Gli Scritti di Maria Valtorta

590. Jésus pleure sur Jérusalem.

590. Il pianto su Gerusalemme e l’entrata

590.1

Jésus entoure de son bras les épaules de sa Mère, qui s’est levée quand Jean et Jacques, fils d’Alphée, l’ont rejointe pour lui annoncer : “ Ton Fils arrive ”, avant de revenir sur leurs pas pour se réunir à leurs compagnons. Ceux-ci avancent lentement en devisant, tandis que Thomas et André ont couru vers Bethphagé pour chercher l’ânesse et l’ânon et les amener à Jésus.

Jésus, pendant ce temps, parle aux femmes :

« Nous voici près de la ville. Je vous conseille d’y aller. Ce sera en toute sûreté. Entrez dans la ville avant moi. Près d’En-Rogel se trouvent les bergers et les disciples les plus fidèles. Ils ont l’ordre de vous escorter et de vous protéger.

– C’est que… Nous avons parlé avec Aser de Nazareth et Abel de Bethléem de Galilée, et aussi avec Salomon. Ils étaient venus jusqu’ici pour guetter ton arrivée. La foule prépare une grande fête. Et nous voulions y assister… Tu vois comme le haut des oliviers remue ? Ce n’est pas le vent qui les agite ainsi : ce sont des gens qui coupent des branches pour en joncher le chemin et t’abriter du soleil. Et là-bas ? Regarde, ils sont en train de dépouiller les palmiers de leurs éventails. On dirait des grappes, mais ce sont des hommes, grimpés sur les troncs, qui n’en finissent pas de cueillir… Et sur les pentes, vois les enfants qui se baissent pour cueillir des bouquets. Quant aux femmes, elles dépouillent sûrement les jardins de leurs fleurs et de plantes odorantes pour en tapisser la route devant toi. Nous voulions voir… et imiter le geste de Marie-Madeleine, qui a recueilli toutes les fleurs foulées par ton pied lorsque tu es entré dans le jardin de Lazare » demande Marie, femme de Cléophas, au nom de toutes.

Jésus caresse sur la joue sa vieille parente, qui ressemble à une enfant désireuse d’assister à un spectacle, et il lui répond :

« Dans la foule, tu ne verrais rien. Partez dès maintenant à la maison de Lazare, celle dont Matthias est le gardien. Je passerai par là, et vous me verrez d’en-haut.

– Mon Fils… tu y vas seul ? Je ne peux rester près de toi ? demande Marie en levant son visage si triste et en fixant ses yeux de ciel sur son doux Fils.

– Je voudrais te prier de rester cachée. Comme la colombe au creux des rochers[1]. Encore plus que ta présence, c’est ta prière qui m’est nécessaire, Maman chérie !

– S’il en est ainsi, mon Fils, nous prierons, toutes, pour toi.

– Oui. Après l’avoir vu passer, vous viendrez avec nous dans mon palais de Sion. Et j’enverrai des serviteurs au Temple, et toujours à la suite du Maître, pour qu’ils nous apportent ses ordres et ses nouvelles, décide Marie, sœur de Lazare, toujours prompte à saisir ce qu’il convient de faire, et à le mettre en œuvre sans attendre.

– Tu as raison, ma sœur. J’ai beau être peinée de ne pas suivre Jésus, je comprends le bien-fondé de son ordre. Du reste, Lazare nous a recommandé de ne contredire le Maître en rien, et de lui obéir dans les moindres détails. Et c’est ce que nous ferons.

– Dans ce cas, allez-y. Vous voyez ? Les routes s’animent. Les apôtres sont sur le point de me rejoindre. Allez. Que la paix soit avec vous. Je vous ferai venir aux heures que je jugerai bonnes. Maman, adieu. Sois en paix. Dieu est avec nous.»

Il l’embrasse et la congédie. Obéissantes, les disciples s’é­loignent sans tarder.

590.2

Les dix apôtres rejoignent Jésus :

« Tu les as envoyées de l’avant ?

– Oui, à une maison d’où elles regarderont mon entrée.

– Laquelle ? demande Judas.

– Les maisons amies sont désormais si nombreuses ! s’exclame Philippe.

– Pas chez Annalia ? insiste Judas.

Jésus répond négativement et se met en chemin vers Bethphagé, qui n’est guère éloignée.

Il en est tout proche quand reviennent les deux apôtres qu’il a envoyés prendre l’ânesse et l’ânon. Ils s’écrient :

« Nous avons tout trouvé comme tu l’as dit, et nous t’aurions volontiers amené les animaux. Mais leur propriétaire a voulu les étriller et les orner des meilleurs harnachements pour te faire honneur. Et les disciples, unis à ceux qui ont passé la nuit dans les rues de Béthanie pour te rendre gloire, veulent avoir le privilège de te les conduire. Nous y avons consenti. Il nous a semblé que leur amour méritait une récompense.

– Vous avez bien fait. Avançons, en attendant.

– Les disciples sont-ils nombreux? demande Barthélemy.

– Une multitude ! Il est impossible de passer par les rues de Bethphagé. C’est pourquoi j’ai conseillé à Isaac de conduire l’âne chez Cléonte, le fromager, répond Thomas.

– Tu as eu raison. Allons jusqu’à cet escarpement des collines, et attendons un peu à l’ombre de ces arbres. »

Ils vont à l’endroit indiqué par Jésus.

« Mais nous nous éloignons ! Tu dépasses Bethphagé en la contournant par derrière ! s’écrie Judas.

– Si je veux le faire, qui peut m’en empêcher ? Suis-je déjà prisonnier, pour qu’il ne me soit pas permis d’aller là où je veux ? Est-on pressé que je le sois et craint-on que je puisse échapper à la capture ? Et si j’estimais bon de m’éloigner pour préférer des lieux plus sûrs, quelqu’un pourrait-il me le défendre ? »

Jésus darde son regard sur le traître, qui se tait et hausse les épaules, comme pour dire : “ Fais ce que bon te semble. ”

Ils tournent en effet derrière le petit village. C’est, pour ainsi dire, un faubourg de Jérusalem : du côté ouest, il est en effet si peu éloigné de la ville, qu’il fait déjà partie des pentes de l’oliveraie qui couronne Jérusalem du côté oriental. En bas, entre les pentes et la ville, le Cédron brille sous le soleil d’avril.

Jésus s’assied dans cette verdure silencieuse et se plonge dans ses pensées. Puis il se lève et va sur la cime de l’escarpement.

590.3

Jésus me dit :

« Tu inséreras ici la vision du 31 juillet 1944 : “ Jésus pleure sur Jérusalem ”, à partir de la phrase que je t’ai dite pour commencer la vision. »

Puis il recommence à me montrer les épisodes de son entrée triomphale.

Le 30 juillet 1944.

590.4

Je ne sais comment faire pour écrire, car mon cœur me fait tellement souffrir que j’ai du mal à rester assise. Mais cela fait bien longtemps qu’il en est ainsi. Je dois écrire ce que je vois.

Ce qui m’apparaît, c’est l’Evangile d’aujourd’hui, celui du 9e dimanche après la Pentecôte.

D’un coteau près de Jérusalem, Jésus contemple la ville qui s’étend à ses pieds.

Ce coteau n’est pas plus haut que la petite place San Miniato al Monte, à Florence, mais cela suffit pour que l’œil domine l’étendue des maisons et des rues qui montent et descendent selon les petites dénivélations où s’élève Jérusalem. Si l’on part du niveau le plus bas de la ville, cette colline est bien plus haute que le Calvaire, mais elle est plus proche de l’enceinte que ce dernier. Prenant appui tout contre les murs, elle s’élève rapidement en s’en éloignant, alors que, de l’autre côté, elle descend mollement vers une campagne toute verte qui s’étend vers l’est, du moins si j’en juge à la lumière du soleil.

Assis à l’ombre d’un bosquet, Jésus et ses disciples se reposent du chemin parcouru. Puis Jésus se lève, quitte l’endroit boisé où ils étaient et grimpe au sommet du coteau.

Sa haute stature se détache nettement dans l’espace vide qui l’entoure. Il paraît encore plus grand ainsi, debout et seul. Il tient les mains serrées sur sa poitrine, sur son manteau bleu. Son regard est très sérieux.

Les apôtres l’observent, mais ils le laissent faire sans bouger ni parler. Ils doivent penser qu’il s’est éloigné pour prier.

Mais Jésus ne prie pas. Après avoir longuement contemplé la ville, tous ses quartiers, toutes ses dénivélations, toutes ses particularités, en s’attardant parfois sur tel ou tel point, ou inversement en insistant moins, Jésus se met à pleurer, sans bruit ni sanglots.

Les larmes gonflent ses yeux, puis coulent et roulent sur ses joues avant de tomber par terre… ce sont des larmes silencieuses, extrêmement tristes, comme celles de quelqu’un qui sait qu’il doit pleurer, seul, sans nul espoir de réconfort ou de compréhension de qui que ce soit, et cela à cause d’une douleur qui ne peut être évitée et qui doit absolument être subie.

590.5

De par sa position, le frère de Jean est le premier à s’en rendre compte, et il prévient les autres, qui se regardent avec étonnement.

« Aucun de nous n’a mal agi, remarque l’un d’eux.

– La foule elle-même ne nous a pas insultés. Personne ne s’est montré hostile.

– Alors pourquoi pleure-t-il ? » s’interroge le plus âgé.

Pierre et Jean se lèvent d’un même mouvement et s’approchent du Maître. Ils pensent que l’unique chose à faire, c’est de lui montrer qu’ils l’aiment et de lui demander ce qu’il a.

