Los Escritos de Maria Valtorta

590. Jésus pleure sur Jérusalem.

590. El llanto ante Jerulalén

590.1

Jésus entoure de son bras les épaules de sa Mère, qui s’est levée quand Jean et Jacques, fils d’Alphée, l’ont rejointe pour lui annoncer : “ Ton Fils arrive ”, avant de revenir sur leurs pas pour se réunir à leurs compagnons. Ceux-ci avancent lentement en devisant, tandis que Thomas et André ont couru vers Bethphagé pour chercher l’ânesse et l’ânon et les amener à Jésus.

Jésus, pendant ce temps, parle aux femmes :

« Nous voici près de la ville. Je vous conseille d’y aller. Ce sera en toute sûreté. Entrez dans la ville avant moi. Près d’En-Rogel se trouvent les bergers et les disciples les plus fidèles. Ils ont l’ordre de vous escorter et de vous protéger.

– C’est que… Nous avons parlé avec Aser de Nazareth et Abel de Bethléem de Galilée, et aussi avec Salomon. Ils étaient venus jusqu’ici pour guetter ton arrivée. La foule prépare une grande fête. Et nous voulions y assister… Tu vois comme le haut des oliviers remue ? Ce n’est pas le vent qui les agite ainsi : ce sont des gens qui coupent des branches pour en joncher le chemin et t’abriter du soleil. Et là-bas ? Regarde, ils sont en train de dépouiller les palmiers de leurs éventails. On dirait des grappes, mais ce sont des hommes, grimpés sur les troncs, qui n’en finissent pas de cueillir… Et sur les pentes, vois les enfants qui se baissent pour cueillir des bouquets. Quant aux femmes, elles dépouillent sûrement les jardins de leurs fleurs et de plantes odorantes pour en tapisser la route devant toi. Nous voulions voir… et imiter le geste de Marie-Madeleine, qui a recueilli toutes les fleurs foulées par ton pied lorsque tu es entré dans le jardin de Lazare » demande Marie, femme de Cléophas, au nom de toutes.

Jésus caresse sur la joue sa vieille parente, qui ressemble à une enfant désireuse d’assister à un spectacle, et il lui répond :

« Dans la foule, tu ne verrais rien. Partez dès maintenant à la maison de Lazare, celle dont Matthias est le gardien. Je passerai par là, et vous me verrez d’en-haut.

– Mon Fils… tu y vas seul ? Je ne peux rester près de toi ? demande Marie en levant son visage si triste et en fixant ses yeux de ciel sur son doux Fils.

– Je voudrais te prier de rester cachée. Comme la colombe au creux des rochers[1]. Encore plus que ta présence, c’est ta prière qui m’est nécessaire, Maman chérie !

– S’il en est ainsi, mon Fils, nous prierons, toutes, pour toi.

– Oui. Après l’avoir vu passer, vous viendrez avec nous dans mon palais de Sion. Et j’enverrai des serviteurs au Temple, et toujours à la suite du Maître, pour qu’ils nous apportent ses ordres et ses nouvelles, décide Marie, sœur de Lazare, toujours prompte à saisir ce qu’il convient de faire, et à le mettre en œuvre sans attendre.

– Tu as raison, ma sœur. J’ai beau être peinée de ne pas suivre Jésus, je comprends le bien-fondé de son ordre. Du reste, Lazare nous a recommandé de ne contredire le Maître en rien, et de lui obéir dans les moindres détails. Et c’est ce que nous ferons.

– Dans ce cas, allez-y. Vous voyez ? Les routes s’animent. Les apôtres sont sur le point de me rejoindre. Allez. Que la paix soit avec vous. Je vous ferai venir aux heures que je jugerai bonnes. Maman, adieu. Sois en paix. Dieu est avec nous.»

Il l’embrasse et la congédie. Obéissantes, les disciples s’é­loignent sans tarder.

590.2

Les dix apôtres rejoignent Jésus :

« Tu les as envoyées de l’avant ?

– Oui, à une maison d’où elles regarderont mon entrée.

– Laquelle ? demande Judas.

– Les maisons amies sont désormais si nombreuses ! s’exclame Philippe.

– Pas chez Annalia ? insiste Judas.

Jésus répond négativement et se met en chemin vers Bethphagé, qui n’est guère éloignée.

Il en est tout proche quand reviennent les deux apôtres qu’il a envoyés prendre l’ânesse et l’ânon. Ils s’écrient :

« Nous avons tout trouvé comme tu l’as dit, et nous t’aurions volontiers amené les animaux. Mais leur propriétaire a voulu les étriller et les orner des meilleurs harnachements pour te faire honneur. Et les disciples, unis à ceux qui ont passé la nuit dans les rues de Béthanie pour te rendre gloire, veulent avoir le privilège de te les conduire. Nous y avons consenti. Il nous a semblé que leur amour méritait une récompense.

– Vous avez bien fait. Avançons, en attendant.

– Les disciples sont-ils nombreux? demande Barthélemy.

– Une multitude ! Il est impossible de passer par les rues de Bethphagé. C’est pourquoi j’ai conseillé à Isaac de conduire l’âne chez Cléonte, le fromager, répond Thomas.

– Tu as eu raison. Allons jusqu’à cet escarpement des collines, et attendons un peu à l’ombre de ces arbres. »

Ils vont à l’endroit indiqué par Jésus.

« Mais nous nous éloignons ! Tu dépasses Bethphagé en la contournant par derrière ! s’écrie Judas.

– Si je veux le faire, qui peut m’en empêcher ? Suis-je déjà prisonnier, pour qu’il ne me soit pas permis d’aller là où je veux ? Est-on pressé que je le sois et craint-on que je puisse échapper à la capture ? Et si j’estimais bon de m’éloigner pour préférer des lieux plus sûrs, quelqu’un pourrait-il me le défendre ? »

Jésus darde son regard sur le traître, qui se tait et hausse les épaules, comme pour dire : “ Fais ce que bon te semble. ”

Ils tournent en effet derrière le petit village. C’est, pour ainsi dire, un faubourg de Jérusalem : du côté ouest, il est en effet si peu éloigné de la ville, qu’il fait déjà partie des pentes de l’oliveraie qui couronne Jérusalem du côté oriental. En bas, entre les pentes et la ville, le Cédron brille sous le soleil d’avril.

Jésus s’assied dans cette verdure silencieuse et se plonge dans ses pensées. Puis il se lève et va sur la cime de l’escarpement.

590.3

Jésus me dit :

« Tu inséreras ici la vision du 31 juillet 1944 : “ Jésus pleure sur Jérusalem ”, à partir de la phrase que je t’ai dite pour commencer la vision. »

Puis il recommence à me montrer les épisodes de son entrée triomphale.

Le 30 juillet 1944.

590.4

Je ne sais comment faire pour écrire, car mon cœur me fait tellement souffrir que j’ai du mal à rester assise. Mais cela fait bien longtemps qu’il en est ainsi. Je dois écrire ce que je vois.

Ce qui m’apparaît, c’est l’Evangile d’aujourd’hui, celui du 9e dimanche après la Pentecôte.

D’un coteau près de Jérusalem, Jésus contemple la ville qui s’étend à ses pieds.

Ce coteau n’est pas plus haut que la petite place San Miniato al Monte, à Florence, mais cela suffit pour que l’œil domine l’étendue des maisons et des rues qui montent et descendent selon les petites dénivélations où s’élève Jérusalem. Si l’on part du niveau le plus bas de la ville, cette colline est bien plus haute que le Calvaire, mais elle est plus proche de l’enceinte que ce dernier. Prenant appui tout contre les murs, elle s’élève rapidement en s’en éloignant, alors que, de l’autre côté, elle descend mollement vers une campagne toute verte qui s’étend vers l’est, du moins si j’en juge à la lumière du soleil.

Assis à l’ombre d’un bosquet, Jésus et ses disciples se reposent du chemin parcouru. Puis Jésus se lève, quitte l’endroit boisé où ils étaient et grimpe au sommet du coteau.

Sa haute stature se détache nettement dans l’espace vide qui l’entoure. Il paraît encore plus grand ainsi, debout et seul. Il tient les mains serrées sur sa poitrine, sur son manteau bleu. Son regard est très sérieux.

Les apôtres l’observent, mais ils le laissent faire sans bouger ni parler. Ils doivent penser qu’il s’est éloigné pour prier.

Mais Jésus ne prie pas. Après avoir longuement contemplé la ville, tous ses quartiers, toutes ses dénivélations, toutes ses particularités, en s’attardant parfois sur tel ou tel point, ou inversement en insistant moins, Jésus se met à pleurer, sans bruit ni sanglots.

Les larmes gonflent ses yeux, puis coulent et roulent sur ses joues avant de tomber par terre… ce sont des larmes silencieuses, extrêmement tristes, comme celles de quelqu’un qui sait qu’il doit pleurer, seul, sans nul espoir de réconfort ou de compréhension de qui que ce soit, et cela à cause d’une douleur qui ne peut être évitée et qui doit absolument être subie.

590.5

De par sa position, le frère de Jean est le premier à s’en rendre compte, et il prévient les autres, qui se regardent avec étonnement.

« Aucun de nous n’a mal agi, remarque l’un d’eux.

– La foule elle-même ne nous a pas insultés. Personne ne s’est montré hostile.

– Alors pourquoi pleure-t-il ? » s’interroge le plus âgé.

Pierre et Jean se lèvent d’un même mouvement et s’approchent du Maître. Ils pensent que l’unique chose à faire, c’est de lui montrer qu’ils l’aiment et de lui demander ce qu’il a.

« Maître, tu pleures ? » demande Jean en posant sa tête blonde sur l’épaule de Jésus, qui le dépasse de la tête et du cou.

