los hijos del pueblo de la Luz...».

Jesús suspira. Luego se levanta. Da gracias al Padre con un himno y bendice.

La visión cesa así.

55.6

Como inciso, hago notar que mi interno consejero me ha dicho, ya desde ayer por la noche cuando veía al leproso: «Es Simón, el apóstol. Verás cuando él y Judas Tadeo van al Maestro». Esta mañana, después de la Comunión (es viernes) abro el misal y veo que precisamente hoy es la vigilia de la fiesta de los santos Simón y Judas, y que el Evangelio de mañana habla precisamente de la caridad, casi repitiendo las palabras que oí antes en la visión. Pero a Judas Tadeo, por ahora, no le he visto.