« Maître, tu pleures ? » demande Jean en posant sa tête blonde sur l’épaule de Jésus, qui le dépasse de la tête et du cou.

Pierre lui glisse une main autour de la taille, comme pour l’attirer à lui, et lui dit :

« Quelque chose te fait souffrir, Jésus ? Confie-le-nous, à nous qui t’aimons. »

Jésus appuie sa joue sur la tête blonde de Jean et, desserrant les bras, il passe à son tour son bras autour de l’épaule de Pierre. Ils restent ainsi tous trois enlacés, dans une pose pleine d’affection. Mais les larmes continuent de couler.

Jean, qui les sent tomber sur ses cheveux, l’interroge une nouvelle fois :

« Pourquoi pleures-tu, mon Maître ? T’avons-nous peiné en quoi que ce soit ? »

Les autres apôtres se sont unis au groupe affectueux et attendent anxieusement une réponse.

« Non, répond Jésus, ce n’est pas votre faute. Vous êtes pour moi des amis, et l’amitié, quand elle est sincère, est baume et sourire, jamais larme.

590.6

Je voudrais que vous restiez toujours mes amis. Même maintenant que nous allons entrer dans la corruption qui fermente et qui déprave celui qui n’a pas la ferme volonté de rester honnête.

– Où allons-nous, Maître ? Pas à Jérusalem ? La foule t’a déjà salué joyeusement. Veux-tu la décevoir ? Ou bien allons-nous en Samarie pour quelque prodige ? Justement maintenant que la Pâque est proche ? »

Les questions fusent de tout côté.

Jésus lève la main pour imposer le silence puis, de sa main droite, il montre la ville, en un large geste qui rappelle celui du semeur :

« Elle est la Corruption. Nous entrons dans Jérusalem. Nous y entrons. Et seul le Très-Haut sait combien je voudrais la sanctifier en y amenant la Sainteté qui vient des Cieux. Je souhaiterais sanctifier à nouveau cette ville, qui devrait être la Cité sainte. Mais je ne pourrai rien faire pour elle. Elle est et reste corrompue. Et les fleuves de sainteté qui jaillissent du Temple vivant, et qui jailliront encore davantage dans quelques jours jusqu’à le vider de sa vie, ne suffiront pas à la racheter. La Samarie et le monde païen viendront au Saint. Sur les temples mensongers s’élèveront les temples du vrai Dieu. Les cœurs des païens adoreront le Christ. Mais ce peuple-ci, cette ville, lui seront toujours ennemis. La haine de Jérusalem la poussera à commettre le plus grand péché.

590.7

Cela doit arriver. Mais malheur à ceux qui seront les instruments de ce crime. Malheur !… »

Jésus regarde fixement Judas, qui se tient presque en face de lui.

« Cela ne nous arrivera jamais. Nous sommes tes apôtres, nous croyons en toi, et nous sommes prêts à mourir pour toi. »

Judas ment effrontément et soutient sans rougir le regard de Jésus.

Les autres unissent leurs protestations.

Jésus répond à tous pour éviter de répondre directement à Judas.

« Veuille le Ciel qu’il en soit ainsi, mais vous avez encore beaucoup de faiblesse en vous, et la tentation pourrait vous rendre semblables à ceux qui me haïssent. Priez beaucoup et soyez très vigilants. Satan sait qu’il va être vaincu, et il veut se venger en vous arrachant à moi. Satan rôde autour de nous tous : autour de moi, pour m’empêcher de faire la volonté du Père et d’accomplir ma mission ; autour de vous, pour que vous vous mettiez à son service. Veillez. Dans ces murs, Satan prendra celui qui ne saura pas être fort, celui pour qui avoir été choisi se transformera en malédiction, parce qu’il aura réduit cette élection à des visées humaines. Je vous ai choisis pour le Royaume des Cieux, et non pour celui du monde. Souvenez-vous-en.

590.8

Quant à toi, cité qui veux ta perte et sur qui je pleure, sache que ton Christ prie pour ta rédemption. Ah ! si au moins, en cette heure qui te reste, tu savais venir à Celui qui serait ta paix ! Si au moins tu comprenais, en cette heure, l’Amour qui passe au milieu de toi, et si tu renonçais à la haine qui te rend aveugle, folle, cruelle contre toi-même et contre ton bien ! Un jour viendra où tu te rappelleras cette heure ! Mais il sera trop tard pour pleurer et te repentir ! L’Amour sera passé et aura disparu de tes routes ; il restera la Haine que tu lui as préférée. Or cette haine se retournera contre toi, contre tes enfants. Car on obtient ce qu’on a voulu, et la haine se paie par la haine.

Qui plus est, cette haine ne sera pas celle des forts contre un inoffensif : ce sera haine contre haine, et donc guerre et mort. Entourée de tranchées et d’hommes en armes, tu souffriras avant d’être détruite ; tu verras tomber tes fils tués par les armes et par la faim, et les survivants être prisonniers et méprisés. Alors tu demanderas miséricorde, et tu ne la trouveras plus parce que tu n’as pas voulu reconnaître ton Salut.

Je pleure, mes amis, parce que j’ai un cœur d’homme, et les ruines de ma patrie m’arrachent des larmes. Mais ce qui est juste doit s’accomplir, puisque, dans ces murs, la corruption dépasse toute limite et attire le châtiment de Dieu. Malheur aux citoyens qui sont la cause du mal de leur patrie ! Malheur aux chefs qui en sont la principale cause ! Malheur à ceux qui devraient être saints pour amener les autres à être honnêtes, mais qui profanent au contraire la Maison de leur ministère et eux-mêmes ! Venez. Mon action ne servira à rien. Mais faisons en sorte que la Lumière brille encore une fois au milieu des ténèbres ! »

Et Jésus descend, suivi des apôtres. Il marche d’un pas rapide sur le chemin, l’air sérieux, j’irai jusqu’à dire presque renfrogné. Il ne parle plus. Il entre dans une petite maison au pied de la colline, et je ne vois pas autre chose.

590.9

Jésus dit :

« La scène racontée[2] par Luc paraît sans lien, pour ainsi dire illogique : je déplore les malheurs d’une ville coupable et je ne sais pas compatir aux habitudes de cette ville ?

Non. Je ne sais pas, je ne peux y compatir, puisque ce sont justement ces habitudes qui engendrent les malheurs ; leur vue avive ma douleur. Ma colère contre les profanateurs du Temple est la conséquence naturelle de ma méditation sur les calamités qui vont toucher prochainement Jérusalem.

Ce sont toujours les profanations du culte de Dieu, de la Loi de Dieu, qui provoquent les châtiments du Ciel. En faisant de la Maison de Dieu une caverne de voleurs, ces prêtres indignes et ces indignes croyants (de nom seulement) attiraient sur tout le peuple malédiction et mort. Inutile de donner tel ou tel nom au mal qui fait souffrir un peuple. C’est celui-ci : “ Punition d’une vie de brutes. ” Dieu se retire, et le Mal s’avance. Voilà le fruit d’une vie nationale indigne du nom de chrétienne.

Au cours des dernières décennies comme aujourd’hui, je n’ai pas manqué par des prodiges de secouer les âmes et d’appeler à la conversion. Mais, comme alors, je n’ai attiré sur moi et mes instruments que moquerie, indifférence et haine. Pourtant, les individus et les nations doivent se souvenir que leurs larmes sont vaines s’ils n’ont pas voulu reconnaître leur salut auparavant. C’est en vain qu’ils m’invoquent quand, à l’heure où j’étais avec eux, ils m’ont chassé par une guerre sacrilège qui, en partant de consciences particulières vouées au Mal, s’est répandue dans toute la nation. Les patries sont sauvées, moins par les armes que par une manière de vivre qui attire les protections du Ciel.

Repose-toi, petit Jean, et fais en sorte d’être toujours fidèle au choix que j’ai fait de toi. Va en paix. »

Quelle fatigue ! Je n’en peux vraiment plus…

[Le 30 mars 1947].

590.10

A peine Jésus a-t-il le temps d’entrer dans la maison pour en bénir les habitants que l’on entend des grelots tintinnabuler joyeusement, ainsi que des voix en fête. Peu après, le visage émacié et pâle d’Isaac apparaît dans l’ouverture de la porte, et le fidèle berger entre et se prosterne devant son Seigneur.

Dans l’encadrement de la porte grande ouverte se pressent de nombreux visages, et d’autres apparaissent derrière… On se bouscule, on s’entasse, on veut avancer… Des cris de femmes, des pleurs d’enfants s’élèvent au milieu de la cohue, ainsi que des salutations, des cris joyeux :

« Heureux jour qui te ramène à nous ! Paix à toi, Seigneur ! C’est un joyeux retour, Maître, pour récompenser notre fidélité. »

Jésus se lève et fait signe qu’il va parler. Tout le monde se tait, et on entend nettement sa voix.