Pierre lui glisse une main autour de la taille, comme pour l’attirer à lui, et lui dit :

« Quelque chose te fait souffrir, Jésus ? Confie-le-nous, à nous qui t’aimons. »

Jésus appuie sa joue sur la tête blonde de Jean et, desserrant les bras, il passe à son tour son bras autour de l’épaule de Pierre. Ils restent ainsi tous trois enlacés, dans une pose pleine d’affection. Mais les larmes continuent de couler.

Jean, qui les sent tomber sur ses cheveux, l’interroge une nouvelle fois :

« Pourquoi pleures-tu, mon Maître ? T’avons-nous peiné en quoi que ce soit ? »

Les autres apôtres se sont unis au groupe affectueux et attendent anxieusement une réponse.

« Non, répond Jésus, ce n’est pas votre faute. Vous êtes pour moi des amis, et l’amitié, quand elle est sincère, est baume et sourire, jamais larme.

590.6

Je voudrais que vous restiez toujours mes amis. Même maintenant que nous allons entrer dans la corruption qui fermente et qui déprave celui qui n’a pas la ferme volonté de rester honnête.

– Où allons-nous, Maître ? Pas à Jérusalem ? La foule t’a déjà salué joyeusement. Veux-tu la décevoir ? Ou bien allons-nous en Samarie pour quelque prodige ? Justement maintenant que la Pâque est proche ? »

Les questions fusent de tout côté.

Jésus lève la main pour imposer le silence puis, de sa main droite, il montre la ville, en un large geste qui rappelle celui du semeur :

« Elle est la Corruption. Nous entrons dans Jérusalem. Nous y entrons. Et seul le Très-Haut sait combien je voudrais la sanctifier en y amenant la Sainteté qui vient des Cieux. Je souhaiterais sanctifier à nouveau cette ville, qui devrait être la Cité sainte. Mais je ne pourrai rien faire pour elle. Elle est et reste corrompue. Et les fleuves de sainteté qui jaillissent du Temple vivant, et qui jailliront encore davantage dans quelques jours jusqu’à le vider de sa vie, ne suffiront pas à la racheter. La Samarie et le monde païen viendront au Saint. Sur les temples mensongers s’élèveront les temples du vrai Dieu. Les cœurs des païens adoreront le Christ. Mais ce peuple-ci, cette ville, lui seront toujours ennemis. La haine de Jérusalem la poussera à commettre le plus grand péché.

590.7

Cela doit arriver. Mais malheur à ceux qui seront les instruments de ce crime. Malheur !… »

Jésus regarde fixement Judas, qui se tient presque en face de lui.

« Cela ne nous arrivera jamais. Nous sommes tes apôtres, nous croyons en toi, et nous sommes prêts à mourir pour toi. »

Judas ment effrontément et soutient sans rougir le regard de Jésus.

Les autres unissent leurs protestations.

Jésus répond à tous pour éviter de répondre directement à Judas.

« Veuille le Ciel qu’il en soit ainsi, mais vous avez encore beaucoup de faiblesse en vous, et la tentation pourrait vous rendre semblables à ceux qui me haïssent. Priez beaucoup et soyez très vigilants. Satan sait qu’il va être vaincu, et il veut se venger en vous arrachant à moi. Satan rôde autour de nous tous : autour de moi, pour m’empêcher de faire la volonté du Père et d’accomplir ma mission ; autour de vous, pour que vous vous mettiez à son service. Veillez. Dans ces murs, Satan prendra celui qui ne saura pas être fort, celui pour qui avoir été choisi se transformera en malédiction, parce qu’il aura réduit cette élection à des visées humaines. Je vous ai choisis pour le Royaume des Cieux, et non pour celui du monde. Souvenez-vous-en.

590.8

Quant à toi, cité qui veux ta perte et sur qui je pleure, sache que ton Christ prie pour ta rédemption. Ah ! si au moins, en cette heure qui te reste, tu savais venir à Celui qui serait ta paix ! Si au moins tu comprenais, en cette heure, l’Amour qui passe au milieu de toi, et si tu renonçais à la haine qui te rend aveugle, folle, cruelle contre toi-même et contre ton bien ! Un jour viendra où tu te rappelleras cette heure ! Mais il sera trop tard pour pleurer et te repentir ! L’Amour sera passé et aura disparu de tes routes ; il restera la Haine que tu lui as préférée. Or cette haine se retournera contre toi, contre tes enfants. Car on obtient ce qu’on a voulu, et la haine se paie par la haine.

Qui plus est, cette haine ne sera pas celle des forts contre un inoffensif : ce sera haine contre haine, et donc guerre et mort. Entourée de tranchées et d’hommes en armes, tu souffriras avant d’être détruite ; tu verras tomber tes fils tués par les armes et par la faim, et les survivants être prisonniers et méprisés. Alors tu demanderas miséricorde, et tu ne la trouveras plus parce que tu n’as pas voulu reconnaître ton Salut.

Je pleure, mes amis, parce que j’ai un cœur d’homme, et les ruines de ma patrie m’arrachent des larmes. Mais ce qui est juste doit s’accomplir, puisque, dans ces murs, la corruption dépasse toute limite et attire le châtiment de Dieu. Malheur aux citoyens qui sont la cause du mal de leur patrie ! Malheur aux chefs qui en sont la principale cause ! Malheur à ceux qui devraient être saints pour amener les autres à être honnêtes, mais qui profanent au contraire la Maison de leur ministère et eux-mêmes ! Venez. Mon action ne servira à rien. Mais faisons en sorte que la Lumière brille encore une fois au milieu des ténèbres ! »

Et Jésus descend, suivi des apôtres. Il marche d’un pas rapide sur le chemin, l’air sérieux, j’irai jusqu’à dire presque renfrogné. Il ne parle plus. Il entre dans une petite maison au pied de la colline, et je ne vois pas autre chose.

590.9

Jésus dit :

« La scène racontée[2] par Luc paraît sans lien, pour ainsi dire illogique : je déplore les malheurs d’une ville coupable et je ne sais pas compatir aux habitudes de cette ville ?

Non. Je ne sais pas, je ne peux y compatir, puisque ce sont justement ces habitudes qui engendrent les malheurs ; leur vue avive ma douleur. Ma colère contre les profanateurs du Temple est la conséquence naturelle de ma méditation sur les calamités qui vont toucher prochainement Jérusalem.

Ce sont toujours les profanations du culte de Dieu, de la Loi de Dieu, qui provoquent les châtiments du Ciel. En faisant de la Maison de Dieu une caverne de voleurs, ces prêtres indignes et ces indignes croyants (de nom seulement) attiraient sur tout le peuple malédiction et mort. Inutile de donner tel ou tel nom au mal qui fait souffrir un peuple. C’est celui-ci : “ Punition d’une vie de brutes. ” Dieu se retire, et le Mal s’avance. Voilà le fruit d’une vie nationale indigne du nom de chrétienne.

Au cours des dernières décennies comme aujourd’hui, je n’ai pas manqué par des prodiges de secouer les âmes et d’appeler à la conversion. Mais, comme alors, je n’ai attiré sur moi et mes instruments que moquerie, indifférence et haine. Pourtant, les individus et les nations doivent se souvenir que leurs larmes sont vaines s’ils n’ont pas voulu reconnaître leur salut auparavant. C’est en vain qu’ils m’invoquent quand, à l’heure où j’étais avec eux, ils m’ont chassé par une guerre sacrilège qui, en partant de consciences particulières vouées au Mal, s’est répandue dans toute la nation. Les patries sont sauvées, moins par les armes que par une manière de vivre qui attire les protections du Ciel.

Repose-toi, petit Jean, et fais en sorte d’être toujours fidèle au choix que j’ai fait de toi. Va en paix. »

Quelle fatigue ! Je n’en peux vraiment plus…

[Le 30 mars 1947].

590.10

A peine Jésus a-t-il le temps d’entrer dans la maison pour en bénir les habitants que l’on entend des grelots tintinnabuler joyeusement, ainsi que des voix en fête. Peu après, le visage émacié et pâle d’Isaac apparaît dans l’ouverture de la porte, et le fidèle berger entre et se prosterne devant son Seigneur.

Dans l’encadrement de la porte grande ouverte se pressent de nombreux visages, et d’autres apparaissent derrière… On se bouscule, on s’entasse, on veut avancer… Des cris de femmes, des pleurs d’enfants s’élèvent au milieu de la cohue, ainsi que des salutations, des cris joyeux :

« Heureux jour qui te ramène à nous ! Paix à toi, Seigneur ! C’est un joyeux retour, Maître, pour récompenser notre fidélité. »

Jésus se lève et fait signe qu’il va parler. Tout le monde se tait, et on entend nettement sa voix.

« Paix à vous ! Ne vous bousculez pas. Nous allons monter ensemble au Temple. Je suis venu pour être avec vous. Paix ! Paix ! Ne vous faites pas de mal. Faites place, mes bien-aimés ! Laissez-moi passer et suivez-moi, pour que nous entrions ensemble dans la Cité sainte. »

590.11

Les gens obéissent tant bien que mal, et s’écartent assez pour que Jésus puisse sortir. Il prend l’ânon, qui n’a jamais été débourré jusqu’alors, et monte dessus. De riches pèlerins, qui se pressent dans la foule, étendent alors sur le dos de l’animal leurs somptueux manteaux. Un homme met un genou à terre et fait de l’autre un marchepied pour le Seigneur, qui s’assied sur sa monture. Le voyage commence. Pierre marche à côté du Maître et, de l’autre côté, Isaac tient la bride de l’ânon. Bien que celui-ci ne soit pas habitué à jouer ce rôle, il avance paisiblement sans s’emballer. Il ne s’effraie même pas des fleurs lancées vers Jésus, qui atteignent souvent les yeux et le museau de l’animal, ni des branches d’olivier et des feuilles de palmiers agitées devant et autour de lui, jetées par terre avec des fleurs pour servir de tapis, ni des cris de plus en plus forts : “ Hosanna au Fils de David ! ” qui s’élèvent vers le ciel serein, pendant que la foule se tasse de plus en plus et grossit à cause des nouveaux venus.

Passer par Bethphagé et ses étroites rues sinueuses n’est pas chose facile : les mères doivent prendre leurs enfants dans leurs bras, et les hommes protéger les femmes de coups trop violents ; il arrive qu’un père place son fils à califourchon sur ses épaules pour lui permettre de dominer la foule, tandis que les voix des tout-petits ressemblent à des bêlements d’agneaux ou à des cris d’hirondelles et que leurs menottes lancent les fleurs et les feuilles d’oliviers présentées par leurs mères, et envoient des baisers au doux Jésus…

Une fois sorti des rues étroites de la bourgade, le cortège se remet en ordre et se déploie, et de nombreux volontaires vont de l’avant pour prendre la tête du groupe et désencombrer le chemin. D’autres les suivent en jonchant le sol de branches et quelqu’un, le premier, jette son manteau pour servir de tapis, imité par un autre, puis par quatre, dix, cent, mille personnes. Le centre du chemin est composé d’une bande multicolore de vêtements étendus sur le sol ; après le passage de Jésus, ils sont repris et portés en avant, avec d’autres, et encore d’autres, et toujours plus de fleurs, de branchages, de feuilles de palmiers s’agitent ou sont jetés par terre. Des cris plus forts s’élèvent tout autour en l’honneur du Roi d’Israël, à l’adresse du Fils de David, de son Royaume !

590.12

Les soldats de garde à la porte sortent pour voir ce qui arrive. Mais ce n’est pas une sédition et, appuyés sur leurs lances, ils se mettent de côté pour observer, d’un air étonné ou ironique, l’étrange cortège de ce Roi, beau comme un dieu, simple comme le plus pauvre des hommes, doux, bénissant, et assis sur un ânon… entouré de femmes, d’enfants et d’hommes désarmés criant : “ Paix ! Paix ! ” Avant d’entrer en ville, ce Roi s’arrête un moment à la hauteur des tombeaux des lépreux de Hinnon et de Siloan (je crois que c’est bien le nom de ces lieux où j’ai vu d’autres fois des miracles de guérison de lépreux). Prenant appui sur l’unique étrier sur lequel repose son pied — puisqu’il est assis sur l’âne mais ne le chevauche pas —, il se lève et ouvre les bras, puis il crie dans la direction de ces pentes horribles, où des visages et des corps effrayants apparaissent en regardant vers Jésus et font monter la plainte lamentable des lépreux : “ Nous sommes infectés ! ”, pour écarter les imprudents éventuels qui, pour bien voir Jésus, grimperaient même sur ces terrasses contaminées :

« Que celui qui a foi invoque mon nom et recouvre ainsi la santé ! »

Puis il reprend sa route en les bénissant, avant d’ordonner à Judas :

« Tu achèteras de la nourriture pour les lépreux, et avec Simon tu la leur porteras avant ce soir. »

590.13

Le cortège passe sous la voûte de la porte de Siloan, puis se déverse comme un torrent dans la ville en traversant le faubourg d’Ophel, où chaque terrasse est devenue une petite place aérienne remplie de gens qui crient des hosannas, jettent des fleurs et renversent des parfums en contrebas, dans la rue, en essayant d’atteindre le Maître. L’air est embaumé par les fleurs qui meurent sous les pas de la foule, et les essences qui se répandent dans l’air avant de finir dans la poussière de la route. Les cris de la foule semblent se renforcer, comme si chacun hurlait dans un porte-voix, car les nombreuses arcades dont Jérusalem est remplie créent un écho qui ne cesse de les amplifier.

J’entends crier — et je crois que cela veut dire ce que rapportent[3] les évangélistes — : “ Chalem, Chalem melkil ! ” (ou malkit : je m’efforce de rendre le son des mots, mais c’est difficile, car ils ont des aspirations que nous n’avons pas). C’est un brouhaha continu, semblable au mugissement d’une mer en tempête, dans laquelle le grondement de la vague qui fouette la plage et les rochers n’est pas encore retombé qu’une autre lame le reprend et le renforce en un nouveau claquement, sans jamais s’arrêter. J’en suis assourdie !

Parfums, odeurs, cris, couleurs, des branches et des vêtements qui s’agitent… C’est une vision étourdissante.

590.14

Dans cette foule qui n’en finit pas de se mélanger, je reconnais des visages qui apparaissent et disparaissent : des disciples venus des diverses régions de Palestine, tous ceux qui suivent Jésus… J’entrevois Jaïre, je remarque Jaia, l’adolescent de Pella (me semble-t-il) qui était aveugle avec sa mère et que Jésus a guéri, je repère Joachim de Bozra et ce paysan de la plaine de Saron avec ses frères, je découvre le vieux et solitaire Matthias, de cet endroit près du Jourdain (rive orientale) où Jésus s’est réfugié quand tout était inondé, je vois Zachée avec ses amis convertis, et aussi le vieux Jean de Nobé avec presque tous ses concitoyens, ou encore le mari de Sarah de Yutta… Mais qui peut retenir un tel kaléidoscope de visages et de noms connus et inconnus, vus plusieurs fois ou une seule ?… Voici maintenant le petit berger pris à Hennon. Non loin se trouve le disciple de Chorazeïn qui délaissa les funérailles de son père pour suivre Jésus ; et, tout près, j’entrevois un instant les parents de Benjamin de Capharnaüm, accompagnés de leur jeune fils, qui manque de tomber sous les pieds de l’ânon en se jetant en avant pour recevoir une caresse de Jésus.

590.15

Malheureusement, je constate aussi la présence de pharisiens et de scribes, livides de colère à la vue de ce triomphe, qui fendent avec arrogance le cercle d’amour qui se serre autour de Jésus, pour venir lui hurler :

« Fais donc taire ces fous ! Rappelle-les à la raison ! Ce n’est qu’à Dieu que l’on adresse des hosannas. Dis-leur de se taire ! »

Jésus répond doucement :

« Même si je leur disais de se taire et s’ils m’obéissaient, les pierres crieraient les prodiges du Verbe de Dieu. »

En effet, les gens crient :

« Hosanna, hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna à lui et à son Règne ! Dieu est avec nous ! L’Emmanuel est venu ! Il est venu, le Royaume du Christ du Seigneur ! Hosanna ! Hosanna sur la terre et au plus haut des Cieux ! Paix ! Paix, mon Roi ! Paix et bénédiction à toi, Roi saint ! Paix et gloire dans les Cieux et sur la terre ! Gloire à Dieu pour son Christ ! Paix aux hommes qui savent l’accueillir ! Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté et gloire au plus haut des Cieux, car l’heure du Seigneur est venue ! »

(Cette dernière acclamation provient du groupe compact des bergers, qui répètent ce qu’ils ont entendu à la Nativité). Outre ces ovations continuelles, les Palestiniens racontent aux pèlerins de la Diaspora les miracles auxquels ils ont assisté. A ceux qui ignorent ce qui arrive, aux étrangers qui passent par hasard à Jérusalem et qui demandent : “ Mais qui est cet homme ? Que se passe-t-il ? ”, ils expliquent :

« C’est Jésus ! Jésus, le Maître de Nazareth de Galilée ! Le Prophète ! Le Messie du Seigneur ! Le Promis ! Le Saint ! »

D’une maison dont le cortège a dépassé depuis peu la porte — car la marche est très lente dans une telle confusion —, sort un groupe de robustes jeunes gens portant en l’air des vases de cuivre pleins de charbon allumé et d’encens, qui brûle en répandant des volutes de fumée odorante. Leur geste est bien vu, et on l’imite. Plusieurs courent en avant ou reviennent en arrière vers leurs maisons pour se faire donner du feu et des résines odorantes, afin de les brûler en hommage au Christ.

590.16

La maison d’Annalia apparaît. La terrasse est entourée d’une guirlande de vigne aux feuilles nouvelles qui tremble sous un doux vent d’avril. Sur le côté qui donne sur la rue, se tient toute une rangée de jeunes filles vêtues et voilées de blanc, au milieu desquelles se trouve Annalia, avec des corbeilles de pétales de roses effeuillées et de muguets qui déjà voltigent en l’air.

« Les vierges d’Israël te saluent, Seigneur ! » dit Jean, qui s’est frayé un chemin pour venir auprès de Jésus, et attire son attention sur la guirlande de pureté qui se penche en souriant du parapet pour joncher le chemin de pétales rouges comme du sang et de muguets blancs comme des perles.

Jésus tire un instant sur les rênes et arrête l’ânon. Il lève la tête et la main pour bénir cette virginité qui lui montre son affection, jusqu’à renoncer à tout autre amour terrestre.

Annalia se penche et s’exclame :

« J’ai vu ton triomphe, mon Seigneur ! Prends ma vie pour ta glorification universelle ! »

Et, pendant que Jésus passe au-dessous de sa maison et poursuit son chemin, elle le salue avec un grand cri :

« Jésus ! »

Alors un autre cri, bien différent, surpasse la clameur de la foule. Mais les gens ont beau l’entendre, ils ne s’arrêtent pas. Ce fleuve d’enthousiasme, ce fleuve de peuple en délire, ne peut s’arrêter. Et alors que les derniers flots de ce fleuve sont encore en dehors de la porte, les premiers montent déjà les pentes qui conduisent au Temple.