« Paix à vous ! Ne vous bousculez pas. Nous allons monter ensemble au Temple. Je suis venu pour être avec vous. Paix ! Paix ! Ne vous faites pas de mal. Faites place, mes bien-aimés ! Laissez-moi passer et suivez-moi, pour que nous entrions ensemble dans la Cité sainte. »

590.11

Les gens obéissent tant bien que mal, et s’écartent assez pour que Jésus puisse sortir. Il prend l’ânon, qui n’a jamais été débourré jusqu’alors, et monte dessus. De riches pèlerins, qui se pressent dans la foule, étendent alors sur le dos de l’animal leurs somptueux manteaux. Un homme met un genou à terre et fait de l’autre un marchepied pour le Seigneur, qui s’assied sur sa monture. Le voyage commence. Pierre marche à côté du Maître et, de l’autre côté, Isaac tient la bride de l’ânon. Bien que celui-ci ne soit pas habitué à jouer ce rôle, il avance paisiblement sans s’emballer. Il ne s’effraie même pas des fleurs lancées vers Jésus, qui atteignent souvent les yeux et le museau de l’animal, ni des branches d’olivier et des feuilles de palmiers agitées devant et autour de lui, jetées par terre avec des fleurs pour servir de tapis, ni des cris de plus en plus forts : “ Hosanna au Fils de David ! ” qui s’élèvent vers le ciel serein, pendant que la foule se tasse de plus en plus et grossit à cause des nouveaux venus.

Passer par Bethphagé et ses étroites rues sinueuses n’est pas chose facile : les mères doivent prendre leurs enfants dans leurs bras, et les hommes protéger les femmes de coups trop violents ; il arrive qu’un père place son fils à califourchon sur ses épaules pour lui permettre de dominer la foule, tandis que les voix des tout-petits ressemblent à des bêlements d’agneaux ou à des cris d’hirondelles et que leurs menottes lancent les fleurs et les feuilles d’oliviers présentées par leurs mères, et envoient des baisers au doux Jésus…

Une fois sorti des rues étroites de la bourgade, le cortège se remet en ordre et se déploie, et de nombreux volontaires vont de l’avant pour prendre la tête du groupe et désencombrer le chemin. D’autres les suivent en jonchant le sol de branches et quelqu’un, le premier, jette son manteau pour servir de tapis, imité par un autre, puis par quatre, dix, cent, mille personnes. Le centre du chemin est composé d’une bande multicolore de vêtements étendus sur le sol ; après le passage de Jésus, ils sont repris et portés en avant, avec d’autres, et encore d’autres, et toujours plus de fleurs, de branchages, de feuilles de palmiers s’agitent ou sont jetés par terre. Des cris plus forts s’élèvent tout autour en l’honneur du Roi d’Israël, à l’adresse du Fils de David, de son Royaume !

590.12

Les soldats de garde à la porte sortent pour voir ce qui arrive. Mais ce n’est pas une sédition et, appuyés sur leurs lances, ils se mettent de côté pour observer, d’un air étonné ou ironique, l’étrange cortège de ce Roi, beau comme un dieu, simple comme le plus pauvre des hommes, doux, bénissant, et assis sur un ânon… entouré de femmes, d’enfants et d’hommes désarmés criant : “ Paix ! Paix ! ” Avant d’entrer en ville, ce Roi s’arrête un moment à la hauteur des tombeaux des lépreux de Hinnon et de Siloan (je crois que c’est bien le nom de ces lieux où j’ai vu d’autres fois des miracles de guérison de lépreux). Prenant appui sur l’unique étrier sur lequel repose son pied — puisqu’il est assis sur l’âne mais ne le chevauche pas —, il se lève et ouvre les bras, puis il crie dans la direction de ces pentes horribles, où des visages et des corps effrayants apparaissent en regardant vers Jésus et font monter la plainte lamentable des lépreux : “ Nous sommes infectés ! ”, pour écarter les imprudents éventuels qui, pour bien voir Jésus, grimperaient même sur ces terrasses contaminées :

« Que celui qui a foi invoque mon nom et recouvre ainsi la santé ! »

Puis il reprend sa route en les bénissant, avant d’ordonner à Judas :

« Tu achèteras de la nourriture pour les lépreux, et avec Simon tu la leur porteras avant ce soir. »

590.13

Le cortège passe sous la voûte de la porte de Siloan, puis se déverse comme un torrent dans la ville en traversant le faubourg d’Ophel, où chaque terrasse est devenue une petite place aérienne remplie de gens qui crient des hosannas, jettent des fleurs et renversent des parfums en contrebas, dans la rue, en essayant d’atteindre le Maître. L’air est embaumé par les fleurs qui meurent sous les pas de la foule, et les essences qui se répandent dans l’air avant de finir dans la poussière de la route. Les cris de la foule semblent se renforcer, comme si chacun hurlait dans un porte-voix, car les nombreuses arcades dont Jérusalem est remplie créent un écho qui ne cesse de les amplifier.

J’entends crier — et je crois que cela veut dire ce que rapportent[3] les évangélistes — : “ Chalem, Chalem melkil ! ” (ou malkit : je m’efforce de rendre le son des mots, mais c’est difficile, car ils ont des aspirations que nous n’avons pas). C’est un brouhaha continu, semblable au mugissement d’une mer en tempête, dans laquelle le grondement de la vague qui fouette la plage et les rochers n’est pas encore retombé qu’une autre lame le reprend et le renforce en un nouveau claquement, sans jamais s’arrêter. J’en suis assourdie !

Parfums, odeurs, cris, couleurs, des branches et des vêtements qui s’agitent… C’est une vision étourdissante.

590.14

Dans cette foule qui n’en finit pas de se mélanger, je reconnais des visages qui apparaissent et disparaissent : des disciples venus des diverses régions de Palestine, tous ceux qui suivent Jésus… J’entrevois Jaïre, je remarque Jaia, l’adolescent de Pella (me semble-t-il) qui était aveugle avec sa mère et que Jésus a guéri, je repère Joachim de Bozra et ce paysan de la plaine de Saron avec ses frères, je découvre le vieux et solitaire Matthias, de cet endroit près du Jourdain (rive orientale) où Jésus s’est réfugié quand tout était inondé, je vois Zachée avec ses amis convertis, et aussi le vieux Jean de Nobé avec presque tous ses concitoyens, ou encore le mari de Sarah de Yutta… Mais qui peut retenir un tel kaléidoscope de visages et de noms connus et inconnus, vus plusieurs fois ou une seule ?… Voici maintenant le petit berger pris à Hennon. Non loin se trouve le disciple de Chorazeïn qui délaissa les funérailles de son père pour suivre Jésus ; et, tout près, j’entrevois un instant les parents de Benjamin de Capharnaüm, accompagnés de leur jeune fils, qui manque de tomber sous les pieds de l’ânon en se jetant en avant pour recevoir une caresse de Jésus.

590.15

Malheureusement, je constate aussi la présence de pharisiens et de scribes, livides de colère à la vue de ce triomphe, qui fendent avec arrogance le cercle d’amour qui se serre autour de Jésus, pour venir lui hurler :

« Fais donc taire ces fous ! Rappelle-les à la raison ! Ce n’est qu’à Dieu que l’on adresse des hosannas. Dis-leur de se taire ! »

Jésus répond doucement :

« Même si je leur disais de se taire et s’ils m’obéissaient, les pierres crieraient les prodiges du Verbe de Dieu. »

En effet, les gens crient :

« Hosanna, hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna à lui et à son Règne ! Dieu est avec nous ! L’Emmanuel est venu ! Il est venu, le Royaume du Christ du Seigneur ! Hosanna ! Hosanna sur la terre et au plus haut des Cieux ! Paix ! Paix, mon Roi ! Paix et bénédiction à toi, Roi saint ! Paix et gloire dans les Cieux et sur la terre ! Gloire à Dieu pour son Christ ! Paix aux hommes qui savent l’accueillir ! Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté et gloire au plus haut des Cieux, car l’heure du Seigneur est venue ! »

(Cette dernière acclamation provient du groupe compact des bergers, qui répètent ce qu’ils ont entendu à la Nativité). Outre ces ovations continuelles, les Palestiniens racontent aux pèlerins de la Diaspora les miracles auxquels ils ont assisté. A ceux qui ignorent ce qui arrive, aux étrangers qui passent par hasard à Jérusalem et qui demandent : “ Mais qui est cet homme ? Que se passe-t-il ? ”, ils expliquent :

« C’est Jésus ! Jésus, le Maître de Nazareth de Galilée ! Le Prophète ! Le Messie du Seigneur ! Le Promis ! Le Saint ! »

D’une maison dont le cortège a dépassé depuis peu la porte — car la marche est très lente dans une telle confusion —, sort un groupe de robustes jeunes gens portant en l’air des vases de cuivre pleins de charbon allumé et d’encens, qui brûle en répandant des volutes de fumée odorante. Leur geste est bien vu, et on l’imite. Plusieurs courent en avant ou reviennent en arrière vers leurs maisons pour se faire donner du feu et des résines odorantes, afin de les brûler en hommage au Christ.

590.16

La maison d’Annalia apparaît. La terrasse est entourée d’une guirlande de vigne aux feuilles nouvelles qui tremble sous un doux vent d’avril. Sur le côté qui donne sur la rue, se tient toute une rangée de jeunes filles vêtues et voilées de blanc, au milieu desquelles se trouve Annalia, avec des corbeilles de pétales de roses effeuillées et de muguets qui déjà voltigent en l’air.

« Les vierges d’Israël te saluent, Seigneur ! » dit Jean, qui s’est frayé un chemin pour venir auprès de Jésus, et attire son attention sur la guirlande de pureté qui se penche en souriant du parapet pour joncher le chemin de pétales rouges comme du sang et de muguets blancs comme des perles.

Jésus tire un instant sur les rênes et arrête l’ânon. Il lève la tête et la main pour bénir cette virginité qui lui montre son affection, jusqu’à renoncer à tout autre amour terrestre.