590.17

« Ta Mère ! » dit Pierre en indiquant une maison, située presque à l’angle d’une rue qui s’élève vers le mont Moriah et dans laquelle le cortège s’est engagé.

Et Jésus lève la tête pour sourire à sa Mère, qui se tient en haut, parmi les femmes fidèles.

La rencontre d’une importante caravane bloque la foule quelques mètres plus loin. Et pendant que Jésus s’arrête avec les autres, en caressant les enfants que les mères lui présentent, un homme accourt et se fraie un passage en hurlant :

« Laissez-moi passer ! Une femme est morte ! Une jeune fille ! Subitement. Sa mère appelle le Maître. Laissez-moi passer ! Il l’a déjà sauvée une fois ! »

Les gens lui font place, et l’homme arrive auprès de Jésus :

« Maître, la fille d’Elise est morte. Elle t’a saluée de ce cri, puis elle s’est affaissée en disant : “ Je suis heureuse ”, et elle a expiré. Son cœur s’est brisé dans l’allégresse de te voir triomphant. Sa mère m’a vu sur la terrasse près de sa maison, et elle m’a envoyé t’appeler. Viens, Maître.

– Morte ! Annalia, morte ! Mais, hier, elle était encore en bonne santé, et heureuse ! »

Tout agités, les apôtres et les bergers se regroupent. Tout le monde a pu constater, la veille, qu’elle était en parfaite santé. Tout à l’heure à peine, ils l’ont vue rose, riante… Ils n’arrivent pas à y croire… Ils questionnent, s’informent des détails…

« Je ne sais pas. Vous avez tous entendu ses paroles. Elle parlait fort, avec assurance. Puis je l’ai vue s’affaisser, plus blanche que ses vêtements, et j’ai entendu sa mère crier … Je ne sais rien de plus.

590.18

– Ne vous troublez pas, elle n’est pas morte. Une fleur est tombée, et les anges de Dieu l’ont recueillie pour la porter dans le sein d’Abraham. Bientôt, le lys de la terre s’ouvrira, heureux au Paradis, ignorant pour toujours de l’horreur du monde. Homme, dis à Elise de ne pas pleurer le sort de son enfant. Précise qu’elle a obtenu une grande grâce de Dieu et que, d’ici six jours, elle comprendra de quoi il s’agit. Ne pleurez pas. Que personne ne pleure. Son triomphe est encore plus grand que le mien, parce que les anges escortent la vierge pour la conduire à la paix des justes. Et c’est un triomphe éternel, qui grandira sans jamais diminuer. En vérité, je vous dis que c’est pour vous tous, mais pas pour Annalia, que vous avez raison de pleurer. Allons. »

Puis il répète aux apôtres et à ceux qui l’entourent :

« Une fleur est tombée. Elle s’est couchée en paix, et les anges l’ont recueillie. Bienheureuse celle qui est pure de chair et de cœur, car elle va bientôt voir Dieu.

– Mais comment, de quoi est-elle morte, Seigneur ? demande Pierre, qui ne peut y croire.

– D’amour. D’extase. D’une joie infinie. Quelle heureuse mort ! »

Ceux qui sont loin en avant ne savent pas ; ceux qui sont très en arrière pas davantage. Aussi les hosannas continuent-ils, bien qu’auprès de Jésus il se soit formé un cercle de silence pensif.

C’est Jean qui le rompt :

« Ah ! je voudrais connaître le même sort avant les heures qui vont venir !

– Moi aussi » dit Isaac. « Je voudrais voir le visage de la jeune fille morte d’amour pour toi…

– Je vous prie de me sacrifier votre désir. J’ai besoin de vous près de moi…

– Nous ne te quitterons pas, Seigneur. Mais cette mère n’obtiendra-t-elle aucun réconfort ? demande Nathanaël.

– J’y veillerai… »

590.19

Les voilà aux portes de l’enceinte du Temple. Jésus descend de l’ânon, qu’un homme de Bethphagé prend sous sa garde.

Il faut remarquer que Jésus ne s’est pas arrêté à la première porte du Temple, mais qu’il a suivi l’enceinte, jusqu’au moment où il est arrivé du côté nord, près de l’Antonia. C’est là qu’il descend et entre dans le Temple, comme pour bien montrer au pouvoir dominant qu’il ne se cache pas, et se sent innocent dans toute sa conduite.

La première cour du Temple présente le chahut habituel des changeurs et des vendeurs de colombes, passereaux et agneaux… à cette seule différence que tout le monde les a délaissés pour venir voir Jésus.

Celui-ci entre, solennel dans son vêtement de pourpre, et il tourne les yeux vers ce marché, puis vers un groupe de pharisiens et de scribes qui l’observent de dessous un portique.

Son regard étincelle d’indignation. A l’improviste, il bondit au milieu de la cour. Il semble voler, comme une flamme, car son vêtement flamboie sous le soleil qui inonde la cour. Et il tonne d’une voix puissante :

« Hors de la maison de mon Père ! Le Temple n’est pas un lieu d’usure et de marché. Il est écrit[4] : “ Ma maison sera appelée maison de prière. ” Pourquoi donc avez-vous fait une caverne de voleurs de cette maison où est invoqué le nom du Seigneur ? Hors d’ici ! Purifiez ma maison, pour éviter que, au lieu de me servir de cordes, je vous frappe des foudres de la colère céleste. Sortez d’ici ! Hors d’ici les voleurs, les fraudeurs, les impudiques, les homicides, les sacrilèges, les tenants de la pire idolâtrie : celle de l’amour-propre orgueilleux, les corrupteurs et les menteurs. Dehors ! Dehors ! Sinon, le Très-Haut balaiera pour toujours ce lieu et exercera sa vengeance sur tout un peuple. »

Il ne réitère pas les coups de fouet de l’autre fois[5] mais, comme les marchands et les changeurs tardent à obéir, il va au comptoir le plus proche et le renverse en répandant sur le sol balances et pièces de monnaie.

Les vendeurs et les changeurs se hâtent de suivre l’ordre de Jésus, après avoir vu ce premier exemple. Jésus crie derrière eux :

« Combien de fois devrai-je vous dire que cet endroit ne doit pas être un lieu de souillure, mais de prière ? »

Et il regarde les hommes du Temple qui, obéissant aux ordres du Pontife, ne font pas le moindre geste de représailles.

590.20

Une fois la cour purifiée, Jésus se dirige vers les portiques où sont rassemblés des aveugles, des paralytiques, des muets, des estropiés et autres handicapés qui l’invoquent à grands cris.

« Que voulez-vous que je fasse pour vous ?

– La vue, Seigneur ! Les membres ! Que mon fils parle ! Que ma femme guérisse ! Nous croyons en toi, ô Fils de Dieu !

– Que Dieu vous écoute. Levez-vous et chantez les louanges du Seigneur ! »

Ce n’est pas un par un qu’il guérit les nombreux malades, mais il fait de la main un geste large, et grâce et guérison descendent sur les malheureux, qui se relèvent en bonne santé, avec des cris de joie qui se mêlent à ceux des nombreux enfants qui se serrent près de lui en répétant :

« Gloire, gloire au Fils de David ! Hosanna à Jésus de Nazareth, Roi des Rois, et Seigneur des Seigneurs ! »

Des pharisiens s’adressent à lui en feignant le respect :

« Maître, tu les entends ? Ces enfants disent ce qu’il ne faut pas dire. Reprends-les ! Qu’ils se taisent !

– Pourquoi donc ? Le roi prophète, le roi de ma race, n’a-t-il pas dit[6] : “ De la bouche des enfants et des nourrissons tu as fait jaillir la louange parfaite pour confondre tes ennemis ” ? N’avez-vous pas lu ces paroles du psalmiste ? Permettez aux petits de chanter mes louanges. Elles leur sont suggérées par leurs anges gardiens, qui voient sans cesse mon Père, en connaissent les secrets et les suggèrent à ces innocents. Maintenant, laissez-moi tous aller prier le Seigneur. »

Passant alors devant la foule, il se rend dans la Cour des Juifs pour prier…

Plus tard, longeant la piscine probatique, il sort de la ville par une autre porte pour retourner sur les collines du mont des Oliviers.

590.21

Les apôtres sont enthousiastes… Le triomphe leur a donné de l’assurance, et ils ont complètement oublié l’effroi que les paroles du Maître avaient suscité… Ils parlent de tout… Ils brûlent d’être renseignés sur la mort d’Annalia. Non sans peine, Jésus les retient d’y aller, en les assurant qu’il y pourvoira d’une manière qu’il connaît, lui… Ils sont sourds, parfaitement sourds à toute parole d’avertissement divin… Ô hommes, hommes, hommes, qu’un cri de louange rend oublieux de tout…

Jésus parle aux serviteurs de Marie de Magdala qui l’ont rejoint au Temple, puis il les congédie…

« Et maintenant, où allons-nous ? s’informe Philippe.

– A la maison de Marc, fils de Jonas ? demande Jean.

– Non, au camp des Galiléens. Peut-être mes frères sont-ils venus, et je veux les saluer, dit Jésus.

– Tu pourrais attendre demain pour cela, remarque Jude.

– Il est bon de le faire tant que c’est possible. Allons chez les Galiléens. Ils seront contents de nous voir. Vous aurez des nouvelles de vos familles. Moi, je verrai les enfants…

– Et ce soir ? Où allons-nous dormir ? A Jérusalem ? A quel endroit ? Là où se trouve ta Mère ? Ou bien chez Jeanne ? s’enquiert Judas.

– Je l’ignore. Certainement pas en ville. Peut-être encore sous quelques tentes galiléennes…

– Mais pourquoi ?

– Parce que je suis le Galiléen et que j’aime ma patrie. Allons ! »

Ils se remettent en route pour monter vers le camp des Galiléens, qui se trouve sur l’oliveraie du côté de Béthanie ; c’est tout un groupement de tentes toutes blanches sous le joyeux soleil d’avril.

590.22

Jésus dit :

« Ma secrétaire si patiente, place ici la vision “ Le soir du dimanche des Rameaux ” (4 mars 1945). Que ma paix soit avec toi. »

590.1

Jesús pasa su brazo sobre los hombros de su Madre, que se había levantado cuando Juan y Santiago de Alfeo habían llegado donde Ella para decirle: «Tu Hijo viene». Luego éstos habían regresado para reunirse con sus compañeros, que caminan lentamente, y van hablando. Mientras, Tomás y Andrés han ido ligeros hacia Betfagé para buscar al asna y al pollino y llevarlos a Jesús.

Jesús, entretanto, habla a las mujeres. «Hemos llegado a la ciudad. Os aconsejo que os marchéis y vayáis seguras. Entrad antes que Yo en la ciudad. En En Rogel están todos los pastores y los discípulos más leales. Tienen la orden de escoltaros y protegeros».

«Es que… Hemos hablado con Aser de Nazaret y Abel de Belén de Galilea, y también con Salomón. Habían venido hasta aquí para observar tu llegada. La muchedumbre prepara una gran fiesta. Y queríamos ver… ¿Ves cómo se agitan las copas de los olivos? No es el viento el que las agita de ese modo. Es la gente, que coge ramas para sembrar de ellas el camino y para resguardarte del sol. ¡¿Y allá?! Mira, allá están quitando a las palmas sus ventalles. Parecen racimos, pero son hombres que han trepado a los troncos para coger y coger… Y en las laderas puedes ver cómo los niños, agachados, recogen flores. Y las mujeres, sin duda, están despojando huertos y jardines de corolas y hierbas olorosas para sembrarte el camino de flores. Nosotras queríamos ver… e imitar el gesto de María de Lázaro, que recogió todas las flores pisadas por tu pie cuando entraste en el jardín de Lázaro» ruega, por todas, María de Cleofás.

Jesús acaricia en la mejilla a su anciana pariente, que parece una niña deseosa de ver un espectáculo, y le dice: «En medio de la masa de gente no veríais nada. Id adelante. A la casa de Lázaro. La que está custodiada por Matías. Pasaré por allí y me veréis desde arriba».

«Hijo mío… ¿y vas solo? ¿No puedo estar a tu lado?» dice María, alzando una cara muy triste y fijando sus ojos de cielo en su dulce Hijo.

«Quisiera rogarte que estuvieras oculta. Como la paloma en la hendidura de la roca. ¡Más que tu presencia me es necesaria tu oración, Mamá amada!».

«Si es así, Hijo mío, nosotras oraremos. Todas. Por ti».

«Sí. Después de verle pasar, vendréis con nosotras a mi palacio de Sión. Y mandaré servidores al Templo y siempre detrás del Maestro, para que nos traigan sus órdenes y sus noticias» decide María de Lázaro, siempre rápida en captar lo que es mejor hacer y en hacerlo sin vacilación.

«Tienes razón, hermana. Aunque me duela no seguirle, comprendo la justicia de la orden. Y, además, Lázaro nos ha dicho que no contradigamos al Maestro en nada, sino que le obedezcamos hasta en las cosas menos importantes. Y lo haremos».

«Pues entonces marchaos. ¿Veis? Las calles se animan. Están llegando los apóstoles. Marchaos. La paz sea con vosotras. Os mandaré llamar en las horas que juzgue buenas. Mamá, adiós. Ten paz. Dios está con nosotros». La besa y se despide de ella. Y las obedientes discípulas se marchan solícitas.

590.2

Los diez apóstoles llegan donde Jesús. «¿Las has mandado adelante?».

«Sí. Verán desde una casa mi entrada».

«¿Desde qué casa?» pregunta Judas de Keriot.

«¡Son ya muchas las casas amigas!» dice Felipe.

«¿No la de Analía?» insiste Judas Iscariote.

Jesús responde negativamente y se encamina hacia Betfagé, que está poco lejos.

Cercana ya la tiene cuando vuelven los dos que habían sido enviados por el asna y el pollino. Gritan: «Hemos encontrado las cosas como habías dicho. Y te habríamos traído los animales. Pero el dueño quiere almohazarlos y adornarlos con los mejores jaeces, para honrarte. Y los discípulos, unidos a los que han pasado la noche en las calles de Betania, para honrarte, quieren tener el honor de traértelos. Nosotros hemos asentido. Nos ha parecido que su amor merecía un premio».

«Habéis hecho bien. Entretanto, vamos adelante».

«¿Son muchos los discípulos?» pregunta Bartolomé.

«¡Oh, una multitud! No se logra entrar por las calles de Betfagé. Por eso le he dicho a Isaac que lleve el asno a casa de Cleante el quesero» responde Tomás.

«Has hecho bien. Vamos hasta aquel rellano del collado. Vamos a esperar a la sombra de aquellos árboles un poco».

Van a donde Jesús señala.

«¡Pero nos alejamos! ¡Pasas Betfagé rodeándola por detrás!» exclama Judas Iscariote.

«Y si quiero hacerlo, ¿quién me lo puede prohibir? ¿Acaso estoy ya prisionero, de forma que no me sea lícito ir a donde quiera? ¿Es que hay prisa en que lo esté y se teme que pueda evadirme de la captura? Y, si juzgara oportuno alejarme por lugares más seguros, ¿alguien podría impedírmelo?». Jesús asaetea con sus ojos al Traidor, que ya no abre la boca y que se encoge de hombros como diciendo “haz lo que te parezca”.

En efecto, dan la vuelta por detrás del pueblecito, que yo diría que es un suburbio de la propia ciudad, porque por el lado oeste está verdaderamente muy poco separado de la ciudad, formando parte ya de las laderas del Monte de los Olivos, que corona a Jerusalén por el lado oriental. Abajo, entre las laderas y la ciudad, el Cedrón brilla bajo el sol de abril.

Jesús se sienta en aquel silencio verde y se concentra en sus pensamientos. Luego se levanta y va justo hasta el borde del rellano.

590.3

Dice Jesús: «Aquí pondrás la visión del 31 de julio de 1944: “Jesús llora ante Jerusalén”, desde la frase que te he dicho como principio de la visión». Y luego, de nuevo, me muestra las fases de su entrada triunfal.

30 de julio de 1944.

590.4

No sé cómo voy a describir, porque me siento tal mal del corazón que a duras penas puedo estar sentada. Pero, bueno, así es. Debo escribir lo que veo.

Se me ilumina el Evangelio de hoy, noveno domingo después de Pentecostés.

Desde un collado cercano a Jerusalén, Jesús mira a la ciudad, que se extiende a sus pies. No es un collado muy alto: como mucho, como puede serlo la plaza de San Miniato del monte, en Florencia. Pero basta para que la vista domine la extensión de todas las casas y calles que suben y bajan por las pequeñas elevaciones de terreno que constituyen Jerusalén. Este collado, eso sí, respecto al Calvario, es mucho más alto, si se toma el nivel más bajo de la ciudad; y está más cerca de la muralla. Comienza verdaderamente a dos pasos de ésta. Por esta parte de las murallas, se eleva con pronunciado desnivel, mientras que, por la otra, desciende suavemente hacia una campiña toda verde que se extiende hacia el Este (al menos me parece el Oriente, si juzgo bien la luz solar).

Jesús y los suyos están bajo un grupo de árboles, a la sombra, sentados. Descansan del camino recorrido. Luego Jesús se levanta, deja el espacio arbolado donde estaban sentados y se llega justo hasta el borde del rellano. Su alto físico —así, erguido y solo, parece todavía más alto— destaca neto en el vacío que le rodea. Tiene las manos recogidas sobre el pecho, sobre el manto azul, y mira serio, serio.

Los apóstoles le observan. Pero no le estorban, no moviéndose ni hablando. Deben pensar que se ha separado para orar.

Pero Jesús no está rezando. Primero mira durante un tiempo largo a la ciudad, mira a todos sus barrios y a todas sus elevaciones y a todos sus detalles, a veces fijando su mirada largamente en éste o en aquel punto, otras veces con menor insistencia; luego se echa a llorar, sin convulsiones ni ruido. Las lágrimas llenan las órbitas, luego salen y ruedan por las mejillas y caen… Lagrimones silenciosos y llenos de tristeza, como de una persona que sabe que debe llorar solo, sin esperar consuelo y comprensión de alguien, por un dolor que no puede ser anulado y que, sin remisión, debe ser sufrido.

590.5

El hermano de Juan, por su posición, es el primero que ve ese llanto y se lo dice a los otros, los cuales, asombrados, se miran.

«Ninguno de nosotros ha hecho alguna cosa mal» dice uno, y otro: «Tampoco ha habido insultos de la gente, ni estaba entre ella ninguno de sus enemigos». «¿Por qué llora entonces?» pregunta el más anciano de todos.

Pedro y Juan se levantan al mismo tiempo y se acercan al Maestro. Piensan que lo único que debe hacerse es hacerle sentir que le quieren y preguntarle qué le sucede.

«Maestro, ¿estás llorando?» dice Juan mientras apoya su cabeza rubia en el hombro de Jesús, que le supera en altura todo el cuello y la cabeza. Y Pedro, poniéndole una mano en la cintura, ciñéndole casi con un abrazo para arrimarle hacia sí, le dice: «¿Qué te aflige, Jesús? Dínoslo a nosotros, que te queremos».