Annalia se penche et s’exclame :

« J’ai vu ton triomphe, mon Seigneur ! Prends ma vie pour ta glorification universelle ! »

Et, pendant que Jésus passe au-dessous de sa maison et poursuit son chemin, elle le salue avec un grand cri :

« Jésus ! »

Alors un autre cri, bien différent, surpasse la clameur de la foule. Mais les gens ont beau l’entendre, ils ne s’arrêtent pas. Ce fleuve d’enthousiasme, ce fleuve de peuple en délire, ne peut s’arrêter. Et alors que les derniers flots de ce fleuve sont encore en dehors de la porte, les premiers montent déjà les pentes qui conduisent au Temple.

590.17

« Ta Mère ! » dit Pierre en indiquant une maison, située presque à l’angle d’une rue qui s’élève vers le mont Moriah et dans laquelle le cortège s’est engagé.

Et Jésus lève la tête pour sourire à sa Mère, qui se tient en haut, parmi les femmes fidèles.

La rencontre d’une importante caravane bloque la foule quelques mètres plus loin. Et pendant que Jésus s’arrête avec les autres, en caressant les enfants que les mères lui présentent, un homme accourt et se fraie un passage en hurlant :

« Laissez-moi passer ! Une femme est morte ! Une jeune fille ! Subitement. Sa mère appelle le Maître. Laissez-moi passer ! Il l’a déjà sauvée une fois ! »

Les gens lui font place, et l’homme arrive auprès de Jésus :

« Maître, la fille d’Elise est morte. Elle t’a saluée de ce cri, puis elle s’est affaissée en disant : “ Je suis heureuse ”, et elle a expiré. Son cœur s’est brisé dans l’allégresse de te voir triomphant. Sa mère m’a vu sur la terrasse près de sa maison, et elle m’a envoyé t’appeler. Viens, Maître.

– Morte ! Annalia, morte ! Mais, hier, elle était encore en bonne santé, et heureuse ! »

Tout agités, les apôtres et les bergers se regroupent. Tout le monde a pu constater, la veille, qu’elle était en parfaite santé. Tout à l’heure à peine, ils l’ont vue rose, riante… Ils n’arrivent pas à y croire… Ils questionnent, s’informent des détails…

« Je ne sais pas. Vous avez tous entendu ses paroles. Elle parlait fort, avec assurance. Puis je l’ai vue s’affaisser, plus blanche que ses vêtements, et j’ai entendu sa mère crier … Je ne sais rien de plus.

590.18

– Ne vous troublez pas, elle n’est pas morte. Une fleur est tombée, et les anges de Dieu l’ont recueillie pour la porter dans le sein d’Abraham. Bientôt, le lys de la terre s’ouvrira, heureux au Paradis, ignorant pour toujours de l’horreur du monde. Homme, dis à Elise de ne pas pleurer le sort de son enfant. Précise qu’elle a obtenu une grande grâce de Dieu et que, d’ici six jours, elle comprendra de quoi il s’agit. Ne pleurez pas. Que personne ne pleure. Son triomphe est encore plus grand que le mien, parce que les anges escortent la vierge pour la conduire à la paix des justes. Et c’est un triomphe éternel, qui grandira sans jamais diminuer. En vérité, je vous dis que c’est pour vous tous, mais pas pour Annalia, que vous avez raison de pleurer. Allons. »

Puis il répète aux apôtres et à ceux qui l’entourent :

« Une fleur est tombée. Elle s’est couchée en paix, et les anges l’ont recueillie. Bienheureuse celle qui est pure de chair et de cœur, car elle va bientôt voir Dieu.

– Mais comment, de quoi est-elle morte, Seigneur ? demande Pierre, qui ne peut y croire.

– D’amour. D’extase. D’une joie infinie. Quelle heureuse mort ! »

Ceux qui sont loin en avant ne savent pas ; ceux qui sont très en arrière pas davantage. Aussi les hosannas continuent-ils, bien qu’auprès de Jésus il se soit formé un cercle de silence pensif.

C’est Jean qui le rompt :

« Ah ! je voudrais connaître le même sort avant les heures qui vont venir !

– Moi aussi » dit Isaac. « Je voudrais voir le visage de la jeune fille morte d’amour pour toi…

– Je vous prie de me sacrifier votre désir. J’ai besoin de vous près de moi…

– Nous ne te quitterons pas, Seigneur. Mais cette mère n’obtiendra-t-elle aucun réconfort ? demande Nathanaël.

– J’y veillerai… »

590.19

Les voilà aux portes de l’enceinte du Temple. Jésus descend de l’ânon, qu’un homme de Bethphagé prend sous sa garde.

Il faut remarquer que Jésus ne s’est pas arrêté à la première porte du Temple, mais qu’il a suivi l’enceinte, jusqu’au moment où il est arrivé du côté nord, près de l’Antonia. C’est là qu’il descend et entre dans le Temple, comme pour bien montrer au pouvoir dominant qu’il ne se cache pas, et se sent innocent dans toute sa conduite.

La première cour du Temple présente le chahut habituel des changeurs et des vendeurs de colombes, passereaux et agneaux… à cette seule différence que tout le monde les a délaissés pour venir voir Jésus.

Celui-ci entre, solennel dans son vêtement de pourpre, et il tourne les yeux vers ce marché, puis vers un groupe de pharisiens et de scribes qui l’observent de dessous un portique.

Son regard étincelle d’indignation. A l’improviste, il bondit au milieu de la cour. Il semble voler, comme une flamme, car son vêtement flamboie sous le soleil qui inonde la cour. Et il tonne d’une voix puissante :

« Hors de la maison de mon Père ! Le Temple n’est pas un lieu d’usure et de marché. Il est écrit[4] : “ Ma maison sera appelée maison de prière. ” Pourquoi donc avez-vous fait une caverne de voleurs de cette maison où est invoqué le nom du Seigneur ? Hors d’ici ! Purifiez ma maison, pour éviter que, au lieu de me servir de cordes, je vous frappe des foudres de la colère céleste. Sortez d’ici ! Hors d’ici les voleurs, les fraudeurs, les impudiques, les homicides, les sacrilèges, les tenants de la pire idolâtrie : celle de l’amour-propre orgueilleux, les corrupteurs et les menteurs. Dehors ! Dehors ! Sinon, le Très-Haut balaiera pour toujours ce lieu et exercera sa vengeance sur tout un peuple. »

Il ne réitère pas les coups de fouet de l’autre fois[5] mais, comme les marchands et les changeurs tardent à obéir, il va au comptoir le plus proche et le renverse en répandant sur le sol balances et pièces de monnaie.

Les vendeurs et les changeurs se hâtent de suivre l’ordre de Jésus, après avoir vu ce premier exemple. Jésus crie derrière eux :

« Combien de fois devrai-je vous dire que cet endroit ne doit pas être un lieu de souillure, mais de prière ? »

Et il regarde les hommes du Temple qui, obéissant aux ordres du Pontife, ne font pas le moindre geste de représailles.

590.20

Une fois la cour purifiée, Jésus se dirige vers les portiques où sont rassemblés des aveugles, des paralytiques, des muets, des estropiés et autres handicapés qui l’invoquent à grands cris.

« Que voulez-vous que je fasse pour vous ?

– La vue, Seigneur ! Les membres ! Que mon fils parle ! Que ma femme guérisse ! Nous croyons en toi, ô Fils de Dieu !

– Que Dieu vous écoute. Levez-vous et chantez les louanges du Seigneur ! »

Ce n’est pas un par un qu’il guérit les nombreux malades, mais il fait de la main un geste large, et grâce et guérison descendent sur les malheureux, qui se relèvent en bonne santé, avec des cris de joie qui se mêlent à ceux des nombreux enfants qui se serrent près de lui en répétant :

« Gloire, gloire au Fils de David ! Hosanna à Jésus de Nazareth, Roi des Rois, et Seigneur des Seigneurs ! »

Des pharisiens s’adressent à lui en feignant le respect :

« Maître, tu les entends ? Ces enfants disent ce qu’il ne faut pas dire. Reprends-les ! Qu’ils se taisent !

– Pourquoi donc ? Le roi prophète, le roi de ma race, n’a-t-il pas dit[6] : “ De la bouche des enfants et des nourrissons tu as fait jaillir la louange parfaite pour confondre tes ennemis ” ? N’avez-vous pas lu ces paroles du psalmiste ? Permettez aux petits de chanter mes louanges. Elles leur sont suggérées par leurs anges gardiens, qui voient sans cesse mon Père, en connaissent les secrets et les suggèrent à ces innocents. Maintenant, laissez-moi tous aller prier le Seigneur. »

Passant alors devant la foule, il se rend dans la Cour des Juifs pour prier…

Plus tard, longeant la piscine probatique, il sort de la ville par une autre porte pour retourner sur les collines du mont des Oliviers.

590.21

Les apôtres sont enthousiastes… Le triomphe leur a donné de l’assurance, et ils ont complètement oublié l’effroi que les paroles du Maître avaient suscité… Ils parlent de tout… Ils brûlent d’être renseignés sur la mort d’Annalia. Non sans peine, Jésus les retient d’y aller, en les assurant qu’il y pourvoira d’une manière qu’il connaît, lui… Ils sont sourds, parfaitement sourds à toute parole d’avertissement divin… Ô hommes, hommes, hommes, qu’un cri de louange rend oublieux de tout…

Jésus parle aux serviteurs de Marie de Magdala qui l’ont rejoint au Temple, puis il les congédie…

« Et maintenant, où allons-nous ? s’informe Philippe.