Jesús apoya la mejilla en la cabeza rubia de Juan, y, abriendo los brazos, pasa a su vez el brazo por el hombro de Pedro. Permanecen en este abrazo los tres, en una postura de mucho amor. Pero el llanto sigue goteando.

Juan, que siente que desciende entre sus cabellos, le pregunta de nuevo: «¿Por qué lloras, Maestro mío? ¿Es que te hemos adolorado nosotros?».

Los otros apóstoles se han añadido al grupo amoroso y ansiosamente esperan una respuesta.

«No» dice Jesús. «No vosotros. Vosotros sois amigos míos, y la amistad, cuando es sincera, es bálsamo y sonrisa, nunca llanto.

590.6

Quisiera que permanecierais siempre en esta amistad conmigo, incluso ahora, que vamos a entrar en la corrupción que fermenta y que pudre a quien no tiene decidida voluntad de conservarse honesto».

«¿A dónde vamos, Maestro? ¿No a Jerusalén? La gente ya te ha saludado con alegría. ¿Quieres defraudarla? ¿Es que vamos a Samaria para algún prodigio? ¿Justo ahora, que la Pascua está cercana?». Varios al mismo tiempo hacen las preguntas.

Jesús levanta las manos e impone silencio. Luego, con la derecha, señala a la ciudad. Un gesto amplio, como de una persona que fuera sembrando delante de sí. Y dice: «Ésa es la Corrupción. Entramos en Jerusalén. Entramos en ella. Y sólo el Altísimo sabe cómo quisiera santificarla llevando a ella la Santidad que viene de los Cielos. Santificar de nuevo, a esta que debería ser la Ciudad santa. Pero no podré hacerle nada. Corrompida está y corrompida se queda. Y los ríos de santidad que brotan del Templo vivo, y que más aún brotarán dentro de pocos días hasta dejarle vacío de vida, no serán suficientes para redimirla. Vendrá al Santo la Samaria y el mundo pagano. Sobre los templos falsos se alzarán los templos del Dios verdadero. Los corazones de los gentiles adorarán al Cristo. Pero este pueblo, esta ciudad le será siempre adversa y su odio la llevará al mayor de los pecados.

590.7

Ello debe suceder. ¡Pero, ay de aquellos que sean instrumentos de este delito! ¡Ay de ellos!…».

Jesús mira fijamente a Judas, que está casi enfrente de Él.

«Eso a nosotros no nos sucederá nunca. Somos tus apóstoles y creemos en ti, dispuestos a morir por ti». Judas miente desvergonzadamente y resiste la mirada de Jesús sin turbación. Los otros unen a ello sus declaraciones en la misma línea.

Jesús responde a todos, evitando responder a Judas directamente.

«Quiera el Cielo que así seáis. Pero en vosotros hay todavía mucha debilidad y la tentación podría haceros semejantes a los que me odian. Orad mucho y velad mucho por vosotros mismos. Satanás sabe que está para ser derrotado y quiere vengarse arrebatándoos de mis manos. Satanás está alrededor de todos nosotros: de mí, para impedirme hacer la voluntad del Padre y cumplir mi misión; de vosotros, para reduciros a siervos suyos. Velad. Dentro de esas murallas, Satanás se apoderará de aquel que no sepa ser fuerte. Aquel para quien el haber sido elegido será maldición, porque hizo de su elección una finalidad humana. Os he elegido para el Reino de los Cielos y no para el del mundo. Recordad esto.

590.8

Y tú, ciudad que quieres tu destrucción, ciudad por la que lloro: que sepas que tu Cristo ora por tu redención. ¡Ah, si al menos en esta hora que te queda supieras venir a quien sería tu paz! ¡Si al menos comprendieras en esta hora al Amor que pasa por ti, y te despojaras del odio que te ciega y te enloquece, que te hace cruel respecto a ti misma y a tu bien! ¡Pero llegará el día en que recordarás esta hora! ¡Demasiado tarde, entonces, para llorar y arrepentirte! El Amor habrá pasado y habrá desaparecido de tus calles. Quedará el Odio que has preferido. Y el Odio se volverá contra ti, contra tus hijos. Porque se tiene lo que se ha querido y el odio se paga con el odio. Y no será, entonces, un odio de fuertes contra inermes, sino odio contra odio, y, por tanto, guerra y muerte. Acorralada por trincheras y soldados, languidecerás antes de ser destruida y verás caer a tus hijos por armas y hambre y a los supervivientes ir como prisioneros, y los verás escarnecidos, y pedirás misericordia, mas no la hallarás porque no has querido conocer tu Salud. Lloro, amigos, porque tengo corazón de hombre y las ruinas de la patria le sacan lágrimas. Pero es justo que esto se cumpla, porque la corrupción supera entre estas murallas todo límite y atrae el castigo de Dios. ¡Ay de los ciudadanos que sean causa del mal de la patria! ¡Ay de los dirigentes, que son la causa principal de ello! ¡Ay de aquellos que deberían ser santos para conducir a los demás a la honestidad, y que, al contrario, profanan la Casa de su ministerio y se profanan a sí mismos! Venid. De nada servirá mi acción. Pero ¡hagamos que la Luz resplandezca una vez más en las Tinieblas!».

Y Jesús desciende, seguido por los suyos. Va rápido por el camino, el rostro serio, yo diría: casi ceñoso. Y ya no habla. Entra en una casita que está al pie del collado. Y ya no veo más.

590.9

Dice Jesús:

«La escena narrada por Lucas parece sin conexión, casi ilógica. ¿Lamento las desdichas de una ciudad culpable y no tengo conmiseración de sus hábitos? No, no tengo, no puedo tener conmiseración de ellos, porque son precisamente estos hábitos los que engendran las desdichas; y verlos agudiza mi dolor. Mi ira contra los profanadores del Templo es la lógica consecuencia de mi meditación sobre las ya cercanas desdichas de Jerusalén.

Los castigos del Cielo están siempre provocados por las profanaciones del culto de Dios y de la Ley de Dios. Haciendo de la Casa de Dios una cueva de ladrones, aquellos sacerdotes indignos y aquellos indignos creyentes (de nombre sólo) atraían para todo el pueblo maldición y muerte. Es inútil dar uno u otro nombre al mal que hace sufrir a un pueblo; buscad su justo nombre en esto: “Castigo por una vida de animales”. Dios se retira y el Mal avanza. Éste es el fruto de una vida nacional indigna del nombre de cristiana.

Como entonces, tampoco ahora, en esta fracción de siglo, he dejado de aguijar y llamar; pero, como entonces, lo único que he obtenido para mí y para los instrumentos por mí usados ha sido burla, indiferencia y odio. Recuerden, no obstante, las personas en particular y las naciones, recuerden que inútilmente lloran cuando antes no quisieron conocer su salvación. Inútilmente me invocan cuando en la hora en que me hallaba con ellos me expulsaron con una guerra sacrílega que, partiendo de las conciencias particulares, devotas del Mal, se extendió por toda la Nación. Las Patrias no se salvan tanto con las armas, cuanto con una forma de vida que atraiga las protecciones del Cielo.

Descansa, pequeño Juan. Y trata de ser siempre fiel a tu elección. Ve en paz».

¡Qué esfuerzo! ¡Verdaderamente no puedo más…!

[30 de marzo de 1947]

590.10

Casi no ha tenido tiempo Jesús de entrar en la casa bendiciendo a los que en ella moran, y ya se oye el sonido alegre de cascabeles y voces festivas. Un instante después, la cara enjuta y pálida de Isaac aparece en la abertura de la puerta y el fiel pastor entra y se postra ante su Señor Jesús.

En el marco de la puerta, abierta de par en par, se apiñan muchas caras (y detrás se ven todavía más). Gente que choca, que se apretuja, que quiere abrirse paso… Algún grito de mujer, algún llanto de niño atrapado en medio del gentío, y gritos de saludo y exclamaciones festivas: «¡Dichoso este día que te trae de nuevo a nosotros! ¡La paz a ti, Señor! Bien vuelves, Maestro, a premiar nuestra fidelidad».

Jesús se pone en pie y hace ademán de hablar. Todos callan. La voz de Jesús se oye con nitidez. «¡Paz a vosotros! No os apretujéis. Vamos a subir juntos al Templo. He venido para estar con vosotros. ¡Paz! ¡Paz! No os hagáis daño. ¡Dejad paso, amados míos! Dejadme salir, y seguidme, porque entraremos juntos en la Ciudad santa».

590.11

La gente, bien o mal, obedece. Y se abre un poco de camino. Lo suficiente como para que Jesús pueda salir y montar en el pollino (porque Jesús señala como cabalgadura para Él el pollino que hasta ahora nunca ha sido montado). Entonces, unos ricos peregrinos comprimidos entre el gentío extienden sobre la grupa del animal sus suntuosos mantos, y uno de ellos hinca una rodilla en tierra mientras con la otra hace de escalón para el Señor, que se sienta en la grupa del pollino de asna. El viaje empieza. Pedro va a un lado del Maestro e Isaac al otro, teniendo las bridas del animal, que aunque no esté domado camina tranquilo, como si estuviera acostumbrado a ese oficio, sin inquietarse o asustarse de las flores que a menudo —dado que las arrojan hacia Jesús— le dan al animalito en los ojos o en el blando morro; ni tampoco de las ramas de olivo y de las hojas de palma que la gente agita delante y alrededor de él, arrojadas al suelo para que hagan de alfombra junto con las flores; ni de los gritos, cada vez más fuertes, de: «¡Hosanna, Hijo de David!» que se elevan al cielo sereno mientras la muchedumbre se va adensando cada vez más y aumenta por otros que han llegado nuevos.