– A la maison de Marc, fils de Jonas ? demande Jean.

– Non, au camp des Galiléens. Peut-être mes frères sont-ils venus, et je veux les saluer, dit Jésus.

– Tu pourrais attendre demain pour cela, remarque Jude.

– Il est bon de le faire tant que c’est possible. Allons chez les Galiléens. Ils seront contents de nous voir. Vous aurez des nouvelles de vos familles. Moi, je verrai les enfants…

– Et ce soir ? Où allons-nous dormir ? A Jérusalem ? A quel endroit ? Là où se trouve ta Mère ? Ou bien chez Jeanne ? s’enquiert Judas.

– Je l’ignore. Certainement pas en ville. Peut-être encore sous quelques tentes galiléennes…

– Mais pourquoi ?

– Parce que je suis le Galiléen et que j’aime ma patrie. Allons ! »

Ils se remettent en route pour monter vers le camp des Galiléens, qui se trouve sur l’oliveraie du côté de Béthanie ; c’est tout un groupement de tentes toutes blanches sous le joyeux soleil d’avril.

590.22

Jésus dit :

« Ma secrétaire si patiente, place ici la vision “ Le soir du dimanche des Rameaux ” (4 mars 1945). Que ma paix soit avec toi. »

590.1

Gesù passa il suo braccio sulle spalle di sua Madre, che si è alzata quando Giovanni e Giacomo d’Alfeo l’hanno raggiunta per dirle: «Tuo Figlio viene», e poi sono tornati indietro per riunirsi ai compagni che procedono lentamente, parlando, mentre Tommaso e Andrea sono corsi verso Betfage per cercare l’asina e l’asinello e condurli a Gesù.

Gesù intanto parla alle donne. «Eccoci presso alla città. Io vi consiglio di andare. E andare sicure. Entrate prima di Me in città. Presso En Rogel sono tutti i pastori e i più fidi discepoli. Hanno ordine di farvi scorta e protezione».

«È che… Abbiamo parlato con Aser di Nazaret e Abele di Betlemme di Galilea e anche con Salomon. Erano venuti fin qui per spiare il tuo arrivo. La folla prepara gran festa. E noi si voleva vedere… Vedi come si scuotono le cime degli ulivi? Non è vento che le agita così. Ma è la gente che coglie rami per spargerne la via e farti velo al sole. E là?! Guarda là, stanno spogliando le palme dei loro ventagli. Sembrano grappoli e sono uomini saliti sui fusti a cogliere e cogliere… E, sui pendii, vedi curvi i bambini a cogliere fiori. E le donne certo spogliano orti e giardini da corolle e da erbe odorose per giuncarti il cammino di fiori. Noi si voleva vedere… e imitare il gesto di Maria di Lazzaro, che raccolse tutti i fiori premuti dal tuo piede quando entrasti nel giardino di Lazzaro», prega Maria Cleofe per tutte.

Gesù carezza sulla guancia la sua vecchia parente, che sembra una bambina vogliosa di vedere uno spettacolo, e le dice: «Nella gran folla non vedresti nulla. Andate avanti. Alla casa di Lazzaro, quella che ha per custode Mattia. Passerò di là e mi vedrete dall’alto».

«Figlio mio… e vai solo? Non posso starti vicino?», dice Maria alzando il volto così triste e fissando i suoi occhi di cielo sul suo dolce Figlio.

«Vorrei pregarti di stare nascosta. Come la colomba nella fessura della rupe[1]. Più della tua presenza mi è necessaria la tua preghiera, Mamma diletta!».

«Se è così, Figlio mio, noi pregheremo. Tutte. Per Te».

«Sì. Dopo averlo visto passare, verrete con noi nel mio palazzo di Sion. E io manderò dei servi al Tempio e sempre dietro al Maestro, perché essi ci portino i suoi ordini e le sue notizie», decide Maria di Lazzaro, sempre rapida nell’afferrare ciò che è il migliore da farsi e a farlo senza indugio.

«Hai ragione, sorella. Benché mi dolga non seguirlo, comprendo la giustizia dell’ordine. E, del resto, Lazzaro ci ha detto di non contraddire il Maestro in cosa alcuna, ma di ubbidirlo anche nelle cose più tenui. E lo faremo».

«E allora andate. Vedete? Le vie si animano. Stanno per raggiungermi gli apostoli. Andate. La pace sia con voi. Vi farò venire nelle ore che giudicherò buone. Mamma, addio. Abbi pace. Dio è con noi». La bacia e congeda. E le ubbidienti discepole se ne vanno sollecite.

590.2

I dieci apostoli raggiungono Gesù. «Le hai mandate avanti?».

«Sì. Vedranno da una casa la mia entrata».

«Da quale casa?», chiede Giuda di Keriot.

«Eh! sono ormai tante le case amiche!», dice Filippo.

«Non da Annalia?», insiste l’Iscariota.

Gesù risponde negativamente e si incammina verso Betfage, che è poco lontana.

Gli è prossimo quando tornano indietro i due mandati a prendere l’asina e l’asinello. Gridano: «Abbiamo trovato come Tu hai detto e ti avremmo condotto gli animali. Ma il padrone di essi volle strigliarli e ornarli delle migliori bardature per onorarti. E i discepoli, uniti a quelli che hanno passato la notte nelle vie di Betania per onorarti, vogliono avere l’onore di condurteli, e noi abbiamo annuito. Ci è parso che il loro amore meritasse un premio».

«Avete fatto bene. Andiamo avanti, intanto».

«Sono molti i discepoli?», chiede Bartolomeo.

«Oh! una moltitudine. Non si riesce a penetrare per le vie di Betfage. Per questo ho detto a Isacco di condurre l’asino da Cleante il formaggiaio», risponde Tommaso.

«Hai fatto bene. Andiamo sino a quel balzo del colle. E attendiamo un poco all’ombra di quegli alberi».

Vanno dove Gesù indica.

«Ma ci allontaniamo! Tu superi Betfage girandola alle spalle!», esclama l’Iscariota.

«E se voglio farlo, chi me lo può proibire? Sono forse già prigioniero, che non mi sia lecito di andare dove voglio? E c’è forse fretta che Io lo sia e si teme che Io possa sfuggire alla cattura? E se giudicassi giusto di allontanarmi per luoghi più sicuri, c’è alcuno che lo potrebbe impedire?». Gesù dardeggia i suoi occhi sul Traditore, che non apre più bocca e si stringe nelle spalle come per dire: «Fa’ ciò che ti pare».

Girano infatti dietro alle spalle del paesello, direi un sobborgo della stessa città, perché dal lato ovest è proprio poco lontano dalla città, facente già parte delle pendici dell’Uliveto che corona Gerusalemme nel lato orientale. In basso, fra le pendici e la città, il Cedron brilla al sole d’aprile.

Gesù si siede in quel silenzio verde e si concentra nei suoi pensieri. Poi si alza e va proprio sul ciglio del balzo.

590.3

Dice Gesù: «Qui metterai la visione del 31 luglio 1944: “Gesù che piange su Gerusalemme”, dalla frase che ti ho detta per inizio di visione». E poi riprende a mostrarmi le fasi della sua entrata trionfale.

30 luglio 1944.

590.4

Non so come farò a descrivere, perché mi sento tanto male di cuore che non sto seduta che a fatica. Ma tanto è così. Devo scrivere ciò che vedo.

Mi si illumina il Vangelo di oggi, 9ª domenica dopo la Pentecoste.

Da un poggio presso Gerusalemme Gesù guarda la città stesa ai suoi piedi. Non è un poggio molto alto. Al massimo come può esserlo il piazzale di S. Miniato a monte, a Firenze; ma basta perché l’occhio domini sulla distesa di tutte le case e delle vie, che salgono e scendono su e giù per le piccole elevazioni di terreno che costituiscono Gerusalemme. Questo colle è certo molto più alto, se si prende il livello più basso della città, di quanto non sia il Calvario, ma è più vicino alla cinta di quello. Proprio ha inizio appena fuori delle mura e si alza con un balzo ripido dalla parte delle stesse, mentre dall’altra scende mollemente verso una campagna tutta verde che si stende verso est. Almeno mi pare l’oriente, se giudico bene la luce solare.

Gesù e i suoi sono sotto un ciuffo di alberi, all’ombra, seduti. Si riposano del cammino fatto. Poi Gesù si alza, lascia lo spiazzo alberato dove erano seduti e si porta proprio sul ciglio del balzo. La sua alta persona si staglia netta sul vuoto che lo circonda. Pare ancora più alta, dritta così, e sola. Tiene le mani conserte sul petto, sul mantello azzurro, e guarda serio serio.

Gli apostoli l’osservano. Ma lo lasciano fare senza muoversi né parlare. Devono pensare che Egli si sia isolato per pregare.

Ma Gesù non prega. Dopo aver lungamente guardato la città in ogni suo rione, in ogni suo poggio, in ogni sua particolarità, talora con lunghi sguardi su questo o quel punto, talaltra con minore insistenza, Gesù si mette a piangere. Senza scosse o rumore. Le lacrime gonfiano l’orbita, poi sgorgano e rotolano sulle guance e cadono… Lacrimoni silenziosi e tanto tristi. Come di chi sa che deve piangere, solo, senza sperare conforto e comprensione da alcuno. Per un dolore che non può essere annullato e che deve essere sofferto, assolutamente.

590.5

Il fratello di Giovanni, per la sua posizione, è il primo che vede quel pianto e lo dice agli altri, che si guardano l’un l’altro stupiti.