Pasar por Betfagé, por entre las callejuelas estrechas y tortuosas, no es cosa fácil. Las madres deben coger en brazos a los niños, y los hombres deben proteger de golpes demasiado violentos a las mujeres. Y algún padre monta a su hijito a caballo de sus hombros y le lleva así alto, más alto que la gente, mientras las vocecitas de los niños parecen balidos de corderos o chillidos de golondrinas y sus manitas echan las flores y hojas de olivo que les dan sus madres, y también besos, al manso Jesús…

Una vez fuera del pequeño arrabal, el cortejo se ordena y se extiende. Muchos, diligentemente, se adelantan para ir abriendo la marcha liberando el camino. Otros los siguen, esparciendo ramos en el suelo. Uno tiene la iniciativa de arrojar su manto como alfombra, y otro y cuatro y diez y cien y mil le imitan. La calle presenta en su centro una faja multicolor de indumentos extendidos en el suelo. Una vez que Jesús pasa, recogen los indumentos y los llevan más adelante, con otros, con otros, y más flores, ramos, hojas de palma, que la gente agita y arroja; y se elevan gritos más fuertes en torno al Rey de Israel, al Hijo de David, a su Reino, en torno a Él y en honor de Él.

590.12

Los soldados que están de guardia en la puerta salen a ver qué sucede. Pero como no se trata de una sedición, apoyados en sus lanzas se hacen a un lado y observan admirados o irónicos el extraño cortejo de ese Rey que cabalga un pollino de asna, hermoso Él como un dios, humilde como el más pobre de los hombres, manso, bendecidor… rodeado de mujeres y niños y hombres desarmados que gritan: «¡Paz! ¡Paz!»; de este Rey que antes de entrar en la ciudad se detiene un momento a la altura de los sepulcros de Hinnón y de Siloán (creo que refiero bien estos lugares donde he visto milagros de leprosos otras veces), y apoyándose en el único estribo en que descansa su pie —pues está sentado en el asno, no a caballo de él—, se yergue y abre los brazos mientras eleva su voz en dirección a aquellas laderas horrendas (donde se asoman caras y cuerpos horrorosos mirando hacia Jesús y alzando el grito quejumbroso de los leprosos: «¡Estamos infectados!», para alejar a algunos imprudentes que, con tal de ver a Jesús, subirían incluso a esos corrompidos e infectados rellanos): «¡El que tenga fe en mí que invoque mi Nombre y reciba por ello la salud!», y bendice para reanudar luego la marcha, ordenando a Judas de Keriot: «Comprarás alimentos para los leprosos y, con Simón, se los llevarás antes de que anochezca».

590.13

Cuando el cortejo entra por debajo de la bóveda de la Puerta de Siloán y luego, como un torrente, irrumpe dentro de la ciudad, al pasar por el barrio de Ofel —donde todas las terrazas se han transformado en una pequeña, aérea plaza colmada de gente jubilosa que arroja a la calle flores y perfumes, tratando de eque caigan sobre el Maestro, y el aire está saturado del olor de las flores que mueren bajo los pasos de las turbas y de la esencia que se esparce en el aire antes de caer al polvo del camino—, al pasar por el barrio de Ofel, el grito de la multitud parece aumentar y hacerse fuerte como si cada uno lo gritara con una bocina, porque los espacios abovedados de que está llena Jerusalén lo amplifican con resonancias continuas.

Oigo gritar, y creo que quiere decir lo que escriben los evangelistas: «¡Salem, Salem melquil!» (o malquit: trato de representar el sonido de las palabras, pero es difícil porque tienen aspiraciones que nosotros no tenemos). Es un grito continuo, semejante al bramido de un mar en tempestad en que antes de que cese el fragor del golpe que azota playas y escolleras ya otro golpe lo recoge y lo alza de nuevo formando un nuevo fragor, sin tregua alguna. ¡Estoy ensordecida…!

Perfumes, olores, gritos, agitación de ramos y de indumentos, colores, chillidos… Es una visión que aturde.

590.14

Veo mezclarse continuamente a la muchedumbre, aparecer y desaparecer caras conocidas: todos los discípulos de todos los lugares de Palestina, todos los seguidores… Veo a Jairo, a Yaia —me parece—, el jovencito de Pel.la que era ciego como su madre y al que Jesús curó. Veo a Joaquín de Bosra y a aquel campesino de la llanura de Sarón con sus hermanos; veo al anciano y solitario Matías en cuya casa, de aquel lugar del Jordán (orilla oriental), Jesús se refugió mientras todo estaba inundado; y a Zaqueo con sus amigos convertidos; veo al anciano Juan de Nob con casi todos los habitantes de esta ciudad; veo al marido de Sara de Yuttá… Pero ¿quién puede llevar la cuenta de caras y nombres, si es un calidoscopio de caras conocidas y desconocidas, vistas varias veces o una vez sólo?… Y ahora la cara del pastorcito de Enón, y junto a él el discípulo de Corazín que dejó de sepultar a su padre por seguir a Jesús; y, al lado de él, un instante, al padre y la madre de Benjamín de Cafarnaúm con su hijito, que por poco si se cae debajo de las patas del asno por echarse hacia delante y recibir una caricia de Jesús.

590.15

Y —por desgracia— caras de fariseos y escribas (lívidos de ira por este triunfo) que hienden atropelladores el círculo de amor apiñado en torno a Jesús, y gritan: «¡Manda callar a estos locos! ¡Hazles entrar en razón! ¡Los hosanna son sólo para Dios! ¡Di que se callen!».

A lo cual Jesús responde dulcemente: «¡Aunque les dijera que se callasen y me obedecieran, las piedras gritarían los prodigios del Verbo de Dios!».

Y es que, en efecto, la gente, además de gritar: «¡Hosanna, hosanna al Hijo de David! ¡Bendito el que viene en nombre del Señor! ¡Hosanna a Él y a su Reino! ¡Dios está con nosotros! ¡El Emmanuel ha venido! ¡Ha venido el Reino del Cristo del Señor! ¡Hosanna! ¡Hosanna desde la Tierra hasta lo alto del Cielo! ¡Paz! ¡Paz, mi Rey! ¡Paz y bendición a ti, Rey santo! ¡Paz y gloria en los Cielos y en la Tierra! ¡Gloria a Dios por su Cristo! ¡Paz a los hombres que le saben acoger! ¡Paz en la Tierra a los hombres de buena voluntad y gloria en los Cielos Altísimos porque la hora del Señor ha venido!» (y quien grita esto último es el grupo compacto de los pastores, que repiten el grito natalicio); además de estas exclamaciones continuas, la gente de Palestina narra a los peregrinos de la Diáspora los milagros que han visto, y, a quienes no saben lo que está sucediendo —por ser extranjeros, de paso fortuitamente por la ciudad— y que preguntan: «¿Pero quién es éste?, ¿qué sucede», les explican: «¡Es Jesús!, ¡Jesús, el Maestro de Nazaret de Galilea! ¡El Profeta! ¡El Mesías del Señor! ¡El Prometido! ¡El Santo!».

De una casa —sobrepasada su puerta poco antes porque la marcha es lentísima en medio de tanta confusión— sale un grupo de robustos jóvenes llevando en alto recipientes de cobre llenos de carbones encendidos, y de incienso que arde y esparce nubes de humo oloroso. Y otros recogen este gesto y lo repiten, de forma que muchos corren adelante o vuelven hacia atrás, a sus casas, para proveerse de fuego y resinas olorosas para quemarlas en honor del Cristo.

590.16

Aparece la casa de Analía; la terraza, enguirnaldada con vid de hojas nuevas, temblorosas por un leve viento abrileño; presenta en el lado de la calle toda una fila de jovencitas vestidas y veladas de blanco —en cuyo centro está Analía—, con cestos de pétalos de rosas deshojadas y de muguetes, que ya revolean en el aire.

«¡Las vírgenes de Israel te saludan, Señor!» dice Juan, que se ha abierto paso y ahora está al lado de Jesús, atrayendo su atención hacia la guirnalda de pureza que se asoma sonriendo tras el pretil para sembrar la calle de pétalos rojos como la sangre y muguetes blancos como perlas.

Jesús sujeta un instante los ramales y para al pollino. Levanta la cara y la mano para bendecir a esa virginidad, enamorada de Él hasta el punto de renunciar a todo amor terreno.

Y Analía se echa hacia delante y grita: «¡He visto tu triunfo, Señor! ¡Toma mi vida para tu glorificación universal!» y, mientras Jesús pasa por debajo de su casa y prosigue, le saluda con un grito altísimo: «¡Jesús!».

Y otro, un grito distinto, sobrepuja el clamor de la muchedumbre. Pero la gente, a pesar de oírlo, no se detiene. Es un río de entusiasmo, un río irrefrenable de pueblo en delirio. Y, mientras las últimas ondas de este río están todavía fuera de las puertas, las primeras ya acometen las subidas que conducen al Templo.

590.17

«¡Ahí está tu Madre!» grita Pedro señalando a una casa situada casi en la esquina de una calle que sube al Moria y por la que el cortejo se encanala. Y Jesús alza su cara para sonreír a su Madre, que está allí arriba entre las mujeres fieles.

Un tapón producido por una nutrida caravana detiene al cortejo pocos metros después de haber sobrepasado la casa. Mientras Jesús y los otros se detienen y Él acaricia a los niños que las madres le presentan, acude un hombre y se abre paso gritando: «¡Dejadme pasar! Una mujer ha muerto. Una niña. De repente. La madre pide la presencia del Maestro. ¡Dejadme pasar! ¡Ya la salvó una vez!».