«Nessuno di noi ha fatto male», dice uno; e un altro: «Anche la folla non ebbe insulti. Non vi fu fra essa nessuno a Lui nemico». «Perché piange, allora?», chiede il più anziano di tut­ti.

Pietro e Giovanni si alzano insieme e si accostano al Maestro. Pensano che l’unica cosa da farsi sia fargli sentire che lo amano e chiedere che ha.

«Maestro, Tu piangi?», dice Giovanni posando la sua testa bionda sulla spalla di Gesù, che è più alto di lui di tutto il collo e il capo.

E Pietro, posandogli una mano alla cintura, cingendolo qua­si di un abbraccio per attirarlo a sé, gli dice: «Cosa ti addolora, Gesù? Dillo a noi che ti amiamo».

Gesù appoggia la guancia sulla testa bionda di Giovanni e, disserrando le braccia, passa a sua volta il braccio sulla spalla di Pietro. Restano così abbracciati tutti e tre, in una posa di tanto amore. Ma il pianto continua a gocciare.

Giovanni, che lo sente scendere fra i suoi capelli, torna a chiedere: «Perché piangi, Maestro mio? Forse da noi ti venne pena?».

Gli altri apostoli si sono riuniti al gruppo amoroso e ansiosamente attendono una risposta.

«No», dice Gesù. «Non da voi. Voi mi siete amici e l’amicizia, quando è sincera, è balsamo e sorriso, mai pianto.

590.6

Vorrei che amici mi rimaneste sempre. Anche ora che entreremo nella corruzione, che fermenta e che corrompe chi non ha volontà decisa di rimanere onesto».

«Dove andiamo, Maestro? Non a Gerusalemme? La folla ti ha già salutato con letizia. Vuoi Tu deluderla? Andiamo forse in Samaria per qualche prodigio? Proprio ora che la Pasqua è vicina?». Le domande sono fatte da diversi contemporaneamente.

Gesù alza le mani imponendo silenzio e poi con la destra accenna la città. Un gesto largo come di uno che semini avanti a sé. E dice: «Quella è la Corruzione. Noi entriamo in Gerusalemme. Noi vi entriamo. E solo l’Altissimo sa come vorrei santificarla portandovi la Santità che viene dai Cieli. Risantificarla, questa che dovrebbe essere la Città santa. Ma non potrò farle nulla. Corrotta è e corrotta rimane. E i fiumi di santità che sgorgano dal Tempio vivo, e che ancor più sgorgheranno a giorni sino a lasciarlo vuoto di vita, non saranno sufficienti a redimerla. Verrà al Santo la Samaria e il mondo pagano. Sui templi bugiardi sorgeranno i templi del Dio vero. I cuori dei gentili adoreranno il Cristo. Ma questo popolo, questa città gli sarà sempre nemica, e il suo odio la porterà al più grande peccato.

590.7

Ciò deve avvenire. Ma guai a coloro che saranno strumenti di questo delitto. Guai!…».

Gesù guarda fissamente Giuda che gli è quasi di fronte.

«Ciò a noi non avverrà mai. Noi siamo i tuoi apostoli e crediamo in Te, pronti a morire per Te». Giuda mente spudoratamente e sostiene lo sguardo di Gesù senza impaccio. Gli altri uniscono le loro proteste.

Gesù risponde a tutti evitando di rispondere a Giuda direttamente.

«Voglia il Cielo che tali voi siate. Ma molta debolezza è ancora in voi, e la tentazione potrebbe rendervi simili a coloro che mi odiano. Pregate molto e molto vegliate su voi. Satana sa che sta per esser vinto e vuole vendicarsi strappandovi a Me. Satana è intorno a noi tutti. A Me per impedirmi di fare la volontà del Padre e compiere la mia missione. A voi per fare di voi dei suoi servi. Vegliate. Entro quelle mura Satana prenderà colui che non saprà esser forte. Colui per il quale maledizione sarà stato l’esser eletto, perché fece della sua elezione uno scopo umano. Vi ho eletti per il Regno dei Cieli e non per quello del mondo. Ricordatevelo.

590.8

E tu, città che vuoi la tua rovina e sulla quale Io piango, sappi che il tuo Cristo prega per la tua redenzione. Oh! se almeno in quest’ora che ti resta tu sapessi venire a Chi sarebbe la tua pace! Almeno comprendessi in quest’ora l’Amore che passa fra te e ti spogliassi dell’odio che ti fa cieca e folle, crudele a te stessa e al tuo bene! Ma verrà il giorno in cui ricorderai quest’ora! Troppo tardi allora per piangere e pentirti! L’Amore sarà passato e scomparso dalle tue strade, e resterà l’Odio che tu hai preferito. E l’Odio sarà verso te, verso i tuoi figli. Poiché si ha ciò che si è voluto, e l’odio si paga con l’odio. E non sarà allora odio di forti contro l’inerme. Ma odio contro odio, e perciò guerra e morte. Stretta da trincee e armati, languirai prima d’esser distrutta e vedrai cadere i tuoi figli per armi e per fame, e i superstiti andare prigionieri e scherniti, e chiederai misericordia, né più la troverai, poiché non hai voluto conoscere la tua Salute. Piango, amici, poiché ho cuore d’uomo e le rovine della patria ne traggono lacrime. Ma ciò è giusto si compia poiché la corruzione supera, fra queste mura, ogni limite e attira il castigo di Dio. Guai ai cittadini causa del male della patria! Guai ai rettori che ne sono la principale causa! Guai a coloro che dovrebbero esser santi per portare gli altri ad essere onesti e invece profanano la Casa del loro ministero e se stessi! Venite. A nulla gioverà la mia azione. Ma facciamo che la Luce splenda ancora una volta fra le Tenebre!».

E Gesù scende seguito dai suoi. Va velocemente per la via con un viso serio e direi quasi accigliato. Né più parla. Entra in una casetta ai piedi del colle, né vedo più altro.

590.9

Dice Gesù:

«La scena narrata[2] da Luca pare senza connessione, quasi illogica. Compiango le sventure di una città colpevole e non so compatire le abitudini di detta città? No. Non le so, non le posso compatire, poiché anzi sono proprio queste abitudini che generano le sventure; e il vederle acutizza il mio dolore. La mia ira sui profanatori del Tempio è logica conseguenza della mia meditazione sulle prossime sventure di Gerusalemme.

Sono sempre le profanazioni al culto di Dio, alla Legge di Dio, quelle che provocano i castighi del Cielo. Facendo della Casa di Dio una spelonca di ladri, quei sacerdoti indegni e quegli indegni credenti (di nome soltanto) attiravano su tutto il popolo maledizione e morte. Inutile dare questo o quel nome al male che fa soffrire un popolo. Cercate il giusto nome in questo: “Punizione per un vivere da bruti”. Dio si ritira e il Male si avanza. Ecco il frutto di una vita nazionale indegna del nome di cristiana.

Come allora, anche ora, in questo scorcio di secolo, non ho mancato con prodigi di scuotere e richiamare. Ma, come allora, non ho attirato su Me e i miei strumenti che scherno, indifferenza e odio. Singoli e nazioni però ricordino che inutilmente piangono quando avanti non vollero conoscere la loro salvezza. Inutilmente mi invocano quando nell’ora in cui ero con loro mi cacciarono con una guerra sacrilega che, partendo dalle singole coscienze, devote al Male, si sparse per tutta la Nazione. Le Patrie non si salvano tanto con le armi quanto con una forma di vita che attiri le protezioni del Cielo.

Riposa, piccolo Giovanni. E fa’ di esser sempre fedele alla tua elezione. Va’ in pace».

Che fatica! Non ce la faccio proprio…

[30 marzo 1947]

590.10

Quasi Gesù non fa a tempo ad entrare nella casa benedicendone gli abitanti, quando si sentono un allegro suonar di bubboli e voci a festa. E subito dopo il volto scarno e pallido di Isacco appare nella fessura dell’uscio, e il pastore fedele entra e si prostra davanti al suo Signore Gesù.

Nell’inquadratura della porta spalancata si pigiano volti e volti e, dietro, altri se ne vedono… Un urtarsi, un pigiarsi, un voler farsi largo… Qualche grido di donna, qualche pianto di bambino preso in mezzo alla ressa, e grida di saluto, esclamazioni a festa: «Felice questo giorno che a noi ti riporta! La pace a Te, Signore! Ben torni, o Maestro, a premiare la nostra fedeltà».

Gesù si alza in piedi e fa gesto di parlare. Tacciono tutti e netta si sente la voce di Gesù. «Pace a voi! Non vi accalcate. Ora saliremo insieme al Tempio. Sono venuto per stare con voi. Pace! Pace! Non fatevi male. Fate largo, miei diletti! Lasciatemi uscire e seguitemi, ché entreremo insieme nella Città santa».

590.11

La gente, bene o male, ubbidisce, e si fa un poco di largo, tanto che Gesù possa uscire e montare sull’asinello. Perché Gesù indica il puledro, sino allora mai cavalcato, come sua cavalcatura, e allora dei ricchi pellegrini, che si pigiano fra la folla, stendono sulla groppa di questo i loro sontuosi mantelli, e uno si pone con un ginocchio a terra e l’altro a far da gradino al Signore, che siede sulla groppa del puledro d’asina, e il viaggio si inizia, mentre Pietro cammina a un lato del Maestro e Isacco dall’altro, tenendo le briglie della bestia non doma, che però procede tranquilla come fosse usa a quell’ufficio, senza imbizzarrirsi o spaventarsi dei fiori che, gettati come sono verso Gesù, colpiscono sovente la bestiola negli occhi e sul morbido muso, né dei rami di ulivo e delle foglie di palma agitate davanti e intorno ad esso, gettate in terra a far tappeto coi fiori, né dei gridi sempre più forti di: «Osanna, Figlio di Davide!», che salgono al cielo sereno, mentre la folla sempre più infittisce e si accresce per nuovi venuti.