La gente abre paso y el hombre se apresura a ir hasta Jesús: «Maestro, la hija de Elisa ha muerto. Te ha saludado con aquel grito. Luego ha caído hacia atrás diciendo: “¡Soy feliz!” y ha expirado. Su corazón, con el gran júbilo de verte triunfador, se ha quebrado. Su madre me ha visto en la terraza que está al lado de su casa y me ha dicho que viniera a llamarte. ¡Ven, Maestro!».

«¡Muerta! ¡Muerta Analía! ¡Pero si estaba sana, lozana, feliz ayer mismo!». Los apóstoles se arremolinan inquietos, los pastores también. Todos la han visto el día anterior en perfecto estado de salud. Poco antes la han visto rosada, sonriente… No comprenden esta desventura… Quieren saber, preguntan los pormenores…

«No lo sé. Todos habéis oído sus palabras. Hablaba fuerte, segura. Luego la vi ceder hacia atrás, más blanca que sus vestidos, y oí a su madre que gritaba… No sé nada más».

590.18

«No os inquietéis. No está muerta. Ha caído una flor y los ángeles de Dios la han recogido para llevarla al seno de Abraham. Pronto la azucena de la Tierra se abrirá feliz en el Paraíso, e ignorará para siempre el horror del mundo. Hombre, di a Elisa que no llore por el destino de su criatura. Dile que Dios ha otorgado una especial gracia a Analía, y que dentro de seis días comprenderá qué gracia ha concedido Dios a su hija. No lloréis. Que no llore nadie. Su exaltación es aún mayor que la mía, porque cortejo de la virgen son los ángeles para llevarla a la paz de los justos. Y es una exaltación eterna, que aumentará de grado y no conocerá nunca merma. En verdad os digo que tenéis motivo de llanto en todos vosotros y no en Analía. Vamos». Y repite a los apóstoles y a quienes están alrededor de Él: «Ha caído una flor. Se ha echado en paz y los ángeles la han recogido. Dichosa la pura de carne y corazón, porque pronto verá a Dios».

«¿Pero cómo, de qué ha muerto, Señor?» pregunta Pedro, que no logra comprender.

«De amor, de éxtasis, de gozo infinito. ¡Una muerte feliz!».

Los que están muy adelante no saben lo que está sucediendo; los que están muy atrás, tampoco. Por tanto, los gritos de hosanna continúan, aunque aquí, junto a Jesús, se haya creado un círculo de pensativo silencio.

Juan lo rompe: «¡Quisiera seguir su misma suerte antes de los momentos que van a venir!».

«Yo también» dice Isaac. «Quisiera ver el rostro de la jovencita muerta de amor por ti…».

«Os ruego que me sacrifiquéis vuestro deseo. Necesito teneros a mi lado…».

«No te dejaremos, Señor. ¿Pero, para la madre, ningún consue­lo?» pregunta Natanael.

«Me ocuparé de que lo tenga».

590.19

Están ya ante las puertas de las murallas del Templo. Jesús baja del jumento. Uno de Betfagé se encarga de cuidar del pollino.

Hay que tener en cuenta que Jesús no se ha parado en la primera puerta del Templo, sino que ha orillado la muralla y no se ha detenido antes de llegar al lado norte de ésta, cerca de la Antonia. Ahí baja y entra en el Templo, como para mostrar que, sintiendo inocentes todas sus acciones, no se esconde del poder dominante.

El primer patio del Templo presenta el habitual jaleo de cambistas y vendedores de palomas, gorriones y corderos; sólo que ahora toda la gente deja plantados a los vendedores para ir a ver a Jesús. Jesús entra, majestuoso con su túnica purpúrea. Pasa su mirada por ese mercado. Mira a un grupo de fariseos y escribas que, bajo un pórtico, observan.

Le centellea de indignación el rostro. En un instante se pone en el centro del patio. Una reacción improvisa que ha parecido un vuelo, el vuelo de una llama (de llama es su túnica, en efecto, bajo el sol que inunda el patio): «¡Fuera de la casa de mi Padre! Éste no es lugar de usura ni de mercado. Está escrito[1]: “Mi casa será llamada casa de oración”. ¿Por qué habéis transformado en cueva de ladrones esta casa en que se invoca el Nombre del Señor? ¡Fuera! Limpiad mi Casa: no os vaya a suceder que en vez de correas descargue sobre vosotros los rayos de la ira celeste. ¡Fuera! Fuera de aquí los ladrones, los estafadores, los deshonestos, los homicidas, los sacrílegos, los idólatras que tienen la peor idolatría: la del propio yo soberbio, los corruptores y los embusteros. ¡Fuera! ¡Fuera! Si no, Yo os digo que el Dios altísimo arrasará para siempre este lugar y tomará venganza contra todo un pueblo».

No repite la agresión de la otra vez[2], con el azote, pero, viendo que mercaderes y cambistas vacilan en obedecer, va al banco más cercano y lo vuelca, esparciendo por el suelo balanzas y monedas.

Los vendedores y cambistas, visto este primer ejemplo, sin demora, ponen por obra la orden de Jesús, seguidos por el grito de Él: «¿Y cuántas veces voy a tener que decir que éste no debe ser lugar de inmundicia, sino de oración?». Mira a los del Templo, los cuales, obedientes a las órdenes del Pontífice, no emprenden gesto alguno de represalia.

590.20

Limpio ya el patio, Jesús se dirige hacia los pórticos, bajo los cuales hay ciegos, paralíticos, mudos, lisiados y otros enfermos que le invocan con fuerte voz.

«¿Qué queréis de mí?».

«¡La vista, Señor! ¡Los miembros! ¡Que mi hijo hable! ¡Que mi mujer se cure! ¡Nosotros creemos en ti, Hijo de Dios!».

«Que Dios os escuche. ¡Alzaos y alabad al Señor!».

No cura uno a uno a los muchos enfermos, sino que hace un amplio gesto con la mano, y de ella manan gracia y salud para estos pobrecillos que ahora se yerguen sanos y emiten gritos de júbilo que se mezclan con los de los muchos niños que se arriman a Jesús repitiendo: «¡Gloria, gloria al Hijo de David! ¡Hosanna a Jesús Nazareno, Rey de reyes y Señor de señores!».

Algunos fariseos, con fingida deferencia y voz alta dicen: «Maestro, ¿oyes lo que dicen? Estos niños dicen algo que no debe decirse. ¡Repréndelos! ¡Que callen!».

«¿Por qué? ¿No dijo[3], acaso, el rey profeta, el rey de mi linaje: “De la boca de los niños y de los lactantes has hecho brotar la alabanza perfecta para confusión de tus enemigos”? ¿No habéis leído esas palabras del salmista? Dejad que los niños expresen mis alabanzas. Se las inspiran sus ángeles, que ven constantemente a mi Padre y conocen sus secretos y se los transmiten a estos inocentes. Ahora dejadme todos que vaya a orar al Señor» y, pasando por delante de la gente, se introduce en el patio de los israelitas para orar…

Luego, saliendo por otra puerta, pasando muy cerca de la piscina Probática, sale de la ciudad para volver hacia las lomas del monte de los Olivos.

590.21

Se ve entusiastas a los apóstoles… Esta exaltación los hace sentirse seguros, hace que olviden completamente todo el terror que las palabras del Maestro habían suscitado… Hablan de todo… Ansían tener noticias acerca de Analía. No sin dificultad, Jesús los retiene —quieren ir—, asegurando que va a poner los medios que Él conoce… Sordos, sordos, sordos a toda voz divina de aviso… hombres, hombres, hombres a los que un grito de hosanna hace olvidar todo…

Jesús habla con los domésticos de María de Magdala, que se habían unido a Él en el Templo; luego se despide de ellos…

«¿Y ahora a dónde vamos?» pregunta Felipe.

«¿A casa de Marcos de Jonás?» dice Juan.

«No. Al campo de los Galileos. Quizá hayan venido mis hermanos. Quisiera saludarlos» dice Jesús.

«Podrás hacerlo mañana» le señala Judas Tadeo.

«Bueno es obrar mientras se puede obrar. Vamos donde los galileos. Se alegrarán de vernos. Vosotros tendréis noticias de las familias y Yo veré a los niños…».

«¿Y esta noche? ¿Dónde vamos a dormir? ¿En la ciudad? ¿En qué lugar? ¿Dónde está tu Madre? ¿En casa de Juana?» pregunta Judas Iscariote.

«No lo sé. Desde luego, en la ciudad no. Quizá todavía en alguna tienda galilea…».

«¿Pero por qué?».

«Porque soy el Galileo y amo a mi patria. Vamos».

Se ponen en marcha subiendo hacia el campo de los Galileos —todo un albear de tiendas bajo el alegre sol abrileño—, que está arriba, en el monte de los Olivos, orientado hacia Betania.

590.22

Dice Jesús: «Mi paciente secretaria, coloca aquí la visión: “La noche del Domingo de Ramos” (4 de marzo de 1945), y que mi paz esté contigo».


Notes

  1. Comme la colombe au creux des rochers, en Ct 2, 14.
  2. racontée, en Lc 19, 41-46.
  3. rapportent : en Mt 21, 9 ; Mc 11, 9-10 ; Lc 19, 37-38 ; Jn 12, 12-13.
  4. Il est écrit, en Is 56, 7 ; Jr 7, 11.
  5. de l’autre fois, au cours de la première année de vie publique, en 53.4.
  6. dit, en Ps 8, 3.

Notas

  1. Está escrito, en: Isaías 56, 7; Jeremías 7, 11.
  2. de la otra vez, en el primer año de la vida pública, en 53.4.
  3. dijo, en Salmo 8, 3.