Passare da Betfage, fra le viette strette e contorte, non è facile cosa, e le madri devono prendere in braccio i bambini, e gli uomini proteggere le donne da urti troppo violenti, e qualche padre si pone sulle spalle a cavalluccio il figliolino e lo porta alto sulla folla così, mentre le vocine dei bimbi sembrano belati di agnelli o stridi di rondini e le loro manine gettano fiori e foglie d’ulivo, che le madri porgono, e baci anche, al mite Gesù…

Usciti dalla strettoia della piccola borgata, il corteo si ordina e distende, e molti volonterosi vanno avanti a far da battistrada per preparare sgombra la via, e altri li seguono spargendo di rami il suolo, e uno per primo getta il suo mantello a far da tappeto, e un altro, e quattro, e dieci, e cento, e mille lo imitano. La via ha al centro una striscia multicolore di vesti stese al suolo e, passato Gesù, le vesti sono raccolte e portate più avanti, con altre, con altre, e sempre fiori, rami, foglie di palma vengono agitati e gettati, e gridi più forti vengono innalzati intorno e in onore del Re d’Israele, al Figlio di Davide, al suo Regno!

590.12

I soldati di guardia alla porta escono a vedere che cosa succede. Ma non è sedizione, ed essi, appoggiati alle loro lance, si fanno da lato, osservando stupiti o ironici lo strano corteo di quel Re che cavalca un puledro d’asina, bello come un dio, umile come il più povero degli uomini, mite, benedicente… circondato da donne e bambini e da uomini disarmati gridanti: «Pace! Pace!», di questo Re che, prima di entrare nella città, sosta un momento all’altezza dei sepolcri dei lebbrosi di Innon e di Siloan (credo di dire bene questi luoghi, dove ho visto miracoli di lebbrosi altre volte) e, puntandosi sull’unica staffa in cui poggia il suo piede, essendo seduto sull’asino, non a cavallo dell’asino, si alza in piedi e apre le braccia gridando in direzione di quelle pendici orrende (dove volti e corpi paurosi si affacciano guardando verso Gesù e alzano il grido lamentoso dei lebbrosi: «Siamo infetti!», a respingere degli imprudenti che, pur di vedere bene Gesù, salirebbero anche sui corrotti e infetti scaglioni): «Chi ha fede in Me invochi il mio Nome ed abbia salute per quello!», e benedice riprendendo il cammino e ordinando a Giuda di Keriot: «Comprerai cibi per i lebbrosi e con Simone li porterai ad essi avanti sera».

590.13

Quando il corteo entra sotto la volta della porta di Siloan e poi, come un torrente, si riversa entro la città passando per il borgo di Ofel — nel quale ogni terrazza è divenuta una piccola aerea piazza colma di popolo osannante, che getta fiori e rovescia profumi giù, nella via, cercando di gettarli sul Maestro, e l’aria è satura dell’odore dei fiori morenti sotto i passi delle turbe e di essenze che si spargono nell’aria prima di cadere fra la polvere della via — il grido della folla sembra aumentare e farsi forte, come ognuno lo urlasse in una buccina, perché i numerosi archivolti dei quali è piena Gerusalemme lo amplificano con risonanze continue.

Sento gridare, e credo voglia dire ciò che dicono[3] gli evangelisti: «Scialem, Scialem melchil!», (o malchit: cerco di rendere il suono delle parole, ma è difficile, perché hanno aspirazioni che noi non abbiamo). Un grido continuo, simile all’urlo di un mare in tempesta, nel quale non è ancora caduto il fragor del maroso che schiaffeggia spiagge e scogliere che un altro maroso lo raccoglie e rialza in novello fragore, senza tregua mai. Ne sono assordita!

Profumi, odori, gridi, agitarsi di rami e di vesti, colori, urli… È una visione che sbalordisce.

590.14

Vedo rimescolarsi continuamente la folla, apparire e sparire volti conosciuti: tutti i discepoli di tutti i luoghi di Palestina, tutti i seguaci… Vedo per un attimo Giairo, vedo Jaia il giovinetto di Pella (mi pare) che era cieco come sua madre e che Gesù guarì, vedo Gioacchino di Bozra e quel contadino del piano di Saron coi fratelli, vedo il vecchio e solitario Mattia di quel luogo presso il Giordano (sponda orientale) presso il quale Gesù si rifugiò mentre tutto era inondato, vedo Zaccheo con i suoi amici convertiti, vedo il vecchio Giovanni di Nobe con quasi tutti i cittadini, vedo il marito di Sara di Jutta… Ma chi può tener dietro a volti e nomi, se è un caleidoscopio di visi noti e ignoti, veduti più volte o una sola?… Ecco ora il viso del pastorello preso a Ennon. E, vicino a lui, il discepolo di Corozim che lasciò di seppellire il padre per seguire Gesù; e vicino a lui, per un momento, il padre e la madre di Beniamino di Cafarnao col loro figliolo, che per poco cade sotto le zampe dell’asinello per gettarsi avanti e ricevere una carezza di Gesù.

590.15

E — purtroppo! — volti di farisei e di scribi, lividi di ira per questo trionfo, che fendono prepotenti il cerchio di amore che si stringe intorno a Gesù e gli urlano: «Fa’ tacere questi pazzi! Richiamali alla ragione! Solo Dio va osannato. Di’ che tacciano!».

Al che Gesù risponde dolcemente: «Anche se Io lo dicessi di tacere e questi mi ubbidissero, le pietre griderebbero i prodigi del Verbo di Dio».

Perché infatti la gente — oltre che gridare: «Osanna, osanna al Figlio di Davide! Benedetto Colui che viene nel nome del Signore. Osanna a Lui e al suo Regno! Dio è con noi! L’Emmanuele è venuto. È venuto il Regno del Cristo del Signore! Osanna! Osanna dalla Terra sino all’alto dei Cieli! Pace! Pace, mio Re! Pace e benedizione a Te, Re santo! Pace e gloria nei Cieli e in Terra! Gloria a Dio per il suo Cristo! Pace agli uomini che lo sanno accogliere. Pace in Terra agli uomini di buona volontà e gloria nei Cieli altissimi, perché l’ora del Signore è venuta» (e chi grida quest’ultimo grido è il gruppo compatto dei pastori che ripetono il grido natalizio) — oltre questi gridi continui, la gente di Palestina narra ai pellegrini della Diaspora i miracoli che hanno visto, e a chi non sa ciò che avviene, perché straniero di passaggio fortuitamente dalla città e che chiede: «Ma chi è Costui? Che avviene?», spiegano: «È Gesù! Gesù, il Maestro di Nazaret di Galilea! Il Profeta! Il Messia del Signore! Il Promesso! Il Santo!».

Da una casa, e da poco è sorpassata la porta perché l’andare è lentissimo in tanta confusione, esce un gruppo di robusti giovani portando alti dei vasi di rame pieni di carboni accesi e di incenso, che arde spargendo nubi di fumo odoroso. E il gesto è raccolto e ripetuto, e molti corrono avanti o tornano indietro, alle case, per farsi dare fuoco e resine odorose da ardere in omaggio del Cristo.

590.16

La casa di Annalia appare. La terrazza, inghirlandata di vite dalle foglie novelle tremolanti ad un mite vento di aprile, ha sul lato della via tutta una fila di giovinette biancovestite e biancovelate, al centro delle quali è Annalia, con cesti di petali di rose sfogliate e di mughetti che già volteggiano nell’aria.

«Le vergini di Israele ti salutano, Signore!», dice Giovanni, che si è fatto largo ed è ora al fianco di Gesù, attirando la sua attenzione sulla ghirlanda di purezza che si sporge sorridendo dal parapetto a spargere la via di petali rossi come sangue e di mughetti bianchi come perle.

Gesù trattiene per un attimo le redini e arresta il puledro d’asina. Alza il volto e la mano a benedire quella verginità di Lui innamorata sino a rinunciare ad ogni altro amore terreno.

E Annalia si protende e grida: «Il tuo trionfo io l’ho visto, o mio Signore! Prendi la mia vita per la tua glorificazione universale!», e con un grido altissimo, mentre Gesù passa sotto la sua casa e procede, lo saluta: «Gesù!».

E un altro, diverso grido, supera il clamore delle turbe. Ma la gente, pur sentendolo, non si arresta. È un fiume di entusiasmo, un fiume di popolo in delirio che non può sostare. E mentre le ultime onde di questo fiume sono ancor fuori della porta, le prime onde già assalgono le salite che conducono al Tempio.

590.17

«Tua Madre!», grida Pietro accennando ad una casa quasi all’angolo di una via che sale al Moria e per la quale si incanala il corteo. E Gesù alza il volto a sorridere a sua Madre, che è lassù fra le donne fedeli.

L’intoppo di una numerosa carovana arresta il corteo pochi metri dopo che la casa è superata. E mentre Gesù sosta con gli altri, carezzando i bambini che le madri gli porgono, accorre un uomo e si fa largo urlando: «Lasciatemi passare! Una donna è morta. Una fanciulla. All’improvviso. La madre invoca il Maestro. Lasciatemi passare! Egli già l’ha salvata una volta!».

La gente fa largo e l’uomo corre presso Gesù: «Maestro, la figlia di Elisa è morta. Ti ha salutato con quel grido, poi si è piegata indietro dicendo: “Io son felice” ed è spirata. Il suo cuore si è franto nel gran tripudio di vederti trionfante. Sua madre mi ha visto sulla terrazza accanto alla sua casa e mi ha mandato a chiamarti. Vieni, Maestro!».

«Morta! Morta Annalia! Ma se era sana, florida, felice solo ieri?». Gli apostoli si affollano agitati, i pastori pure. Tutti l’han­no vista ieri in perfetta salute. Poco fa l’hanno vista rosea, ridente… Non si capacitano della sciagura… Chiedono, domandano i particolari…

«Non so. Tutti avete sentito le sue parole. Parlava forte, sicura. Poi la vidi piegarsi indietro più bianca delle sue vesti e udii gridare la madre… Altro non so».

590.18

«Non vi agitate. Non è morta. È caduto un fiore e gli angeli di Dio lo hanno raccolto per portarlo in seno ad Abramo. Presto il giglio della Terra si aprirà felice in Paradiso, ignorando per sempre l’orrore del mondo. Uomo, di’ ad Elisa che non pianga la sorte della sua creatura. Dille che essa ebbe una grande grazia da Dio e che fra sei giorni comprenderà qual grazia Dio fece alla figlia sua. Non piangete. Non pianga nessuno. Il suo trionfo è ancor più grande del mio, perché alla vergine fanno corteo gli angeli per condurla alla pace dei giusti. Ed è trionfo eterno che salirà di grado senza mai conoscere discesa. In verità vi dico che per voi tutti, ma non per Annalia, avete ragione di piangere. Andiamo». E ripete agli apostoli e a chi lo circonda: «È caduto un fiore. Si è adagiato in pace e gli angeli lo hanno raccolto. Beata la pura di carne e cuore perché presto vedrà Iddio».

«Ma come, di che è morta, Signore?», chiede Pietro che non si capacita.

«D’amore. D’estasi. Di gaudio infinito. Felice morte!».

Chi è molto avanti non sa, chi è molto indietro non sa. E perciò gli osanna continuano anche se qui, presso a Gesù, si è fatto un cerchio di pensoso silenzio.

È Giovanni che lo rompe: «Oh! vorrei la stessa sorte prima delle ore future!».

«Io pure», dice Isacco. «Vorrei vedere il volto della fanciulla morta d’amore per Te…».

«Vi prego di sacrificarmi il vostro desiderio. Ho bisogno della vostra vicinanza…».

«Non ti lasceremo, Signore. Ma a quella madre non un con­forto?», chiede Natanaele.

«Provvederò ad esso…».

590.19

Sono alle porte della cinta del Tempio. Gesù scende dal­l’asinello, che uno di Betfage prende in custodia.

Occorre tenere presente che Gesù non si è fermato alla prima porta del Tempio, ma ha costeggiato la cinta, fermandosi soltanto quando è sul lato nord della cinta, vicino all’Antonia. È là che scende ed entra nel Tempio, come per far vedere che non si nasconde al potere dominante, sentendosi innocente in ogni sua azione.

Il primo cortile del Tempio mostra la solita gazzarra di cambiavalute e venditori di colombe, passeri e agnelli, soltanto che ora i venditori sono lasciati in asso perché tutti sono accorsi a vedere Gesù. E Gesù entra, solenne nella sua veste porpurea, e gira lo sguardo su quel mercato e su un gruppo di farisei e scribi che lo osservano da sotto un portico.

Il suo volto sfolgora di sdegno. Balza al centro del cortile. Uno scatto improvviso che pare un volo. Il volo di una fiamma, ché di fiamma è la sua veste nel sole che inonda il cortile. E tuona con una voce potente: «Via dalla casa del Padre mio!

Non è questo luogo di usura e di mercato. Sta scritto[4]: “La mia casa sarà chiamata casa di orazione”. Perché dunque l’avete mutata in spelonca di ladroni, questa casa nella quale è invocato il Nome del Signore? Via! Mondate la mia Casa. Che non vi avvenga che, in luogo di usar le funi, Io vi colpisca con i fulmini dell’ira celeste. Via! Fuori di qui i ladri, i barattieri, gli impudichi, gli omicidi, i sacrileghi, gli idolatri della peggiore idolatria, quella del proprio io superbo, i corruttori e i menzogneri. Fuori! Fuori! O che Dio altissimo, Io ve lo dico, spazzerà per sempre questo luogo e farà le sue vendette su tutto un popolo».

Non ripete la fustigazione dell’altra volta[5], ma, visto che mercanti e cambiavalute stentano ad ubbidire, va al banco più vicino e lo ribalta spargendo bilance e monete al suolo.

I venditori e i cambiavalute si affrettano a porre in atto l’ordine di Gesù, dopo che hanno avuto questo primo esempio. E Gesù grida dietro a loro: «E quante volte dovrò dire che questo luogo non deve essere luogo d’immondezza ma di preghiera?». E guarda quelli del Tempio che, ubbidienti agli ordini ponteficali, non fanno un gesto di rappresaglia.

590.20

Mondato il cortile, Gesù va verso i portici dove sono raccolti ciechi, paralitici, muti, storpi e altri malati, che lo invocano a gran voce.

«Che volete voi che Io vi faccia?».

«La vista, Signore! Le membra! Che mio figlio parli! Che mia moglie risani. Noi crediamo in Te, Figlio di Dio!».

«Dio vi ascolti. Sorgete e osannate al Signore!».

Non cura uno per uno i molti malati. Ma fa un gesto largo con la mano, e grazia e salute scende da essa sugli infelici, che sorgono sani con gridi di giubilo che si mescolano a quelli dei molti bambini, che si stringono a Lui ripetendo: «Gloria, gloria al Figlio di Davide! Osanna a Gesù Nazareno, Re dei re e Signore dei signori!».

Dei farisei, con finta deferenza, gli gridano: «Maestro, li senti? Questi fanciulli dicono ciò che non va detto. Riprendili! Che tacciano!».

«E perché? Il re profeta, il re della mia stirpe, non ha forse detto[6]: “Dalla bocca dei fanciulli e dei lattanti hai fatto sgorgare la lode perfetta, a confusione dei tuoi nemici”? Non avete letto queste parole del salmista? Lasciate che i pargoli dicano le mie lodi. Sono loro suggerite dai loro angeli, che vedono costantemente il Padre mio e ne sanno i segreti e li suggeriscono a questi innocenti. Ora lasciatemi tutti andare ad orare al Signore», e passando davanti alla gente passa nell’atrio degli Israeliti per pregare…

E poi, uscendo per un’altra porta, rasentando la piscina Probatica, esce dalla città tornando sui colli del monte Uliveto.

590.21

Gli apostoli sono entusiasti… Il trionfo li ha fatti sicuri e dimentichi, completamente dimentichi di tutti i terrori che le parole del Maestro avevano suscitato… Parlano di tutto… Ardono di sapere di Annalia. A stento Gesù li trattiene dall’andare, assicurando che provvederà in modo che sa Lui… Sordi, sordi, sordi ad ogni voce d’avviso divino… Uomini, uomini, uomini, che un grido di osanna smemora da ogni cosa…

Gesù parla ai servi di Maria di Magdala, che lo hanno raggiunto al Tempio, e poi li licenzia…

«E ora dove andiamo?», chiede Filippo.

«A casa di Marco di Giona?», dice Giovanni.

«No. Al campo dei Galilei. Forse saranno venuti i miei fratelli e vorrei salutarli», dice Gesù.

«Lo potrai fare domani», gli osserva il Taddeo.

«Buona cosa è fare mentre si può fare. Andiamo dai Galilei. Saranno contenti di vederci. Voi avrete notizie delle famiglie. Io vedrò i bambini…».

«E questa sera? Dove dormiremo? In città? In che luogo? Dove è tua Madre? O da Giovanna?», chiede Giuda Iscariota.

«Non so. Certo non in città. Forse ancora sotto qualche tenda galilea…».

«Ma perché?».

«Perché sono il Galileo e amo la patria mia. Andiamo».

Si rimettono in cammino salendo verso il campo dei Galilei, che è sull’Uliveto verso Betania e che è tutto un biancheggiare di tende al lieto sole d’aprile.

590.22

Dice Gesù: «Mia paziente segretaria, metti qui la visione:

“La sera della Domenica delle Palme” (4 marzo 1945); e la mia pace sia con te».


Notes

  1. Comme la colombe au creux des rochers, en Ct 2, 14.
  2. racontée, en Lc 19, 41-46.
  3. rapportent : en Mt 21, 9 ; Mc 11, 9-10 ; Lc 19, 37-38 ; Jn 12, 12-13.
  4. Il est écrit, en Is 56, 7 ; Jr 7, 11.
  5. de l’autre fois, au cours de la première année de vie publique, en 53.4.
  6. dit, en Ps 8, 3.

Note

  1. la colomba nella fessura della rupe, come in: Cantico dei cantici 2, 14.
  2. narrata, in: Luca 19, 41-46.
  3. dicono, in: Matteo 21, 9; Marco 11, 9-10; Luca 19, 37-38; Giovanni 12, 12-13.
  4. Sta scritto, in: Isaia 56, 7; Geremia 7, 11.
  5. dell’altra volta, nel primo anno di vita pubblica, in 53.4.
  6. detto, in: Salmo 8, 3.